Un solaire plug&play anti-coupure

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En ces temps troublés je m'étais décidé à m'équiper d'un minimum de panneaux solaires que j'avais cru dans mes (faibles) moyens, faciles à acheter et installer soi-même, hélas non ! Même dans la vie quotidienne, on peut être frappé à quel point la réalité est très éloignée de l'idée qu'on s'en faisait, et surtout plus complexe.

Etant donné le nombre d'offres différentes, de nos jours l'achat d'un équipement exige souvent un gros travail d'information et de comparaison. Acheter devient un véritable métier, ou plutôt cela veut dire qu'on se plante souvent par manque de compétence. En tout cas, bien qu'y ayant passé trop de temps déjà, je n'ai pas trouvé ce que je cherchais à un prix abordable : des panneaux solaires plug&play qui peuvent marcher même quand il y a une coupure de courant. C'est ce que j'ai découvert comme étant impossible actuellement alors que j'imagine, peut-être faussement, qu'un mécanisme adapté pour le rendre possible ouvrirait le solaire au marché de masse à prix discount pour accélérer la la transition énergétique ?

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L’arnaque des pauvres par l’assurance auto

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Il est bien connu que les pauvres paient tout plus cher mais avant d'en faire l'expérience, je ne savais pas que les pauvres, qui ont forcément des vieilles voitures, étaient aussi spoliés de leurs droits en toute bonne conscience par les assurances auto.

Ainsi, j'ai été victime, à cause d'un refus de priorité coupant soudain ma route, d'un accident assez grave détruisant ma vieille Ford de 1992, mais en parfait état, pour laquelle l'expert de l'assurance a chiffré pourtant l'indemnisation à 1000€ seulement, autant dire rien, n'étant même pas le prix d'un vélo électrique ! Un chauffard détruit ma voiture et c'est moi qui dois en subir les conséquences alors même que la loi fait obligation de la réparation intégrale d'un préjudice par son auteur, l’indemnité devant permettre de replacer le propriétaire dans la situation où il se serait trouvé si le fait dommageable ne s’était pas produit, ce qui est loin d'être le cas ici.

J'ai découvert que cette spoliation des possesseurs de vieilles voitures arrive à prendre l'apparence d'un respect du droit en s'appuyant sur trois confusions : le principe du moins-disant tenant lieu de valeur de remplacement, l'évaluation sur un échantillon statistique trop faible et la définition du marché local étendu à l'internet.

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La vie à quel prix ?

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Car la survie non plus n’est pas une fin en soi : vaut-il la peine de survivre dans "un monde transformé en hôpital planétaire, en école planétaire, en prison planétaire et où la tâche principale des ingénieurs de l’âme sera de fabriquer des hommes adaptés à cette condition" (Illich) ?

En citant Illich dans cet article inaugural de 1974, "Leur écologie et la nôtre", André Gorz défendait une écologie politique ne se limitant pas à une écologie biologisante mais voulant préserver la qualité de la vie, son humanité. Il avertissait les écologistes que la vie ne suffit pas, elle n'est pas la valeur suprême, et son suicide final pour accompagner sa femme, plus de trente ans après, ne fera que le réaffirmer en acte.

