Un autre monde est possible et une petite carte de paiement pourrait en être le sésame.
A l'occasion du lancement du SOL, monnaie alternative pour les réseaux de l'économie solidaire et les échanges de proximité, il faut revenir sur l'importance des monnaies locales pour la relocalisation de l'économie et la sortie du productivisme marchand, même si ce n'est pas dans l'air du temps et très loin des projets d'une gauche déboussolée...
Il est certes bien difficile de convaincre de l'utilité d'une monnaie locale, on croit même que c'est impossible à mettre en oeuvre alors que c'est sûrement la voie de l'avenir et que les outils en sont immédiatement disponibles, ce qu'on peut qualifier de miraculeux ! Le principal obstacle qui reste désormais se situe dans une évolution radicale des mentalités qui devraient opérer un complet retournement en pensant le changement social à partir du local, dans l'esprit de l'altermondialisme.
Au lieu de tout attendre du pouvoir central et des stratégies top-down, il faudrait se convertir à la construction par le bas (bottom-up) d'une alternative locale à la globalisation marchande. Les prochaines élections municipales pourraient permettre d'en commencer l'expérimentation sans plus tarder. Hélas, c'est loin d'être gagné d'avance. Pourtant l'enjeu est de taille et il y a urgence !
C'est pourquoi nous allons essayer de répondre aux 3 questions :
- pourquoi une monnaie ?
- pourquoi relocaliser l'économie ?
- pourquoi une monnaie locale ?
- L'état de la question
La monnaie fait l'objet, non sans raisons, de toutes les opprobres. On affecte de la mépriser, elle passe de main en main en silence, souvent même avec une certaine honte, les regards qui se détournent. C'est pourtant sans doute le secret de notre monde et qui devrait faire l'objet de toute notre attention. Contrairement à ce qu'on pourrait croire, bien peu parmi les économistes s'en sont réellement préoccupés avant Keynes qui a montré toute son importance dans la régulation des cycles économiques et l'arbitrage entre inflation et dépression. Ensuite, les monétaristes vont plutôt tenter de nous persuader que c'est une fausse route et que la monnaie est intouchable ou presque, sa régulation ne faisant que fausser les mécanismes du marché supposés optimaux ! Il est vrai que la marge de manoeuvre est étroite, mais elle reste décisive malgré tout.
Face au chômage de masse actuel et la surévaluation de l'Euro, on pourrait donc être tentés par le retour aux politiques keynésiennes qui ont si bien réussi pendant les "30 glorieuses". Ce serait pourtant une erreur d'en attendre autant car le monde a changé et ce n'est pas la monnaie qui manque actuellement dans la planète financière, c'est sa répartition qui est trop inégalitaire. Outre que l'injection de liquidités dans une seule partie du monde est difficilement réalisable quand on n'est pas la monnaie de référence comme le dollar (pour peu de temps encore peut-être), on risque surtout de nourrir avec cet excédent de ressources la bulle immobilière ou d'autres bulles spéculatives qui résultent de la concurrence que se font les riches entre eux pour l'acquisition des richesses, sans créer véritablement de richesses supplémentaires ni d'emplois.
Ce n'est pas une raison pour ne rien faire, mais pour faire autrement, de façon plus subtile et différencié avec différentes monnaies. La question qui se pose, c'est celle du niveau pertinent d'intervention monétaire qui n'est plus celui de la nation (qui agit encore par le déficit budgétaire), ni même de l'Europe (aux pays trop disparates), mais le niveau le plus local. C'est sans doute ce qui est bien difficile à admettre. Pourtant, non seulement c'est au niveau local que le pouvoir monétaire retrouve toute son efficacité mais les monnaies locales constituent l'instrument indispensable d'une relocalisation de l'économie devenue nécessaire pour équilibrer la globalisation marchande et entretenir un tissu économique dynamique et performant tout en privilégiant les circuits courts et protégeant contre une marchandisation à outrance.
Il y a 3 questions qui se posent ici : 1) pourquoi une monnaie ? 2) pourquoi relocaliser l'économie ? 3) pourquoi une monnaie locale ? A l'évidence tout ceci est très loin des aspirations actuelles, ce qui montre tout le chemin qui reste à parcourir pour renouveler les anciennes visions théoriques et des idéologies qui datent de notre entrée dans l'ère industrielle alors que nous sommes désormais à l'ère de l'information, si différente à tant de points de vue ! Il ne suffira pas d'ajustements aux marges mais d'un renouvellement théorique complet, non pas l'abandon des valeurs de justice et de solidarité mais leur réalisation dans un tout autre cadre. Il faudra apprendre aussi à tenir compte un peu plus sérieusement des questions écologiques dont on commence seulement à pressentir le caractère central. C'est un complet changement de mentalité que l'époque exige de nous.
- Pourquoi une monnaie ?
La monnaie est un instrument ambivalent mais c'est une réalité éminente puisque c'est un objet entièrement social, incarnation de la totalité sociale et de la confiance dans la société comme un tout. En effet, la monnaie est toute de symbole, on le sait depuis qu'elle est devenue monnaie-papier avant de devenir pur jeu d'écriture entre ordinateurs en réseau. La monnaie n'est qu'un droit de tirage sur la richesse produite, on le sait au moins depuis que l'afflux d'or des Amériques a fait monter les prix en Espagne (et les salaires, notamment des soldats) dès lors que les moyens monétaires augmentaient sans augmentation équivalente de la production, c’est même là l’origine de l’économie politique. Il n’y a pas d’objet plus social que la monnaie, objet de convention frappé du sceau du souverain. Il n’y en a pas non plus qui représente autant la totalité comme telle. En même temps, on peut y voir un véritable fétichisme de la monnaie à laquelle on prête un pouvoir propre alors que ce pouvoir ne tient qu’à l’institution sociale. C’est notre propre puissance qui s’aliène dans son incarnation sociale, ce qu’on appelle la "réification" : le devenir chose de rapports humains qui disparaissent derrière l’objet qui les incarne et deviennent impersonnels. C’est loin d’être entièrement négatif, comme on pourrait le croire un peu trop vite, car c’est ce qui nous donne une véritable autonomie par rapport à la société hiérarchique, permet de se dégager de ses liens affectifs et fonde l’égalité des individus (voir Homo aequalis de Louis Dumont). Le paradoxe de l’argent, c’est qu’il permet l’individualisme le plus débridé et la négation la plus délirante de la société du fait même qu’il matérialise le commun et l’échange inter-personnel ! C’est un outil qu’il faut apprendre à maîtriser politiquement mais il ne faut ignorer ni ses dérives ni ses potentialités, entre autonomie de l’individu et dictature des marchés.
Le règne de l’argent, c’est le règne de l’équivalence entre tout et tout. On donne un prix à la vie, aux talents, aux hommes ! Il est absolument inacceptable de tout monétiser ainsi et l’on doit chercher à soustraire au marché nombre de services relationnels notamment. Notons cependant que ce n’est pas du tout la même chose de donner une rétribution (ou dédommagement) et d’en déterminer le montant en faisant appel au marché. La gratuité est encore autre chose. Non seulement la gratuité doit être préservée pour tout ce qui est "biens communs" mais elle doit être étendue à la reproduction numérique qu’on tente en vain de brider par des droits numériques condamnés d’avance. Même si les intérêts qu’elle bouscule résistent autant qu’ils peuvent, la gratuité est inévitable, techniquement peut-on dire, dans le domaine immatériel. Ce n’est pas sans poser nombre de problèmes au regard de l’ancien droit d’auteur et donc de la rémunération des créateurs. Il faut effectivement adapter les institutions et les modes de rémunération, notamment par la mise en place d’un revenu garanti, mais contrairement à ce que prétend la patron de la FNAC, la gratuité ce n’est pas le vol, dans le numérique au moins, c’est tout au contraire la propriété intellectuelle qui est du vol et se révèle complètement contre-productive !
Cette gratuité ne pourrait-elle être étendue au domaine matériel ? Non seulement c’est impossible mais ce n’est même pas du tout souhaitable malgré les utopies communautaires car on a besoin de donner un prix aux choses comme au travail, pour économiser les ressources rares et reconnaître la valeur des compétences (on sait comme le travail domestique est méprisé de ne pas être reconnu monétairement). En fait on a surtout besoin de la monnaie comme système d’information et d’arbitrage pour établir nos priorités et répartir nos dépenses aussi bien au niveau individuel que collectif. Ainsi l’augmentation du prix du pétrole est inévitable pour en réduire la consommation. L’énergie ne pourra être gratuite tant qu’on ne se sera pas convertis à l’énergie solaire. L’importance de la monnaie n’a rien d’un énoncé théorique. Ce n’est pas une question de "valeur" morale, c’est un fait constaté qu’un apport monétaire crée de l’activité et dynamise les échanges, de même qu’il crée de l’inflation dès lors que la monnaie excède les ressources disponibles. Dans le système économique, le flux monétaire est un peu l’équivalent du flux sanguin dans le corps (ce qu’avaient bien vus les physiocrates), flux d’informations en sens inverse du flux de matières et de marchandises. L’argent comme équivalent universel a un peu le même rôle que l’énergie dans le domaine physique où elle peut se convertir en travail (l’énergie c’est ce qui se conserve et se transforme). Cette capacité est primordiale mais ce n’est pas tout. L’argent fonctionne aussi comme "mémoire collective" permettant l’investissement sur le long terme par la thésaurisation, l’emprunt et la dette. C’est une fonction que les monnaies locales ou de consommation, dites "fondantes", désactivent pour éviter la capitalisation mais qui reste essentielle.
