Pour une société duale

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alterLa crise commence à nous atteindre, confirmant que nous sommes le suivant sur la liste du club Med. Même si les chiffres ont été révisés à la baisse, jusqu'ici les protections sociales avaient servi d'amortisseur et les salaires avaient continué à augmenter globalement, même très peu, mais c'est fini, le pouvoir d'achat est sur la pente descendante risquant d'aggraver la récession et malgré tous ceux qui prétendent pouvoir nous sortir d'affaire, nous allons nous heurter comme les autres à l'impuissance des peuples (qui est celle de leurs gouvernements). Face à cet appauvrissement programmé, il vaudrait mieux essayer de s'y adapter que de compter sur un nationalisme exacerbé qui n'est plus de saison même s'il a fait le succès économique des totalitarismes des années 1930.

Une Europe unie et forte pourrait nous faire retrouver une certaine prospérité mais plusieurs processus matériels menacent le modèle européen salarial (numérique, déclin de l'industrie et de l'Occident, développement des pays les plus peuplés, contraintes écologiques), cette crise pouvant n'être qu'un avant-goût de ce qui nous attend par la suite. Du point de vue écologique, on pourrait même considérer la crise comme une chance - à condition de s'organiser pour cela et ne pas faire porter le plus gros du poids sur les plus pauvres comme maintenant.

Malgré tous les beaux discours sur l'écologie personne n'accepte de gagner moins. Tout ce que les gens demandent, c'est de garder le même style de vie, que rien ne change et qu'ils ne perdent pas d'argent ! Ceci quelque soit leur niveau de rémunération. Il est d'ailleurs amusant de constater comme ceux qui gagnent bien leur vie n'ont pas du tout conscience des salaires moyens (2410 euros bruts) encore moins du salaire médian, plus significatif et qui s'élève à 1 675 euros bruts, ce qui veut dire que 50% des salariés gagnent moins de 1675 euros bruts (2354 par ménage). Dès qu'on touche plus de 3000 euros, on fait parti du gratin, des 10% les mieux payés (ou 5400 pour un ménage). Pourtant, toucher 3000 euros, ce n'est pas rouler sur l'or et il serait difficile pour ceux qui y sont habitué de pouvoir gagner moins sans revendre l'appartement, par exemple. C'est un phénomène vérifié : on s'habitue à dépenser, dès que son niveau de vie monte, jusqu'à ne plus pouvoir s'en passer voire imaginer qu'on puisse vivre avec moins, se croyant facilement la norme de consommation alors qu'on fait partie d'une toute petite minorité. Le reste de la population doit pourtant se débrouiller avec beaucoup moins, c'est donc possible, mais c'est surtout cette population qui a déjà si peu qui va être appauvri, créant des situations humaines dramatiques sans un soutien collectif assez fort.

Vouloir lutter contre cet appauvrissement est sans doute illusoire autant qu'inopportun dès lors qu'on peut dire que notre niveau de vie global est déjà supérieur à ce qu'il nous faut comme aux capacités des écosystèmes. Il serait beaucoup plus positif de profiter de la crise pour tenter de sortir du productivisme capitaliste. Le caractère intrinsèquement productiviste du capitalisme, obsédé par les gains de productivité, implique qu'une sortie du capitalisme serait un appauvrissement relatif auquel il faudrait s'habituer. Plutôt que d'attendre une conversion des coeurs à la simplicité volontaire, en fait on a bien besoin de la crise pour réduire nos consommations marchandes. Pour en faire un atout au lieu d'une opération punitive, il s'agit de remplacer la consommation par la production, le divertissement par la valorisation de ses compétences et faire du travail le premier besoin de la vie, ce qui veut dire évidemment sans être aussi productif qu'un salarié soumis à des cadences infernales et, donc gagner moins. Ce avec quoi il faut se débrouiller en s'organisant localement.