Dans notre actualité planétaire, ce sont les mesures prises pour limiter la pandémie, du confinement à la distanciation sociale et aux gestes barrières, qui nous ont valu de grandes déclarations, notamment de philosophes médiatiques, nous rappelant que toute vie ne vaut pas la peine d'être vécue si elle se limite à la survie du corps et se trouve coupée des autres, qu'on ne peut sacrifier toutes les relations humaines pour sauver quelques vies, qu'on ne peut surtout sacrifier la jeunesse pour sauver des vieux en fin de vie. Evidemment, un confinement n'est pas viable au-delà de quelques mois, tout est une question de bénéfice/risque, de la dangerosité du virus (de la saturation des services de réanimation) et de la dangerosité ou de la soutenabilité des effets pervers assez considérables du confinement, un remède de cheval nous laissant tous morts n'ayant rien d'un remède mais l'évaluation de la pertinence des décisions politiques et de leurs conséquences funestes restent sujet à débat. En tout cas, on ne peut tout subordonner à la lutte contre la pandémie qui ne se laisse pas si facilement maîtriser. Il faut inévitablement mettre des limites au biopouvoir, au pouvoir médical (qu'aussi bien Illich que Gorz contestaient) ainsi qu'à l'hygiénisme ambiant, ce qui ne veut pas dire qu'il ne faudrait pas faire le maximum pour désengorger les hôpitaux mais avec le souci de ne pas faire trop d'autres victimes collatérales, tâche difficile de pilotage à vue en fonction de l'évolution du virus et des moyens disponibles où ce ne sont pas tant les libertés restreintes temporairement qui rendent la vie impossible que la perte des contacts et des conditions de leur survie pour certains. Il est sûr que subir une catastrophe naturelle, une épidémie, une guerre, est très traumatisant et rend la vie beaucoup moins agréable, mais peut-être pas au point de renoncer à vivre en attendant des jours meilleurs.

Bien sûr, la question de ce qui constitue une vie viable n'est pas seulement politique, elle se pose aussi individuellement, chacun pouvant y répondre différemment. C'est, en tout cas, la question qu'une dégradation de ma santé m'a obligé à me poser pour moi-même. Est-ce qu'une vie au rabais privée des anciens plaisirs vaudrait la peine d'être vécue ? Est-ce que je pourrais supporter une vie diminuée par le grand âge - voire en EHPAD, ces mouroirs modernes assez effrayants ? Suis-je prêt enfin, dès maintenant, à une vie plus austère livrée aux médecins ?

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Pinault est un con

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Cahn Sarajevo 1995.C'est la conclusion que j'ai tirée de la collection Pinault exposée à la Bourse du commerce et qui ne peut s'expliquer que par le désir inconscient de montrer à tous l'étendue de sa connerie, en dépit de l'argent qui le protège de cette sincérité. Réussir dans la vie ne suffit pas, il semble que même les milliardaires aient besoin d'atteindre leur niveau d'incompétence en investissant des domaines hors de leur portée. On dirait ici que le financier François Pinault confie à des artistes le soin de se moquer de lui - et de ceux qui croient à la valeur de ces attrape-couillons.

"François Pinault veut indiquer la vanité, la fuite des choses. Inscrire au cœur du musée l'idée de la destruction créatrice" ! Parole de capitaliste.

Il faut répéter que la connerie n'épargne pas les classes supérieures, occasion de rappeler que l'art, tout au contraire d'une activité désintéressée comme le prétendait Kant, est un signe de distinction et d'appartenance (au même titre que les idéologies et religions). Le marché de l'art contemporain illustre cette sociologie bourdieusienne à l'état pur, l'art comme arnaque, et fier de l'être, que de la frime, n'étant qu'affirmation d'appartenance à l'élite et flagornerie. De même que les religions sont fondées sur la croyance en l'incroyable qui distingue l'adepte des autres (des incroyants), de même le marché de l'art se distingue par la valorisation de l'insignifiant, de ce qui ne peut plaire aux classes inférieures qui ne comprendront pas la dimension métaphysique du vide, la célébration du repoussant et l'outrance qui n'est plus transgressive depuis longtemps, devenue simple enfantillage et fausse insolence où "l’art tombe dans le domaine du caprice et de l’humour" (Hegel, Esthétique, PUF p203). Le roi est vraiment nu mais que ces oeuvres soient dénigrées par les ignorants fait donc partie de leur distinction puisque, supposées intégrer la critique en déconstruisant son objet : le jeu consiste à prendre pour un con ceux qui prendront pour un con l'artiste et le milliardaire...