Il doit être clair que non seulement on a besoin d’argent mais que la situation devient dramatique quand l’argent vient à manquer comme en 2001-2002 en Argentine ! Il y a bien une ambivalence de la monnaie mais les côtés négatifs ne doivent pas occulter les côtés positifs, tout est une question de bon usage et de régulation politique. Le pouvoir monétaire qui nous échappe aujourd’hui a toujours été le privilège du souverain, c’est un pouvoir que nous devons nous réapproprier ce qui n’est possible qu’au niveau local (que voudrait dire se réapproprier l’Euro ?). Il ne s'agit pas d'ajouter une monnaie à d'autres mais de substituer une monnaie sociale à une monnaie marchande. On ne peut rêver à un monde sans monnaie mais plutôt à des monnaies plurielles adaptées à nos fins économiques et sociales.
- Pourquoi relocaliser l’économie ?
La volonté de relocaliser l’économie apparaît bien exotique, et pour tout dire, bien peu crédible alors que la globalisation étend son empire partout, mais c’est justement pour cela qu’il faut l’équilibrer en préservant le tissu économique local. On sait que la libéralisation des échanges laisse des zones entières dévastées alors même que la productivité dépend de plus en plus de ce qu’on appelle les "externalités positives" c’est-à-dire non seulement les infrastructures et les voies de communication mais aussi la qualité des ressources humaines et le dynamisme économique local. Le développement local est devenu encore plus essentiel que par le passé. Il faut donc bien relocaliser en partie l’économie, protéger les entreprises locales, non pour s’isoler du monde mais pour mieux s’insérer dans les échanges globaux en préservant nos richesses locales. Si chaque niveau garde sa pertinence, il devrait être bien clair que ce n’est plus la nation, ni même la région qui est devenu le plus déterminant dans cette reconquête du bas vers le haut (bottom-up) mais bien le niveau le plus local, celui de la municipalité ou des communautés de communes, là où se traitent les problèmes pratiques et humains, où il faut s’adapter au terrain pour préserver les ressources locales et valoriser les compétences disponibles.
Le stricte logique économique des "avantages comparatifs" et des "régions qui gagnent" suffit à donner une place déterminante à la relocalisation de l’économie dans une économie-monde. S’y ajoute un autre enjeu, encore plus déterminant, celui de l’écologie et de la nécessité de privilégier les circuits courts, au moins pour réduire les transports. Certes, il n’est pas mauvais de laisser croire que l’écologie pourrait être un facteur de croissance et une chance pour l’économie, si cela peut accélérer la reconversion écologique, mais on n’échappera pas à une décroissance de nos consommations matérielles au moins et donc à une réorganisation des circuits économiques au profit des circuits courts.
Favoriser les échanges de proximité constitue une nécessité écologique porteuse de grandes conséquences au point qu’on peut dire qu’elles sont révolutionnaires. Contrairement à ce qu’on peut s’imaginer, il n’y a rien là d’impossible alors qu’on peut dire que 80% de l’activité économique est déjà locale, malgré la mondialisation, et qu’on se dirige vers une économie dominée par les services (de proximité). Il ne s’agit que de protéger et développer cette activité. On trouvera du coup que cela n’a pas grand chose de révolutionnaire, ne s’opposant pas frontalement au libéralisme. On aurait bien tort car, même si les intérêts des capitalistes ne sont pas vraiment menacés par une telle stratégie, c’est bien la seule voie possible d’une protection de la concurrence mondiale, d’une sortie du capitalisme et du dépassement du salariat à plus long terme, nouveau système de production qui se construit d’abord à l’intérieur du système précédent comme le capitalisme s’est développé dans les zones franches de la féodalité. Sans pouvoir détailler tous ces points, ce qui nous emmènerait trop loin dans l’analyse des transformations d’un travail de plus en plus autonome et précaire à l’ère de l’information, il faut souligner surtout que c’est une voie qu’on peut emprunter dès maintenant sans attendre un hypothétique renversement du libéralisme mondial, dont il n’y aurait d’ailleurs rien de bon à attendre sinon le pire sans doute ! Bien qu’on attende tout d’un pouvoir central encore, qu’on voudrait plus autoritaire et qu’il suffirait de "prendre" pour tout changer, c’est dans notre vie quotidienne, au niveau local, que nous pouvons retrouver dès maintenant un pouvoir démocratique et reconstruire une vie collective plus conviviale, améliorer notre qualité de vie. Ce ne sont pas les élections présidentielles qui devraient être les élections les plus importantes mais les élections municipales, qu’on se le dise !
- Pourquoi une monnaie locale ?
On n’a pu qu’indiquer trop brièvement la nécessité d’une relocalisation de l’économie mais pour y arriver, l’intérêt d’une monnaie locale ne devrait pas faire de doute. D’autres "monnaies plurielles" peuvent être utiles, qu’on peut désigner comme des monnaies de réseau, systèmes d’échange à l’intérieur de réseaux spécifiques (par exemple de l’économie solidaire) ou même de simples cartes de fidélité multi-entreprises. On peut imaginer ainsi que des réductions en Euros soient consentis par des grands réseaux de distribution contre des monnaies complémentaires, seulement ce modèle a l’inconvénient d’agir sur le même terrain que celui des monnaies ordinaires avec pour conséquence de ne pouvoir se généraliser sans devenir un pur et simple équivalent de la monnaie de référence et d’en perturber la gestion sans pouvoir en assurer le contrôle. A l’opposé, une monnaie locale est une monnaie territoriale, attachée à un pouvoir local démocratique. Cela en atténue fortement les perturbations éventuelles et procure de nombreux avantages au niveau de l’efficacité et de la régulation, redonnant au niveau local le pouvoir politique perdu au niveau national sur la monnaie et l’économie, pouvoir de création monétaire mais aussi de répartition et de taxation.
Non seulement c’est au niveau local qu’une monnaie complémentaire est le plus efficace, sans être incompatible avec la monnaie officielle, mais c’est bien l’outil privilégié de la relocalisation de l’économie puisque sa validité se limite à un territoire, il faut donc la dépenser localement. L’expérience des SEL (Systèmes d’Echanges Locaux) a montré, bien qu’à une échelle très réduite, l’efficacité de ces monnaies locales, entre autres pour employer ceux qui ne trouvaient pas de travail. Beaucoup d’autres expériences de par le monde ont montré l’utilité de ces monnaies locales, notamment lors de crises monétaires comme la crise argentine, ainsi que leurs faiblesses. Parfois de simples bourses d’échange de temps permettent de dynamiser les échanges locaux avec une forme primitive de monnaie qui s’apparente plus au troc et n’est pas généralisable mais qui a toute son utilité aussi.
Avec des monnaies municipales on passe à une toute autre échelle puisque cela toucherait tous les habitants de la commune qui recevraient une carte de paiement destinée aux échanges locaux. Dans un premier temps, cette carte pourrait se limiter à obtenir des réductions supplémentaires chez les commerçants ou les artisans locaux comme une carte de fidélité mais la mairie pourrait distribuer des montants différenciés de monnaie locale selon les populations concernées ainsi que des "monnaies affectées" à certaines prestations (sur le modèle des "Tickets restaurants"), améliorant sa politique sociale sans que tout cela ne coûte rien au budget municipal ! L’acceptation de cette monnaie par les différents acteurs est fonction de la confiance qu’elle aura suscitée mais il faut éviter qu’elle devienne l’apanage d’une catégorie particulière (comme les "minima sociaux"). Il est certain qu’elle intéressera d’abord ceux qui ne trouvent pas à employer leurs compétences sur le marché concurrentiel mais il faut obtenir des professionnels installés un petit pourcentage au moins en monnaie locale pour amorcer la pompe et assurer sa pérennité.
Le but étant le développement local et humain, cette monnaie locale devra faire l’objet d’une gestion fine et attentive afin de ne pas en créer trop par rapport à ce qu’on peut acheter avec. Une des caractéristique de la monnaie locale, c’est d’échapper aux taxations habituelles, en particulier de la TVA. Dès lors, la TVA fonctionne comme une taxe douanière, un droit de douane pour les produits extérieurs. C’est la meilleure façon d’instituer un protectionnisme local sans se couper du marché et s’enfermer dans une impossible autarcie. Bien sûr on est ainsi en contradiction avec le dogme européen d’une "concurrence libre et non faussée", et l’absence de toute taxe n’est pas viable si le système se généralise. Il faudra donc instituer au niveau municipal un autre système de taxes, ne s’appliquant qu’à partir d’un certain niveau de revenu et non pas directement sur le produit lui-même, mais aboutissant pour les professionnels à une taxation en monnaie locale sensiblement inférieure à la TVA elle-même. Ce qui est toléré pour les SEL risque de se heurter ici à l’administration fiscale mais il faudrait surtout trouver un compromis, et pour cela commencer d’abord l’expérimentation. A noter que ce qu’on appelle la "loi Vauban" permettant de payer ses impôts locaux en "travail forcé", ces impôts devraient pouvoir se payer en sol ! On peut trouver aussi un intérêt plus spécifique à une monnaie locale dans les lieux touristiques où cela permet de ne pas faire payer tout-à-fait le même prix aux touristes et aux locaux...
