Evolution et révolutions anthropologiques

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- Humanité et langage

Alors que l'avenir de l'humanité est en jeu, aussi bien par les transformations technologiques que par la destruction de ses écosystèmes, il est bon de revenir sur notre préhistoire, et notamment sur la révolution culturelle qui commencerait vers 80 000 ans pour s'épanouir dans le registre fossile vers 40 000 ans. On peut considérer cette période comme notre véritable origine d'Homo sapiens, Homme de Cro-Magnon très semblable à nous, même s'il est resté chasseur-cueilleur jusqu'à il y a 12 000 ans au moins, et pas plus de 6000 ans la plupart du temps, avant de devenir agriculteur-soldat, et depuis seulement deux siècles, salarié de l'industrie et chair à canon. On entre désormais dans l'ère technologique et de l'Intelligence Artificielle qui annonce déjà une forme de post-humanisme aussi bien par rapport à une nature sauvage que cultivée, ce qui pourrait nous transformer presque aussi profondément qu'il y a 80 000 ans ?

Cette émergence de "l'homme moderne" est liée pour la plupart des préhistoriens à l'apparition de la "pensée symbolique" et, plus précisément, à l'émergence d'un langage tel que le pratiquent depuis tous les humains dans leur diversité. La façon dont on caractérise ce nouveau langage dépend des auteurs, mettant en avant ses capacités combinatoires ou symboliques, sa grammaire ou son vocabulaire, mais assez rarement le fait d'accéder au récit, au langage narratif, comme s'il allait de soi qu'un langage avait toujours servi à raconter des histoires. Pascal Picq fait même remonter le récit aux premiers bifaces, et donc à Homo erectus, il y aurait plus d'un million d'années ! Cela ne me semble pas crédible car les petits groupes de l'époque ne pouvaient avoir qu'un langage minimal (animal) et l'apprentissage de la taille des pierres ne se faisait pas du tout par la parole mais par l'observation. Il y a bien des arguments génétiques pour remonter si loin, si ce n'est vers 200 000 ans pour des gènes plus récents, car l'aire de Broca supposée la zone du langage est aussi celle de la mémoire procédurale, indispensable celle-là pour acquérir des méthodes de fabrication. Elles ne sont pas sans rapport et peuvent aisément se confondre.

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Conscience animale, humaine et artificielle

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Loin de tous les archaïsmes qui nous hantent encore, nous sommes vraiment à un moment historique de notre "conscience de soi", et si presque tout ce qu'on pensait de l'esprit est devenu obsolète depuis le lancement de ChatGPT, quelques unes des théories précédant cette révélation peuvent au contraire s'en trouver confortées, telle cette théorie de la conscience comme mémoire épisodique (de la suite des événements), que j'avais signalée par un tweet en octobre 2022 mais qui vaut qu'on y revienne, alors que, d'un autre côté, l'évolution de ChatGPT semble impliquer non seulement une possibilité des Intelligences Artificielles d'avoir une conscience mais son inévitabilité pour des systèmes d'apprentissage évolués voués à la prédiction de la suite : "le cerveau apprend à être conscient en essayant continuellement de prédire les conséquences de ses actions à la fois sur lui-même et sur le monde extérieur", ce qui donne une forme de conscience du contexte et de soi, y compris aux robots conversationnels capables d'apprentissage. C'est ce que confirme un article s'interrogeant sur "Comment l'IA sait des choses que personne ne lui a dites" - ce qui étonnait même ses concepteurs. Cela viendrait de l'acquisition d'une capacité connue sous le nom d'apprentissage en contexte. "C'est un type d'apprentissage différent dont on ne comprenait pas vraiment l'existence auparavant" bien qu'il suive une "procédure d'apprentissage standard, connue sous le nom de descente de gradient" - sauf que ce n'était pas programmé, le système l'a découvert tout seul.

On verra qu'on peut à peine parler de conscience pour cette sorte de conscience de soi qui participe quand même à l'éclairer comme propriété commune à tout apprentissage (ou réseaux de neurones) aussi bien animale qu'humaine ou artificielle (bien que la plupart des IA spécialisées en soient dépourvus). Cela oblige à redéfinir la conscience, sujette à tous les fantasmes (comme l'Esprit) et à laquelle on a même voulu donner un rôle décisif dans la physique quantique ! Il faut maintenir que notre conscience humaine (la voix de la conscience) comme conscience morale se différencie largement d'une simple conscience de soi animale, mais tout en admettant une nouvelle continuité entre différents niveaux de conscience qui ne se recouvrent pas, depuis la perception jusqu'à la conscience de soi et la culpabilité. Encore une fois, il ne s'agit pas de tout réduire au mécanisme de base des modèles de langage ou de la mémoire comme s'il n'y avait rien d'autre, mais de réduire quand même drastiquement le rôle du sujet humain à constater tout ce qu'on explique sans avoir besoin de lui, ni d'ailleurs d'autres composants indispensables de correction, de validation ou de modèle du monde (qui sont déjà en développement). Les générateurs de langage actuels manquent pourtant non seulement de raison mais surtout de tout ce qui est lié à un corps autonome et son histoire, ce qu'ils pourraient cependant acquérir bientôt par leur incarnation dans un robot mobile ou un avatar qui devront être doués de sensibilité et intégrer une certaine conscience morale...

