Changer de système de production

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Ce n'est pas la crise économique et financière, aussi grave soit-elle, qui pourra provoquer la fin du capitalisme qui en a connu bien d'autres. Mais si la sortie du capitalisme a déjà commencé, c'est pour de toutes autres raisons, plus profondes et plus durables, liées à notre entrée dans l'ère du numérique et du travail immatériel. Ce sont ces nouvelles forces productives qui remettent en cause les bases même du capitalisme industriel : aussi bien la rémunération du travail que la valeur d'échange ou la gratuité numérique.

C'est pour des raisons matérielles, liées à la reproduction des forces productives, que le système de production est contraint de changer radicalement, de même que c'est pour des raisons liées à la reproduction matérielle que ce système devra intégrer les limitations écologiques, notamment en favorisant la relocalisation de l'économie. Si la sortie de la société salariale a déjà commencé, c'est pour l'instant surtout à notre détriment par destruction des protections sociales et l'explosion de la précarité. Il faudra comme toujours des luttes sociales pour conquérir de nouveaux droits et pouvoir réorienter ce nouveau système vers notre émancipation et une économie plus soutenable. Rien ne se fera tout seul.

C'est en tout cas dans ce cadre matériel que notre action peut être décisive, loin de toute utopie ou subjectivisme des valeurs. Les "nouvelles technologies" ont ici une place centrale, comparable à la machine à vapeur. Il n'y a pas que le matérialisme de la reproduction et des techniques qu'il faut prendre en compte cependant, mais tout autant les flux constituant la production en système justement : il faut absolument que ça marche ! Pour sortir du productivisme capitaliste et de son modèle industriel, il ne suffira pas d'initiatives isolées ni de mesures partielles, il faut que les nouveaux rapports de productions et des nouveaux dispositifs fassent système (production, distribution, circulation), en assurant leur reproduction.

Qu'est-ce qu'un système de production ?

La crise systémique manifeste concrètement tout ce qui nous relie matériellement au reste du monde, qu'on le veuille ou non. L'économie-politique est née, elle-même, de l'inflation provoquée par l'afflux d'or des Amériques à la fin du XVIème siècle (Jean Bodin), manifestant l'influence d'événements lointains complètement indépendants de nous. Le mercantilisme a tenté dans un premier temps de répondre à cette sorte de "catastrophe naturelle" par la captation d'un maximum de métaux précieux, mais l'intensification du commerce mondial qui s'en suivit renforçait déjà les interdépendances. Il a fallu attendre 1758 pour que le Dr Quesnay montre, avec son tableau de l'économie, l'analogie entre les circuits économiques et le système sanguin, reliant les classes sociales et des parties éloignées dans une totalité qui rend les éléments solidaires. Plus tard, on voudra réduire les flux économiques à leur équilibre thermodynamique (théories de l'équilibre et de l'auto-régulation des marchés). Au contraire, on peut considérer que l'apport principal de Marx aura été de montrer que la production était bien organisée en système combinant production, reproduction et circulation, système ayant sa dynamique propre (basée sur le profit et l'innovation) avec ses rapports de production spécifiques (salariat) adaptés à l'organisation productive ainsi qu'à l'état des techniques. Le capitalisme s'est différencié du féodalisme aussi bien que d'une économie de prédation comme production déterminée par la circulation, l'investissement industriel et le travail salarié.

Que production et reproduction fassent inévitablement système ne signifie pas qu'il n'y aurait qu'un seul système, fût-il dominant ! Il est vital de comprendre le fait que nous faisons partie d'une pluralité de systèmes, totalités effectives qui nous déterminent matériellement plus que nous ne les déterminons mais entre lesquelles on peut jouer. En effet, contre l'évangile individualiste contemporain, un système se définit par un fonctionnement relativement indépendant des éléments qui le constituent. Il n'y a pas d'individu isolé, qui ne soit intégré à un système dont il dépend et qui le contraint (comme le système routier). Le concept va s'appliquer bien au-delà de la production, jusqu'aux écosystèmes manifestant les interdépendances entre espèces et les flux de matières, d'énergies et d'informations qui les traversent. Dans son merveilleux livre "Le Macroscope" (1975), Joël de Rosnay appliquait la théorie des systèmes aussi bien à l'économie qu'à la biosphère, débouchant sur ce qu'il appelait un écosocialisme. Penser global, c'est effectivement penser système, circuits, flux, interdépendances, organisation, division des fonctions, coordination, etc., où l'autonomie et l'auto-organisation ont d'ailleurs une part d'ajustement irremplaçable.

La propension au totalitarisme du marché, avec des théories libérales ne reconnaissant aucune valeur à ce qui n'est pas marchand, aura eu tendance à refouler notre appartenance à différents systèmes de production. Pourtant, c'est un fait, il n'y a pas d'économie qui ne soit une économie mixte, une économie plurielle où cohabitent au moins économie domestique, publique et marchande. C'est d'ailleurs ce qui a permis au capitalisme de se constituer à partir des villes franches en marge du système féodal comme doit pouvoir se construire aujourd'hui avec la relocalisation un nouveau système alternatif au capitalisme.

L'important, c'est de comprendre qu'il ne sert à rien de vouloir sortir d'un système de production si on est incapable de proposer un système alternatif viable. Il ne s'agit donc pas de faire n'importe quoi, ni de simples mesures correctrices, encore moins de faire la morale. Il faut de nouvelles règles, de nouveaux rapports sociaux, des nouveaux modes de distribution et d'échanges qui doivent non seulement "faire système" mais entretenir un dynamisme interne et une synergie avec les techniques employées. C'est une question de viabilité, de durabilité et de reproduction où l'écologie devient à l'évidence déterminante. Ces interdépendances contraignent fortement les possibles mais ne sont pas assez prises en compte, hélas, ni par ceux qui veulent changer le système (dont il ne suffit pas de prendre le contrôle pour en changer le fonctionnement), ni par ceux qui croient pouvoir simplement le corriger par des normes et par des lois.

Le capitalisme comme productivisme

Bien sûr tous les systèmes ne se valent pas, se distinguant par leurs finalités et leur mode de fonctionnement. Cependant, un système ne s'impose pas par ses bonnes intentions mais bien par son efficacité matérielle, ses capacités de reproduction et d'expansion, selon une logique largement darwinienne (qu'il ne faut pas confondre avec un darwinisme social simplificateur). Ce qui a fait le succès du capitalisme, c'est son productivisme qui fait dépendre le profit de l'amélioration de la productivité grâce à l'investissement et l'innovation exploitant tous les progrès des sciences et des techniques pour baisser le prix des marchandises et produire de l'argent avec de l'argent. Cette boucle de rétroaction positive, véritable effet "boule de neige", est à l'origine du décollage des économies et du "cercle vertueux de la croissance", industrialisation galopante dont on sait cependant qu'elle se paie très cher en inégalités, misère et pollutions.

Ce qui fait la réussite d'un organisme invasif ou d'un prédateur trop vorace se retourne immanquablement contre lui lorsqu'il a colonisé tout l'espace vital. S'il reste bien l'Afrique à exploiter, on peut dire que le capitalisme a atteint sa limite écologique avec la globalisation qui ne lui laisse plus d'extérieur. Le problème, c'est qu'il ne peut arrêter sa course à la croissance. On peut dire que le capitalisme s'impose par sa productivité mais dure par la société de consommation, ce qui est bien sûr insoutenable écologiquement. Une décroissance matérielle est donc incontournable mais il n'est pas suffisant de le dire, ni de vouloir faire preuve de volontarisme dans la réduction du temps de travail et de nos consommations pour espérer réduire notablement un productivisme qui est constitutif d'un capitalisme incapable de se passer de croissance, on ne le sait que trop bien. Il faut vraiment changer de système ! Pour cela, il ne s'agit pas de revenir en arrière mais bien plutôt de tirer profit de l'économie immatérielle, qui peut aider à la décroissance matérielle, et surtout de s'appuyer sur les nouvelles forces productives qui entrent en contradiction avec les bases même du capitalisme.

En effet, le capitalisme c'est d'abord l'industrie. Le salariat est une sorte d'esclavage (subordination) temporaire mais le fait de payer le travail au temps passé (temps de machine) est essentiel pour séparer le travailleur de son produit et s'approprier la plus-value obtenue par l'amélioration de la productivité de l'investissement capitalistique. Or, le travail immatériel se caractérise par sa non-linéarité, la production n'y étant plus proportionnelle au temps passé. C'est ce qui l'oppose au travail de force, comme l'information s'oppose à l'énergie. De même, plus le travail est qualifié, incorporant du temps de formation, moins il est réductible au travail immédiat, pas plus que le temps de travail du virtuose ne se limite au concert. Pour toutes ces raisons, la rémunération au temps passé se révèle dès lors inapplicable (un peu comme dans le domaine artistique) obligeant à une évaluation après-coup, sur le résultat. De quoi abolir la séparation entre le travailleur et son produit, dont il pourrait d'autant plus réclamer sa part qu'il possède désormais son instrument de production avec son ordinateur personnel (qui est un outil universel ou General Problem Solver). Sauf qu'il est bien difficile d'attribuer la part de chacun dans des performances qui sont largement globales et collectives. Non seulement le salariat mesuré au temps de travail devient complètement inadapté à l'ère de l'information, remplacé progressivement par des contrats de projet et l'externalisation, mais c'est la mesure de la valeur qui devient elle-même problématique (on parle de "crise de la mesure"). La marchandise perd dès lors son statut de valeur d'échange au profit d'une pure valeur d'opportunité (ou de prestige, de marque, ou de spéculation) souvent assez éphémère et qui ne représente plus que de très loin sa valeur de reproduction (sauf quand elle est soldée peut-être).

