2016 - rétrospective, histoire de la philosophie, constitutions mixtes, Brexit, Trump... (63 ans)
L'année
s'annonce mal, sous la conjonction des crises
économique, politique et migratoire. El Niño nous
a gratifié d'un hiver trop doux (jamais il n'a fait si chaud) et
ma situation reste précaire mais avec une santé (et un moral) pour l'instant au top.
Revue des sciences janvier 2016, 01/01/16
Le retard des technologies
- Pourquoi rêvons-nous ? - Quand l'environnement façonne les langues -
Un "holomètre" montre que l'espace-temps est continu, pas quantique -
Production d'un couple proton-antiproton par annihilation
électron-positron - La feuille artificielle bientôt opérationnelle ? -
Des ballons solaires en altitude - Siemens veut convertir du CO2 en
carburant avec le soleil - Une colonne d'algues pour capturer le CO2 -
Les particules métalliques, carburant propre de l'avenir ? - Les
météorites en phosphures de fer (schreibersite) à l'origine de la vie ? -
Les eucaryotes, une réaction à la toxicité des océans ? - Des animaux
marins couvaient leurs oeufs il y a 500 millions d'années - Des couples
d'oiseaux discutent pour se répartir les tâches - Les hommes dorment
moins et mieux que les singes - La domestication du chien datée par
l'ADN de 33 000 ans -Des Homo Habilis, il y a 14 000 ans au sud-ouest de
la Chine ? - L'agrégation hiérarchisée au principe de l'abstraction
dans le cerveau - Conscience/inconscience, question de fréquence - Le
cerveau prend ses décisions dans l'action - La caféine change
radicalement la connectivité du cerveau - Les mauvaises actions plus
considérées comme intentionnelles que les bonnes - Les hommes pauvres
ont moins de testostérone et vieillissent plus vite - Le THC agit comme
l'ocytocine - Une caméra laser qui voit même dans les coins - Un
smartphone transformé en imprimante 3D - Naviator, le drone qui va aussi
sous l'eau
Revenu bien fatigué des fêtes et de la revue des sciences (avec une
version de LibreOffice buggée produisant des pdf inutilisables - corrigé
depuis). L'hiver arrive enfin et la réparation de la chaudière tient
pour l'instant...
Rétrospective 2006-2015, 13/01/16
Si j'ai voulu revenir sur mon parcours de ces dix dernières, c'est que
sa cohérence m'est apparue après-coup et que j'ai éprouvé le besoin de
faire le point sur une évolution qui n'était sans doute pas seulement la
mienne dans ma génération. On peut dire, en effet, que notre situation
métaphysique et politique a radicalement changé depuis notre jeunesse,
poursuivant le mouvement d'une sortie de la religion, qui ne date pas
d'hier, par une sortie de la politique (ou du théologico-politique des
grandes idéologies). Que cette situation soit objectivement la nôtre
dans nos démocraties pluralistes à l'heure de la globalisation
numérique, ne signifie pas une fin de l'histoire achevée, loin de là,
nourrissant au contraire des réactions agressives de retour du religieux
ou de la Nation (des guerres de religions et du rejet de l'étranger)
avec les appels lancinants d'intellectuels attardés au réenchantement du
monde et au retour des utopies les plus naïves. La belle unité de la
pensée et de l'être comme de l'individu et du cosmos est rompue, c'est
le non-sens premier, l'absurde de nos vies (la misère de l'homme sans
Dieu) que l'existentialisme avait déjà affronté mais qui maintenait une
primauté du sujet. Ma propre évolution, qui a pris beaucoup de temps,
peut se lire comme un approfondissement du matérialisme et du domaine de
la nécessité, de déterminations extérieures, sans pour autant viser,
comme le stoïcisme à l'acceptation de son sort ni, comme le marxisme à
une impossible réconciliation finale.
En fait, ce qui m'apparaît après-coup, c'est que mon
évolution réelle aussi bien politique que philosophique peut être vue
comme les conséquences (ou un renforcement) de ce qui a été vu dès le
départ presque des alternatives locales à la globalisation marchande qui
résultait déjà de la déception politique sans pouvoir l'admettre
complètement.
Et si tout ces bouleversements finissaient par s'arrêter ?, 16/01/16
Vers la fin de l'histoire. Les transformations s'accélèrent sur tous les
plans. On ne sait jusqu'où ça peut aller, ayant tant de mal à suivre le
rythme, mais, en fait, ce qui se passe, c'est plutôt qu'un monde
s'écroule et qu'un autre le remplace. L'accélération technologique n'est
peut-être que passagère (et manifestant déjà un certain ralentissement
?), non que les progrès techno-scientifiques puissent jamais s'arrêter
mais ils pourraient perdre de plus en plus leur caractère "disruptif"
bouleversant l'organisation sociale à mesure qu'une nouvelle
organisation se met en place. Il ne sert peut-être à rien de se projeter
à trop long terme alors que notre situation immédiate est toute autre
mais il me semble qu'on peut prendre pour hypothèse au moins la
possibilité qu'on s'achemine vers une certaine stabilisation après la
phase d'équipement et l'adaptation des institutions ou des rapports
sociaux au nouveau monde numérique. La nouvelle économie ayant besoin
d'autonomie et de compétences spécialisées exige une individualisation
des parcours fortement entropique, ce qui lui donne une grande inertie
et limite beaucoup les capacités de changements globaux, tout comme
d'empêcher les mélanges. De même, plus le local prendra de l'importance
et moins on pourra agir de façon centralisée, l'ordre global devenant à
peu près immuable. Ce prospectivisme est à l'opposé de la construction
de sa petite utopie formant le monde à sa convenance puisqu'il faut au
contraire essayer de comprendre les mesures qui s'imposeront au regard
de la globalisation en cours et des évolutions du travail ou de la prise
en compte de la dimension locale du développement humain.
La naturalisation du capitalisme, 26/01/16
Les critiques du capitalisme ont toujours réfuté la naturalisation du
capitalisme. Certains vont même remonter jusqu'à la préhistoire pour
démontrer que le capitalisme n'existait pas du tout à cette époque, et
que donc nous pouvons vivre sans ! Il faut dire que ces critiques mènent
souvent, sinon à la négation de l'évolution, du moins à prendre leurs
distances avec le darwinisme considéré comme simple expression de
l'idéologie capitaliste. L'essentiel à reconnaître pourtant, c'est
d'abord l'évolution elle-même, sa dynamique comme phénomène extérieur
qui s'impose à tous et dans lequel nous sommes pris. Il est clair que
l'économie ne renvoie pas du tout à un état de nature originaire
puisqu'elle repose largement sur l'Etat de Droit et des constructions
juridiques relativement récentes. Cependant, pour Marx, le capitalisme
est bien une conséquence naturelle du machinisme et un stade nécessaire
de l'évolution - supposé préparer le communisme. En fait, les
économistes qui invoquent le caractère naturel du capitalisme disent
seulement qu'on aboutirait au capitalisme lorsqu'on laisse les choses
évoluer d'elles-mêmes. C'est dès lors la même chose de parler de marché,
de libéralisme ou de capitalisme puisqu'il s'agit à chaque fois de
laisser faire les marchés à l'opposé de tout volontarisme planificateur.
En effet, aussi incroyable que cela puisse nous paraître, l'évolution
"naturelle", libre, folle, se révèle étonnamment plus productive qu'une
planification rationnelle. L'hyperpuissance américaine valide son
système économique qui lui donne cette domination planétaire. Hayek
explique l'échec de l'économie administrée par l'impossibilité d'une
information parfaite, il me semble plus exact de parler d'une sélection
par le résultat conformément au mécanisme darwinien, non pas qu'il
faudrait justifier ainsi l'élimination des plus faibles mais seulement
la supériorité du jugement a posteriori sur le jugement a priori
et de la détermination par l'extérieur sur notre propre volonté (ou
savoir). Ce qui est sûr, c'est que nous ne récupérons pas la main, tout
au contraire et s'il y a une sorte de fin de l'histoire, ce n'est pas du
tout d'être arrivé au but mais de ne plus pouvoir rien changer
fondamentalement même si tout change tout le temps.
Joël de Rosnay m'a donné son dernier livre à lire et critiquer, cela a
retardé la publication de ce dernier article empiétant sur la période de
la revue des sciences, ce qui chargera un peu plus les jours suivants
mais, globalement, je vais très bien.
Revue des sciences février 2016, 01/02/16
La matière manquante de l'Univers cachée dans la toile cosmique -
Propager la résistance au paludisme chez les moustiques - Que serait un
temps symétrique à l'espace ? - Des variations de luminosité
inexplicables - Le trou noir de notre galaxie se réveille - De nouvelles
planètes dans notre système solaire ? - Un tissage nanométrique apporte
solidité et flexibilité - Le réchauffement des océans aurait doublé
depuis 60 ans - Un polymère transparent qui stocke la chaleur - Un
revêtement d'herbe en plastique fait de l'électricité avec le vent - Les
cellules dendritiques réagissent par épigénétique aux infections - Un
ver qui a 5 formes différentes - Il y a 10 000 ans, un massacre entre
chasseurs cueilleurs - Les contes de notre enfance peuvent avoir 6000
ans - Une méthode géométrique de calcul intégral des Babyloniens -
L'incertitude motive l'exploration par l'acétylcholine (et le tabac) -
Plus de types de synapses qu'on croyait multiplie les informations
traitées - Le son de notre propre voix influence nos émotions - La
greffe de tête sur des singes et des souris, une réussite ? - Une puce
dans le cerveau qui se dissout - La schizophrénie, une perte massive de
synapses à l'adolescence - Effet oxydatif des nanoparticules sur les
macrophages - Le cancer se déclenche quand une cellule mutée redevient
cellule souche - Un robot qui aide les spermatozoïdes à atteindre
l'ovule ! - Détacher une roue de la voiture pour en faire un monocycle -
Un drone-taxi octocoptère pour se déplacer - Des dirigeables
stratosphériques comme satellites d'observation
Le fait de toucher la prime d'activité (de presque 250€) va un peu
améliorer mes finances toujours très limites (heureusement que la
chaudière tient pour l'instant).
Les philosophies du bonheur, 10/02/16
Stoïcisme, épicurisme et sceptiques. Les divisions se
produisent dès lors qu'on prétend se fonder sur la raison et non sur
l'autorité du lieu. Il ne s'agit plus seulement de savoirs rationnels
mais d'une modification de notre position par rapport aux savoirs et par
rapport aux autres, en même temps que changeait la position du citoyen
dans l'Empire. Notre propre situation depuis la globalisation marchande
et la fin du communisme offre quelques ressemblances avec celle de la
constitution de l'Empire (hellénique puis romain), véritable
mondialisation à l'époque, se caractérisant à la fois par la fin de la
politique et de la citoyenneté active, en même temps qu'une perte
d'unité culturelle, confrontée à la diversité des peuples et des
croyances. C'est déjà l'émergence de l'individu, de l'intériorité avec
la vogue des philosophies du bonheur qui entre en résonance avec la mode
actuelle. Contrairement à ce qu'on pourrait penser, la diversité et
l'individualisation favoriseront plutôt la dogmatisation de la
philo-sophie devenue sagesse. En effet, les philosophies du bonheur sont
prescriptrices, c'est donc par nécessité qu'elles prennent la forme
d'un dogmatisme. La contradiction est manifeste entre une philosophie
comme recherche de la vérité (qui blesse) et une médecine de l'âme
nécessitant de faire taire toute critique, simple psychologie de la
soumission manipulant nos représentations (comme le cognitivisme
aujourd'hui). Derrière l'affirmation de notre appartenance au cosmos et à
l'humanité, on peut voir la tentative de retrouver une communauté,
idéalisée, pour compenser la perte de la communauté politique originelle
dans l'Empire universel. Ce qu'il faut souligner, c'est comme la
destruction de l'unité sociale et l'unification de l'Empire se
projettent en aspiration à l'universel et à la totalité qui se heurte
cependant à la pluralité des philosophies et des religions pour ne plus
reconstituer qu'une appartenance de secte : on se reconnaît comme
stoïciens ou épicuriens. Epicure paraît, certes, plus sympathique, moins
exigeant, sa philosophie n'en reste pas moins destinée elle aussi à
nous empêcher de penser, instrumentalisation de la vérité au profit d'un
calcul des plaisirs. Il s'agit comme dans le stoïcisme, de trouver
quelque formule magique pour ne plus souffrir et nous guérir de la
conscience de la mort.
Article écrit avec bonheur ! Cela a été l'occasion de me plonger dans
l'histoire de la philosophie d'Emile Bréhier. Période sans souci bien
que n'arrivant plus à travailler...
Pascal, la misère de l'homme et son terrible ennui, 16/02/16
Il est intéressant de voir comme le vrai peut venir du faux, et ce que
la religion - qui a pris la suite des philosophies du bonheur et de leur
échec - peut révéler de nous et de nos faiblesses. En effet, cette
lucidité n'aurait sans doute pas été permise si Pascal n'en proposait
immédiatement le remède trompeur de la foi dans une vérité révélée,
autre façon de s'empêcher de penser. Il faut dire que cette voie
chrétienne vers le bonheur se distingue du tout au tout des philosophies
du bonheur précédentes d'abord par le rejet du moi (haïssable) jusqu'au
sacrifice qui non seulement se prive des plaisirs mais valorise la
souffrance (ce qui ferait gagner des points pour son ciel!).
L'essentiel, c'est de se délivrer du souci de soi pour renvoyer la
charge de la cause sur un Autre. On peut reconnaître, dans sa critique
implacable, la réalité de nos existences déniée par l'idéalisme et par
les philosophies du bonheur, notamment ce terrible ennui qui nous
poursuit et nous précipite dans le divertissement pour nous empêcher de
penser à nous. C'est aussi ce qui fait la valeur du travail et rend si
invivable le chômage. Cela n'empêche pas que la religion est sans doute
le plus grand des divertissements mais s'il n'y a pas d'harmonie
préalable, de nature à suivre, de plaisir satisfaisant, la question de
l'aliénation doit être reprise sous un autre angle que celle d'une
altération, d'une dénaturation dès lors qu'elle est déjà au départ.
Je voulais écrire un article politique, mais c'est tellement désespérant que je me suis consolé avec Pascal.
Revue des sciences mars 2016, 01/03/16
Des particules d'énergie nulle pour résoudre le paradoxe des trous
noirs - Se masquer pour faire le mal - La détection des ondes
gravitationnelles - Aller sur Mars en 30mn ! - La traque de la planète X
commence - La théorie quantique des ondes guides de David Bohm relancée
- Dans les sédiments, l'Anthropocène commence en 1950 - La fonte des
glaciers augmente le volcanisme (et le CO2) - Des arbres artificiels qui
transforment les vibrations en énergie - Des batteries à 54$ par kWh -
S'éclairer avec des bactéries - L'homme de Florès, un Homo erectus
? - La crainte des dieux rapproche des communautés éloignées - Pas
d'effondrement à l'Île de Pâques ? - Le séquençage minute de l'ADN -
Cultiver des neurones pour remplacer les neurones détruits - Un implant
bionique contrôle un exosquelette par la pensée - Les IPP (anti-acide)
augmentent de 50% le risque de démence - La cryogénisation du cerveau
progresse - Tester soi-même le cancer du poumon ou de la bouche avec sa
salive - Les ondes de choc par ultrasons, meilleure alternative au
Viagra ? - Un bio-superordinateur à base de protéines et alimenté par
ATP - Un smartphone indien à 3,30€ - Valider un paiement par smartphone
avec un selfie - L'imprimante 3D tous métaux - Le temps des robots
humanoïdes dans l'industrie est venu
Droit du travail : l'occasion manquée ?, 08/03/16
Pour certains, ça y est, c'est le grand soir. Le risque est grand
pourtant qu'on assiste plutôt à un baroud d'honneur, un dernier combat
d'arrière garde avant la disparition de la gauche annoncée et le retour
d'une droite dure. Les choses sont en tout cas très mal engagées, comme
si toute la vieille gauche tombait dans le piège de démontrer son
archaïsme et qu'elle n'a rien à dire sur nos nouvelles conditions de
vie, simple rejet de la mondialisation et des nouvelles forces
productives au nom d'une société salariale mythifiée. Cela pourrait être
aussi son moment de vérité et ouvrir à une réflexion plus en profondeur
sur les évolutions du travail et les nouvelles protections nécessaires
au travail autonome et à l'extension de la précarité, au lieu de
s'arcbouter sur le salariat du passé et la défense des droits acquis
(souvent en vain). Le moins qu'on puisse dire, c'est que, pour
l'instant, on est loin de prendre le chemin d'une vision d'avenir et
d'une remise à plat du droit du travail pour affronter l'économie
numérique et conquérir de nouveaux droits. Impossible pour les syndicats
de salariés de lâcher la proie pour l'ombre et, de toutes façons, avec
le nombre de débats à gauche sur le sujet, on sait bien qu'il est
impossible de se mettre d'accord sur ces questions chargées d'idéologie
et qui ne se règlent à chaque fois que sous la pression des faits.
Après une assez longue période relativement heureuse, tout-à-coup, c'est
la mouise avec une série de problèmes qui m'épuisent. Il y a d'abord eu
une petite crève qui m'a bien fatigué puis le chauffe-eau qui est tombé
en rade, puis un robinet qui casse mais surtout mon médicament n'étant
plus disponible mon état s'est fortement dégradé, très nerveux et
perdant toute résistance. Du coup j'ai abîmé la voiture (cassé des
bouteilles, etc) et la vie me pèse, sans plus aucun désir...
Avant-première : rajeunir, fin d'Uber, boom des renouvelables, 20/03/16
Il m'a paru intéressant de faire part en avant-première de trois
nouvelles importantes témoignant de l'accélération technologique mais
qui risquaient d'être noyées dans la Revue des sciences (la capacité de
rajeunir les cellules en manipulant leurs gènes, on pourrait se passer
d'Uber grâce à la blockchain et les renouvelables pourraient passer à la
vitesse supérieure en dynamisant une économie atone).
La déroute annoncée de la gauche, 22/03/16
Il semble bien que les élections présidentielles soient faites pour nous
faire délirer. Il y a en tout cas un certain nombre qui décollent de la
réalité et se montent la tête à s'imaginer que ce pourrait être la
réalisation de leurs rêves les plus fous. Véritable dissonance
cognitive, dans les débats plus ou moins groupusculaires d'une gauche
éclatée, la montée du Front National est minimisée voire complètement
refoulée. Non seulement on fait comme si la menace
nationaliste/identitaire/autoritaire n'existait pas et ne montait pas un
peu partout en Europe mais, en plus, Mélenchon en sauver suprême et ses
partisans souverainistes ne font que la renforcer tout en s'imaginant,
ce qui est complètement délirant, qu'il pourrait gagner l'élection alors
qu'il ne fera que précipiter l'élimination de la gauche ! Il faut le
répéter, notre principal obstacle n'est pas tant l'ennemi que notre
propre connerie, celle d'une gauche dispersée devenue hors jeu. Le plus
embêtant, c'est non seulement qu'il semble bien qu'on ne puisse empêcher
la déroute de la gauche mais qu'elle est sans doute nécessaire pour se
reconstruire sur d'autres bases. Ses perspectives actuelles se réduisent
le plus souvent à un changement de constitution, la sortie de l'Euro et
la défense des droits acquis. Rien sur la nouvelle économie. La mesure
la plus audacieuse serait une nouvelle réduction du temps de travail. On
se frotte les yeux sur ce qui se présente comme une mesure d'avenir
alors qu'elle ne pourra s'appliquer qu'à un nombre toujours plus
restreint d'activités, les autres ne se mesurant plus par le temps !
C'est vraiment le témoignage à la fois du manque d'idées de la gauche,
de son décalage avec les évolutions du travail, son refus d'admettre les
échecs des 35H et surtout une incroyable erreur d'ordre de grandeur
entre un chômage qui se compte en millions et les quelques centaines de
milliers d'emploi pouvant être créés à court terme. C'est tellement à
côté de la plaque qu'il y a de quoi en rester pantois.
C'est un texte largement écrit en février mais que je ne trouvais pas
opportun de publier alors que la contestation de la modification du code
du travail commençait. Il est mal tombé, puisque le jour des attentats
de Bruxelles, mais, comme le précédent, c'est un peu une façon de
combler
ma vacuité (posant la question de continuer le blog). Après un problème
de robinet qui fuit, c'est le mal de dos qui est revenu (ça faisait
longtemps!), la période n'est vraiment pas faste...
Revue des sciences avril 2016, 01/04/16
6 milliards d'Africains ? - La coopération plus efficace à long terme -
La matière noire serait faite des trous noirs détectés par les ondes
gravitationnelles - La propulsion à l'antimatière pour se rapprocher de
la vitesse de la lumière - Un nouveau boson (graviton?) au LHC ? - Une
superposition quantique spatiale d'un demi micromètre - Le volcanisme,
plus grand danger d'extinction - Émissions de CO2 : du jamais-vu depuis
l'extinction des dinosaures - La fonte de l'Antarctique sous-estimée les
océans vont monter de +2m - L'Europe à l'abri des fluctuations
climatiques ? - Le refroidissement radiatif - CO2NCRETE, utiliser le CO2
pour faire du béton - Hyperions, près de New Delhi : l'éco-quartier le
plus délirant - La cellule minimale a 473 gènes - CRISPR-cas9 un nouvel
outil très flexible pour les chercheurs - Les virus géants intègrent
l'édition de gènes contre les autres virus - La raie manta arrive à se
reconnaître dans un miroir ? - Les chimpanzés peuvent avoir des sortes
de rites - Pour parler, il fallait d'abord moins mâcher grâce à la
viande coupée - Il y a eu plusieurs croisements avec Neandertal - Le
mécanisme d'oubli au coeur de l'apprentissage - Le vieillissement
programmé des mouches jusqu'à nous - Il ne s'agit plus de réduire le
vieillissement mais de rajeunir - Une puce dans le cerveau pour réguler
les niveaux de dopamine - La stimulation électrique du cerveau augmente
les niveaux de calcium - Un patch cardiaque relié au médecin -
L'holoportation - La boule pour remplacer la roue ? - Sophia un robot
troublant - L'hyperloop en Slovaquie ?
La chaudière à bois s'est mise de nouveau à fuir. J'ai fait un gros
loupé dans mon boulot (une redite du mois dernier) et le fait de ne
pouvoir intégrer le mouvement social achève de me déprimer, avec l'envie
d'arrêter le blog...
La pénétration de la science dans la philosophie, 15/04/16
Descartes, Spinoza, Leibniz. Confrontées à la science
naissante, ces philosophies explicitement déistes participeront malgré
elles à la sortie de la religion au profit d'un pur rationalisme sur
lequel (et contre lequel) l'autonomie de la science pourra se
construire. L'événement, ici, c'est Galilée et la mathématisation de la
mécanique. On va assister dès lors à la pénétration de la science dans
la philosophie, que ce soit avec le monde mécanique de Descartes ou la
méthode géométrique de Spinoza composant ce qui se voulait une
philosophie scientifique. Il y a des conséquences importantes des
conceptions spinozistes sur les mouvements sociaux. Si on n'est plus
certes dans le libre-arbitre, que nos pensées claires et distinctes sont
bien déterminées et nécessaires, du coup elles peuvent être exprimées
par quiconque, même si ce n'est qu'un petit nombre de philosophes
rationnels délivrés de toute ignorance (alors que la foule est menée par
l'émotion). Chacun étant relié à la totalité (Dieu), n'importe qui peut
dire la vérité qui est un bien commun nous préexistant comme les
propriétés du triangle. De plus, l'action rationnelle dépassant les
passions est supposée unifier tous les hommes sans discussion. Il est
clair que cette conception politique mène inévitablement à prendre le
point de vue du pouvoir, si ce n'est de la technocratie, en tout cas de
l'unité du peuple contre la lutte des classes. La suite de l'histoire de
la philosophie va en ruiner tous les fondements. D'abord, c'est l'accès
à la raison qui sera contesté (et donc de pouvoir agir selon la
raison), ensuite c'est la passion qui sera revalorisée (au détriment
même de la persévérance dans l'être) sinon la négativité comme moteur de
transformation y compris contre soi-même, enfin, sans devoir nier que
le désir est l'essence de l'homme, cela prendra un tout autre sens à le
comprendre comme désir de désir, désir de reconnaissance et non
d'une simple perfection ni expression de nos besoins. Ce qui apparaît,
en effet, dans ces philosophies rationalistes, c'est l'absence de
l'Autre sous un autre mode qu'un Dieu de pure raison. Il n'y a pas de
dialogue dans une démonstration géométrique, pas de place pour l'opinion
des autres ou le conflit.
Ecrit en grande partie pour réfuter le spinozisme de Lordon qui me
semble à la fois imbécile et dangereux, j'en donne ici les raisons de
fond. C'est sans doute sur un malentendu, parce qu'il y a le mot
"pénétration", que ce texte a été le plus cliqué, je ne dis pas lu...
A la place de la République, 19/04/16
Au lieu d'un renouveau, l'occupation des places manifeste la
désorientation et l'état de décomposition de l'extrême-gauche tout
autant que de la gauche avec cette mise en scène spectaculaire de la
démocratie à la place de la république et de ses institutions. Le
plus frappant, c'est qu'on voudrait se persuader qu'on est ici
dans une première fois, que c'est une mobilisation inédite alors qu'il
n'y a pourtant, à l'évidence, qu'imitation de ce qui a déjà échoué - que
du déjà vu et déjà bien entendu. Certes, on peut dire que ce
mouvement d'occupation des places prolonge le printemps européen, mais
comme l'arrière-garde de ses défaites. Ce mouvement ni
spontané ni nouveau n'est pas l'étincelle qui met le feu à la prairie
mais plutôt les dernières braises fumantes, avec quelques années de
retard, de bien plus grandes manifestations d'aspirations démocratiques,
sans plus de résultat. Il faut dire de quoi cette mise en scène est la
caricature, car la véritable démocratie, c'est effectivement la
démocratie de face à face et donc qui s'exprime d'autant mieux sur des
places sans doute, démocratie directe légitime en tant que démocratie
locale mais qui n'a aucun sens à vouloir décider pour les autres (un
pays tout entier si ce n'est le monde) !
Je me suis déchiré un muscle en arrivant à Paris, n'ayant pu du coup me
rendre place de la République ! Toujours à devoir réparer quelque chose
dans une maison trop vieille et toujours d'humeur dépressive, en manque de médicaments non
disponibles mais ça va quand même un tout petit peu mieux...
Revue des sciences mai 2016,
01/05/16
Les multiples visages de la matière noire - Le théorème du libre-arbitre
- L'EmDrive renouvelle la conception de l'inertie comme effet
relativiste - Le noyau terrestre est 2,5 ans plus jeune que la surface -
Des empires galactiques dans les amas globulaires? - L'activité
tectonique refroidit la Terre depuis 80 millions d'années - Il y a 3
millions d'années les rayons cosmiques de supernovae ont refroidi la
terre - 2500 panneaux solaires en orbite pour fournir de l'énergie sur
Terre - Des métamatériaux pour le thermophotovoltaïque - Les Chinois
s'équipent de 20 centrales nucléaires flottantes - Le bombardement de
Mars aurait favorisé la vie ? - L'extinction programmée - Un langage de
programmation simple pour des circuits d'ADN complexes - Quand le
spermatozoïde féconde l'ovule un flash lumineux se produit - Les
dauphins se parlent pour résoudre des problèmes - Il n'y avait pas
d'homme hybridé avec Néandertal - L'homme naturellement polygame, serait
devenu monogame à cause des maladies sexuelles - 50% des hommes
européens de l'ouest descendraient d'un roi de l'âge du bronze - Les
insectes conscients d'exister ? - La conscience comme conscience du
temps ? - Cartographier les mots dans le cerveau pour lire dans les
pensées - Un vaccin pour tous les virus ? - Un traitement génique
allonge les télomères - Des implants pour restaurer la mémoire testés
sur des patients - Détecter la psychose par une prise de sang ? - La
neuroimagerie du LSD - Se greffer des coeurs de porc ?
L'erreur de Marx, 08/05/16
Marx se trouve dans un entre-deux, suivant l'introduction de l'histoire
dans la philosophie par Hegel mais précédant l'explication scientifique
de l'évolution de Darwin, publiée en 1859 alors qu'il venait tout juste
de définir sa propre conception du matérialisme historique dans la
préface de sa "Contribution à la critique de l'économie politique".
Le renversement de la dialectique hégélienne se contentera de mettre
l'Homme à la place de l'Esprit alors que, plus conformément au
darwinisme (et au concept d'information), c'est une causalité extérieure
et après-coup qu'il aurait fallu substituer à l'auto-développement
d'une conscience de soi. L'ironie, c'est qu'il faut bien admettre que ce
facteur économique posé comme absolument déterminant a justement été
l'élément décisif de l'échec du collectivisme - de faire beaucoup moins
bien économiquement que le capitalisme alors que Marx était persuadé que
ce serait le contraire, qu'une approche rationnelle de l'économie
serait plus productive qu'un système aveugle, instable et destructeur.
Cette dure leçon de l'histoire nous fait éprouver une nouvelle fois les
limites de notre rationalité qui se manifeste avec l'échec d'une
rationalisation de l'économie qui butte sur le réel. On peut dire que
l'histoire lui a donné raison sur la détermination techno-économique
mais tort sur la planification collectiviste et il faut en tirer tous
les enseignements. Parler de l'erreur de Marx, c'est souligner ce qui
faisait tenir ensemble matérialisme et révolution, une rationalisation
de l'économie et de l'histoire qui devait se traduire par une production
supérieure et qui n'a pas été vérifié du tout dans les faits. Avec le
numérique et les nouvelles forces productives qui bouleversent les
anciennes structures industrielles, la question qui se pose est bien de
repartir des principes matérialistes du marxisme en économie, et donc de
l'efficacité productive, au lieu de retomber dans le conflit des
utopies ou des modes de vie, mais l'échec du communisme ne peut
signifier longtemps le triomphe d'un capitalisme dérégulé. C'est plutôt
qu'une négation est toujours partielle et doit composer avec ce à quoi
elle s'oppose (dans une économie plurielle et non totalitaire).
Comme Un, 18/05/16
Lorsque les croyances religieuses n'ont plus été tenables scientifiquement et que
"la mort de Dieu" est devenue une réalité au moins politique, il n'y
aura pas de préoccupation plus pressée que de lui trouver des substituts
(Etre suprême, religion de l'humanité, dieu à venir). D'autres réactions anti-système et anti-scientiste, s'opposant à "l'insurrection de l'esprit contre le coeur",
vont se tourner du côté du vitalisme, du subjectif et de l'expérience
vécue. Ce qu'elles nous apprennent, c'est au moins que sciences, raison
et matérialisme ou utilitarisme ne sont que la moitié du monde. Il ne
peut y avoir d'ambigüité, privilégier les causes économiques et
matérielles dans l'histoire et la politique ne peut signifier tout
réduire au matérialisme le plus sordide, s'oublier soi-même en tant
qu'existence, pour finalement se comprendre soi-même à la manière d'un
étant intramondain. C'est toute la dimension symbolique, imaginaire,
idéale, surréelle
qui constitue notre existence spirituelle comme séparée du corps,
négation du biologique et de ses déterminations au nom de l'intériorité
revendiquée de l'expérience subjective alors même qu'elle renvoie le
plus souvent à une religion commune et un extérieur transcendant (c'est
la société intériorisée). Ce parcours qui va de l'extériorité à
l'intériorité, de la solidarité,
l'unité, l'amour au Bien, à l'Idéal, l'Esprit et finalement à un Dieu
totalisant représentant la société, semble bien définir une
anthropologie de la religion. Le spirituel, le langage, la culture, les
émotions collectives, la
solidarité non seulement existent réellement mais c'est là notre monde.
Il ne s'agit pas de le nier à simplement constater que ce sont les
déterminations matérielles qui sont décisives en dernière instance. Il
n'y a pas que le travail et l'économie, la partie rationnelle de la
vie, il y a aussi les relations humaines ainsi que nos rêves et
fantasmes, les histoires qu'on se raconte. Une
humanité dépouillée de cette dimension spirituelle et poétique, de
l'amour comme de la solidarité, perdrait effectivement beaucoup de son
humanité. Même si on est un athée endurci, on peut donc tout-à-fait
défendre une
stricte laïcité positive envers les religions mais, ce qui est sûr,
c'est que vouloir mêler politique et religion (ou idéologie), c'est
l'embrouille et mène au pire. On a besoin en politique d'un regard
dégrisé et de stratégies réalistes mais il n'est pas question pour cela
de se limiter dans nos vies personnelles au raisonnable et à
l'utilitaire, pas plus qu'on ne pourrait se passer de morale
individuelle sous prétexte que la politique ne peut se ramener à la
morale. Simplement, on se situe dans un cadre pluraliste de choix
individuel et non politique. Dans le texte "Un se divise en deux",
j'avais argumenté contre l'idée de cosmos ou d'ensemble de tous les
ensembles, d'unité avec l'univers et ses espaces infinis, notamment par
l'opposition de la vie à l'entropie qui est la loi la plus fondamentale
de l'univers (exister, c'est résister, on se pose en s'opposant).
L'unité reste cependant objective comme entre la biosphère et la
planète. Il y a de l'Un mais aussi du multiple, une pluralité
irréductible de
façons de nous unir et surtout, paradoxalement, rien de mieux pour
sentir cette
communion que d'être dans la dissidence, dans l'opposition,
l'alternative voire la transgression ou la clandestinité, contradiction
d'une
unité qui ne s'affirme jamais mieux que dans la division, contre un
ennemi commun.
Quel chômage technologique ?, 21/05/16
Compte-rendu d'une étude de l'OCDE qui ramène à 9% les emplois menacés
par l'automatisation loin des 47% annoncés précédemment. Il devrait y
avoir un impact social fort qu'il ne faut pas minimiser, pas plus que la
tendance à sortir du salariat, mais ce n'est pas la même chose qu'une
"fin du travail". Il est crucial en tout cas de faire les bonnes
évaluations. Il est intéressant de voir que la nécessité d'un revenu de
base est de plus en plus reprise comme moyen de compenser la baisse des
revenus (et déjà presque mis en place avec la prime d'activité). Par
contre je suis un peu étonné que la réduction du temps de travail soit
évoquée.
Moment tranquille où je vais plutôt bien (c'est un peu l'été déjà
quoique j'ai froid le matin dans la maison) mais j'ai de plus en plus de
mal à me mettre à la veille scientifique, accumulant les retards (y
compris dans mon courrier).
Revue des sciences juin 2016, 01/06/16
Composer un génome humain artificiel - L'Intelligence artificielle
malveillante - L'olivine de la croûte terrestre pour réduire l'acidité
de l'océan - Un ciment d'argile sans chauffage - Bangladesh : un
climatiseur sans électricité - Pour éradiquer ses carpes, l'Australie
répand une forme d'herpès dans ses fleuves - La butyrylation des
histones, 3ème mécanisme épigénétique - Une grotte occupée par
Néandertal, il y a 176 000 ans - Les populations eurasiennes de 45 000 à
7000 ans - La première guerre mondiale des peuples de la mer finit à
Troie ? - Les circuits de la récompense et de la peine sont bien
distincts - Les zones des mathématiques sont distinctes des zones du
langage - Redonner vie à des cerveaux morts ? - En greffant un utérus à
un homme, il pourrait enfanter ? - L'exposition aux ondes augmenterait
les cancers du cerveau et les problèmes cardiaques - Les plaques
amyloïdes protègeraient le cerveau d'infections - Une molécule géante
conçue par ordinateur neutraliserait de nombreux virus - Des écouteurs
qui s'adaptent à votre audition - Un avion personnel
Il pleut, il pleut...
La division du sujet, 08/06/16
Bergson, existentialisme, structuralisme, post-modernisme
L'enjeu de la réaction spiritualiste après le scientisme du XIXè était
bien d'échapper à l'objectivation scientifique pour revenir à
l'expérience subjective, mais la surprise, c'est que ce retour au sujet
sera celui d'un sujet divisé (non plus entre sujet et objet mais entre
conscient et inconscient, authenticité et aliénation, raison et passion,
individu et collectif). Il ne faut d'ailleurs pas voir ce sujet divisé
comme un simple dualisme, une double personnalité, mais une multiplicité
où se dissout déjà l'image de l'homme sous des causalités extérieures
différenciées (biologiques, psychologiques, sociales, culturelles). Dans
les toutes premières années du XXè siècle, s'est ajouté un choc comme
on n'en a plus connu à ce point depuis avec la relativité et la physique
quantique ruinant définitivement le rationalisme et déqualifiant nos
propres représentations, de sorte qu'on peut dire effectivement qu'on a
eu dès le début du XXè siècle, tous les ingrédients de la suite - avec
le passage du spiritualisme à un marxisme scientiste puis à
l'existentialisme, puis au structuralisme, pour finir dans la
déconstruction post-moderne et relativiste de la French Theory et des cultural studies qui brouillent les oppositions et nous laissent la tâche de
reconstituer l'unité du sujet dans sa responsabilité morale et
collective au moins.
Assez content de cet article qui reprend "La philosophie en France au
XXè" de Frédéric Worms dont j'avais déjà rendu compte dans "
la philosophie entre-soi".
Une petite histoire (actualisée) de la philosophie, 11/06/16
Recueil des articles sur le sujet : Désir et critique de la sagesse chez Socrate - Amour et vérité - L'évolution d'Aristote - Les philosophies du bonheur - Pascal, la misère de l'homme et son terrible ennui - La pénétration de la science dans la philosophie - L'erreur de Marx - Comme Un - La division du sujet
Avec la grève, c'est une période très calme sans déplacements ni visites
mais avec toujours un temps pourri. J'ai dû aussi changer de freebox
(ce qui me permettra ensuite de regarder youtube sur la télé).
La catastrophe est politique, 15/06/16
Certes, le pire n'est jamais sûr mais les menaces s'amoncellent. On a
évité in extremis un président autrichien d'extrême-droite. Pas de quoi
se rassurer d'une victoire aussi courte alors que la demande d'autorité
s'intensifie pour nous protéger des évolutions du monde, des migrants et
des terroristes, le musulman remplaçant le juif pour nous unir dans la
même haine. Là-dessus, la sortie de la Grande-Bretagne de l'Europe, que
je trouverais plutôt souhaitable, risque dans ce contexte de renforcer
encore les nationalismes, fragilisant l'Europe (sans aller jusqu'à la
fin de la civilisation occidentale comme le craint l'autre Donald,
Tusk). Nous entrons incontestablement dans une période troublée. On peut
dire qu'il y a ceux qui veulent se soustraire aux migrations et ceux
qui veulent se soustraire aux évolutions économiques. Ce n'est donc pas
un manque de démocratie, comme on voudrait s'en persuader, c'est plus
grave, c'est le mauvais côté de la démocratie relevant de la psychologie
des foules et des déclarations de guerre, à l'opposé de l'utopie
rationnelle des Lumières. S'il est un autre domaine où la connerie
humaine saute aux yeux, c'est l'absence de véritable réaction des Etats à
la mesure du problème du climat malgré toutes les belles conférences
internationales. Cette fois encore, la catastrophe est bien politique
car ce ne sont plus les moyens techniques qui nous manquent (les progrès
ont été considérables) mais seulement les moyens politiques. La seule
chose qu'on peut espérer, c'est que lorsque nous entrerons en résistance
contre une droite autoritaire, au lieu de vouloir résister aux
transformations du travail à l'ère du numérique, on pourra se replier
sur le local où se passe réellement l'adaptation à l'accélération
technologique, la transition énergétique et la préservation des
équilibres écologiques.
La montée de candidats comme Donald Trump manifeste bien les limites de la démocratie...
La Grande-Bretagne reste en Europe, 25/06/16
Le Brexit pourrait démontrer à tous les populistes, qui pullulent
partout, les limites de la souveraineté et de votes démocratiques qui
prétendent décider à quelques pour cent près du destin d'un pays. Car,
la première chose qui va sauter aux yeux, c'est que les Britanniques
restent en Europe et que leur économie est complètement imbriquée avec
les autres pays du continent. Les négociations qui pourraient être assez
rudes mettront en évidence que le cadre européen, c'était sans doute
pas si mal après tout - y compris pour l'immigration.
