Temps de lecture : 8 minutesChavez et la révolution bolivarienne, Le Temps des cerises, 2005
Aussi étonnant que cela puisse paraitre, une révolution est en cours actuellement au Venezuela malgré le dénigrement systématique des médias. Certes, la figure d'Hugo Chávez est déroutante pour la gauche démocratique mais il a gagné toutes les élections et l'on se rend vite compte à quel point on ne peut appliquer nos catégories dans une situation si éloignée de la notre et juger avec nos critères cette bien curieuse révolution d'inspiration bolivarienne. Cela rend manifeste aussi qu'on ne peut avoir une vision idéalisée de la politique qui est un rapport de forces, une révolution a toujours des mauvais côtés, il ne s'agit jamais que de choisir le "bon côté" qui n'est souvent que le moins pire.
Mais Hugo Chávez est vraiment étonnant et pour l'instant il ne mériterait presque que des louanges même si on peut légitimement douter que cette période révolutionnaire basée sur la mobilisation des pauvres dure encore longtemps. Il a réformé la constitution, distribué des terres et scolarisé plus de 80% des enfants. C'est exactement ce qu'il fallait faire. On peut lui reprocher son imprévisibilité, son caractère de trublion qui effraie et dérange le jeu mais c'est grâce à cela qu'il a pu bouleverser le jeu diplomatique et redonner une impulsion au mouvement révolutionnaire dont Lula incarne plutôt l'échec.
Je ne parierais pas un Kopeck sur son avenir mais c'est l'illustration que l'histoire est faite de rencontres improbables. On hésite entre la prudence et l'enthousiasme. Rien n'est gagné encore mais il ne s'agit pas que de Chavez, avec les victoires électorales de la gauche sur tout le continent, il se pourrait bien que l'Amérique latine invente sous nos yeux un socialisme démocratique auquel on ne croyait plus, en démontrant qu'on peut avoir une politique révolutionnaire sans violences et sans renoncer ni à la démocratie, ni à réduire les inégalités.
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