La caractéristique d’une monnaie locale, c’est de n’être pas facilement convertible en monnaie ordinaire et d’avoir une validité limitée (comme les Ticket restaurants encore une fois). C’est ce qu’on appelle une monnaie de consommation ou monnaie fondante, qui doit être dépensée rapidement et pouvant faire ainsi l’objet d’une régulation à court terme. Il ne faut pas que cette conversion soit malgré tout trop difficile, affectant sa crédibilité et son acceptation par la population. Il faut donc prévoir une convertibilité à un taux assez désavantageux et qui peut être variable (entre 75% et 50% ?). La difficulté d’un tel dispositif, c’est qu’il doit s’adapter à un monde très mobile et donc qu’il faut pouvoir convertir aussi une monnaie locale dans une autre monnaie locale. Cela peut sembler le plus difficile, c’est pourquoi c’est une grande chance de disposer d’une monnaie alternative comme le SOL capable d’assurer assez facilement ces fonctions de conversion entre monnaies locales et la mise en réseau des premières expériences sans risque de faux monnayage. Pour l’instant le principe retenu c’est 1 sol = 10 centimes = 1 minute mais la valeur en sol diminue à partir du 3ème mois puis perd 1% par mois s’il n’a pas été dépensé (modulable localement).
Les cartes sont prêtes, les terminaux de paiement (gratuits), les logiciels de gestion aussi. L’opération qui attend des municipalités décidées à faire l’expérience a déjà le soutien de la Macif, la Maif, le Crédit Coopératif, les Chèques déjeuners et même de l’Europe, de collectivités territoriales, de Claude Alphandéry, etc. C’est le moment ou jamais de tenter l’aventure qui ne se réduit pas aux limites de la commune qui en bénéficiera mais constitue bien la base d’une alternative locale à la globalisation marchande, réappropriation de nos vies, de nos échanges et de la monnaie, beaucoup plus efficace qu’une illusoire "propriété collective" des moyens de production qui n’est qu’une version étatique du capitalisme. L’enjeu ici est à la fois démocratique, social, économique, écologique !
Les monnaies locales sont l’instrument privilégié d’une relocalisation de l’économie mais ce n’est pas pour autant le seul, bien sûr. Pour sortir du productivisme salarial et favoriser les productions locales, il ne faut pas seulement agir sur la circulation, il faut aussi transformer la production et la répartition des revenus par des coopératives municipales (structures de développement humain et d’échanges locaux) ainsi qu’un revenu garanti devenu indispensable dans la production immatérielle, mais c’est une autre histoire...
- Article pour La lettre du GRIT de juillet 2007 sur les Monnaies plurielles.
- Podcast, mp3, enregistrement audio sur les monnaies locales
Est ce que ce principe de monnaie municipale a fait l'objet de modélisations par des économistes ? Et quelles sont les diverses réactions que ça provoque chez eux ?
C'est très intéressant en ce qui concerne l'appui de multiples institutions.
Mais concrètement, comment peut-on se ré-approprier la dépossession que l'on a de multiples secteurs comme par exemple les matières premières, l'energie, le logement et l'information technique permettant de développer une économie locale réellement alternative qui ne se limite pas à la fin du circuit de production ?
Certes les services s'intensifient mais il y a tout un ensemble d'objets ou encore d'outils matérielles indispensables pour créer une autonomie qui s'avère indispensable face à l'urgence ! A-t-on vraiment le temps de développer si lentement le remplacement du productivisme ?
Je viens de penser à quelque chose :
Ne serait-il pas intérressant de se réapproprier ces secteur inspensables à l'autonomie (ce qui est je l'admet improbable si il n'y a pas de convergence) et plutôt que de centraliser ces secteurs par l'état, les fragmenter à travers les municipalités afin de créer une décentralisation des secteurs clés !
Il faudra que j'approfondisse cette idée pour savoir si c'est concrètement réalisable et ceux qui voudront aider seront les bienvenus !
La collectivisation n'a pas forcément une seule et unique forme !
Qu'en pensez-vous ?
(j'ai perdu toute une partie de mon texte cet après-midi à cause d'une fausse manoeuvre de ma souris qui est souvent incontrôlable ! Heureusement que j'ai pu le récupérer sur NaturaVox mais j'ai perdu les dernières modification...)
Comme je le dis dans mon texte assez peu d'économistes se sont intéressés à la monnaie. Il y en a bien sûr. Pour la monnaie municipale on remonte à Silvio Gesell mais plus récemment la référence est plutôt Bernard Lietaer qui a participé à la mise en place de l'Euro. Les libéraux ne se sont pas trop penchés sur la question de toutes façons, sur la monnaie ils sont extrêmement dogmatiques ou délirants et défendent plutôt des monnaies privées. Donc, pas de "modèle" à ma connaissance mais de nombreuses expériences dont certaines durent depuis longtemps mais qui ne remplissent pas vraiment la fonction que pourrait donner une monnaie municipale. Ces monnaies ont pris une grande importance pendant la crise argentine mais ont succombé à la fausse monnaie. De nombreux économistes sont favorables (Bernard Maris par exemple!)
Sinon il ne faut pas vouloir tout se réapproprier d'un coup, ce n'est même pas indispensable. On ne relocalisera pas tout. La relocalisation doit se construire localement, ce qui prend du temps. Ce n'est pas seulement la fin du circuit de production, tout ce qui est agriculture, artisanat et services peut se produire localement et tout ce qui est gagné est gagné. Les circuits courts, ce n'est pas seulement bon pour le développement local, c'est aussi moins de transport. Or le plus urgent, c'est le réchauffement climatique et pour cela il faut réduire les transports et modifier les habitations. Il ne suffit pas de le dire ni de claquer dans ses doigts, il faut le faire et donc il faut du temps ! On n'arrivera qu'à limiter les dégâts mais ce n'est pas négligeable et il n'y a pas d'autre solution miracle. Pour l'alternative idéale, on verra après...
Je n'ai pas bien compris le dernier message mais se "réapproprier les secteur indispensables à l'autonomie" c'est ce que je défends avec les coopératives municipales (structures de développement humain, c'est-à-dire de développement de l'autonomie) et les monnaies locales qui ne sont pas centralisées bien sûr !
Pour le dernier commentaire que vous n'avez pas compris :
Les structures hierarchiques établies ont fait en sorte de rendre l'individu dépossédé des richesses indispensables à sa survie par l'intermédiaire de l'institutionalisation de la propriété privée. La question que nous devons nous poser ici c'est quels sont ces richesses indispensables ? Nous citerons l'alimentation, le logement, les matières premières permettant de développer des outils de productions, l'information technique nécessaire à la création de ces outils de productions, l'energie et bien évidemment, la monnaie donc les banques.
Une re-nationalisation de ces entreprises pourrait s'avérer indispensable mais il faudrait dans ce cas faire très attention à l'idée de planification par l'état à la soviétique, s'avérant tout autant anti-démocratique. Il faudra par consécquent trouver une autre solution. Fragmenter ces entreprises en laissant des parts de celles-ci à chaques municipalités permettant ainsi des contres pouvoirs qui se régulent pourrait être une solution adéquate. C'est un compromis entre la collectivisation et la privatisation.
Qu'en pensez-vous ?
Bien que ce ne soit pas d'à propos sur le sujet évoqué dans cette page de blog, j'ai trouvé un texte d'Hervé Fisher : " Mythanalyse du futur", j'y ai trouvé de l'intérêt, ses critiques graduées de Freud, Jung et Lacan ainsi que son approche de la net-information. Possibilité de télécharger gratuitement en pdf le livre :
http://www.hervefischer.net/myth...
C'est à découvrir. Enfin, c'est mon sentiment.
Bonne éventuelle lecture, si le temps de celle-ci vous est disponible.
Sur Arte, un milliardaire allemand défend le revenu garanti :
Götz Werner,
tiki.societal.org/tiki-in...
Ca ne manque pas de SEL...
Il faudrait se convertir à la construction par le bas (bottom-up) d'une alternative locale à la globalisation marchande.
Tout a fait d’accord,mais comment ?
Avec la monnaie et/ou en prealable ? la mise en place des structures de distribution directes qui courcircuitent le monopole des grandes surfaces et de leurs prix en inflation, camouflés en prix bas.