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L’identité humaine à l’épreuve des chatbots

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Jusqu'à présent, notre capacité à utiliser et comprendre le langage restait une énigme qui nous distinguait radicalement des autres animaux tout autant que des intelligences artificielles précédentes. Du coup, ce mystère constituait un marqueur identitaire nous permettant de nous croire très supérieurs et même d'essence divine. Cependant, comme on l'a vu, les modèles de langage tels que ChatGPT, imitant nos réseaux de neurones, ont révélé de manière très déceptive que leur moteur était simplement la prédiction probabiliste du mot suivant. Ce mécanisme basique est très éloigné en effet de ce qu'on pouvait supposer (d'une causalité génétique, cognitive ou spirituelle), raison pour laquelle le fonctionnement du langage nous échappait, allant jusqu'à imaginer des formes de télépathie ou de panpsychisme. Cette nouvelle compréhension, dissipant ces illusions, change complètement notre conscience de soi, de notre propre pensée, et, plus généralement, notre représentation de l'esprit, la plupart des anciennes conceptions devenant obsolètes.

De quoi opérer une révision radicale de notre identité humaine, qui ne pourra plus se résumer à notre intelligence ni même au langage, mais voudra se redéfinir par notre dimension sociale et nos relations humaines. Il est certainement plus juste - et couramment admis - de se définir comme un être moral et de mettre la moralité au-dessus de l'intelligence, mais cette nouvelle hiérarchisation induit malgré tout de grands bouleversements dans nos représentations, nos idéaux, nos croyances. Les réactions à ces révélations pourraient même être assez violentes, mais ces ruptures idéologiques et cognitives ne sont qu'un aspect des bouleversements qui vont surtout modifier nos pratiques. Ces robots conversationnels accessibles à tous peuvent, en effet, se substituer facilement à des interlocuteurs humains et aux relations sociales, qu'on revendiquait justement pour se distinguer de ces machines sans âme. C'est ce brouillage des identités créé par cette nouvelle avancée des techno-sciences, nous mettant en cause dans notre humanité, qu'on va interroger. En fait, on verra que c'est l'exigence d'une définition de l'identité humaine, et de la place exceptionnelle qu'on veut lui garder, qui s'avère une fois de plus problématique - comme toute identité - figure de l'homme qui "s’effacerait, comme à la limite de la mer un visage de sable".

Ces nouvelles Intelligences Artificielles nous obligeant à nous dépouiller de notre propre intelligence en l'externalisant ne sont pas, en effet, la première atteinte à notre narcissisme. Nous avons déjà dû renoncer à notre place centrale dans l'Univers avec les révolutions copernicienne, darwinienne et freudienne, auxquelles il faut rajouter le scandale pour la pensée qu'a représenté la physique relativiste et quantique, si éloignée de notre expérience empirique et de nos capacités de compréhension. Cela confirme que les sciences, universelles dans tout l'univers, ne doivent rien à notre humanité, malgré ce qu'on prétend, se détachant radicalement du "monde de la vie". Je m'étais d'ailleurs servi de la figure d'hypothétiques extraterrestres pour détacher l'humanité de sciences universelles mathématisées comme d'une évolution dont elle serait l'aboutissement. Là-dessus le retour des pandémies et de la guerre a rappelé le constat ancien de notre connerie abyssale étalée partout en ces circonstances malgré tant de savoirs accumulés. Cette fois, c'est d'être dépassés par la machine en intelligence et savoir, comme nous l'avions été déjà par ses capacités de calcul et de logique, qui en remet une dernière couche. Ce rabaissement de notre intelligence sera certainement difficile à avaler pour la plupart, et un véritable choc civilisationnel, mais ce n'est pas la première fois et en continuité avec les précédentes avancées des sciences.

Il en est tout autrement de la reproduction de nos capacités langagières par des chatbots de façon beaucoup plus convaincante que les ébauches précédentes et qui toucheront non seulement le travail mais nos vies intimes, mettant en question cette fois le parlêtre que nous sommes, rupture véritablement ontologique et dont les conséquences sont encore plus incertaines que les répercutions cognitives. Il y a bien deux révolutions majeures en cours, une révolution cognitive, qui promet une explosion d'innovations et de progrès faisant reculer l'obscurantisme, doublée d'une révolution existentielle reconfigurant notre être au monde et avec les autres. Cela ne fait sans doute qu'amplifier ce que smartphones et réseaux avaient déjà initié. Ils constituent effectivement l'infrastructure matérielle indispensable où peuvent prendre place ensuite tous ces nouveaux avatars numériques, mais à un certain niveau de perfectionnement et de pratique leur omniprésence peut altérer radicalement notre identité sociale. Evidemment, à cette date, tout cela reste hypothétique, trouble, trop nouveau et, malgré une tendance exponentielle à l'accélération technologique, il est impossible de prévoir à quel point et à quelle vitesse ces conséquences toucheront les populations mondiales connectées.