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Intégration mobile-PC-TV

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Cela fait longtemps qu'on annonçait - notamment dans ma revue des sciences - l'intégration incontournable des différents dispositifs numériques, mais cela n'avait pas beaucoup avancé jusqu'ici et ce n'est que très récemment que j'en ai moi-même éprouvé la nécessité au point de changer de distribution linux (de linux Mint à Kde et Neon), juste pour utiliser Kdeconnect qui intègre bien le mobile au portable - ce que j'ai trouvé effectivement très pratique. Même si cela ne marche pas toujours parfaitement, voilà de quoi compléter l'utilisation de Chromium, Mkchromecast ou Vlc permettant de passer sur la télé le son ou l'image (cast de l'écran ou de la fenêtre), tout comme on peut le faire à partir du mobile.

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Temps de suspens

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Il y a des moments où il est bon de garder le silence pour ne pas ajouter à la confusion ambiante en étalant ses opinions, ses pauvres convictions (et son incompétence), surtout quand les incertitudes se cumulent de la pandémie, du Brexit et de l'élection américaine empêchant toute prédiction à court terme. Il fallait attendre au moins l'élection présidentielle américaine mais plusieurs jours après, le suspens demeure quand à la suite pouvant facilement dégénérer. Le Brexit qui devait se régler en octobre reste lui aussi suspendu à des négociations ne pouvant déboucher que sur une réintégration à l'Europe ou une dangereuse période de chaos.

Même si  on se débarrasse finalement de Trump, il ne faut pas trop se rassurer que ce serait la fin de notre descente aux enfers et qu'on serait tiré d'affaire pour autant tant le niveau de connerie est au plus haut entre épidémie et terrorisme. Ce n'est sans doute pas que ce soit si pire qu'avant, mais c'est devenu quand même beaucoup plus visible, à en rester bouche bée ! Cela va des consternantes téléréalités et réseaux sociaux aux chaînes d'infos racoleuses et aux complotistes les plus fous (comme ceux de QAnon) qui ont micro ouvert, jusqu'aux polémiques scientifiques partisanes les plus bornées. Les intellectuels ne sont pas épargnés par ces logorrhées haineuses, perdant ce qui leur restait de crédit. Bien sûr, tout cela n'a rien de nouveau, pas plus que la recherche de boucs émissaires ni les illuminés sanguinaires (les crétins d'Action directe ne valaient pas mieux que les terroristes islamistes). La panique durcit l'hostilité entre fausses certitudes contraires, que ce soit sur la politique sanitaire, l'Islam, la laïcité, la France, nos valeurs, etc. Dans ce contexte d'affolement général, inutile de faire appel à la raison, mieux vaut laisser passer l'orage...

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Nouvelle présentation du blog

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Beaucoup se sont déjà aperçus que je travaillais sur le blog depuis plusieurs semaines. En fait, j'ai d'abord perdu du temps à essayer de trouver une façon de pouvoir le modifier hors ligne mais ce que j'ai trouvé ne marche pas (le plugin swichta qui change le thème personnel et que j'ai laissé juste pour quelques jours mais qui m'a bien foutu la zone en mélangeant les thèmes !).

Il fallait adapter le blog aux mobiles qui deviennent majoritaires et cela m'a demandé un temps incroyable pour finalement choisir une version (à base de GeneratePress) très proche de la précédente présentation avec une barre latérale qui est rejetée à la fin de page sur les mobiles. J'ai développé aussi (difficilement) une version plus adaptée aux mobiles (à base de Chaplin) mais je trouve le blog assez lisible ainsi sur les mobiles pour ne pas être obligé d'utiliser un autre thème (pour l'instant, je le ferais peut-être ?).

J'avais testé d'autres thèmes, la plupart sans barre latérale à cause des écrans mobiles trop petits, ce que je trouvais gênant quand on est sur ordi. Le dernier thème de wordpress (TwentyTwenty) m'a paru trop difficilement modifiable ou il fallait en passer par des plugins payants. Il y a en effet pas mal de nouveautés depuis les 10 ans de la version précédente qui rendent à la fois l'adaptation plus facile pour un nombre limité d'options proposées, et plus difficile si on veut intervenir directement sur les fichiers eux-mêmes. Des plugins offrent plus d'options mais sont payants pour les plus intéressantes... La plus grande nouveauté est l'éditeur de blocs mais je ne l'ai pas encore utilisé. Ce qu'il y a de bien avec l'informatique, c'est qu'il faut tout réapprendre à chaque fois, les compétences acquises auparavant ne servent plus à rien (ou presque) !