Et cette inflation perceptible mais camouflée statistiquement semble peser de plus en plus lourd sur nous.
Là, les municipalités sont essentielles,mais loin d’etre acquises.La banque alimentaire qui assure en partie la distribution des produits de base, aux plus demunis,semble depassée par l’ampleur des besoins.
Il faut commencer a envisager le boycott des distributeurs qui tuent les producteurs locaux (agriculteurs,petites entreprises) et ce boycott ne peut durer que s’il y creation de lieux de distributions alternatifs .
La mise en place des monnaies locales comme mode de fonctionnement et d’echange ne peut venir qu’avec cette creation ,comme resultante de cette volonté politique.
Privilegier en la protegeant cette production locale implique la
prise de conscience que nous sommes devenus les otages des circuits existants,qui nous imposent et leurs marchandises mondialisées et leurs prix de monopole.
Je ne sais pas quelle est au juste la proportion de distribution mondialisée dans l’economie locale, mais elle est dominante quand au mode de consommation meme soit disant bio.
“L’agriculture bio, ce ne sont pas seulement quelques baba-cools soixante-huitards qui élèvent des chèvres dans un coin perdu du Périgord. Ce sont également de grands groupes agro-alimentaires, soit spécialisés, soit généralistes tels que Danone.
Et l’une des préoccupations de ces groupes, c’est d’avoir le label bio, mais sans se faire suer à faire du bio : c’est lourd, c’est contraignant, le rendement n’est pas terrible, ... Mais il y a de plus en plus de primes.
D’où, fort logiquement, des actions de lobbying auprès des autorités européennes et plus particulièrement de la Commission Européenne.
Celle-ci vient donc de pondre une directive qui autorise jusqu’à 0,9% d’organismes OGM dans l’alimentation bio et qui autorise l’usage des pesticides chimiques si l’agriculteur n’arrive pas à se fournir en produits naturels.
Problème pour la Commission, c’est que les députés du Parlement Européen vient de refuser ces dispositions : zéro pesticide et pas plus de 0,1% d’OGM dans la bouffe bio (limite technique de détection). Ils demandent également la codécision sur la réglementation des produits biologiques, ce que leur refuse la Commission Européenne et le Conseil Européen. Ils ont également demandé que les Etats puissent avoir des normes plus élevées que les normes minimales européennes : là aussi, grincement de dents à la Commission. Bref, c’est un beau blocage, mais avec un avantage à la Commission qui a des possibilités de passage en force.
Ca ne vous choque pas que le Parlement Européen, composé d’élus au suffrage universel direct soit obligé de négocier avec des fonctionnaires non élus ? Elle est où la démocratie là dedans ?
vinaigre.canalblog.com/
Sauvons la bio : manifestation le 11 Juin à Bruxelles !à 12h au Rond Point Schuman, face au Conseil de l’Union européenne:
ce Conseil se réunira à Bruxelles les 11 et 12 juin prochain. Malgré la mobilisation de nombre d’associations, il n’est à ce jour pas question encore de crier victoire. Les parlementaires européens se sont exprimés. Il est impératif de faire entendre notre voix de citoyen, que nous soyons consommateurs ou agriculteurs, bio invétéré ou simplement soucieux de la qualité de notre alimentation et de notre environnement.
Si ce règlement est voté ce mois, il entrerait en application après 2009. Il ne sera alors plus possible de faire marche arrière.
Nature & Progrès (Belgique, France, Espagne & Portugal)
avec le soutien de Friends of Earth International, et de l’UNAB
http://www.altermonde-levillage....
La soit disante concurrence est le leurre affiché partout pour nous resigner et accepter le fait accompli des 5O dernieres années de
mise en place de ce mode de distribution et d’entente sur les prix,sur la nature et sur la qualité,par la disparition et ou la fragilisation des producteurs et distributeurs locaux .
Ce defi ne peut reussir que par le projet de revendiquer entre autre des prix politiques pour les produits de base vraiement a terme ecologiques ?,echappant a la fiscalité (TVA),pratiquant des que possible l’echange en monnaies locales avec des producteurs locaux existants ou a recreer.
On se dirige vers une économie dominée par les services (de proximité),certes.
Je suis d’accord que les services de proximité sont le gisement potentiel principal des cooperatives municipales et donc des monnaies locales mais comment on echappe a la directive service et AGCS ?
“AGCS, Directive Service Bolkenstein n°2 : Ultime mise sous tutelle commerciale de l'Europe
L'AGCS privatise la vie des peuples et de l'individu :
L’organisation collective de la vie des peuples, et jusqu'à la sphère quasi-privée des individus, court désormais le risque imminent d’être essentiellement déterminée par l’application de l'AGCS (Accord Général sur le Commerce des Services) dans un avenir très proche. Cette échéance a été extraordinairement rapprochée de nous par l’élection du nouveau Président de la République Française, atlantiste convaincu comme l'est déjà la chancelière Allemande, Angela Merkel.
Dans 5 ans tout est privatisé pour l'AGCS sous peines d'astreintes journalières à hauteur de milliards d'euros. Si un grand nombre d’accords fondateurs de l’OMC comportent des dangers, l’AGCS représente pour les citoyens une menace absolue. Aucune conception et organisation de l'Etat et du Pays ne pourra échapper à une remise en cause par l'AGCS en vue d'une commercialisation des services soumis à l'ouverture aux marchés et à la libre concurrence dans le cadre de la compétitivité internationale.
Dans le secteur de l'Éducation Nationale ces mesures s’appliqueront depuis la crèche jusqu’à la maternelle, depuis le primaire jusqu’aux universités. Tous les médias seront offerts aux marchés. Il n'y aura plus de médias radiodiffusés, télévisuels ou du cybercâble entre les mains du domaine public, à l'image du service des eaux, de la téléphonie.
Il n'y aura plus de services sociaux d'états et de santé publique. Les Agences pour l'emploi seront privatisées. Tous les Services Publics y compris la culture, les théâtres nationaux, les conservatoires, seront réservés au secteur commercial et à des groupements d'intérêt communautaires pilotés par des groupements financiers privés.
L'Europe "officielle" travaille donc contre l'Europe des peuples.
De qui se cache la Commission européenne si ce n’est des citoyens et de leurs représentants élus ? Il est clair que l’UE ne voulait pas porter à la connaissance du public ce litige alors que la campagne battait son plein contre la Directive Bolkenstein et le TCE.
L'avenir a montré que, de toute manière, la directive européenne dite Bolkenstein s'était transformée en Directive Service qui revient au même avec son principe de "la Libre prestation des Services".
Une nouvelle lustration libérale a eu lieu lors d'un vote surprise au Parlement Européen de Strasbourg, le 8 mai 2007. Elle a été engagée par la Commission Européenne et le Parlement Européen dans une procédure qui va inclure les services sociaux et de santé pourtant exclus de la toute recente Directive Service “
http://www.renovezmaintenant67.e...
Le necessaire refus des privatisations en vue, de l’ecole,de l’Université comme des services sociaux peut devenir un moment de debat et de proposition autour du revenu garanti,des cooperatives municipales et des monnaies locales.
Il faut un rapport de force pour l’imposer et il n’est credible que si on a fait un debut de demonstration que le circuit court des produits de base est reelement alternatif car economiquement et socialement payant.
Et etant optimiste,il reste juste 5 ans pour le demontrer !!
Je ne suis pas pour la planification autoritaire mais pour le travail autonome, ce qui est la logique inverse et je ne crois pas qu'on puisse construire des circuits alternatifs sans avoir au préalable une monnaie locale qui les suscite. C'est la monnaie locale qui peut en assurer le succès. Que "les municipalités" ne soient pas acquises à ce modèle de développement c'est une évidence mais il suffit d'une municipalité ici ou là pour le faire, pas la peine d'attendre que toutes les municipalités s'y mettent ! En privilégiant les échanges de proximité on élimine le problème des productions bio industrielles. Certes la libéralisation des services est une menace mais les monnaies locales et les services de proximité sont justement une façon d'y faire face. Je ne crois pas qu'on y perdra tous nos services publics mais la menace est sérieuse. Il faut d'autant plus saisir l'occasion d'expérimenter le SOL et profiter de conditions qui ne se reproduiront peut-être pas à l'avenir.
Cette idée d'essaimage de prototypes locaux ayant valeurs d'exemples pragmatiques apparait la seule réalisable et expérimentale face aux grosses machines institutionnelles et économiques, un coin faisant office d'amorce de changement. Mais comment démarrer ? Quelque part ...
Des associations ou collectifs non enfermés dans des ratiocinations idéologiques et électorales de partis sont nécessaires pour aiguiller cette démarche somme toute encore très marginale( et pour marginaux) dans le paysage actuel extrèmement surstructuré par les praxis usuelles.
La question de la planification et du contrôle social sur l’économie ne se pose plus aujourd’hui de la même façon que pour l’URSS. Nous disposons d’outils de gestion aussi bien théoriques que pratiques (avec l’informatique en réseau mondial) extrêmement sophistiqués. Ces outils permettent le pilotage centralisé de très grands groupes mondiaux mais comme toutes les techniques, ils sont susceptibles de s’adapter à d’autres problématiques que le profit immédiat.