On rêve de sortir du capitalisme comme en 1917 en fermant ses frontières mais ce n'est plus de saison et laisse inchangé le capitalisme qui continue de se développer à l'extérieur. Il y a une autre solution, c'est une économie plurielle mais que je préfère appeler ici une société duale, c'est-à-dire un véritable système alternatif local (avec revenu garanti, coopératives de production, monnaie locale) cohabitant avec le capitalisme globalisé et l'Euro. Inutile de vouloir convertir tout le monde, tout comme il serait inutile de se replier sur soi, ce qu'il faut, c'est créer une société parallèle, véritable altermondialisme. Dès lors qu'on ne supprime pas le capitalisme ni le monde environnant, il y aura donc toujours des salariés de grandes entreprises gagnant de très bons salaires alors que les alternatives locales ne peuvent offrir de tels revenus. Développer des alternatives locales à la globalisation marchande peut se comparer aux villes franches du Moyen-Âge à la différence près qu'on ne peut cette fois en espérer un gain supérieur, au contraire du point de vue monétaire au moins même si on peut y gagner en qualité de vie.

Militer pour une société duale semble une hérésie à la plupart qui refusent de voir à quel point on est déjà dans une société plus que duale et que l'assumer est la voie de l'alternative. Il s'agit bien d'une certaine façon de faire sécession, de larguer les amarres, d'un exode de la société salariale. Ce n'est pas se rendre étrangers les uns au autres mais simplement une différence de niveau de vie et de circuits, le monde de ceux qui ont moins. Il y a bien deux mondes et c'est celui des pauvres qu'il faut développer en société d'assistance mutuelle, s'organiser localement pour vivre avec moins. Mieux, il faut le mettre à la mode et dévaloriser l'autre monde, celui de l'argent et de la subordination salariale. Pour cela, il faudrait cependant pouvoir compter sur un revenu minimum et trouver à valoriser ses compétences, ce qui ne peut se faire sans institutions locales (coopératives municipales) et circuits parallèles. En tout cas, il y aurait intérêt à renforcer le fossé entre secteur associatif, mutualiste ou coopératif et le secteur marchand, ne pas se retrouver avec un Crédit Agricole gangrené par la finance, apporter la division dans l'économie au lieu de la confusion des rôles, en faire une question d'appartenance, d'identité collective, de mode de vie.

La voie révolutionnaire se croit supérieure à la voie de l'alternative en visant directement la totalité par la pensée mais ne témoignant ainsi que de son impuissance sinon de son narcissisme (voire paranoïa). L'autre monde est là, à portée de main, non pas en s'enfermant derrière des frontières, mais alternatives locales se développant à côté du système capitaliste. La catégorie de totalité n'est pas absente de l'alternative qui semble la briser car s'il y a plusieurs systèmes, chaque système constitue en soi une totalité cohérente et fermée sur elle-même. A la fois en combinant répartition, production, échanges, conformément à l'analyse de Marx des systèmes de production, mais aussi les flux de matière, d'énergie et d'informations de la théorie des systèmes. Tout cela devrait mener à l'unification des alternatives. C'est ce qui est le fond de ces forums sociaux si informes et peu représentatifs mais qui semble une tâche indispensable.

L'unification des alternatives locales est facilitée par internet, c'est la grande différence avec les tentatives précédentes. Cette société duale que j'appelle, simplification de la multiplicité des expériences alternatives, appartient entièrement à l'ère du numérique. C'est celle des pirates, des hackers de la politique, non pas le socialisme plus l'électricité mais les alternatives locales plus internet. Si la perspective d'une baisse de notre niveau de vie n'a rien de réjouissant a priori, je peux témoigner qu'on s'y fait pour autant qu'on gagne un minimum (ce qui n'est pas toujours le cas pour moi). Cet appauvrissement monétaire est en effet compensé en bonne partie par le niveau de développement auquel nous sommes parvenus nous donnant accès à toute la connaissance du monde et les moyens de sortir d'une précarité qui n'a plus rien de naturelle. L'ère de l'information et du numérique apporte avec elle de fabuleuses potentialités, dont nous sommes tout au plus les précurseurs, et privilégiant la coopération, la gratuité, les échanges, l'empathie, le développement humain, une autre façon de vivre ensemble sur laquelle on peut s'appuyer.