Réaction rapide au Brexit alors que je suis déjà en retard sur la revue des sciences...
Revue des sciences juillet 2016, 01/07/16
Les problèmes de l'Intelligence Artificielle
- Deuxième détection d'ondes gravitationnelles - On ne devrait pas avoir
de contact avec des extraterrestres avant 1500 ans ! - Les plans d'Elon
Musk pour la colonisation de Mars - L'extinction du Permien suivie
d'une autre extinction 2 millions d'années après - Solidification rapide
du dioxyde de carbone injecté dans des sols basaltiques - Transformer
le méthane en méthanol avec un polymère imprimé en 3D - Une feuille
artificielle 10 fois plus efficace que la photosynthèse naturelle - Un
cerveau moléculaire dans le ribosome - Reconstitution d'une protéine
originelle - Les oiseaux ont plus de neurones que les primates ! - L'âge
de pierre de macaques - Les chiens ont deux origines, européenne et
asiatique - La civilisation de l'Indus plus ancienne que Sumer de 1500
ans - L'espoir est cubique - On est plus intelligent à 5 ou 7 qu'en
groupe - Mémoire longue et courte à implémenter dans l'IA - Le cerveau
sensible aux ondes électromagnétiques ? - Contrôler la transgenèse par
l'alimentation - Des centaines de gènes "zombies" se réactivent après la
mort - Rebooter le système immunitaire contre la sclérose en plaque -
Demain, une médecine sexuellement différenciée ? - Un avion (drone)
Airbus imprimé en 3D
A propos d'Alain, 06/07/16
Le devoir d'être libre
La raison pour laquelle j'ai voulu parler d'Alain, après une présentation
très critique de l'histoire de la philosophie, c'est la
position originale qu'il défend en philosophie d'un positivisme
qui refuse les objections, afin de laisser place pour finir au moment positif comme négation de la négation,
moment nécessaire après-coup de reconsidérer un passé de l'humanité qui
ne changera pas et qui nous est enseignement, pas seulement tromperie,
moment de reconsidérer ce que non seulement la philosophie mais les
religions mêmes ont pu produire de positif au-delà de la critique - car
une négation est toujours partielle. De sa philosophie on retiendra que "le premier et principal devoir est de me croire libre" car "toute conscience est d'ordre moral" mais, aussi important, "la volonté ne choisit jamais, mais s'affirme ou bien cède" et le plaisir vient de l'effort (du travail).
Il est clair que, suivant en cela la plupart des philosophes, Alain
cultive dans la volonté la maîtrise de soi mais surtout le désir de se
dépasser, notamment grâce à l'identification à des hommes exceptionnels.
Ainsi, individuellement, l'homme dépasse l'homme mais l'humanité reste
toujours la même. Il y a juste quelques modèles à suivre.
Ce texte était déjà prêt, écrit petit à petit en relisant Alain au
soleil avec plaisir, je n'ai eu qu'à le finaliser mais ce qui ne devait
être qu'un petit billet mineur ne m'apparaît pas si mal à la relecture.
Ensuite, j'ai fait un saut à Paris le 9 juillet pour voir mon père et surtout mon
fils qui venait quelques jours avant de repartir avec sa femme. J'en
suis revenu épuisé (notamment parce qu'il faisait bien trop chaud dans
le train).
La raison dans l'histoire, 16/07/16
L'échec de la philosophie - la conscience de son échec - contraint sans
aucun doute à l'abandon de ses promesses de sagesse comme des rêves
totalitaires qui se transforment en cauchemars, mais les siècles passés
n'ont pas été purement illusoires pour autant, vies imaginaires
dépourvues de toute vérité, vérités nous apparaissant seulement à nous
qui venons après et connaissons la fin de l'histoire ! Une fois qu'on a
ramené les philosophes à hauteur humaine et mis le soupçon sur le sage
comme sur sa raison, une fois qu'on les a soumis à une critique
impitoyable et déconstruit leurs beaux systèmes définitifs, il y a quand
même un reste et même assez considérable. Après avoir montré comme la
succession des philosophies était liée à l'histoire politique ou
scientifique, comme leurs différentes conceptions du monde pouvaient
être fautives, il est tout aussi nécessaire de reconnaître ce qui
résiste à la critique - car une négation est toujours partielle et ne
peut réduire à néant ce qu'elle critique. Le moment positif de la négation de la négation
est incontournable, s'attachant à trouver en chacune d'elles des
vérités éternelles (comme la logique aristotélicienne). En fait, ce qui
semble le mieux résister au temps, ce sont encore les penseurs chinois.
Il est tout de même étonnant qu'une philosophie de l'information et de
la complexité, up to date, puisse finalement ne faire guère mieux
que rejoindre avec l'auto-organisation les préceptes du taoïsme. Ce
qu'il faut souligner, c'est qu'on se méfiait dès ce temps là du
volontarisme comme d'une maladie de la volonté. mais le plus étonnant
peut-être, c'est que le taoïsme se présente immédiatement avec son
antithèse parfaite puisqu'on présente depuis toujours Confucius comme
l'opposé (actif) du taoïsme (passif) dont chacun voit bien qu'ils se
complètent et devraient s'équilibrer dans un laisser-faire encadré par
les lois d'un ordre juste et durable, une volonté soucieuse de préserver
l'harmonie, une prudence active. Voilà qui permet du moins de remplacer
l'idée trop simpliste qu'il y aurait une philosophie éternelle (à
retrouver) par l'existence de vérités contradictoires et relatives, ce
qui est tout autre chose.
J'avais abordé avec enthousiasme ce texte censé clore ma série
philosophique avec la promesse de positiver pour une fois, mais il m'a
été très pénible et je le trouve bien décevant, ayant failli ne pas le
publier, supprimant des paragraphes entiers qui survolaient trop
rapidement l'histoire de la philosophie. On entre dans une nouvelle canicule après un retour
du froid, le climat étant d'une grande instabilité cette année. Tout
cela me fatigue et me déprime à nouveau, voyant tout se dégrader
dangereusement sans rien pouvoir y faire.
Le code est la loi ?, 21/07/16
Petit texte sur la blockchain qui vient de rencontrer son premier
véritable accroc, mettant en pièce son idéologie libertarienne pour
corriger un bug et récupérer de l'argent volé, cela au nom de la grande
majorité des utilisateurs. Tout-à-coup, on est revenu sur terre avec
tous les problèmes qu'on connaît bien, de police comme de régulation des
marchés.
Ce petit texte a été repris par la P2Pfoundation, qui a republié aussi
celui sur le chômage technologique et du coup j'ai été sollicité pour être financé par
liberapay.
United, 29/07/16
J'ai découvert avec 5 ans de retard cette série de très bonne musique pleine d'excellentes intentions, "playing for change".
Je commence donc à me mettre à youtube mais, en fait, ces bonnes intentions ne font que me déprimer un peu plus...
Revue des sciences août 2016, 01/08/16
L'archéologie des violences de la Bible - Utiliser les trous comme
qubits - Notre galaxie ferait partie d'une région de l'univers en train
de se vider - Les plans de la Nasa pour Mars - Le réchauffement modifie
les nuages et renforce l'effet de serre - Des bactéries pour augmenter
les rendements sans OGM ni pesticides - Des bactéries rendent les eaux
usées potables et produisent de l'électricité - Les 355 gènes de la
première forme de vie encore incomplète - Chez les bonobos, on ne peut
savoir quand la femelle est féconde - Des Asiatiques avec des gènes
d'Homo erectus ? - Importance du commerce du chanvre au néolithique -
Migrations et mélanges des premières populations agricoles - La
structuration du cerveau est bien génétique - Cartographie des
connexions du cerveau - Les lieux de la délibération et de la décision
dans le cerveau - Le sentiment de soi relié aux battements de cœur ? -
Tromper le cerveau - Inverser la ménopause avec du plasma riche en
plaquettes ? - Le vieillissement du cerveau commence à 40 ans - Les
transfusions de sang de jeunes ou de femmes plus dangereuses ? - Piloter
plusieurs drones en même temps par la pensée
Le 5 août, c'était le repas annuel avec les voisins du hameau, il n'y a
pas eu de problème mais la situation se dégrade au village, je vais me
faire
lyncher à cause de
mes chats dont je n'arrive pas à contrôler le nombre (avec 10 nouveaux
petits chatons, cela fait effectivement beaucoup) ! C'est donc de
nouveau une
période dépressive m'attendant au pire et ne sachant à quoi je pourrais
servir dans ce contexte. Un timide retour à la politique le 9 du mois,
en intervenant sur la liste d'écologie sociale m'a bien
refroidi avec des militants qui veulent rester entre-eux au lieu de
s'allier à des groupes supposés moins radicaux, vraiment à désespérer
d'autant que la tentative de convergence des communs semble avoir
échoué. La conjonction de la perte de l'espoir en
toute alternative et des dérives politiques à
cause du terrorisme et de l'immigration, mais, plus généralement, des impasses de ma vie et de
l'absence de toute perspective qui me reste, achèvent de me plonger dans
la dépression (je me suis mis enfin à un article qui m'en sort!).
Au-delà de la dépression politique, 16/08/16
Constater notre impuissance politique, au moins à court terme, et que
nous restons le jouet de processus matériels ou d'évolutions qui nous
dépassent, devrait logiquement mener à se détourner de la politique pour
cultiver son jardin, ce qui est non seulement futile mais tout
simplement impossible comme si on pouvait s'isoler du monde et de
l'intrusion de sa violence. De même, une approche devenue purement
gestionnaire et utilitariste de la politique peut sembler raisonnable
mais sans doute pas réaliste pour autant. La fin de la
politique n'est peut-être qu'un leurre finalement. Ce que je n'avais pas
vu, en effet, c'est que cette fin du politique était immédiatement
contredite par notre actualité. Alors que la politique semblait vouée à
se dissoudre dans
l'administration des choses, nous laissant désoeuvrés et hors de course,
voilà que la faiblesse de notre camp et sa désorientation nous livrait
au retour d'une politique inacceptable qui devrait nous remobiliser au
contraire, nous ressouder par delà nos divergences actuelles. Il est
impossible de ne pas voir les dangers d'une telle réaction aveugle et de
l'appel à un pouvoir fort, nécessitant notre ferme opposition. Ce n'est
donc pas le temps de la retraite, les raisons de déprimer aujourd'hui
sont aussi les raisons d'une indispensable contre-offensive demain -
même s'il faut pour cela passer par la défaite. A la supposée fin
de la politique que j'avais moi-même prononcée (avec de très bonnes
raisons), j'oppose ici la persistance à la fois de sa dimension
subjective et de la division politique.
J'ai ébauché plusieurs articles que je n'arrive pas à finir, sinon la
canicule plus des problèmes de voiture auront pris tout mon temps.
Revue des sciences septembre 2016, 01/09/16
Grothendieck écrivain - Agressivité et empathie animale - Une planète
habitable à 4,24 années lumières ? - Une bombe atomique contre un
astéroïde dangereux - Moon Express, première société privée à exploiter
la Lune- Des bombes à plasma pour les ondes courtes - Superposition
temporelle entre avant et après ! - Le stockage dans les carbonates est
la façon naturelle de réguler le CO2 - Produire de l'électricité avec du
CO2 - Boire du lait de cafard ? - Une nouvelle méthode d'édition de
gène qui ne coupe pas l'ADN - Les chiens "comprendraient" ce qu'on leur
dit ! - Le traitement inconscient du langage (des mots à double sens)
influencé par la conscience - L'axe du stress relie le corps à l'esprit -
Les cannabinoïdes améliorent la vision nocturne - Des bactéries pour
solidifier le sol et les fondations d'une maison
C'est le mois des vendanges, en général faste mais si le raisin
s'annonce très précoce, c'est le contraire pour le reste. Sur le plan
politique, c'est loin de s'arranger, la désorientation est totale.
Système, antisystème et démocratie, 10/09/16
Le succès des slogans anti-système pourrait avoir le mérite de porter
l'attention sur l'existence d'un système qui nous gouverne, si le
système ne se réduisait pour ces gens là qu'à des connivences entre
élites corrompues, un entre-soi dont on est soi-même exclu, des esprits
malfaisants, et cherchant des boucs émissaires comme si une mauvaise
intention était à l'origine de tous nos malheurs. Des intellectuels
distingués préfèreront mettre en cause les théories. Dès lors il suffira
de déclarer la science économique dominante comme fausse, ou plutôt
faite pour nous tromper. Pourtant, c'est bien l'hyperpuissance aussi
bien militaire que commerciale qui, malgré ses crises répétées, valide
matériellement le capitalisme américain. Ce n'est en rien une question
de représentation, d'idéologie croissanciste, etc. A un système, on ne
peut opposer qu'un autre système. Il reste des différences importantes
entre droite et gauche mais pas tant dans les politiques économiques
possibles qui dépendent du même système économique (reproche de faire la
même politique). Une politique de gauche irréaliste peut mener tout
simplement au désastre, ce qui arrive assez souvent hélas et n'est bon
pour personne. On aurait donc besoin de faire plutôt de la prospective
qui est le contraire de l'utopie.
Note sur le négatif et l'entropie,
13/09/16
D'une certaine façon, toute négation procède d'une inversion de
l'entropie comme réaction opposée au laisser faire (on se pose en
s'opposant, négation de ce qui nous nie). Interpréter le négatif comme
néguentropie a l'avantage d'éclairer son rôle paradoxal dans la
dialectique hégélienne. En effet, le "travail du négatif" a de toute
évidence quelque chose de contradictoire avec son produit positif. Il
est tout aussi difficile d'identifier, comme le fait Marx, le travail à
la négation de l'existant que d'en faire une auto-création de soi-même.
On est bien plutôt, dès l'origine, dans la négation de la négation.
La première négativité est d'abord extérieure, c'est l'entropie
diabolique qui sépare ce qui était uni. Il faut insister sur le fait
qu'avec l'entropie et la négation de la négation, on n'a affaire
qu'à une causalité extérieure contre laquelle nous ne faisons que
réagir, ce n'est pas l'extériorisation d'une intériorité première mais
tout au contraire un processus cognitif qui intériorise l'extériorité
pour s'en défendre. Il faudrait dès lors trouver dans le négatif de quoi
rassembler nos efforts sans s'accorder forcément sur le positif, nos
finalités subjectives.
Pour mon anniversaire, j'ai retrouvé des psychanalystes que je n'avais
pas vu depuis plus de 20 ans, me rappelant mes heures de gloire
passées...
Revue des sciences octobre 2016, 01/10/16
Le succès des mammifères au temps des dinosaures - La pleine lune
favorise les violents séismes - Les plans pour Mars d'Elon Musk -
SuperMeat, une startup qui veut démocratiser la viande artificielle -
Les réseaux de neurones sont bien le fruit de notre univers - Le langage
des dauphins est proche du nôtre - Nos ancêtres lançaient des pierres
comme armes - Du feu, il y a 800 000 ans, dans une grotte du sud de
l'Espagne - Nous aurions tous parlé la même langue ? - Les sorties
d'Afrique - L'égalitarisme se développe entre 5 et 8 ans - Un virus à
l'origine du placenta chez la femme et de la musculature masculine -
L'accouchement provoqué par l'inflammation du placenta et son
vieillissement - Cultiver des cellules souches qui restent
indifférenciées - Un textile pour lutter contre les grosses chaleurs
A la fois une bonne période car c'est la récolte mais aussi le souci de ne pouvoir payer mon bois pour l'hiver.
L'Anthropocène nous rend responsables du monde, 07/10/16
Situer l'Anthropocène à partir de 1950, c'est le dater du moment où
l'humanité a déséquilibré toute la biosphère. témoignant du fait global
de l'humanisation du monde, ou plutôt son industrialisation ou sa
modernisation. Il n'est pas sûr, en effet, que ce soit l'homme en tant
qu'espèce (anthropos) qui soit en cause mais bien plutôt une évolution
techno-scientifique qui est un processus cognitif relativement autonome
(assurant la puissance économique et militaire). Alors que jusqu'ici, ce
sont les nations occidentales qui étaient les seules concernées, ce qui
justifie malgré tout d'en rejeter la faute sur toute l'humanité, sous
le nom d'Anthropocène, c'est que, d'avoir perturbé tous les équilibres
nous en rend responsables planétairement, nous obligeant à nous
constituer comme sujet agissant pour assurer la reproduction du monde.
Impossible de ne pas se rendre compte que, l'Anthropocène n'est rien
d'autre que ce que les écologistes dénonçaient, à partir de ces années
là justement, confirmant scientifiquement ce qu'ils ont toujours dit, y
compris sur la nécessité d'une pensée globale. Ce qui se passe avec
l'Anthropocène, c'est le passage de relais des écologistes aux
scientifiques, des utopies à la version scientifique de l'écologie (où
le climat est devenu central). C'est la confirmation à la fois des
avertissements des écologistes et de leur échec à empêcher la
catastrophe. On peut interpréter aussi ce moment de bascule comme celui
de l'abandon d'une écologie positive (utopie), d'une vision écologiste
de la société idéale, ne perturbant plus son milieu (et qui se fait
attendre), pour se réduire à une écologie négative (réactive) ayant
besoin d'un diagnostic objectif afin de réagir le plus vite possible. A
l'ère du numérique et de l'information qui s'ouvre, nous avons sans
conteste les moyens techniques de répondre aux défis de l'Anthropocène,
il n'est pas sûr que nous en ayons encore les moyens politiques.
Les radicalisations nécessaires, 14/10/16
Comme pour ajouter aux malheurs du temps, il n'a rien été trouvé de
mieux que d'appeler radicalisation ce qui n'est que fanatisme suicidaire
et basculement dans la violence la plus stupide. Les nouveaux
théoriciens d'une violence libératrice (d'une violence voyez-vous qui
serait anti-autoritaire!) peuvent bien parler d'un échec de la
non-violence mais l'échec de la violence est encore plus patent. La
violence est l'exact contraire de la démocratie qui n'est pas la volonté
agissante d'un peuple uni guidé par son chef vers le même but alors
qu'elle est fondée sur la parole et la non-violence d'un débat
pluraliste. Si la radicalité s'identifiait à la violence, elle serait
réservée en effet à quelques attardés, aux débiles mentaux, aux
psychopathes, aux terreurs de quartier, aux illuminés. Sauf qu'on a
absolument besoin de radicalité, d'une radicalité effective à la fois
dans nos vies personnelles et en politique même si cela ne change pas le
monde et même si, souvent, cela ne va pas très loin. Il y a un
indéniable besoin de radicalisation face aux risques écologiques et pour
combattre les injustices, besoin de sortir de l'impuissance politique
comme de la routine, des chemins tracés, des dérives de nos vies. Au nom
de la déradicalisation on voudrait nous servir une soupe tiédasse à
vomir, la modération d'un notable bien installé et satisfait de lui, une
vie de conformisme et de pure soumission dédiée à la réussite sociale.
Contre cette normalisation, il faut affirmer la nécessité de nous
radicaliser un peu plus, augmenter notre puissance d'agir et donner plus
de poids à notre existence même si la radicalité aujourd'hui ne peut
être la radicalité d'hier, devenue radicalité réflexive, consciente de
ses échecs passés.
Période assez difficile avec un genoux très douloureux depuis la nuit du
15 et même bloqué quelques jours, puis une épaule douloureuse. Début de la
vieillesse ? Par contre j'ai reçu miraculeusement de quoi payer mon
bois, ce qui fait largement baisser la pression (mais la douleur gâche le
plaisir).
L'identité en question,
22/10/16
Avec le séminaire de 1974-1975 de Claude Lévi-Strauss sur l'identité, on voit que "l'identité souffrante" n'est pas chose
nouvelle et que l'identité est à
la fois multiple, changeante, floue, incertaine et surtout
relationnelle. "L'identité se réduit moins à la postuler ou à l'affirmer qu'à la refaire, la reconstruire".
Le nom ethnique tout comme la nationalité vaut pour l'extérieur,
identifiant notre différence. Ainsi, hors de France on s'identifie
facilement comme Français alors qu'à l'intérieur on se dira plutôt
Breton, Alsacien, etc. Cependant, ce qu'on invoque le plus souvent pour
se présenter, c'est sa profession, sa fonction, sa place dans une
hiérarchie (un réseau de relations et d'interdépendances), où l'on voit
que même dans les sociétés sans écriture l'identité est à la fois
différentielle et hiérarchique. C'est aussi l'occasion d'un petit tour
des critiques de l'identité chez les philosophes (Locke, Kant), Hegel
montrant qu'identité et différences sont inséparables. Le structuralisme
et Derrida achèveront de réduire l'identité à un jeu de différences.
Il fait un temps d'été bien que les jours raccourcissent. Mes douleurs s'apaisent mais sont toujours là...
Revue des sciences novembre 2016, 01/11/16
Prospective - La cellule virale, rouage de la vie - La vie extra
terrestre - Les mythes ont aussi un arbre généalogique - 6 nouvelles
particules pour achever la physique - Mond contre la matière noire - Un
cristal temporel - Contact laser établi avec 234 civilisations
extraterrestres ? - Les plans d'Elon Musk pour la colonisation de Mars -
Dans le graphène, les électrons se comportent comme la lumière - De
moins en moins d'oxygène dans l'atmosphère - Des catalyseurs
nanostructurés font de l'éthanol avec du CO2 - Un moteur à combustion
avec un seul piston 2 fois plus efficace - Des bactéries infectés par
des virus géants produisent des virus qui en protègent - Des bourdons
apprennent à tirer une ficelle - Les éléphants d'Asie moins hiérarchisés
que ceux d'Afrique - Des singes produisent par jeu des éclats
semblables aux pierres taillées - Les premiers agriculteurs sédentaires
près des zones humides - La neurodynamique darwinienne de
l'apprentissage - L'homme est loin (derrière les suricates) d'être
l'animal le plus meurtrier - Une greffe d'ovaire de jeunes rajeunirait ?
- Les vitamines A et C effacent les méthylations épigénétiques - Des
isoformes de P53 responsables de cancers et de métastases - Des motos volantes pour l'armée
Période un peu stressante, ayant eu bien du mal à faire la revue des
sciences, mais j'ai reçu un autre don important me permettant cette fois
de payer mon gaz. Il est clair que je ne m'en sort pas sans ces
soutiens toujours très surprenants et aléatoires.
Brexit, Trump, …, 09/11/16
Alors que je finissais le texte suivant sur la démocratie, l'élection de
Trump a été l'occasion d'illustrer les ratés de la démocratie, de
situer ces populismes qui promettent la lune dans le cycle économique et
souligner les analogies avec les suites de la crise de 1929.
Combiner démocratie, oligarchie et aristocratie, 11/11/16
Aristote, Polybe, Montesquieu, Rousseau
Il est frappant qu'aussi bien Aristote que le grand historien
gréco-romain Polybe, ou Machiavel qui s'en inspire après Cicéron,
arrivent tout comme Montesquieu, à peu près à la même conclusion, la
nécessité d'une république tempérée ou une constitution mixte, avec une
division des pouvoirs. Ce qui est encore plus frappant, c'est que notre
régime démocratique en soit d'une certaine façon l'incarnation sans
qu'on se l'avoue volontiers. Il faut dire qu'il y a une méconnaissance
scandaleuse de la véritable histoire de notre démocratie et de l'origine
de nos institutions qu'on fait remonter faussement à la Révolution
alors qu'elles dateraient plutôt de l'Empire et de la monarchie
constitutionnelle dont nous avons gardé l'essentiel (avec un monarque
républicain, un sénat, etc.), certes de plus en plus démocratisé. Notre
démocratie n'est pas si différente de la constitution anglaise combinant
monarchie, aristocratie et démocratie avec une stricte séparation des
pouvoirs. Si Rousseau rejette les constitutions mixtes, c'est qu'il se
pose la question de ce que devrait être un gouvernement légitime pour
des êtres de raison nés libres et égaux. Il ne se soucie pas tant de sa
faisabilité dont il peut douter lui-même fortement. Son simplisme
doctrinaire est ainsi dicté par sa visée d'un droit légitime qui ne
serait pas contaminé par des forces illégitimes mais cette position
purement théorique n'est pas tenable pratiquement, comme l'histoire nous
l'enseigne depuis l'antiquité. Il n'y a pas de pouvoir complètement
légitime, même démocratique, pouvoir qu'on peut toujours contester. La
réalité est celle de l'affrontement des intérêts et de la division de la
société. L'unité civile est, comme le droit, purement formelle, elle
est toute dans les institutions, y compris les fêtes nationales, et pas
plus dans l'idéologie ou la culture que dans l'origine ou la race. Si
l'on quitte l'idéal régulateur pour se tourner vers l'histoire et
l'observation des régimes politiques tels qu'ils ont existé, une
constitution mixte se justifie par le fait que le réel s'impose des
puissances effectives au-delà des principes (qu'il est dangereux de
pousser à bout) et que la dénégation du rôle de l'élite ou de la
richesse mène tout simplement à en faire des puissances souterraines, et
donc à la corruption de la démocratie. Il ne serait pas mauvais
en tout cas d'introduire dans les débats la question du gouvernement
mixte qui est complètement absente au profit de purs et simples
postulats de principe.
J'ai bien aimé écrire ce texte et relire les classiques, beaucoup moins le publier, ce n'est pas
dans l'air du temps. La chaudière à bois a de nouveau une fuite (j'ai
failli mettre le feu à la maison), la prise de la machine à laver a fondu et un
voisin m'a beaucoup sollicité pour dépanner son ordinateur - sans que
j'y arrive. De plus, il faudrait que j'arrête de nourrir les chats du
dehors qui se multiplient mais je n'y arrive pas ! Coup de blues avec mon père de nouveau hospitalisé...
Le retournement du cycle, 19/11/16
Les signes ne manquent pas qu'on soit, depuis 2008 au moins, dans un
moment de bascule avec une montée des protectionnismes, une relative
démondialisation et une possible reprise de l'inflation. Il n'est pas
sûr par contre que ce soit une si bonne nouvelle pouvant annoncer dans
l'immédiat une période encore plus régressive et quelques catastrophes à
venir - avant de sortir du cauchemar ? On croyait avoir évité le
protectionnisme qui avait aggravé la crise des années trente mais le
mouvement dans le sens d'une démondialisation (certes pas au même
niveau) n'a fait que s'amplifier bien avant le Brexit et l'élection de
Trump qui ne font ainsi que confirmer la nouvelle tendance. Le populisme
surfe sur cette vague qui serait un moment nécessaire du cycle avec
toutes les menaces qu'il porte. En tout cas, il y avait eu un
effondrement des flux de capitaux transfrontaliers, passant de 16% du
P.I.B. mondial en 2007 à 1.6% aujourd'hui ! Plus significatif encore, le
déclin du commerce mondial se poursuit malgré le retour de la
croissance (faible). Ces moments de retournement nous rappellent qu'on
ne bâtit pas pour les siècles à venir, que notre horizon est limité à
quelques dizaines d'années tout au plus et que, ce qu'on fait sera
défait plus tard pour peut-être se reconstruire autrement...
Plutôt Le Pen que Fillon ?, 28/11/16
Si Juppé avait gagné la primaire, il était quasiment certain que les
électeurs de gauche auraient fait barrage au Front National, cela me
semble beaucoup moins évident avec Fillon et sa brutalité sociale.
Revue des sciences décembre 2016, 01/12/16
Les progrès de la manipulation mentale
- La migration des interneurones inhibiteurs - Comment les ADN se
combinent dans l'embryon - Une nouvelle étude confirmerait la gravité
entropique de Verlinde ? - Plutôt que l'inflation, une modification de
la gravitation et de la vitesse de la lumières - L'EM drive a fait
l'objet d'une première publication scientifique - La vie sur Mars - De
nombreux océans sous la croûte terrestre (1000km) - Métamatériaux : des
forêts pour lutter contre les séismes - Plus le climat se réchauffe
moins les émissions de volcans protègent du soleil - Pour la troisième
année les émissions de gaz à effet de serre stagnent - Faire de
l'électricité avec des déchets nucléaires - Récupérer la chaleur des
eaux usées pour produire de l'énergie - Sélections naturelle et sexuelle
produisent deux sous-espèces - Les souvenirs de la petite enfance
pourraient être réactivés - Des femelles singes incitent les mâles à
aller au combat - Les premiers Australiens responsables de l'extinction
de leur mégafaune - Se guider avec la stimulation cérébrale à travers un
labyrinthe invisible - Manipulation de la sensibilité à la hiérarchie
par la stimulation cérébrale - La fontaine de jouvence : éliminer les
mitochondries défectueuses - Une enzyme ciblant les protéines tau
stopperait l'Alzheimer - Mise en cause de l'efficacité des micros ARN -
Une prothèse pour contourner les lésions de la moelle épinière - Le
polystyrène est une véritable bombe à retardement - Une intelligence
artificielle qui lit sur les lèvres - Les exosquelettes moins chers et
de plus en plus légers et modulaires - Un hyperloop sous les mers ?
Période horrible où je dois me débarrasser de mes chats, où la chaudière
fuit à nouveau et m'enfume, où ma tension monte beaucoup...
Articuler travail et revenu de base, 10/12/16
C'est pourtant un enjeu fondamental de comprendre ce qui fait la
nécessité d'un revenu garanti pour tous (formulation qu'on préférera au
revenu universel ou revenu de base), au-delà de son apparence utopique
et de l'irrationalisme de ses partisans, pourquoi il est dans l'air du
temps et s'impose dans le débat malgré son caractère apparemment
infaisable. Le problème n'est pas tant le chômage (transitoire) que la
précarité (à l'ère de l'information) et les travailleurs pauvres. C'est
même la raison pour laquelle l'originalité du revenu de base, sa
définition, est d'être cumulable avec un revenu d'activité insuffisant -
ce pourquoi on peut dire que c'est un revenu pour travailler (à ce
qu'on aime). Ce que les 35h nous ont appris, c'est que les réformes se
font toujours a minima et dans la pire version la plupart du temps, rien
à voir avec ce dont on pouvait rêver. Or, si le revenu de base n'est
pas suffisant, il faut absolument se préoccuper de le rendre suffisant
(par un revenu complémentaire, revenu d'une activité rémunératrice)
sinon c'est une économie qui n'est pas viable, n'assure pas sa
reproduction. Non seulement son montant ne peut être suffisant dans le
contexte actuel mais se limiter à la question du revenu est très
insuffisant en soi, il faut le relier à la question du travail
immatériel et des nouvelles conditions de production ou de formation
avec la nécessité des institutions locales du travail autonome et du
développement humain (comme des coopératives municipales). Je le répète,
il faut s'occuper des transformations du travail, pas de sa prétendue
fin. D'une part parce qu'on a besoin de valoriser ses compétences et que
d'autre part, c'est la seule façon qu'un revenu garanti soit
soutenable, d'être productif et non pas dépense sociale en pure perte,
impossible à financer.
L'apprentissage de l'ignorance, 17/12/16
Bien qu'on ne puisse dire que ce soit nouveau ni original puisque c'est
par là que Socrate a fondé la philosophie, il est difficile de faire
comprendre le sens et la nécessité d'un apprentissage de l'ignorance. Il
paraît trop paradoxal que plus on en sait et plus on serait ignorant.
C'est qu'il ne s'agit pas de l'ignorance crasse, ignorance qui s'ignore
souvent à se persuader en savoir autant qu'un autre (revendication
démocratique), mais de la docte ignorance bien moins arrogante à mieux
savoir tout ce qu'on ignore. Il ne s'agit pas non plus de scepticisme,
même si tout commence par une mise en cause de l'opinion établie. Les
sciences se distinguent en effet à la fois du scepticisme et du
dogmatisme comme savoir en progrès, soumis à l'expérience et produisant
un savoir effectif mais qui ne peut être de l'ordre d'une vérité
métaphysique illuminatrice, ne laissant plus rien d'inexpliqué, alors
que chaque résultat soulève de nouvelles questions. La puissance de la
technique donne l'illusion d'une omniscience trompeuse. C'est le
dogmatisme, en général religieux, qui prétend pouvoir tout expliquer,
alors que, dans leur confrontation au réel, les sciences ont affaire aux
limites de nos savoirs. Non seulement les sciences détruisent nos
anciennes certitudes, mais elles constituent bien, comme on va le voir,
un progrès de l'ignorance elle-même - épreuve d'humilité difficile à
soutenir mais indispensable et qui ne ferait pas de mal en politique !
C'est à quoi me sert en tout cas, depuis des années, l'épreuve d'une
revue des sciences mensuelle qui dépasse forcément mes compétences et
m'empêche ainsi de m'y croire un peu trop. S'il y a un domaine où il est
mal vu d'avouer son ignorance, c'est bien la politique où, plus on est
jeune ou moins on s'y connaît, et plus on est sûr de soi, de se battre
pour le droit et la justice en suivant n'importe quel illuminé ou
démagogue. Il ne devrait pas être si difficile à des intelligences
artificielles d'être plus intelligentes que ces foules sentimentales !
Le frère du Éric de Éric et Ramzy apprécie beaucoup ma revue des
sciences, qu'il lit de bout en bout, mais, voulant m'aider, je lui ai
répondu que je partageais ainsi surtout mon ignorance, ce qui semblait
une pirouette assez incompréhensible. J'ai donc éprouvé le besoin de
clarifier cette affirmation paradoxale dans cet article qui s'est
d'ailleurs écrit tout seul. Pour le reste, la chaudière est réparée pour
l'instant, il fait beau et je vais mieux mais la situation reste en
impasse.
2017 - histoire de l'homme et de la technique, aliénation, intelligence artificielle, conscience et langage (64 ans)
C'est l'année où je suis devenu grand-père mais un
passage raté au https
a fait s'effondrer la fréquentation du blog comme
s'il était nouveau... Cela n'a pas empêché une production de qualité je
crois, reconstruction sur les ruines des utopies politiques alors que
l'ambiance dépressive s'estompe. Il faut dire aussi que je me suis mis à
regarder des vidéos youtube sur ma télé, aussi bien pour la musique que
pour la philosophie et les sciences (l'accès, entre tant d'autres, au
Collège de France comme aux conférences de Feynman depuis son canapé est
vraiment inespéré !).
Revue des sciences janvier 2017, 01/01/17
Ce que l'année 2017 nous réserve - Evolution du sexe - Pourquoi les
nazis n'ont pas eu la bombe - Coloniser la Lune dans ses "tubes de lave"
- Les continents n'auraient émergé qu'au Cambrien - Un thermostat
atmosphérique nous protège des tempêtes solaires - Le méthane en
augmentation dans l'atmosphère - Des particules de calcite contre le
réchauffement et pour l'ozone - Le refroidissement radiatif - Rôle de
l'utérus dans le clonage - Thérapie génique à base d'acides nucléiques
peptidiques (ANP) - Les blobs capables de transmettre leurs
apprentissages par fusion - Les chimpanzés reconnaissent leurs fesses
comme nous les visages - Les singes pourraient parler, c'est leur
cerveau qui ne le peut pas - La mémoire d'une histoire est très
semblable d'un cerveau à l'autre - Comment le cerveau refuse de changer
d'opinion politique - Le vieillissement cellulaire est réversible - La
grossesse modifie le cerveau - Les cellules cancéreuses qui ressuscitent
de l'apoptose - Les virus attaquent plus les hommes que les femmes qui
les transmettent - La fin des bateliers avec les bateaux autonomes
La politique et le vivant, 10/01/17
Vouloir changer le monde est souvent en ignorer l'écologie,
la complexité des interdépendances et des équilibres jusqu'aux risques
systémiques. Le règne des finalités qui nous a doté d'outils et d'un
foyer, nous engageant dans l'artificialisation du monde par notre
travail de transformation (néguentropique), toute cette efficacité
technique (locale) contraste fortement avec ses effets pervers globaux
et l'inefficacité politique, d'autant plus que les masses en jeu sont
importantes. Alors que la technique décuple notre pouvoir sur les
choses, elle ne nous sort pas pour autant de l'évolution à devenir
évolution technique, évolution subie dont se plaignent tant de gens,
devenue une seconde nature aussi menaçante parfois que la première.
Cette sélection après-coup par le résultat signifie bien la primauté du
réel sur la pensée et, c'est ce sur quoi il faut insister, cela oblige à
la réintégration des principes du vivant dans la politique, ceux de la
théorie des systèmes et de la cybernétique, avec la nécessité de
corriger le tir et de se guider sur le résultat. Il y a donc bien des
raisons profondes (cognitives) qui limitent l'efficacité de la
planification et du volontarisme, passant du paradigme mécaniste au
paradigme biologique. Cela n'empêche pas pour autant toutes les
entreprises d'investir dans leur développement et planifier leur avenir
mais elles ont dû intégrer le feed back de leur action. Il y a une dialectique entre top-down et bottom-up,
ce n'est pas l'un ou l'autre mais leur combinaison. On peut penser
qu'il serait bien nécessaire qu'il y ait une intelligence collective qui
gouverne le monde et préserve l'avenir, nous fasse passer de l'histoire
subie à l'histoire conçue. On ne peut que constater son absence. Il
faut ajouter que, non seulement les adaptations nécessaires ne dépendent
pas de nos opinions mais qu'elles ne sont pas connues d'avance,
finissant certes par s'imposer mais toujours après-coup et parfois avec
un grand retard.
La réciprocité contre la République, 15/01/17
L'ordre du monde nous précède, avec son Etat de Droit, tout comme les
populations sont là pour des raisons historiques sans demander notre
avis. La tentation est forte actuellement de remettre en cause ces
évidences. C'est ce qui rend dangereux dans ce contexte d'introduire
dans la république des concepts comme celui de réciprocité - même
différée par le circuit du don, sans compter que le don n'est pas sans
hiérarchie. Ce sont toujours les pauvres qui finissent par en être
culpabilisés à la fin et à qui on va demander de rendre ce qu'ils ont
reçu. L'importance de la réciprocité dans nos rapports humains n'est pas
en cause, seulement son utilisation politique dans l'illusion que nous
serions à l'origine de la société. Contrairement au mythe d'une
démocratie comme auto-fondation sur elle-même, nous ne sommes pourtant
que les gestionnaires d'un héritage local et des intérêts communs. En
politique, le commun lui-même est objectif, il ne résulte pas d'une mise
en commun préalable selon la volonté de chacun, pas plus que notre
cohabitation résulterait d'un accord préalable.
Alors qu'une semaine de grand froid s'annonce, ma chaudière s'est mise
de nouveau à fuir, heureusement j'ai réussi à la réparer juste à
temps...
Mes réponses au questionnaire sur le revenu de base, 24/01/17
Le Mouvement Français pour un Revenu de Base voulant recenser les
différentes propositions existantes m'a demandé de répondre à son
questionnaire. J'ai de nouveau insisté sur le fait que le revenu de base
était insuffisant, qu'il fallait le compléter par les institutions du
travail autonome.
Revue des sciences février 2017, 01/02/17
La modélisation de l'innovation - La désinformation sur les réseaux
sociaux Les bienfaits des toxines végétales - Un nouveau réalisme
quantique - Des preuves que l'univers est un hologramme ! - La matière
noire est-elle une illusion et la gravité une émergence ? - La lumière
revient en arrière dans l'expérience des 3 fentes de Young - La
complexité des cycles glaciaires - La sensibilité du climat au CO2 plus
forte que prévue - 50 milliards par an pour reconstituer la glace de mer
- Des bactéries viables avec 2 nouvelles bases dans le génome - Un faux
départ pour la vie complexe, il y a 2,3 milliards d'années ? - La
mortalité des corps liée à la préservation des mitochondries ? - Les
environnements stressants favorisent les tricheurs - Un embryon chimère
homme-cochon - Un anticorps qui protège du sang de vieux (de
l'inflammation) - La squalamine, extrait du foie de requins, contre le
Parkinson - Des dents qui se régénèrent toutes seules grâce à un
médicament anti-Alzheimer - Un viagra mental : l'hormone du désir sexuel
? - Des verres liquides intelligents qui s'adaptent à ce qu'on regarde
J'ai cru à une déchirure musculaire en soulevant une très grosse
bûche, pour ce qui était une névralgie cervico-brachiale (comparable à
une sciatique mais dans les cervicales) qui me fait horriblement souffrir et
surtout m'empêche de dormir (comme de faire quoi que ce soit). Sinon, la
fréquentation du blog est toujours au plus bas, Google ne l'indexant
presque plus depuis le passage en https...
