Il n'y a rien de vraiment nouveau, et on ne peut dire que je puisse être surpris par le ton de plus en plus alarmiste du Giec alors que j'étais parmi les premiers écologistes qui en faisaient une priorité, très minoritaires au début (une des raisons pour lesquelles j'avais quitté les Verts), mais voir la catastrophe annoncée arriver, le point de basculement tant redouté étant sans doute déjà dépassé, n'a rien pour nous consoler de l'avoir tant prédit quand c'est la rage de ne pas l'avoir empêché que je ressens plutôt.
C'est le progrès des connaissances qui fait monter l'inquiétude et qui certes n'étaient pas aussi assurées au début des années 2000. On pouvait être effarés de l'inconscience générale des risques à l'époque (après-nous le déluge) mais les "climato-sceptiques" (crétins ou vendus) semaient assez efficacement le doute et les scientifiques restaient prudents à cause de quelques résultats contradictoires, ce qui les menait à une modération sans doute excessive.
D'un autre côté, il y a toujours eu des prophètes de malheur annonçant la fin du monde ou de l'humanité (ce dont il n'est pas question dans le rapport du Giec), exagérations basées sur des raisonnements simplistes et qui ne sont absolument pas nécessaires pour prendre la mesure de toutes les terribles conséquences d'un réchauffement même limité alors qu'on se dirige vers des niveaux extrêmes. On n'évitera pas des catastrophes en série. La seule chose qui permet de garder espoir, c'est que, plus on en subit des conséquences néfastes palpables, et plus on assiste à leur prise en compte effective par les Etats, plus les températures vont monter et plus des mesures drastiques pour réduire le réchauffement pourront être prises.
Il faudrait certainement que la jeunesse se mobilise de nouveau en masse, cette pression de la rue étant indispensable pour légitimer des politiques gouvernementales trop dures à prendre sinon mais ce sera difficile à court terme, dans l'euphorie d'une fin de la pandémie ou dans l'urgence de combattre la montée de l'extrême-droite. Il faut remarquer cependant que malgré toutes les limites du politique et la pression économique, la transition écologique et énergétique est bien en cours, et ceci grâce aux études scientifiques plus qu'aux militants écologistes. Les militants ont quand même un rôle crucial à jouer mais les écologistes ont une obligation de résultat ne pouvant se cantonner à la protestation.