Il ne s'agit pas de demander une conversion morale, tous les prêches et beau discours n'y feront rien, mais d'offrir une alternative et d'unifier la résistance économique, de connecter les circuits, en faire une force face aux marchés.

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27 réflexions au sujet de “Pour une société duale”

  1. "Pour cela, il faudrait cependant pouvoir compter sur un revenu minimum et trouver à valoriser ses compétences, ce qui ne peut se faire sans institutions locales (coopératives municipales) et circuits parallèles. En tout cas, il y aurait intérêt à renforcer le fossé entre secteur associatif, mutualiste ou coopératif et le secteur marchand, ne pas se retrouver avec un Crédit Agricole gangrené par la finance, apporter la division dans l'économie au lieu de la confusion des rôles, en faire une question d'appartenance, d'identité collective, de mode de vie."

    Effectivement. Le seul petit problème à ce sujet, ce sont les obstacles légaux. Discréditer la notion du capitalisme ne peut masquer le fait qu'à un moment, il devient nécessaire de mutualiser ce qu'il faut bien appeler du capital. Cela peut prendre diverses formes, mais on revient in fine à la notion de banque. Du point de vu légal, il faut constater les problèmes que rencontre la Nef pour pouvoir être une véritable banque, au sens commun du terme: y avoir un compte courant.

    L'autre solution, c'est l'illégalité ou l'économie parralèle. La tontine de nos "immigrés" blacks. Ils dégagent du 8% annuel, typiquement (comme quoi, cela fonctionne). Eux ont réussi à s'organiser en société duale. Nous autres (pardonnez-moi cette dichotomie), non, tant que nous restons scotchés à notre légalisme.

    Il faut donc bien passé une nécessaire attitude révolutionnaire, ou pseudo-révolutionnaire, pour le voeux d'une société duale ne soit pas un voeux pieux. Plutôt pseudo-révolutionnaire que révolutionnaire... mais cela sera toujours trop révolutionnaire au goût des "autres".

    • Il y a pas mal de choses qui sont déjà possibles et il y a quelques communes exemplaires mais il est vrai qu'il faut obtenir de nouveaux droits comme le revenu garanti mais aussi l'exonération de TVA pour les échanges locaux (en monnaie locale) et bien d'autres dont la nécessité se fera sentir en chemin. Tout cela semble à peu près impossible avec raison, sauf en situation de crise sans doute, du moins c'est une hypothèse.

  2. "Il ne s'agit pas de demander une conversion morale, tous les prêches et beau discours n'y feront rien, mais d'offrir une alternative et d'unifier la résistance économique, de connecter les circuits, en faire une force face aux marchés."

    Le principe de la duplication de ce qui fonctionne a été utilisé avec grand succès pour l'agriculture dans les années 60, avec les CETA qui étaient des groupes d'échanges de bonnes pratiques d'agriculteurs. Le bond en avant opéré alors a été occulté par l'arrivée du maïs, des élevages hors sol, de la stabulation...André Pochon raconte très bien cet épisode de notre agriculture.

    J'ai noté que des expériences réussies comme celle de la Maison des Sources de Besançon est doublée d'une association de duplication-échange appelée IAF (les Invités Au Festin).

    Il me semble que mettre l'accent sur ces outils de duplication peut accélérer cette unification de la résistance économique.

    • C'est un problème de masses en jeu et de rééquilibrage, on ne peut pas rester les rois du monde comme on l'a été mais ce n'est pas si grave, il faut juste ne pas rêver d'un impossible retour du passé (mais une Europe unie pourrait retrouver quelque temps une primauté perdue depuis longtemps).

      J'écrivais cela il y a tout juste 1 an : http://jeanzin.fr/2012/03/07/la-crise-et-le-declin-de-l-occident/

      Ce billet, comme les autres, s'appuie sur tous les billets antérieurs bien sûr. En utilisant la recherche (en haut à droite), il devrait être facile de les retrouver sans truffer le texte de liens.