Aucune élite ne vaut rien (Alain 1911), 13/02/17
Quelques courtes citations des propos sur les pouvoirs d'Alain qu'il n'est pas mauvais de relire en ces temps d'élections : Notre élite ne vaut rien ; mais nous ne devons pas nous en étonner ; aucune élite ne vaut rien...
Je trouve que les évidences d'Alain sont bonnes à relire même si elles méritent aussi d'être critiquées bien sûr.
Du dualisme à l'écologie, 14/02/17
Les questions métaphysiques les plus abstraites peuvent avoir des enjeux
politiques décisifs dans l'opposition entre idéalisme
(de la volonté) et matérialisme (des possibles) qui remet en cause le
rôle central supposé de l'Homme dans l'histoire et fait toute la
difficulté du passage à la prise en charge de notre écologie. Contre
toute la tradition idéaliste, voire mystique, il y a nécessité pourtant
de comprendre et maintenir le dualisme de l'esprit et du corps, de
l'idée et du réel comme du software et du hardware. On peut appeler
matérialisme ce qui n'est rien d'autre que la distinction radicale de la
pensée et de la matière, extériorité sur laquelle la pensée se cogne,
transcendance du monde livrée à notre exploration et qui n'est pas
négation de la pensée mais son Autre, sans espoir de réconciliation
finale. On ne peut en rester là pourtant, et c'est tout l'enjeu de cette
réflexion, la contradiction à laquelle nous sommes confrontés. En
effet, une fois qu'on a disqualifié, au nom d'un dualisme irrémédiable,
toute fusion mystique ou sociale, impossible de supprimer l'aspiration à
l'unité qui s'y manifeste mais impossible surtout, lorsque le sort de
la planète dépend désormais de nous à l'Anthropocène, de se détourner
des totalités effectives, sous prétexte qu'elles nous dépassent ou sont
divisées. L'échec du politique ne réduit pas la nécessité du politique.
La réconciliation impossible avec le monde est devenue une nécessité
écologique. Notre tâche est d'arriver, en dépit de tout ce qui s'y
oppose, à réagir collectivement, aussi bien localement que
planétairement. Ce qu'on a essayé de montrer, c'est que la condition
préalable pour dépasser notre impuissance politique serait de ne pas
présupposer au départ cette unité d'action, qui est plutôt à négocier,
ni de la fantasmer sous le mode du groupe en fusion (derrière son chef),
c'est d'en reconnaître au contraire l'impossibilité première : sortir de l'idéalisme pour le réaliser.
Les origines du miracle grec, 18/02/17
Ce qu'on appelle, pas pour rien, "le miracle grec" est un bon exemple de
l'histoire idéaliste qui voudrait en faire une origine absolue et
inexplicable, au lieu d'un stade nécessaire de la civilisation. Il y a
deux erreurs qu'on peut faire sur le miracle grec : penser qu'il était
une exception, une origine absolue, ou penser que ce n'était qu'un
événement spirituel (Heidegger faisant les deux erreurs). Rien de mieux
pour réfuter l'idéalisme et montrer que l'histoire résulte de causalités
extérieures que d'examiner les trois éléments matériels à l'origine de
cette révolution cognitive : l'économie marchande, la guerre entre cités
et la démocratisation de l'écriture par l'invention des voyelles.
Ne passez jamais au https !, 19/02/17
Annonce du retour au http après la malheureuse expérience du https m'ayant fait disparaître des moteurs de recherche...
Le http a été restauré mais les navigateurs forcent toujours le https (à
cause du HSTS). C'était une prise de tête. Sinon, après les cervicales, c'est le dos qui me fait
souffrir et m'empêche de dormir, de
plus la chaudière a de nouveau eu des fuites, je n'ai plus de bois et suis à découvert. Il serait temps que je
quitte la scène...
Revue des sciences mars 2017, 01/03/17
Le Système solaire, une exception née du chaos - Pergélisol et climat :
les chiffres de la menace - Mieux cultiver pour stocker le carbone - Les
récepteurs du goût amer déclenchent nos défenses immunitaires - La
démonstration de l'entropie ? - Le réchauffement pourrait bien refroidir
l'Europe - Un matériau produit de l'électricité avec le mouvement, la
chaleur et le soleil - Des métamatériaux refroidissent les toits sans
énergie - Des algues survivent 2 ans dans l'espace - Le gène du
dimorphisme entre mâle et femelle - Les neurones de la conscience
connectent l'ensemble du cerveau - Le fondement animal de la morale
sociale Des centaines de Stonehenge dans la forêt amazonienne -
L'oxygène de l'air serait cancérogène ! - Manger de vieux animaux nous
vieillit - Dépression et allergies favorisent les infections virales -
Un laser qui tue les insectes - Une imprimante 3D ultrarapide grâce à
l'holographie - Des robots qui se servent d'outils
La démocratie des minorités, 06/03/17
Derrière
les péripéties qui nous divertissent comme spectateurs d'une élection à
rebondissements, l'essentiel est bien la décomposition du champ
politique, sans doute avant sa recomposition, mais le plus frappant dans
cette désintégration des anciennes coalitions, à gauche comme à droite,
c'est comme chaque composante peut se prétendre majoritaire et prendre
le parti pour le tout, refusant toute alliance avec ceux qui ne pensent
pas tout-à-fait comme eux ! Les plus radicaux imaginent que c'est en ne
cédant rien sur leur radicalité qu'ils gagneront le pouvoir ! Mieux vaut
rester pur que se compromettre, ne faisant qu'ajouter à la division.
C'est que l'affluence aux meetings persuade monsieur 15% qu'il
représente tout le peuple et les primaires se sont révélées l'expression
des plus engagés, privilégiant un certain extrémisme (le programme de
leurs rêves) sur les plus réalistes ou prudents, exacerbant les
différences et figeant les oppositions.
Sister Rosetta Tharpe, la grand-mère du (gospel) rock, 08/03/17
Brève histoire de l'homme, produit de la technique, 15/03/17
Brève récapitulation à grands traits de l'histoire humaine d'un point de
vue matérialiste, c'est-à-dire non pas tant de l'émergence de l'homme
que de ce qui l'a modelé par la pression extérieure et nous a mené
jusqu'ici où le règne de l'esprit reste celui de l'information et donc
de l'extériorité. S'en tenir aux grandes lignes est certes trop
simplificateur mais vaut toujours mieux que les récits mythiques encore
plus simplistes qu'on s'en fait. Il ne s'agit pas de prétendre pouvoir
rendre compte de tous les événements dans le détail mais de prendre la
mesure de tout ce qu'on peut expliquer par l'évolution technique ou
climatique au lieu des valeurs morales. Malgré toutes ses insuffisances,
cette esquisse trop rapide est juste destinée à mettre en valeur les
causes matérielles d'une histoire qui les gomme derrière le récit des
actions individuelles présentées comme décisives. Cela peut suffire à
montrer que nous ne sommes ni la cause du savoir ni de l'évolution ni de
la langue, alors que nous en sommes plutôt les sujets. D'un bout à
l'autre, on constate le règne de la nécessité où la liberté humaine est
de bien peu de poids, pouvant certes intervenir et en changer les
péripéties mais sans modifier sensiblement les grandes tendances et les
masses en jeu.
Assez content de cet article. Sinon, toujours un peu de sciatique et la chaudière qui fuit...
La tentation du pire,
22/03/17
Même s'il est incontestablement très tentant de donner une
interprétation psychologique à la division de la gauche qui la mène
stupidement à la défaite, c'est juste vouloir ignorer les causes réelles
de la situation. On pourrait accuser en retour ce psychologisme de
refoulement (si ce n'est de forclusion) au profit d'une vision très
naïve de la politique et de sa supposée rationalité, vision qu'on peut
dire bourgeoise de la défense de l'ordre établi et du service des biens.
C'est une position qui est assurément très raisonnable. Sauf que le
réel est insupportable. Du point de vue subjectif, la jouissance de la
rupture voire du désastre est certes une jouissance mauvaise mais elle
est indéniable, expliquant le plaisir que pas mal de gens ont pu
éprouver à l'élection de Trump. Il se pourrait, de plus, qu'il soit
nécessaire objectivement de passer par le pire pour rebattre les cartes
et s'adapter à un monde qui a tellement changé.
Revue des sciences avril 2017, 01/04/17
L'intelligence artificielle autonome
- Les robots devront parfois désobéir - Un antibiotique contre Parkinson
? - Un trou noir supermassif éjecté à grande vitesse - Les
extraterrestres propulseraient leurs vaisseaux par des ondes radio ? -
La Nasa veut rendre Mars habitable en recréant son champ magnétique - La
programmation de cellules de mammifères opérationnelle - Le métabolisme
à l'origine de la vie avant l'ARN - Le sens de l'évolution maximise
l'utilisation d'énergie - Un virus à l'origine de la reproduction sexuée
- Les risques d'extinction sont plus grands que les chances de
croissance - Des têtards apprennent à voir avec un oeil greffé sur leur
queue ! - La contagion émotionnelle du jeu chez les perroquets - Les
espèces de piverts sociables ont vu leur cerveau diminuer ! -
L'espérance de vie de chimpanzés égale à celle de chasseurs-cueilleurs -
Des crânes de Denisoviens de 100 000 ans découverts en Chine ? - Des
gravures de 32 000 ans - Augmenter les cellules souches dans le sang
avec une protéine - Le manque d'oméga-3 cause de l'Alzheimer ? - 66% des
cancers dues au hasard de mutations fatales - Autisme : nette
amélioration des troubles grâce à un diurétique - Impression 3D de
bactéries pour produire des matériaux - Faire déplacer un liquide tout
seul grâce à des microtubules de cellules - Un projecteur vidéo crée une
réalité augmentée sans casque - Le taxi volant autonome d'Airbus
L'imposture populiste, 13/04/17
Ce qui devrait être le coeur de la philosophie, c'est bien la question
politique, de son irrationalité et de son impuissance. La seule question
philosophique sérieuse est celle de notre suicide collectif, la
philosophie pratique ne pouvant se réduire à l'individuel qui n'est rien
sans l'action collective. Depuis la fin du communisme, car notre
problème est bien l'échec du communisme partout, les aspirations
révolutionnaires à l'égalité et la justice, ne trouvant plus d'autres
issues, ont dérivé de plus en plus vers l'extrême-droite, de l'islamisme
au nationalisme. Au niveau théorique, on a assisté aussi à l'impensable
retour d'une sorte de fascisme, sous la forme adoucie du "populisme",
auquel Ernesto Laclau et Chantal Mouffe ont voulu donner une dangereuse
caution intellectuelle, organisant la confusion entre gauche et droite,
alors que, malgré leurs dénégations, le populisme reste l'appel à un
pouvoir autoritaire, volontariste, souverainiste, nationaliste et
identitaire.
Bonne période chaude d'avril, sans plus de problèmes de santé ni
d'argent dans l'immédiat (même si je n'ai toujours pas les moyens de payer le dentiste)
en attendant l'élection présidentielle à rebondissements.
Revue des sciences mai 2017, 01/05/17
Il n'y a pas de super-intelligence - L'espace-temps tissé par
l'intrication - L'intrication quantique est-elle un trou de ver ? - La
grammaire universelle de Chomsky réfutée - L'ancêtre de toutes les
cellules déjà complexe - Le point froid du rayonnement fossile, la
collision d'un autre univers ? - L'énergie noire n'existerait pas - Le
projet fou d'accrocher un immeuble à un astéroïde - Une comète à
l'origine d'un petit âge glaciaire il y a 13 000 ans - Le thermostat
naturel des niveaux de CO2 - Le réchauffement pourrait diminuer le
plancton des océans tropicaux - Augmenter la réflexion des nuages avec
du sel pour protéger la barrière de corail ? - Un sèche-linge à
ultrasons - Lilium Jet, le premier avion électrique à décollage vertical
- L'atmosphère primitive a produit les bases de l'ARN grâce aux
astéroïdes - Des organismes vivant 10km sous terre - Des modifications
épigénétiques favorisent la spéciation - On rêve même pendant le sommeil
profond - Un utérus artificiel pour des agneaux prématurés de 4
semaines - Le sang du cordon ombilical humain améliore la mémoire des
souris - Prendre un bain chaud serait aussi bénéfique que le sport - La
guerre entre intelligences artificielles - Facebook veut connecter les
cerveaux pour communiquer par la pensée
Le capitalisme de réseau, 03/05/17
Un article de décembre montre comme la blockchain associée au
crowdfunding pourrait exploiter "l'effet de réseaux" pour le
capital-risque en permettant de distribuer aux premiers investisseurs
des "jetons" destinés à prendre de la valeur avec le développement de la
start-up. C'est ce qu'on appelle ICO (Initial Coin Offering),
nouvelle forme de capitalisme numérique très différente du capitalisme
industriel. Ainsi, si les blockchains ont d'abord permis l'émergence de «
l'Internet de l'argent », désormais elles ouvrent la voie à «
l'Internet des actifs ».
Je suis grand-père d'un petit Samy, né le 6 mai.
Les 4 types d'organisation du travail du futur, 08/05/17
Taylorisme numérique, plateforme numérique, organisation apprenante, super-intérim
Critique de l'aliénation, 12/05/17
La question de l'aliénation posée au regard d'une essence de l'homme
commence avec les jeunes hégéliens. D'abord religieuse chez Feuerbach,
puis économique avec l'émergence du prolétariat industriel dans toute
son inhumanité. Les deux formes cardinales de l'aliénation, qui en
imposeront le thème, sont effectivement l'aliénation religieuse et
l'aliénation dans le travail. Mais c'est seulement des années 1920 à
1970 que l'aliénation deviendra centrale. De l'existentialisme à Lukàcs
et l'Ecole de Francfort, aux situationnistes, à Mai68, aux féministes ou
écologistes, le thème de l'aliénation aura tendance à se répandre un
peu partout, dessinant en creux une essence humaine idéalisée. D'autres
sortes de matérialismes oseront les mêmes promesses insensées de
réconciliation finale que les religions du salut, que ce soit le
sexo-gauchisme s'imaginant, par une mauvaise lecture de Freud cette
fois, retrouver une nature harmonieuse dans la transgression de la loi
et la levée de tous les tabous, ou encore les écologistes voulant nous
faire revenir à un mode de vie naturel censé permettre l'épanouissement
de nos qualités humaines. Bien sûr, les promesses ne sont jamais tenues
car l'état originel supposé n'existe pas ni la chute dans l'aliénation
comme dans le péché. L'homme est un être inachevé, une espèce invasive
adaptable à tous les milieux mais qui y reste comme étranger, inadéquat,
déraciné. Son identité n'est pas donnée, encore moins immuable alors
que, ce qui le caractérise serait plutôt le questionnement et le
non-identique (même à me renier, je reste moi-même). L'être parlant que
nous sommes ne contient pas sa finalité en lui (Je est un Autre), il est
parlé plus qu'il ne parle, constitué des rapports sociaux et des
discours ambiants, de sorte qu'on peut dire avec raison que pour un tel
être, l'existence précède l'essence. Il faut rétorquer aux tentatives de
fonder une norme humaine, une identité originaire de l'humanité qui
serait opposable aux robots comme aux transhumains, que nous sommes
plutôt les produits d'un apprentissage et d'une évolution qui nous
dépasse, que nous ne sommes pas au centre de l'univers, pas plus que ses
créateurs, et que ni nos capacités cognitives, ni les sciences ne sont
propres à notre espèce encore moins à une tradition ou une race.
Texte préparatoire à l'article suivant sur Gorz et qui m'apparaît tenir
le coup.
Le moment Gorz, 25/05/17
Dix ans après sa mort, je tente de faire le bilan de ce qui a été pour
moi et quelques autres le moment Gorz, à la fois sa nécessité historique
pour nous et son caractère daté. C'est un fait que sa présence nous a
permis de passer du marxisme à l'écologie, nous servant à défendre une
écologie politique radicale. C'est un fait aussi que nous avons échoué,
ce dont il faut bien rendre compte. Reste la voie des alternatives
locales qu'il a commencé à élaborer et qui pourrait avoir plus d'avenir ?
Article pour EcoRev' à l'occasion des 10 ans de la mort de Gorz et qui a
été l'objet d'un échange avec son biographe, Willy Gianinazzi, très déçu et choqué même !
Revue des sciences juin 2017, 01/06/17
Comment aller explorer Alpha du Centaure - Parler en sifflant un
phénomène planétaire - Les mécanismes neuronaux du désir et de l'amour -
L'expansion de l'univers causé par les fluctuations quantiques de
l'espace-temps - Les bouillonnements de méthane augmenteraient la
capture du CO2 ! - Des coraux qui se développent plus vite dans l'eau
chaude survivent au réchauffement - Convertir l'azote de l'atmosphère en
engrais - Du lait synthétique avec des levures OGM - Des fossiles
microbiens de 3,48 milliards - Les babouins ont une asymétrie semblable à
celle du langage - Le rôle de l'alcool depuis 10 millions d'années au
néolithique - Les migrations humaines par les gènes et la langue - La
structure hiérarchique de la langue confirmée dans le cerveau - Des
souvenirs refont surface grâce à la stimulation électrique cérébrale -
Des cellules souches humaines cultivées pour produire du sang - Un
ovaire imprimé en 3D a permis la naissance de bébés souris - Le cannabis
mauvais pour les jeunes, bon pour les vieux - Une pilule pour remplacer
le sport - Une électrode dans le cerveau pour contrôler un exosquelette
- La voiture volante de Toyota pour 2020
L'origine de la religion, de la civilisation et de l'agriculture, 13/06/17
C'est surtout depuis 2015 qu'est apparue l'importance considérable du
site appelé Göbekli Tepe (à la frontière entre la Turquie et la Syrie)
daté de presque 14 000 ans et qui devient un candidat très sérieux (avec
ses mégalithes en T) à l'origine de la religion, de la civilisation et de
l'agriculture, pas moins !
Le réel au-delà de la technique, 18/06/17
Quand on a l'audace de remettre en cause la centralité de l'homme, la
tentation est grande de remplacer cette centralité par celle de la
technique, ce qui est tout autant trompeur, se focalisant sur des
techniques qui ne sont que le résultat de nécessités extérieures
(écologiques, économiques, militaires). L'évolution technique a beau
sembler être autonome, prolongeant son état antérieur et se
complexifiant, elle ne procède pas d'elle-même mais de son époque (ce
pourquoi on a souvent des inventions simultanées) ainsi que des urgences
du moment (sans quoi elles ne sont pas adoptées), de sorte qu'on peut
dire aussi de la technique, qu'elle n'existe pas. Ce qui existe, ce sont
des processus matériels en interactions et en évolution constante, la
continuation de l'évolution biologique par d'autres moyens (externes).
Ce qui disparaît à mettre la technique au premier plan, c'est le milieu,
milieu d'où viennent ces techniques. Le réel reste opaque, qui fait
trou dans le savoir, se définit d'y échapper à faire événement, mais
nous maintient dans une sorte de darwinisme. S'obstiner à vouloir faire
de l'homme la cause de la technique ou du capitalisme et de leurs
dévastations, ne peut mener qu'à vouloir nous changer, retrouver notre
nature perdue ou forger un homme nouveau, mais en tout cas opposer aux
techniques du pouvoir des contre-techniques pour nous rééduquer,
redresser notre désir, soigner nos perversion - dangereuse conception
thérapeutique et normalisatrice de la philosophie comme de la politique.
L'article a eu pas mal de "like" Facebook (en https), sans doute mérité ! En
fait, c'est surtout une critique de Bernard Stiegler, avec qui j'avais
eu un échange houleux en février 2015, mais il y a une grande
continuité dans mes derniers articles, notamment sur la
technique et la causalité par le milieu. Sinon, on peut dire que c'est
la
grande forme depuis assez longtemps maintenant (plus de 3 mois!), alors
que vient une
canicule.
Revue des sciences juillet 2017, 01/07/17
La stagnation de l'économie
- A l'origine, il y avait 2 soleils - Après la planète 9, la
planète 10 ? - Elon Musk veut envoyer 1 million de colons sur Mars -
L'eau serait un équilibre entre deux formes de liquides - L'océan
arctique était un lac d'eau douce, il y a plus de 34 millions d'années -
La réplication des deux brins de l'ADN n'est pas synchronisée - On peut
effacer la mémoire non-associative d'un ver sans toucher à sa mémoire
associative - Le cerveau multidimensionnel - La fonction de la
conscience dans l'apprentissage - L'altruisme chez les chimpanzés - Un
homo sapiens archaïque de 300 000 ans au Maroc - Des proto-hiéroglyphes
égyptiens de 5200 ans - Une cité impériale de 4000 ans confirme les
récits légendaires chinois - Sergio Canavero "réussit" des greffes de
têtes - Des cellules de porc dans le cerveau contre le Parkinson -
Cibler un rétrovirus de notre génome pour mieux éliminer le VIH - Un
masque d'auto-hypnose connecté - La téléportation biologique - Michelin
Vision, un pneu imprimé en 3D et réparable - Un premier Hyperloop reliant Paris à Amsterdam en 2021 ?
Jacques Robin, 10 ans après, 07/07/17
Je ne peux pas, en ce jour anniversaire, ne pas penser à Jacques Robin
qui est mort, il y a tout juste 10 ans le 7/7/7 et qui m'aura sollicité
en permanence de 2002 à 2007. Même si mon rôle était essentiellement
critique, ce qu'il m'a apporté a été décisif, non seulement par son
estime mais de m'avoir ouvert aux sciences, ce que je n'aurais jamais
osé tout seul et qui est bien sûr fondamental. Le plus important
cependant, c'est incontestablement son insistance sur l'information et
sur la rupture qu'elle produisait avec l'ère de l'énergie, avertissant
sans cesse qu'on était en train de "changer d'ère". L'étonnant, c'est
que 10 ans après, cette rupture reste encore relativement méconnue,
déniée ou du moins minimisée alors que l'accélération technologique
affole tous les repères. Cela donne la mesure de son avance, et du
retard d'une époque sur sa conscience d'elle-même.
Pour cet anniversaire j'ai eu beaucoup de mal à écrire un texte, qui a fini par être écrit au dernier moment.
La domestication de l'homme par l'homme, 09/07/17
Plusieurs études semblent bien confirmer que notre espèce se caractérise
par le fait que nous nous sommes domestiqués nous-mêmes (et féminisés)
avant de domestiquer les animaux (d'abord les chiens). C'est un nouvel
exemple de la façon dont nous avons été modelés par le milieu et la
technique dans le sens d'une dénaturation culturelle nous séparant de
l'animal sauvage en nous faisant plus dociles, capables de se retenir et
de suivre des règles sociales, d'obéir enfin (c'est la capacité d'obéir
qui donne sens à notre liberté). Bien sûr, tout est relatif et
progressif mais notre domestication signifie que nous avons dû apprendre
à réfréner, voire refouler, nos instincts, ce qui se serait fait par
élimination (de la reproduction au moins) des plus agressifs et
impulsifs, c'est-à-dire principalement ceux qui avaient le plus de
testostérone (cela se voit sur les crânes). L'hypothèse intéressante
ici, c'est que le développement de notre gros cerveau était antérieur à
celui de la culture, précédant l'élimination des plus agressifs qui
aurait été la conséquence de nos capacités cognitives (la raison)
permettant de se liguer contre les plus violents.
La nouvelle n'était pas prévue qui donne un nouvel éclairage - comme
toujours un peu décevant. J'ai vu des vidéos bien intéressantes sur les
topos de Grothendieck et d'une mathématicienne, Olivia Caramello, qui
m'a impressionné.
Revue des sciences août 2017, 01/08/17
Le retour du risque nucléaire - L'intelligence artificielle enjeu du
siècle - Les premiers tailleurs de pierre n'étaient pas humains - La
moitié de la matière vient de galaxies lointaines - Des micro-satellites
pour les voyages interstellaires - Des rivières souterraines coulent
sur Mars ? - Mission Dart : la Nasa veut dévier un astéroïde -
L'exploitation minière de la Lune dès 2020 - Ce que le champ magnétique
terrestre doit à la Lune - Une enzyme accélère la séquestration du CO2
dans l'océan - Du méthane à partir du CO2 et du Soleil - L'ADN poubelle
(75%) nous protège des mutations délétères - Les vers géants des
profondeurs vivent plus de 1000 ans - Les corbeaux savent anticiper -
Les rats savent qu'ils savent et qu'ils oublient - Deux gènes sociaux
expliqueraient la domestication des chiens - Le mauvais sommeil des plus
âgés en fait des veilleurs de nuit - La pensée de groupe - 16 gènes
détermineraient l'espérance de vie - Des cellules souches dans
l'hypothalamus pour rajeunir - La mémoire perdue peut être réactivée -
FlatScope, un implant cérébral connecté - Un téléphone alimenté par les
ondes ambiantes - Mira, un casque de réalité augmentée à 99$
La liberté contre l'identité chez Sartre, 16/08/17
L'Être et le Néant de Sartre n'est pas un livre sans faiblesses mais
celles-ci n'ont pas tant d'importance au regard de l'influence qu'il
exercera sur son époque. En effet, s'y fondait une position politique
opposée à celle du nazi Heidegger et de sa quête de l'originaire,
position de gauche pour laquelle "l'existentialisme est un humanisme".
Bien qu'il soit contestable de tout réduire au néant, cela servira de
socle à une conception de l'homme très différente en effet de celles de
Hegel ou Heidegger - qu'il semble pourtant ne faire que répéter -
puisqu'elle le libère au contraire de ses dettes envers le passé comme
de toute essence supposée. Il ne s'agit plus d'être-là, d'habiter le
lieu, mais de le déborder, toujours déjà pris dans la négation ou la
fuite en avant, non à cause de notre finitude de mortels, mais de notre
réflexivité et de notre projection dans l'avenir, entreprise de
désidentification pour laquelle l'identité qui nous fige devient même
une insulte, nous ramenant à une chose inerte, nous assignant à notre
place, devenus anonymes et muets. Revenir à Sartre est utile pour combattre le retour des tendances
identitaires et autoritaires en y opposant une liberté de principe qui
nous constitue comme interlocuteur, véritable dignité de l'homme. On
donnera cependant presque un sens inversé à l'affirmation
anti-platonicienne que "l'existence précède l'essence", où l'homme n'est
plus au centre, auto-création de soi-même, alors que c'est le milieu
qui détermine entièrement l'évolution d'une essence humaine changeante -
ce qu'il faut concilier avec notre liberté supposée, sa nécessité
métaphysique comme sa réalité pratique.
Période tranquille un peu moins chaude entre deux canicules où l'on a
dégagé la dalle devant la cuisine, sauf que les douleurs reviennent (qui
avaient disparu depuis le mois d'avril) et une incompatibilité avec la
dernière mise à jour wordpress a obligé à reconstruire le blog (en
perdant quelques fonctions) mais la fréquentation est tellement basse
que cela me démobilise un peu plus.
Revue des sciences septembre 2017, 01/09/17
La voiture autonome modifie l'urbanisme - Une centaine de volcans sous
l'Antarctique - Il y a bien une transmission épigénétique - CRISPR-RCas9
l'édition de gène qui cible l'ARN - L'édition de gène par homologie
(sans CRISPR) - Des hommes à Sumatra avant l'éruption du Mont Toba (71
000 ans) - Les modifications épigénétiques de la parole qui distinguent
Sapiens - L'agriculture a fragilisé notre squelette et rendus moins
forts - Une tablette babylonienne de trigonométrie de 3700 ans - Les
différences du cerveau entre hommes et femmes - Contrôler par champs
magnétiques les mouvements d'un animal - Le cerveau évalue mieux que
nous - On peut apprendre pendant le sommeil léger mais on oublie après
le sommeil profond - Une zone du cerveau stimulée rend familier
l'inconnu - Reprogrammer instantanément les cellules avec une puce
délivrant de l'ADN - Des cochons OGM pour produire des organes humains à
transplanter - Des greffes de peau modifiée avec CRISPR contre le
diabète - Une pilule qui remplace le sport - Un anti-inflammatoire
réduit crises cardiaques et cancers - Le premier jeu contrôlé par le
cerveau
Ce qui donne sens à l'existence, 12/09/17
Même les utopies politiques n'ont pas peur de promettre l'épanouissement
de l'individu et de ses capacités, dans une conception spinoziste qui
correspond sans doute à ce qu'on peut considérer comme la véritable
réussite personnelle et va très bien à certains mais ne trouve pas
d'écho en moi, ne suffit pas en tout cas à faire sens. Dans une société
parfaite, pour quelle raison écrire des poèmes ou philosopher ? La
création artistique censée exprimer notre précieuse intériorité ne
serait-elle plus qu'un passe-temps sans conséquence ? Ne perd-elle pas
tout sens justement ? Le sens ne vient que des actions collectives, de
l'histoire et de l'inachevé, d'un enjeu vital pour l'avenir. Ce qui nous
manque pour donner sens à notre vie, notre journée, notre travail, ce
n'est aucune condition matérielle mais seulement le sentiment de
travailler à une oeuvre commune, d'y avoir une action positive, d'y être
reconnu, projection dans un futur au-delà de notre propre existence
plus que jouissance éphémère ou présence au monde. En tout cas, il y a
de quoi récuser le souci de soi plus ou moins biologisant dont on nous
rebat les oreilles. Bien sûr, ce n'est pas parce que l'être parlant a
besoin de sens et qu'il ne peut le trouver qu'à l'extérieur que le sens
serait toujours bénéfique. C'est une puissance très ambivalente (il n'y a
pas que la technique), il est même à l'origine des plus grandes
horreurs (guerre des religions, nazisme, communisme, terrorisme, etc).
Le sens reste dangereux, le collectif reste dangereux et c'est aussi ce
qui donne du poids à nos engagements et sens à notre existence.
Qu'est-ce que la démocratie ?, 22/09/17
Les agriculteurs qui ont remplacé les marins-pêcheurs de la culture
mégalithique, étaient très égalitaires et démocratiques si l'on en croit
Alain Testart qui parle à leur sujet de "démocraties primitives". Mais
alors, si la démocratie était relativement courante dans la préhistoire,
bien que dominée par des régimes hiérarchiques et militaires depuis le
néolithique, qu'est-ce que les Grecs ont inventé ? On pourrait dire
qu'ils ont juste formalisé la démocratie, passage à l'écrit des diverses
constitutions permettant la réflexion sur leurs principes, mais, en
fait, ils ont surtout inventé la démocratie marchande inégalitaire ! Le
marché serait effectivement le déterminant principal de la démocratie si
l'on en croit Archytas de Tarente, dirigeant-philosophe ami de Platon,
pour qui le concept d'égalité se serait imposé dans les rapports
marchands, l'échange équitable entre le vendeur et l'acheteur grâce à
une mesure commune et une pensée raisonnée qui égalisent les
contractants. Le marché serait ainsi la condition de la démocratie
inégalitaire régie par un droit égalitaire. L'autre origine mythique de
la démocratie, c'est bien sûr la Révolution Française alors qu'en dehors
de la déclaration des droits de l'homme et du citoyen, nos institutions
viennent directement de la monarchie constitutionnelle ou de l'Empire.
Revue des sciences octobre 2017, 01/10/17
Austérité et robotisation - Le réchauffement serait moins fort que prévu
- Pas de bombe méthane ? - Un détecteur portable de neutrinos basse
énergie - L'inflation cosmologique - La gravité un effet de
l'effondrement de la fonction d'onde ? - Un millier de colons sur la
Lune en 2050 ? - Transformer le CO2 en carburant - L'ADN viendrait des
météorites et devancerait les acides aminés - L'ancêtre des primates
faisait des sauts acrobatiques - Un village de la côte ouest du canada
daté de -14 000 ans - Chez les souris mâles les neurones sexuels sont
liés à l'agression - Le vieillissement provoqué génétiquement par
l'autophagie - La stimulation cérébrale réveille un patient en état
végétatif depuis 15 ans - La dépression différente pour l'homme ou la
femme - La dépression une maladie inflammatoire ? - Un antidépresseur
IMAO-A contre la graisse inflammatoire - Les macrophages inflammatoires
dans notre graisse à l'origine du diabète - Un patch avec des
nanoparticules réduit de 20 % des bourrelets graisseux - Un "stylo" qui
détecte des cellules cancéreuses en 10 secondes - Des hologrammes sur le
pare-brise - L'agriculture robotisée sans l'homme du semis aux récoltes
C'est le début de la récolte et des érables rougeoyants, toujours un bon
moment avec abondance de fruits (les figues sont succulentes après le
raisin) mais le temps est très instable passant de l'été à l'automne en
quelques jours. Il a fallu remettre le chauffage, faire le ramonage (les
poumons en ont pris un coup) puis il a refait 27°C !
L'aliénation dans le travail, 10/10/17
L'aliénation est pour Hegel une nécessité de l'expression, de
l'objectivation et de la conscience de soi alors que, si on remet la
dialectique sur ses pieds matériels, l'aliénation dans le travail relève
plutôt de nécessités extérieures, de besoins sociaux et vitaux, ce qui
n'empêche pas que le travail nous objective et que nous y sommes mis en
question dans notre être. L'impératif de nous désidentifier de notre
travail n'est pas seulement une nécessité ontologique, l'intervention
d'une liberté arbitraire, mais peut se comprendre plutôt comme la
nécessité de corriger la représentation que mon travail donne de moi,
retrouvant la "réthorique des passions" d'Aristote, où la passion se
définit comme réaction à la représentation que l'autre a de moi. Sinon,
le sens du travail n'est pas individuel, il est social, l'autonomie dans
le travail sert à faire le nécessaire, pas à faire n'importe quoi ni à
notre "libre développement", ne supprimant pas du tout l'hétéronomie du
système de production qu'on soit salarié ou indépendant. Le travail nous
restera toujours étranger de quelque façon, étrangeté du réel qui ne se
plie pas à nos quatre volontés et mobilise toutes nos énergies pour pas
grand chose souvent, mais la dureté du réel n'efface pas la face
positive du travail comme socialisation, maîtrise de son métier,
exercice de ses capacités, réussite et reconnaissance monétaire, tout ce
qui fait qu'on tient à son travail comme à sa place - sans qu'on puisse
donc s'y identifier tout-à-fait.
L'ère de l'intelligence artificielle, 20/10/17
Si certains ne veulent y voir rien de nouveau, soulignant les
limitations actuelles, d'autres tombent dans les exagérations les plus
extrêmes, de la crainte du grand remplacement par les robots, qui seront
plutôt nos partenaires, à notre asservissement par une intelligence
supérieure, quand ce n'est pas une Singularité mythique, extrapolation
exponentielle qui n'a aucun sens. La vérité, c'est que l'IA va bien tout
bouleverser dans les prochaines années, plus même que le numérique dont
elle est l'aboutissement, donnant sens à toutes les données qui se
transmettent en masse. On ferait mieux d'en tenir compte mais si on peut
s'extasier qu'AlphaGo Zero puisse apprendre en 40 jours une science du
Go qui a mis 3000 ans à s'élaborer - tout comme on s'est extasié de la
rapidité de calcul de nos ordinateurs - cela n'a rien à voir avec une
intelligence omnisciente. Kevin Kelly a raison de dire que la peur d'une
intelligence artificielle supérieure à la nôtre est irrationnelle car
l'intelligence étant multidimensionnelle, une intelligence supérieure
n'a pas de sens sinon dans un domaine spécialisé et il y a des limites à
l'intelligence qui ne peut être infinie (ni générale). L'Intelligence
Artificielle n'a certes pas que des bons côtés puisque permettant
notamment un renforcement de la surveillance et qu'elle va impacter la
guerre aussi fondamentalement que le nucléaire (il y aura des guerres
entre intelligences artificielles, comme entre robots boursiers).
Toujours entre belles journées d'été et froides journées d'automne très occupées.
Revue des sciences novembre 2017,
01/11/17
Sapiens de Yuval Harari - Une conscience artificielle ? - La
différenciation cellulaire dans le temps avant les multicellulaires -
L'intelligence artificielle (encore) - Lockheed Martin à la conquête de
Mars - Produire de l'oxygène et du carburant sur Mars avec un plasma de
CO2 - Les données démontrent l'intrication de 16 millions d'atomes - Un
métamatériau rend stationnaire l'onde lumineuse - La savane apparue il y
a 8 millions d'années à cause de l'explosion d'une supernova proche -
Glaciation et sécheresse auraient poussé les hommes hors d'Afrique -
Cléopatre régnait sur une Egypte ruinée par le climat - La gestion des
sols pourrait fortement réduire le CO2 - Mieux que les routes solaires,
les routes chauffantes - Une peinture qui rafraîchit au soleil - Néom,
la nouvelle ville futuriste d'Arabie Saoudite - Les P-bodies stockent
les ARNm - Décoder le cerveau en direct - Les pleurs des bébés
déclenchent l'envie des mères de leur parler - Les différentes couleurs
de peau viennent d'Afrique - Des cellules souches contre le mal de dos
et le vieillissement - Des champignons hallucinogènes contre la
dépression - Produire un composé du cannabis avec des levures modifiées -
Clips, l'appareil photo de Google qui prend tout seul des photos
Le langage de la conscience, 07/11/17
Les progrès rapides de l'Intelligence Artificielle et de l'étude du
cerveau posent à nouveaux frais la question de la conscience dont on
voudrait doter les robots, imaginant le pire et mettant du coup en
question notre identité humaine. C'est qu'il y a confusion entre
différents niveaux de conscience. Il y a incontestablement une
conscience qu'on peut dire animale ou cognitive, se distinguant de
l'inconscience totale des automatismes ordinaires et impliquant une
certaine conscience de soi, de sa position dans l'espace. On voit bien
cependant que cela n'a rien à voir avec notre propre conscience qu'Alain
assimilait à la conscience morale et qui est plus largement une
conscience sociale et de notre responsabilité, ce qui constitue notre
identité. Or, celle-ci n'est pas réductible au calcul ni à l'imitation
mais implique le langage narratif, condition d'un monde commun, ainsi
qu'un récit de soi, condition de l'individuation. On s'éloigne ainsi du
cognitivisme comme de la crainte de pulsions maléfiques prêtées à tort
aux machines pour retrouver les pulsions maléfiques des humains qui se
racontent des histoires...
Texte écrit rapidement et avec bonheur mais, c'est l'hiver, on rentre le
bois et la chaudière marche bien pour l'instant. Sinon, j'ai dû corriger un nouveau
manuscrit de Joël de Rosnay que je n'ai pas trouvé bon, ce qu'il n'a guère apprécié...
L'existence éthique de l'être parlant, 16/11/17
Notre époque historique remet en cause l'identité humaine confrontée
aussi bien à l'intelligence artificielle et aux robots qu'au
transhumanisme mais aussi au décodage du cerveau et au cognitivisme qui
paraissent nous réduire à de simples calculs, à des machines qui
pourraient bientôt nous remplacer. Que nous reste-t-il donc, dépouillés
de tous nos attributs, y compris de notre espèce génétique et réduits à
l'animal ? A ce stade, il semble bien que seul nous distingue encore le
langage narratif qui n'est pas du tout maîtrisé par l'Intelligence
Artificielle jusqu'ici. Il le sera sans doute un jour mais cela
suffira-t-il à faire d'une machine notre égal ? On peut en douter. On a
vu, en effet, que notre conscience était fondamentalement une conscience
sociale et morale, dévouée au langage narratif et au récit de soi. Ce
qui nous spécifie n'est pas tellement nos capacités cognitives mais
d'habiter le langage et d'avoir la capacité de dire "Je", de parler en
notre nom. Ce qu'un parlêtre vise, c'est une intériorité, une
subjectivité bavarde, ce qui empêche de nous réduire à une machine ou un
objet. Notre "humanité" ne consiste en aucune propriété objective ou
biologique, aucune capacité unique ni essence humaine qui nous serait
spécifique et précèderait notre existence mais seulement dans notre
rapport aux autres par le langage, c'est-à-dire notre responsabilité qui
nous constitue comme interlocuteur, comme un homme de parole. Ce
devoir-être qu'on peut appeler le sentiment moral dans un sens élargi au
social, voire au commérage, est tout ce qui nous distingue des bêtes
comme des robots avec lesquels il restera donc une différence
fondamentale sans doute. Mais, cette différence ontologique relève
entièrement de l'éthique de l'être parlant. Au contraire des machines,
nous pouvons ressentir honte et culpabilité sans lesquels aucune parole
n'est possible (en dehors de l'impératif). De sorte que, sans aller
jusqu'à l'extrémisme intenable de Lévinas, on doit effectivement faire
de l'éthique la philosophie première, fondement de notre identité, de
notre "humanité", se confondant avec notre ontologie existentielle et la
question de notre liberté (morale).