Dés que le travail, sous sa forme immédiate, a cessé d'être la source principale de la richesse, le temps de travail cesse et doit cesser d'être sa mesure, et la valeur d'échange cesse donc aussi d'être la mesure de la valeur d'usage. (Marx, Grundisse II, p. 220-221)

Changer d'ère

Le capitalisme n'est pas seulement fragilisé dans ses bases industrielles, la gratuité numérique attaque directement les droits de propriété intellectuelle, ses capacités infinies de reproduction donnant un accès immédiat à toutes les oeuvres, accès dont on ne pourra plus se passer désormais. De quoi certes mettre en danger, elles s'en plaignent assez, des industries culturelles qui devront assurément se reconvertir. C'est sur ce terrain que l'opposition de l'univers du numérique est la plus frontale actuellement avec la logique capitalistique, les anciens médias, les majors de la musique ou du cinéma. La question du téléchargement divise les générations et déchaîne des réactions liberticides à prétendre s'opposer aux capacités techniques de reproduction alors qu'elles sont inhérentes au numérique et aux réseaux ! La fin du modèle industriel, c'est bien la fin annoncée du système de production capitaliste, du salariat et de la marchandisation de la culture ou du vivant. Certes, pour l'instant, en l'absence d'un autre système plus adapté à la production immatérielle, cette contradiction des nouvelles forces productives et des anciens rapports de production se traduit plutôt par un stress supplémentaire de plus en plus insupportable et supporté douloureusement pourtant par une part croissante des salariés avec le développement de la précarité et la régression des droits sociaux. Pour l'instant l'ancien système essaie de se maintenir par des lois intenables qui courent après la technique en voulant maintenir férocement des droits de propriété obsolètes, au mépris des règles de droit élémentaires. Voilà bien les contradictions sur lesquelles on peut s'appuyer, les forces productives qu'on peut mobiliser pour construire le nouveau système de production dont on a besoin.

Il ne faut pas s'y tromper, ni la crise, ni les limites écologiques (ni nos bonnes intentions) ne suffiront à dépasser le capitalisme mais uniquement les technologies numériques, désormais au coeur de la production, ainsi que le travail immatériel qui pousse à la réorientation de l'économie vers le développement humain. Cela ne veut pas dire que ça se fera tout seul, ni forcément à notre avantage si on ne défend pas vigoureusement nos droits, mais c'est ce qui appelle et permet un nouveau système de production avec de nouveaux rapports de production. Admettre cette place centrale du numérique a donc une importance cruciale dans la détermination d'une stratégie pour une écologie-politique à l'ère de l'information, tournée vers l'avenir.

Si les technologies numériques n'étaient pas soutenables comme le prétendent certains écologistes, cela n'impliquerait nullement leur disparition bien sûr mais les réserverait seulement à une élite ainsi qu'à la production au moins. Cependant, il semble plutôt que ces technologies se généralisent à une vitesse inconnue jusqu'alors, y compris dans les pays les plus pauvres dépourvus d'infrastructures. Il est d'autant plus urgent d'en réduire les consommations (surtout pour les télévisions) et de les rendre plus soutenables car il est certain qu'on ne peut continuer sur la pente actuelle et qu'on ne peut se fier au marché pour tenir compte d'enjeux écologiques qui se traduisent la plupart du temps par une augmentation des coûts (ainsi, on ne manque pas d'énergie, ce sont les énergies fossiles, pétrole et charbon, qui sont trop abondantes et dont les prix ont été trop bas jusqu'ici, faisant obstacle aux énergies renouvelables). Même si ce n'est pas gagné d'avance, il n'y a rien là qui semble hors de portée, d'autant que le numérique est l'une des bases essentielles de la conscience écologique et des régulations globales. De plus la dématérialisation peut apporter une contribution décisive à une nécessaire décroissance matérielle dans de nombreux domaines. Ainsi, on sait que les réseaux numériques peuvent faciliter la relocalisation par leurs capacités décentralisatrices mises en oeuvre depuis longtemps dans les entreprises. Aucune écologie de l'avenir ne pourra s'en passer, ce qui implique de se soucier de leur soutenabilité, de réduire le gâchis et de les orienter vers les économies d'énergie (énergie intelligente) mais il ne faudrait pas se tromper d'écologie ni d'époque...

Faire système

On a évoqué la plupart des données d'un dépassement du capitalisme à l'ère de l'information, de l'écologie et du développement humain : le nouveau système de production relocalisé et dématérialisé devra en premier lieu "faire système" et s'adapter aux nouvelles forces productives, aux nouvelles technologies aussi bien qu'aux contraintes matérielles de la reproduction et donc aux contraintes écologiques. Rien à voir ici avec les approches morales ou même purement politiques édictant des lois et des normes, certes souvent nécessaires. Il faut insister sur le fait qu'il nous faut remonter aux causes et pas seulement nous soucier des effets les plus voyants, ce qui veut dire qu'il faut prendre la question du côté de la production plus que de la consommation, du côté du système plus que de l'individu, de l'offre plus que de la demande, de la qualité du travail plus que de la quantité produite. Il faut s'en persuader, la simple décroissance du gaspillage et de la marchandisation ne peut changer la logique productiviste du capitalisme, pas plus que la réduction du temps de travail. Sortir du productivisme, c'est d'abord sortir de la société salariale dépendante de la consommation et d'une production capitaliste gouvernée par le profit.

Il ne suffit pas de le dire ni de prendre ses désirs pour la réalité, mais il est vital de ne pas se tromper de contexte et de bien cerner les enjeux, qu'on n'a pu qu'esquisser ici. Ces enjeux contraignent déjà fortement une sortie du capitalisme qui a déjà commencé mais sans constituer encore une alternative, loin de là. Il faut partir de ce qui est, du "mouvement réel qui abolit l'état actuel des choses", des expérimentations en cours, seulement il faudrait arriver à les constituer en système de production complet et opérationnel pour devenir une véritable alternative. Aucune initiative isolée ou mesure partielle ne peut en tenir lieu.

André Gorz a été sans doute le premier à donner une représentation cohérente d'un nouveau système de production relocalisé à l'ère de l'information, de l'écologie et du développement humain, en rassemblant dans "Misères du présent, Richesse du possible" les différentes initiatives et propositions où pouvaient s'apercevoir les germes du futur. En fait, ces propositions étaient déjà défendues depuis quelque temps par Jacques Robin et la revue Transversales, sans être assez reliées entre elles pourtant et supplantées au début des années 1990 par la réduction du temps de travail, stratégie qui allait montrer toutes ses limites avec la mise en place des 35h aggravant la flexibilité salariale. Non seulement André Gorz était l'un des principaux théoriciens de la RTT mais il était fermement opposé au revenu garanti qui était pourtant une revendication montante dans les mouvements sociaux malgré son caractère apparemment si utopique. La catégorie de "tiers secteur" était aussi ambigüe et les "monnaies plurielles" un peu trop floues. En rassemblant et en spécifiant ces dispositifs (revenu garanti, monnaie locale, coopératives de travailleurs autonomes), c'est donc un grand pas qu'André Gorz a permis de faire, non pas tellement pour la crédibilité de l'alternative (ces mesures semblant encore trop exotiques et minuscules face à l'immensité de la tâche) mais bien pour sa réussite effective par la constitution d'une nouvelle articulation entre production, distribution, échanges. Je n'ai guère fait plus que d'insister sur leur cohérence systémique et combiner ces dispositifs avec le municipalisme libertaire de Bookchin, ce qui n'est pas un détail d'ancrer la relocalisation dans la démocratie municipale. Le plus difficile à admettre reste qu'il n'y ait que des alternatives locales à la globalisation marchande. Pourtant, par définition, il ne peut y avoir de relocalisation qu'au niveau local, et donc on peut s'y mettre sans attendre, même si cela n'a de sens bien sûr qu'à s'intégrer dans des circuits alternatifs et une perspective altermondialiste.

Impossible de décrire en détail cet après-capitalisme qui réfute les solutions trop simples comme l'étatisation de l'économie ou la propriété collective des moyens de production laissant inchangés les rapports de production et le productivisme du système. Répétons-le, aucune des mesures isolées n'est déterminante en elle-même mais seulement leur combinaison. C'est en effet à tous les niveaux qu'il faut tirer parti des potentialités du numérique, privilégier les circuits courts et changer les règles du jeu aussi bien dans les échanges internationaux (commerce équitable, circuits alternatifs), dans les systèmes nationaux de redistribution comme dans la vie locale. Il s'agit bien de changer le monde dans sa totalité et de construire un nouveau système de production mais contrairement aux utopies totalitaires, il ne peut être question d'abolir la pluralité des systèmes et des modes de vie. Il faut se battre contre les politiques autoritaires, et toutes sortes de fascismes verts, afin de défendre notre autonomie et continuer la lutte pour notre émancipation. On se situe bien dans une économie plurielle et libre, où le capitalisme ne disparaitra donc pas plus que l'industrie mais devrait employer de moins en moins de salariés dans une production de plus en plus automatisée et relocalisée.