  3. Le principe de société "duale" doit se présenter comme une stratégie réaliste où tout le monde sera gagnant :
    je m'explique : les évolutions d'une économie compétitive dans le cadre de constants progrès d'efficience technique ne va pas vers le plein emploi : on va plus à vitesse grand V à un dual peu souhaitable avec des populations et territoires qui tirent leur épingle du jeu de mieux en mieux et des pans entiers de populations et territoires qui sont laissés de côté ;
    les resto du cœur et autres solutions d’entraide ne sont pas les bonnes alternatives : il vaut toujours mieux donner une canne à pêche et apprendre à pêcher que donner un poisson.
    Quand côté gagnants on aura bien compris que les troubles sociaux qui vont se développer vont devenir de moins en moins gérable facilement , la proposition de société duale peut devenir une stratégie permettant
    aux bien lotis de continuer leur petits et gros buisines et à tous les meurtris par les évolutions en cours de s’ouvrir une voie de sortie ambitieuse et pleine d’espérance.
    Il s’agirait de bien poser le diagnostic sociétal et de lancer , cette fois ci pas d’une manière duale , mais dans le cadre des institutions existantes , une vaste expérimentation au niveau national ( eh oui il existe encore ce niveau là jean Zin – sourire ) d’aménagement et développement du territoire : le pays est vaste et varié et pourrait être lancé sur certaines communes des expérimentations globales d’accueil de populations et mises en œuvres de relocalisation ; Marinaleda nous donne les clés : il faut des ressources , du foncier ; il faut lancer des mises en œuvre d’exploitations collective de ces ressources ( SCIC par exemple) ; il faut réintroduire l’auto construction et l’entraide pour construire des maisons écologiques etc
    Les scientifiques divers et variés doivent être partie prenante de ces expérimentations : les innovations techniques devant se positionner dans le cadre de process énergétiques et culturaux simples et durables .
    L’autre clé de Marinaleda est que bien sûr ces expérimentations sont portées , réfléchies , débattues et décidés par les acteurs eux-mêmes .
    Le but du jeu n’est donc pas la compétitivité dans le cadre d’un marché mondialisé, mais l’aménagement du territoire et l’organisation de la société pour un bien vivre ensemble.
    On a donc les ingrédients:
    - de coopérative communale ou intercommunale,
    -celui qui vient dans la logique de ces mises en oeuvres de monnaie locale , -quant au revenu d’existence il fera parti des aides à ces expérimentations sociétales. Ces soutiens financiers seront d’autant mieux acceptés et conséquents que les dirigeants et leurs soutiens ( les bien lotis nationaux et internationaux ) ont tout intérêt à solutionner les problèmes sociaux ; l’idée d’un monde dual peut ainsi laisser l’existant se perpétuer en même temps que s’ouvre des « arches de Noé » dont l’utilité immédiate est l’apaisement social , et l’utilité à long terme de préparer des solutions de repli face à un écroulement du système qui même s’il prend tout son temps , inexorablement viendra.