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Gérard Manset

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Gérard Manset reste à peu près inconnu à la plupart, ce qui est bien étonnant tant il a fait de très grandes chansons (mais il y en a aussi pas mal de moins bonnes). Contrairement à ce qu'on s'imagine de nos jous, si on fuit les médias, les médias ne viennent pas à soi !

Il faut dire que, un peu comme Brel, il n'y a certes pas beaucoup de chansons gaies (seulement 2 sur 13 ici) mais de la bonne musique à découvrir pour ceux qui ne connaissent pas (et à écouter fort).

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Marie Laforêt

Temps de lecture : < 1 minute

Je l'ai toujours trouvée très sous-estimée, n'ayant pas eu la reconnaissance qu'elle méritait, surtout pour les chansons traditionnelles qu'elle chantait merveilleusement. Difficile de faire un choix il y a des dizaines de très bonnes chansons...

"Pour te donner ce que je veux t'offrir il me faudra le temps, le temps de réfléchir" !

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Déconnexion – retour à la nature

Temps de lecture : 9 minutes


Il y a deux mystères, celui de l'effet extraordinaire des couleurs d'automne, laissant bouche bée, et qu'il n'en reste pratiquement rien dans les photos comme celle-là.

Il est assez clair que nous devenons de plus en plus dépendants de nos outils à mesure qu'ils se perfectionnent. Plus une voiture nous emmène loin, ce qui étend notre autonomie, et plus nous en avons besoin pour revenir, ce qui nous en rend dépendants. C'était déjà le cas de nos premiers abris, du feu, de l'agriculture et de tout progrès devenu irréversible dont il ne sert à rien de dénoncer le revers de la médaille comme on l'a toujours fait. C'est notre destin d'Homo faber, d'espèce technicienne, qui a beau tisser sa toile et construire ses villes, n'affirme pas ainsi sa liberté, ne faisant que suivre l'évolution des techniques, processus cumulatif dont personne ne décide mais l'état des connaissances, et qui modifie les modes de vie selon les époques - pas toujours pour le mieux, c'est le moins qu'on puisse dire, mais pas sans avantages non plus, dont on ne peut plus se passer.

De nos jours, c'est le numérique qui bouleverse toutes nos pratiques, ce dont les beaux esprits s'alarment dans la nostalgie des temps anciens qui n'étaient pourtant pas si brillants, et prônent pompeusement les vertus de la déconnexion comme d'une révélation de la vraie vie perdue (comédie humaine chaque fois recommencée). La déconnexion, la vraie, a bien cependant la vertu de faire sentir concrètement à quel point nous sommes devenus dépendants des réseaux numériques (y compris pour les démarches administratives, factures, compte bancaire, train, etc.), à quel point nos vies ont changé en une dizaine d'année seulement, nous faisant déjà une autre humanité dont une bonne partie de la mémoire a été externalisée et qui est habituée à trouver rapidement les réponses à toutes ses questions comme à rester proches de la famille ou des amis malgré les distances. Il s'agit bien de l'humanité toute entière, équipée si vite partout de smartphones (qui datent de 2007 seulement), jusque dans les pays les plus pauvres, jusque parfois dans la jungle la plus reculée !

Ces réseaux qui nous relient et sont devenus vitaux constituent du coup une nouvelle vulnérabilité face aux tempêtes terrestres comme aux éruptions solaires pouvant nous priver soudain de toute connexion avec l'extérieur ou d'électricité. Ainsi, après un orage assez violent, résidu d'un lointain cyclone (et subissant le peu d'empressement de Free, qui ne semble pas en mesurer l'importance, pour remplacer ma box hors d'usage), j'ai été coupé du monde une dizaine de jours. Occasion rêvée, n'est-il pas, de retrouver l'ancien temps qui n'était pas virtuel, et par dessus le marché, au moment le plus beau de l'automne avec des érables éclatants...

