Pause – en attendant les municipales

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Il fut un temps où j'étais à peu près le seul en France à défendre une écologie révolutionnaire, qui me semblait, non sans raisons, la seule façon d'éviter le pire, et ce qui me valait une certaine audience, surtout bien sûr auprès des écologistes radicaux mais pas seulement. Prenant la question très au sérieux tout mon travail depuis aura été de trouver les voies d'une alternative effective mais finira par déboucher sur le constat de l'impossibilité d'une révolution globale dans ce monde marchandisé - et donc constat de mon échec comme celui de toute une génération trop sûre d'elle, qui n'a servi à rien ou presque et n'a pu empêcher le désastre actuel. Il ne suffit pas d'avoir raison pour changer le monde, encore moins pour en faire un monde idéal.

Depuis que je suis devenu plus réaliste devant l'urgence, j'intéresse beaucoup moins, surtout ceux qui n'en veulent rien savoir, se croyant bien plus radicaux que moi, rêvant d'utopies imaginaires et proclamant vainement leur anti-capitalisme à l'époque où le capitalisme achève sa mondialisation sur les ruines du communisme (réellement existant de mon temps). On peut suivre sur mon blog tout mon cheminement critique pour sortir des illusions de l'idéologie et ne plus surestimer nos moyens mais reconnaître les causalités matérielles bien plus puissantes que nous, nous obligeant à des stratégies plus modestes. Il faudrait sans aucun doute sortir du capitalisme mais c'est hors de notre portée avant longtemps, on ne peut y compter pour nous sauver, changer de système de production exigeant beaucoup de temps et se révélant bien plus compliqué qu'on ne le prétend au niveau global.

Il n'y a que deux stratégies possibles :

- Conquérir des majorités le plus vite possible pour un Green New Deal, ce qui implique de suivre les scientifiques et un consensus sur des mesures limitées mais massives et vitales.

- Sur le plus long terme mais à une échelle réduite, s'engager dans des alternatives locales.

Tout le reste est baratin. Pour répondre au réchauffement dans l'urgence, seul la transition énergétique, la reforestation, l'agroécologie et la capture du CO2 peuvent limiter l'aggravation de la situation globale, même si on reste dans une économie capitaliste insoutenable. Pour restaurer les milieux, la biodiversité, le développement humain, sortir du capitalisme salarial (changer le travail, changer de vie), il n'y a pas d'autre voie que le local. D'une certaine façon, on peut dire qu'il n'y a pas d'alternative pour limiter les destructions écologiques de notre mode de production, il faut un agir local associé à une pensée globale. Si on pouvait faire mieux, on le ferait, mais il ne sert à rien de se raconter des histoires.

Mes conditions de vie actuelles ne me permettant plus d'alimenter le blog, j'ai donc regroupé ici les principaux textes sur les alternatives écologistes sans doute encore trop utopiques mais qui, en cette période de municipales, pourront peut-être en inspirer certains localement et en éprouver la faisabilité (certainement difficile) ou en proposer d'autres versions plus praticables (moins ambitieuses).

C'est évidemment très répétitif, pas la peine de tout lire !

Les alternatives locales à la globalisation marchande, 06/2002

Les alternatives écologistes, 12/2003

La coopérative municipale, 11/2003

Kit de création d'une coopérative municipale 12/2005

Revenu garanti, coopératives municipales et monnaies locales 10/2006

Les monnaies locales un outil pour la relocalisation de l'économie 05/2007

Relocalisation mode d'emploi 07/2009

Vers des villes vertes 09/2011

La relocalisation de la production 09/2011

Du revenu garanti aux coopératives municipales 05/2012

La place de la commune dans l’économie post-industrielle 09/2013

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12 réflexions au sujet de “Pause – en attendant les municipales”

    • Il va me falloir un peu de temps pour m'y remettre après cette pause forcée mais le blog continuera tant que je pourrais écrire même si cela ne sert pas à grand chose.