Il s'agit de sortir le maximum de travailleurs de la dépendance d'une production dirigée uniquement par le profit ainsi que d'un travail aliéné (sans prétendre abolir toute aliénation). Plutôt que devenir tous fonctionnaires (il en faut), il s'agit de donner à tous les moyens de l'autonomie et de choisir sa vie (y compris d'une vie plus naturelle), remplaçant une bonne part des loisirs marchands par une activité valorisante, ce qui devrait modifier radicalement les consommations en retour, sans "effets rebonds" cette fois contrairement aux stratégies de réduction des consommations. Il s'agit de sortir du salariat au profit du travail autonome, du travail immatériel, du travail choisi, ce qui ne signifie pas seulement favoriser la créativité numérique mais tout autant les services de proximité, les activités artistiques, et même de redonner vie à l'artisanat et à la petite agriculture vivrière. Pour cela on a besoin à la fois d'un revenu garanti, qui permet le travail autonome, de coopératives municipales pour exercer son activité et s'associer à d'autres travailleurs autonomes, de monnaies locales enfin pour assurer plus de débouchés à la production locale sans se fermer à l'extérieur.

Le moins qu'on puisse dire, c'est que toutes ces notions ne sont ni familières ni crédibles, à mille lieux des représentations ordinaires et même inacceptables idéologiquement pour la plupart, ce qui n'empêche pas qu'elles insistent et s'imposent matériellement un peu partout dans le monde. En tout cas, des nouveaux rapports de production qui font système et soient adaptés à l'ère du numérique sont bien la condition d'une économie relocalisée moins productiviste. C'est le cadre dans lequel on doit penser notre avenir. Ce n'est pas dire que cela suffirait à régler tous les problèmes ! De nombreuses mesures sont à prendre pour réguler le capitalisme, rendre l'agriculture plus soutenable et les villes plus vivables mais, sans tomber dans l'utopie technologique, il ne faudrait pas se tromper d'époque ni d'objectif. Ainsi, que ça plaise ou non, il faudra bien utiliser les potentialités du télétravail, des téléconférences, du téléachat et même des imprimantes 3D (ou peut-être de futurs digital personal fabricator) qui non seulement peuvent stimuler la créativité personnelle mais surtout faciliter l'obtention de pièces détachées pour les réparations, ou tout autre petit objet, en éliminant le transport matériel. Ce n'est certes pas ce qui nous sauvera, seulement une petite partie de la solution, mais il faudra bien s'y faire (comme de manger moins de viande rouge) et sans devoir y forcer personne !

On ne peut négliger aucun des instruments en notre possession mais ce sur quoi il faut insister, c'est sur la nécessité d'une pensée systémique et d'une cohérence d'ensemble. Nous avons besoin d'un pensée globale prenant en compte toutes les dimensions de notre vie. Notre capacité à faire un diagnostic juste et d'apporter les bonnes réponses sera plus cruciale que nos bonnes intentions. S'il faut se battre pour une écologie émancipatrice, la marge de manoeuvre est en effet très faible, même si elle existe toujours, entre contraintes techniques, écologiques et systémiques. En tout cas, ces modestes instruments pourraient s'avérer assez vite fort utiles si le système monétaire s'effondrait mais, la bonne nouvelle, c'est que le caractère municipal des bases de ce nouveau système de production permet d'en expérimenter immédiatement les avantages, ici et maintenant, pour peu que les conditions locales s'y prêtent.

(EcoRev' no 33, Penser l'après capitalisme avec André Gorz. Il y a une traduction en anglais pour le Journal of Peer Production (JoPP). Voir aussi sortir du capitalisme, texte de mon intervention au débat du 25 janvier qui a suivi)

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43 réflexions au sujet de “Changer de système de production”

  1. Jean , vous écrivez à juste titre:
    « Plus le travail est qualifié, incorporant du temps de formation, moins il est réductible au travail immédiat, pas plus que le temps de travail du virtuose ne se limite au concert. ... La rémunération au temps passé se révèle dès lors inapplicable, un peu comme dans le domaine artistique, obligeant à une évaluation sur le résultat... Il est bien difficile d'attribuer la part de chacun dans des performances qui sont largement globales et collectives. »
    Ces constats sur les changements engagés posent le problème de l'inadaptation du système éducatif, inadapté quant au fond. Quels contenus nouveaux pour passer d'un système ayant pour but la formation à une selection de compétences individuelles ( avec rétribution finale selon le degré de virtuosité atteint dans une spécialité), à un système recherchant l'intégration d'individus autonomes dans des collectifs compétents, à géométrie variable, ajustant continuellement les productions aux connaissances ( réfutables) sur les contraintes écologiques, et sociales?

  2. merci pour ce petit déroulé très sympathique . on a l'impression que vous travaillez déjà pour le grand jeu , cette université critique et transversale allternative et populaire . c'est clair qu'il y a un sérieux problème dans les systèmes de formation . et si il faut changer le travail pour changer l'université , il faut aussi changer l'université pour changer le travail . un système alternatif se fromente en secrét dans ce qui se passe sur les campus occupés ( il en reste ) . il faut ici comme ailleurs , comme vous dites, systèmatiser les expérimentation , et il est vrai que l'on a peu d'outils institutionnels pour le faire , si bien que le soufflet au fromage de l'auto organisation pourrait aussi très vites retomber , si il n'y a aucune organisation .

  3. Je n'ai pas vraiment de réponses sur le sujet ne m'étant pas intéressé d'assez près à l'éducation, du fait que je sois en grande partie autodidacte sans doute, mais je n'ai pas à me plaindre de mon éducation sinon d'avoir été un peu perdu au début, trop en avance (trop jeune) dans des classes surchargées, mais j'ai été ensuite plutôt encouragé. Je peux juste dire que si j'ai souffert de n'avoir pas à qui parler, plus que d'avoir quelqu'un pour me guider, cela a sans doute fini par être un bien de devoir faire avec la fragilité d'un savoir mal assuré.

  4. L'enseignement ne parait pas évoluer beaucoup malgré les nouvelles technologies.

    Quand j'étudiais, je me posais la question de l'intérêt des cours magistraux qu'on pouvait tout aussi bien diffuser sous forme de vidéos dont l'intérêt est de pouvoir se repasser les passages mal compris. Ca laisserait ainsi plus de temps, pour des explications personnalisées, à l'enseignant pour la partie application des théories enseignées.

    D'autre part, dans le secondaire on fait redoubler des élèves parce que sur une ou deux matières ils ont des difficultés.

    Ca paraitrait plus efficace de ne faire redoubler que pour ces matières et pas pour le reste.

    L'organisation de l'enseignement me parait pas très souple et semble favoriser un certain type d'intelligence assez scolaire, négligeant les autres formes d'intelligence.

    Pour ma part, j'ai fait une scolarité à peu près classique. J'assistais aux cours, toujours entre rêverie et turbulence, ce que provoque chez moi le fait d'être assis 6 à 8 heures par jour. Donc j'extrapolais ce que je n'avais pas suivi pendant mes rêveries ou dissipations.

    Des études en pointillé tout comptes faits.

    Illich avait fait une critique intéressante de l'enseignement.

  5. Il est toujours permis d'innover, pourvu qu'il n'y ait pas de contagion, et que ne soit pas remise en cause l'éthique générale d'un darwinisme primaire: la loi d'airain selon laquelle le plus fort régirait le plus faible.
    Je n'ai pointé sur le système éducatif que pour illustrer les difficultés à «  changer d'ère », et la contradiction entre les besoins engendrés par de nouvelles technologies et le conservatisme des mentalités. J'ai voulu seulement dire que l'institution E.N. qui m'a salarié, certes m'a promu socialement, mais en visant essentiellement à adapter la génération suivante au principe sacré d'une compétitivité concurrentielle, avec comme finalité de reproduire l'ordre social existant, et d'adapter l'éduqué au système de production dominant
    Ainsi toutes les tentatives et tentations que j'ai eu à connaître ou pratiquer éventuellement pour développer la responsabilité collective et l'esprit de coopération, dès l'après guerre avec
    « l 'étude du milieu », l'école Freinet, la réforme du système de notation aprés 68, l'introduction des maths modernes, la prise en compte de l'enseignement artistique ( problème de la transgression des limites) et sportif ( création de règles du jeu et non pas compétition) autant de choses tolérées à titre d'expérience limitée, sinon tournées en dérision (par exemple intellectualisation caricaturale ), ou détournées ou combattues.
    Seulement pour dire à quel point il est peut-être bien improbable de modifier les mentalités avant que les catastrophes écologiques ou sociales prévisibles ne fassent obligation de changer . Mais alors trop tard?

  6. C'est tout le problème du mot changement.
    Qu'est ce qu'on change, qu'est ce qui change ? Soi même, ou plutôt ses comportements. Parfois je crois que le changement de ses comportements est tout l'inverse de se changer soi même, c'est même se retrouver un peu.

    Alors oui, le changement vient souvent quand on est acculé au mur. En ce qui me concerne je le sais assez bien, mon inertie ne bouge souvent que dans l'urgence de la nécessité.

    J'aime pas me mettre des coups de pieds au derrière, alors ce sont les contingences qui s'en chargent.

    Finalement l'humain se bouge souvent à la traine de l'histoire quoiqu'il en dise et en prétende.

    Pas très drôle comme position...cette position de lambin.

    On nous a si souvent dit que gérer c'est prévoir, qu'en est il maintenant de ce qu'on nous a dit ?

  7. sinon il y a aussi une désystématisation avec la liquidation des services publiques . le cas du service publique de l'enseignement et de la recherche est à ce titre très instructif . car il ne s'agit avec la loi d'autonomie ( LRU) que de liquider les universités et ce qui restait d'autonomie dans la pensée.

    c'est aussi pour cela que je pense qu'à l'avenir c'est les autodydactes qui s'en sortiront le mieux . autodidaxie entendu au sens d'autonomie , au sens de l'ulysse qui fait son odysée .

    d'ailleurs il est même curieux de constater que sans un minimum de prises de décisions , de lecture , d'écritures, de fréquentation et d'apprentissage informel ..... des usagers de l'éducation et de la formation le suivie , sans excursion sans aventure et sans joies , du cursus officiel serait un non sens humain .

    c'est aussi que déjà la sortie du capitalisme a déjà commencée et que , même si cela est minoritaire , le chevillage de la passion à la connaissance , du plaisir à l'apprentissage se font de plus en plus , et constitue aussi une réalité .