      • Je suis pour cette option de société duale, en ce sens qu’un système global forme une logique et une réalité indestructible, jusque et surtout dans la tête des gens , dans les mots , le vocabulaire …..Les revendications alternatives ne font que renforcer le système et participent à la division et à la confusion.
        Il faut tenir les deux bouts de la chaîne :
        -gestion de l’existant
        -et projet, réflexion globale ,prospective , recherche sociétale .
        Il apparaît évident que c’est le point deux qui fait défaut ; de même que c’est le niveau local qui en terme d’organisation de la société, manque .Ces deux manques étant reliés : à partir du moment où on vit dans une relation au monde basée sur son exploitation et non son aménagement et organisation, il est logique que le chaînon manquant soit le local , celui du concret et de la vie.
        Cela dit, le local n’est pas en capacité de se développer significativement sans une politique nationale proposant et soutenant une politique duale ; il faut un échelon supra local et jusqu’ à plus , c’est le national le mieux adapté. L'échelon régional peut aussi jouer son rôle ,par exemple de lancement ,
        Et les choses ne se feront pas toutes seules : un autre ingrédient de Marinaleda , c’est l’humain : sans le maire et sans doute quelques personnes volontaristes l’entourant , sans ce catalyseur , l’expérience n’aurait sans doute pas eu lieue. Il ne faut rien négliger : pas de local sans échelons supra local , pas de réalisations et mises en œuvre sans individus pour les porter ; l’alchimie doit être complète.
        Mais la première chose est sans doute de donner une visibilité appétissante à ce type de projet politique : il ne s’agit en effet pas de quitter un plus (argent, bon niveau de vie..) pour un moins ( vivre à la bougie ) ,mais bien tout le contraire : les habitants de certains villages ruraux qui par la force des choses ont maintenus une vie locale savent combien ils sont privilégiés et dans leurs métiers et dans leur relations sociales , culturelles et leur cadre de vie .
        Puis, d’utiliser cette visibilité, cette proposition politique en la mettant dans le champ de l’existant politique, le seul moment qu’on ait malheureusement pour évoquer l’avenir du pays : le moment des élections présidentielles.
        Il faudrait par exemple lancer un appel pour élaborer collectivement (ceux qui le souhaitent ) un document proposant le lancement d’expérimentations de développement local dans la cadre d’un plan marshal national. Il faut faire sortir les concepts d’innovation, pôles d’excellence etc de leur cadre étroit de compétitivité et les replacer dans un cadre global et sociétal ; l’alternative ne se fera pas seule sans les non alternatifs : en Ethiopie les terres, milliers d’hectares, sont captées par des indiens , ou émiratis pour trois fois rien , laissant les paysans et bergers locaux dans le dénuement absolu . Comment dans ce contexte parler de société duale ?
        Il faut « profiter » du fait que numériquement de plus en plus de gens sont dans la précarité et l’inquiétude pour proposer un projet alternatif réaliste soutenu par le futur président et gouvernement qui manifestement vont s’apercevoir de leur complète impuissance s’ils restent sur des concept de travail ,chômage , compétitivité , croissance . Il faut leur ouvrir une porte politique .

        • Donner de la visibilité aux rares expériences comme Marinaleda est effectivement important mais il est complètement surréaliste de penser que ce gouvernement pourrait soutenir des projets alternatifs (on se demande à quoi sert Benoît Hamon complètement inexistant). Ce sont les Verts qui devraient être en pointe sur la relocalisation alors qu'ils en sont complètement absents... J'avais cru un moment que les Alternatifs, vu leur nom, pouvaient représenter ces alternatives localement mais pas du tout, ce ne sont que de vieux gauchistes dépassés. Les décroissants ont été également très décevants, surtout le journal de la décroissance aux mains de crétins et qui décrédibilise plutôt ces alternatives. Je ne vois rien au niveau national qui aille dans la bonne direction. Pas très réjouissant mais on entre dans les turbulences et l'impulsion pourrait venir d'un autre pays.

    • Ce n'est pas vraiment un appel - je ne suis pas en position pour cela - seulement une hypothèse et uniquement forcés par la crise, une stratégie possible, mais les Grecs ou les Espagnols devraient nous précéder sur cette voie et cela ne semble effectivement pas être le cas...

        • oui, donner les moyens d'une bonne vie aux pauvres, en premier lieu un travail choisi.

          Le développement humain implique de faire des plus pauvres la norme d'une vie vivable, ce qui serait mieux que d'avoir les yeux rivés sur les plus riches qui étalent une connerie qui n'est certes pas inférieure à celle des plus pauvres. Mettre les projecteurs sur la vie du populo ne serait pas inutile (il y a un sens du mot peuple qui désigne les dominés et qui est moins abject que celui de peuple français).

  4. C'est bien joli l'Europe, j'ai rien contre le principe, d'ailleurs j'ai travaillé et vécu à l'étranger et encore maintenant, donc pas vraiment un nationaliste. Sauf que c'est une véritable cacophonie, la monnaie unique, l'Euro, est une connerie sans nom, même Attali le reconnait.