Retour d'une petite déprime (et de la tension et de problèmes digestifs,
et d'une petite bronchite) malgré un temps splendide bien que froid.
Les chats
sont de nouveau trop nombreux et il y a de la pisse partout. Je passe
mon temps à faire le ménage !
Revue des sciences décembre 2017, 01/12/17
Les nouveaux emplois à venir - Les volcans, berceau de la vie ? -
Le discours intérieur, une fenêtre sur l'esprit - Comment sont nées les
sociétés humaines ? - Antonio Damasio et les sentiments sociaux - La
fusion de quarks fera-t-elle des bombes encore plus puissantes ? - Plus
d'énergie noire ni de matière noire avec l'invariance d'échelle du vide -
Une visite venue d'autres étoiles - De nouvelles méthodes de capture du
CO2 - Les batteries ions sodium pourraient remplacer le lithium ? -
Transformer l'azote de l'air en engrais - Des tardigrades auraient pu
venir de poussières cosmiques - Un Sapiens archaïque en Chine réécrit
notre histoire - La liberté des femmes assyriennes, il y a 4000 ans -
Les nomades relient les cultures de l'âge du bronze - Une sculpture
grecque datant de 3 500 ans - Une cavité de 30m dans la pyramide de
Kheops ? - Les humains ont exterminé les paresseux géants des caraïbes -
Apprentissage de la langue maternelle dans une tribu - Les bébés
apprennent les mots avant de pouvoir les utiliser - L'intelligence
générale est fonction de la flexibilité du cerveau - Comment notre
opinion est influencée - Pas de création de neurones dans l'hippocampe ?
- Un implant améliore la mémoire en imitant l'apprentissage - Le Gaba
contre la rumination des pensées négatives - L'inflammation des
astrocytes entretient les traumatismes - Des analogues du resvératrol
rajeunissent les cellules sénescentes - Dissémination du VIH-1 par des
cellules géantes multinucléées - Les robots sexuels arrivent et pourront
faire des petits !
Je croyais que c'était entendu, la revue des sciences devant se terminer
en septembre 2018 (en fait il me faudra continuer jusqu'en juillet 2020) ! J'ai fait un saut à Paris pour l'anniversaire de
mon père mais il m'est de plus en plus difficile de quitter la maison.
Rock N' Roll Is Dead, 13/12/17
Le rock a été un moment important de notre histoire, un peu comme le
romantisme par exemple, porteur de valeurs dont certaines restent à
défendre - pas toutes - et qui ne sont justement pas celles du pouvoir,
ce pourquoi on peut s'amuser de le voir ainsi célébré. En effet, tous
les discours officiels nous invitent inévitablement à l'optimisme et à
être contents de nous, célébrant la réussite (de l'école à
l'entreprise). Cet utilitarisme assumé de la pensée positive contamine
tous les aspects de la vie, mis au service de la santé du corps comme
d'un supposé épanouissement professionnel avant la satisfaction d'une
vieillesse sereine. Dans ce beau monde bien ordonné, il se trouve
malheureusement des inadaptés sociaux, des poètes, des idéalistes qui ne
rentrent pas dans les cases et ne jouent pas le jeu. C'est
incontestablement un mode d'existence qui n'est pas généralisable mais
pour ceux qui ne suivent pas la norme, le rock a pu être un moyen
d'affirmation et d'appartenance.
Le nihilisme de Nietzsche, 20/12/17
L'amusant, c'est de constater que son rejet de l'idéal et de la morale
ne fera qu'aboutir à un autre idéal, une autre morale négatrice. Il
appelle, en effet, nihilisme la négation de la vie au nom de l'idéal
(platonicien) ou de valeurs supérieures, comme si elles n'étaient qu'un
obstacle à une affirmation positive de la vie à laquelle il suffirait de
laisser libre cours. C'est bien sûr une illusion dogmatique et
l'inversion des valeurs ne se résumera finalement qu'à en garder la
supériorité, l'effort pour se dépasser qui ne prend sens qu'à pouvoir
regarder les autres de haut. Du coup, il ne fait que répéter la promesse
du crucifié (auquel il s'identifie) en reconstituant un idéal de vie
héroïque qui transfigurerait l'existence, ce qui dévalorise tout autant
la vraie vie, vie quotidienne renvoyée au néant dans un nihilisme encore
plus radical sous ses apparences hédonistes. En tout cas, malgré ses
grandes envolées, le snobisme de Nietzsche ne nous sera d'aucun secours
pour affronter les limites de l'émancipation (qui sont notre actualité)
sans donc remettre en question l'émancipation elle-même, mais en la
projetant dans notre monde commun qui lui donne un contenu. Il ne faut
renier ni l'existence individuelle, la précieuse liberté de chacun, ni
la dimension sociale de l'être parlant (de la langue et du sens communs)
qui ne croit pouvoir s'en abstraire qu'à se persuader de sa supériorité
sur les autres. Au lieu d'une liberté se contemplant dans sa vacuité,
nous sommes requis par les urgences écologiques et sociales, avec les
autres, dans l'action. Où il ne s'agit plus vraiment de choisir sa
petite vie (sans vraiment le pouvoir) ni de se torturer pour savoir sur
quoi s'appuyer en dehors de la religion et de la loi du Père déficiente,
mais de sauver ce qui peut l'être et se mesurer aux forces sociales et
matérielles qui menacent nos conditions de vie en se mettant au service
de la finalité commune. Tout le reste n'est que nihilisme.
C'est d'avoir vu les cours d'Annick Stevens à l'université populaire de
Marseille sur Nietzsche qui m'a fait écrire ce petit texte critiquant la
séduction de Nietzsche chez les libertaires, mais aussi parce que
Nietzsche posait déjà la question la plus actuelle, celle de ce qui
distingue notre humanité des machines et des animaux s'il n'y a plus de
Dieu.
2018 - causes matérielles, idéalisme allemand, invention des peuples, de l'humanisme à l'écologie (65 ans)
Je
devais prendre ma retraite, ce pourquoi j'ai arrêté ma revue des
sciences avec celle d'octobre, pour apprendre 15 jours plus tard que je
n'avais pas de retraite (puisque très inférieure au minimum
vieillesses). J'ai toujours méprisé l'argent qui me le rend bien. J'ai
donc repris du travail mais j'ai de plus en plus de douleurs et de
tension...
Revue des sciences janvier 2018, 01/01/18
L'avenir de la réalité augmentée - Détecter la conscience - La
conscience comme récit de soi - L'Homme s'est-il auto-domestiqué ? - Les
turbulences du Big Bang causées par les ondes gravitationnelles -
L'informatique réversible des vallées électroniques - Le soleil en
activité minimale pour 30 ans ? - Des réacteurs nucléaires au thorium
pour équiper des drones - Des plantes lumineuses - Des fossiles de 3,5
milliards d'années - Asservissement de la production de protéines des
cellules - Un drôle de dinosaure cygne - L'évolution de la taille et du
poids de nos premiers ancêtres - Les vieux corbeaux ne fabriquent plus
des crochets mais prennent des tout faits - Stonehenge des cérémonies
sexuelles ? - Le tri inconscient avant la conscience - Les inégalités
sexuelles des maladies neurodégénératives - Des anticorps de la mère
favoriseraient l'homosexualité du petit frère - Des ARN responsables de
la sénescence - Stress social, inflammation et dépression - Un
spectromètre dans les smartphones ? - Impression 3D de plastiques
communicants - Un robot au squelette humanoïde qui joue du badminton -
Des robots insectes qui pensent comme des insectes - Keecker, le robot
multimédia français
L'écologie dans la globalisation, 12/01/18
Nous ne sommes plus du tout dans la situation des premiers théoriciens
écologistes car depuis la situation n'a fait que s'aggraver en même
temps que l'écologie politique a perdu tout crédit. Toute la pensée
écologiste doit se mettre à jour car nous n'avons plus de temps devant
nous et il n'est plus possible de compter sur un changement de système
global - qui aurait été si nécessaire pourtant. Ce qui est sûr, c'est
qu'il y a des enjeux vitaux et qu'ils nous obligent à un constat lucide
sur la situation planétaire et, donc aussi, à ne plus surestimer nos
moyens d'y apporter des solutions. La naïveté est sur ce point
désarmante alors que la politique, hélas, ne fait pas toujours preuve
d'intelligence collective, c'est le moins qu'on puisse dire, et
constitue plutôt une grande part du problème. Il ne faudrait pas que les
écologistes ne fassent qu'en rajouter, et aggraver encore notre
impuissance en continuant à rêver vainement d'utopies globales réglant
magiquement tous les problèmes, au lieu de prendre la réalité locale à
bras le corps. La globalisation ne peut se réduire au capitalisme qui
n'en est qu'un élément. Avec les réseaux numériques et
l'intensification, qu'on peut déplorer, des transports
intercontinentaux, il faut admettre que l'unification du monde est bien
matérielle et que rien ne semble pouvoir l'arrêter, du terrorisme aux
épidémies et migrations. Pendant ce temps la température n'arrête pas de
monter mais cette globalisation marchande étant aussi la globalisation
des risques écologiques et climatiques, elle suscite la constitution
d'une conscience globale qui définit l'écologie politique comme
responsabilité collective du négatif de notre industrie. Cette
conscience de soi collective doit aussi être conscience des limites du
politique, sinon elle ne sert à rien. Il faudrait se persuader d'abord
de l'obligation de prendre une autre voie que celle de l'étatisme et de
l'affrontement frontal avec le capitalisme, la voie de la pluralité et
du contournement, un peu l'équivalent d'une guérilla contre des forces
supérieures. Nous avons plus besoin d'une écologie municipale
transformatrice constituant son infrastructure matérielle que de
programmes électoraux merveilleux qui ne seront jamais mis en pratique.
Le dépassement du capitalisme ne pourra pas être une utopie isolée mais
devra s'intégrer dans un mouvement mondial fédérant les initiatives et
les communs, mettant en place des réseaux alternatifs.
Cet article a été écrit pour EcoRev' qui s'imaginent que c'est juste
parce que je déprime que je suis si pessimiste ! J'ai plutôt
l'impression de radoter et de ne plus adhérer aux illusions des
écologistes, ce qui me pousse soudain à ne plus vouloir m'en occuper et à
disparaître de
la scène alors même que je m'étais décidé à plus m'investir dans
l'écologie cette année - mais je me rends trop compte comme cela ne sert
à rien...
La légalisation du cannabis est inévitable, 23/01/18
Le passage par la contravention paraît a priori un stade nécessaire pour
dédramatiser le sujet et désengorger les tribunaux. C'est quand même un
peu ridicule, l'amende ne pouvant plus être jugée juste lorsque la
prohibition est complètement délégitimée ailleurs ; et plus seulement
dans la petite Hollande qui en avait déjà montré tous les bienfaits,
notamment pour diminuer la consommation des plus jeunes sur le long
terme, mais au coeur de l'Empire désormais.
Je suis tombé sur le dos, en glissant sur la terre détrempée par la
pluie et couverte de feuilles mortes. Pas trop de mal semble-t-il... Mon
texte "
Qu'est-ce que la philosophie ?"
(qui est donné - je ne sais par qui - comme lien depuis des années dans l'article Wikipédia
sur la philosophie) va servir dans un examen de fin d'études !
Revue des sciences février 2018, 01/02/18
Matière noire : la piste des trous noirs - La matière noire superfluide -
Les nuages, amplificateurs du réchauffement - Ces esclaves qui ont
façonné nos sociétés - Interprétation réaliste de la fonction d'ondes -
Des atomes intriqués tombent-ils à la même vitesse? - Des glaciers de
300m d'épaisseur sur Mars - La grande oxygénation libérée par la
tectonique des plaques - Désoxygénation de l'océan cause de l'extinction
du Dévonien - L'acidification de l'océan atténuée par la végétation
marine - Les méthanes marins n'atteindraient pas l'atmosphère - Tirer de
l'énergie de la chaleur avec les mouvements du graphène - Un panneau
solaire qui se branche sur une prise ordinaire - La bactérie E. coli
transforme CO2+hydrogène en acide formique - Des météorites primitives
avec les ingrédients de la vie - Des virus des océans d'un nouveau type à
large spectre - Des faucons utiliseraient le feu pour chasser - Des
singes clonés - Les tailles des groupes de primates - Des Homo sapiens
en Israël de plus de 180 000 ans - Notre cerveau s'arrondit depuis 200
000 ans - Les synapses rappellent la mémoire mais ne la stockent pas -
Les mathématiques de l'émergence de nouvelles idées - Les cils des
neurones impliqués dans l'obésité, entre autres - Un extrait de curcuma
contre l'Alzheimer rajeunit les cellules - Un traitement du Parkinson
avec 2 facteurs de croissance ? - Un test sanguin détecte les principaux
cancers - Manipuler l'expression des gènes immunitaires avec des
ultrasons - Un chien qui respire sous l'eau un liquide oxygéné ! - La
lévitation acoustique - Des captures d'images intelligentes pour voir
même derrière les murs - Microsoft dépose un brevet pour contrôler
Windows par la pensée - Un robot pour passer les outils - Zapata Ezfly :
un étonnant Segway aérien
Période où je ne prends plus de traitements et où c'est la grande forme (à part une poussée d'herpès) !
Le nazi Heidegger, de l'existence à l'Être comme patrie, 07/02/18
Revenir sur Heidegger peut paraître excessif à certains - son nazisme le
disqualifiant définitivement. Ainsi, pour Emmanuel Faye, il n'y aurait
rien à sauver de son oeuvre qui ne relèverait que de l'esbroufe, voire
du camouflage, et pas de la philosophie. C'est une double erreur car si
son nazisme avait effectivement des fondements philosophiques, ils
continuent à travailler notre époque et n'ont pas été assez pris au
sérieux. L'influence de Heidegger se fait sentir notamment dans la
critique de la technique et une certaine écologie qu'on peut dire
religion de la nature. Il y a une véritable nécessité à en déconstruire
les présupposés, toutes les notions solidaires d'essence humaine,
d'origine et d'aliénation (où même Marx est appelé à la rescousse) qui
vont se cristalliser dans la critique de la technique. Cependant, en
dépit de cette attaque frontale qui ne se dérobe pas contre des
tendances agissant dans la société actuelle, l'autre erreur serait de
feindre d'ignorer l'événement qu'a été Être et Temps, ce qu'on a pu y
reconnaître de nous-mêmes, devenu inoubliable - tout en refusant
l'incroyable glissement qui s'opère ensuite de la découverte de
l'existence à l'Être comme patrie et plus précisément comme Être
allemand - qu'il exaltera jusqu'au bout. J'ai donc trouvé utile de citer
l'extrait de la lettre sur l'humanisme où Heidegger argumente justement
ce passage d'une ontologie existentielle - description de notre
ouverture au monde qui nous met en cause dans notre être - se tournant
ensuite vers l'extériorité de l'Être - comme origine et devenir
historique - pour aboutir de façon si décevante à l'identifier à la
patrie - qu'il tente certes de dénationaliser mais où se retrouve quand
même l'expérience de la guerre à l'origine de sa philosophie de
l'existence, et ce qui avait justifié très concrètement son engagement
nazi.
Cet article s'est écrit tout seul (depuis un peu avant la dernière revue
des sciences), en grande partie en réaction aux vidéos sur les cahiers
noirs où la plupart voudraient garder tout Heidegger en rejetant son
nazisme sans voir ce qui le justifie (essence humaine, origine,
aliénation) ! En fait je voulais surtout publier l'extrait de
la lettre sur l'humanisme mais la présentation a pris un peu plus d'ampleur. A ma grande surprise il a été beaucoup repris sur Facebook
(en https). Globalement, ça va quand même très bien malgré le temps passé à mettre à jour les données pour ma retraite.
Revue des sciences mars 2018, 01/03/18
En attendant le pic de tout - Les robots intègrent les capacités
d'abstraction - On a vu les premières étoiles de l'univers - Un seul
photon peut envoyer en même temps une information au récepteur et à
l'émetteur - De l'électricité à partir du rayonnement infrarouge - Un
gratte-ciel en bois de 350m au Japon - CRISPR l'outil à tout faire pour
enregistrer, détecter, éliminer - Les chauves-souris ne combattent pas
les virus - Homo Erectus avait-il un langage ? - Des peintures de
Néandertal, il y a 60 000 ans ? - L'ADN ancien révèle les différentes
migrations européennes - Le stress du père influence le cerveau du fils -
Similitudes épigénétiques entre autisme, schizophrénie et bipolaires -
L'origine de l'Alzheimer serait vasculaire - Les exomères, agents
extérieurs du cancer - Les bactéries de la peau protègent du cancer -
Transplanter des organes de porcs dont les cellules sont remplacées par
des cellules humaines - Des ultraviolets peuvent éliminer virus et
bactéries de l'air - Les produits de ménage en spray sont très mauvais
pour les poumons - Des lunettes connectées normales - Le drone taxi
chinois Ehang a transporté ses premiers passagers
Chansons actuelles, 05/03/18
Ce ne sont pas ceux qu'on entend partout mais sûrement plus actuels, la
chanson politisée dans ce qu'elle a de meilleur musicalement (HK &
les Saltimbanks mais aussi toute la bande Zoufris Maracas, La Caravane
Passe, Soviet Suprem).
C'est ce que j'écoute depuis un moment.
Les causes matérielles : écologie, économie, technique, 09/03/18
La critique de la politique est le préalable pour ne pas trop en
attendre et reconnaître que les déterminations ne sont pas idéologiques
mais largement matérielles. Plutôt qu'une bataille des idées, ce sont
nos actions locales qui peuvent convaincre et se multiplier. Les
causalités matérielles ne sont pas immédiatement déterminantes, elles
laissent une certaine marge de manoeuvre à court terme, nourrissant
l'illusion de notre liberté, mais c'est à plus long terme qu'elles
s'imposent, après-coup, selon différentes temporalités. Ainsi,
l'écologie est certainement la contrainte la plus fondamentale mais
celle qui s'exerce avec le plus de retard. Ce n'est pas l'amour de la
nature qui rend l'écologie si indispensable mais bien la destruction de
nos conditions de vie. La causalité économique se fait sentir plus
rapidement sans doute, en tout cas, elle est bien déterminante en
dernière instance. La troisième causalité matérielle est devenue plus
sensible à notre époque avec l'accélération technologique qui s'impose
de plus en plus rapidement même si les innovations sont toujours
critiquées d'abord comme inutiles (puisqu'elles n'existaient pas
jusqu'ici) et accusées de tous les maux, de nous faire perdre notre âme,
avant de finir par les adopter comme si elles avaient toujours
existé... Une fois qu'on a fait le constat de ces trois causalités
matérielles qui s'imposent à nous, il faut construire une stratégie qui
en tient compte et ne surestime pas le pouvoir politique. Au lieu de ne
servir à rien (à vouloir trop, au-delà des possibilités politiques), il
nous faut nous organiser pour obtenir les mesures les plus efficaces, en
particulier localement.
Je rabâche encore. En fait je voulais écrire une violente diatribe
contre les intellectuels qui ne tiennent pas compte de ces causes
matérielles mais j'ai préféré un texte plus pédagogique. Bernard
Langlois l'a retweeté. Sinon, malgré le temps printanier ce n'est pas la
forme avec une dent cassée mal soignée et tout le travail sur la
retraite à refaire encore. De plus, je vais essayer d'aller voir mon
vieux père, et partir d'ici m'est de plus en plus difficile.
L'effondrement à venir, 21/03/18
On a besoin de travaux sérieux et de débats scientifiques, sur le modèle
du GIEC pour les risques climatiques. Le rapport de Rome sur les
limites de la croissance était un pas dans ce sens mais notre situation a
beaucoup changé depuis 1972, les risques principaux n'étant plus tant
un épuisement des ressources que le réchauffement climatique et
l'effondrement de la biodiversité. Cet effondrement était trop négligé
jusqu'ici mais "L'Appel des scientifiques pour le climat" alertant sur
l'état catastrophique de la planète, lancé par des écologues et signé
par plus de 15.000 scientifiques, le met cette fois en avant. C'est ce
qui rend criminel d'égarer les esprits avec des catastrophes
imaginaires, comme s'il n'y en avait pas assez de réelles, pire de rêver
d'un effondrement salvateur réalisant nos utopies. L'effondrement du
capitalisme fait partie de ces catastrophes imaginaire. Une autre
catastrophe supposée salvatrice, c'est le prétendu manque d'énergie et
de pétrole alors que du pétrole, il y en a au contraire bien trop et que
c'est ça notre problème. Les ressources physiques ne sont pas aussi
préoccupantes que la destruction de nos écosystèmes bien trop
sous-estimée jusqu'ici, avec la disparition, surtout depuis 2008, des
insectes, des abeilles, des oiseaux, etc. La traduction de ces
avertissements en politiques efficaces reste à résoudre. Il ne faut pas
surestimer nos moyens mais rien ne se règlera tout seul, ni par une
crise économique, politique, énergétique nous sauvant de l'effondrement
écologique, mais par des stratégies efficaces sur tous les fronts du
global au local.
C'était d'abord une réaction à ceux qui prétendaient que c'était la fin
du pétrole alors que c'est juste qu'il y aura une période de relative
pénurie à cause d'un manque d'investissement depuis 2015. J'en ai
profité pour faire un point sur les risques réels. Sinon, la forme est
revenue malgré la retraite qui se présente mal, les organismes qui la
gèrent étant débordés et déficients, bureaucratie muette qui rejette la
faute sur le retraité !
Revue des sciences avril 2018, 01/04/18
Évolution : des réseaux plutôt que des arbres - Le plus ancien
témoignage de pensée symbolique est néandertalien - Hawking et le
multivers - La matière noire expliquée par les trous noirs primordiaux
créés par le champ de Higgs ? - La Nasa veut détourner des astéroïdes
avec des bombes nucléaires - Un flux de photons intriqués contre la
décohérence - Essayer d'empêcher les glaces des pôles de fondre - Un
film pour protéger les coraux du soleil - La déforestation de l'Afrique
centrale par l'agriculture, il y a 2600 ans - La forêt amazonienne
proche de la situation de non-retour - De l'électricité produite à
partir des variations de température - L'optogénétique pour produire des
carburants avec des levures modifiées - Des Chinois veulent faire
tomber la pluie au Tibet avec de l'iodure d'argent - Le continent de
plastique augmente de façon exponentielle - Les micro-ARN, alternative
sérieuse aux engrais chimiques et aux pesticides - LUCA aurait pu
mélanger les membranes de bactéries et d'archées - La production de
protéines sans cellules - Des artefacts de Sapiens il y a 320 000 ans -
Nous nous sommes croisés 2 fois avec les Denisoviens - L'éruption du
Mont Toba (74000 ans), n'a pas affecté les populations côtières -
Conserver son cerveau sous forme numérique ? - Un anticancer pourrait
réduire l'autisme - Bose met au point des lunettes de réalité augmentée
audio - IA et Blockchain pour contrôler les appareils avec des pensées
Après une dernière offensive de l'hiver, le printemps arrive. Heureusement car je n'ai plus de bois...
Hegel et les extraterrestres, 09/04/18
Introduire l'existence d'hypothétiques extraterrestres permet de
dépasser l'humanité comme espèce et l'universaliser, mais aussi
d'insister sur la séparation de la pensée et de l'être, de l'Esprit et
de la Nature qu'on ne peut unir qu'en reconnaissant leur contradiction.
Dépasser cette contradiction n'est pas l'annuler comme on le croit trop
souvent, mais implique une certaine négation de l'Esprit, science
soumise à la discipline de l'expérience, à la Nature donc, à
l'extériorité ainsi intériorisée (plus qu'intentionalité extériorisée).
Ce texte m'a bien intéressé (pas du tout mes lecteurs par contre!) et il
a été retravaillé jusqu'au 14 alors que règne une certaine agitation
sociale sans débouchés (SNCF, universités). Sinon, j'ai coupé quelques
arbres et commence à faire le jardin mais j'ai eu un passage à vide de
quelques jours avec des insomnies sans raison apparente.
Philosophie et psychanalyse (Sartre et Lacan), 20/04/18
Il n'y a pas continuité de la subjectivité (singulière) aux sciences
(universelles) ni au politique (particulier). La raison, qu'elle soit
logique, calculante, technique ou cognitive, a incontestablement de
larges domaines de pertinence mais à vouloir tout recouvrir de son
scientisme, on s'aperçoit qu'elle efface ce qui nous distingue des
machines, la part irrationnelle de l'âme dont on peut soutenir qu'elle
constitue notre humanité au moins autant que la part rationnelle. Contre
la simple identification d'Homo sapiens à un animal rationnel et
à la conscience de soi, il faudrait admettre que nous sommes surtout
des êtres parlants pris dans des récits familiaux et des croyances
collectives, que nous sommes tout autant des Homo demens et que
ce n'est pas un détail négligeable. En dehors de capacités techniques
impersonnelles, notre humanité se manifeste en effet d'abord par ses
mythes et religions (qui sont des histoires à dormir debout), comme au
niveau individuel par la folie, le rêve, le fantasme, l'amour, le désir,
les symptômes, actes manqués, etc., toutes choses dont les robots et
intelligences artificielles sont complètement dépourvus, même à les
doter de capacités émotionnelles. Ce sont paradoxalement les épreuves de
la vie, nos traumatismes et blessures narcissiques, nos fragilités, nos
défauts, nos bizarreries qui nous donnent une profondeur humaine, voire
quelques talents spéciaux. La rationalité philosophique se trouve ainsi
forcée de reconnaître son dehors et l'opacité à soi-même, tout comme la
politique doit renoncer à forger un homme nouveau entièrement rationnel
et le cognitivisme ou l'Intelligence Artificielle revoir leur
conception de la conscience. Il est bien clair que ce qui scandalise
encore dans la psychanalyse, c'est la place de l'inconscient
(déresponsabilisant), l'importance de la sexualité (qui nous tire vers
le bas), la fonction du phallus (du mâle dominant) et le complexe
d'Oedipe (répressif) aboutissant à la castration (qui nous empêche de
jouir), toutes choses qu'on s'acharne à dénier et dont il faut
interroger l'universalité (y compris les extraterrestres?). Il faut y
ajouter le transfert et la transgression, toutes choses inavouables, à
l'opposé des représentations religieuses ou politiques comme des
promesses publicitaires du développement personnel (dont les praticiens
ne se soucient guère du transfert).
Les deux derniers textes me servent à revenir aux auteurs que je connais
le mieux, qui m'ont formé, Hegel et Lacan après Marx, réexaminant ce
qu'on peut en garder aujourd'hui. Epoque de grosses chaleurs inattendues
où je suis de nouveau dépassé par tous les petits chats...
Revue des sciences mai 2018, 01/05/18
L'universalité des matrices aléatoires - Les gènes des derniers
Néandertaliens - Les extraterrestres ne pourraient pas décoller de leur
planète trop grosse ! - Objectif 2030 pour Mars via la Lune - La
supraconductivité avec des paires de Cooper de spin 3/2 - L'intrication
quantique macroscopique - L'aimantation contrôlée par laser - Le
réchauffement causé par le trou d'ozone ? - Produire des protéines et
capter le CO2 avec des algues et de l'eucalyptus - Les terres rares ne
sont pas rares - Des scientifiques créent par hasard une enzyme
dévoreuse de plastique - Des chenilles ravageuses et résistantes aux OGM
s'hybrident - Des abeilles solitaires pour polliniser les cultures - Le
système CRISPR-Cpf1 édite l'ADN en dehors des cellules - Des bonobos
partagent de la nourriture entre différents groupes - La disparition des
grands mammifères par Sapiens depuis 125 000 ans - Sapiens en Arabie il
y a 88 000 ans - Des Amazoniens parlent à 20km avec leurs tambours -
Des cerveaux de cochons maintenus vivants en dehors du corps - Les
antidépresseurs anticholinergiques cause de la hausse des Alzheimers -
Le GBL, un solvant industriel qui se transforme en GHB est mortel mal
dosé - Un grain de beauté artificiel qui détecte précocement le cancer -
La reconnaissance faciale dans l'obscurité pour l'armée - La Nasa
étudie un avion qui passe le mur du son sans faire de bruit
Toujours étranger en terre étrangère, 10/05/18
La fin de l'histoire hégélo-marxiste n'aura pas lieu. L'homme n'est pas
chez soi ni dans le monde ni dans l'universel et pas plus dans l'Etat de
droit. Bien que notre situation historique soit celle de la conscience
de soi de l'humanité nous promettant une fin de l'histoire radieuse,
c'est surtout la conscience du négatif de notre industrie et sans que
cette conscience de soi globale arrive à une grande effectivité. Cette
ineffectivité est notre actualité, dont il faut prendre conscience pour
en tenir compte, non pour rêver la supprimer. On est loin d'un Homme
créateur du monde à son image, de l'idée qui donne forme à la réalité et
commande au réel alors qu'on court plutôt après, en se contentant de
colmater les brèches la plupart du temps. Ce dont il faut prendre
conscience, c'est qu'il ne saurait en être autrement. L'existence est
l'expérience de cette scission de la pensée et de l'être, du vouloir et
du possible (du moi et du non-moi). S'il y a une compréhension ultime du
monde, la vérité de la nature et de l'existence, c'est celle de la
contradiction, du conflit et de la division qui règnent sur toutes
choses. En reconnaître la nécessité ne peut en annuler la douleur dans
une réconciliation finale alors que c'est tout au contraire notre juste
révolte contre l'ordre établi qu'il faut affirmer, et aucun amor fati
célébrant ce monde inégalitaire, aucune appartenance mystique à l'Être
ou béatitude d'une connaissance du troisième genre qui nous ferait
prendre le point de vue de Dieu pour justifier l'injustifiable. Ce n'est
pas parce que nous sommes un produit du monde que ce serait pour autant
notre monde. En fait, la contradiction entre ce réel et nos idéaux rend
plutôt difficile à comprendre qu'on puisse y être heureux. L'être
parlant, l'homme de culture vit la contradiction de sa nature avec
l'universel, c'est une conscience malheureuse et inquiète Qu'on cherche à
dépasser cette contradiction est la prétention de toutes les sagesses,
philosophies, mystiques, jusqu'à la promesse de fin de l'histoire de
Hegel et Marx, mais la seule sagesse serait au contraire de reconnaître
cette contradiction comme irréductible, affirmation d'un matérialisme
dialectique et du dualisme matière/esprit ne s'unifiant que dans la
pratique.
Ce texte clôture ma révision de la philosophie hégélienne
alors que le blog a une fréquentation minimale. La période est calme
mais a beaucoup rafraîchie jusqu'à remettre le chauffage quelques jours.
Après Mai 68, 16/05/18
A 50 ans de distance, ce qui est le plus flagrant, c'est à quel point on
était dans une autre époque, témoignant de notre entière dépendance à
l'esprit du temps, comme on est le jouet des idéologies du moment même à
se croire les plus libres des hommes. Certains préfèrent retenir que
c'était la plus grande grève de l'histoire, ce qui a sonné plutôt la fin
du mythe de la grève générale puisque ne débouchant sur rien, les
salariés ayant été payés en monnaie de singe, vite effacée par
l'inflation devenue galopante. La clairvoyance du Parti Communiste
refusant une prise de pouvoir insurrectionnelle était en fait le signe
aussi de la fin des révolutions, défaites par la démocratie (il a fallu
du temps pour le comprendre, refusant longtemps de l'admettre, obsédés
par l'espoir de recommencer avec le slogan des luttes perdues : "Ce n'est qu'un début, continuons le combat"). Le désenchantement n'a pas tardé s'égrenant du terrorisme des brigades rouges au No future
des Punks, et passant de la révolution à la psychanalyse. Les années
suivantes ont été confrontées en effet à l'échec de l'autogestion (Lip)
et, plus généralement, de la démocratie directe à mesure que les
assemblées se faisaient plus clairsemées. La véritable réussite de Mai68
aura été surtout la suite et, en dehors d'une libération des moeurs
sensible (pas comme
aujourd'hui), d'engendrer deux mouvements qui en étaient absents,
l'écologie et le féminisme, très critiques de l'idéologie précédente
(productiviste et dominée par les hommes). Au lieu de vouloir
continuer à rêver et rejouer notre jeunesse, se congratulant de nos
audaces passées, il vaudrait mieux prendre au sérieux notre échec,
évaluer les moyens qu'il nous reste, notamment localement, passer des fins aux moyens ou continuer à ne servir à rien en se persuadant qu'ensemble on peut
tout changer, qu'il n'y a pas de réel sur lequel on se cogne.
Revue des sciences juin 2018, 01/06/18
La stimulation cérébrale - Démonstration d'un théorème de complétude des
preuves circulaires - Les cristaux temporels, pas si rares - La
tectonique des plaques aurait provoqué la Terre boule de neige -
L'astéroïde qui a tué les dinosaures a provoqué un réchauffement de 5°C -
La mémoire stockée dans l'ARN et transférée à un autre escargot de mer -
L'explosion cambrienne a pris 40 millions d'années - Des gènes
extraterrestres dans les pieuvres ? - Notre gros cerveau serait lié à
nos capacités cognitives plus que sociales - Il y a 40 000 ans en Asie
du Sud-Est le bois est préféré à la pierre - Les guerres du néolithique
ont réduit la diversité génétique des mâles - La programmation
épigénétique - Des implants télécommandés pour une érection à la demande
- La photo 3D en réalité virtuelle
L'erreur de prospective d'Homo Deus, 09/06/18
Il apparaît bien dérisoire de fantasmer un Homo Deus, comme dans
le dernier livre d'Harari qui illustre un certain nombre des dérives de
la prospective. Incontestablement, l'auteur pose les questions de
l'époque, celles d'une identité humaine confrontée aux neurosciences,
aux robots, au transhumanisme, au cyborg, voire à la perspective
d'extraterrestres, mais il y répond bien mal. Pour faire de l'Homme un
Dieu, il lui faut une conception simpliste de la religion et de Dieu. La
religion instituée, qu'il oppose à la spiritualité libératrice, est
réduite à des croyances communes organisant la société, ce qui
l'assimile au communisme mais aussi à la croissance comme au
capitalisme, "individualisme, droits de l'homme, démocratie et marché"
ravalés à de simples croyances (ce que beaucoup d'écologistes croient
en effet). Tout devient ainsi croyance mais sa grande thèse, c'est que
notre religion depuis les Lumières, et qui serait cause de tout, ce
serait l'humanisme alors que l'individualisme subjectiviste est le
produit de la société de marché et non l'inverse. Surtout, la mort de
Dieu n'est pas forcément la divinisation de l'homme : il ne s'agit pas
de ramener le paradis sur terre mais de ne plus croire au paradis. La
figure de l'homme est récente, comme l'a montré Foucault, et tend plutôt
à se dissoudre dans l'être-parlant et les rapports sociaux sans que
cela ne mette en cause notre humanité ni puisse nous convertir à un
ridicule "dataïsme", une religion des données absurde qui succèderait à
la religion humaniste supposée avoir succédé au monothéisme dans le
grand récit globalisant qui nous en est fait. On nage en plein n'importe
quoi.
Pas très content de cet article, à l'origine pour EcoRev' qui m'avait
fait lire le livre, mais qui est trop long. Il m'aura permis malgré tout d'initier
des réflexions qui seront approfondies ensuite. Les grandes
chaleurs reviennent (orageuses) avec une verdure envahissante, et je
dois de nouveau m'occuper de ma retraite mais j'ai fait un saut à
Paris pour un mariage, ce qui est toujours compliqué pour moi désormais...
La transition écologique, 14/06/18
Si l'optimisme n'est pas de mise face à des menaces réelles et des
catastrophes que nous ne pourrons pas toutes éviter, l'examen des
données actuelles laissent penser qu'on a les moyens de s'en sortir
malgré tout, aussi incroyable cela puisse paraître aux yeux des
écologistes. Ce n'est certes pas gagné d'avance mais la transition
écologique est déjà engagée sur la plupart des points, et ceci sans
avoir à sortir de la société de marché, ce qui ne se fera pas de toutes
façons au niveau planétaire même si on est persuadé que ce serait
nécessaire. Ce qui est étonnant, c'est que même dans ce contexte qu'on
peut dire anti-écologique (productivisme, société de consommation,
financiarisation), le minimum qui reste possible pourrait nous permettre
malgré tout de passer le cap du pic de population. Ce n'est pas sûr,
mais pas impossible non plus - sauf à se croire plus savant que les
savants. A l'évidence, ce qui reste le plus important matériellement, le
plus efficace, ce sont encore les lois et mesures que peuvent prendre
des gouvernements et leur ministère de l'écologie. Or, ce qu'il faut
montrer, c'est que ce n'est pas rien et que ça va dans la bonne
direction, même si ce n'était pas la nôtre. Quand on fait un survol des
politiques menées, on voit bien que nous sommes déjà rentrés dans la
transition écologique sur plusieurs plans (énergie, capture CO2,
agroécologie), certes à petits pas et avec ce qu'on doit bien appeler
une écologie marchande.
La petite escapade à Paris s'est bien passée, avec, au retour, la rencontre très agréable dans le train de Marion Moinet.
L'utopie communautaire, 19/06/18
On peut faire du juif Martin Buber un précurseur de
l'existentialisme, et même de l'existentialisme chrétien car s'il
s'inspire de Kierkegaard, il lui reprochera surtout de réduire
l'existence au rapport à Dieu, au grand
Autre (le Toi éternel) comme seul véritable interlocuteur, alors que,
tout comme dans l'évangile, le rapport à Dieu passe par le prochain, le
rapport concret aux autres (charité, générosité, don). La
publication récente d'un recueil de ses textes sur la communauté montre
comme ce décentrement du sujet l'a mené à identifier la vie en
communauté
à la vraie vie, ce qui en fera un des théoriciens des kibboutz. Le plus
intéressant pour nous, c'est de retrouver, notamment dans la conférence
de 1901 (Ancienne et nouvelle communauté) qui ouvre le volume,
presque la même idéologie que celle de Mai68 et du mouvement des
communautés qui a suivi, y ajoutant la liberté sexuelle (qui restait
marginale malgré tout). Une des principales conséquences de Mai68 a été,
en effet, cette prolifération de communautés libertaires, qu'on a
apparemment oubliées, rejetées aux poubelles de l'histoire car elles
n'ont pas résisté au temps. L'expérience nous confronte plutôt en
général à l'incommunicabilité entre les êtres et la difficulté de vivre
ensemble, jusqu'à pouvoir penser avec Sartre que "l'enfer, c'est les autres"
! Il n'y a pas d'immédiateté ni de transparence du rapport à l'autre
qui est toujours médié par le passé, la position sociale, des discours
actuels, une norme commune, des institutions. On ne peut réduire les
rapports humains à la réciprocité qui est, en fait, toujours différée,
passant par le circuit du don et donc par la totalité sociale. La
survalorisation de la réciprocité et des liens affinitaires se fait au
détriment de l'universalité et de la République.
Les chaleurs estivales arrivent pour un moment semble-t-il. J'ai corrigé
pour EcoRev' mon article "
L'écologie dans la globalisation" qui date de
janvier, devenu "L'écologie dans la mondialisation", mais j'éprouve
d'autant plus mon éloignement des écologistes qui refusent d'admettre leur défaite.
L'intelligence et l'information n'y peuvent rien, faisant preuve de leur
inutilité au moins à court terme.
Ecrits sur l'entropie, 25/06/18
C'est suite à un lecteur enthousiaste de mes critiques des conceptions
de l'entropie de Leonard Susskind que je me suis replongé dans les
textes que j'y avais consacré depuis un certain temps, ce pourquoi je
les ai regroupés.
Cela repose de la politique, étonné que des textes de 2002 semblent encore tenir le coup.