  8. Bonjour Jean,

    On le sent bien, vos arguments sont justes. Nous nous acheminons vers la fin du capitalisme tel que nous le connaissons jusqu'à aujourd'hui.

    La mise en réseau des individus et des compétences est une alternative crédible qui met la technologie au premier plan.

    Il faudra sans doute penser à relocaliser certaines activités devenus trop coûteuses dans une ère de raréfaction du pétrole.

    "Pour cela o a besoin à la fois un revenu garanti, qui permet le travail autonome, de coopératives municipales pour exercer son activité et s'associer à d'autres travailleurs autonomes, de monnaies locales enfin pour assurer plus de débouchés à la production locale sans se fermer à l'extérieur."

    => Tout le monde n'est pas capable d'être autonome
    => Qui garantirait ce revenu et en échange de quoi?
    => Comment s'organisent les coopératives municipales?

    Les SEL me paraissent être une alternative crédible surtout en période de turbulance monétaire.
    Un des gros problèmes quand on parle de coopérative est l'innovation.
    Ca fait maintenant longtemps que j'ai étudié ces sujets, il me semble que ce fut la raison principale de la chute du modèle yougoslave et de l'impact finalement limité de la coopérative Mondragon au pays basque.

    A vous lire,

    Karlos

  9. Changer de comportement ( modifier son habitus) voilà ce qui est difficile. Renoncer à mettre son «  point d'honneur » à donner aux autres une bonne image de soi , avec la conscience acquise d'une « bonne idée de soi-même » ,
    ( c'est à dire conforme aux normes présentement admises), cela n'a jamais été pour moi évident . Cela relevait pour moi quelque part de la sainteté ( Thérèse d'Avila parla très bien de cette difficulté)
    Et paradoxalement on est aujourd'hui incapable d'imaginer des échanges avec plusieurs monnaies, dans un monde où l'on voit monsieur faire son marché en communiquant avec son épouse sur le choix du légume et la marque , au juste, des croquettes pour le chat. Des inanités sonores. Et cet autre qui s'installa à 400 km de Paris dès lors qu'il disposerait du TGV pour son travail. Véridique. Loin de lui l'idée d'évaluer les externalités négatives d'un tel usage démesuré de cette technologie.
    Des technologies plus fines là où, et seulement où elles sont nécessaires. Philosophie de l'humilité. Selon Jean Zin : « plus que d'avoir quelqu'un pour me guider, cela a sans doute fini par être un bien de devoir faire avec la fragilité d'un savoir mal assuré » . Ce qui permet d'avancer depuis le Causse une batteries d'hypothèses alternatives posées comme réfutables, à expérimenter, plutôt que de revendiquer la participation au pouvoir. J'approuve.

  10. Ce que dit le texte, c'est qu'il n'y a de changement que du système (ou de système) qui change notre comportement comme des moments féconds comme Mai68 peuvent changer immédiatement les comportements. On pourrait croire que je parle de ce que je ne connais pas sous prétexte que je suis retiré à la campagne mais j'ai été confronté concrètement aux contradictions du travail immatériel et de l'industrie en tant que programmeur et dirigeant d'une petite entreprise d'informatique industrielle.

    Sinon, bien sûr, cet article aux dimensions d'une revue ne peut tout dire et les notions abordées sont traitées abondamment dans de nombreux autres articles qu'on peut trouver sur le site, les principaux étant donnés en liens dans le texte ici.

    Effectivement "Tout le monde n'est pas capable d'être autonome", c'est primordial de le reconnaître et c'est même pour cela qu'il faut des coopératives municipales. Ce qui n'empêche pas qu'on peut préférer être fonctionnaire. Donner la possibilité n'est pas forcer la main.

    "Qui garantirait ce revenu et en échange de quoi?", au mieux, et malgré les anarchistes des beaux quartiers, cela devrait être ce qu'on nomme un peu bêtement l'Etat et qui peut être les caisses de chômage, voire l'Europe. On peut imaginer des formules de substitution en attendant mais qui ne sont pas satisfaisantes. En tout cas, le principe c'est qu'il ne devrait pas y avoir de contrepartie, sauf peut-être de déclarer ses compétences, ce qu'on souhaite faire et, bien sûr, ce qu'on gagne. Ce n'est pas à portée de main assurément, il faudra que ça s'impose par les faits et la simple extension de ce qui existe déjà.

    Pour l'organisation des coopératives, je renvoie aux textes à ce sujet mais il n'y a rien de très précis. Cela ressemble beaucoup aux SELs, sauf que c'est à une plus grande échelle, aux dimensions de la municipalité.

    La coopérative municipale

    La révolution du revenu garanti

    Revenu garanti, coopérative municipale et monnaie locale

    Les monnaies locales, un outil pour la relocalisation de l'économie

    L'avenir radieux

    On peut lire aussi les articles sur André Gorz.

  11. Il est ecoeurant de mêler Gorz à ce capharnaüm idéologique que vous répétez d'un article à l'autre. Je prends acte de ce que vous lui devez idéologiquement, cela ne vous autorise pas à glisser subrepticement votre technolâtrie dans une perspective gorzienne. Il ne faudrait pas oublier que la technomédecine a tué sa femme et qu'il ne partageait certainement pas votre optimisme scientifique.

    Un peu de respect idéologique ne vous ferait pas de mal.

  12. Que la technomédecine puisse tuer, il n'y a aucun doute là dessus, la médecine au sens classique peut tuer, bien plus discrètement qu'un militaire. C'est même tout ce qui fait qu'elle peut soigner. Il s'agit d'un scalpel, qui tue ou soigne. Selon la compétence et aussi l'éthique de ses artisans. Maintenant, face à un problème de santé on peut aussi choisir de laisser faire, Dieu reconnaitra les siens, en quelque sorte.

    Je ne comprends pas le sens de cette déclaration anti-technique, anti-médicale qui voudrait faire croire qu'elle a découvert l'ennemi tapi dans un fourré.

  13. Jean Zin, voterez-vous le 7 juin?

    J'ai pour ma part envoyé ce qui suit à Bellaciao :

    C'est cela, le 7 juin, faîtes l'amour en pensant aux frappes de l'Otan sur les villages afghans et en vous disant qu'il n'y a pas que des va-t-en guerre sur les bancs du parlement européen...

    Mais mon commentaire a été censuré, comme tant d'autres...

  14. Non, je ne vote plus que rarement (référendum et municipales) et comme je le dis dans "Une Europe à refaire", c'est dans les luttes sociales qu'il faut construire une autre Europe, pas dans des élections bidons d'une élite grassement payée.

    Sinon, je suis moi-même très méfiant avec la médecine et le pouvoir médical. J'essaie de garder le contrôle sur ma santé contre des médecins largement incompétents malgré l'efficacité de la médecine sur un certain nombre de pathologies et je privilégie les plantes et les remèdes naturel en premier lieu (sauf quand il y a urgence). J'ai écrit plusieurs textes sur le sujet.

    Jacques Robin (qui était médecin) a lui aussi perdu sa femme qu'il aimait tant à cause d'une maladie nosocomiale dans un hôpital où elle allait faire un examen... Il ne s'agit donc certainement pas de faire une confiance aveugle aux sciences et aux techniques.

    Cependant, je me trouve quand même un peu moins technophile qu'André Gorz dont la promotion des imprimantes 3D et autres ateliers numériques me semblait un peu exagérée, au moins prématurée. S'il n'y avait pas insisté, je n'en parlerais pas mais il avait certainement raison de garder cette perspective de dépérissement de l'industrie par fabrication locale même si ce n'est pas pour tout de suite. La priorité me semble de pouvoir obtenir rapidement par ces procédés qui existent déjà, bien qu'encore un peu trop chers, des pièces détachées permettant de réparer au lieu de jeter les appareils usagés. Ce n'est pas à négliger mais je n'en fais pas quelque chose d'aussi important que Gorz dans ses derniers textes. Je ne prétends pas être un disciple de Gorz même s'il m'a effectivement beaucoup apporté, c'est par contre un fait qu'il m'a soutenu constamment malgré nos quelques désaccords. Ce sont plutôt ceux qui voudraient se l'approprier maintenant qui devraient faire preuve d'un peu plus de "respect idéologique" (drôle d'expression) !

    L'amusant, on l'a remarqué avec d'autres à EcoRev', c'est que la plupart de ceux qui parlent de Gorz, que ce soit pour le prendre pour Illich ou pour le traiter de productiviste, ne l'on tout simplement pas lu, en tout cas pas "Misères du présent, richesse du possible", ni "L'immatériel", ni même son dernier article, pourtant le plus célèbre, sur la sortie du capitalisme. Ce qui distingue Gorz d'Illich (qui était un curé dogmatique même s'il a amené des notions très importantes comme la contre-productivité) c'est sa référence à Marx et donc notamment à la notion de système de production.

    On peut comprendre que les technophobes ne lisent pas de livres qui sont produits par des machines et risqueraient de déranger leurs pauvres certitudes. Ce qu'on comprend moins, c'est qu'ils utilisent un ordinateur (horreur) et qu'ils dépensent notre précieuse énergie pour lire une si mauvaise littérature qui leur donne des boutons (internet, c'est vraiment dangereux!).