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Ce que ChatGPT révèle de notre esprit

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Il est difficile de mesurer à quel point, bien au-delà de leur utilité immédiate, les modèles de langage génératifs comme ChatGPT vont bouleverser nos représentations du monde et donc le changer profondément, religions, idéologies, philosophies devenant instantanément obsolètes. En cela, on peut dire que l'IA va bien détruire les anciennes civilisations mais ce sera par la révélation (si déceptive) du fonctionnement de notre esprit. En effet, partout on répète à foison que ces intelligences artificielles n'ont rien à voir avec notre propre intelligence or il n'y a rien de plus faux.

Certes il est exact qu'elles n'ont aucune conscience ni même compréhension de ce qu'elles produisent et il est indéniable qu'il leur manque plusieurs dimensions de notre psychisme. Il y a d'abord l'absence des dimensions biographiques et morales (un long apprentissage par renforcement et la construction de récits de soi) qui constituent notre véritable conscience personnelle - qui est bien essentiellement une conscience morale impliquant une compréhension de sa situation - mais, de plus, comme on va le voir, il manque au simple niveau cognitif (pour peu de temps encore?) l'indispensable complémentarité entre intuition ou perception et raison (soulignée d'Aristote à Kant) y compris pour la production de langage, la fonction critique de l'intelligence, l'esprit qui dit non, modérant la crédulité et le conformisme de la pensée. Ce dualisme des processus utilisés, un peu comme les "réseaux adverses", est effectivement incontournable pour valider l'insertion de l'information reçue dans une base de connaissances fiable.

Sauf que ces vérifications sont beaucoup moins omniprésentes qu'on ne le suppose dans ce qu'on dit, la plupart du temps très semblable au traitement automatique des modèles génératifs de langage, qui reproduisent d'ailleurs tout autant la connerie humaine, ce qui a été dénoncé dès le début. La fiabilité de wikipédia avait été dénigrée de la même façon, non sans raisons mais sans que cela n'annule les apports considérables de l'encyclopédie (en progrès). Il ne s'agit pas de faire croire qu'on aurait avec ChatGPT une intelligence parfaite, seulement une intelligence au moins aussi imparfaite que la nôtre mais ayant accès à plus de sources. On peut considérer du reste la connerie comme l'inévitable conséquence d'un apprentissage qui n'est pas tiré de l'expérience mais de ce qu'on nous a dit depuis l'enfance, apprentissage forcément servile et dogmatique, lié de plus à nos appartenances, arrivant à nous faire croire au Père Noël. Pas étonnant que cette connerie se soit retrouvée dans les IA précédentes, reprenant toute la connerie humaine telle qu'elle s'exprime abondamment sur les réseaux sociaux - ce qui les avait disqualifiées. Il a donc fallu y remédier (partiellement) par des corrections programmées, pour être simplement utilisables, tout comme on ne peut se passer de modération dans les forums. Cela montre quand même qu'on est loin de l'idéal rêvé et que, comme toujours, il n'y aura pas que des conséquences positives à cette révolution cognitive qui n'est pas immunisée contre toute connerie ni contre son détournement vers des usages dangereux. Non, mais leurs performances remarquables tout autant que leurs faiblesses posent de nouvelles questions à notre compréhension de l'intelligence et de notre propre pensée, décidément devenue sans mystère et débarrassée de cette supériorité qui faisait notre orgueil.

Ce qu'on ne dit pas assez, en effet, voire pas du tout, c'est que l'IA et la neuro-imagerie progressent ensemble depuis l'utilisation des réseaux de neurones. Il vaudrait mieux faire savoir qu'on a ainsi avec ces modèles de langage un fonctionnement à peu près identique à celui du cerveau humain pour traiter le langage, basé de façon très surprenante sur la mémoire à court terme et la prédiction du mot suivant en fonction du mot précédent et du contexte, tout comme ChatGPT, procédure très simple mais qui se révèle étonnamment puissante. On le sait depuis octobre 2021 au moins et j'avais déjà souligné en avril 2022 l'importance de cette nouvelle convergence entre l'Intelligence Artificielle et le fonctionnement du cerveau, mais il faut avouer que cette découverte assez incroyable restait abstraite avant d'avoir pu la tester et avoir constaté les prouesses époustouflantes de ce mécanisme minimal (avant d'en éprouver toutes les limites malgré tout). Pour parler et répondre, il suffirait donc d'appliquer la règle la plus simple qui est de dire ce qui est la norme, le mot qu'on attend de nous, c'est-à-dire trouver le mot le plus probable à dire dans cette circonstance pour compléter les phrases et les conversations. [C'est un peu plus compliqué, il faut ajouter un certain nombre de "réglages fins", en fonction du contexte et de l'expérience, corrigeant des erreurs courantes mais le mécanisme reste bien , comme dans le cerveau, la prédiction du mot suivant]. En tout cas, comme toute découverte scientifique, ce n'est pas du tout une invention humaine, les sciences depuis Galilée contredisant systématiquement nos anciennes théories, déshumanisant notre savoir en l'universalisant, et ce truc qui semble miraculeux n'est encore une fois qu'une imitation du vivant et de ses processus d'apprentissage, consistant neurologiquement à prédire ce qui doit suivre pour comparer ensuite avec ce qui arrive vraiment (prédiction récompensée ou non par la dopamine).