      Il me semble que tous ceux qui veulent sortir de l'idéologie comme je l'ai tenté pourront y trouver matière à penser et à agir mais je sais bien que la vérité n'intéresse personne, elle est trop désespérante. On n'entend partout que du baratin bien intentionné. Il n'y a que la vérité qui blesse et il m'a été insupportable à moi-même de ne plus me croire un héros révolutionnaire qui aurait le pouvoir de changer le monde.

      Il suffit d'écouter Maurice Godelier pour savoir qu'on préfère croire à l'impossible et nier les évidences, tout autant dans nos pays chrétiens que chez les sauvages. La domination universelle des religions, des mythes, des idéologies témoignent de cet aveuglement enthousiaste des peuples et du sens commun qu'Isabelle Stengers tente bêtement de réhabiliter au nom de Whitehead et d'un démocratisme deleuzien alors qu'on fait face à des questions de survie qui ne nous demandent pas notre avis. Même Aurélien Barrau dont l'intervention avait été positive jusqu'ici cède à l'idéologie en se déclarant désormais anticapitaliste, comme s'il savait ce que cela voulait dire, pouvoir magique des mots pour se débarrasser de la réalité et se sentir fier de son audace sans conséquences (c'est du niveau de Miss France qui est contre la guerre et la misère et pour l'amour!). Le pire, c'est qu'il a revendiqué sa compétence scientifique pour prétendre qu'on consommerait 3 fois l'énergie disponible, ce qui est scientifiquement faux, le soleil procurant plus d'énergie qu'il ne nous en faudra jamais. Ces exagérations n'accélèrent en rien une transition matérielle en cours qu'elles dénigrent.

      Les jeunes sont plus raisonnables à se réclamer des études scientifiques et du Giec mais la situation est bien désespérée pour l'instant à croire aux miracles de l'idéologie et à l'impossible, nous jetant dans les bras des populistes d'extrême-droite. Le local devrait servir de retour au réel, nous sortant des grandes abstractions (nation, peuple, progrès) mais personne n'en veut.

      Se ranger du côté des sciences, c'est devenir plus anonyme sans doute mais c'est au moins pour m'expliquer avec ma propre connerie, car je ne fais pas exception, que je continuerais tant que je pourrais à dénoncer mes anciennes illusions et les faux prophètes qui se paient de mots, même si je sais bien que c'est la catastrophe écologique et politique qui pourra seule convaincre, après-coup, de stratégies réalistes abandonnant tous les enfantillages utopiques du sens commun et de ses boucs émissaires.

      • Ce qui est curieux, c'est qu'A Barrau est un scientifique et qu'il dit et écrit que c'est pas la technologie qui résoudra les problèmes, il marche sur la tête.

        C'est bien grâce à la technologie qu'il est possible de mettre en évidence le réchauffement climatique anthropique et il en sera de même pour le juguler par de la low ou high tech.

        • http://authueil.fr/post/2020/01/16/Actualit%C3%A9-de-la-pens%C3%A9e-de-Bonhoeffer

          On constate que la sottise n’est pas un défaut inné, mais que, dans certaines circonstances, les gens s’abêtissent ou se laissent abêtir. Nous observons en outre que chez les solitaires ce défaut est plus rare que chez les gens ou dans les groupes qui penchent vers la sociabilité ou qui y sont contraints. Ainsi, la sottise semble être un problème sociologique plutôt que psychologique. Elle est une forme spéciale de l’influence des circonstances historiques sur l’homme, une manifestation psychologique qui accompagne un certain état de choses.

          • Contrairement au méchant, le sot est entièrement satisfait de lui-même.

            Dans la discussion, on sent nettement que ce n’est pas à lui personnellement qu’on a à faire, mais aux grands mots qui le possèdent.

            Comme le dit le livre "The Self Delusion", l'individu n'existe pas, il n'est que le reflet de la société et des discours courants :

            Nos esprits sont simplement une chambre d'écho de croyances acquises précédemment.

            https://www.telegraph.co.uk/science/2020/01/18/death-individual-no-thing-self-argues-professor/

          • La question qui se pose à moi, c'est tout de même peut on se comporter comme une ordure en toute impunité sous prétexte de détermination ou d'influence sociale ?