    En tout cas, je ne dépenserais pas d'énergie pour répondre à ces crétins qui s'imaginent qu'on pourrait se passer du numérique désormais et qui ne font que se ridiculiser (en permettant aux anti-écologistes de ce moquer de l'écologie voulant nous ramener à la bougie!). C'est à la fois inévitable (il faut que toutes les conneries soient dites) et de peu d'importance au regard de ce qui est le sujet de l'article qui est d'essayer de déterminer les conditions pour arriver à changer véritablement de système de production et sortir du productivisme capitaliste, ce qui ne se fera pas avec juste la conviction qu'il faut le faire, ni qu'il suffirait de supprimer d'un trait de plume le numérique, l'industrie, les villes, la techno-science, etc.

    J'appelle au réalisme et à une écologie responsable car on n'a plus le droit à l'échec et si ce que j'analyse déplait à quelques utopistes déçus, peu importe ! Il y a effectivement un partage à faire entre une écologie de transformation sérieuse et les petits rigolos, illuminés et fanatiques qui déconsidèrent l'écologie (et qu'on devrait appeler plutôt des anti-écologistes objectifs). Il est un fait que si on ne peut construire un autre système qui soit viable en tant que système, le capitalisme s'imposera toujours renforçant les inégalités et nous précipitant dans la catastrophe. En tout cas taxer ce nouveau système de productiviste ou même de technophile, c'est n'y rien comprendre alors qu'il est basé sur les échanges de proximité, le travail autonome et le développement humain...

  15. "Non, je ne vote plus que rarement (référendum et municipales) et comme je le dis dans "Une Europe à refaire", c'est dans les luttes sociales qu'il faut construire une autre Europe, pas dans des élections bidons d'une élite grassement payée."

    Ah, je comprends pourquoi vous n'êtes pas censuré sur Bellaciao alors! (ce qui n'enlève rien à l'intérêt de vos propos...).

    2 exemples de la grande ouverture d'esprit de La Louve et Ferrario (Copas a dû se faire virer récemment comme les autres) :

    Réponse de La Louve à un contributeur de Bellaciao soutenant l'unité à la gauche du PS (Front de gauche) :

    “Tu veux dire : Les médiocres, les naïfs, les petits-bourgeois, les lâches, et les imbéciles (comme toi), tous unis pour faire gagner Sarkozy! “

    Et celle de R. Ferrario à un contributeur qui estime que si l'Union s'était faîte à la gauche de la gauche pour les élections européennes , "on serait sur les talons du PS"...

    Réponse de Ferrario : "ou écrasé sous leur botte et celle du modem....;-))) Tiens un "autre" que se signe pas... "il" pense de reste "anonyme"... mort de rire encore un autre exemple de tentative de manipulation et de "révisionnisme" de part de un "pompier social" du PCF... tu pense que nous ne t’avons pas vu CN????
    signé : RF
    Attention, vous êtes sur Bellaciao, la République Française vous surveille...

  16. Tout ceci est déplacé ici. Comme je n'écris pas sur Bellaciao, je ne peux y être censuré ! Je suis d'ailleurs insupportable à la plupart des militants de tous bords car je ne suis jamais dans la ligne.

    Il est certain qu'on pratique beaucoup à l'extrême-gauche l'insulte et l'exclusion, l'extrémisme faisant office de pensée et même d'action ! On voudrait qu'il y ait les bons d'un côté et les méchants de l'autre. On peut comprendre d'ailleurs que de plus en plus de gens soient énervés en ce moment mais internet favorise la bêtise et la violence verbale, c'est sûr.

    Il n'empêche qu'il faut être aveugle pour ne pas contester cette parodie de démocratie (et ce ne sont pas les députés européens qui décident de la guerre). La démocratie est à refonder, c'est un fait. Il ne s'agit pas de prendre des positions dogmatiques sur les élections, cela dépend toujours du contexte et des circonstances. On peut avoir de bonnes raisons de voter mais ce n'est pas raisonnable de penser qu'on pourra changer l'Europe par nos votes, encore moins arrêter la guerre en Afghanistan, là c'est n'importe quoi et il faut retomber sur Terre...

    Quand à la gauche anti-libérale, elle a montré son archaïsme et ses divisions, il est certain que la déroute est totale, ce qui pourrait faire désespérer sur l'état de nos forces mais pourrait aussi constituer une chance car on ne peut rien espérer sinon d'un mouvement qui s'affirme hors des partis et des syndicats (même s'il faudra fonder sans doute d'autres partis et d'autres syndicats après). Il peut se passer plusieurs années encore avant qu'on y arrive mais cela devrait se produire quand même assez vite si la crise se prolonge.

  17. il y a une recherche sérieuse à faire sur les imprimantes 3D, qui ne me semblent pas capables de répondre à l'enjeu "pièces détachées" : actuellement ces machines servent à fabriquer des objets de communication (architecture, design,...)
    pour moi cela renvoie directement à l'industrialisation de l'artisanat (sa disparition), serruriers-métalliers, menuisiers bois, vitriers, peintres en lettres, vont disparaitre (c'est déjà fait pour certain),
    les fabriquants (artisans) ont été remplacés par les assembleurs (au bout de la chaine industrielle), le menuisier ne fabrique plus ses fenêtres, il assemble des profils standards qu'il commande en exclusivité à une entreprise qui "lui fait des prix", (on ne consomme pas ce qu'on fabrique, on ne fabrique pas ce qu'on consomme) c'est très difficile de trouver un artisan qui fait une pièce "à façon", il vous propose toujours le standard (produit du catalogue, normé, certifié, ...), c'est un problème de valeur d'un travail qui n'est plus reconnu parce que trop cher(le temps passé que vous évoquez)?

    dans le monde de la pièce détachée ou des éléments constitutifs du bâtiment il y a en fait très peu de matériaux : bois, métaux, plastiques
    le plastique pose un problème, les plastiques végétaux n'ont pas une bonne résistance mécanique
    le métal il faut l'usiner = il faudrait démocratiser l'accès aux "petites" machines (fraiseuses, lamineuses, coudeuses, ...) au lieu d'aller vers les imprimantes
    le bois il faut le travailler = les machines existent, tout bon bricoleur peu avoir accès à des outils incroyables pour construire soi-même
    quand au produits verriers avec l'avènement des doubles-vitrages et des classements il est devenu impossible de ne pas passer par l'industrie (actuellement, c'est peut-être transformable)
    la question du métal reste énorme dans notre société (son internationalisation n'y est pas pour rien), il a été remplacé par l'aluminium et le PVC, dont la chaine de production est très grise (l'aluminium est 5 fois plus demandeur d'énergie que l'acier)

    je suis d'accord concernant l'accès à la machine numérisée, mais la forme imprimante ne me semble pas la meilleure, et une question reste posée = comment répare-t'on les ordinateurs? qui sont au départ de toute la chaine
    pour dessiner = ordinateur
    pour écrire = ordinateur
    pour usiner = ordinateur
    pour se déplacer = ordinateur

    pourquoi une machine-outil devrait-elle être commandée numériquement? pourquoi veut-on passer d'un art de faire à un art de commander?
    les artisans abandonnnet un à un (sauf dans le très grand luxe) parce qu'ils ne peuvent plus suivre les exigences de la satisfaction normée : la clientèle, les clientèles, sont demandeuses d'un résultat, et très peu d'une aventure partagée (les coopératives peuvent permettre de retrouver ce gout du partage et de l'échange, sans doute, mais pour quelles échelles de travaux?)
    j'ai l'impression qu'il y aura toujours l'échelle industrielle au-devant de nous?

    ça commençait bien, ça fini mal...

  18. Les maladies nosocomiales sont d'autant plus un problème que les hôpitaux sont en sous effectifs, donc les précautions d'hygiène peuvent laisser à désirer selon l'établissement. Un problème est que le matériel utilisé peut être défaillant de par sa conception même, et personne ne s'en rendra compte parce que une maladie nosocomiale peut avoir diverses causes. Le fait est que les autorisations de mise sur le marché du matériel médical est assez défaillant, les validations techniques sont laissées aux fabricants, souvent pas de réelle contre expertise faite par des offices indépendants. En plus grave, ça concerne aussi les OGM qui devraient être soumis à des tests longs et couteux faits par des organismes publics avant d'être vendus.

    J'en parle parce que j'ai pu détecter pas mal de défaillances de matériel médical, mais je n'ai jamais vraiment pu toujours les faire corriger, pas d'interlocuteur pour le faire. Alors il y a comme ça du matériel qui se ballade dans les hôpitaux et il faudra des années pour peut être s'apercevoir qu'il ne convient pas, qu'il est dangereux.

    La 3D ne permet pas actuellement des matériaux très performants, fiables, ça évoluera peut être mais on y est pas.
    Ca permet de prototyper et d'avoir une esquisse d'un objet.

    La commande numérique ça a moins de charme qu'un tour ou une fraiseuse classique, on fait moins corps avec la machine, mais ça permet la précision et des coûts moindres. Pas très poétique malheureusement, plus dans l'abstraction de la programmation.

    C'est l'évolution des techniques qui fait qu'on se désincarne, il faudra bien trouver d'autres moyens de faire corps, de s'incarner.