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L’irrationalité d’Homo sapiens

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Les premiers hommes se sont distingués comme homo faber, par leurs outils, mais autour des 70 000 à 50 000 ans, il n'y a pas si longtemps, et bien après les premiers Sapiens, s'est produite une révolution culturelle à l'origine des hommes actuels et des tribus de chasseurs-cueilleurs tels qu'on a pu les connaître dans toute leur diversité (de langues et coutumes) alors que régnait avant une grande uniformité. Désormais ce qui va distinguer les hommes modernes (semblables à nous), ce sont surtout les signes de leurs fausses croyances, de la pensée symbolique dit-on pour ce qui est pur délire, histoires à dormir debout et mises en scène rituelles. Dès qu'on parle de culture, et non plus de techniques, c'est bien l'irrationnel de mythes invraisemblables qui se manifeste sous toutes sortes de formes artificielles et par la fabrication d'idoles ou d'amulettes, d'objets magiques ou sacrés, jusqu'à des constructions monumentales.

On est élevé, dès les contes de l'enfance, dans l'idée qu'on serait des êtres supérieurs, au moins par rapport aux animaux (mais souvent aussi par rapport aux autres par privilège de naissance). On se voit en maître de l'univers et d'un avenir qui dépendrait de nous, de notre bonne volonté, de notre foi, de notre excellence alors que nous n'arrêtons pas d'échouer, de faire des erreurs et nous montrer malhabiles devant l'inhabituel. En tout cas, selon la tradition, notre supériorité serait dans la raison qui nous permettrait de maîtriser nos instincts et de nous donner accès à la vérité comme à la liberté et la citoyenneté. Nous désigner comme Homo sapiens ou animal rationnel revient effectivement à situer notre supériorité à l'animal dans notre bien plus gros cerveau et dans le travail intellectuel, non dans nos capacités physiques. Cette intelligence supérieure aux animaux est indéniable, de même que notre accès à la rationalité, en particulier la rationalité procédurale dont les outils fossiles témoignent suffisamment mais encore plus le langage narratif et sa logique avec la question de sa vérité ou du mensonge. Pour autant, il n'est absolument pas raisonnable de nous identifier à cette intelligence quand nous donnons le spectacle permanent de notre bêtise (pandémie, guerres, idéologies, religions, etc).

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En avant

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Non seulement tout le monde connaît et discute de ce qui est là et arrive, de ce qui se passe comme on dit, mais tout le monde s'emploie aussi à parler de ce qui ne doit intervenir que plus tard, de ce qui n'est pas encore là, et même de ce qu'il faudrait faire pour s'y préparer. Chacun a toujours déjà anticipé ce que les autres ont également anticipé et dont il se mettent en quête. Le bavardage s'irrite même, à la fin, que ce qu'il avait pressenti et réclamait constamment se produise effectivement car cela lui ôte du même coup l'occasion de pouvoir continuer à en rêver. Heidegger 1925, p403

Comme la pandémie et la guerre en témoignent abondamment, l'incertitude la plus grande de l'avenir suscite le besoin irrépressible d'en raconter la suite malgré tout, aussi incompétent soit-on. C'est d'autant moins chose nouvelle que ce mécanisme se révèle au principe même du fonctionnement du cerveau et de l'apprentissage, y compris pour l'Intelligence Artificielle (ou apprentissage automatique) qui progresse en validant ou non ses prévisions (on peut même utiliser pour cela ce qu'on appelle des "generative adversarial networks"). Ce mécanisme fait partie d'un nécessaire feedback qui relève plus généralement de la cybernétique, de la correction d'erreurs comme seul accès au réel (qui reste extérieur) et moteur de la dialectique cognitive. Celle-ci progresse inévitablement par l'erreur, dans l'après-coup du résultat indécidable d'avance, et pour cela même occupant l'imagination des suites possibles du récit, au-delà de nos propres intentionalités. Le plaisir musical témoigne même de son lien à la surprise déjouant nos prédictions, à ce décalage qui est le signe du réel.