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La désastreuse défaite du libre par élitisme

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Tout le monde devrait utiliser des logiciels libres, c'est l'évidence, de même que les plateformes devraient être publiques ou libres. La défaite jusqu'ici des logiciels libres face aux entreprises commerciales est cuisante. On pourrait y voir un grand mystère, pourquoi payer quand il y a du gratuit? Mais il n'y a pas de mystère, les logiciels libres sont trop souvent faits pour les programmeurs eux-mêmes plus que pour l'utilisateur de masse. On pourrait prendre l'exemple de gimp qui veut forcer son propre format d'image libre et a mis du temps pour permettre de facilement écraser le fichier jpg ou gif modifié. C'est surtout ce que je conclue de mon expérience d'un retour à linux Ubuntu après avoir utilisé quelques années un apple qu'on m'avait offert (où je n'utilisais quasiment que des programmes libres). Je m'attendais à de grands progrès d'ergonomie après ceux que j'avais connu auparavant, j'ai été très déçu (y ayant passé des jours, ce qui m'a bien énervé).

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Après Mai 68

Temps de lecture : 17 minutes

A 50 ans de distance, ce qui est le plus flagrant, c'est à quel point on était dans une autre époque, témoignant de notre entière dépendance à l'esprit du temps, comme on est le jouet des idéologies du moment même à se croire les plus libres des hommes. Il est assez impressionnant d'en prendre la mesure mais la plus grande leçon à en tirer, c'est combien ce qu'on peut appeler notre bêtise d'alors a pu avoir d'effets positifs malgré tout, effets de la contestation plus que du discours tenu (anarcho-marxiste), illustrant une fois de plus comme le faux peut être un moment du vrai. Avoir raison trop tôt pourrait même égarer. On peut dire de ceux qui se sont désolidarisés du mouvement dès le début qu'ils ont fait preuve de clairvoyance, sans doute, mais c'est qu'ils n'étaient que des réactionnaires le plus souvent, et sont de toutes façons passés à côté de l'histoire.

Impossible de trop médire des événements tant ils ont changé la vie même s'ils n'ont pas débouché sur une révolution politique (désavouée massivement par les élections). C'était au moins l'accélération d'une révolution des moeurs, notamment sexuelle, qui était déjà en cours avec la pilule autorisée par la loi du 28 décembre 1967 ici, ou les love-in californiens. Il est frappant de constater comme une époque n'est pas clairvoyante sur elle-même, vécue sous le mode de nombreuses illusions, notamment révolutionnaires, et produisant tout autre chose que ce qui était voulu. Ce qui est frappant aussi, c'est comme Mai68 n'a pas été du tout provoqué par une crise économique mais n'était qu'une déclinaison d'un moment historique, de la montée de la jeunesse et de la massification étudiante, succédant à la Révolution culturelle chinoise, aux Hippies s'opposant à la guerre du Vietnam, aux Provos hollandais, aux Situationnistes de Strasbourg, etc.

Enfin, le déroulement des faits montre bien comme la logique de l'événement s'impose à ses acteurs, la situation leur échappant constamment, très loin de la conception des révolutionnaires professionnels. Nous participions à un mouvement dont nous avions du mal à comprendre la nature, ne prenant de l'ampleur qu'à protester contre la répression, expression enthousiasmante de solidarité et de puissance. On ne peut parler d'action consciente et préméditée alors qu'on était plutôt pris dans un mouvement général, un peu comme, sur un autre plan, on suivra les différentes modes de la musique rock en hésitant sur le sens à leur donner, sens n'apparaissant vraiment qu'après-coup. Histoire vécue dans l'incertitude contre histoire racontée.