    Par ailleurs, je n'ai aucune envie de revenir travailler en France, vu l'ambiance dans les boites, la justice qui se fout du monde, le coût de la vie élevé et les salaires, dans mon cas serait miteux. Ce pauvre Hollande est un mollusque sans stratégie, et ses ministres sont à peu aussi invertébrés. Les politiciens français en surnombre sont devenus des parasites de connivence.

    • J'ai toujours contesté l'idée d'indépendance de la BCE et qu'une monnaie puisse ne pas être adossée à un pouvoir (ceci dit bitcoin semble prouver le contraire). Il était particulièrement dramatique au GRIT de ne pouvoir faire entendre aucune réticence à l'élargissement accéléré de l'Union européenne (jusqu'à la Turquie) comme à l'adhésion à l'Euro (jusqu'à la Grèce). Un grand mouvement enthousiaste était supposé aplanir toutes les difficultés. Ce qui est certain, c'est qu'on ne peut rester longtemps dans cet entre-deux bancal qui ne tient pas debout, entre-deux que les peuples du sud paient si cher et d'où peuvent surgir des monstres.

      On ne voit pas bien comment pourrait se faire un sursaut fédéraliste, il faudrait une guerre (de sécession) mais il n'est pas raisonnable de penser qu'on puisse tirer un trait sur notre histoire passée (les 60 dernières années de construction européenne et les guerres mondiales qui font bien partie de notre histoire nationale). A l'évidence, il faudra toujours coordonner étroitement nos politiques économiques étant donné le volume de nos échanges intra-européens et il n'y a aucune chance de diminuer la concurrence déloyale et le dumping fiscal sans un droit unifié fédéral. Sans compter qu'unifiée l'Europe deviendrait la première puissance mondiale, sortir de l'Europe ne changerait rien, puisqu'on ne peut en sortir physiquement, sinon exacerber les tensions entre nations, et sortir de l'Euro foutrait une belle pagaille (on en parle pour Chypre). Pour l'instant on est dans l'impasse, c'est sûr et même Jean-Claude Juncker aurait dit, paraît-il, que le spectre d’une guerre en Europe redevenait plausible...

  5. Economie sociale et solidaire: l’heure du changement d’échelle

    Faire système et faire lien

    Il est aujourd’hui impératif d’affirmer un changement d'échelle, de
    transformer les myriades d’initiatives qui fleurissent sur les
    territoires en un tout, grâce à la construction d’un véritable
    éco-système. Cet urgent changement d’échelle ne pourra en effet se
    limiter à la seule déclinaison des décisions nationales sur les
    territoires mais devra s’architecturer par la mise en système des
    initiatives du terrain : au niveau national, et au-delà, au niveau
    européen.

    « Faisant système », en même temps nous saurons « faire lien » et
    mettre fin à la déperdition actuelle des énergies.

    • "Animés par un désir fondamental de créer de l’emploi et du lien social, ces entrepreneurs de demain relèvent le défi de la relocalisation d’activités, réinventent des modèles de croissance plus équitables et respectueux des personnes et font du travail un vecteur d’inclusion pour tous. Ils nous prouvent qu’il est possible de faire de l’entreprise un puissant collectif au service du développement des personnes et des territoires. Nous en sommes convaincus : l’entrepreneuriat social dessine ainsi déjà l’économie de demain, une économie d’action où acteurs publics, entreprises et citoyens œuvrent à la construction et à l’animation d’une société pensée ensemble."
      http://www.lelabo-ess.org/?L-entrepreneuriat-social-une-force

      Pour l'instant (je dois l'avouer je n'ai pas de certitude) je pense qu'il ne peut pas y avoir deux mondes au sens d'un monde officiel, institutionnel avec sa logique politique de compétitivité et croissance et un autre, social et solidaire ; nécessairement le second sera le faire valoir du premier ; surtout s’il fait faire des économies sociales. Le principe fondamental du premier monde est de ne pas choisir de direction et de les laisser toutes s’exprimer : le bio et les OGM par exemple. C’est le libéralisme.
      Il me semble donc que s’il faut favoriser l’ESS, il ne faut pas en faire une panacée et se dispenser ainsi de politique.
      Et les politiques sont nécessairement territorialisées ; la notion de territoire quelque soit l’échelon est essentielle ; « l’entrepreneuriat social dessine ainsi déjà l’économie de demain, une économie d’action où acteurs publics, entreprises et citoyens œuvrent à la construction et à l’animation d’une société pensée ensemble. » Penser ensemble la société ,c’est la définition même du politique et non de l’économie.