Le prendre en compte devrait nous amener à réfuter la conception antérieure du futur, comme dimension temporelle assimilée à l'espace, et d'une humanité trop rapidement identifiée à ses finalités et sa projection dans un avenir présenté comme absolument prévisible et avec un volontarisme revendiquant une maîtrise illusoire (paranoïaque), véritable négation de l'histoire. Notre horizon est bien plus limité, non pas à l'instant présent mais à l'instant suivant et son après-coup, pas à pas, activité de l'esprit comme perception qui n'a pas de repos. Si la mémoire à court terme, mémoire de l'immédiat, est le coeur de la conscience, celle-ci sert à en tirer des prédictions grâce à la mémoire à long terme (réseaux de neurones). L'inquiétude de la suite et la tentative permanente de la deviner ou de redresser la barre sont plus fondamentales que le souci pratique qui nous en divertit, ou même de l'ennui qui nous en prive momentanément. On peut appeler cela notre liberté d'esprit et de toujours pouvoir renier ce qu'on croyait faussement jusque là.

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Les bienfaits des psychédéliques

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Alors que la légalisation du cannabis gagne de plus en plus de pays, nos gouvernements qui s'y refusent obstinément se couvrent d'autant plus de ridicule que, malgré leurs rodomontades, jamais les drogues n'ont été aussi disponibles qu'aujourd'hui. On a beau mettre en scène le démantèlement de quelques points de deal vite reconstitués, le marché a bien changé maintenant puisqu'on peut se faire livrer son herbe à domicile par des entreprises de plus en plus professionnelles fournissant des produits standardisés et utilisant toutes les ficelles du marketing. Bien sûr, à la différence d'une légalisation contrôlée, et comme cela a toujours existé dans le marché de la drogue, on vous refile en plus des petits cadeaux que vous n'avez pas demandés, cocaïne, ecstasy, en espérant vous accrocher. On ne fait pas plus contre-productif pour une politique prétendue de contrôle des drogues.

Du moins, la situation est favorable pour compléter l'article sur la dépression en étudiant toutes sortes de psychédéliques (autres que le cannabis qui n'en fait pas vraiment partie), substances ayant prouvé leur capacité de modifier la conscience depuis des millénaires et qui font aujourd'hui l'objet du regain d'intérêt des scientifiques et psychiatres.

Ces molécules opèrent un retour en force depuis le début des années 2000, notamment parce que les médecins ont dû reconnaître que la pharmacopée psychiatrique limitée dans ses mécanismes d'action s'avérait inefficace pour nombre de patients. Depuis, le nombre d'essais et d'indications potentielles va croissant : dépressions résistantes aux antidépresseurs classiques, troubles du stress post-traumatique, addictions voire troubles obsessionnels compulsifs (TOC) ou symptômes anxio-dépressifs chez les patients cancéreux ou en fin de vie…

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Concepts fondamentaux pour comprendre notre monde

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Un petit nombre de concepts fondamentaux qui vont à rebours des modes de pensée religieuses, métaphysiques ou idéologiques, suffisent à renverser la compréhension habituelle, à la fois idéaliste et subjectiviste, de notre humanité (et de la politique). Il n'y a, sur ces concepts examinés ici (information, récit, après-coup, extériorité), que du bien connu, vérifiable par tous, et il n'y aurait aucun mystère ni difficulté si les conceptions matérialistes (écologiques) n'étaient par trop vexantes et n'entraient en conflit avec nos récits, pour cela déniées ou refoulées constamment afin de sauver les fictions d'unité qui nous font vivre. On verra d'ailleurs que ces concepts fondamentaux touchent aux débats les plus sensibles de l'actualité (numérique, démocratie, identitaires, racisme, sociologie, etc).

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Le point sur la dépression, causes et remèdes

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L'épidémie de dépressions, depuis le confinement et les mesures de distanciation sociale, manifeste à quel point nous ne nous suffisons pas à nous-mêmes et qu'on est loin de pouvoir se satisfaire de "demeurer en repos, dans une chambre" ni du simple plaisir d'exister. Notre état naturel serait plutôt dépressif et d'un terrible ennui si la vie sociale ne nous divertissait pas de nous-même - ce qu'on peut mettre sur le compte de notre nature d'animal grégaire ou celui d'être parlant. En tout cas, comme on le verra, Alain considérait avec raison que le meilleur traitement des humeurs dépressives serait de parler à d'autres que nos proches, nous sortant de notre enfermement intérieur et de notre complaisance avec notre malheur, ce qui ne veut pas dire que cela suffirait à soigner les dépressions mais expliquerait que, pour la plupart (pas tous), les états dépressifs sont certainement aggravés dans l'isolement.

Cette actualité de la dépression justifie de tenter de faire le point sur cette maladie, une des plus douloureuses et courantes, d'autant plus qu'elle reste, en dépit de progrès récents, relativement incomprise et mal soignée, mais aussi qu'elle reste largement déniée et considérée même comme une maladie honteuse. C'est pourtant une maladie non seulement très répandue mais qui est partie intégrante de la condition humaine et remarquable à combiner les dimensions biologiques, psychologiques, sociales, la façon dont l'état du corps est interprété par les discours, les histoires qu'on se raconte et les représentations sociales.