  19. @Frank
    C'est déprimant de lire que la disparition constatée de l'artisanat traditionnel serait due au progrès technologique et expliqué par l'industrialisation. Mon grand-père, mon père, mon frère ainé furent des artisans plâtriers. Il fallait être costaud! Et je ne trouve pas que ce soit un mal d'avoir remplacé ce travail par l'assemblage de plaques de plâtre préfabriquées, et de cloisons sèches.( sauf à vérifier le coût écologique,) Par contre j'affirme que mon père ne travaillait pas plus que nécessaire à l'entretien des siens et de sa petite entreprise, dans un monde encore rural fondé sur la paysannerie et l'artisanat familiaux, dont j'ai vécu l'abolition.
    Mais ce n'est pas la technologie et ses capacités d'innovation en elles-mêmes qui ont perdu l'artisanat du bâtiment, c'est seulement les choix opérés par les investisseurs financiers, choisissant dans le sens exclusif de la rentabilité immédiate pour eux-mêmes. Par exemple au lieu de fabriquer sérièllement des parpaings en gravier aggloméré, on avait la capacité de fabriquer et fournir aux maçons des machines- outils pour pérenniser les murs traditionnels en pisé de terre ( au moins dans certaines régions). Ou bien, on aurait pu suivre Le Corbusier qui préconisait de construire les maisons comme les automobiles.On a suivi des choix de financiers, c'est tout.
    Considérer comme irréaliste la recherche dans le sens de l'imprimante 3D par principe c'est une erreur. Peut-être en effet y a-t-il là une possibilité future de reconstituer un certain " artisanat". Le seul problème c'est de savoir si cela intéresse les investisseurs financiers, et les organes de décision. Si ce n'est par rentable pour les actionnaires, alors ce sera laissé au placard!
    Il est vrai toutefois que je souhaiterais pour mon compte disposer plus tôt de coopératives et de locaux dotés d'outillage classique pour travailler le bois, les métaux, la terre cuite, le tissus, etc... car les artisanats traditionnels sont au-dessus de mes moyens. C'est une vieille revendication de ma jeunesse ( au PSU! quand nous faisions à la main des affiches contre la guerre au Vietnam!)
    En économie plurielle dans l'esprit de Robin il y a une part pour la production industrielle ( série), une part pour la commande numérique ( création programmée) une part pour le travail manuel ( sous contrôle de la chair sensible)
    Merci à Jean de me supporter.

  20. @Olympe : Franchement, le lien donné ne donne pas envie d'aller voter. Il n'y a aucune chance que l'Europe quitte l'OTAN dont elle tresse les louanges même si une défense européenne est vaguement évoquée...

    @frank : Assez d'accord avec Frank, sauf que je crois que tout de même les imprimantes 3D sont déjà capables de faire des pièces détachées utiles et assez solides (j'ai été assez impressionné par ce que j'ai vu) sans avoir bien sûr la solidité du métal qui serait effectivement préférable. On promet pour bientôt des imprimante 3D utilisant des métaux mais on n'a pas vu encore. C'est pour cela qu'on parle de petits ateliers numériques permettant d'usiner des pièces métalliques.

    L'avantage que ce soit numérique, c'est qu'on a pas besoin de savoir faire pour produire la pièce dont on a besoin. Il est certes dommage que l'artisanat disparaisse, le revenu garanti pourrait aider à sa renaissance, mais c'est l'industrie qui a tuée l'artisanat, pas les imprimantes 3D.

    Mon grand-père était menuisier et je trouve bien agréable le travail du bois (sauf le ponçage et sa poussière !) mais je ne suis pas du tout bricoleur ni doué pour cela (j'ai essayé!), il faut penser aux handicapés dans mon genre !

    Pour réparer les ordinateurs, la seule solution est la modularité (pouvoir changer les composants sans tout changer), outre qu'on s'oriente vers de petites Unités Centrales qui pourraient être nos téléphones mobiles, reliés à des périphériques autonomes (Ecran, clavier, imprimante, etc.) qu'on n'a pas besoin de changer en même temps que l'UC (une autre tendance récente est de tout déporter sur le réseau, n'ayant plus besoin d'ordinateur, seulement de se brancher au réseau).

    Je n'arrête pas de répéter qu'il y aura toujours de l'industrie et de l'agriculture, il s'agit juste d'en restreindre le champ et d'augmenter la part d'auto-production et de production locale pas de vouloir vivre en autarcie ni de revenir en arrière.

  21. @ Jean ZIn. Qu'on se comprenne bien : je ne vais pas aller voter pour ce texte mais CONTRE en donnant ma voix au Front de gauche dont les candidats se prononcent contre le rôle de l'OTAN en Europe et la participation de la France à cet organisation fer de lance de la politique guerrière des USA.

  22. En ce qui concerne les technologies de fabrication 3D, les premières pièces en stéréolitographie que j'ai pu voir il y a 20 ans se déformaient dans la journée. Aujourd'hui avec le frittage de poudre métallique nous fabriquons des outillages d'injection pour petite série (quelques centaines de pièces). Il y a même des pièces de série en aéronautique qui sont fabriquées avec ce type de procédés que ne pourrions pas usiner.
    L'imprimante 3D sur le bureau ca existe dans certains BE les premieres pour des objets de dimensions réduite sont à moins de 10000€ .
    Pour qu'une imprimante 3D fonctionne il lui faut un fichier aujourd'hui le format STL et ce sont des logiciels de CAO qui les fournissent donc du travail assez qualifié et immatériel.

    Il existe de nombreuses technologies de prototypage rapide et de nombreux type de matériaux transformés dans certains cas ces procédés sont en concurrence avec les fabrications conventionnelles aussi bien en termes de coup, faisabilité mais aussi qualité.
    En espérant ne pas être hors sujet, merci Jean pour votre travail, je vous lis depuis longtemps sans jamais être intervenu.

  23. Il y a quand même un problème avec les imprimantes 3D, je ne sais pas si c'est une question de communication ou quoi, mais l'information sur les capacités, les prix, la disponibilité ne passe pas. Apparemment, même ceux qui travaillent depuis longtemps avec des imprimantes 3D, comme Olaf, ne sont pas au courant des derniers produits. Le plus étonnant, c'est que quelqu'un d'aussi averti que Daniel Kaplan va jusqu'à dire dans son dernier billet sur Internet.actu que les imprimantes 3D n'existeraient pas encore !!!

    "Au bout du rêve, deux machines qui n’existent pas encore : l’imprimante de bureau en 3 dimensions, capable de réaliser des objets couche par couche à partir d’un modèle, et la machine-outil autoréplicante, c’est-à-dire capable de se reproduire elle-même."

    http://www.internetactu.net/2009/05...

    Par ailleurs, cet article qui mélange l'internet des objets avec la fabrication personnelle assistée par ordinateur, est intéressant sur ce sujet parlant de Neil Gershenfeld qu'André Gorz citait déjà et des expérimentations en cours de petits centres de production (en Afrique, au Costa-Rica, etc.). Il parle surtout du mouvement des "Bricolab" que je ne connaissais pas (il faut dire que c'est encore très embryonnaire) et qu'il présente ainsi :

    "Enfin, le mouvement des “Bricolabs” envisage l’appropriation citoyenne des technologies, à la fois comme une manière de contrecarrer leurs usages à des fins sécuritaires, comme une extension logique du mouvement du logiciel libre, et comme une forme écologique et sociale qui, par le détournement, élargit l’accès aux technologies et augmente la durée de vie des machines."

    Plutôt que se dire que tout cela est dérisoire, voire utopique, il ne serait pas mal d'exiger que les fabricants soient obligés de rendre accessible le plan numérique de leurs pièces détachées, ce qui créerait un véritable marché pour des imprimantes 3D dédiées à la réparation, la réparation étant un enjeu important pour limiter le gâchis mais qui est forcément non rentable à cause du coût de la main d'oeuvre comparé à l'industrie.

  24. D'accord sur "le choix des financiers".
    Je ne dis pas que c'est l'industrialisation qui est LA cause de la disparition de l'artisanat, mais elle y participe puisque au bout de la rationnalité et au bout de l'optimisation il ne reste que le calcul (calculer tout est une forme de nihilisme). Dans le monde industriel c'est très difficile de refuser de pousser l'optimisation toujours plus loin. Si on arrête d'optimiser on est mort.
    Il faut toujours des échelles intérmédiaires. Garder mordicus des gestes rudimentaires dans des procès optimisés. Les gens du Bauhaus se sont engeulés là-dessus dans les années 20/30, entre industrie au service du standard (le bien pour tous), ce qui se retourne en vie standard au service de l'industrie (toute la question du modernisme), et invention technique participant d'une nécessité d'inventer et de renouveller les formes artisanales (changer le travail, changer la vie). A peu près.

  25. Il existe plusieurs technologies pour fabriquer des objets en 3dimensions à partir d'un fichier CAO 3D volumique(le plan papier n'existe pas) et dans tous les cas un traitement du fichier est nécessaire pour la commande machine et pour le positionnement dans l'espace de l'objet ainsi que de ses supports. Évidemment ce n'est pas encore le bouton imprimer qui assure la fonction mais un technicien qui exploite le fichier d'un concepteur, en ce sens ce ne sont pas encore des imprimantes 3D pour tous.
    Bien entendu les secrets et la propriété intellectuelle dans l'industrie font que peu de personnes sont informées correctement des différentes capacités de chaqu'une des techniques.
    Les matériaux tel que papier,cire, elastomère, thermoplastique transparent, ABS, poudre métalique et bien d'autres sont disponibles pour prototypage de validation de forme et/ou validation fonctionnelle.
    Pour le copiage et l'auto reproduction, le copiage mécanique avec palpeur sur fraiseuse a double tête existe depuis des dizaines d'années mais ca ne se fait pas sans un bon compagnon pour les réglages. Aujourd'hui des scan3D de grande dimensions existe mais il y a aussi les palpeurs laser qui vous créez le fichier CAO exploitable....