Revue des sciences juillet 2018, 01/07/18
L'héritage génétique de nos ancêtres insectivores - Pas
d'extraterrestres à cause des sursauts gamma - La complexité - Les
origines gestuelles du langage - Dynamique des quarks dans le proton
-Des fermions ultra-froids se comportent comme des bosons - Une matière
noire avec un millionième de charge électrique ? - 30% de probabilité
qu'on soit seul dans l'univers ? - Pour coloniser une planète, il
suffirait de 98 personnes - Une cyanobactérie pour donner à Mars une
atmosphère respirable - RemoveDebris, le satellite parti éliminer les
déchets spatiaux - Expérience de défense planétaire contre les
astéroïdes - Une cape d'invisibilité pour la lumière - Transformer le
CO2 en CO avec le soleil et sans métaux rares - Système de traitement
combiné des algues - Plastic Odyssey, le navire qui carbure aux déchets
plastiques - Des virus géants créent de nouveaux gènes - Le QI baisse !
-Allonger la vie grâce à des probiotiques ? - Les effets bénéfiques du
café sur les mitochondries - IBM Project Debater : une IA qui peut
débattre avec des humains - Superviser un robot par les gestes et la pensée
Temps de canicule.
La loi des 80/20, 13/07/18
La "loi de Pareto" met en évidence l'écart entre le petit nombre des plus productifs (vital few) et le grand nombre de ce qui l'est beaucoup moins (trivial many), 80% des effets étant le produit de 20% des causes seulement, principe
très utile dans le contrôle qualité pour cibler les problèmes mais qu'on
retrouve un peu partout (taille des villes, géographie, etc). Les
raisons en sont très profondes, qu'on peut dire d'efficacité
énergétique, illustrant surtout la différence entre énergie et entropie,
l'inversion de l'entropie n'étant pas proportionnelle. La théorie des
systèmes explique bien les différenciations et le creusement des
inégalités ou la spécialisation par les flux d'énergie (ou d'argent)
mais en exacerbant les différences relatives de capacités de captation
des ressources (par l'information notamment), ceci avec un effet
cumulatif comme le lit de la rivière. C'est le même principe qui est à
l'oeuvre dans l'évolution qui avantage les plus aptes, renforce les
mutations positives. Ces pourcentages peuvent être assez variables,
l'important, c'est de prendre conscience de cette polarisation,
notamment en politique, au lieu d'entretenir l'illusion d'une
participation démocratique égalitaire ou de se focaliser sur des
moyennes qui ne veulent plus rien dire quand elles recouvrent des écarts
considérables. De quoi inciter à passer de politiques universelles
(égalité républicaine) à des politiques ciblées selon les publics
(équité) et ne pas traiter les 80% les plus faciles comme les 20% qui
restent (par exemple les chômeurs longue durée).
Revue des sciences août 2018, 01/08/18
Le théorème d'Emmy Noether liant symétrie et conservation a 100 ans -
Pas d'asymétrie causale quantique entre passé et avenir - Des excitons à
température ambiante pour une nouvelle électronique - Pas de cercle de
feu à l'horizon d'un trou noir - Un vaste lac d'eau salée liquide sous
le sol de Mars - De la vie sur la Lune, il y a 4 milliards d'années ? -
L'extinction du Cambrien à cause des vers marins - Nous serions dans un
nouvel âge géologique, le Meghalayen - Des isolants en aérogel réduisent
de 50% la consommation d'énergie - Des batteries chaleur-énergie au sel
fondu - Des plantes modifiées pour fixer l'azote de l'air sans engrais -
La pollinisation par drones - Création d'un métabolisme artificiel
minimal - L'ADN sert d'intelligence artificielle - Des vers gelés dans
le permafrost depuis 42 000 ans reviennent à la vie ! - Ce sont les
neurones des mouches qui leur font préférer leur espèce - Les soins aux
petits modifient le génome de leurs neurones - Des Erectus en Asie il y a
plus de 2 millions d'années - Néandertal allumait le feu avec ses
haches - Homo Sapiens issu du métissage de plusieurs espèces - Des
morceaux de pain de 14 400 ans en Jordanie (avant l'agriculture) -
L'origine de l'agriculture américaine au sud-ouest de l'Amazonie - Quand
l'Europe était couverte de stonehenges... en bois - Des disques en
pierre troués qui servaient de monnaie - Les mutations indésirables de
CRISPR - Rides et perte de cheveux liés aux mitochondries et réversibles
- Des nano-capsules pour éliminer les cellules sénescentes - La
curcumine inhiberait l'élimination des protéines usagées - Un implant
sans fil qui tue le cancer par la lumière - Citroën lance des lunettes
contre le mal des transports - Des capteurs électroniques en spray - Le
taxi volant de Rolls Royce - La voiture volante d'Aston Martin -
CityHawk, le taxi volant à hydrogène - Un véhicule volant personnel qui
se pilote avec un joystick
De l'humanisme à l'écologie, 12/08/18
La communauté de destin de l'humanité est devenue planétaire et son
souci devient celui de son écologie. Dépassant la diversité des
populations, des histoires et traditions locales, l'écologie a donc
toutes les chances de devenir l'idéologie de l'avenir unifiant
l'humanité toute entière, malgré la déroute des écologistes actuels.
Encore faut-il savoir de quelle écologie on parle, devant se positionner
par rapport à l'humanisme qu'elle remplace, en le réintégrant dans son
milieu, tout comme elle remplace la transcendance divine par la
transcendance du monde. Ce sont les enjeux idéologiques de notre temps,
succédant à celui de l'émancipation que l'écologie prolonge, et dont
nous devons débattre. L'écologie a suscité toutes sortes d'approches
contradictoires, des plus mystiques aux plus pragmatiques, avec
notamment l'opposition d'une écologie sociale (humaniste) à une écologie
profonde (anti-humaniste), illustrée, entre autres, par le débat entre
Murray Bookchin et Dave Foreman. On peut considérer cependant les deux
positions insuffisantes car, si l'humanisme doit effectivement être
dépassé, il est absolument nécessaire de le conserver, de garder le
caractère sacré de la vie humaine et revendiquer de ne pas être ramené à
l'animal. Même si l'écologie implique évidemment un décentrement de
l'humanité, c'est bien l'humanité qui est la cause de la dégradation de
la planète et qui doit la prendre en charge. En fait, on va voir qu'il
est contestable de faire de l'humanité, en tant que telle, la cause
d'une évolution éco-techno-scientique qui est subie plus que voulue.
Plutôt que de faire l'histoire, comme on le prétend, nous sommes plutôt
le jouet de puissances matérielles implacables, économiques aussi bien
que militaires. Notre préhistoire, tout comme l'hypothèse de possibles
civilisations extraterrestres, permet de comprendre comme les stades de
notre développement sont contraints et partout à peu près les mêmes, ne
dépendant pas de notre espèce qui est plutôt le produit de cette
évolution cognitive toujours en cours. Dès lors, dans cette position
d'apprenti, le concept d'humanité perd beaucoup de sa substance, n'étant
plus l'élément moteur pris dans le flot de l'histoire planétaire voire
cosmique. De ramener l'humanité sur terre n'empêche pas de lui garder
toute sa dignité.
La plus grande menace sur la vie a l'odeur d'oeufs pourris, 20/08/18
Le véritable risque d'extinction à long terme, c'est une acidification
de l'océan menant à des zones mortes sans assez d'oxygène puis au
dégagement de ce gaz toxique, l'hydrogène sulfuré, qui répand une odeur
d'oeufs pourris sur toute la terre en exterminant plantes et animaux sur
son passage.
Article sorti de la revue des sciences. Les grandes chaleurs durent de
façon inaccoutumée. Je vais plutôt bien, même si je tombe de sommeil
après chaque repas, mais je supporte de moins en moins les visites qui
durent un peu trop longtemps...
Revue des sciences septembre 2018, 01/09/18
Le catastrophisme monte d'un cran- Une éthique de la complexité
organisée - Des traces d'avant-Big Bang dans le fond cosmique ? -
Conséquences durables de la déforestation massive des Mayas - Stockage
électrique par gravité (et grue) - Un ciment intelligent qui stocke
l'électricité - Le train-avion - Avec CasPER, l'édition de gène prend de
l'ampleur - La biodiversité tropicale résulte d'équilibre entre
"ennemis" - 23 000 sexes différents
chez un champignon ! - La personnalité des souris change selon leur
entourage - Une fillette de 90 000 ans d'une mère néandertalienne et
d'un père dénisovien - Sur l'île de Florès, les Hommes aussi sont
devenus plus petits - La violence envers les femmes a été favorisée par
l'évolution - Cartographie des différents types de synapses -
L'hydrogène sulfuré contre le vieillissement - Le cannabis et le
vieillissement - Les bienfaits des hallucinogènes redécouverts par la
science - La fièvre combat aussi le cancer - Différences immunitaires
entre les sexes
L'avant-dernière revue s'est bien passée mais toujours pas de nouvelles de la retraite...
La jouissance de l'idiot, 06/09/18
En complément à l'article sur "le désir comme désir de l'Autre", quelques réflexions sur l'évolution ultérieure de Lacan
après les Ecrits, passant du désir à la jouissance. Le désir
mimétique ou jaloux exprime notre existence sociale, faite de passions
qu'Aristote décrit comme effets de la représentation que nous nous
faisons de la représentation que les autres se font de nous. Sur ce plan
qui est celui qu'on peut dire public et actif de l'identification (aux
yeux des autres), se manifestant dans nos rivalités aussi bien que dans
nos idéaux, l'identité est paradoxalement fuyante, changeant selon nos
humeurs, nos entourages, ce qui nous arrive. Il y a pourtant une
identité qui nous colle à la peau et ne relève plus de la dialectique
des désirs mais se manifeste par des traits de caractère répétitifs, non
plus évanescents mais bien plutôt symptômes indestructibles, relevant
de ce qu'on peut appeler une sorte d'habitus, et qui est en tout cas
notre seconde nature, part intégrante de notre personnalité aux yeux des
autres au moins. L'interprétation hégélienne du désir comme désir de
reconnaissance peut sembler en faire un rapport immédiat aux autres,
comme du Maître à l'esclave. La référence freudienne y ajoute
l'épaisseur d'un passé qui ne passe pas et la constitution de nos
symptômes par nos traumatismes ou culpabilités, nous attachant à des
modes de jouissance particuliers qui participent de notre être-au-monde,
avec toutes nos blessures. Ce symptôme dont on ne veut pas guérir, ni
rien savoir, se situe hors vérité, passant du désir de l'Autre (ou de
l'identification) à une jouissance qui n'est plus la jouissance
phallique ni transgressive, mais ce qu'on peut appeler la jouissance de
l'idiot, celle qui nous est propre.
C'est la fin de l'été et les débuts de la récolte (tardive) comme des vendanges (très précoces).
La température n'arrête pas de monter, 13/09/18
Il y a une chose dont on peut être sûr, les mobilisations pour le climat
vont prendre de l'ampleur à mesure que la température va continuer à
monter. Cette tendance de fond regardant vers le futur est cependant
concurrencée, au moins à court terme, par le réveil des nationalisme,
souverainisme, protectionnisme (anti-immigrants), tournés vers le passé
et qui pourraient conduire à des catastrophes d'un autre ordre. On peut
remarquer comme l'idéologie démocratique se trouve en porte-à-faux quand
elle critique ces régimes populistes, obligée de reconnaître la
globalisation des problèmes et la constitution effective d'une
gouvernance globale (objectif de l'ONU et de ses organisations) qui
réduisent largement le pouvoir démocratique et contredisent le mythe
d'une démocratie fondée sur elle-même, d'un pouvoir qui vient du peuple.
Pour se mettre à jour d'une démocratie consciente de son intégration
dans l'écologie planétaire, ce n'est plus cette volonté générale
arbitraire qu'on doit revendiquer comme fondement d'une démocratie qui
retrouve sa dimension humaine et locale, celle d'une démocratie de face à
face et d'une nécessaire relocalisation qui est loin de la dimension
nationale mais où la démocratie réelle, quotidienne, est celle du
développement humain et de la préservation de son environnement, non de
la souveraineté.
Mes 65 ans auront été tristounes, montrant comme je suis devenu isolé et
oublié de tous, ne sachant toujours pas si je vais toucher ma
retraite...
Revue des sciences octobre 2018, 01/10/18
2006-2018 - La blockchain se déchaîne - L'intelligence des pieuvres liée
à la flexibilité de la traduction de leur ADN - Le code neural du temps
- Expériences de mort imminente - Contradiction entre la théorie
quantique et ses expérimentateurs - Le boson de Higgs est bien trop
léger - Détection de la première particule supersymétrique ? - Les trous
noirs seraient chaotiques - Les zones humides disparaissent trois fois
plus vite que les forêts - De futures batteries lithium-CO2 séquestrant
le CO2 - De l'hydrogène à partir du plastique - MYRRHA, recyclage et
transmutation des déchets nucléaires dans 20 ans - Un tout petit poisson
nettoyeur se reconnaîtrait dans un miroir - La bière avant le pain aux
origines de la culture des céréales ? - Les Espagnols massacrés et
remplacés par une population de l'Est en -2500 - Se regrouper entre
malades pour guérir - Les mitochondries agents des maladies du stress -
Du GABA pour garder la plasticité du cerveau - Une odeur qui fait
pousser les cheveux ! - Un exosquelette mou pouvant même animer des
peluches - La voiture volante de Toyota
Dernière revue des sciences alors que les premiers froids arrivent. Je
me crois à la retraite pendant 10 jours avant de reprendre le collier !
De Kant à Fichte, 07/10/18
De l'incertitude de nos représentations à l'autonomie de la volonté.
L'opposition entre le dogmatisme de la critique de la raison pratique
et
le scepticisme de la critique de la raison pure a suscité beaucoup de
perplexité, comment pouvait-on tirer des impératifs catégoriques
inconditionnels de la critique des conditions de possibilités de nos
savoirs, de leurs limites ? Il faudrait en effet comprendre la reprise
du scepticisme de Hume par Kant comme l'équivalent du doute cartésien
balayant tous les anciens dogmatismes métaphysiques, les fausses
certitudes sur le monde extérieur et les choses-en-soi, mais pour
atteindre à la certitude absolue de la pensée et de la liberté du sujet
affirmée par la morale qui la contraint. C'est en s'appuyant sur cette
certitude du moi que Fichte voudra dépasser son maître voire le
renverser ("que l'objet soit posé et
déterminé par la faculté de connaître et non la faculté de connaître par
l'objet") en ramenant tout à l'autonomie de la conscience de soi
jusqu'à l'absurde mais il sera un jalon essentiel vers la philosophie de
Schelling puis celle de Hegel, influençant Marx tout autant dans la
conception de l'histoire et la science comme auto-développement de
l'humanité et sera le premier défenseur du droit des peuples à
l'autodétermination, ce qui le mènera finalement au pangermanisme. Ce
sont les causalités extérieures qu'il faut opposer à cet idéalisme
subjectif et l'autonomie du moi.
Le texte était travaillé depuis le mois de septembre, inspiré par une histoire de la philosophie de 1939.
Aux écologistes radicaux, 17/10/18
On a sans conteste besoin qu'il y ait de plus en plus d'écologistes
radicaux si cela veut dire des écologistes ayant pris la mesure des
problèmes et décidés à consacrer leurs forces à essayer de les résoudre.
Par contre, on n'a pas du tout besoin de querelles de chapelles sur ce
qui serait la véritable écologie surtout si c'est le prétexte à mettre
des bâtons dans les roues de ceux qui agissent. Nos moyens sont
limités et il faut combiner différentes formes d'action, où les
écologistes radicaux restent indispensables, que ce soit pour construire
des modes de vie plus écologiques ou défendre des territoires, mais à
condition de ne pas se retourner contre les autres acteurs qui sont plus
décisifs au niveau mondial et s'engager dans toutes les directions
ouvertes : solaire, agroécologie, reforestation, relocalisation, normes
européennes, accords mondiaux.
Après un moment de déprime à ne pouvoir prendre ma retraite,
l'inquiétante chaleur en automne fait profiter de belles journées. Cet
article aura un certain succès.
Le mystère de la conscience expliqué, 20/10/18
Selon Todd E. Feinberg et Jon M. Mallatt, si notre conscience nous est
mystérieuse, c'est parce que nous ne percevons pas notre système de
perception et nos neurones. Notre opacité à nous-mêmes est donc
constitutive. Sinon, l'existence d'une conscience, qui comporte
forcément une certaine conscience de soi, de sa position dans l'espace
comme de son état émotionnel, ne nécessiterait effectivement que ces
deux composants : une cartographie de l'espace et la mémoire des affects
(apprentissage), conscience émergeant au Cambrien jusqu'aux insectes,
très loin de notre propre conscience morale.
Si je faisais encore la revue des sciences, ce billet en ferait partie.
J'ai envisagé de juste tweeter l'article mais j'aurais été limité à 280
caractères alors que mes réflexions étaient assez longues pour constituer un billet. Sinon, le
mois d'octobre aura été très éprouvant, non seulement à cause du faux
départ à la retraite mais aussi de la charge physique entre les plantes (qui n'en finissent pas de mûrir),
le bois à couper et le ramonage. Après avoir eu mal au pied jusqu'à ne
plus pouvoir marcher parfois - ça va mieux - c'est le cou et le bras qui
sont très douloureux (névralgie cervicobrachiale).
La guerre aux pauvres : amende et taxe, 14/11/18
J'ai toujours insisté sur la distinction entre "pollueurs choisis" et
"pollueurs subis", l'essentiel étant d'offrir des alternatives. Juste
payer plus cher sans pouvoir rouler moins n'a aucun intérêt écologique
et pèse démesurément sur les plus pauvres. Les taxes sur les énergies
fossiles devront certes augmenter en même temps que les énergies
renouvelables vont se généraliser, devenant de plus en plus
concurrentielles. Elles sont beaucoup moins utiles avant si on
n'organise pas la transition. On retrouve exactement le même problème
avec le cannabis qu'on n'ose pas légaliser comme le mouvement mondial
actuel nous y obligera (après le Canada, l'Inde, l'Afrique du sud) mais
qui sera de fait légalisé pour les riches pouvant payer leur amende sans
problème (c'est presque cadeau) alors qu'elle sera bien trop lourde
pour les autres, renforçant l'injustice et l'arbitraire d'une
prohibition inapplicable et inappliquée.
Après un passage à vide, n'arrivant plus à terminer un texte, j'ai
publié vite fait ce petit billet pour rappeler mes anciennes critiques
des écotaxes bien que le mouvement des gilets jaunes ne me semble pas toujours
très sympathique.
L'invention des peuples de Herder à Heidegger, 21/11/18
Le retour des peuples dans l'histoire peut se dater de la Révolution
française mais aura été préparé philosophiquement un peu avant,
notamment par Herder, initiant avec Goethe le préromantisme du Sturm und
drang, et qui opposait la diversité des langues et des cultures à
l'universalisme kantien, fournissant ainsi les bases du principe de
l'autodétermination des peuples, revendication très à gauche à
l'origine, et même libertaire, avant qu'elle ne dégénère en nationalisme
agressif. Avec Fichte, l'appartenance au peuple est devenue un acte
volontaire d'affirmation et de participation à sa mission historique, ce
que Heidegger reprendra, justifiant son nazisme. Mais comme les peuples
sont nés, ils disparaissent aujourd'hui dans l'empire numérique.
Assez content finalement de ce texte que j'ai enfin pu terminer, mais la gare de Figeac ayant brûlée, il n'y a plus de trains...
C'est la catastrophe qui nous sauvera…, 28/11/18
Les catastrophes écologiques n'auront pas la soudaineté de l'explosion
d'une bombe et ne seront pas simultanées sur toute l'étendue de la
planète. Des effondrement écologiques locaux risquent bien de se
multiplier mais il est délirant de prolonger les courbes à l'infini et
s'affoler de la disparition de l'humanité au moment même où elle n'a
jamais été aussi nombreuse. Ce qu'on peut craindre de ces catastrophes,
c'est là aussi une mortalité accrue temporairement par famines,
épidémies ou guerres qui pourront certes diminuer la population mais
très loin d'une extinction. D'autant qu'à mesure que la population
diminuerait, son empreinte écologique diminuerait aussi (tout comme la
crise a réduit pendant quelques années les émissions mondiales). Parler
de fin du monde n'a aucun sens sinon, certes, la fin de notre monde
actuel et de sa précieuse biodiversité qu'on ne réussit pas à préserver.
Il ne s'agit pas de minimiser la gravité des effondrements écologiques
qui se préparent et leur coût humain probable qu'il faudrait éviter à
tout prix, mais cela n'empêche pas qu'à l'opposé de ce qu'on dit, les
catastrophes ne s'ajoutent pas dans un emballement qui irait jusqu'à
nous rayer de la carte. Non seulement les catastrophes attendues sont la
plupart du temps progressives mais elles devraient provoquer des
réactions de plus en plus fortes empêchant qu'on aille au pire.
Les contradictions au sein du peuple, 06/12/18
Il faut comprendre d'abord ce qu'a d'inédit le mouvement des gilets
jaunes et qui tient entièrement à l'environnement technologique,
puisqu'on peut dire que c'est le produit de la conjonction de Facebook
et BFM : le réseau permettant la constitution d'un mouvement inorganisé
et contradictoire alors que les chaînes d'information continue donnent
une grande visibilité à des mobilisations pourtant assez faibles, leur
apportant le soutien d'une grande majorité de la population - c'est cela
le plus étonnant, malgré les violences, avec l'alliance des extrêmes.
Ce qui est immédiatement apparu à ceux qui devaient payer l'écotaxe, c'est le
mensonge sur la motivation écologique, voyant bien que cela ne pouvait
modifier leur utilisation de la voiture et ne servait qu'à leur prendre
dans les poches pour compenser les cadeaux faits aux riches. Il ne
faudrait pas nous prendre pour des cons. Ce qui a renforcé la colère,
par dessus le marché, c'est de ressentir le mépris de classe du
président des riches, s'ajoutant au mensonge et à l'injustice.
C'est le froid et la pluie des jours d'hiver...
Les prix du pétrole vont flamber, 15/12/18
Les prix du pétrole devraient repartir nettement à la hausse à partir de
2020 au moins pour deux raisons principales : le développement de
l'Inde et l'arrêt des prospections depuis la chute des prix. L'idée
d'effondrement global se réfère aux crises économiques systémiques, dont
la soudaineté surprend effectivement, mais aussi à une supposée fin du
pétrole qui se traduirait en effondrement économique (alors que celui-ci
diminuerait la demande d'énergie). La difficulté, c'est qu'on peut
s'attendre malgré tout à un nouveau choc pétrolier même si ce n'est pas
la fin du pétrole - de la même façon qu'il y a un choc robotique, pas
une fin du travail, et qu'il y a bien un choc climatique même si ce
n'est pas la fin du monde. Plutôt que cet imaginaire de l'effondrement
définitif ou de ce qui nous en sauverait miraculeusement, il faut
prendre conscience de tout ce que nous aurons à faire dans la durée et
s'engager sans attendre dans la transition effective malgré
l'insuffisance de nos moyens et même s'il y a bien d'autres problèmes à
régler que l'énergie et le climat pour préserver nos conditions de vie
(notamment la relocalisation).
La stabilisation du climat comme objectif économique, 18/12/18
Plutôt que d'avoir à éviter une fin du monde catastrophique, la question
est plutôt de stabiliser le climat et d'empêcher la multiplication des
catastrophes même si nous ne pourrons les empêcher toutes. Cela dépend
bien moins de nous et de nos petits gestes que de l'industrie et de
l'agriculture. Il est ridicule de vouloir culpabiliser les gens qui n'y
sont pour rien en masquant les véritables coupables. On se heurte à des
procédés matériels, pas à de belles idées. Dans ce contexte, au lieu de
tout baser sur l'heuristique de la peur, d'une mobilisation planétaire
modifiant le système pour éviter le pire, il serait sans doute plus
utile de jouer sur une toute autre motivation, plus rationnelle, la
stabilisation du climat comme objectif favorable à l'économie comme au
développement des sociétés. Il ne s'agit pas de chercher un climat idéal
qui conviendrait à tous dans un impossible unanimisme, mais seulement
de réduire les variations climatiques autant qu'on peut pour mieux s'y
adapter, assurant une certaine homéostasie dans l'intérêt de l'économie.
En faire un paramètre économique, c'est assurer son effectivité par son
intégration au système de production. C'est, certes moins
enthousiasmant que de prêcher la fin du monde mais donne sans doute un
meilleur angle que de se reposer sur une conversion des esprits à
l'écologie ou un changement des modes de vie, ce qui ne mène à rien,
même si on peut l'encourager.
Longue période solitaire plutôt agréable même si j'ai mal partout (surtout au bras droit) et de la tension.
Du référendum et des conceptions naïves de la démocratie, 23/12/18
La revendication de justice fiscale s'est muée en revendication d'un
référendum d'initiative citoyenne (RIC), vieille revendication qu'on
retrouve de l'extrême-droite à la gauche populiste, supposé l'expression
du peuple, témoignant de conceptions très naïves de la démocratie,
s'appuyant d'ailleurs en grande partie sur l'idéologie officielle de
notre république - qui est moins héritière de la Révolution pourtant que de la monarchie
constitutionnelle (avec un président, un sénat et la séparation des
pouvoirs). Ainsi, les insurgés peuvent invoquer le récit national
pour réclamer ce pouvoir du peuple promis et toujours confisqué par le
parlementarisme, ce qui est en fait l'appel à un pouvoir fort et une
dictature de la majorité, dont le référendum est l'instrument
privilégié, alors qu'il faudrait défendre des politiques de dialogue,
une démocratie des minorités et des municipalités, à l'opposé du mythe
d'un peuple uniforme (qui se tourne contre les étrangers avant de se
retourner contre l'ennemi intérieur). La réalité de la politique, c'est
son impuissance, changer la forme de la démocratie ne change pas cela.
La prétendue souveraineté de la démocratie est une négation du réel et
des contraintes extérieures qui ne peut mener qu'à des dictatures (comme
l'étaient les prétendues "démocraties populaires"). Ce démocratisme
fascisant se fonde apparemment toujours sur le même récit simpliste où
tous nos malheurs viendraient des élites corrompues (comme des juifs)
qui s'enrichissent sur notre dos. Dès lors, il suffirait de se
débarrasser de ces parasites pour que se reconstitue l'unité supposée du
peuple et l'harmonie sociale.
Très mauvaise ambiance à Noël...
Karl Jaspers, l'existentialisme de l'échec, 28/12/18
Jaspers est le fondateur de l'existentialisme sous la forme d'un
existentialisme chrétien soulignant le côté tragique de l'existence dans
un monde hostile, pleine d'échecs et de déceptions, proche en cela de
Pascal. D'être "située" rendrait toute existence "coupable" de sa
partialité, de sa finitude qui fait d'elle une existence individuelle
concrète. L'expérience privilégiée pour Jaspers, c'est ce qu'il appelle
les situations limites où se révèle l'impossibilité radicale de
l'existence qui se cogne au réel, conduite à l'échec et au "naufrage" de
toutes ses possibilités. On est loin des expériences existentielles
positives et dans le sens de l'histoire, tout comme d'une liberté
triomphante. En tout cas, c'est sans aucun doute parce qu'il était
chrétien et psychiatre qu'il a pu donner une place centrale à la
culpabilité. La supériorité de la religion sur la philosophie, raison
pour laquelle le christianisme avait pris le relais du stoïcisme dans
l'Empire romain, c'est en effet qu'elle nous délivre de l'idéal du
Maître ainsi que de la folle prétention à la sagesse, reconnaissant au
contraire notre faiblesse. Ce qui fait notre humanité n'est pas notre portrait en
gloire ni les sciences universelles mais notre empathie, nos faiblesses,
nos défauts, nos névroses, nos liens affectifs où l'on trouve
réconfort. En fait, l'expérience du réel est fondamentalement celle
du ratage, de la souffrance, de l'étrangeté, de l'extériorité du monde
et de notre ignorance. Exister, c'est se cogner au réel (au non-Moi). Il
n'y a pas identité de la pensée et de l'être mais disjonction, scission
du subjectif et de l'objectif. Si notre existence ne pouvant se
fonder sur elle-même ne prend sens effectivement que d'une
transcendance, ce n'est pas une transcendance divine, mais la
transcendance des autres et de récits communs (hérités) dans lesquels on
s'inscrit mais aussi la transcendance du monde qui est confié à notre
souci écologique, toutes conditions de possibilité de nos projets
d'avenir.
2019 - Philosophie écologique, division de la pensée et de l’être, généalogie de la morale (66 ans)
Après avoir conclu les travaux de l'année précédente, notamment sur Jaspers, par la question de
la division de la pensée et de l'être, j'ai voulu dissiper la croyance dans le rôle de l'individu aussi bien dans
le progrès humain, l'art (
l'utopie artistique) ou
l'écologie qui est politique (pas individuelle), notre temps étant celui de
l'après-coup.
Une généalogie de la morale rectifie celle de Nietzsche et dépasse
Lévinas, l'urgence nous faisant passer du souci de soi au souci du monde
au-delà du souci des autres, débouchant enfin sur une philosophie
écologique, détermination par le milieu contre les philosophies
essentialistes de l'identité.
La conscience après-coup de nos décisions et jugements, 01/01/19
Pour Peter Carruthers, la réduction de la conscience à "l'espace de
travail" du cerveau implique que nos actes ne sont pas directement
conscients, contrairement aux sensations, et le deviennent seulement
après-coup par leur perception ou leur verbalisation car il n'y aurait
que des sensations (des représentations?) qui peuvent être conscientes,
c'est-à-dire présentes dans notre espace de travail mental. Il y a bien
séparation entre théorie et pratique, représentation et action,
réflexion et décision.
La division de la pensée et de l'être, 12/01/19
La plupart des philosophies partent d'une division initiale suivie de la
tentative de reconstituer l'unité perdue, fonction qu'on peut dire
thérapeutique de nous délivrer de la contradiction manifeste tout comme
de la peur de la mort. Jaspers dénoncera ces philosophies assimilées à
des constructions mythologisantes servant à fuir les questions
existentielles. On peut dater de la Critique de la raison pure de
Kant la reconnaissance définitive de nos limites cognitives et la
démonstration de la séparation de la pensée et de l'être avec la
séparation de nos représentations et de la chose en soi inaccessible.
Hannah Arendt fait de l'existentialisme une réaction à cette scission
alors que dans le marxisme, la perspective d'unité finale dépassant la
contradiction ne reconnaît la séparation de la pensée et de l'être qu'au
titre d'une aliénation à dépasser pour retrouver un supposé homme total
qui ne serait plus étranger dans le monde qu'il a créé par son travail.
L'échec des régimes communistes partout aura constitué une nouvelle
révélation de l'extériorité du monde. Le relativisme post-moderne qui
résulte d'une nouvelle déstabilisation du sujet connaissant n'est rien
d'autre qu'un post-marxisme. Ce subjectivisme est malgré tout relatif
puisqu'il se cogne au réel et qu'on partage un monde commun dans lequel
nous agissons. Il faut se garder d'absolutiser la séparation sous
prétexte que l'unité de la pensée et de l'être se voulait absolue. Il y a
bien une dialectique entre théorie et pratique mais qui expose
l'expérience singulière aux ratages et à rencontrer ses limites. Se
placer à ce point de vue d'un réel déceptif au regard du devoir-être
devrait déboucher sur un post-existentialisme athée et matérialiste
valorisant l'existant, le sort de la planète et le
quotidien de la vie, mais moins centré sur l'individu, réinséré dans
son milieu, et sans prétendre abolir la séparation ni retrouver une
authenticité perdue encore moins se suffire à soi-même.
Texte prolongeant le précédent sur Jaspers.
Le progrès humain, 24/01/19
On est toujours étonné de voir des statistiques témoignant de grandes
améliorations en cours sur l'essentiel (santé, libertés, éducation,
information, féminisme, réduction des guerres, etc) qui sont bien
réelles et contrastent avec l'impression d'une dégradation généralisée.
Au milieu de ce monde inhumain, l'histoire serait donc malgré tout celle
du progrès humain, du moins à grande échelle (car il y a des
retardataires et des retours en arrière). On peut en conclure que la
part positive du progrès n'est pas plus le produit de notre humanité et
de notre désir de liberté que sa part négative et destructrice ne serait
due qu'à notre méchanceté. Il faut inverser les causalités. En fait, le
progrès humain n'est pas tant le progrès de l'homme que de son
humanisation par la civilisation et l'état de la technique qui nous
façonnent. Le désastre annoncé n'empêche pas le progrès humain, tout
comme le progrès humain n'empêche pas forcément le désastre.
L'utopie artistique, 29/01/19
Depuis le romantisme, s'est constituée une utopie artistique fort peu
questionnée qui se combinera aux utopies sociales, faisant de l'art la
composante essentielle de l'épanouissement de l'individu, ou plutôt de
l'homme total et de l'accès aux formes supérieures de la vie - ce qu'on
retrouvera jusque dans les utopies numériques glorifiant la créativité
et l'innovation. Dans cette préfiguration de l'existentialisme, qu'on
peut définir par l'extension de l'exigence de vérité à l'existence
elle-même, c'est bien un mode de vie qui est visé par la survalorisation
de l'Art et de l'artiste, qui se distinguerait ainsi des animaux (et
des autres hommes) par ses aspirations élevées. On peut quand même
s'étonner de ces promesses publicitaires d'épanouissement de soi et de
carrière artistique quand on voit la vie tourmentée des plus grands
artistes ! Il y a erreur quelque part... La curieuse alliance de la
poésie et de la peinture moderne avec le marxisme se manifestera
brillamment au début de la révolution bolchévique - avant qu'elle ne
sombre dans le réalisme socialiste qui ravale la production artistique à
la communication et la propagande - ce qu'elle avait toujours été
jusque là. Après avoir mis en cause le rôle de l'homme dans l'histoire
(soumise à des causalités matérielles extérieures), c'est bien cette
prétention à la créativité et l'invention de l'artiste qui doit être
questionnée. Certes, si on peut facilement admettre que les sciences ne
dépendent pas tellement des scientifiques (la part humaine est celle de
l'erreur, dit Poincaré), il est bien sûr un peu excessif de le prétendre
des artistes. On considère habituellement, tout au contraire, que les
grandes oeuvres d'art sont les seules véritables productions humaines
qui seraient irremplaçables - ce n'est pas si certain pourtant.
L'écologie est politique (pas individuelle)
, 08/02/19
Croire que la taxation des individus pourrait compenser l'absence d'un
tel mécanisme ciblant les plus pollueurs relève de l'aveuglement et
finalement d'une conception marchande, libérale et individuelle de la
société alors que nos modes de vie sont entièrement déterminés par
l'organisation sociale de la production et de la distribution, ce n'est
pas une simple taxe qui peut y changer quoi que ce soit, sans aucun
bénéfice écologique donc. L'écologie n'a rien d'une question personnelle
comme on nous en rebat les oreilles, c'est uniquement une question
politique. Certes, une fois le tri des déchets organisé, il faut s'y
plier individuellement, mais c'est d'abord une organisation collective.
L'essentiel de notre avenir se joue désormais en Inde après la Chine et
avant l'Afrique (ou le Brésil), c'est à dire le développement des pays
les plus peuplés dont les émissions montent en flèche bien qu'étant
encore loin des nôtres par habitant. Les petites économies qu'on pourra
faire ici seront de peu de poids si ces pays ne se convertissent pas
rapidement aux énergies renouvelables au lieu du pétrole et du charbon.
Plutôt que se regarder le nombril en voulant être un écologiste
irréprochable et culpabiliser les autres, c'est donc bien sur l'action
politique et globale qu'il faut se concentrer si on veut avoir une
chance de dépasser notre impuissance individuelle. Pour que des mesures
écologiques ne soient pas insignifiantes, il faut qu'elles soient
absolument massives.
Période de disputes insupportables qui inaugurera une longue période de solitude.
Le temps de l'après-coup, 18/02/19
C'est la première leçon de l'existence, qu'il n'y a pas d'identité de
l'être et du devoir-être et qu'il faut constamment s'y confronter.
Impossible d'ignorer tous les ratés de la vie et la dureté du réel,
toutes les illusions perdues et d'abord les illusions politiques, rêves
totalitaires qui tournent mal de réalisation de l'idée. En ne se pliant
pas à nos finalités, ce qui se manifeste, c'est bien l'étrangeté du
monde et la transcendance de l'être, son extériorité. De quoi nous
engager non pas à baisser les bras ni à foncer tête baissée à l'échec
mais à régler notre action sur cet écart de l'intention et du résultat
pour corriger le tir et se rapprocher de l'objectif. L'histoire reste
une histoire subie car effectivement déterminée en dernière instance,
c'est à dire après-coup (post festum dit Marx) par la
(re)production matérielle et donc, d'abord, par le progrès technique.
Celui-ci ne nous fait pas passer du temps des finalités à celui des
moyens tout-puissants mais nous oblige plutôt à revenir au temps
biologique, c'est-à-dire au temps de l'après-coup, de l'apprentissage et
de la correction de nos erreurs, conformément à un darwinisme bien
compris comme sélection par le résultat. Ce n'est plus le temps des
projets grandioses ni même de l'ouverture au possible mais le temps de
la culpabilité et des remords - sans être pour autant forcément
irréversible, car renoncer aux finalités subjectives ne nous condamne
pas à rester passifs ni aveugles au négatif du progrès et de notre
industrie, ce qui a plutôt ouvert la voie à l'écologie politique. Notre
tâche est d'essayer de comprendre ce qui nous arrive sans jamais être
sûr d'y arriver, tâche toujours à recommencer dans l'après-coup. Il n'y a
pas de retour glorieux à l'unité de l'Être (comme dans les transports
amoureux) mais une pluralité de récits, de scénarios plus ou moins
crédibles pouvant être contredits par l'événement à tout instant. C'est
cette précarité de nos projections dans l'avenir qui caractérise la
finitude de notre situation existentielle et cognitive. C'est à partir
de cette nouvelle temporalité de l'après-coup (au-delà du passé, du
présent et de l'avenir), temporalité plus originaire que la durée et le
projet, que pourrait se redéfinir une pensée pratique sur le deuil de
l'unité
de la pensée et de l'être, rejoignant d'ailleurs les vieux principes de
la prudence et d'une bonne méthode expérimentale.
Après un début très froid, un temps plus chaud et très beau m'a fait
arrêter le chauffage mais il fait froid du coup dans la maison (14°C).
Alors que les douleurs au bras s'estompent, c'est le mal de dos et la
sciatique qui prennent le relais ! Mon père a été de nouveau hospitalisé quelques jours.
L'urgence écologique, 14/03/19
Devant l'aggravation sensible de la situation et alors même que la
nécessité de changer de système se fait de plus en plus pressante, il
est devenu impossible, irresponsable, de continuer à défendre une
écologie utopique, purement incantatoire, et reprendre les anciens
discours écolos ayant fait preuve de leur ineffectivité. Au moment où il
nous faut radicaliser les combats écologistes, nous sommes obligés
pourtant d'abandonner cet espoir d'un changement de système improbable.
L'urgence n'a jamais été aussi grande et nous ne pouvons plus perdre 20
années de plus à poursuivre des chimères. Il n'est plus temps de tirer
des plans sur la comète quand il faut parer au plus pressé. Et certes,
ce n'est pas drôle, et moins glorieux, mais c'est un débat crucial pour
les écologistes et notre avenir. Le but étant d'arracher des mesures
concrètes immédiates, il ne suffira pas de beaux discours, cela exige le
plus grand réalisme, certes bien décevant par rapport à ce qu'il
faudrait mais les objectifs concrets d'un Green New Deal qui
gagne des partisans ferait quand même toute la différence entre un monde
à peu près préservé (?) et un monde devenu invivable un peu partout..
L'écologie n'est pas une idéologie, c'est une obligation matérielle et
qui doit se situer dans son milieu réel, pas dans une planète
imaginaire. Toute action écologiste se juge au résultat, pas à ses
bonnes intentions.
Article pour EcoRev' mais qui sera refusé, écrit très difficilement et parti d'une critique
qui se voulait radicale de l'écologisme par un paysan anti-industriel, mais
qui s'est réorienté comme adresse à la jeunesse étant donné le contexte
d'une grève des jeunes pour le climat. Cet appel au réalisme avait effectivement peu de
chances d'être entendu.