Ainsi, un peu comme dans l'amour (dont il serait l'envers), où l'instinct sexuel nourrit les idéalisations de la personne aimée, de même le malaise du corps (l'écoeurement digestif par exemple) trouve facilement des raisons à son angoisse et l'écoeurement du monde (il faut voir comme la dépression raisonne d'une raison raisonnante!). Il y a bien à la fois un fondement biologique à la dépression et de bonnes raisons d'être déprimé. L'étonnement serait dès lors qu'on ne soit pas tous dépressifs si la sélection naturelle n'avait été contrainte de s'y opposer, fournissant ordinairement sa dose d'antidépresseurs pour nous faire voir la vie en rose, la dépression étant l'échec de nos antidépresseurs naturels faits pour refouler nos échecs et nos blessures.

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Derrida, du phonocentrisme à la déconstruction des hiérarchies

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  La voix et le phénomène, 1967
Je trouve la lecture de Derrida très pénible, et encore plus dans ses innovations stupides comme de juxtaposer dans Glas deux textes sans aucun rapport, mais plus généralement par son caractère fuyant, insaisissable, si agaçant. Ce n'est pas pour rien qu'il est considéré comme un philosophe abscons et n'est pas sans rapport non plus avec les subtilités talmudiques voire cabalistiques mais auxquelles s'ajoute une propension à la dénégation (par exemple la préface de La dissémination qui se nie comme préface, tournant autour de l'impossibilité d'une préface !). La position de Derrida était en effet très ambiguë par rapport à la communauté juive dont il voulait se délivrer dans sa jeunesse pour ne plus être discriminé, ce qui ne l'empêchera pas d'en être profondément influencé mais en revendiquant dès son premier texte, une pluralité des origines qui guidera toute son oeuvre et lui permettra notamment de se distancer de Heidegger, dont il était si proche souvent, lui empruntant le concept de déconstruction qui fera sa gloire, mais justement pas pour revenir à une origine perdue et plutôt pour en brouiller les pistes et se soustraire à toute identification.

J'ai toujours été très critique envers ses positions, que ce soit dans ma période marxiste ou lacanienne. Il faut dire qu'il faisait partie de la race improbable des nietzschéens de gauche, avec Deleuze et Foucault ! Cependant, en dépit de mes préventions, je le considère malgré tout aussi incontournable que Heidegger et, en tout cas, le représentant le plus important de la French theory, bien plus que Foucault, sans même parler de Deleuze ! La voix et le phénomène (1967) qui est au fondement de son oeuvre ultérieure, et d'une facture plus classique, m'avait vraiment marqué. Au-delà de la critique de Husserl et de la métaphysique de la présence, sa déconstruction du signifiant et d'un certain structuralisme où le phonème se donne comme l'idéalité maîtrisée du phénomène (p87) constituait un pas essentiel justifiant d'y revenir pour faire le point. L'autre raison, reliée plus spécifiquement à mes derniers textes, tient à l'étonnement que sa contestation d'un langage réduit à la présence se soit incarnée dans l'écriture (sainte) alors que le récit en constitue une bien meilleure illustration à faire ouvertement référence à ce qui n'est pas là, recouvrant le réel et l'expérience immédiate de la chose même par des significations culturelles fictives.

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La conscience après-coup de nos décisions et jugements

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On avait abordé, dans le mystère de la conscience expliqué, l'hypothèse de Todd E. Feinberg et Jon M. Mallatt, postulant que si notre conscience nous est mystérieuse, c'est parce que nous ne percevons pas notre système de perception et nos neurones (la perception s'oublie derrière le perçu). Il est intéressant de le compléter par les conclusions que tire Peter Carruthers de la réduction de la conscience à "l'espace de travail" du cerveau dans un interview qui est faussement titré "Il n'y a pas de pensée consciente", ce qui est absurde, alors que ce qu'il dit est bien plus précis, c'est que nos actes ne sont pas directement conscients, contrairement aux sensations, et le deviennent seulement après-coup par leur perception ou leur verbalisation.

Il y a bien confirmation du fait qu'on n'est pas conscient non plus du processus de décision ou du jugement, qui ne deviennent conscients qu'après coup, ce qui est assez logique, mais ce qu'ajoute Peter Carruthers, c'est qu'on en devient conscient, après-coup, seulement par les sensations, qu'il n'y aurait même que des sensations (des représentations?) qui peuvent être conscientes, c'est-à-dire présentes dans notre espace de travail mental.