C’est pourquoi je pense que c’est bien d’essayer d’imaginer des solutions nouvelles mais il faut être réaliste : le capitalisme est autrement inventif et innovant que ses critiques. Il ne révolutionne pas seulement la production mais aussi la gestion ; il parvient à une maîtrise très fine des économies bien au-delà du bricolage des bureaucraties communistes et nous donne la preuve que la gestion bureaucratique n’est pas une fatalité.
L’idée de monnaie locale est à creuser mais elle n’est rien auprès des innovations dans le domaine des outils financiers et de la subtilité des mécanismes des marchés financiers avec ses outils dérivés. Ce que j’aimerais donc c’est que des gens disposant de bonnes connaissances de gestion étudient sérieusement ce que serait une prise en main des moyens de production et des outils de gestion actuels dans le cadre d’une économie mise au service du plus grand nombre.
Quoiqu'il en soit, ces fameuses ingéniéries financières fiscales dans lesquelles sont impliqués les cabinets de commissaires aux comptes( Ernst & Young et consorts ) sont une cause colossale et croissante d'évasions fiscales, et Bercy n'y voit pas grand chose( prix de transferts intra holdings)), pour les multinationales, source de l'endettement croissant des états et de blanchiments divers qui ne se traiteront pas au niveau local, mais international sous la pression de la vox publica. Lire les "Paradis fiscaux" de Chavagneux :
dsedh.free.fr/transcripti...
Ca la présidentielle ne l'a pas trop évoqué, trop technique peut être ? Ou trop dérangeant ?
Je me suis assez mal exprimé mais je pensais surtout aux outils de contrôle de gestion, d'évaluation et d'audit, de benchmarching. Tous ces outils permettent d'évaluer une gestion bien au-delà de la seule efficacité financière.
Je ne pense pas que de toute façon une gestion sociale peut se désintéresser du retour sur investissement et de la rentabilité financière en général.
Ces fameux outils : contrôle de gestion, benchmarking, reengineering( y compris le top management), downsizing etc ...
sont la plupart du temps des paravents bureaucratiques de propagande au service de la mise en forme de décisions prises préalablement à partir d'équations, basiques finalement, comptables, financières et juridiques fiscales. La mise en scène se fait dans ces coulisses.
Croire en l'effectivité concrète de ces outils dans le cadre actuel c'est accréditer des mythologies.
Les problèmes d'innovation, de qualité, de production et de productivité sont heureusement ou malheureusement bien plus terre à terre que ces salmigondis pseudo-scientifiques de diafoirus élégants de la microéconomie.
Les différentes affaires en cours ( EADS par exemple), ce que j'ai observé dans mon cursus professionnel et diplomant ainsi que mes discussions avec des consultants m'en ont quasiment convaicu.
Concernant ces méthodologies, je ne dis pas qu'il ne faut pas s'y intéresser, elles font preuve d'une forme de capacité de formalisation.
Seulement, il faut les parcourir méticuleusement sans être illusionné par leur automatisme prétendument imparable qui nous affranchirai de toute attention et donc d'un peu d'effort. Ce sont des synthèses arrangées de ce qui se pratique depuis pas mal de temps.
Entre autres méthodes, il y a TRIZ pour l'innovation, c'est assez drôle de méthodologiser l'expérience des gens et leurs intuitions, en raison des atours limite ésotériques de ces approches. Et puis face à la réalité ça peut vite faire pschitt, enfin ça devrait, mais non, le délire se reproduit...
On retrouve ça avec 6 sigma ou le lean manufacturing qui sont des concaténations stylisées d'outils biens connus.
Nous sommes dans le domaine de la prêtrise, des aliens viendraient nous expliquer qui nous sommes, ce que et comment nous produisons. Ca fait quelques siècles que cette affaire roule et se renouvelle aux couleurs du temps. C'est rémunérateur et reste encore un peu mystérieux, ça en fait tout le charme.
Pour Galbraith les grandes entreprises étaient effectivement la réplique de la bureaucratie soviétique. L'informatique apporte des possibilités insoupçonnées par rapport à l'époque antérieure et pourtant, ce serait une illusion de croire que cela donne enfin la possibilité d'un contrôle total. Non seulement la micro-informatique a été la véritable cause de l'effondrement de l'URSS car Andropov a vite compris que cela rendait impossible le contrôle d'une société informatisée mais les grandes entreprises capitalistes qui n'ont pas compris tout de suite ce qu'apportaient ces nouveaux outils (au point que pendant 10 ans la micro-informatique n'a apporté presque aucun progrès de productivité) se sont finalement convertis à des logiques de réseau et de décentralisation (avec des centres de profit). Il est donc illusoire de vouloir refaire une planification centralisée alors que c'est l'autonomie qu'il faut développer (notamment au niveau du travail autonome et de la responsabilisation individuelle). Certes, il est indispensable de se servir des outils informatiques pour avoir un feed-back et un certain contrôle de gestion (on ne peut se passer d'évaluation et d'un système d'information performant) mais il ne faut pas surestimer leur pouvoir stratégique sur lequel plus d'un manager s'est cassé les dents.
Je constate que la fascination pour les structures centralisées a la vie dure et que le local reste trop méprisé, ce qui est très compréhensible mais n'augure rien de bon. La pression du profit impose aux entreprises de prendre en compte cette réalité qu'on dénie par ailleurs. Les monnaies locales ne sont bien sûr absolument pas en concurrence avec les produits dérivés, cela n'a rien à voir, c'est malgré tout une façon d'échapper au marché financier et à la domination de la finance internationale (le capitalisme c'est la détermination de la production par la circulation, en particulier par la circulation des capitaux).
Sinon, il est évident qu'on a affaire à une sorte de prêtrise avec le management et les tentatives de formatage du personnel (motivation, analyse transactionnelle, programmation neuro-linguistique). Ce dogmatisme bureaucratique est à la fois cruel et inefficace mais cela n'empêche pas qu'il y a à la base des principes indispensables comme ceux de la direction par objectifs et le pilotage de projet hérités de la cybernétique de même que la décentralisation et la responsabilisation. Le simplisme et le dogmatisme font des ravages ici comme ailleurs (les fusions d'entreprise notamment). C'est certainement dans la gestion de l'innovation et de la créativité que le management et les entreprises capitalistes échouent le plus lamentablement. Les méthodologies en sont délirantes et les intervenants extérieurs de simples gourous (scientologues, etc.) mais cela exprime la tentative de ces grandes organisations de résister à leur obsolescence accélérée. Ainsi Microsoft a beau être une telle puissance financière, rien de valable n'en sort, tout ce qui est bon est acheté à l'extérieur ou presque, fait par quelques passionnés ou personnalités originales...
A la longue c'est ce qui condamne le salariat (et donc le capitalisme) au profit du travail autonome et d'une gestion statistique de la productivité sociale mais ce sont les mentalités qui sont les plus lentes à évoluer, il faudra peut-être attendre que les anciennes générations partent à la retraite...
Concernant le travail et toutes sortes de travaux ( de l'enfant ainsi que les productions de la folie, entre autres ), un entretien de Félix Guattari bien intéressant :
http://www.badongo.com/fr/file/2...
Citation:
"celui de la municipalité ou des communautés de communes, là où se traitent les problèmes pratiques et humains (...) "
Cette référence à une institution comme les communauté de communes est étrange, je ne vois vraiment pas le rapport avec la relocalisation de l'économie.
Dans l'ensemble du texte, on confond relocalisation et tentacularisation, comme si parce que les tentacules de l'économie existent localement, l'économie serait essentiellement locale, c'est-à-dire maîtrisée sur place par ses habitants pour leurs besoins. C'est bien l'inverse que l'on constate, il me semble, avec ces institutions issues de la décentralisation de l'Etat, composées essentiellement de personnel d'exécution (contrairement aux fonctionnaires de l'Etat), de contractuels, de gestionnaires issus du privé, d'oligarchie militante issues de principaux partis, et qui échappent complètement aux habitants. Et typiquement une communauté de commune, n'est-ce pas quelque chose de typiquement non-démocratique, généralement dominé par une grosse aglomération et directement suscitée par la logique du développement économique (financement de grosses infrastructures) ?
Enfin cette apologie des services "de proximité" à la fin du texte est-elle vraiment justifiée ?
Et pourquoi pas une monnaie locale au niveau national, en imaginant que le "pouvoir décisionnel" soit au niveau municipal ?
Nous avons proposé il y a peu l'idée d'un Espace Complémentaire Sociétal
Le système marchand actuel répondant à la logique du marché est confronté à des limites que sa seule logique empêche de dépasser:
• Malgré une croissance constante, le chômage reste à un niveau élevé, les plus pauvres dans le monde sont plus nombreux et plus enfoncés dans la misère que jamais auparavant.
• La précarité, la marginalisation et l’exclusion qui en résultent génèrent une fracture sociale grandissante..