Ce sont les fous qui font l'histoire, 19/03/19
Le véritable agent de l'histoire est essentiellement cognitif et progrès
technique (pierre taillée, pierre polie, âge du bronze, âge du fer,
etc.), donc impersonnel. La part humaine serait plutôt celle de l'erreur
dont on sait qu'elle est au principe de l'évolution avec la sélection
par le résultat qui suit, imposant les véritables causalités matérielles
après-coup. Alors que les sociétés originaires font beaucoup d'efforts
pour ne pas transgresser la tradition, il est bien certain que, pour
qu'il y ait histoire, il faut que de véritables fous furieux (ou
quelques ambitieux) bousculent l'ordre établi pour le forcer à évoluer
et se perfectionner. Plus généralement, on peut dire que le sage n'agit
pas, seuls les ignorants agissent. Alors que la compréhension de la
complexité des enjeux semble bien inciter à la prudence jusqu'à
paralyser l'action, les crétins osent tout, faisant preuve de la plus
grande arrogance à mesure de leur ignorance (plus on est ignorant et
plus on croit aux solutions simplistes). Si l'histoire est bien faite
par des fous, ce n'est pas que l'histoire leur donnerait en quoi que ce
soit raison, leur bilan étant le plus souvent catastrophique même si des
progrès peuvent en sortir à plus long terme. Reconnaître leur rôle
pourrait passer pour l'éloge de la folie, c'est ce dont il faut bien se
garder puisque ce rôle consiste surtout à susciter des réactions
contraires aboutissant à l'opposé de ce qui était visé. L'action
historique qui change la donne a donc toujours une part d'irrationnel du
côté de ses acteurs et une part objective qui leur échappe mais
triomphe toujours à la fin.
Début de printemps beau et chaud mais si les douleurs ont disparu, c'est
la déprime qui revient dont ce texte témoigne, inspiré par les
citations de Kojève et la connerie ambiante mais qui m'a fait revenir à la critique de Kojève.
Kojève et l'illusion de la fin réconciliatrice, 27/03/19
Kojève a été très important en France pour la compréhension de la
Phénoménologie de l'Esprit de Hegel dont il a donné une lecture
limpide... mais qui en était une réinterprétation marxisante,
anthropologique, matérialiste, assez différente de l'original sur de
nombreux points (Etat universel, fin de l'histoire, rejet de la
dialectique de la nature), constituant en fait une dogmatisation du
système hégélien. Le paradoxe, c'est de partir de la reconnaissance de
la contradiction et de son caractère inéliminable pour s'imaginer
pouvoir y mettre un terme ainsi ! Kojève sera justement celui qui
assumera jusqu'au bout ce paradoxe avec le thème de la fin de l'histoire
identifiée à l'Etat universel et sans classes, redoublant la fausse
interprétation rétroactive de la Révolution Française comme
rationalisation et réalisation de l'idée. C'est "avant tout, une
anthropologisation du Système : l'Homme prend la place de l'Esprit", ce
qui n'est pas rien, l'Esprit étant plus extérieur et collectif. L'autre
grande déformation qu'il fait subir aux concepts hégéliens, c'est la
traduction réductrice d'aufhebung par négation alors que toute
négation est partielle et qu'on a plutôt affaire à un dépassement
logique qui conserve ce qui est dépassé. Le travail n'est pas une
néantisation, l'homme n'est pas néant, comme le reprendra Sartre, il est
même ordinairement occupé à s'en défendre (ce qu'on appelle la
néguentropie du vivant, inversion locale de l'entropie qui est bien
négation de la loi la plus fondamentale de la nature mais cette lutte
contre la mort est essentiellement positive, reproductrice,
conservatrice). S'il faut garder la conscience du déchirement initial
entre l'être et le devoir-être, la différence du savoir et de la vérité,
l'extériorité d'un monde étranger, la révolte contre l'injustice du
monde, il faut par contre en dépasser la fin supposée réconciliatrice
qui l'annule, remplacée au contraire par la conscience d'une opposition
insurmontable - ce qui peut certes constituer une sorte de
réconciliation, un retour à notre réalité effective, ne cherchant plus à
supprimer la contradiction dans une utopie totalitaire. On peut dire
que ne plus croire à une fin de l'histoire, à une réconciliation finale,
constitue déjà une sorte de fin de l'histoire comme fin des idéologies,
voire de la politique, mais ce n'est pas une fin glorieuse et plutôt un
épuisement qu'un achèvement, sa négation plus que sa réalisation.
Période toujours tranquille et solitaire, assez agréable.
Dieu et la science, 08/04/19
On ne peut faire comme si on avait affaire à des domaines entièrement
séparés, entre la foi et la raison, faisant comme si les diverses
sciences n'auraient rien à dire sur les religions (histoire, sociologie,
psychologie, neurologie, biologie, physique). Tout au contraire, les
religions sont bien objets de sciences qui en réfutent incontestablement
tous leurs dogmes, que ça plaise ou non, en premier lieu l'existence
d'un Dieu dont il n'y a nulle trace dans tout l'univers - hors de la
tête des croyants et de leurs temples. Il faut bien admettre que Dieu
est un concept que nous avons et dont on a bien du mal à se défaire
(notamment les philosophes). C'est le contenu que nous lui donnons qui
doit être confronté aux faits. Partir du concept de Dieu pose cependant
un problème, car il y en a plusieurs et qu'on amalgame en général bien
qu'ils soient peu compatibles, confusion revendiquée de trois personnes
en une (je, tu, il) entre le dieu rationnel (éternel, Un, connaissance,
universel), le dieu révélé (historique, dogme, foi, particulier), le
dieu éprouvé (relation, amour, crainte, jugement, singulier). On
retrouve d'ailleurs ces trois dimensions dans la place donnée au dieu
créateur à l'origine du cosmos puis de la vie (de l'évolution) et enfin
de l'esprit, supposé donc intervenir trois fois - après de très longues
absences - pour expliquer ces inexplicables miracles. Sauf que ce n'est
plus si inexplicable désormais. Le rôle des sciences ici, n'est pas la
défense d'une vision du monde complète et d'une vérité dogmatique, mais
la simple vérification des faits (l'athéisme n'étant rien que la
négation de l'hypothèse divine avancée, pas son remplacement par une
autre hypothèse définitive). Il y a évidemment une vérité de la religion
qui ne peut se résumer à ses absurdités qui exigeraient au moins une
lecture symbolique sinon ésotérique mais pas littérale. Il ne s'agit pas
juste d'une regrettable erreur ni d'un simple instrument de domination,
mais bien d'un moment nécessaire aux premiers stades de la civilisation
avec la construction d'un garant de la vérité, de la moralité et des
échanges, au-delà de l'animisme. L'essentiel pour nous se situerait
plutôt dans l'opposition du christianisme romain aux philosophies du
bonheur précédentes, dont apparaît toute la vanité trop centrée sur le
moi ou les plaisirs, vanité à l'origine de la conversion de bien des
jouisseurs frivoles (comme Augustin). Au lieu de prétendre à la sagesse
et au bonheur dans ce monde, il s'agit de se délivrer du souci de soi
par l'acceptation de notre finitude, nos limites, nos fautes (notre
culpabilité) pour renvoyer la charge de la cause sur un Autre et
s'ouvrir à l'extérieur, se projeter dans l'amour du prochain qui nous
sort de notre petite personne. Cette fois, la religion est bien le
témoignage de l'échec de la philosophie comme identification au maître,
détrônant l'idéal aristocratique de perfection.
Généalogie de la morale, de Nietzsche à Lévinas, 19/04/19
La morale humaine commence avec le langage, l'interdit, le don
et la dette, le prestige ou la honte. Au contraire des machines, nous
pouvons en effet ressentir honte et culpabilité
sans lesquels aucune parole n'est possible (en dehors de l'impératif).
La dimension sociale de notre conscience est constitutive
de notre discours intérieur, qui a la forme d'une conversation réelle.
Nietzsche a bien vu l'importance du basculement de l'Empire romain dans
la religion chrétienne mais fait simplement étalage de son
incompréhension de la faillite des idéaux antiques, ce dont il ne peut
trouver d'autres raisons que le ressentiment des faibles et des ratés,
ne voulant pas voir que cette conversion religieuse résultait de l'échec
des morales du maître et des philosophies du bonheur enfermées
dans le souci de soi, comme en témoigne Augustin. Par la rationalisation
de la morale Kant supprime à la fois le besoin de la crainte de Dieu et
cette dimension charitable mais ouvre la voie à l'athéisme moral. Le
plus contestable dans cette morale rationnelle est surtout de se
présenter comme atemporelle et c'est l'intérêt de Hegel d'avoir tenté de
l'historiciser. Cette succession de figures et de leurs contradictions
nous apprend la diversité des morales mais évacue immédiatement le
rapport à l'autre au profit du commun et d'un retour au souci de soi,
même dans son sacrifice. Ce rapport à l'autre sera assez secondaire
aussi chez Alain qu'il vaut de citer pour la synthèse qu'il propose de
la morale du maître avec la morale kantienne, l'excellence pour tous
comme mot d'ordre des instituteurs de la République. Dans cette
moralité, assez aristocratique bien que culpabilisante, il ne s'agit
jamais que de se gouverner soi-même, faire son devoir mais en se mettant
de nouveau hors de l'histoire, au niveau ontologique, Alain donne à la
morale un statut primordial, l'identifiant à la conscience même -
conformément à l'usage courant qui fait appel à notre (mauvaise)
conscience. C'est Martin Buber qui réintroduira la figure de l'autre au
coeur de la morale, insistant sur la différence ontologique entre la
relation à l'Autre Je-Tu et la relation à l'Être du Je-Cela. Le monde humain est bien celui du rapport à l'autre plus qu'à
l'Être (Sartre contre Heidegger). C'est comme interlocuteur (Dire) que
l'être-humain (non pas l'être-là) se distingue d'un simple étant, et
l'existence humaine de celle de l'animal mais Lévinas insiste avec
raison sur le fait que l'autre échappe à notre intentionalité, limite de
la phénoménologie. Il existe hors de nous et nous reste étranger, il
peut toujours changer ou mentir, mais l'inconditionnalité du devoir
altruiste et d'une responsabilité infinie est aussi intenable que celle
de la maxime kantienne. La leçon de Hegel nous incite donc à refuser la
dureté d'une exigence morale infinie de sainteté et d'y opposer au
contraire une morale de notre finitude, imparfaite et fautive mais
fraternelle et attentive aux conséquences de ses actes. Pour se
réaliser, la morale ne peut s'en tenir à l'intersubjectivité, elle doit
passer à la politique où le monde moral et le monde matériel se
confrontent.
Cet article, dont j'étais assez satisfait, est la suite du précédent
dont il reprend l'avant-avant-dernier paragraphe sur le christianisme
mais constitue une synthèse de plusieurs articles plus ou moins anciens,
en commençant bien sûr par
misère de la morale (Hegel),
A propos d'Alain,
de Kant à Fichte,
Jaspers, des allusions à bien d'
autres mais aussi la reprise d'une brève sur le
discours intérieur.
La vraie vie, 10/05/19
Notre conscience morale fait sans aucun doute notre humanité, le fond
des rapports humains qui occupent incontestablement une grande place
dans nos vies et dans nos pensées, cependant ils ne prennent pas toute
la place et il faut se garder de les idéaliser. Pour revenir à leurs
limites et leur ambivalence, il suffit de faire un retour aux choses
mêmes, c'est-à-dire à la vie quotidienne dans sa réalité la plus
prosaïque, aussi éloignée de celle de Heidegger que de Lévinas. Ce n'est
pas une peinture flatteuse (il n'y a en effet que la vérité qui
blesse), mais, après le monde matériel qui nous contraint et le monde
moral qui nous oblige, il reste donc à faire la phénoménologie de notre
vie concrète (matière des bons romans). S'il est fondamental de
reconnaître notre identité relationnelle et morale jusqu'à notre désir
comme désir de l'autre, il ne faut pas mythifier notre rapport aux
autres, en faire un amour universel ni une responsabilité infinie, mais
reconnaître tout autant ses limites dans un quotidien routinier menacé par la
lassitude et l'ennui. Ainsi, dans la vraie vie, en dehors de
l'amour naissant, on s'absente le plus souvent des autres dans
l'activité ou le bavardage.
La nuit suivant cette dernière publication, j'ai fait une grave chute
dans l'escalier en ratant les toilettes dans le noir complet à 2h du
matin. Je me suis retrouvé aux urgences mais n'avais apparemment rien de
cassé, seulement des bleus et contusions partout qui m'ont laissé bien
sonné. La mauvaise nouvelle, c'est qu'on a découvert que j'avais une
arthrose, notamment au cou...
Le retour des fachos (qui s'ignorent), 21/05/19
La haine justifiée des vainqueurs envers la barbarie nazi avait sans
doute trop noirci le tableau du fascisme, jusqu'à rendre
incompréhensible son succès intellectuel et populaire, assimilé à une
simple brutalité. Impossible de reconnaître dans cette caricature le
retour du refoulé actuel. Non seulement il faut rappeler l'adhésion
enthousiaste d'une large part de la population à ces régimes
totalitaires mais aussi le fait qu'ils se réclamaient d'une sorte de
socialisme et du parti des travailleurs, de nombreux militants et
dirigeant venant de l'extrême-gauche. Partie intégrante du fascisme, il y
avait effectivement un antilibéralisme protectionniste et
anticapitaliste affiché, faux nez souvent d'un antisémitisme accusant
les banquiers juifs de tous les maux du capitalisme. Que de sincères
révoltés d'extrême-gauche adoptent des positions fascisantes,
souverainistes, anti-immigration, voire antisémites ou complotistes,
réduisant l'analyse à la critique de la démocratie, des élites
corrompues, des lobbies et des Rothschild, doit être jugé d'autant moins
étonnant que le marxisme est lui-même révolu et qu'on assiste à un
effondrement de la pensée de gauche, social-démocrate ou
révolutionnaire. Le matérialisme n'est plus à la mode, le réel n'existe
plus, il n'y aurait plus qu'une politique souveraine, une volonté
populaire toute-puissante alors même que l'économie est en complète
réorganisation numérique et que nous sommes confrontés, avec le
développement des pays les plus peuplés, à l'émergence de nouvelles
puissances comme à leur pression démographique. Si le réchauffement
climatique et la perte de biodiversité sont les plus grands défis de
l'humanité sur le long terme, à court terme c'est donc plutôt la
politique qui pourrait bien constituer notre principal problème, loin
d'être la solution.
Eloge et réfutation de Guy Debord, 08/06/19
On dira ce que Guy Debord avait malgré tout d'admirable mais on montrera
d'abord sur quels errements il a vécu, et on verra que c'étaient les
poncifs de l'époque plus que les siens et dont nous récoltons les
décombres. S'il nous a légué une exigence de vérité et de liberté, dont
nous devons reprendre le flambeau, ce qui apparaît avec le recul, c'est
en effet un échec à peu près complet et, sous une rhétorique brillante,
la consternante naïveté sur le sexe et le pouvoir, sur la liberté et
l'idéologie, sur la technique et la démocratie, sur le capitalisme et le
travail, sur la représentation et la chose même, sur la vie enfin comme
jeu. On ne peut d'ailleurs pas dire que Debord revendiquait une
quelconque originalité, pratiquant ouvertement plagiat et détournement,
son effort étant seulement d'en tenter une synthèse. Il est clair qu'on a affaire à une
révolte qui cherche sa théorie. Il faut d'abord reconstituer la
constellation intellectuelle du temps du communisme triomphant et de la
domination du marxisme dans les universités mais surtout s'imposant
dans tous les mouvements d'émancipation, nourrissant les espoirs les
plus fous de fin de l'histoire dans la réconciliation finale d'une
société sans classe. Cependant, on peut considérer activisme de Debord, philosophie
devenue praxis, comme une régression idéaliste et subjectiviste revenant
à Fichte, plus proche finalement de l'actualisme fasciste de Gentile
que du matérialisme de Marx ou de la dialectique hégélienne. Ne voulant
renoncer ni à la révolte ni à la poésie, ni à une vie libertaire, on ne
peut que se sentir en sympathie avec la critique radicale de ce monde et
de la condition humaine mais pas jusqu'à s'imaginer en sortir par notre
arrogance ni faire de la vie un jeu ou le spectacle de l'authenticité.
On ne peut pour autant accuser Guy Debord d'insincérité alors que c'est au contraire
son exigence de vérité qui mérite le plus d'éloges, son indépendance
des pouvoirs, sa volonté de non compromission qui l'amenait à
systématiquement rompre avec des amis compromettants ou menteurs. C'est
bien malgré lui que la volonté de vérité est devenue trompeuse et la
lutte contre l'aliénation aliénante, ce dont il devait être
l'indispensable démonstration. Il ne s'agit pas de juger Guy Debord
comme si nous lui étions supérieurs mais plutôt de prendre nos distances
avec un passé révolu.
Texte écrit facilement dans le prolongement de la vraie vie et un peu en réponse au livre "
Debord: Le naufrageur"
de Jean-Marie Apostolidès (dont je n'ai lu que des extraits). On
peut dire que je règle mes comptes avec mes anciennes idoles (il ne
reste plus que
Lacan à critiquer sérieusement). Sinon, toujours pas mal de douleurs,
l'humeur morose et un désir en berne, mais c'est l'été...
Changement de monde, 23/06/19
Il est devenu quasiment impossible de se projeter dans le monde futur
tant il devrait être différent du nôtre, malgré les vaines tentatives
d'arrêter le temps. On peut juste lister un certain nombre des
bouleversements attendus dans les dizaines d'années qui viennent,
bouleversements technologiques, climatiques, géopolitiques. Les
incertitudes sont au plus haut, et pas seulement l'ampleur du
réchauffement climatique, qui semble avoir été sous-estimé mais il
apparaît que les plus grandes incertitudes sont politiques et
géopolitiques aujourd'hui avec une montée des risques de guerre, y
compris nucléaire (ou de cyber-guerres), que seuls les risques
économiques semblent pouvoir empêcher. L'opposition des mondialistes aux
souverainistes prend ici tout son sens. Nous ne sommes plus dans le
temps arrêté d'une fin de l'histoire, d'un dimanche de la vie où
l'individu n'aurait plus qu'à s'épanouir et jouir d'un éternel présent,
mais pris dans les mouvements de l'histoire qui nous dépassent et
menacent de toutes parts. On n'est pas prêts de sortir d'une crise
permanente si la crise est le nom d'un réel qui nous échappe et nous
déstabilise. L'inquiétude est d'autant plus justifiée que pour
l'instant, nos émissions continuent à augmenter. Il n'empêche que tout
n'est pas désespéré car la première partie du siècle aura été celle de
la prise de conscience planétaire nous engageant dans la transition
énergétique sinon écologique. Nous allons être pris dans une course
entre réchauffement, tensions démographiques, ruptures technologiques,
transition énergétique, conflits mondiaux. Il y a les optimistes qui
croient à un miracle technique, les écologistes qui croient à un miracle
politique, les intellectuels qui croient à un miracle moral, mais il
n'y aura pas de miracle, il faudra savoir tirer parti de toutes les
occasions. C'est en étant conscients de notre impuissance actuelle que
nous pouvons espérer la dépasser ponctuellement, tout en sachant que
plus la température va monter et plus la mobilisation va grandir, des
mesures plus efficaces vont être prises et les techniques vont
progresser pour empêcher les scénarios les plus extrêmes. C'est en ce
sens que l'écologie est progressiste, d'une montée en puissance. Nous
n'éviterons pas toutes les catastrophes et bouleversements, pour cela il
est déjà trop tard, mais les prochaines décennies devraient être les
plus décisives, ce que les jeunes ont bien compris.
C'est une assez longue canicule battant des records de température et la fin de la tranquillité avec les vacanciers...
Du souci de soi au souci du monde, 12/07/19
La nouvelle figure de l'individu qui émerge des menaces écologiques est
aussi différente de l'individu religieux que de l'individu libéral car,
sans se réclamer d'un fondement dogmatique ni d'un acte de foi, il n'est
plus délaissé par l'absence de tout fondement éprouvé depuis la mort de
Dieu, et ne se réduit pas non plus au seul fondement moral du rapport
aux autres. En effet, la destinée de l'individu est devenue inséparable
d'une communauté de destin planétaire qui donne sens à nos vies, lui
donne un cadre, qu'on le veuille ou non. Au-delà de l'éthique comme
rapport à l'autre, existe aussi le rapport à la totalité, au global et à
l'histoire. Il est certes légitime de s'interroger sur le retour du
concept de totalité, qu'on s'était échiné à déconstruire, mais ce n'est
pas juste un retour de l'idée, c'est son retour dans le réel,
incontournable et devenu une sorte de bruit de fond médiatique
permanent. La différence avec les idéologies totalitaires, c'est que ce
n'est pas l'esprit qui nous unit mais le réel (climatique, écologique,
économique, technique) et cela bouleverse déjà complètement la situation
des individus dans le monde par rapport à l'ère des idéologies ou de la
fin de l'histoire libérale. En effet, c'est la nécessité extérieure qui
prime désormais sur la volonté subjective. La réussite individuelle n'a
plus de sens hors de la réussite collective et la subjectivité n'est
plus sommée de se fonder sur elle-même à se trouver engagée dans une
évolution extérieure, un réel qui donne un sens objectif à l'existence,
où ce n'est pas notre opinion qui compte mais l'état de la science. Bien
sûr, le souci du monde englobe le souci des autres et de nous-mêmes,
mais ce monde qui suscite notre inquiétude n'est pas, en effet, le monde
enchanté des écolos, c'est un monde hostile, étranger, dévasté,
fragile. Ce n'est pas qu'on aurait fait le choix héroïque de viser plus
grand que soi, c'est l'existence de totalités supérieures qui fait
effraction dans la notre et nous sort du temps immobile d'une fin de
l'histoire comme un dimanche de la vie où l'on n'aurait plus qu'à
s'occuper de soi.
Ce texte, pas très bien écrit mais important, prolonge ma
généalogie de la morale, de Nietzsche à Lévinas.
Il fait un peu moins chaud et comme j'ai reçu un peu d'argent, je suis moins précaire à court terme. Je vais
pouvoir changer d'ordinateur, celui-là étant en bout de course (l'écran
est mangé par une tâche noire qui s'agrandit), et j'ai prévu aussi de
vider les granges de tout ce qu'il y a à emmener à la déchetterie mais
il y aurait tant à faire... Un problème au pouce me fait retourner à l'hôpital.
Contre le Bonheur, 11/08/19
Ce texte rassemble les critiques d'une notion de Bonheur contradictoire,
purement fictive, exemple même du sophisme. C'est la recherche du
bonheur, l'idée du bonheur, son obsession, dont il faudrait se défaire
ne faisant
qu'ajouter au malheur du monde, nous exilant de cette béatitude imaginée
comme de la jouissance de l'Autre fantasmée. La fonction thérapeutique
des philosophies qui se vantent d'apporter bonheur et sagesse, s'oppose
frontalement à sa passion de la vérité et au courage de regarder la
vérité en face, aussi décevante soit-elle pour nos idéaux. Tous nos murs
sont couverts de promesses de bonheur en technicolor. La chose est
entendue. Cependant, après un XXème siècle où cette recherche du bonheur
faisait rage (des marxistes aux publicitaires, des spinozistes aux
existentialistes, des golden boys aux situationnistes), la prise de
conscience est générale que l'étalage de son bonheur sur facebook rend
tout le monde plus malheureux. La poursuite universelle du bonheur et le
malheur généralisé se prouvent aux yeux de tous comme les deux faces
d'une même médaille, relevant d'une forme de psychose
maniaco-dépressive. Il faut en conclure que si le Bonheur absolu
n'existe pas, le Malheur absolu n'existerait pas non plus - mais
seulement l'échec, la souffrance, la déception, la tristesse, l'envie,
la rage, la révolte ou la dépression, traversés cependant de soleils, de
rires et de chansons, de petits plaisirs et de grands bonheurs, de
quelques coups de chances et même d'amour parfois.
Une bonne partie du mois d'août aura été passé à essayer de faire
marcher Ubuntu sur le portable HP bas de gamme que j'ai acheté, ce qui
m'a énervé contre le manque d'interfaces graphiques de configuration,
obligeant à bidouiller et donc limitant son utilisation au petit nombre.
La désastreuse défaite du libre par élitisme, 19/08/19
Tout le monde devrait utiliser des logiciels libres, c'est l'évidence,
de même que les plateformes devraient être publiques ou libres. La
défaite jusqu'ici des logiciels libres face aux entreprises commerciales
est cuisante. On pourrait y voir un grand mystère, pourquoi payer quand
il y a du gratuit? Mais il n'y a pas de mystère, les logiciels libres
sont trop souvent faits pour les programmeurs eux-mêmes plus que pour
l'utilisateur de masse. C'est surtout ce que je conclue de mon
expérience d'un retour à linux Ubuntu.
Je supporte difficilement une mauvaise cohabitation qui me rend un peu malade.
L'avenir écologiste, féministe, psychédélique et libertaire, 27/08/19
Il y a vraiment de quoi voir l'avenir tout en noir. Mais on aurait bien
tort. Tout n'est pas perdu même si la chaleur devient étouffante et que,
pas plus que les générations précédentes ou futures, nous n'éviterons
les catastrophes - seulement plus nombreuses sans doute. Le
réchauffement va rendre la vie plus difficile, l'urgence est de tout
faire pour le réduire, alors que la faillite du marxisme et la
décrédibilisation de toutes les utopies font bien actuellement le lit du
populisme. La situation est incontestablement dramatique pourtant,
comme dans le passé, ces malheurs n'empêcheront pas de nombreux progrès,
au moins technologiques (avec leurs bons et mauvais côtés) mais aussi
moraux et de continuer l'émancipation, ce dont témoigne l'hégémonie du
féminisme ainsi que la montée en puissance de l'écologie au moins mais
le récent retour en grâce des drogues psychédéliques montre aussi que
notre avenir ne sera pas seulement utilitariste, technologique,
rationalisé et contrôlé mais gardera sa part subjective et spirituelle.
Texte commencé depuis plusieurs mois, repris juste après l'appel à une
prise massive de drogue psychédélique par une écologiste d'
extinction rebellion.
Alain préfigure Lévinas : le visage de la charité, 09/09/19
J'ai trouvé que ces esquisses de 1929 donnent un éclairage intéressant
sur le thème du visage repris par Lévinas. Elles en donnent une version
plus rationnelle bien qu'aussi exigeante et menant tout autant à la
religion, complétant ma "généalogie de la morale de Nietzsche à Lévinas"
et surtout redonnant tout son sens à la présence comme présence à
l'autre, au prochain, humanité qui ne sera jamais celle des robots.
J'apprécie le retour d'un peu de solitude.
L'éternel retour du même et nous, 12/09/19
Il est assez agaçant de voir annoncer tous les matins la découverte
d'une planète habitable, étant donné les milliards de milliards de
planètes, cela n'empêche pas qu'il est à peu près certain qu'on finira
par en trouver. Cela veut dire qu'on estime que les mêmes processus
devraient se reproduire nécessairement, que la sélection darwinienne
après-coup est universelle, aboutissant aux mêmes résultats, après des
temps très longs, et donc à une complexification croissante pour autant
que les catastrophes cosmiques épargnent ces planètes pendant des
milliards d'années, ce qui n'est pas rien... Les sciences (physique,
biologie, ethnologie, économie, écologie) mènent à une conception du
monde où les mêmes causes universelles produisent les mêmes effets.
C'est ce déterminisme implacable qui a donné à Nietzsche le vertige de
la révélation d'un éternel retour du même, où nos actes se dupliquaient à
l'infini dans la succession des mondes, ce qui arriva arrivera toujours
exactement pareil. C'est véritablement une idée de dingue. En tout cas,
on peut effectivement reconstruire à grands traits ce qui se répéterait
nécessairement, cet éternel retour des mêmes mécanismes s'opposant à
l'entropie universelle, aussi bien dans le cosmos où la gravitation
accentue les différences de concentration au lieu de les diluer, que
dans l'évolution biologique avec la course entre prédateur et proie, ou
dans l'évolution technique et civilisationnelle - voire l'histoire
idéologique et artistique ? En tout cas, une conscience écologique
semble indispensable à des civilisations plus avancées qui, sinon
disparaîtraient n'étant pas soutenables sur le long terme et leur
puissance technologique se retournant contre elles.
Les températures sont toujours élevées (près de 30°C), aggravant la
sécheresse, la rareté des insectes étant angoissante dans un
coin pourtant très protégé. La récolte commence, très mince et en
avance pour le raisin (mais on a eu aussi très peu de tomates ou courgettes).
On essaie de refourguer des petits chats pour ne pas être trop dépassés
une nouvelle fois (il y a jusqu'à 13 chats dedans et une dizaine
dehors!). Plus le fait de me replonger dans la retraite, tout cela a provoqué le retour d'un état
dépressif après une resucée de candidose et d'herpès. Je passe assez peu
de temps à écrire...
Cryptomonnaies, la blockchain se déchaîne, 27/09/2019
On observe comment une possibilité technique nous force la main avec
l'arrivée des cryptomonnaies dérivées du Bitcoin. Des versions plus
stables (stable coin) et donc fiables ont été élaborées, gagées
sur des actifs réels, tout comme les monnaies papier avaient auparavant
un équivalent or. Depuis, les projets se multiplient dont le plus
significatif, étant donné le nombre d'utilisateurs potentiels, est le
Libra de Facebook basé sur un panier de monnaies. La première réaction
des Etats était de l'interdire. Sauf que si Facebook était freiné dans
son projet de cryptomonnaie mondiale, cela n'empêchera pas Telegram, qui
est moins contrôlable, de sortir la sienne (le Gram). L'impossibilité
d'empêcher l'existence de cryptomonnaies pousse dès lors les Etats,
notamment la Chine, à créer leur propre cryptomonnaie, obligeant les
autres à s'y mettre. On voit que c'est un processus autonome qui ne
résulte pas d'un choix alors que l'existence de monnaies supraétatiques
va avoir de très grandes conséquences. La part humaine ici se réduit au
temps de réaction pour adopter une technologie.
Très bonne période solitaire avec des températures clémentes mais les
prévisions climatiques se font de plus en plus catastrophiques.
Il n'y a pas d'espèce humaine, 10/10/19
Cela fait quelques années à peine que le soupçon est apparu chez les
paléoanthropologues qu'il n'y avait pas d'évolution linéaire de
l'humanité, ni une espèce originaire mais une évolution buissonnante. Il
n'y a donc pas d'ancêtre primordial, ni d'Eve ni d'Adam, ni une seule
espèce humaine qui se séparerait des autres espèces mais la divergence
des populations et leur métissage local transmettant des mutations
adaptatives ou immunitaires aussi bien que des innovations techniques.
Les conséquences sur nos représentations habituelles sont considérables
puisqu'il n'y a plus une essence originaire de l'espèce humaine aspirant
à développer ses potentialités spirituelles - et qui serait en train de
les réaliser - pas plus que la baleine prenant le corps d'un poisson ne
peut être considérée comme contenue déjà dans l'espèce de vache dont
elle descend. Le genre Homo se caractérise non par l'utilisation
d'outils mais par son adaptation à l'outil (d'abord la main pour tailler
la pierre). On voit que dans un cas comme dans l'autre, c'est
l'environnement qui sculpte les corps, et de plus en plus pour nous
l'environnement humain, imposant une certaine convergence évolutive, y
compris culturelle, l'agriculture ayant été "inventée" de façon
similaire en différents continents. Tout cela conforte l'hypothèse d'un
déterminisme historique qui laisse place à la diversité (des langues)
mais à peu près identique sur les autres planètes voire dans d'autres
univers (éternel retour du même ?). C'est difficile à croire sans doute
mais une bonne part de l'évolution, notamment technique et scientifique,
suit bien des lois universelles. Du coup, dans cette préhistoire plus
que millénaire, il n'y a pas d'événement fondateur de notre humanité
mais une évolution qui se continue dans le développement économique,
procès sans sujet (qui nous assujettit) avec une pluralité d'innovations
techniques ou de stades cognitifs, franchis ici ou là, d'une
"métapopulation" assez diverse s'y adaptant ensuite petit à petit par
les échanges et la compétition ou la guerre. L'essentiel n'est pas tant
de reconnaître la diversité de nos origines, contre le culte des
ancêtres et la prétention d'appartenir à une noble lignée, l'essentiel
c'est de reconnaître que l'humanité n'est pas en nous mais le produit de
l'évolution cognitive et technique à laquelle nous nous sommes adaptés.
Après un orage assez violent (le 15 du mois), résidu lointain d'un
cyclone, ma box ne marchait plus et j'ai été presque totalement coupé du
monde pendant une dizaine de jours (surtout les premiers jours) mais
c'était le plus beau moment de l'automne avec des
érables éclatants. J'en ai profité pour terminer enfin les trajets à la
déchetterie. Comme les températures commencent à baisser, il a fallu
rallumer la chaudière et faire le ramonage (hélas!).
Les couleurs réelles sont bien plus belles...
Déconnexion – retour à la nature, 25/10/19
De nos jours, c'est le numérique qui bouleverse toutes nos pratiques, ce
dont les beaux esprits s'alarment dans la nostalgie des temps anciens
qui n'étaient pourtant pas si brillants, et prônent pompeusement les
vertus de la déconnexion comme d'une révélation de la vraie vie perdue
(comédie humaine chaque fois recommencée). La déconnexion, la vraie, a
bien cependant la vertu de faire sentir concrètement à quel point nous
sommes devenus dépendants des réseaux numériques (y compris pour les
démarches administratives, factures, compte bancaire, train, etc.), à
quel point nos vies ont changé en une dizaine d'année seulement, nous
faisant déjà une autre humanité dont une bonne partie de la mémoire a
été externalisée et qui est habituée à trouver rapidement les réponses à
toutes ses questions comme à rester proches de la famille ou des amis
malgré les distances. Il s'agit bien de l'humanité toute entière,
équipée si vite partout de smartphones (qui datent de 2007 seulement),
jusque dans les pays les plus pauvres, jusque parfois dans la jungle la
plus reculée ! Ces réseaux qui nous relient et sont devenus vitaux
constituent du coup une nouvelle vulnérabilité face aux tempêtes
terrestres comme aux éruptions solaires pouvant nous priver soudain de
toute connexion avec l'extérieur ou d'électricité. Ainsi, après un orage
assez violent, résidu d'un lointain cyclone (et subissant le peu
d'empressement de Free, qui ne semble pas en mesurer l'importance, pour
remplacer ma box hors d'usage), j'ai été coupé du monde une dizaine de
jours. Occasion rêvée, n'est-il pas, de retrouver l'ancien temps qui
n'était pas virtuel, et par dessus le marché, au moment le plus beau de
l'automne avec des érables éclatants...
Le dernier jour du mois, la doyenne du hameau est morte sans
crier gare (à plus de 90 ans), bouleversant notre petite communauté. Sa
vie simple de paysanne était d'une exemplaire dignité et elle avait
l'air d'une sainte sur son lit de mort, on aurait dit un tableau.
L'empressement de tous les voisins témoignait aussi de leur grande
humanité. Moment très touchant.
Marie Laforêt, 04/11/19
Je l'ai toujours trouvée très sous-estimée, n'ayant pas eu la
reconnaissance qu'elle méritait, surtout pour les chansons
traditionnelles qu'elle chantait merveilleusement. Difficile de faire un
choix il y a des dizaines de très bonnes chansons...
La période ayant été tellement troublée, j'ai eu beaucoup de mal à
terminer mon travail, me laissant un peu épuisé mais la forme est
revenue très vite malgré le temps pluvieux et même si je n'écris pas
beaucoup.
Incertitudes climatiques et marchands de doute, 11/11/19
Ce n'est peut-être pas assez apparent pour le public mais il est
frappant de voir comme cette accumulation de mauvaises nouvelles a
provoqué, depuis moins d'un an, un regain de mobilisation des
scientifiques devant l'aggravation de la situation, se focalisant
désormais sur l'étude des solutions après avoir travaillé à réduire les
incertitudes des modèles climatiques. C'est d'ailleurs le moment où un
rapport montre que les entreprises pétrolières
connaissaient très bien les dangers de leurs émissions de CO2 mais
finançaient les climato-sceptiques et la désinformation, polluant le
débat en exagérant les incertitudes qui sont effectivement très grandes.
Il est à noter que non seulement le public peut comprendre les
incertitudes météorologiques mais admettre cette incertitude des
prévisions climatiques renforcerait leur acceptation. D'ailleurs, au
lieu de s'en tenir aux incertitudes à long terme, il faudrait sans doute
mieux avertir des risques à court terme sous-évalués et de probables
changements abrupts dans le climat arctique sans attendre la fin du
siècle. Cependant,
l'incertitude forcément plus grande sur les conséquences, aurait (selon
la même étude) un effet complètement démobilisateur.
Assez bonne période malgré un désir en berne.
Introduction à une philosophie écologique, 20/11/19
Il est sans doute contestable d'appeler philosophie ce qui ne promet
aucune sagesse, philosophie sans consolation s'affrontant à une vérité
déceptive et qu'on pourrait appeler à meilleur escient une
anti-philosophie. Parler de philosophie écologique paraîtra tout autant
spécieux par rapport à ce qu'on entend généralement sous ce terme
puisqu'à rebours de l'unité supposée du vivant, il sera question ici de
ses contradictions et d'un dualisme irréductible, d'une détermination
par le milieu, par l'extériorité au lieu du développement d'une
intériorité ou d'une essence humaine originaire. La question n'est donc
plus celle de notre identité éternelle mais de notre situation concrète,
d'une existence située qui précède bien notre essence, ce qu'on est et
ce qu'on pense (conformément à l'ethnologie et la sociologie). La
difficulté est de reconnaître le primat des causes matérielles en
dernière instance (après-coup), opposant le matérialisme notamment
économique à l'idéalisme volontariste, cela sans pour autant renier la
dimension spirituelle et morale, le monde du langage et des récits,
dualisme non seulement de la pensée et de l'étendue, de l'esprit et de
la matière, du software et du hardware, mais de l'entropie et du vivant
anti-entropique, du monde des finalités s'opposant au monde des causes,
division de l'être et du devoir-être sans réconciliation finale. Ce
matérialisme (ou plutôt réalisme) dualiste s'ancre à la fois dans
l'évolution biologique ou technique et dans une philosophie de
l'information et du langage, philosophie actuelle, qu'on peut dire
post-structuraliste et reflétant les dernières avancées des sciences et
des techniques (informatiques et biologiques) mais aussi la nouvelle
importance prise par l'écologie en passe de devenir le nouveau paradigme
du XXIème siècle.
Cet article, important peut-être, m'a épuisé, sentiment de son
insuffisance ? Période sans traitement où je vais assez bien (quoique plutôt suicidaire!). Sinon, le
Kit de
création d'une coopérative municipale a connu un regain d'intérêt à
l'approche des municipales.
La dignité de l'homme (et de la femme), 07/12/19
Le discours sur la dignité de l'homme de Pic de la Mirandole définissait
l'homme par sa liberté, créateur de soi-même, sans nature propre,
conception profondément ancrée
dans notre culture hypermoderne avec l'idéologie individualiste et
méritocratique qui rend chacun responsable de ce qu'il aurait choisi
d'être mais qui a l'avantage de ne pas tenir à une essence quelconque
(de race, de pays ou de caste). Dès qu'on l'examine, cette conception
apparaît cependant non seulement délirante mais capable de
nous rendre coupables de ce qui ne dépend pas de nous pourtant -
l'esclave coupable de son esclavage, le malade coupable de sa maladie -
en plus de magnifier une capacité créatrice très surestimée de nos
jours. Surtout, si nous devions notre dignité à cette liberté idéalisée,
il faudrait, comme Nietzsche, rejeter dans une sous-humanité, voire la
bestialité, ceux qui ne sont pas à la hauteur, peuple maudit accusé
d'être enfermé dans le matériel et la soumission. Revenir à son
expression initiale pour la déconstruire obligera
cependant à trouver ailleurs que dans cette fabuleuse autonomie et
autoproduction revendiquée, ce qui fait vraiment la dignité de
l'homme... et de la femme, car il est significatif qu'un homme libre
n'ait pas le même sens qu'une femme libre. On s'aperçoit vite que ce ne
sont guère les soi-disant "esprits libres" qui nous semblent les plus
dignes et porteurs d'humanité mais souvent des vies tout-à-fait
ordinaires et contraintes qui sont supportées avec dignité justement et
tentent d'être justes dans les rapports difficiles entre nous. La
dignité serait plutôt dans la façon dont on a surmonté les épreuves et
les humiliations, non pas tant l'oeuvre d'une vie que ses blessures, ses
échecs, ses travers, son histoire enfin, et tout ceci, non pas pour
nous-mêmes mais devant les autres, car la dignité est rapport à l'autre,
c'est la dignité de l'interlocuteur.