On voit qu'il y a séparation entre théorie et pratique, représentation et action, réflexion et décision. Rappelons qu'en philosophie, si la conscience peut s'identifier à la conscience morale (responsabilité, conscience de soi et de ses actes), elle l'est plus primitivement à l'intentionalité, conscience entièrement absorbée par son objet, qu'elle n'est pas (aussi bien concept que perception) - cependant Husserl parle également de flux de conscience, comme ce qui nous arrive plus que ce qu'on vise, la première forme de conscience correspondant à la focalisation de l'attention et l'autre au circuit par défaut, à l'esprit vagabond (qui est surtout un discours ininterrompu plus que des images ou des sensations). Ici la conscience est plutôt réflexive et résolution de problèmes.

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Le mystère de la conscience expliqué

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Selon Todd E. Feinberg et Jon M. Mallatt, si notre conscience nous est mystérieuse, c'est parce que nous ne percevons pas notre système de perception et nos neurones. Notre opacité à nous-mêmes est donc constitutive.

On savait déjà que la perception s'oublie derrière le perçu car ce qui nous intéresse, c'est la chose par rapport à laquelle nous devons réagir et notre mouvement dans l'espace. Comme le disait Sartre, toute conscience est conscience de quelque chose, qui n'est pas elle et dans laquelle elle s'absorbe entièrement. Ainsi lorsqu'on met des lunettes qui inversent la vision avec le haut en bas, au bout de quelque temps on revoit à l'endroit, comme si de rien n'était. Or, le fait que les processus neuronaux disparaissent dans le résultat suffit à nous rendre la conscience mystérieuse, ce qu'ils appellent "l'auto-irréductibilité", barrière épistémologique à notre propre subjectivité (et qui fait d'ailleurs tout l’intérêt des drogues psychédéliques et autres "modificateurs de conscience").

Notre non transparence à soi est donc fondée sur le fonctionnement cérébral mais on peut penser que le deep learning le démontre tout autant, ces intelligences artificielles étant incapables de rendre compte de leurs décisions (ce qui pose problème et qu'on essaie de dépasser sans y arriver encore). Par contre, il ne devrait pas être difficile de doter un robot d'une conscience au sens où ils la définissent par la position dans l'espace et l'apprentissage du bien (plaisir) et du mal (peine) - conscience de soi animale que nous recouvrons cependant d'un récit de soi avec lequel il ne faut pas la confondre.

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Revue des sciences janvier 2018

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Pour la Science

Physique, espace, nanos

Climat, écologie, énergie

Biologie, préhistoire, cerveau

Santé

Techno

Rien d'extraordinaire pour inaugurer ce qui sera la dernière année de cette revue où je fais depuis 12 ans le tour d'horizon du mois écoulé. Il y a quand même de quoi prolonger nos réflexions sur la conscience et le langage, ou bien se questionner sur l'avenir de la réalité augmentée qui pourrait remplacer nos écrans. On trouvera aussi quelques nouvelles étonnantes (un dinosaure à l'allure de cygne ou une nouvelle informatique réversible à base des vallées électroniques, etc.) mais ce sont les mauvaises nouvelles du climat qui dominent encore. Sinon, même les bienfaits attendus de l'édition de gènes sont contrebalancés par les risques de la technique. De même, un traitement antiviral à base de nanoparticules d'or pourrait bien nous débarrasser de presque tous les virus, ce qui n'est pas forcément aussi positif qu'il y paraît, les rhumes par exemple s'attaquant préférentiellement aux cellules cancéreuses. Il est assez troublant enfin de savoir qu'on va réanimer des morts (leur coeur) afin de pouvoir en prélever des organes...

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Le langage de la conscience

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Les progrès rapides de l'Intelligence Artificielle et de l'étude du cerveau posent à nouveaux frais la question de la conscience dont on voudrait doter les robots, imaginant le pire et mettant du coup en question notre identité humaine. C'est qu'il y a confusion entre différents niveaux de conscience. Il y a sans conteste une conscience qu'on peut dire animale ou cognitive, se distinguant de l'inconscience totale des automatismes ordinaires et impliquant une certaine conscience de soi, de sa position dans l'espace. On voit bien cependant que cela n'a rien à voir avec notre propre conscience qu'Alain assimilait à la conscience morale et qui est plus largement une conscience sociale et de notre responsabilité, ce qui constitue notre identité. Or, celle-ci n'est pas réductible au calcul ni à l'imitation mais implique le langage narratif, condition d'un monde commun, ainsi qu'un récit de soi, condition de l'individuation. On s'éloigne ainsi du cognitivisme comme de la crainte de pulsions maléfiques prêtées à tort aux machines pour retrouver les pulsions maléfiques des humains qui se racontent des histoires...