• La seule réponse du système se trouve actuellement dans une croissance forte, mais les effets d’une telle croissance sont d’une part amputés ou annihilés par l’amélioration constante de la productivité, et d’autre part incompatibles avec les exigences écologiques auxquelles l’humanité est confrontée.
• Toutes les analyses s’accordent à dire que les modes de production et de vie des pays industrialisés ne sont pas transposables à l’ensemble de la planète.
Alors que faire ?
« La critique est aisée, mais l’art est difficile ». Des visions de sociétés plus idéales ont déjà fleuri ça et là, mais comment incarner l’Utopie (au sens noble du terme) sans sauter du train en marche ? Il n’est pas nécessaire d’être bien grand devin pour prévoir qu’il n’y aura bientôt plus de gagnant puisque riches et pauvres sont embarqués sur le même vaisseau Terre, que le vaisseau souffre, craque, prend l’eau dangereusement et entraînera sans distinction, s’il vient à sombrer, matelots et capitaine, passagers de premières et passagers clandestins.
Nous proposons un trait d’union, une démarche de réconciliation, un pacte fondé sur la reconnaissance de ce qui est, dans le respect mutuel du choix de chacun. Il ne s’agit pas de remplacer un système par un autre.
Concrètement, cela se traduit par l’introduction d’un espace économique nouveau, (complémentaire au système économique existant) que nous appelons « ECS » (Espace Complémentaire Sociétal). Son originalité ? Sa vocation n’est pas la recherche de l'équilibre ou du profit financier mais celle du « bénéfice sociétal »
La vocation de l’ECS : résoudre, indifféremment de leur coût financier, les problèmes humains et écologiques que la seule logique capitaliste libérale est incapable de traiter par la nature même du droit des entreprises et des systèmes comptables, et orienter les modes de production et de vie vers un modèle soutenable au niveau planétaire.
Cet « espace » a vocation prioritaire de créer des activités qui n’existent pas encore, en particulier les services qui font cruellement défaut pour permettre à tous une vie digne sur une planète respectée. Le champ est donc immense, ouvert à l’expression des besoins que révèlera une enquête nationale, et qui susciteront des vocations chez beaucoup de personnes qui aujourd’hui cherchent un travail à reculons, ne se reconnaissant pas dans la logique du système actuel; sans parler de celles qui ont déjà un projet sociétal mais qu’elles ne peuvent mettre en œuvre parce qu’il n’est pas « rentable ».
Précisons encore un point d’une grande importance. Le projet que nous allons décrire est conçu pour une mise en œuvre nationale, parce que le porter au niveau européen dès à présent risquerait fort de le voir s’embourber à jamais. Nous voulons miser sur la valeur d’exemple qu’une réalisation de ce genre, dans notre pays, pourrait avoir sur le reste du monde. Ne voyez donc à aucun moment le désir de nous replier frileusement derrière nos frontières. Nous ne visons pas à créer un décalage par rapport aux autre pays de l’Union européenne et du monde pour en tirer un avantage concurrentiel quelconque. Nous souhaitons que les autres nations, à commencer par celles qui composent l’Union européenne, s’engouffrent dans la voie ainsi tracée ce qui permettrait d’après nous de répondre de façon appropriée, efficace et rapide aux grands enjeux de notre temps.
Voici donc le projet rapidement esquissé et résumé en 18 points, d'une structure nommée "Entreprise à Mandat Sociétal"
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1. Les objectifs prioritaires sont:
- Proposer un emploi épanouissant et bien rémunéré à tous ceux qui veulent travailler dans ce secteur.
- Favoriser tout ce qui permet de diminuer dès maintenant la pollution domestique, industrielle et agricole, de limiter l’utilisation de la matière dans la production (recyclage, matériaux nouveaux à meilleures performances à base de ressources renouvelables)
- Identifier et lister l’ensemble des points qui posent un problème écologique et humain présent ou probable dans l’avenir, dans notre mode de vie, et mettre en regard les solutions possibles, porteuses d’amélioration de qualité de vie, indifféremment de leurs coûts comptables ou financiers.
Les activités découlant de ces objectifs entrent dans le cadre d’un nouvel espace économique, dit sociétal, c'est-à-dire entièrement dédié à la résolution des problèmes humains et écologiques qui se posent.
2. Les Entreprises à Mandat Sociétal (EMS) ne répondent pas à la logique de profit financier mais à celle du bénéfice sociétal. Elles sont régies par un statut juridique spécifique inspiré de la société coopérative.
3. Les EMS n’ont pas de capital ; les investissements nécessaires à leur activité sont financés par une émission monétaire nationale en « Unités Monétaires Sociétales ( UMS) », monnaie créée par l’Etat au niveau des besoins. Elle est : permanente (ce n’est pas une monnaie de crédit), électronique, nominative, gratuite (elle ne peut produire d’intérêts), non spéculative, non convertible en devises étrangères mais a cours forcé (toute personne, physique ou morale, sur le territoire national, doit les accepter en paiement. 1 UMS = 1 euro)
4. Au départ, la masse monétaire en « Unités Monétaires Sociétales» à mettre en circulation est déterminée par l’estimation des besoins que révèlera l’enquête nationale préalable. L’Etat, par le biais du Trésor Public, émet des bons du trésor spéciaux en UMS, sans intérêt ni échéance, qu’il vend à la Banque de France. Cette dernière ouvre un compte en « Unités Monétaires Sociétales» du même montant, à partir duquel les banques peuvent s’approvisionner selon les besoins dont elles ont connaissance, grâce aux prévisions qui leur ont été données, tant en capital qu’en exploitation. Par la suite, c'est l'équilibre entre la masse monétaire et la valeur de la richesse réelle créée par l'activité sociétale qui déterminera s'il est nécessaire d'injecter plus de monnaie ou d'en retirer
5. Les émissions d'Unités Monétaires Sociétales ont lieu à l’occasion:
- de la constitution, de l’entretien et du renouvellement du capital des EMS
- du paiement des frais généraux et salaires sociétaux des EMS non rémunérées (celles dont l’activité est offerte gracieusement aux usagers)
- du paiement de la part des frais généraux et salaires sociétaux non couverts par les recettes des EMS partiellement rémunérées (celles dont l’activité est partiellement facturée aux usagers)
- de la couverture des déficits annuels d’exploitation des EMS lorsque la poursuite de leur activité est décidée en raison de leur valeur sociétale.
6. Les Unités Monétaires Sociétales ainsi créés se retrouvent au crédit des comptes des entreprises (EMS + fournisseurs des EMS du secteur marchand traditionnel) et au crédit des comptes courants des particuliers (salariés des EMS, mais aussi salariés des entreprises traditionnelles qui, ayant des recettes en Unités Monétaires Sociétales, les utilisent pour leurs dépenses. C’est ainsi que les Unités Monétaires Sociétales circulent dans l’ensemble de la société.
7. L’excès d'Unités Monétaires Sociétales est régulé par une « Contribution à l'Equilibre Monétaire » (CEM), qui fonctionne comme une « taxe à la consommation » sur les productions et services sociétaux. Elle est adaptable éventuellement suivant une « note sociétale » attribuée aux produits et services issus des EMS. Elle est instituée afin d'équilibrer le plus finement possible la masse monétaire en Unités Monétaires Sociétales.
8. Les critères définissant ce qui rend une activité « sociétale » sont déterminés démocratiquement par la Nation. Le statut d’EMS peut être attribué, par une procédure d’agréement, tant à un travailleur indépendant qu’à une organisation de plusieurs personnes réparties dans plusieurs établissements.
9. L’EMS commence son activité en constituant le «capital» nécessaire à cette activité (terrains, locaux, matériel etc…). Elle n’a pas besoin d’argent pour ce faire. Elle choisit un organisme bancaire parmi les banques commerciales existantes, et lui remet une copie du dossier d’agrémentation qui comporte une estimation chiffrée qui lui servira de référence pour « commander » les fonds nécessaires à la banque de France et régler directement les fournisseurs au fur et à mesure de l'avancement des travaux.
10. Une EMS est évaluée par rapport à ses objectifs sociétaux et non ses résultats financiers. C'est pourquoi la procédure d'agrémentation précise entre autre les éléments du « bilan d'activité» qui permettront de déterminer à la fin de la première année la position de l'EMS par rapport aux objectifs prévus. Par la suite, l'EMS présente un bilan prévisionnel en complément du bilan d'activité de l'exercice achevé, pour fixer les objectifs d'évaluation de l'exercice à venir. Les bilans sont constitués par un compte d'exploitation contrôlé par un cabinet comptable, servant principalement à aider la gestion bancaire et le contrîole des flux monétaires, et un rapport qualitatif d'activité sociétale reprenant les éléments d’appréciation qualitatifs dans la forme et selon les modalités prévues. Les éléments qualitatifs sont appréciés par sondage auprès des bénéficiaires de l’activité de l’EMS.