C'est la grève contre la réforme des retraites, sans qu'il semble y
avoir de débouché, pure protestation devant la dégradation de l'ancien
monde... Cela m'a empêché de monter à Paris pour Noël mais je me
suis retrouvé sans chaudière pendant un mois depuis le 17 décembre (la
chaudière à bois fuyait,
la chaudière au gaz ne marchait plus). Il n'y a pas eu beaucoup de
jours froids mais c'était très dur surtout le matin avec juste la
cheminée qui ne chauffe pas vraiment la maison. Il n'était guère possible de
travailler dans ces
conditions et très déprimé face à des plombiers qui
ne répondent pas, passant mon temps à essayer de combler la fuite de
la chaudière au bois sans y parvenir.
2020 - Philosophie écologique, récit de soi, retraite, pandémie (67 ans)
L'année a commencé dans le froid, sans chaudière, sans aucun article au
mois de février. La reprise du blog se fera avec l'importante
réévaluation du récit de soi comme constituant notre humanité et
permettant de compléter les textes précédents regroupés comme éléments
d’une philosophie écologique (de l’extériorité). La retraite prise en
juin m'a permis d'arrêter ma veille scientifique qui me pesait depuis
plusieurs années.
Pause – en attendant les municipales, 13/01/20
Mes conditions de vie actuelles ne me permettant plus d'alimenter le
blog, j'ai donc regroupé ici les principaux textes sur les alternatives
écologistes sans doute encore trop utopiques mais qui, en cette période
de municipales, pourront peut-être en inspirer certains localement et en
éprouver la faisabilité (certainement difficile) ou en proposer
d'autres versions plus praticables (moins ambitieuses).
C'est juste avant de retrouver le chauffage (le 15 janvier) et une vie
civilisée que je me suis cru obligé de donner la raison de mon
improductivité et d'une pause involontaire du blog mais le deuxième tour
des municipales sera annulé en raison de l'état d'urgence à cause de la
pandémie de coronavirus.
Les écologistes ont une obligation de résultats, 23/01/20
Pour un écologiste soucieux de l'état de la planète il ne suffit pas de
vaines rêveries, ni de vivre des bons moments entre nous, il faut
empêcher l'irréversible et ce qui est perdu sera perdu pour toujours.
Comme lorsqu'on est en guerre, cette contraction du temps, qui rend les
toutes prochaines décennies décisives et bouche l'horizon, exige de
suspendre nos projets à très long terme et n'a que faire des bonnes
intentions, ni même d'une simple obligation de moyens, chacun faisant ce
qu'il peut, quand il s'agit de responsabilité collective et qu'on a une
obligation de résultats.
J'essaie laborieusement de reprendre le blog sans grande conviction
ayant plutôt envie de faire vraiment une pause dans un contexte où je
suis devenu inaudible, d'autant plus que je dois m'occuper de la
retraite (que je dois prendre en juin), des plombiers (chauffage, WC) et
rattraper la veille scientifique de retard. Du coup, il n'y a eu aucun texte en février. Heureusement c'est assez la
forme.
Naissance de mon deuxième petit-fils, Noah, le 16 février.
Le récit de soi, 12/03/20
Après avoir substitué à
l'essentialisme
identitaire, dominant la philosophie depuis Platon, une philosophie
écologique insistant sur la détermination par le milieu (et donc
l'extériorité), il ne faudrait pas négliger pour cela l'incidence du
langage narratif car, là aussi, le développement de l'enfant ne procède
pas de l'individuel au social mais du discours social à l'individuel. De
quoi remettre en cause cette fois la
propension de la philosophie à se focaliser sur le rapport sujet-objet,
voire sur le dialogue avec l'autre, au lieu du rapport sujet-verbe,
pourrait-on dire, celui du héros de l'histoire. Les faits doivent être à
la fois réinsérés dans leur contexte global et la continuité d'une
histoire, tout en dénonçant par cela même le caractère factice de cette
continuité et l'illusion du continu créé par le récit où le réel
extérieur fait effraction. La fonction première de la narration est en
effet, bien avant l'écriture, de parler de ce qui n'est
pas là, d'un monde lointain dans l'espace et le temps, monde virtuel
au-delà de nos sens qui est pourtant posé par le langage comme monde
commun et nous rattache à l'Histoire, au grand récit de l'histoire du
monde tout comme au monde des morts qui nous hantent. Il ne s'agit pas
seulement de mots, de signe, de trace ni de structure, pas plus que
l'idéologie serait une simple question de valeurs alors que c'est une
mise en récit. Le
langage narratif qui nous humanise ne se réduit pas au lexique et un jeu
de différences ni même à la parole adressée à l'autre quand il est fait
pour raconter des histoires avec un début et une fin, un parcours, une
trajectoire. C'est ce qui nous rend conscients de la
fin, conscience de la mort mais aussi d'une fin du monde.
Ce texte qui signe mon retour sur le blog et que je considère important
dans sa critique des philosophes (Kant, Husserl, Heidegger, Derrida),
prolongement de la philosophie écologique, aura juste précédé
l'arrivée de la pandémie de coronavirus.
Etat d’urgence, 15/03/20
La pandémie ayant déclenché l'état d'urgence nous fait sentir la radicalité du moment et l'effraction de
l'événement dans notre quotidien qui devrait se répéter à l'avenir dans
un monde surpeuplé aux transports globalisés. Ce que confirme le
caractère exceptionnel des mesures prises, c'est qu'on n'agit vraiment
que dans l'urgence. On ne peut engager des moyens exceptionnels que
devant un risque systémique immédiat comme une déclaration de guerre. On ne peut prendre des mesures extraordinaires que
dans des circonstances extraordinaires. C'est pour cela que je suis convaincu depuis longtemps qu'il faudra des
catastrophes écologiques pour que soient prises des mesures écologiques
de grande ampleur mais qu'on ne restera pas les bras croisés en
attendant le pire.
Retour à la normale, 03/04/20
On n'en est certes pas encore à un retour à la normale qui devrait être
très progressif mais beaucoup s'imaginent que cela n'arrivera pas, soit
que l'état d'exception durera toujours, soit qu'on verrait la fin du
capitalisme, du néolibéralisme, de la mondialisation, du productivisme.
Evidemment, il y aura des changements importants dans quelques secteurs,
sans doute une relocalisation de productions vitales voire,
espérons-le, une relance des protections sociales mais cela devrait
rester assez modéré et s'épuisant d'années en années. Au lieu d'un
volontarisme autoritaire prétendant soumettre le réel à ses raisons,
nous avons besoin d'une pensée stratégique qui colle au terrain pour
saisir les opportunités qui s'ouvrent et se protéger des nouveaux
risques. Pas d'illusions, il y aura un retour à la normale avec les
mêmes inégalités, injustices, pollutions. Tout ce qu'on peut faire,
c'est s'appuyer au plus vite sur le traumatisme de l'événement et la
nouvelle prise de conscience de l'unité du genre humain afin d'obtenir
les mesures les plus radicales possibles. Cela demande à la fois une
réaction forte et des objectifs réalistes bien ciblés afin d'arracher
des mesures immédiates viables, comme la sécurité sociale au sortir de
la guerre quand d'autres attendaient la révolution en vain.
Pour l'instant le confinement est plutôt agréable ici avec le temps
printanier mais je n'ai plus rien à fumer... Ce pourquoi je me suis
lancé dans la rédaction d'un possible nouvel ouvrage à partir des
derniers articles plus quelques anciens, travail ne demandant pas
d'inspiration.
Eléments d’une philosophie écologique (de l’extériorité), 07/04/20
J'ai tenté de regrouper ici, pour un travail préparatoire, les éléments
d'une philosophie écologique, d'une évolution déterminée par
l'extériorité aussi bien matérielle et biologique, économique et
technique, que sociale et culturelle. On part de l'extériorité des
causes matérielles : écologie, économie, technique, et de la scission
dans l'être du vivant dont témoigne l'information inséparable de nos
finalités mais qui nous coupe de la présence immédiate, fondant une
éthique de la réaction et de la correction de nos erreurs, soumis au
verdict du résultat final, dans le temps de l’après-coup, pour aboutir à
une philosophie écologique, d'une détermination par le milieu, par
l'extériorité au lieu du développement d'une intériorité ou d'une
essence humaine originaire, ce qui prend à rebours la plupart des
philosophies, aussi bien leur idéalisme ou essentialisme qu'un
matérialisme mécaniste ou un biologisme vitaliste. Cela nous confronte
douloureusement à la division de la pensée et de l’être, subjectivisme
qui se cogne au réel, aux ratages et à ses propres limites. Ce point de
vue d'un réel déceptif au regard du devoir-être ne laisse aucun espoir
d'abolir la séparation ni de retrouver une authenticité perdue, d'autant
qu'il ne faut pas oublier dans cette détermination culturelle
extérieure, l'incidence décisive pour notre humanité du langage
narratif, en premier lieu du récit de soi, par lequel on reconstruit
sans arrêt notre identité et une continuité factice, et sans lequel il
n'y a pas de véritable conscience de soi se projetant dans l'avenir ni
de conscience morale. La fonction première de la narration est, bien
avant l'écriture, de parler de ce qui n'est pas là, d'un monde
lointain dans l'espace et le temps, monde virtuel au-delà de nos sens et
pourtant posé comme monde commun, nous rattachant au grand récit de
l'histoire du monde mais permet ainsi de passer du souci de soi au souci
du monde en réintégrant l'extériorité du monde, son évolution
écologique (nouveau grand récit) dans le récit de soi. car sa nouvelle
conscience écologique rend la destinée de l'individu inséparable d'une
communauté de destin planétaire qui donne sens à nos vies, lui donne un
cadre, qu'on le veuille ou non. Cependant, ce monde qui suscite notre
inquiétude n'est pas le monde enchanté d'une harmonie cosmique, c'est un
monde hostile, étranger, dévasté, fragile qui exige notre action dans
l'urgence et nous sort du temps immobile d'une fin de l'histoire, d'un
dimanche de la vie où l'on n'aurait plus qu'à s'occuper de soi, pour
nous tourner vers l'extérieur et la préservation de nos milieux comme de
nos conditions de vie.
Les mésusages de l’entropie, 24/04/20
Si l'entropie est bien notre problème vital et qu'il nous faudrait
passer de l'entropie à l'écologie dans de nombreux domaines (en
corrigeant les déséquilibres que nous avons provoqués et en intégrant
toutes sortes de régulations pour préserver nos conditions de vie), cela
ne fait pas pour autant d'un tel concept quantitatif trop globalisant
un concept politique opérant - pas plus que de tout ramener à l'énergie
que beaucoup identifient un peu trop rapidement à l'entropie.
L'introduction d'un concept unifiant de l'entropie en politique paraît
donc non seulement absurde mais dangereux, occultant justement les
enjeux politiques, et croire que l'emploi d'un signifiant maître nous
donnerait un pouvoir sur les choses relève bien de la pensée magique,
vieille illusion que tout se jouerait dans notre pensée et que cela nous
donnerait prise sur l'économie et son évolution alors que nous en
sommes plutôt les sujets comme nous le sommes de l'évolution biologique
et technique. Enfin, les dangers d'une approche confusionnelle trop
globale et quantitative de l'entropie s'aperçoivent mieux quand on
l'applique à l'entropie humaine.
Texte écrit pendant que je souffrais d'une infection dentaire sévère
(depuis le
19 avril) en plein confinement, sans dentistes ouverts donc et qui
m'obligera à être deux fois sous antibiotiques avant de pouvoir être
soigné.
Heidegger et la phénoménologie de l’existence (1925), 12/05/20
Ce cours de 1925, "Prolégomènes à l'histoire du concept de temps"
commence par une critique et une refondation de la phénoménologie
débouchant sur une deuxième partie consacrée à la phénoménologie de
l'existence qui en fait un de ses cours les plus intéressants,
contemporain de la rédaction d'Etre et temps (paru en 1927) qui en
reprendra l'essentiel. C'est, en effet, une de ses dernières tentatives
de pratique de la phénoménologie et qu'il reniera d'ailleurs en partie,
donnant trop prise pour lui à une anthropologie philosophique alors que
c'est bien ce qui a fait tout le succès d'Etre et temps, inaugurant la
période existentialiste dans laquelle il ne se reconnaissait pas. Son
projet était effectivement de dépasser le subjectivisme de
l'intentionalité et de l'ego transcendantal par l'ouverture du Dasein au
monde extérieur et à l'historicité, par la primauté de l'attitude
existentielle sur la théorie de la connaissance dominant toute la
philosophie. C'est un apport considérable qu'on ne peut ignorer même si
on ne peut oublier que cela a pu l'amener à devenir un nazi convaincu et
que ses descriptions évacuent la dimension morale et plus généralement
le rapport à l'autre (au profit exclusif de l'On et "des autres"
anonymes). Surtout, on gagne beaucoup à éclairer l'origine mystérieuse,
"ontologique", de la temporalité du Dasein, par son ancrage dans le
langage narratif (et pas seulement expressif ou communicatif), la prose
du monde, le récit qui parle de ce qui n'est pas là et change
complètement les perspectives existentielles de notre nature d'animal
parlant ou de parlêtres, plutôt animal fabulateur ou mythomane, Homo demens comme Heidegger l'a honteusement illustré.
L’insouciante tragédie de l’existence, 20/05/20
On peut toujours s'être illustré par de hauts faits,
croire à la valeur de nos exploits passés et à notre haute moralité, à
la fin, cela ne compte plus guère, mort presque toujours minable, loin
d'être cette injonction à la jouissance et à sortir de l'aliénation
servile des clichés de Hegel ou Heidegger, et revendiquer notre haute
culture ne suffira pas à rehausser notre image quand elle ne fait que
nous divertir de notre tragique réalité en nous racontant de belles
histoires. Le tragique de l'histoire et l'hostilité du monde sont en
permanence
chassés de notre esprit pour ne pas trop empoisonner notre journée et
pouvoir retrouver une insouciance vitale. Ce n'est pas seulement qu'on
se trompe par nos limitations cognitives mais qu'on veut être trompé,
qu'on revendique de vivre dans l'illusion au nom de l'idéal. La
politique non plus ne nous grandit pas à tomber dans tous les panneaux
et les promesses électorales. S'il nous faut tenter malgré tout de
sauver l'humanité, ce n'est pas parce que nous serions exceptionnels,
sages, savants, ou les sommets de la création, mais tout simplement
parce que nous sommes fragiles (et informés). Sinon, on se laisse
absorber continuellement par les nécessités matérielles et l'affairement
quotidien. Notre temps est celui de l'action qui mobilise notre attention et
nos facultés, dans l'insouciance de tout le reste, comme le regard
s'oublie derrière le regardé et l'individu s'oublie tout à sa tâche mais
on prend tellement au sérieux nos activités et nos désirs les plus
frivoles, qu'on peut dire qu'on se trouve du coup plutôt dans la
comédie.
C'est la fin du confinement en même temps que j'ai pris ma retraite le
premier juin et qu'on m'a finalement arraché ma dent, mais c'est loin
d'être la forme avec un genou très handicapant et la fréquentation du
blog au plus bas alors qu'on connaît un coup de froid.
La science et la vérité, 06/06/2020
Bien qu'ayant arrêté ma revue des sciences fin 2018, j'avais continué
quand même à suivre l'actualité scientifique jusqu'au mois dernier mais
n'y trouve plus assez d'intérêt, devenu trop répétitif, occasion d'en
esquisser un bilan. Ce que cela m'a enseigné, c'est surtout l'étendue de
notre ignorance, loin de ce qu'on s'imagine de l'extérieur, notamment
la nécessité de ne pas avoir d'opinions en science, presque toujours
contredites par l'expérience, et, au premier chef, en médecine dont la
plupart des études sont sujettes à caution, non reproductibles, biaisées
voire bidonnées (pour un tiers au moins dit-on), surtout quand il y a
des enjeux financiers. Le problème de la fiabilité scientifique a été
surtout crucial pour la climatologie, nouvelle science affrontée à une
complexité inextricable sur laquelle se sont appuyés les marchands de
doute et les si mal nommés climato-sceptiques croyant pouvoir y opposer
leurs propres certitudes et théories fumeuses bien plus mal étayées.
Entre une déraisonnable précision des mesures dans certains domaines et
la constante remise en cause des théories précédente, la place de la
vérité en science est donc bien paradoxale, ni dogmatisme d'une vérité
définitive, ni scepticisme réduit à son opinion personnelle ne tenant
pas compte de l'expérience mais un savoir en progrès qui nous prend
souvent en défaut. C'est ce dont la politique devrait s'inspirer si cela
ne tenait pas de l'impossible quand elle relève de la pensée de groupe
identitaire et de l'opposition à l'adversaire constitué en bouc
émissaire. Rien de pire qu'un gouvernement par la science qui imposerait
sa vérité bureaucratique dans le secret de rivalités entre experts, la
seule chose qu'on doit attendre des sciences, c'est au contraire de
connaître leur ignorance et d'effectuer des recherches à chaque fois
pour essayer d'éclairer la décision politique autant que faire se peut.
La fin du confinement m'aura permis de retrouver un peu de calme et de solitude (qui sera de courte durée).
Derrida, du phonocentrisme à la déconstruction des hiérarchies, 13/06/20
La voix et le phénomène qui est au fondement de son oeuvre
ultérieure m'avait vraiment marqué. Au-delà de la critique de Husserl et
de la métaphysique de la présence, sa déconstruction du signifiant et
d'un certain structuralisme où le phonème se donne comme l'idéalité maîtrisée du phénomène
constituait un pas essentiel justifiant d'y revenir pour faire le
point. L'autre raison, reliée plus spécifiquement à mes derniers textes,
tient à l'étonnement que sa contestation d'un langage réduit à la
présence se soit incarnée dans l'écriture (sainte) alors que le récit en
constitue une bien meilleure illustration à faire ouvertement référence
à ce qui n'est pas là, recouvrant le réel et l'expérience immédiate de
la chose même par des significations culturelles fictives. On pourrait
vouloir réduire ce geste inaugural de Derrida au fait que, dès qu'on
parle et qu'on utilise les mots d'un langage préexistant, on est pris
dans une culture et la répétition de ses préjugés, ce à quoi s'attaquera
la déconstruction, mais ce qui est mis en cause, au-delà, c'est bien
une métaphysique de la présence, de l'authenticité, de l'originaire, et
donc une vérité qui serait assurée, indiscutable, définitive,
contestation de la vérité analogue à celle de la sociologie, non pas du
scepticisme. Même à en contester les termes, l'intéressant aura été que
l'opposition de l'écriture à la voix, dévalorisant la première par
rapport à la deuxième, ait pu servir de matrice à une "stratégie générale de la déconstruction"
qui fera sa gloire, aux USA surtout, et ce, avec raison. Cela
permettait, en effet, de brouiller les oppositions établies valorisant
un terme sur l'autre et d'en renverser la hiérarchie, ce qui sera utile
aux cultural studies et au féminisme notamment, bien que de façon
plus ambiguë qu'il n'y paraît. C'est une nouvelle forme de dialectique
dont on ne peut plus se passer.
L'été revient et un peu de quoi fumer mais avec toujours des nuits
difficiles à cause de ce satané genou (une cruralgie ou sciatique qui
dure ou juste l'arthrose?).
La cause des pandémies et des virus, 20/06/2020
La question n'est pas de savoir si un virus est "vivant" mais de
comprendre qu'il fait partie intégrante du vivant, qu'il en est un
élément régulateur vital bien qu'extérieur, sorte d'information
circulante auto-reproductrice incarnant ainsi une pure fonction
reproductive soumise à la sélection naturelle de l'évolution. Les virus
sont loin d'être un détail marginal du vivant et de simples parasites
alors qu'ils sont plus nombreux que les bactéries elles-mêmes. Leur
fonction principale est de réduire des populations qui deviennent trop
nombreuses, évitant ainsi l'épuisement des ressources pouvant mener à
l'extinction de l'espèce au sommet de son expansion. C'est donc bien la
densité d'une espèce qui se trouve régulée par les virus, ce qui est un
facteur de conservation de la biodiversité en limitant l'explosion
démographique d'une espèce par rapport aux autres, favorisant ainsi la
complémentarité dans l'exploitation des ressources pour en maximiser la
productivité biologique et la durabilité. La véritable cause des
pandémies est donc la combinaison d'une surpopulation, notamment des
mégapoles, avec l'intensification des transports longue distance,
notamment par avion. Il est d'autant plus vital de se préparer à contrer
de nouvelles formes épidémiques imprévisibles et nous prenant par
surprise, que le risque n'est plus seulement naturel désormais avec les
biotechnologies actuelles facilitant dramatiquement les manipulations
génétiques. Bien peu parlent, en dehors des spécialistes, de ce "risque
nucléaire" plus dangereux que la bombe car nécessitant beaucoup moins de
moyens, à la portée du premier fou ou bioterroriste venu.
Sommes-nous déjà passés à l’économie administrée ?, 28/06/20
Les récents plans de sauvetage de l'économie témoignent par leur ampleur
du fait que nous serions entrés, depuis la crise de 2008, dans une
phase économique à l'antithèse du néolibéralisme précédent, celle d'une
économie administrée par les banques centrales et d'un ordre mondial
interconnecté devenu too big to fail. Alors même que la pandémie a fermé
temporairement les frontières, faisant croire à un retour des nations
souveraines, c'est au contraire la solidarité et la coopération
économique qui devraient en sortir renforcées ?
Gérard Manset, 05/07/20
Gérard Manset reste à peu près inconnu à la plupart, ce qui est bien étonnant tant il a fait de très grandes chansons.
C'est ce que j'écoutais les derniers temps mais je l'ai publié aussi
pour me donner quelques jours de plus pour l'article suivant écrit
difficilement.
La politique à l’ère de l’Anthropocène, 09/07/20
Dans la foulée des éléments d'une philosophie écologique (d'une
détermination par le milieu et non par le sujet), j'ai regroupé ici un
certain nombre de textes qui en tirent les conséquences politiques en
dénonçant l'idéalisme de nos illusions politiques (démocratique,
révolutionnaire, volontariste, constructiviste, historique). Il ne
suffit pas, en effet, de critiquer avec virulence la marche du monde
vers l'abîme et toutes ses injustices pour y remédier. Il y a un besoin
crucial de critique de la critique (de l'unité prétendue tout comme de
l'opposition ami-ennemi ou la simple inversion des valeurs, ou le
subjectivisme des critiques de la rationalité, de la réification, de
l'aliénation, de la marchandise, etc.) de même qu'il faut critiquer
toutes les solutions imaginaires qui viennent à l'esprit (prendre aux
riches, supprimer l'argent ou la propriété, arrêter le progrès ou la
croissance, augmenter les salaires, réduire le temps de travail, ne pas
rembourser ses dettes, supprimer l'armée, se réapproprier les médias,
une démocratie radicale, sortir de l'Europe, etc.). Il faudrait ajouter à
ces impasses, qui
condamnent à l'impuissance et réduisent la politique au semblant, les
prétentions délirantes d'une réforme de la pensée et d'un homme nouveau
rêvés par le romantisme révolutionnaire et les utopies métaphysiques
d'avant-gardes artistiques et philosophiques, sans parler de l'étrange
sexo-gauchisme comprenant tout de travers l'incidence de la psychanalyse
sur la politique, Freud et Marx se limitant mutuellement au lieu de
laisser espérer cette libération des instincts harmonieuse attendue
d'une révolution fantasmée - comme d'autres peuvent l'attendre d'une vie
plus "naturelle". L'urgence écologique ne peut se satisfaire de nos
protestations et de nos plans sur la comète d'un monde idéal mais nous
impose une obligation de résultats concrets, même très insuffisants. Ce
pragmatisme est méprisé à tort par les radicaux sous prétexte qu'il
faudrait effectivement tout changer... si on le pouvait, mais le
nécessaire hélas n'est pas toujours possible, dure leçon de l'expérience
bien difficile à admettre. L'autre facteur décisif, avec la
globalisation, aura été notre entrée dans l'Anthropocène, non
pas tant au sens de sa datation géologique que de sa prise de conscience
planétaire, entérinant la destruction de notre environnement et de nos
conditions de vie. Ce souci écologique constitue un renforcement du
matérialisme au détriment de l'idéalisme des valeurs et de la
subjectivité, contrairement à ce que beaucoup d'écologistes s'imaginent.
Ce n'est pas la pensée qui façonne l'avenir, comme le plan de
l'architecte, c'est le temps
historique qui change nos pensées et façonne le monde sans nous demander
notre avis, monde qu'on ne peut reconnaître comme sien, comme celui que
nous aurions voulu, mais dont la destruction par notre industrie nous
oblige à réagir en partant de l'existant et du possible pour sauver ce
qui peut l'être au lieu de ne faire qu'empirer les choses à prétendre
désigner un coupable, bouc émissaire de tous nos maux, quelque nom qu'on
lui donne (industrie, technologie, productivisme, capitalisme,
financiarisation, croissance, globalisation, néolibéralisme, marché,
concurrence, consommation, individualisme, domination, etc, cette
accumulation suffisant à montrer qu'il n'y a pas de cause simple).
Homo sapiens, Google et la question, 20/07/20
Le sérieux de la pensée, de la philosophie et de l'Histoire ne peut pas
être nié. Pour autant, cela n'empêche pas qu'il y ait des pensées
légères et purement distractives. Non seulement notre cerveau semble
fait pour résoudre des problèmes, qu'il récompense du plaisir d'avoir
trouvé, mais il semble en avoir besoin pour se maintenir en éveil et
garder une activité incessante. C'est ce besoin qu'on peut dire
biologique qu'il s'agit d'examiner ici et qui se manifeste par les
divertissements les plus basiques (jeux de patience, réussite) destinés à
tromper le terrible ennui qui nous ronge. Nous avons besoin de désirs,
d'actions et de problèmes à résoudre. La place de la "question", de
cette fonction première de nos réseaux neuronaux, est rendue à la fois
beaucoup plus visible avec nos moteurs de recherche et complètement
accaparée par les réseaux sociaux. Dans ce cadre, ce qui constitue une
véritable révolution anthropologique qui mérite réflexion, c'est la
possibilité d'avoir une réponse immédiate à nos questions comme à nos
souvenirs. Il n'y a désormais théoriquement plus de controverses
possibles sur de nombreux sujets, il suffit de demander à Google. Même
si le désir et l'activité restent nos préoccupations principales,
reconnaître la place de la question, comme une sorte de bruit de fond de
la conscience et de notre vitalité intellectuelle, permet surtout de
penser sa transformation radicale à l'ère de l'Intelligence
Artificielle, de l'économie de la connaissance et de Google. Cette place
de la résolution de problèmes, trop négligée jusqu'ici, devient en
effet plus manifeste au moment même où elle est externalisée, modifiant
profondément notre être-au-monde et ce que c'est que d'être un homme : à
poser des questions au robot qui répond ?
Content de m'être débarrassé de ce texte difficile à terminer lui aussi
mais, avec la crainte d'un regain de la pandémie et le début de la
canicule,
ce n'est pas très différent du confinement, sauf que les parisiens vont
débarquer au mois d'août. Ce début de retraite reposante et inactive
n'est pas désagréable
jusqu'ici bien que la solitude me manque mais le fils borderline d'un
voisin a pété les plombs le 25 après avoir voulu vainement m'acheter de
l'herbe et trop bu, menaçant de mettre le feu et tuer tout le monde (son
père surtout). Ambulance, pompiers et gendarmes sont venus,
mais heureusement pas chez moi encore, on s'attend quand même à des ennuis...
Absurde, inefficace, arbitraire, liberticide, raciste, 27/07/20
Maintenant, fumer un joint ne sera plus passible que d'une amende de
150 à 200 Euros. Cela peut sembler un progrès mais est difficilement
justifiable et s'apparente plutôt à du racket (à la tête du client)
quand la tendance est à la légalisation (Colorado, Californie, Canada), à
l'évidence sans grand dommage. On a pu croire assez longtemps que la
prohibition allait de soi, s'appuyait sur des raisons médicales
objectives dès lors qu'elle était à peu près universellement pratiquée
(en dehors de la Hollande notamment). Ce n'est plus du tout le cas. Ce
sont les données scientifiques qui ont remis en cause une différence de
traitement entre l'alcool et le chanvre qui n'a aucun rapport avec leur
dangerosité respective. Cette différence relève purement de l'idéologie
ou de la culture, comme le dénonce une déclaration de l'ONU sur les
drogues. De même, la légitimité de la prohibition du cannabis vient
d'être contestée comme simple héritage colonial par l'Inde et l'Afrique
du sud. Le consensus international sur la prohibition s'est bien
renversé devant son échec et ses effets pervers, faisant apparaître la
prohibition absurde, inefficace, arbitraire, liberticide, raciste.
Ecrit un peu à cause du risque des gendarmes mais surtout parce que la
généralisation de l'amende pour consommation venait juste d'être
annoncée pour la rentrée.
Les malheurs de Cro-Magnon, 01/08/20
François Durpaire fait paraître une Histoire mondiale du bonheur très
intéressante, montrant l'évolution historique de cette notion de bonheur
qui est d'abord religieuse. Il est beaucoup plus problématique que
Jean-Paul Demoule prétende répondre à la question Cro-Magnon était-il heureux ?
Impossible cette fois, en l'absence d'écriture, d'avoir accès à leur
idée du bonheur, à laquelle on ne fait que substituer la nôtre. La
question n'a effectivement aucun sens sinon de projeter ses propres
fantasmes, notamment, comme il le fait, sur une sexualité qu'on ne peut
pourtant imaginer libre, prise au contraire dans des lois contraignantes
et des tabous organisant les structures élémentaires de la parenté. Les
généralisations sont de toute façon absurdes tant il y a des
différences énormes entre les différentes tribus et cultures malgré une
certaine unité des stades de développement, des artefacts et des
représentations. L'ethnologie doit être convoquée pour témoigner de
toute cette diversité, montrant surtout que ce qui manque à ces mythes
d'origine anarchisants, c'est la dimension du sacré, omniprésente, avec
toute sa charge de violence et de sacrifices pas seulement d'exaltation
communautaire. La caractéristique des nostalgies du passé supposant un
bonheur originaire voire animal, qui ne serait pas encore dénaturé par
la civilisation et la domestication ou les appareils numériques, c'est
qu'elles ne sont jamais que l'envers des malheurs du temps. Il est
difficile de déterminer les malheurs de Cro-Magnon mais on peut être
assuré qu'il en a eu à revendre pendant tout ce temps, malheurs du
foyer, malheurs des défaites, des rivalités, des jalousies, de la honte,
malheurs de la disette, de la faim et du froid, des catastrophes
naturelles, pas si rares, malheurs des guerres et des maladies auxquels
il faut ajouter les malheurs des transgressions et des malédictions, des
sorcelleries et des vendetta sans fin. Non décidément, ce n'était pas
si drôle.
C'est un peu du remplissage, écrit en dilettante mais pour éprouver mes
arguments contre l'article de Jean-Paul Demoule et régler leur compte
aux technophobes. Période de canicule, sans faire grand chose, le
principal changement depuis la retraite étant de retourner plusieurs
fois m'allonger dans la journée pour me reposer mais la cohabitation
redevient difficile.
Prédictions 2020, 13/08/20
Analyse post-pandémie de la difficulté des prédictions et tentative de
faire le point sur ce qu'on peut prévoir (population, réchauffement,
travail, risques systémiques, etc).
Il m'a été utile de refaire cet état des lieux sans rien de neuf mais
son écriture m'a ennuyé. Je connais enfin le montant de ma retraite,
proche d'un smic net, ce qui est un peu plus que je ne prévoyais. Sinon,
on ne voit personne, comme pendant le confinement et c'est assez tendu
ou distant, mais il y a deux tout petits chats très mignons, la santé
est assez bonne et je fais un peu plus de travaux extérieurs (poteau et
robinet, tronçonneuse, débroussaillage). Le 21 août, un chevreau sauvage est venu mourir juste devant ma porte...
La fin de la philosophie, 27/08/20
Les éléments d'une philosophie écologique que j'ai rassemblés ont toute
l'apparence d'une philosophie (écologique, dualiste
matière/information). Pourtant, je me suis senti très souvent obligé de
préciser qu'on pouvait contester que cette philosophie sans consolation
soit encore de la philosophie car ne promettant aucune sagesse et plutôt
nouvelle version d'une vision scientifique du monde qui est souci
écologique, conformément à l'époque, et qui ne procède pas d'un
philosophe particulier ni d'un système a priori mais de résultats
scientifiques pouvant toujours être remis en cause par l'expérience,
après-coup. On serait donc bien dans la fin de la philosophie au sens de
sa ramification en sciences. Ce point de vue "positiviste" vide
toujours plus la philosophie de substance au profit des diverses
sciences, poursuivant la déconstruction des philosophies idéalistes et
de leurs illusions, y compris le matérialisme dogmatisé du marxisme
prouvant qu'il ne suffit pas de se vouloir scientifique (car sans Dieu)
pour l'être et ne pas tomber dans un nouveau dogmatisme idéaliste. C'est
la leçon de l'histoire, raison pour laquelle il y a une histoire nous
faisant avancer quoiqu'on dise. Tant que nous ferons des erreurs et que
nous aurons des illusions sur la réalité, il y aura donc toujours une
histoire de la philosophie mais qu'on pourrait considérer malgré tout
comme une sortie de la philosophie et de la métaphysique. Nous serions
ainsi dans l'histoire, qui n'est pas finie, de la fin de la philosophie
absorbée par les sciences, et se réduisant finalement à la morale, à l'éthique comme philosophie première.
Encore un texte écrit très difficilement. En partie déclin de mes
facultés, en partie manque d'intérêt. C'est pourtant la seule chose qui
m'intéresse d'écrire ! J'ai l'impression en tout cas d'avoir conclu
ainsi mon parcours intellectuel. J'entre dans l'automne avec un moral au
plus bas, les nouvelles sont mauvaises d'où qu'elles viennent...
La vérité des religions, 21/09/20
Ce qui fait obstacle à la récupération des religions par le rationalisme
qui prétend en incarner la vérité, c'est le fait qu'elles touchent à la
vérité justement et sont liées à des groupes sociaux, des
civilisations. Il est significatif que cette récupération par des athées
endurcis se formule presque de la même façon chez Auguste Comte,
Durkheim ou Alain, débutant par la proclamation que toutes les religions
sont vraies pour en donner des explications scientifiques assez
différentes mais qui ratent l'essentiel. Ainsi, pour Alain, les raisons
seraient surtout psychologiques, renvoyant la religion à une nostalgie
de l'enfance. Cette interprétation qui s'en tient au contenu réduit en
fait la religion à un enseignement moral comme les contes sont supposés
le faire pour les enfants. Ce qui les oppose aux contes, qu'on ne doit
pas croire, c'est que les religions exigent au contraire qu'on les
prenne au sérieux et qu'elles soient la vraie religion, révélant la
vérité, leur fonction étant d'être les garants de la Vérité et de la
Loi,. Les dogmes religieux se veulent immuables et définitifs comme révélation divine, ce qui en fait des
marqueurs identitaires stables. Cette fonction du respect des dogmes
peut être assimilée à celle du respect des contrats, si importants
militairement aussi bien qu'économiquement. Auguste Comte, aujourd'hui
bien oublié, précède Durkheim et Alain (qui le reconnaissait comme son
maître) mais s'il est intéressant de s'attarder sur lui pour finir,
c'est d'une part qu'il est exemplaire de la confusion des vérités
voulant mettre la science et sa religion au pouvoir, et d'autre part
qu'il est le grand inspirateur du culte laïque répandu par les
instituteurs de la république et sans lequel on ne comprend pas tous nos
débats sur la laïcité aujourd'hui. C'est, enfin, que la confusion doit
être dénoncée entre science et politique comme entre science et religion
devant la tentation hygiéniste ou écologiste d'un gouvernement des
savants.
Nouvelle présentation du blog, 07/10/20
La nouvelle version est proche de la précédente seulement plus adaptée aux mobiles (responsive).
Après beaucoup de temps perdu à tester différents thèmes, la nouvelle
présentation a été assez rapide à mettre au point de façon
satisfaisante. Accès de pancréatite avec des douleurs violentes au ventre.
CRISPR, le Nobel OGM de tous les dangers, 09/10/20
Emmanuelle Charpentier admet que sa découverte pourrait être mal
employée mais ce qui renforce l'inquiétude cette fois, c'est que,
contrairement à la physique nucléaire, il n'y a pas besoin d'un Etat ni
même d'un véritable laboratoire pour qu'un savant fou fabrique un virus
bien plus dévastateur que notre coronavirus. J'y vois un risque majeur
bien qu'il ne soit pas pris du tout au sérieux, à ce qu'il semble. En
tout cas, s'il y a une technique à laquelle il serait rationnel de
s'opposer, c'est bien celle-là, si on avait effectivement la capacité
d'arrêter le progrès scientifique... L'édition de gène impacte moins
notre quotidien à court terme que la 5G mais est d'un tout autre calibre
même si cela ne semble guère inquiéter que les anti-OGM alors que les
conséquences vont bien au-delà avec notamment, il faut le répéter, un
risque bioterroriste complètement sous-estimé.
Ce
n'est pas la forme, je me sens très diminué avec la sensation
d'entrer véritablement dans la vieillesse pleine de douleurs d'arthroses
(dos, cou, épaule, genou) qui me bloquent sans espoir que ça s'arrange
au fil des ans et donc sans pouvoir souhaiter que ça dure. En attendant,
il faut encore que j'envoie des documents pour ma retraite
qui n'est donc toujours pas réglée alors que je l'ai
prise il y a plus de 4 mois ! Il faut dire qu'il me manque presque une
année de bulletins de salaire... Par dessus le marché, je ne vois pas ce
que je peux faire ou écrire dans un contexte avec tellement
d'incertitudes et de dangers sans perspectives sinon du pire même si
l'écologie et le féminisme continuent de progresser.
Les leçons de la préhistoire, 23/10/20
J'ai rassemblé quatre textes sur les aspects les plus importants des
dernières découvertes paléo-anthropologiques. Il est probable en effet
qu'on soit arrivé enfin à une représentation plus juste de nos origines
multiples et d'une évolution buissonnante, remisant aux antiquités
l'ancienne vision trop linéaire et uniforme de la descendance de l'Homme
comme développement de son essence. Une nouvelle fois, nous avons dû
apprendre que nous ne sommes pas le centre du monde mais que nous sommes
le produit de l'évolution technique, tout comme ce n'est pas le soleil
qui tourne autour de nous mais bien le contraire !
Cet article était surtout l'occasion d'apprendre à me servir du nouvel
éditeur de blocs de wordpress, étant assez peu productif pour le reste,
en dehors de quelques commentaires dans la lourde atmosphère suivant la
décapitation par un islamiste d'un prof d'histoire (Samuel Paty, le 16
octobre) et l'instauration d'un couvre feu le 17 octobre à cause d'une
deuxième vague de COVID. Là-dessus, un nouveau confinement commence le
30 octobre, relançant la panique et les théories du complot.
Temps de suspens, 06/11/20
Il y a des moments où il est bon de garder le silence pour ne pas
ajouter à la confusion ambiante en étalant ses opinions, ses pauvres
convictions (et son incompétence), surtout quand s'ajoutent les
incertitudes de la pandémie, du Brexit et de l'élection américaine
empêchant toute prédiction à court terme. Il fallait attendre au moins
l'élection présidentielle américain mais plusieurs jours après, le
suspens demeure quand à la suite pouvant facilement dégénérer. Le Brexit
qui devait se régler en octobre reste lui aussi suspendu à des
négociations ne pouvant déboucher que sur une réintégration à l'Europe
ou une dangereuse période de chaos. La panique durcit l'hostilité entre
fausses certitudes contraires, que ce soit sur la politique sanitaire,
l'Islam, la laïcité, la France, nos valeurs, etc. Dans ce contexte
d'affolement général, inutile de faire appel à la raison, mieux vaut
laisser passer l'orage...