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Revue des sciences novembre 2017

Temps de lecture : 75 minutes

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Biologie, préhistoire, cerveau

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En dehors de l'Intelligence Artificielle qui est encore en vedette, et a fait l'objet d'un billet séparé, il n'y a pas de grandes nouvelles mais plusieurs intéressantes quand même, comme le plan de Lockheed Martin pour aller sur Mars, plus réaliste que celui d'Elon Musk, ainsi que l'idée d'y produire de l'oxygène et du carburant avec un plasma de CO2 (ce qu'on pourrait faire sur Terre aussi). On nous confirme que la gestion des sols pourrait fortement réduire le CO2 et les prévisions s'améliorent avec les politiques adoptées. Par ailleurs, une étude, qui devra être confirmée, montre que les pleurs des bébés déclenchent l'envie des mères de leur parler, ce qui pourrait être le canal principal de transmission du langage. Sinon, on apprend que la savane serait apparue il y a 8 millions d'années à cause de l'explosion d'une supernova proche et que c'est la glaciation, synonyme de sécheresse, qui aurait poussé les hommes hors d'Afrique. La génétique montre que les différentes couleurs de peau viennent bien toutes d'Afrique, qui est vraiment notre berceau, y compris pour les peaux claires. On est surpris aussi d'apprendre que Cléopâtre régnait sur une Egypte ruinée par le climat à cause d'une éruption volcanique en -43. Du côté médical, les cellules souches mésenchymateuses se révèlent un traitement anti-vieillissement étonnamment efficace. On reparle de l'utilisation des champignons hallucinogènes contre la dépression mais la production d'un composé anti-épileptique du cannabis avec des levures modifiées annonce sans doute la production ainsi d'autres composants des drogues ou substances thérapeutiques naturelles.

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Revue des sciences août 2016

Temps de lecture : 90 minutes

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La nouvelle la plus importante du mois, c'est sans doute la reconstitution de 355 gènes de la première forme de vie, encore incomplète, dépendant pour son énergie des cheminées hydrothermales (fumeurs noirs) où elle serait apparue avant de se transformer en bactéries et archéobactéries prenant leur indépendance. De quoi réduire les hypothèses sur l'origine de la vie. Il n'est pas négligeable non plus d'avoir établi qu'il y avait bien similitude entre les cerveaux et que les différentes fonctions y étaient déterminées génétiquement, ce qui limite la plasticité d'un cerveau qui est loin d'être entièrement auto-organisé. Deux nouvelles ont de singulières résonances avec le contexte actuel. D'abord, le mélange et l'unification des populations, du Moyen-Orient à toute l'Europe, depuis l'invention de l'agriculture. Ensuite, le fait que l'archéologie semble confirmer la conquête d'Israël et sa violence meurtrière (la destruction d'une grande ville et le massacre de toute sa population) telle que rapportée dans le livre de Josué. Pour le reste, on apprend toute l'importance du commerce du chanvre au néolithique à partir de la domestication du cheval et on peut s'étonner qu'on arrive à piloter, relativement facilement, plusieurs drones en même temps par la pensée !

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Revue des sciences janvier 2016

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Revue des sciences mars 2015

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Vous trouverez encore dans ce numéro des nouvelles terribles ou extraordinaires, avec des exoplanètes plus accueillantes que la Terre, la transmission des caractères acquis, l'avenir insoupçonné des documents numériques infalsifiables inspirés du bitcoin ou, encore, qu'on puisse obtenir ovule et sperme à partir de cellules de la peau - débouchant notamment sur la possibilité d'engendrer entre homosexuels. On apprend que pourrait se faire en 2017 le projet fou de Sergio Canavero de greffer une tête d'homme sur un autre corps. On apprendra aussi avec surprise qu'une étoile est venue nous visiter à l'aube de l'humanité moderne, il y a 70 000 ans et que tous les 30 millions d'années la matière noire attire sur nous les comètes et augmente le volcanisme...

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La fin programmée de l’humanité

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Trouble dans le genre humain
la-planete-des-singes-les-origines-affiche-cinemaL'humanité a le chic pour se créer de faux problèmes, qui la détournent des vrais, et s'effrayer de sa propre disparition mais non pas pour des raisons écologiques, qu'elle néglige au contraire beaucoup trop, alors que cela pourrait faire de très nombreux morts. Non, ce qui est redouté, c'est la probable fin de notre espèce comme telle, à très long terme et sans faire aucune victime, par la faute de la génétique, des robots ou de l'intelligence artificielle (comme, pour d'autres, ce serait la faute du féminisme, de l'homosexualité ou autre transgression des normes) ! On ferait mieux de s'occuper des êtres humains qui partout sont en souffrance, mais non, on s'inquiète de l'Humanité avec un grand H, comme avant de la race des seigneurs!

Aux dernières nouvelles, il est effectivement certain que les frontières de l'humanité ne sont plus aussi assurées, ce n'est pas une raison pour s'en inquiéter outre mesure mais pour réinterroger nos catégories. C'est sûr que ce serait exaltant de se croire engagés dans un conflit hollywoodien de dimensions cosmiques où nous serions du côté des humains contre les machines, mais il faudrait se demander si on ne donne pas ainsi dans une bêtise trop humaine, en effet, à voir les déclarations récentes de quelques sommités faisant preuve d'une singulière peur de l'intelligence qui nous menacerait, fichtre ! Je croyais le contraire...

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Revue des sciences juillet 2014

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