      • Je ne suis pas tellement pour "l'entrepreneuriat social", ce n'est vraiment pas ma pente et j'ai toujours critiqué le tiers secteur comme marges du capitalisme. J'ai constamment insisté sur la nécessaire politisation de l'alternative, notamment sa municipalisation. Se résoudre à une société duale n'a rien d'un idéal rêvé mais relève plutôt de la nécessité de durcir les oppositions dans une économie plurielle, et d'appuyer les alternatives locales par des réseaux parallèles. J'ai relevé la référence à la nécessité de "faire système", ce n'est pas que j'en attende beaucoup plus que simplement témoigner de la pénétration de certaines idées. C'est encore très loin de mes propositions et de l’accès au travail choisi, à un développement humain peut-être trop utopique encore mais que le numérique exige. Je ne crois pas qu'on puisse changer de système de production sans avoir une société duale à un moment ou un autre (les villes franches de la féodalité), n'en déplaisent aux républicains qui vivent dans un monde sans histoire.

  6. salut jean j'espère que la santé n'est pas trop mauvaise et le moral pas trop bas . tu dis : "Si la perspective d'une baisse de notre niveau de vie n'a rien de réjouissant a priori, je peux témoigner qu'on s'y fait pour autant qu'on gagne un minimum (ce qui n'est pas toujours le cas pour moi)"

    il y a une chose que j'ai beaucoup de mal à comprendre : pourquoi le grand jeu ne semble intéresser personne , on devrait être gagnant un minimum en misant sur l'alternative , or c'est loin d'être évident pour moi ... toujours eu du mal pour trouver de bon plans shites ou même une meuf pour tirer mon coup ( alors qu'il me semble , parfois , qu'internet ne sert finalement qu'à cela ) . il y a aussi des idées qui désocialisent , mes idées en font assurément partie , je l'assume car j'y tiens encore plus qu'à la vie , mais un minimum ce serait pas du luxe . on est sans doute trop peu nombreux , trop isoler nous les associos , les geeks , les Rodolphes qui rêvons secrètement néanmoins de nous socialiser avec d'autres associos du même genre .. peut être aussi que c'est un fait massif le Rodolphe , mais une réalité dormante , un possible de l'époque qui n'est pas encore activé . l'avenir nous le dira , mais pour le moment la situation me semble calamiteuse ....

    • Il ne suffit pas qu'une idée soit bonne, il faut qu'elle réponde à la situation et soit appropriée par les autres (ce qui impliquerait de ne pas trop se l'approprier soi-même comme un paquet ready made). Il ne faut pas rester fixé sur une idée aussi bonne soit-elle (la coopérative municipale pour moi, par exemple) mais rester attentif à la situation qui est effectivement calamiteuse. Il y a de longues périodes où l'on ne peut rien faire mais les choses changent, c'est la seule certitude et on peut participer quelque fois à des poussées de fièvre. Pour l'instant on est plutôt sur la pente descendante avec une rigueur et un appauvrissement qui commencent à peine (mais pour moi cela devient déjà dur dur).

  7. http://upbordeaux.fr/Archives-de-la-chaire-de

    Archives chaire de philosophie 2012/2013
    Le 5 décembre 2012

    Vous trouverez ici les enregistrements de la chaire de philosophie 2012/2013 : Les dépossédés, une histoire de l’aliénation, animée par Bruce Bégout.

    Audios en libre écoute et téléchargement.

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    Séance 1, Défrichage du concept

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    Séance 2, Hölderlin et l’intuition de la modernité

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    Séance 8 : Feuerbach et la religion

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