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Chansons actuelles

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Ce ne sont pas ceux qu'on entend partout mais sûrement plus actuels, la chanson politisée dans ce qu'elle a de meilleur musicalement (HK & les Saltimbanks mais aussi toute la bande Zoufris Maracas, La Caravane Passe, Soviet Suprem).

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Ce qui donne sens à l’existence

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J'ai déjà essayé de montrer quel était le sens de la vie et de l'évolution, qui est celui d'une diminution croissante de l'entropie, un peu plus que la persistance dans l'être ou une complexification. Il me paraît très utile de le savoir pour comprendre l'histoire et nos sociétés, en premier lieu l'évolution technique comme processus autonome, mais on ne peut dire que ce soit un sens qui nous touche, point de vue qui reste extérieur dans lequel on peut certes s'inscrire, qu'on peut s'approprier, mais qui reste quand même assez abstrait.

Pour l'existentialisme, le sens de la vie nous concerne plus intimement et se confond avec notre projection dans le futur, ce qu'on a à être, ce qu'on veut devenir. C'est ce qui sera, par exemple, le fondement de la critique du travail d'André Gorz pour qui la nécessité de donner sens à son travail passerait par le fait de "voir le bout de ses actes". Cela me semble contestable et surtout trop centré sur l'individu, tout comme l'idéal aristotélicien d'une action qui soit à elle-même sa propre finalité (comme la musique), gommant notamment la dimension de participation à une entreprise collective. Il ne suffit pas de voir le bout de ses actes pour donner sens à son travail de même qu'il ne suffit pas d'augmenter le temps libre pour ne pas s'ennuyer. C'est aller un peu vite en besogne.

Il y a bien dans l'existentialisme une vérité intime, d'être mis en question dans notre être, mais qui nous enferme trop dans notre petite personne et peut mener, comme tout un pan de la philosophie, vers un "développement personnel" si vain. Même les utopies politiques n'ont pas peur de promettre l'épanouissement de l'individu et de ses capacités, dans une conception spinoziste qui correspond sans doute à ce qu'on peut considérer comme la véritable réussite personnelle et va très bien à certains mais ne trouve pas d'écho en moi, ne suffit pas en tout cas à faire sens. Dans une société parfaite, pour quelle raison écrire des poèmes ou philosopher ? La création artistique censée exprimer notre précieuse intériorité ne serait-elle plus qu'un passe-temps sans conséquence ? Ne perd-elle pas tout sens justement ? Le sens ne vient que des actions collectives, de l'histoire et de l'inachevé, d'un enjeu vital pour l'avenir.

Contre un socialisme de caserne effaçant toute individualité, il était salutaire de défendre l'autonomie de l'individu mais ce serait folie inverse de le dépouiller de sa dimension sociale. Comme je le répète souvent, et contrairement à l'idéologie naïve de la liberté, l'autonomie sert à faire le nécessaire, pas à faire n'importe quoi. Le vieil idéal d'être de plus en plus libre est un idéal vide, sans contenu et donc dépourvu de sens. Il faut répondre à la question : que voulez-vous faire de cette liberté ? Que chacun fasse ce qui lui plait ne suffit pas. Le sens ne se décide pas, il n'est sens qu'à s'imposer à nous de l'extérieur, de la société elle-même, sens qu'on n'a pas choisi mais dans lequel on est engagé. Ce qui nous manque pour donner sens à notre vie, notre journée, notre travail, ce n'est aucune condition matérielle mais seulement le sentiment de travailler à une oeuvre commune, d'y avoir une action positive, d'y être reconnu. Dans les pires situations, un résistant pouvait vivre intensément le sens de son combat alors que le confort bourgeois nous laisse dans un ennui profond. On connaît l'histoire du casseur de cailloux qui est heureux parce qu'il construit une cathédrale mais, non, on ne trouvera pas le sens en soi-même. Il n'y a de sens que nécessaire et inscrit dans une finalité collective, un parti-pris manifestant nos appartenances et motivant nos actions.