11. La rémunération des personnes travaillant sous le statut d’EMS est en Unités Monétaires Sociétales. Le salaire varie à l’intérieur d’une fourchette de 1 à 3
12. Les personnes physiques et morales, sous statut d’EMS bénéficient d'exemptions fiscales et de prestations sociales visant à leur offrir un contexte sécurisant leur permettant de focaliser toute leur attention sur leur mission au lieu de chercher à se constituer une épargne / patrimoine pour se mettre à l’abri des aléa de la vie. Ces avantage n'occasionnent aucune charge supplémentaire puisqu'ils qu'ils sont financés par création d'Unités Monétaires Sociétales
13. Lorsque les entreprises qui ne sont pas sous statut d’EMS sont réglées en Unités Monétaires Sociétales, en tout ou partie d’un achat, elles traitent ce règlement comme s’il avait été réglé en devises.
14. C’est le système bancaire actuellement en place qui est mandaté par l’Etat pour gérer les comptes en Unités Monétaires Sociétales. Pour l’exécution de ce mandat, les banques facturent des honoraires au Trésor Public selon un barème national
15. Les EMS et leurs salariés se fournissent en priorité auprès d’autres EMS mais quand elles ont recours au secteur marchand elles règlent leurs achats en Unités Monétaires Sociétales.
16. Les entreprises, tant du secteur sociétal que du secteur marchand traditionnel, peuvent régler indifféremment en euros ou en Unités Monétaires Sociétales l'ensemble de leurs dépenses, (salaires, fournisseurs, impôts et taxes...)
17. Certaines entreprises, très dépendantes d’approvisionnements à l’importation, peuvent se retrouver périodiquement avec une proportion d'Unités Monétaires Sociétales trop importante, puisque l'UMS n’est pas une devise. Sur justification, elles demandent alors au trésor public la conversion en euros des UMS «en trop». De même, les personnes dont les revenus sont uniquement en UMS, peuvent demander au Trésor public la conversion d’une partie de leurs UMS en euros, pour un déplacement ou un achat en dehors des frontières nationales.
18. Dans les premières années, le temps que ce nouveau secteur se développe et s’organise, la fiscalité générale continuera à s’appliquer au secteur traditionnel. Il conviendra ensuite de revoir globalement la philosophie fiscale en fonction du nouveau paysage socio économique qui se dessinera.
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En conclusion
A ceux qui après cette lecture se demanderaient encore comment « l’Etat paiera », nous leur rappelons qu’il créera les Unités Monétaires Sociétales à hauteur des besoins, comme le font les banques actuellement sur une simple demande de crédit, à la seule différence que l’Etat, lui, n’a pas besoin de se « facturer » son propre argent et donc enrichit son peuple au lieu de l’appauvrir par le jeu de l’intérêt. Trop simple pour être vrai? Oui, c’est simple ! La seule mise en œuvre de cet espace économique complémentaire permettrait, sans opposer les intérêts des uns et des autres, sans aller prendre dans la poche des uns pour payer les autres, de résoudre en quelques années seulement tous les problèmes majeurs auxquels se heurte l’humanité. Ce qui nous sidère en réalité, c’est de voir combien l’homme butte sur un problème imaginaire, celui qu’il crée lui-même en rendant artificiellement rare un argent qui n’a plus aucune limite. Cette rareté n’est en fin de compte que le reflet de la « pauvreté de conscience » qui pour le moment enferme l’homme dans une logique de « sauve qui peut », de gestes désordonnés et inappropriés, qui au lieu de le sauver, l’entraînent vers le fond.
Une solution est là, à portée de main et oui, il suffirait d’un claquement de doigts, autrement dit de le vouloir. C’est tout. Mais c’est cela qui est difficile. Alors regardez juste au fond de vous-même en cet instant. Etes-vous plus sous l’impression que « c’est impossible » ou plus sous celle de vouloir rendre le projet possible? Puisse la mémoire de Théodore Monod nous rappeler tous que « l'utopie est simplement ce qui n'a pas encore été essayé! »
Philippe Derudder, André-Jacques Holbecq, et les membres du GRESSO (Groupe de Recherche Economiques pour un Système SOciétal).
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André-Jacques Holbecq
- Un regard citoyen sur l'économie ed. Yves Michel 2002
- Une alternative de société: l'écosociétalisme ed. Yves Michel 2005
- Les 10 plus gros mensonges sur l'économie, en collaboration avec Philippe Derudder - ed. Dangles 2007
Philippe Derudder
–La renaissance du plein emploi ou la forêt derrière l’arbre, Éditions Guy Trédaniel - 1997,
– Les aventuriers de l’abondance, Éditions Yves Michel - 1999,
– Rendre la création monétaire à la société civile, Éditions Yves Michel - 2005
@Deum
Si je fais référence aux communautés de communes c'est qu'il y a tellement de communes en France que ce n'est pas toujours le niveau pertinent. Ainsi, je vis dans une commune de 150 votants. Ici, le niveau municipal n'est bien sûr pas suffisant, il faut au moins raisonner au niveau de la communauté de commune. Cela ne veut pas dire que la façon dont ça marche est satisfaisant. C'est une remarque pratique. Il est certain que la relocalisation de l'économie exige une revivification de la démocratie locale qui n'est pas gagnée d'avance !
Je n'ai pas besoin de faire l'apologie des services de proximité qui se développent sans moi mais les monnaies locales seraient une façon de permettre qu'ils échappent à la marchandisation. Il est certain que je défends une logique fédérative qui part de la base et non les réseaux tentaculaires qui partent du sommet. L'important c'est de privilégier les circuits courts, pas seulement dans les services. Il est encore plus essentiel de renforcer les circuits courts dans l'agriculture et l'artisanat.
@André-Jacques Holbecq
Je dois dire que non seulement je ne crois pas à ce genre d'usine à gaz mais il n'y a là pas grand chose de nouveau à part le caractère irréaliste et beaucoup trop volontariste.
En fait cet "Espace Complémentaire Sociétal" n'est rien d'autre que le tiers secteur et les "Entreprises à Mandat Sociétal" ne sont pas très différentes des SCIC ou Société Coopératives d'Intérêt collectif qui ont pour objet "la production ou la fourniture de biens ou de services d'intérêt collectif qui présentent un caractère d'utilité social" (et qui sont d'ailleurs des structures trop lourdes). Enfin avec le Sol on a bien "une monnaie locale au niveau national" et qui est bien constituée avec des "Unités Monétaires Sociétales".
La différence, mais elle est de taille, c'est que ce système centralisé ne peut pas marcher et il entre en conflit avec l'Euro puisque c'est dans ce cadre une monnaie parallèle et non une monnaie locale. Cela fait longtemps que je critique la logique d'un tiers secteur qui centralise tout et prétend s'isoler du secteur marchand alors qu'il faut au contraire privilégier le local et la collaboration entre secteur marchand et sociétal (qui ne peuvent être en concurrence!). C'est seulement dans un deuxième temps qu'il faut effectivement construire des réseaux mais qui partent de la base.
La réflexion sur l'écologie doit mener à privilégier le local sur les grandes constructions abstraites, non seulement pour privilégier les circuits courts et les services de proximité mais parce que c'est notre lieu de vie et du vivre ensemble, parce que chaque situation locale est singulière et que les équilibres se régulent localement. Certes il faut reconstituer des communautés locales mais s'il y a bien possibilité, même si c'est très difficile, de commencer dès maintenant des alternatives locales au gré de conditions favorables localement, il en va tout autrement du niveau national ou européen ou altermondial ; là il ne suffit pas de claquer des doigts ni de le vouloir...
Je suis toujours inquiet de voir de bonnes idées s'égarer dans l'infaisable alors qu'il faut au contraire essayer de trouver des systèmes efficaces. C'est décisif pour retrouver l'offensive mais on en est loin encore semble-t-il !
@Jean Zin
Si, les Entreprises à mandat Sociétal sont très différentes des SCIC ou Société Coopératives d'Intérêt collectif. Ces types de sociétés restent "capitalistes" et elles sont tenues à des équilibres comptables et financiers (et ne peuvent être en déficit sauf à se refinancer) . Ce n’est pas du tout le cas de notre proposition, justement parce qu’elles feraient partie d’un espace économique « différent ». Lisez bien : Les Entreprises à Mandat Sociétal ne répondent pas à la logique de profit financier mais à celle du bénéfice sociétal indifféremment de leurs coûts comptables ou financiers. Le bénéfice sociétal n’est pas un bénéfice comptable…
Le SOL rentrerait complètement dans cette idée s’il bénéficiait des caractéristiques indispensables pour ne pas se retrouver, comme la majorité des monnaies locales alternatives, limité à des bénéficiaires « volontaires » qui, pour utiliser leur monnaie qu'ils ont gagné par une activité, sont obligés de trouver ceux qui veulent bien l’accepter, dans un système qui s'apparente au troc. L‘unité monétaire que nous préconisons est permanente (ce n’est pas une monnaie de crédit), électronique, nominative, gratuite (elle ne peut produire d’intérêts), non spéculative, non convertible en devises étrangères mais a cours forcé (toute personne, physique ou morale, sur le territoire national, doit les accepter en paiement. 1 UMS = 1 euro)… de plus elle est « garantie » par l’Etat.