            J'ai vu des mecs ou des meufs se comporter comme des raclures, dois je les considérer comme des pantins ou dois je les interpeller ?

          • On peut être soi-même une raclure, cela dépend de la situation, des positions respectives, des urgences immédiates, des ambitions, des inimitiés si ce n'est des traumatismes de la petite enfance. L'amour universel est une connerie entretenue par les religions avec le résultat qu'on sait.

            L'idée qu'il y aurait des salaud (mécréants) et des mecs bien (nous), des élites hostiles et un peuple solidaire a beau être naturelle, elle est fausse et dangereuse, menant aux boucs émissaires, aux malfaisants ou violents qu'il faudrait supprimer pour "retrouver" l'harmonie rêvée du vivre-ensemble.

            Pas sûr donc qu'on soit en position de donner des leçons mais qu'on soit forcément déterminé n'empêche pas de protester et de ne pas (se) laisser faire.

          • A la limite, je dirais que nous sommes tous des raclures, loin de me prétendre exemplaire, mais certains le sont plus que d'autres pour paraphraser Coluche « Les hommes naissent libres et égaux, mais certains sont plus égaux que d'autres ».

  1. On a un exemple désespérant de connerie pseudo-radicale avec la publication par Aude Vidal (qui a participé à EcoRev') d'un livre sur "Le revenu garanti : une utopie libérale".

    Je défends pour ma part un revenu garanti pour des raisons profondes qui sont le passage de l'ère de l'énergie (linéaire) à l'ère de l'information (non linéaire) et de la transformation de la force de travail en résolution de problèmes (et non la fin du travail). J'y vois aussi un socle nécessaire pour la relocalisation de l'économie et un travail plus épanouissant mais moins rémunérateur (changer le travail, changer la vie), ce qui est une nécessité écologique et pour sortir du salariat capitaliste. Je ne me fais cependant aucune illusion sur son acceptation, même si on voit que l'idée progresse sous la pression des besoins.

    En tout cas, on ne peut dire que le revenu garanti constitue une menace imminente contrairement à la menace écologique mais il n'y aurait rien de plus urgent que de tirer contre son camp en faisant le malin du "plus radical que moi tu meurs" avec une argumentation éculée. Il n'y a rien de nouveau dans cette accusation libérale qui rejoint paradoxalement la condamnation très libérale de l'assistanat, et preuve que mes articles sur le sujet n'ont servi à rien...

    La connerie n'est pas l'apanage des négationnistes du réchauffement ni des chantres de la croissance. Cet écologisme (il y en a bien d'autres versions) participe tout autant au désastre en nous divisant autant que des gauchistes et menant à des impasses.

    On aura donc bien du mal à s'en sortir, il ne suffira pas de faire appel au "sens commun" comme Stengers, ni de devenir écologiste et fier de son audace révolutionnaire et de sa pureté écologiste. Heureusement que les scientifiques sont là pour revenir à la raison, seule chance depuis toujours de ne pas délirer.

    • oui je l'ai croisée Aude Vidal, chez les écolo-libertaires de bordeaux , j'avais, il y a 15 ans déjà, souligner sa connerie dans un article d'elle sur André gorz... simplismes , contre-vérité , amalgames , poncifs , tout y passe , je ne comprends pas qu'elle persévère à être une intellectuelle ratée et une militante insupportable ... niveau 6 ième ... je la soupçonne d'être le troll qui s'en est pris à moi et à toi jean lors de mon ho ( mars avril 2011) et ce sur ce blog même ...

    • Non, c'est une insupportable donneuse de leçons en fausse radicalité mais pas un troll et elle n'avait pas une si grande place dans EcoRev' même si elle avait réussi à faire passer un article technophobe complètement débile. Cela ne vaut le coup d'en parler qu'en exemple de bien d'autres écolos contre-productifs.

      Il y a eu par contre des articles intéressants dans sa revue l'An 02 qu'elle avait lancée en partant d'EcoRev'.

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