    Pour ce qui est du plan numérique des pièces détachez i y a le soucis de l'interopérabilité des systèmes CAO/CAD ensemble ainsi que la volonté de se faire copier.Néanmoins il existe des formats passerelle *.igs norme IGES et*.stp STEP qui sont les principaux utilisés mais certaines caractéristiques de la pièce peuvent passer au travers. Il existe quand meme des bases de données pour les éléments mécanique standart et propriétaire en 3D natif pour quasiment tous les logiciels, c'est un peu cher en accès.

    Tout ca pour dire que pour les ateliers de proximité la technologie existe après c'est une question de volonté.

    Un bémol quand meme ce sont les tolérances de fabrication pour les jeu fonctionnels .....Et pourtant nous faisons des moules d'injection en frittage de poudre métallique (grain < 100microns).

  26. Autre problème, les matériaux pour 3D ou stéréolithographie sont des résines polymérisables, qui puent parfois, en général bien difficiles à recycler, à part les incinérer. Les métaux ou plastiques habituels m'apparaissent plus réutilisables en les refondant.

    Ce que j'ai vu contrairement au lien précité, c'est qu'une 3D peut créer en une vague un assemblage de pièces qui acceptent un jeu, axe tournant par exemple.

    Le process 3D est bien séduisant, mais ses matériaux dont la mise au point est souvent lente conditionnent toute l'empreinte écologique, devenir des molécules utilisées, bilan énergétique du cycle de vie, de la production au recyclage. On voit bien le temps qu'il a fallut pour arriver tout juste à des panneaux solaires, à des prémisses de stockage de l'hydrogène sûr, ou même à ceux de la fusion nucléaire qui comme la fission nécessitent des matériaux très au point, c'est en général la plomberie qui casse, ce qui nécessite beaucoup d'investissements, de tâtonnements par essais, un peu comme les recettes de cuisine. C'est un peu le paradoxe, les technologies de l'information, assez déterministes dans leur structure, ont été très vite, les techniques plus matérielles, chimiques, biologiques, médicales apparaissent assez lentes

    Dans ce que j'ai pu faire, j'ai souvent vu à quel point des domaines peuvent stagner longtemps, en attendant un saut technologique souvent prophétisé et toujours pas là.

    En fait dans ces domaines de recherche, il y a un aspect artisanal, demandant de l'inspiration, de la sueur, du flair, quelques connaissances et réflexions aussi, rien de bien rassurant en somme, mais motivant quand même.

  27. En somme il y a, selon la belle formule de Frank " du geste rudimentaire dans les procès optimisés"? Maintien d'un part "artisanale" d'inspiration, d'expérimentation, de flair, comme le remarque Olaf, et de patience ( ce rudiment essentiel)? Ce qu'il convient de " garder mordicus"( Frank a raison) c'est, et c'est bien ainsi, ce que Vinci préconisait pour l'art comme pour la science: une " obstinée rigueur", laquelle, il faut le répéter, est en contradiction avec l'esprit de compétition, de profit, de consommation, et l'appétit de pouvoir .

  28. Le caractère artisanal peut se conserver dans le bricolage auquel Gorz là aussi accordait comme au travail manuel ou aux imprimantes 3D une plus grande importance que moi. En fait le rapport à la matière, je le trouve plutôt dans les activités artistiques. Il y a un texte d'Alain où il montre que c'est la résistance de la matière qui crée la beauté. L'artisanat, c'est certain a sa noblesse (le travail de la mine aussi!), le travail manuel en général (il paraît même que c'est bon pour le moral de faire travailler ses mains) mais on a toujours tendance à vouloir généraliser ses propres penchants. Il faut distinguer ce que l'état de la technique exige ou non de travail manuel et ce qu'on veut faire soi-même. Il est très important de ne pas vouloir unifier les modes de vie de façon totalitaire et de laisser la place à la diversité des modes de vie, y compris ceux qu'on désapprouve personnellement.

    Sinon, merci pour toutes ces précisions sur les imprimantes 3D, bien qu'elles ne me semblent pas s'appliquer forcément aux derniers produits. Pour l'odeur, je ne sais pas, c'est sans doute encore vrai, en tout cas la question du matériau est effectivement cruciale, ce qui devrait faire préférer les ateliers numériques pour l'instant, tant que les imprimantes 3D ne permettront pas d'imprimer en métal ou en bois.

    Il y a effectivement une grande distance entre le fait d'avoir une technique qui marche et le fait qu'elle soit vraiment opérationnelle. Cela m'évoque les réseaux pour micro-ordinateurs qui marchaient vraiment très mal pendant une dizaine d'années avant l'essor d'internet. Les sauts peuvent être considérables.

    Les imprimantes 3D ne sont pas ce qui m'intéresse le plus mais le travail autonome, les échanges de proximité, la démocratie locale, la circulation des savoirs, le développement humain. Ce pourquoi on ne peut pas s'en désintéresser cependant, c'est pour la désindustrialisation et les pièces détachées au moins. On retiendra qu'on n'est pas encore dans le produit de masse mais je maintiens qu'il y a déjà des produits accessibles, peut-être pas au niveau personnel, mais d'une coopérative municipale sans aucun doute. Le fait d'avoir accès au plan numérique (fichier CAO) des pièces détachées reste un objectif écologique à ne pas négliger. Si c'est impossible de l'imposer, cela peut faire au moins un argument commercial dans le même esprit que l'open source pour des "produits durables".

  29. Un étudiant préparant son doctorat de chimie m'affirmait que pour obtenir d'un certain métal,sur lequel son labo travaillait, les réactions attendues, il était utile de le marteler. Et comme je soupçonnais un manque de moyens de l'université ( « quoi, à ce niveau des gestes d'artisan! ») il me répondit qu'au niveau de la recherche, pourtant non trivial, la chimie comporte encore un aspect bricolage.
    Bien sûr que vous avez raison, Jean, de dire qu'il faut laisser la place à la diversité des modes de vie, mais heureusement (c'est motivant!) que dans la plupart des domaines du savoir il y a une part de hasard, d'inattendu, de surprise, et la nécessité aussi bien de transgresser l'ordre qui convient, ou
    même de régresser vers les rudiments de départ et de manipuler. Non?

  30. La satisfaction d'avoir fait quelque chose, ça peut venir de l'art, de l'artisanat, d'avoir fait son ménage, ce qui ne m'amuse jamais trop aussi ou son jardinage, ça revient à ce disait J Zin dans un billet précédent sur l'action. Donc chacun ses repères et prédilections. Le fait est que pour moi bricoler, manipuler de la matière ça me réussit; Pour d'autres ce sera autre chose. Il est possible aussi de supposer que le lien neurologique de la main au cerveau soit une forme de tropisme fréquent chez certains.

    De fait de l'art à sa pratique, comme pour la science ou la technique il y a des échanges bottom-up et up-bottom.

    Un peintre va concevoir son tableau et en le faisant, en travaillant la matière, la couleur, la forme ou le trait, va bifurquer vers d'autres choses, d'autres techniques picturales quitte à s'éloigner de son intention initiale. Un peu comme un promeneur peut se perdre et se retrouver en ayant un peu plus d'aventure qu'en ayant fait le chemin initialement prévu.

    Sinon, les fichiers 3D sont l'information qui peut être traitée par divers outils, imprimante, centre d'usinage etc...

    L'idée d'une impression 3D d'objets cheap en pâte de cellulose est intéressante. Faire des meubles avec des formes autres que les classiques meubles à angle droit. En France où les forêts sont nombreuses, les résidus de scieries à proximité pourraient faire de la pâte de cellulose imprimée ensuite localement. On peut faire le même processus avec de la terre, argile. Une hypothèse d'objet à circuit local...

    Juste pour illustrer que les technologies comme internet, ou 3D, sont des technologies génériques dont les diffusions seraient rhizomatiques selon une expression de Deleuze.

  31. Sur le côté bricolage, c'est effectivement assez universel et rassurant sur notre accommodation à la réalité rugueuse qui ne se réduit jamais au concept mais c'est aussi ce que j'ai expérimenté dans les automatismes. On le sait depuis longtemps, un moteur théorique ne marche pas. Il faut toute une mise au point par essais erreurs. Quand on arrivait sur une chaîne avec nos programmes, on avait l'impression que le travail était fini alors qu'il commençait tout juste. Au début, c'est même désespérant, on se demande comment ça pourra jamais marcher avec une mécanique capricieuse aux temps trop variables, des capteurs trop sensibles ou pas assez. Il faut doubler des tests, mettre des délais, inventer des solutions improbables. On se retrouve avec un programme plein de verrues qui n'a plus du tout sa "beauté" et simplicité première. L'informatique cela n'a rien d'une science, c'est bien plus du bricolage dans le sens que lui donne Claude Lévi-Strauss de pensée sauvage qui fait avec ce qu'il y a, réutilise l'existant (bibliothèques de fonctions). En fait, toutes les pensées innombrables qui ont peur que le réel se dérobe peuvent se rassurer, le réel nous échappe toujours. C'est sa définition pour Lacan, ce qui est rejeté du symbolique, son effet en retour. Aucune chance qu'il disparaisse sous le tapis...

  32. Pour l'informatique, je l'ai remarqué aussi, pas mal de bidouille. A une époque j'ai programmé des automates industriels, j'y connaissais rien, j'ai lu la doc du fabricant et me suis renseigné auprès d'un collègue qui m'avait signalé des problèmes sans trouver la solution. Après plusieurs échecs et dysfonctionnements, j'ai fini par avoir une autre approche, j'avais établi des algorithmes logiques parallèles redondants, en m'inquiétant de leurs interférences éventuelles. En fait, ça a très bien marché, si un algorithme défaillait, son parallèle prenait les commandes ou plutôt complétait l'autre algorithme qui avait des failles. J'ai seulement essayé, il n'y avait aucun risque. Je ne pourrais décrire plus précisément comment ça marchait, ça fait longtemps...