L’inconvénient supplémentaire d’une monnaie locale « privée » est que les utilisateurs ne participent en général pas à la solidarité nationale (cotisations sociales, impôts et taxes) … ce qui n’est pas le cas avec notre proposition.
Je suis d’accord avec votre second paragraphe, sauf que je ne suis pas du tout certain que « ce système centralisé ne peut pas marcher et il entre en conflit avec l'Euro puisque c'est dans ce cadre une monnaie parallèle et non une monnaie locale ». C’est d’une part un problème de présentation (parle t-on d’émission de monnaie nationale ou d’autre chose ? et la monnaie peut être émise localement au niveau des municipalités, pourquoi pas) d’autre part de volonté politique forte face aux banquiers qui gèrent la monnaie de la zone euro (voir mon site http://www.fauxmonnayeurs.org/ )
Enfin, si dans la proposition que nous faisons la monnaie est « échangeable » nationalement, la décision d’engagement d’activités sociétales est du niveau local , mais, mea culpa, je n’ai copié dans le commentaire que le résumé de la proposition, laquelle est complète sur tiki.societal.org/tiki-in... et spécifie :
7 -Toute personne, association ou entreprise désirant faire agréer tout ou partie de son activité, ou porteuse d’un projet d’activité sociétale, doit:
•7.1 - en premier présenter sa demande devant le conseil municipal de sa commune en session plénière. L’agrément préalable est obtenu par vote à la majorité des deux tiers. En cas de refus un recours est possible auprès d’un comité de 12 citoyens de la commune tirés au sort sous contrôle d’huissier de justice sur la liste des électeurs. Ce comité n’est pas permanent, il ne statue que sur une affaire. L’intéressé présente de nouveau sa demande, et le maire ou un des conseillers municipaux est invité à exposer les raisons du refus. Là encore, l’agrément préalable est obtenu par vote à la majorité des deux tiers.
(… je ne recopie pas l’ensemble du projet,… le lecteur intéressé pourra s'y référer )
Dernière question suite à votre dernier paragraphe : quelle serait la loi que les hommes ont fait et qu’ils ne puissent défaire ? Rien n’est infaisable s’il y a volonté de le faire…
Je me bats pour que le Sol soit une monnaie municipale acceptée par tous (localement), sinon cela n'a pas d'intérêt, en effet, mais on parle de choses concrètes qui existent et qu'il faut mettre en place.
Nos intentions sont les mêmes mais je ne comprends pas qu'on défende des systèmes à l'évidence infaisables. La volonté humaine bien sûr ne peut pas faire grand chose sinon tirer parti de l'occasion, rien de plus dangereux que de croire au volontarisme alors qu'il faut au contraire se faire humble devant la réalité qu'il faut étudier en détail pour s'y adapter à notre profit. La loi du coeur a toujours fait des ravages. Cela ne veut pas dire qu'il faudrait devenir cynique par excès de réalisme, il faut aller le plus loin possible que la situation le permet, mais s'il faut une révolution, ce n'est pas tant pour satisfaire nos idéaux que pour s'adapter à une situation qui a déjà complètement changé...
De toute façon, pas de bonne solution tant que la Nation (ou la zone euro..) ne reprendra pas aux banques privées le droit de création monétaire. Entre 1980 et aujourd'hui, c'est entre 650 et 1100 milliards d'euros d'intérêts sur la dette publique (c'est à dire en partie nos équipements) que nous avons payé (collectivement) aux prêteurs ...
Voir http://www.fauxmonnayeurs.org/
Au fond vous êtes un ultra libéral!
Comme Hayek ou Salin, vous voulez que cesse le monopoles d'état sur la monnaie pour que puissent se développer librement sur le marché des monnaies en concurrences, des monnaies privées, des monnaies choisies par ceux qui les utilisent !
On finit toujours libéral quand on s'est (enfin) persuadé que la coercition ne mène à rien ... alors un petit effort ... pour pousser un cran plus loin toutes les conséquences de vos petites escapades monétaire 😉 !
Je ne suis pas certain que le problème ce soit la création monétaire par les banques même s'il faudrait changer les banques (ce qui manque surtout en France c'est le capital risque et ce qu'on peut appeler le micro-crédit c'est-à-dire le crédit aux petits projets et aux petites entreprises).
Je ne suis certainement pas un libéral, encore moins un ultra-libéral, je n'arrête pas de fustiger ce qui me semble la bêtise même (rien de plus stupide que "La route de la servitude"). Je suis certes pour la liberté mais contre le simplisme de ces dogmatismes destructeurs aveugles aux réalités, sorte de folies logiques (la psychose est toujours un excès de logique). Je défends au contraire la pensée complexe et dialectique qui constate qu'un excès de libéralisme menace nos libertés, ce pourquoi il faut être anti-libéral pour défendre nos libertés.
Le summum de la bêtise c'est sans doute Salin et Becker mais Hayek, qui peut être plus intéressant, n'est pas mal non plus avec son "ordre spontané" absurde et sa "constitution de la liberté" obsessionnelle. C'est effectivement la rançon du post-totalitarisme. L'histoire va toujours d'un excès à l'autre mais Keynes a montré historiquement sa très grande supériorité sur Hayek.
Pour la monnaie, je suis absolument opposé aux "monnaies privées". Ce que je défends ce sont des monnaies municipales, des monnaies politiques contrôlées démocratiquement. Non pas briser le monopole d'Etat (déjà bien contourné) mais le dédoubler en niveau européen et local. Non pas choisir sa monnaie mais imposer politiquement une monnaie locale.
Il y a des malentendus qui sont très étonnants. Il faut croire que la plupart du temps on ne lit pas, on projette ses propres obsessions sur les textes qu'on lit !
Le vrai problème avec la globalisation est que ses effets, qu'on s'entend dans l'ensemble à déplorer, sont pourtant le résultat de nos choix. Des choix libres mais mal informés. Mal informés parce que le niveau des prix est dicté par la valeur des produits qui dans le monde sont spécialement créés pour épargner au consommateur temps et argent, ce qui fait que les produits locaux de qualité de bénéficient pas d'information de marché valable sur leur qualité(valeur) car les produits de qualité sont soit forcés à être vendus à prix trop bas et à éventuellement disparaitre ou être vendus là ou' le fermier peut les amener lui-même pour absorber les coûts de distribution et les vendre ainsi à prix 'compétitifs'.
La solution au problème serait de créer des conditions de marchés pour les produits locaux qui ne graviteraient pas autour de la notion d'économie de temps et d'argent; mais plutout autour de la notion de qualité. Ces deux notions existent à l'intérieur de nous tous mais de façon complètement sèparée, existant dans deux univers totalement diffèrents. L'un étant l'univers du calcul et de la peur, et l'autre, l'univers de l'amour et du plaisir. Deux fraises, l'une préparée pour la distribution internationale et l'autre produite localement sont complètement différentes dans leur saveur et utilité et ne peuvent être vendues dans le méme marché avec les mémes pivots de prix pour des produits seulement différentiés par leurs étiquettes.
Une monnaie locale avec le soutient en marketing de fédérations d'agriculteurs (marketing boards) nous offrirait le moyen d'être informés, dans un marché à part ou' les prix seraient déterminés par une demande motivée par les besoins du présent, de la passion et de la qualité plutôt que par ceux qui exigent le sacrifice du présent pour chasser les promesses du progrès.
Comme j'aime bien m'amuser avec les étiquettes de temps en temps, est-ce que ma perspective ci-haut pourrait être considérée comme "un point de vue ultra-libéral contre les effets de la mondialisation"? 🙂
Première université d’été d’Alliance Provence le 7 juillet 2007 à Gardanne
Toutes les AMAP, tous les amapiens, tous les acteurs (partenaires, institutions...) soutenant ce concept sont invités à participer à l’université d’été qui se tiendra le 7 juillet 2007 au lycée de Valabre à Gardanne
Cette université a pour objectif de se rencontrer, d’échanger autour du concept AMAP, mais aussi de pouvoir réfléchir, débattre et formuler des propositions autour de deux thèmes centraux :
• 1. l’accompagnement des producteurs
• 2. le developpement et l’accompagnement des AMAP
Ce sera également un moment festif.
Dans quelques jours, le programme de l’université sera en ligne sur le site d’Alliance Provence.
allianceprovence.org/spip...
Je recommande ce pdf de Jérôme Blanc sur la mise en place de monnaies locales ambitieuses :
http://www.veblen-institute.org/IMG/pdf/investissement_ecologique_et_monnaies_locales_blanc_perrissin_fabert.pdf
Jérôme Blanc travaille sur les monnaies locales depuis longtemps. Son dernier rapport est un peu technique mais à cause de cela très important car il donne des solutions clés en main avec les procédures à suivre, par exemple une SCIC pour émettre la monnaie locale. Il insiste bien aussi sur la nécessité de ne pas en rester aux monnaies locales actuelles et de leur donner une toute autre ampleur pour participer à la transition écologique.