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Jacques Robin, 10 ans après

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L'événement de l'information
Je ne peux pas, en ce jour anniversaire, ne pas penser à Jacques Robin qui est mort, il y a tout juste 10 ans le 7/7/7 et qui m'aura sollicité en permanence de 2002 à 2007. Même si mon rôle était essentiellement critique, ce qu'il m'a apporté a été décisif, non seulement par son estime mais de m'avoir ouvert aux sciences, ce que je n'aurais jamais osé tout seul et qui est bien sûr fondamental. Le plus important pourtant, c'est incontestablement son insistance sur l'information et sur la rupture qu'elle produisait avec l'ère de l'énergie, avertissant sans cesse qu'on était en train de "changer d'ère". L'étonnant, c'est que 10 ans après, cette rupture reste encore relativement méconnue, déniée ou du moins minimisée alors que l'accélération technologique affole tous les repères. Cela donne la mesure de son avance, et du retard d'une époque sur sa conscience d'elle-même.

L'information a mauvaise presse, elle est trop sordide par rapport à la haute opinion que nous avons de notre esprit. Le langage est incontestablement un objet bien plus noble et représentant de notre humanité, au-delà d'un matérialisme réducteur. Le tournant linguistique de la philosophie ne s'intéressait pas du tout à l'information sinon pour s'en distinguer : la parole ne se réduit pas à l'information (elle s'adresse à l'autre et toute phrase est un fantasme, elle construit un monde). Sauf que, l'information, c'est la vie et que nous sommes vivants, pas seulement humains. La place de l'information dans l'inversion de l'entropie est absolument cruciale mais avait été complètement ignorée par les grandes philosophies jusqu'ici. Ce qui peut étonner, c'est que pratiquer l'informatique (comme je le faisais) ne suffisait pas à comprendre l'information et son importance. L'insistance de Jacques Robin était donc bien indispensable, dans sa répétition même, pour nous rendre sensible l'événement de l'information.

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Sister Rosetta Tharpe, la grand-mère du (gospel) rock

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Lorsque je l'ai découverte (grâce à Youtube), j'ai été très étonné de n'avoir jamais entendu parler avant de Sister Rosetta Tharpe (1915-1973) qui est un peu l'équivalent à la guitare électrique de Ray Charles au piano et qui a beaucoup influencé les premiers guitaristes rock. C'est sans doute que ce gospel rock était un peu trop gospel pour l'esprit rock transgressif qui enflammait la jeunesse mais voilà une femme effacée de l'histoire (du moins en France et pour les non spécialistes) dont il est bon de rétablir le rôle pionnier.

Didn't It Rain

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Ne passez jamais au https !

Temps de lecture : 3 minutes

La politique de Google est incohérente, proclamant qu'il faut privilégier le https mais ne gérant pas automatiquement le passage du http au https sous prétexte que cela pourrait être un autre site ! Un minimum de vérification suffirait pourtant à faire au moins soupçonner que c'est bien le même.

[En fait, c'est même pire, on n'a pas le droit d'avoir le même site en http et https, considéré comme "duplicate content" !! Vraiment aberrant]

Le résultat, c'est que passé à Noël en https, c'est comme si je venais d'ouvrir un nouveau blog et j'ai (presque) disparu depuis (2 mois) de Google où j'étais très bien référencé jusqu'ici, faisant bien sûr chuter la fréquentation cependant, le plus embêtant, c'est qu'on ne peut plus se servir de la recherche sur le blog, ce qui est vraiment utile étant donné le nombre de textes (plus de mille).