    Toujours est il que si je consommais plus de calculs, le résultat était fiable, un peu comme internet utilise de multiples canaux possibles pour palier les défaillances.

    Comme quoi même avec un automate industriel on peut avoir des surprises et être étonné des résultats quitte à transgresser la documentation du fabricant.

    La biologie me parait fonctionner aussi en réseaux complémentaires ou supplétifs. Beaucoup de redondances.

  33. Les derniers commentaires d'Olaf et de Jean seraient de nature à redonner du tonus à tant de gens qui paniquent face aux nouvelles technologies. Car toutefois oui, il est essentiel que «  le réel nous échappe toujours », ce qui nous laisse humbles, et étonnés. Je trouve que l'informatique, telle que la décrivent Jean et Olaf ici, présente pour moi qui suis novice une grande analogie avec cette pierre taillée préhistorique que j'ai trouvée en Italie: Elle n'a rien d'un prototype parfait de musée, mais on y voit toutes les usures produites par des usages divers ( ( elle a frappé, gratté, poli,selon plusieurs positions !) Elle présente des prises pour le pouce et pour les doigts. Une merveille d'ergonomie.Et on peut rêver d'un cyborg aussi bien adapté au corps humain! Aprés bien des bricolages. Apte à mettre en désarroi les trolls idéalistes qui, de temps à autres, se laissent aller à la limite de l'insulte dans les commentaires de la revue des sciences que nous propose Jean chaque mois.

  34. Un bémol tout de même. Une fois que ça marche, un automatisme peut être très robuste. Le principe de la cybernétique, c'est qu'il y a toujours des erreurs, on rate toujours la cible, sauf qu'en se réglant sur le résultat et en corrigeant les erreurs, on obtient des systèmes aussi résistants que la vie basée sur ces mêmes principes.

    On a toutes sortes de raison, depuis des siècles, de craindre perdre notre humanité et la réalité elle-même. Tocqueville et Kojève pensaient qu'on deviendrait des porcs d'Américains (sans parler d'Arendt, etc.). Armées, religions, sectes, totalitarismes, écoles de commerce tentent effectivement de nous faire perdre notre humanité mais ça ne marche jamais bien longtemps, ce n'est pas quelque chose qu'on peut perdre car c'est lié à l'absence de l'Autre, garant de la vérité. Il n'y a pas comme le croient des révolutionnaires exaltés la vérité d'un côté et le complet mensonge de l'autre (ou les gentils et les méchants : nous sommes à la fois autonomes et solidaires, individualistes et sociables, libéraux et communistes). Le faux n'est jamais complètement faux, c'est aussi un moment du vrai (qui est lui-même un moment du faux dans cette dialectique par essais-erreurs). Ainsi, pour revenir un peu à l'article, le capitalisme n'est pas sans qualités et les écologistes ne sont pas sans défauts...

  35. Est-ce qu'on peut se permettre une inversion et dire "ce qui nous échappe, c'est cela qu'on nomme le réel". On dirait la même chose mais ce n'est pas la même chose.
    Les bonnes formes s'approchent par tatonnement, par itération, elles ne sont bonnes (réelles?) que si elles ont échappées à notre vue de l'esprit.
    Cela me rappelle la notion compossible / imcompossible de Deleuze : les choses qui peuvent faire partie de notre univers et les choses qui ne peuvent pas. Ou principe de non-contradiction?
    Pour faire partie de notre univers les espaces, les objets ou les procédés que nous fabriquons (et que nous avons d'abord conçus, "vus"), doivent s'ajuster à une dimension dont nous ne pouvons avoir la perception juste.
    Le précédent article "la bulle spéculative" prend pour moi une nouvelle dimension.
    Etre dans les petites hypothèses plutôt que les grandes, c'est évident.

    @ p.ch.
    Il est certain que les sacs de plâtre et les règles de lissage en plafond c'est dur, mais l'univers de la plaque de plâtre à appauvri la qualité architecturale et l'a fait rentré dans la logique de l'habillage et du cache misère. La plaque de plâtre, sur son rail d'acier, ne fait pas corps avec le reste. C'est un détail qui compte dans la qualité du travail. Il y a quand même des techniques qui fabriquent de la perte. Ce qui compte dans la plaque de plâtre c'est la peinture qu'on met dessus! La plaque de plâtre est prise dans une chaine qui est liée au monde du parpaings (la maison inviduelle sous forme de lotissement, promulguée par les Chalandonettes, Chalandon qui, à ma connaissance, à abrogé les coopératives d'habitant en 1971, c'est étonnant comme tout se tient, comme tout arrive en même temps) : industrialisation de l'espace construit. Certes la plaque de plâtre est antérieure aux années 70.
    On pourrait dire : c'est bien, tout le monde peut devenir plaquiste en un rien de temps (petite formation),mais c'est lié au type d'espaces produits, que ce soit en commerce, bureau ou habitation : construire vite, dans les normes et les conventions, au prix du marché (voire moins). Travail fatiguant de toute façon, et peu intéressant (même en faisant l'effort de ne pas m'y projeter). Un univers un peu triste et peu inventif. J'essaie de faire sans, étant architecte c'est difficile, par nature puisque le suis pris également dans une forme de pensée "industrialisante". Je ne crois pas que produire des maisons comme les voitures aurait été une bonne chose, de toute façon la standardisation a eu lieu d'une autre manière (archietcture de chemin de grue). Dans notre société le standard cache l'individualisation de tous les équipements, donc leur consommation. Il faut donc produire autrement. Du mi-standard?

  36. @Frank
    Je ne défends pas moi non plus le standard parpaing avec sa centrale au niveau du chef lieu, ni le standard industriel encore plus centralisé, à l'echelle de l'appartement préfabriqué ensuite rangé en casier. Mon propos étant de déplorer qu'on ait pas permis de créer une petite mécanisation au service de types traditionnels ( terre, torchis, structures bois) J'irai encore plus en amont que Chaladon pour expliquer l'origine d'une régression vers l'uniformisation de l'habitation : le parpaing et la chalandonnette ont trouvé leur justification uniquement dans le prix très bas du pétrole. Pas besoin d'isoler, en 1971, avec le fioul domestique à 18 centimes de francs anciens le litre! Mais dès la première crise pétrolière la plaque de plâtre à eu comme «  gloire » de cacher la misère du polystyrene et de la laine de verre, les isolants synthétiques produits en chaîne.
    Tout se tient, dans un consommérisme où chacun sauve ce qu'il peut, dans un compromis , à sa porte. Il n'y a pas de vision globale possible, chacun est prisonnier des desseins du système, lequel n'est attentif qu'à de purs calculs d'intérêts.

  37. Lacan donne du Réel une définition qu'on peut rapprocher de celle d'information bien qu'il le définisse comme ce qui est rejeté du symbolique pris ici comme discours constitué, savoir, information enregistrée, structurante, en opposition à ce qui fait information par sa nouveauté et son improbabilité. En effet pour Lacan, le Réel, c'est la surprise, l'impossible ("le réel, c'est l'impossible" vient de Maine de Biran). C'est aussi ce qui résiste, ce sur quoi on se cogne. Ce qui est intéressant dans cette définition du Réel, c'est qu'il ne peut se comprendre sans le symbolique qui lui donne forme, ni sans l'imaginaire qui lui donne consistance (sans l'intentionalité qui le constitue comme obstacle à son objectif). En tout cas, ce Réel là, il n'y a aucune chance qu'on le perde, pas plus que les surprises de l'existence dans un monde qu'on prétendrait entièrement contrôlé et dépourvu de pensée, ce qui n'est qu'un fantasme (toujours présent d'ailleurs).

  38. C Rosset :
    http://www.actu-philosophia.com/spi...

    Il relate ses rencontres avec Althusser ou Deleuze qui ne parlait aucune langue étrangère, comme anecdote, d'où sa condamnation de Wittgenstein par traduction interposée.

    Le refus du réel entrainerait un dédoublement, formation du désir d'un destin parallèle. Effectivement, mais on s'en doutait un peu. Ceci dit en quoi peut on accepter le réel, à part sous son emballage de pochette surprise, bonne ou mauvaise. Tenter d'anticiper le réel, il n'en parle pas car ce serait moralisant, ma foi...

    La nécessité du bonheur épisodique serait l'étalon du tragique réel.
    La bouffée d'oxygène avant une phase d'apnée.

  39. Article intéressant de R Reich :

    http://contreinfo.info/article.php3...

    Quand on nous parle tant des délocalisations qui existent sans conteste, le fait est que l'automatisation semble avec ses gains de productivité commencer à aussi avoir ses effets, plus vite qu'on le penserait, en Chine et probablement alentours.

    Si j'en parle, c'est que j'ai vu récemment une usine quasiment entièrement automatisée, on y voit presque personne et les mouvements sont ceux de charriots guidés ou de machines automatiques.

    Seuls quelques rares individus faisant l'entretien des machines circulent sporadiquement dans cet univers.

    A moins d'un cataclysme, j'ai du mal à croire que ça puisse être réversible. D'où la nécessaire réflexion sur les moyens de rémunérer ceux qui ne sont pas dans ce processus de production matérielle et en fait immatérielle.

    Un bémol sur le texte de Reich, quand il parle de personnel peu qualifié dans les hôpitaux. Une infirmière doit utiliser du matériel de plus en complexe et ne me parait pas être de moindre qualification sans compter les autres qualités à avoir.

    L'élément clé de cet article est que la répétitivité des tâches s'automatise de plus en plus, voilà, ça parait connu mais ce mouvement continue et déterminera aussi les économies émergentes.

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