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L’apprentissage de l’ignorance

Temps de lecture : 15 minutes

Bien qu'on ne puisse dire que ce soit nouveau ni original puisque c'est par là que Socrate a fondé la philosophie, il est difficile de faire comprendre le sens et la nécessité d'un apprentissage de l'ignorance. Il paraît trop paradoxal que plus on en sait et plus on serait ignorant. C'est qu'il ne s'agit pas de l'ignorance crasse, ignorance qui s'ignore souvent à se persuader en savoir autant qu'un autre (revendication démocratique), mais de la docte ignorance bien moins arrogante à mieux savoir tout ce qu'on ignore. Il ne s'agit pas non plus de scepticisme, même si tout commence par une mise en cause de l'opinion établie. Les sciences se distinguent en effet à la fois du scepticisme et du dogmatisme comme savoir en progrès, soumis à l'expérience et produisant un savoir effectif mais qui ne peut être de l'ordre d'une vérité métaphysique illuminatrice, ne laissant plus rien d'inexpliqué, alors que chaque résultat soulève de nouvelles questions. La puissance de la technique donne l'illusion d'une omniscience trompeuse. C'est le dogmatisme, en général religieux, qui prétend pouvoir tout expliquer, alors que, dans leur confrontation au réel, les sciences ont affaire aux limites de nos savoirs.

L'impulsion donnée par Socrate au questionnement des réponses toutes faites aura constamment été étouffée par la volonté de reconstituer, sur les ruines des préjugés de la tradition et du sens commun, un système dogmatique et une religion qui seraient rationnels cette fois. A peine soulevé, le couvercle se referme. Cela commence avec Platon et les stoïciens, jusqu'à Spinoza, Hegel, etc. Leurs différentes grilles de lecture ont l'intérêt de manifester à la fois le pluralisme des représentations et les insuffisances de la raison, nous ramenant à notre ignorance initiale face au monde extérieur, à la dimension de pari de nos choix dans l'incertitude de l'avenir. On n'en reste pas pour autant à cette ignorance originelle, existentielle, d'information imparfaite car le progrès des sciences, non seulement détruit nos anciennes certitudes, mais constitue bien, comme on va le voir, un progrès de l'ignorance elle-même - épreuve d'humilité difficile à soutenir mais indispensable et qui ne ferait pas de mal en politique ! C'est à quoi me sert en tout cas, depuis des années, l'épreuve d'une revue des sciences mensuelle qui dépasse forcément mes compétences et m'empêche ainsi de m'y croire un peu trop.

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Au-delà de la dépression politique

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Malgré le matraquage publicitaire, la leçon de notre époque pourrait être qu'on n'est pas fait pour le bonheur individuel, pas autant qu'on le prétend en tout cas. En dépit de toutes nos dénégations, nous avons, semble-t-il, bien plus besoin de nous battre ou nous engager dans une grande cause pour justifier notre existence. C'est du moins ce que je ressens, comme d'autres, ne comprenant pas trop les jouisseurs hédonistes contents d'eux-mêmes et de leur petite vie au milieu du désastre. Le bonheur comme bien suprême est à vomir.

Pour ma part, la situation désespérante du moment avec l'accumulation de mauvaises nouvelles m'a replongé dans une dépression que je ne trouve pas tellement inappropriée mais bien plutôt que tout le monde s'en foute ! Il y a sans aucun doute une part de faiblesse personnelle dans la dépression qui voit tout en noir, et les raisons qu'on croit objectives de désespérer ne le sont pas tant que cela en général. On en est même tout étonné lorsqu'on sort de l'état dépressif, étonné de ne pas être aussi sensible qu'on l'était aux malheurs du monde, qui existent pourtant bien réellement et nous fendaient l'âme non sans raisons.

Tout de même, la période accumule les menaces et il n'y a rien à espérer du politique que le pire (même s'il n'est jamais sûr), le plus insupportable étant de ne pouvoir rien y faire étant donné l'état de dispersion de nos forces - où l'archaïsme le dispute à l'utopie pour nous réduire à l'impuissance alors que nous devons faire face à la conjonction de risques écologiques qui pourraient devenir irréversibles et de dérives politiques continuelles à cause du terrorisme ou de l'immigration. Avec la perte de l'espoir en toute alternative désormais (sauf locale), il n'y a vraiment pas de quoi rire même si tout ne va pas toujours dans le même sens et qu'il y a aussi des signes encourageants comme la chute spectaculaire des morts violentes, le retour de la question des inégalités, l'accélération (encore insuffisante) des énergies renouvelables, etc.

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