Ce suspens s'annonçait long. J'avais même plutôt envie de dire que
j'arrêtais le blog car j'ai perdu l'intérêt de m'exprimer
publiquement d'autant
que je n'ai pas les moyens d'être entendu. De plus, après avoir
synthétisé la philosophie écologique à laquelle j'étais parvenu, j'avais
l'impression de n'avoir rien à ajouter, ayant mis
de l'ordre dans mes papiers au cas où l'épidémie me faucherait ! En
attendant, la récolte se termine un 15 novembre, de plus en plus tard
donc, avec les dernières températures estivales avant le refroidissement
(je dois changer de chaudière). Au moins les douleurs se font beaucoup
plus discrètes et j'apprends à perdre mon temps dans l'insignifiance...
La beauté sauvage de l’évolution, 26/12/20
Impossible de célébrer la sauvagerie régnante, que ce soit dans la nature ou dans la société. On ne peut nier pour
autant les beautés de la nature et l'exaltation qu'elles peuvent
produire. Si on doit les attribuer à l'évolution plutôt qu'à un projet
divin, on comprendra mieux le ressort du progrès humain qui
semblerait sinon trop paradoxal au milieu du désastre et de la connerie
universelle, en l'absence de toute providence divine ou rationnelle. Il
faut, en effet, qu'on soit contraint par la pression extérieure d'être
raisonnable et de s'unir, c'est ce que ça veut dire, sinon la folie et
l'avidité dominent. Pas d'évolution sans catastrophes, sans échecs
répétés. Il ne s'agit pas d'un développement endogène, de la réalisation
d'une essence (humaine), d'un sens de l'histoire, d'une production de
notre liberté. Il faut y voir plutôt un processus d'optimisation, de
complexification, un apprentissage, une intériorisation souvent
douloureuse de l'extériorité plus que l'expression d'une intériorité
préalable, relevant ainsi d'une causalité écologique. De même les
beautés de la nature ne sont pas tombées du ciel mais les vestiges de
grandes destructions, des difficultés rencontrées par la vie et d'une
sélection féroce.
Fin
d'année tranquille, confiné au chaud cette fois, mais après une pause
de presque 2 mois, en grande partie pris par les travaux
de chauffage dans la maison, j'ai donc repris le blog, sans beaucoup de
conviction
et plutôt pour ne pas m'ennuyer et avoir encore le plaisir d'écrire -
moins fort cependant et avec plus de difficultés cognitives. J'ai perdu à
la fois le sentiment de nécessité (d'utilité de la critique) et
d'urgence
(de peser sur le débat), réduit au simple commentaire de l'actualité ou
illustration des causalités écologiques. J'ai plusieurs textes en cours
mais pas pressé de les finir...
Le virus numérique et les guerres futures, 31/12/20
Un cyberpiratage de grande ampleur ayant pu toucher jusqu'à l'armée américaine et même des sites
nucléaires, a donné la preuve
de la fragilité des réseaux et du caractère décisif de la capacité de
s'y introduire, au moins pour espionner et paralyser l'ennemi. Ce n'est
pas pour rien que la contamination est venue d'une entreprise,
SolarWinds, fournissant des concentrateurs de réseaux. Cela devrait
convaincre que la sécurité de ces méga-réseaux ne peut jamais être
parfaite, trouvant toujours une faille quelque part et les exposant à de
nouveaux virus informatiques tout-à-fait comme la surpopulation nous
expose irrémédiablement à de nouvelles pandémies.
2021 - Pandémie, accident, constat d'échec, psychédéliques (68 ans)
La
pandémie repart à chaque fois avec un nouveau mutant mais les vaccins
arrivent. Pour moi, c'est un début d'année tranquille, un peu hors du
monde, profitant de la nouvelle chaudière au bois, dont on peut
contempler le feu pendant des heures
. Sinon, la mort d'un chat de 15 ans qui prenait une grande place
depuis si longtemps m'a pas mal affecté (même s'il y en a 15 autres!). La reprise du blog est
minimale.
De l’autonomie à l’écologie, 31/01/21
Critique des fondements et de l'inconsistance, au regard d'une
philosophie écologique, d'une philosophie de l'autonomie qui nous avait
tant séduits (chez Castoriadis comme chez Gorz, entre autres) mais qu'on
retrouve paradoxalement de nos jours aussi bien dans le développement
personnel ou le management que dans les idéologies révolutionnaires mais aussi
sous des formes fascisantes, souverainistes, populistes, nationalistes
et xénophobes, ce qu'on ne peut continuer à ignorer. A l'idéalisme
subjectiviste et moraliste au fondement des idéologies progressistes
aussi bien qu'identitaires, on doit opposer le matérialisme écologique,
la prévalence de l'extériorité et donc de l'hétéronomie dont il est
illusoire de pouvoir se délivrer.
Intégration mobile-PC-TV, 16/02/21
Petit texte qui rend compte de mes changements de distribution linux (de linux Mint à
Kde et Neon), pour utiliser Kdeconnect intégrant le mobile
au portable.
Un feu de cheminée sans gravité mais angoissant le 21 février par grand vent me privera quand même de
ma chaudière bois pendant presque un mois. Au début sans problème car
le temps était devenu printanier juste après, plus embêtant à la fin
avec le retour du froid.
Le point sur la dépression, causes et remèdes, 04/03/21
L'actualité de l'épidémie de dépression justifie de tenter de faire le point
sur cette maladie, une des plus douloureuses et courantes, d'autant plus
qu'elle reste, en dépit de progrès récents, relativement incomprise et
mal soignée, mais aussi qu'elle reste largement déniée et considérée
même comme une maladie honteuse. C'est pourtant une maladie non
seulement très répandue mais qui est partie intégrante de la condition
humaine et remarquable à combiner les dimensions biologiques,
psychologiques, sociales, la façon dont l'état du corps est interprété
par les discours, les histoires qu'on se raconte et les représentations
sociales. Alain considérant que le meilleur traitement des humeurs
dépressives serait de parler à d'autres que nos proches, nous sortant de
notre enfermement intérieur, le confinement n' aurait fait qu'aggraver
les choses.
Article écrit devant l'étonnement de ne pas avoir déjà fait un article
sur la dépression et pour faire état du conseil d'Alain pouvant expliquer
la recrudescence des dépressions dans les périodes de confinement par
le rôle essentiel des contacts avec des inconnus.
Rater sa vie,
15/03/21
Qui ne voudrait réussir sa vie ? Et pourtant, cela fait partie des fausses
évidences qui n'ont aucun sens. On devrait plutôt
reprendre le conseil de ne pas réussir leur vie que donnait à ses
enfants le si attachant géographe anarchiste Elisée Reclus (selon Hugues
Aufray qui est lié à sa famille par sa femme). S'imaginer la réussir,
serait en effet se monter du col et prétendre qu'on ne pourrait faire
mieux, décollant de la réalité. Il faut laisser cette prétention aux
prétentieux narcissiques, aux winners, aux crétins. Bien sûr, ne pas
viser la satisfaction finale d'une vie dont la fin est rarement
enviable, ne signifie pas faire n'importe quoi, ne pas avoir d'idéal ou
de modèle, ne pas essayer d'être le meilleur possible. Cela permet du
moins ne pas s'encombrer de faux-semblants, ne pas se mentir sur nos
remords, nos fautes, nos ratés et ne pas se croire supérieur aux autres
mais restituer à l'existence sa part d'expérience, d'aventure,
d'errance, d'égarements, loin d'un plan de carrière, d'un roman ou d'un
film parfait - vie projetée, déjà vécue.
Cette fois, j'ai écrit cette article surtout pour faire état du
conseil d'Elisée Reclus de rater sa vie que j'avais trouvé excellent !
Ces deux articles donnent sans doute une image sombre alors que je ne
n'étais pas spécialement dépressif malgré l'énervement d'attendre des
semaines l'intervention des plombiers et un peu trop pris par les soucis
pratiques (dentiste, vaccination, bois, chauffage, prime énergie touchée le 13 mars, etc) mais ayant
retrouvé un peu de solitude bien que seulement pour 15 jours...
L’utopie rationaliste à l’ère du numérique, 26/03/21
L'ère du numérique et des réseaux planétaires, donnant un accès immédiat
à toutes les connaissances, nous a fait entrer dans un nouvel âge des
savoirs qui, étonnamment, sonne le glas de l'utopie rationaliste
républicaine, c'est-à-dire de l'émancipation par l'éducation. En effet,
ce que révèle notre actualité avec des polémiques absurdes accusant de
racisme les antiracistes au nom d'un universalisme abstrait, c'est bien
plutôt comme notre folie s'oppose à la raison dans une histoire qui
n'est pas la paisible accumulation progressive de connaissances mais un
champ de bataille où s'affrontent des illusions contraires, dialectique
bien présente qu'un progressisme naïf voudrait oublier.
Occasion de réintroduire la dialectique dans une histoire qui n'est pas
linéaire. Le chauffage de nouveau opérationnel (depuis le 19 mars) après
le feu de cheminée (du 21 février) ne sera utilisé que quelques jours
avant une nouvelle vague de chaleur (du 28 mars au 5 avril) qui ira
jusqu'à 25°C, bien trop chaude pour la saison. Il a suffi que je publie un compte-rendu de
mes déboires avec top-chaleur et la médiation le 4 avril
pour avoir un coup de fil du directeur le lendemain et toucher le
remboursement exigé ! Du coup j'ai retiré l'article (mis en mode privé)
qui n'avait pas grand chose à faire sur le blog. Enfin débarrassé des
travaux, c'est un temps de farniente au soleil (et de disputes...) en
attendant la vaccination et le retour du froid.
Dernières nouvelles de notre préhistoire, 12/04/21
Article à propos de deux nouvelles études. La première, étudiant les
crânes des premiers Homo (Habilis, etc) depuis 2,6 millions d'années,
montre qu'ils restaient très proches de ceux des singes jusqu'à l'Homo erectus
à partir de 1,7 millions d'années. L'autre éclaire la raison de cette
adaptation par un changement de régime alimentaire devenu hypercarnivore
et la spécialisation dans la chasse aux grands animaux permise par les
nouveaux bifaces. La preuve en a été apportée ici par l'acidité de
l'estomac et cela expliquerait que les grands mammifères ou marsupiaux
ont disparu partout assez peu de temps après l'arrivée des premiers
humains. Le plus étonnant pourtant, c'est que le passage à un régime
omnivore n'aurait commencé qu'autour de 85 000 ans sous la pression de
la disparition du gros gibier pour s'achever avec la digestion de
l'amidon peu avant le Néolithique et l'avènement de l’agriculture qui en
a découlé.
J'ai été vacciné sans problème le 13 avril avec le controversé
AstraZeneca et ajouté la traduction automatique au blog. Période plutôt
agréable où je me remets à l'écriture avec plusieurs textes en cours.
Théories du complot et critique sociale, 02/05/21
Les théories du complot sont, tout comme les mythes et religions, une
des manifestations massives des limites de notre rationalité et de nos
tendances paranoïaques au délire d'interprétation, manifestant à quel
point Homo sapiens est tout autant Homo demens. C'est ce
dont on semble refuser absolument de prendre toute la mesure pour ne pas
attenter à notre narcissisme et continuer d'entretenir l'illusion de
notre fabuleuse intelligence - illusion qui est justement le ressort du
complotiste persuadé d'avoir tout compris et de n'être plus dupe de la
vérité officielle - ressort plus généralement des militants plus ou
moins révolutionnaires. L'ère du numérique et des réseaux planétaires ne
fait pas que rendre les théories du complot beaucoup plus visibles (ou
plus délirantes), elle en est aussi une des causes principales par
l'accélération technologique qui bouleverse nos modes de vie et fournit
de nouveaux outils, comme les capacités de manipulation d'images ou de
recherche d'indices nourrissant le délire (biais de confirmation), tout
en démultipliant sa contagion par effet de groupe. Il faut ajouter pour
les pays occidentaux, et singulièrement la France, la déception des
fausses promesses de l'idéologie démocratique confrontée aux limites de
la démocratie réelle (parlementarisme) dans ce monde globalisé. Il ne
s'agit pas seulement d'ignorance mais bien de faux savoirs, de fausses
représentations et d'un refus du réel enfin qu'on peut trouver
compréhensible mais qui pose du coup la question de sa proximité avec la
pensée critique et les idéologies démocratiques ou révolutionnaires. De
nos jours, être anticapitaliste ou anticroissance ou antitechnique
suppose aussi le plus souvent une forme de complot (mêlant finance,
gouvernements, élites, minorités, étrangers, multinationales, médias).
Article fait pour répondre à la demande d'Emmanuel pour EcoRev' mais qui ne devrait pas y être publié.
Rimbaud, la Commune et le retour au réel, 07/05/21
Célébrer les 150 ans de la Commune, c'est célébrer aussi la poésie de
Rimbaud qui s'épanouira en 1871 dans l'enthousiasme de la Commune avec
ses lettres du voyant proclamant un peu vite que "l'ordre est vaincu" et
rejetant la "poésie subjective", à la recherche de l'inconnu,
c'est-à-dire du réel derrière les apparences, par un "long, immense et
raisonné dérèglement de tous les sens". C'est bien le moment où il se
déclare poète, l'assume comme son destin, malgré lui presque, mais c'est
une poésie politique qui se place dans le sillage des Châtiments de
Victor Hugo. Il se voudrait en avant des luttes des travailleurs. C'est
le temps de l'enthousiasme révolutionnaire et de l'utopie de l'harmonie
retrouvée et de la transparence. A peine une semaine après cette
déclaration de guerre poétique vint aussitôt le choc violent de la
défaite avec la semaine sanglante, temps de la désillusion jusqu'au
"Bateau ivre" qui largue les amarres et semble exprimer "la victoire de
la lucidité sur un premier élan d'espoir" avant le bilan de faillite d'
"Une saison en enfer", le seul livre qu'il a publié et qui décrit le
parcours qui va de l'idéalisation de l'enfance (malgré sa mère sévère)
jusqu'à la grande désillusion post-révolutionnaire d'un retour au réel
dépressif, nous posant la question : que reste-t-il de nous après le
massacre de nos illusions ?
J'ai eu plaisir à revenir à Rimbaud, cela m'a redonné la pêche !
Alerte drogues : légalisation ou fascisation, 13/05/21
La bêtise et l'aveuglement peuvent nous coûter cher. Le refus d'écouter
les scientifiques n'est pas réservé à une catégorie de la population et
ne se limite pas aux complotistes mais peut se propager jusqu'en haut de
l'Etat, en particulier au sujet des drogues. Ce n'est pas un sujet
mineur par rapport aux questions sociales comme la gauche a pu le penser
quand elle ne partageait pas elle aussi l'utopie d'un monde sans
drogues (accusées de se substituer à la politique et sans lesquelles les
jeunes seraient révolutionnaires!). Les récents événements montrent au
contraire que leur interdiction favorise les circuits mafieux et peut
gangrener toute la société par la violence. Il y a véritablement péril
en la demeure. Il faut sonner le tocsin contre les risques d'un
durcissement d'une guerre à la drogue perdue d'avance mais qui amène la
guerre dans nos cités et militariserait la société.
Ecrit sous la pression des événements mais en continuité avec la
critique de l'utopie rationaliste, des théories du complot et de
l'article sur Rimbaud.
Concepts fondamentaux pour comprendre notre monde, 01/06/21
Un petit nombre de concepts fondamentaux qui vont à rebours des modes de
pensée religieuses, métaphysiques ou idéologiques, suffisent à
renverser la compréhension habituelle, à la fois idéaliste et subjectiviste,
de notre humanité (et de la politique). Il n'y a, sur ces concepts
examinés ici (information, récit, après-coup, extériorité), que du bien
connu, vérifiable par tous, et il n'y aurait aucun mystère ni difficulté
si les conceptions matérialistes (écologiques) n'étaient par trop
vexantes et n'entraient en conflit avec nos récits, pour cela déniées ou
refoulées constamment afin de sauver les fictions d'unité qui nous font
vivre. On verra d'ailleurs que ces concepts fondamentaux touchent aux
débats les plus sensibles de l'actualité (numérique, démocratie,
identitaires, racisme, sociologie, etc).
J'ai essayé dans cet article de résumer les points de vue qui me
différencient des discours dominants et justifient mon travail alors
même que je m'apprête à écrire beaucoup moins ayant arrêté de fumer le 6 juin...
Les politiques des philosophes, 18/06/21
Je me suis intéressé à la philosophie, par souci politique d'abord sous
l'égide de Hegel et Marx, mais ayant fini par adopter une "philosophie"
écologique de l'extériorité, je suis devenu plutôt antiphilosophe
puisque réfutant aussi bien les promesses d'un salut personnel que d'un
salut collectif dans une fin de l'histoire idyllique, escamotant
l'extériorité du réel et les causalités écologiques. Les philosophies,
qui ont fait avancer les connaissances, et permis les sciences
rationnelles, ne pêchent pas seulement en effet par ce qu'elles ignorent
mais par ce qu'elles veulent refouler in fine grâce à quelque
formule magique bien trouvée, le vrai n'étant plus qu'un moment du faux.
L'actualité politique illustre cependant qu'il ne suffit pas de
simplement rejeter toute la tradition philosophique pour ne se fier
qu'aux sciences car l'influence des diverses métaphysiques est bien
réelle, elle aussi, motivant les différents mouvements de
l'extrême-gauche à l'extrême-droite, les illusions révolutionnaires et
démocratiques tout comme les revendications identitaires ou d'un retour à
la nature. On va voir comme les différentes philosophies, opposées
entre elles, s'avèrent en fait fonder des politiques et des idéologies
encore vivaces, qui toutes promettent un salut collectif. Ces illusions
métaphysiques prennent des formes opposées entre Marx, Heidegger,
Deleuze, etc., mais à chaque fois nous promettent la lune. Examiner
l'histoire de la philosophie sous cet angle politique est en tout cas
assez éclairant.
Je me suis remis à fumer après une semaine seulement pour écrire cet article qui m'a bien intéressé
même s'il est sans doute très critiquable. La santé n'est pas brillante
avec des douleurs intestinales et aux poumons ainsi qu'une grande
fatigue.
La catastrophe annoncée qui vient, 26/06/21
On ne peut dire que je puisse être surpris par le ton de plus en plus
alarmiste du Giec mais voir la catastrophe annoncée arriver, le point de
basculement tant redouté étant sans doute déjà dépassé, n'a rien pour
nous consoler de l'avoir tant prédit quand c'est la rage de ne pas
l'avoir empêché que je ressens plutôt. Au lieu de se diviser, d'accuser
les plus réalistes d'écotartuffes ou de greenwashing, on a plus
que jamais besoin de l'addition de nos forces pour s'engager dans une
stratégie globale cohérente combinant l'accélération de la transition
énergétique, la capture du CO2, l'agroécologie et la réorganisation
économique (relocalisation). Il n'y a pas de solution magique, il faut
faire feu de tout bois, ce qu'on appelle l'équifinalité en biologie,
pour atteindre notre objectif par tous les moyens. La course est engagée
de notre réactivité sur plusieurs temporalités au basculement du
climat.
Article écrit rapidement pour me distinguer de ceux qui réagissent juste
par des incantations, mais je reste dans la récapitulation de mon
parcours et n'y fais que rabâcher ce que j'ai écrit
maintes fois - ce qui n'empêche pas qu'il a fait le plus gros score
depuis longtemps et a été repris par rezo.net, ce qui n'était pas arrivé
depuis des années... Cela ne m'a pas tellement ravi, pour autant, le
texte me paraissant faible. Sinon, avant que le virus indien ne nous
rattrape,
je profite de
l'accalmie pour aller voir mon vieux père que je n'ai pas vu depuis le
début de l'épidémie.
Pinault est un con, 07/07/21
C'est la conclusion que j'ai tirée de la collection Pinault exposée à la
Bourse du commerce et qui ne peut s'expliquer que par le désir
inconscient de montrer à tous l'étendue de sa connerie, en dépit de
l'argent qui le protège de cette sincérité. Réussir dans la vie ne
suffit pas, il semble que même les milliardaires aient besoin
d'atteindre leur niveau d'incompétence en investissant des domaines hors
de leur portée. On dirait ici que le financier François Pinault confie à
des artistes le soin de se moquer de lui - et de ceux qui croient à la
valeur de ces attrape-couillons. Il faut répéter que la connerie
n'épargne pas les classes supérieures, occasion de rappeler que l'art,
tout au contraire d'une activité désintéressée, est un signe de
distinction et d'appartenance (au même titre que les idéologies et
religions).
A part cette visite à la collection
Pinault qui m'a tant déçu, la petite escapade en solitaire à Paris était
agréable après presque un an et demi sans bouger à cause de la
pandémie. La cohabitation me pèse cependant de plus en plus et j'ai
perdu les deux couronnes que le dentiste venait de me poser !
Sur l’histoire de l’art et sa fin, 20/07/21
Hegel associait la fin de l'Art à la fin de l'histoire supposée, mais
ceci juste avant que ne commence la riche histoire de l'art moderne,
désormais achevée - bien que l'art post-moderne, qui a tant de mal à lui
survivre, revendique d'en être la suite, mais se condamnant ainsi à ne
faire qu'en réaffirmer la fin dans une répétition complètement stérile.
Pourtant, ce que dit Hegel de la fin de l'art semble bien pouvoir
s'appliquer à cet art contemporain. Il m'a donc semblé intéressant
d'essayer de compléter l'histoire hégélienne par ce qui a suivi les
tendances romantiques de son époque. L'art moderne pourrait y être
compris comme une période particulière, car introduisant justement
l'histoire dans l'art par sa déconstruction, ses révolutions
artistiques. La fin de l'art moderne n'est, bien sûr, pas la fin de
l'Art mais peut-être celle de son historicisation.
Tentative de faire le point sur l'art moderne après l'article précédent sur la collection Pinault.
L’Avenir n’existe pas, il n’y a que des temporalités multiples, 01/08/21
Tout est une question de tempo mais il est très difficile de bien
évaluer la temporalité de chaque processus car il y en a plusieurs dont
on ne peut prévoir les combinaisons multiples. La physique moderne a
réfuté le temps absolu de Newton qui demeure cependant la forme a priori
de notre sensibilité, comme dit Kant. On raisonne en permanence comme
si le temps était linéaire alors qu'il y a bien plusieurs temporalités
qui se croisent dans un présent qui n'a rien de la consistance d'une
tranche de vie figée et de la cohabitation immobile de tous les êtres
que les mystiques mettent en scène. Il n'y a qu'une multiplicité de
trajectoires avec leurs temps propres, certains à très court terme,
d'autres des temps astronomiques.
La santé va au plus mal avec un diabète bien plus grave que je
n'imaginais, expliquant la fatigue mais ne présageant rien de bon pour
la suite.
La vie à quel prix ?, 18/08/21
Dans notre actualité planétaire, ce sont les mesures prises pour limiter
la pandémie, du confinement à la distanciation sociale et aux gestes
barrières, qui nous ont valu de grandes déclarations, notamment de
philosophes médiatiques, nous rappelant que toute vie ne vaut pas la
peine d'être vécue si elle se limite à la survie du corps et se trouve
coupée des autres. Bien sûr, la question de ce qui constitue une vie
viable n'est pas seulement politique, elle se pose aussi
individuellement, chacun pouvant y répondre différemment. C'est, en tout
cas, la question qu'une dégradation de ma santé m'a obligé à me poser
pour moi-même. Est-ce qu'une vie au rabais privée des anciens plaisirs
vaudrait la peine d'être vécue ? Est-ce que je pourrais supporter une
vie diminuée par le grand âge - voire en EHPAD, ces mouroirs modernes
assez effrayants ? Suis-je prêt enfin, dès maintenant, à une vie plus
austère livrée aux médecins ?
Violent accident de voiture le 26/08 (à cause d'un refus de priorité) en
revenant d'un examen à l'hôpital avant d'y revenir aux urgences, sans
problèmes graves mais sans plus de voiture partie à la casse... Mauvaise
passe.
La psychanalyse comme analyse du transfert, 01/09/21
Il faut insister sur le fait que la caractéristique première de la
psychanalyse réside bien dans l'analyse du transfert qui change tout. On
peut s'étonner certes de cette place du transfert dans l'analyse qui
semble hors sujet mais résulte là encore de la simple observation,
vérité d'expérience. Ce phénomène qui semble marginal, simple parasitage
du processus analytique pour ceux qui y voient une reconstruction de
son enfance, oblige au contraire à le réinterpréter complètement en
dépassant le contenu manifeste et sa prétention de vérité par la
réintégration de l'énonciation et du sujet auquel elle s'adresse comme
discours de séduction et désir de désir, ce qui a une portée
considérable - suspicion portée sur la vérité comme sur tous les
discours. Bien que l'analyse du transfert s'impose inévitablement dans
toute pratique analytique, il n'est pas sûr pour autant qu'elle puisse
être vraiment prise au sérieux par ses praticiens. Dernière
contradiction de la psychanalyse, il se pourrait en effet qu'une analyse
achevée ne produise pas des analystes mais guérisse plutôt du désir
d'être psychanalyste...
Je suis très mobilisé par le scandale des assurances voulant
m'indemniser de 1000 € seulement pour ma vieille voiture détruite à
cause d'un autre alors qu'elle marchait parfaitement ! Je suis désormais
enregistré pour mon diabète comme ayant une "Affection de longue
durée".
Hegel écologiste à la fin du temps, 20/09/21
Pour mieux saisir comment Hegel pensait réellement la fin de l'histoire,
dans l'Etat de Droit universel, ainsi que de la philosophie dans les
sciences, c'est-à-dire l'achèvement du savoir absolu, de la pensée qui
se pense elle-même parvenue à la pleine conscience de soi, il m'a semblé
qu'il n'y avait rien de plus utile que de juxtaposer la fin de la Logique, de l'Encyclopédie et de la Phénoménologie,
ce qui nous permettra d'en tirer quelque enseignement sur notre
actualité confrontée sur tous les plans à la question de la fin,
conscience de soi et de notre finitude qui nous ramène aux urgences
immédiates. La fin de la Logique, en premier lieu, résonne en effet avec
l'époque où notre liberté confrontée au savoir des risques écologiques
s'engage dans les actions nécessaires dictées par le discours
scientifique, monde qui nous reste pourtant étranger et hostile,
l'extériorité ne se résorbant pas dans le savoir, toujours exposés à la
mort, la souffrance et les injustices comme aux catastrophes cosmiques,
naturelles ou sociales, la part du hasard, des probabilités et du
non-sens qui reste, la division de la pensée et de l'être enfin.
Je reviens à mes premières amours peut-on dire, clôture de mon parcours
actualisant mes premières publications. Cela me permet aussi de
m'abstraire de la
mauvaise ambiance électorale comme de la bataille juridique contre les
assurances, aussi
énervante que dérisoire. Après le ramonage et bien que le temps reste
doux la journée, il fait assez froid la nuit pour commencer à allumer le
chauffage le soir.
Se concentrer sur les plus gros pollueurs, 04/10/21
Dans l'immédiat, le plus urgent serait de prendre conscience de
l'étonnant petit nombre d'entreprises et d'acteurs globaux qui sont
responsables de l'essentiel des pollutions. Ainsi, 70% des émissions de
gaz à effet de serre seraient imputables à seulement une centaine
d'entreprises, parmi lesquelles 20 entreprises sont responsables d'un
tiers des émissions ! Il s'agit surtout de pétroliers, de cimentiers et
d'industries métallurgiques ou minières mais c'est à l'évidence sur ces
entreprises qu'il faut mettre la pression pour arrêter l'hémorragie en
abaissant radicalement leurs émissions de CO2 ou de méthane avec un
effet massif et rapide cette fois, sans commune mesure en tout cas avec
le fait de baisser son chauffage.
Se préparer à l’inflation, 15/10/21
La plus grande énigme économique de ces dernières années était sans
conteste le mystère de l'absence d'inflation malgré l'injection de
liquidités en quantités inouïes. L'inflation se serait cantonnée à la
finance et la spéculation, notamment immobilière, mais pourrait avoir
été simplement retardée ailleurs. Or un retour de l'inflation changerait du tout au tout la configuration
économique des prochaines années avec des conséquences importantes aussi
bien au niveau social qu'au niveau écologique, pouvant à la fois
intensifier les luttes salariales, renverser le rapport de force actuel
capital/travail, mais aussi accélérer une croissance qui n'est plus
aussi bien venue quand il faudrait plutôt la tempérer et, en premier
lieu, réduire notre consommation d'énergies fossiles qui repart au
contraire à cause de la surchauffe économique. L'après COVID dans une
économie de plein emploi a toutes les chances d'être une période plus
joyeuse, il faudra absolument éviter que l'euphorie ne mène à
l'irresponsabilité climatique.
Le 13 et le 20 du mois j'ai pris des champignons (commandés sur un site
hollandais) mais sans aucun effet psychédélique hélas, expérience assez
désagréable...
Les impasses de l’anti-progressisme, 22/10/21
Pour nous, l'avenir n'est plus un projet positif portant la marque de
notre humanité et voué à l'épanouissement de nos talents, se résumant
désormais à empêcher le pire (simple négation de la négation). Les
tentatives de reconstruire un "projet de société" et d'enthousiasmer les
foules par de nouveaux plans sur la comète tombent vite aujourd'hui
dans l'indifférence si ce n'est le ridicule. L'avenir est craint plus
qu'espéré. La fin du progressisme béat laisse du coup la place à un
anti-progressisme réactionnaire (pas forcément écologiste pour autant,
loin de là) et qui ne vaut pas beaucoup mieux dans sa volonté de
rétablir l'ordre ancien, vouée tout autant à l'échec mais à laquelle se
raccrochent les citoyens désorientés dans une passion identitaire sans
issue. Ce dont on peut être sûr, c'est que l'anti-progressisme
autoritaire qui gagne les foules ne peut être durable car le futur est
au souci de l'avenir et à l'unité planétaire.
Démocratie des minorités ou dictature majoritaire, 02/11/21
Contrairement aux mythes colportés très officiellement sur notre
démocratie, il faudrait rectifier que nos institutions sont moins
héritées de la Révolution que des monarchies constitutionnelles
postérieures, ce que apparemment presque personne sur l'échiquier
politique n'ose avouer. C'est grave car on défend du coup, aussi bien à
gauche qu'à l'extrême-droite, une démocratie majoritaire foncièrement illibérale
quoiqu'on dise puisque rejetant la séparation des pouvoirs qui était à
la base des monarchies constitutionnelles, raison pour laquelle elles
avaient la préférence de Montesquieu. En conséquence, à part des
écologistes attentifs à la diversité, au lieu de promouvoir la
démocratie des minorités qui en résulte, celle-ci est dénoncée partout
ailleurs comme illégitime (communautariste) alors qu'elle n'est rien
d'autre que la conséquence du règne de l'Etat de Droit et des Droits de l'Homme,
c'est-à-dire aussi de la laïcité qui en procède. Ainsi, une des raisons
de la montée inexorable du "fascisme" autoritaire tient au fait qu'elle
est paradoxalement alimentée par ses opposants qui font de la
surenchère sur le thème du "peuple" idéalisé et de la présentation
simpliste d'une majorité lésée par une minorité.
De nouveau des problèmes de chauffage à partir du 11/11 avec le chapeau
de la cheminée bouché - retiré à temps (le 17) pour passer une vague de
froid.
A partir du 14, j'ai fait un régime "cétogène" de 3 semaines (jusqu'au 4 décembre), qui était supposé pouvoir guérir du
diabète aux dernières nouvelles. En
attendant, cela m'a fait perdre 9 kilos mais le plus étonnant, c'est
qu'un mélanome en croissance a disparu en quelques jours. Il est certain
que ça fait de l'effet, que ce soit durable est moins sûr (en tout cas
pas le poids).
L’arnaque des pauvres par l’assurance auto, 18/11/21
Il est bien connu que les pauvres paient tout plus cher mais avant d'en
faire l'expérience, je ne savais pas que les pauvres, qui ont forcément
des vieilles voitures, étaient aussi spoliés de leurs droits en toute
bonne conscience par les assurances auto. J'ai découvert que cette
spoliation des possesseurs de vieilles voitures arrive à prendre
l'apparence d'un respect du droit en s'appuyant sur trois confusions :
le principe du moins-disant tenant lieu de valeur de remplacement,
l'évaluation sur un échantillon statistique trop faible et la définition
du marché local étendu à l'internet.
C'est l'affaire qui me pourrit la vie depuis le mois d'août où j'ai dû capituler le 15 novembre, n'ayant donc plus de voiture.
L’inexistentialisme est un humanisme, 24/11/21
On se contente habituellement de suivre avec passion les informations du
monde, de ce qui se passe ailleurs et nous dépasse, à l'évidence ne
dépendant pas du tout de nous. La vérité, c'est qu'on n'est pas aux
commandes, on ne décide pas de notre vie ni de notre existence ni même
de nos pensées en dépit des apparences. Par quelque bout qu'on le
prenne, une philosophie écologique pour laquelle les causalités sont
extérieures, consacre l'inexistence de l'individualité isolée, d'un
sujet indépendant réduit au paraître, non que l'autonomie de l'organisme
ne soit essentielle mais qu'elle est effectivement entièrement
dépendante de son milieu. Ce constat d'inexistence n'est pas nouveau et
même très ancien puisqu'il est celui de nombreuses spiritualités avant
d'être celui des causalités scientifiques. C'est une étrange sensation
de se réveiller de cette illusion de liberté et d'existence singulière
dans sa supposée présence mystique au monde pour découvrir notre
inexistence réelle, d'une existence qui n'a pas de sens absolu ni
personnel, seulement un sens relatif à nos rapports humains, pris dans
des processus objectifs comme dans des récits communs fictifs recouvrant
le réel et l'expérience immédiate. Dès lors, il n'y a plus de véritable
identité ni d'essence immuable, rejoignant en cela l'existentialisme
sans doute sauf que l'existence qui précède l'essence serait plutôt
celle de notre milieu, de l'extériorité, de l'écologie, de l'hétéronomie
enfin au lieu d'un libre-arbitre sans cause, venu de nulle part.
L'identité y est donc changeante selon les contextes (famille, travail,
réseaux, etc). Ces preuves de notre inexistence sont accablantes et
pourtant, au contraire de la passivité d'un destin tout tracé à la
naissance, n'ayant plus qu'à devenir ce qu'on est, on peut dire que,
dans sa nudité et fragilité, l'inexistentialisme est un humanisme car il
renforce notre appartenance à l'humanité, comme produit de l'évolution
et de l'histoire, humanité forgée par son environnement. Si on ne peut
pas vraiment choisir sa vie qui dérape et qu'on ne pèse qu'à la marge
sur l'avenir du monde, c'est justement parce qu'on appartient à son
temps et à ses contemporains. La solidarité avec les autres et avec la
biodiversité est concrète, entière, prouvée, qui achève d'effacer notre
particularité à mesure que le regard s'éloigne, fondue dans l'immensité
de l'espace et du temps. Cette inexistence et incomplétude fondamentale,
qui, au contraire de l'idéal trompeur du self made man, a besoin de
béquilles, de soutiens pour tenir, est pourtant ce qui nous est le plus
précieux dans son humilité qui fonde notre désir de reconnaissance et
notre fraternité.
Je n'ai pas beaucoup de temps pour l'écriture (plusieurs textes en
cours), pris par les activités pratiques (couper le bois, préparer les
prochaines livraisons de bois, démarches administratives, papiers pour
l'assurance et un temps interminable pour, par exemple, arriver à
prendre un aller-retour SNCF ou réussir à
se faire vacciner sans rendez-vous, sans parler des problèmes
informatiques aussi bien hardware que
software, etc). La vie contemporaine nous prend décidément beaucoup de
temps, même à la retraite où il faut compter aussi avec une plus grande
fréquentation des hôpitaux...
J'en suis à la 3ème dose de vaccin le 27 alors qu'un nouveau variant y
est moins sensible. J'étais inquiet de fêter les 96 ans de mon père le 5 décembre
(deuxième déplacement de l'année seulement) mais tout s'est apparemment
bien passé. On est revenu avec différentes substances psychédéliques, il
n'a jamais été aussi facile de trouver toutes sortes de drogues, livrées
à domicile désormais !
Déterminisme quantique, entropie et liberté, 13/12/21
Article essayant de limiter le déterminisme quantique au niveau
quantique et non aux autres niveaux, notamment celui du vivant, y
réintroduisant une part de liberté, certes très limitée mais qui est au
moins la part de doute et de réflexion, d'un vouloir tâtonnant tendu
vers sa finalité, son objectif. Dans ce cadre, qu'on ne puisse avoir une
conception globale du monde ne tiendrait pas tant au relativisme de la
relation (au perspectivisme nietzschéen) qu'à une multiplicité de
niveaux, notamment selon les échelles de grandeur ou d'organisation
(passage de la quantité à la qualité) laissant place à de nouvelles
déterminations (et degrés de liberté).
Succès inattendu (sur facebook surtout - bien que je n'y sois pas) pour cet article où je formulais
mes objections à Carlo Rovelli, ce que je croyais n'intéresser personne...
L’avenir du développement humain comme libertés concrètes, 22/12/21
Ce n'est pas un changement radical d'économie à l'échelle de la planète
qui pourra nous sauver. Il est trop tard. Cela n'empêche pas que ce
changement se fera sur le long terme et qu'il est même amorcé depuis
plusieurs décennies au nom du développement humain, sans qu'on en prenne
toute la dimension véritablement révolutionnaire dans un contexte
d'unification planétaire et du passage à l'économie numérique aussi bien
que locale. L'avenir pourrait n'être pas si désespérant, et pas
seulement catastrophique, si enfin triomphaient l'écologie, le
féminisme, l'anti-racisme et le développement humain. Le développement
humain affirme que l'autonomie doit être produite socialement (pas
seulement par la famille) et qu'il est de l'intérêt collectif de
développer les compétences et talents de chacun. Il s'agit de prendre au
sérieux le fait que la liberté n'est pas donnée ni sans cause, qu'elle
n'est pas naturelle ni expression de soi (devenir ce qu'on est) mais
qu'elle est bien une liberté conditionnée par des moyens matériels et
l'augmentation de ses compétences, conditions nécessaires pour valoriser
ses points d'excellence, ses talents, ou juste le plaisir qu'on prend à
les exercer.
Ecrit commencé sous ecstasy (le 15 et le 18). La santé va quand même
bien mieux, c'est plutôt une bonne période avec tout ce qu'il faut et de l'électro swing.
2022 - Guerre Ukraine, psychédéliques, extraterrestres, physique (69 ans)
Bizarrement, l'année a bien commencé pour moi alors que les nouvelles sont
si mauvaises et que des malheurs touchent des proches. Le retour de la
forme physique y est pour beaucoup. La clôture du dossier de l'assurance
pour ma voiture m'a quand même gâché l'humeur quelques temps mais c'est un nouvel ordinateur qui a occupé le début de l'année.
Prendre ses désirs pour des réalités ?, 11/01/22
Ce slogan de Mai68, "prenez vos désirs pour des réalités", avait une
charge libératrice, engageant à l'action, à s'affirmer et n'avoir pas
peur de prendre des risques, ce qui évoquerait plus aujourd'hui l'esprit
d'entreprise et les injonctions du développement personnel que l'esprit
de révolte initial. Il n'était pas si absurde pourtant, à cette époque
de libération des moeurs et d'émancipation sociale, de prendre au
sérieux ses désirs, ou comme disait Lacan, de "ne pas céder sur son
désir", car les désirs sont réels aussi et orientent nos vies, rien de
pire que de les refouler. C'était alors un important progrès sur le
surmoi punitif et a pu participer notamment à la légitimation du désir
de libération des femmes, à la simple reconnaissance de leur désir, de
leur existence de sujets désirants. Cette sacralisation du désir avait
cependant une face moins reluisante, celle d'un surmoi devenu injonction
à la jouissance, idéologie du désir dénoncée dès le début par des
marxistes comme Clouscard, soulignant sa complicité avec le libéralisme
et la société de consommation qui en constituent incontestablement
l'infrastructure matérielle, comme la publicité l'illustrera à outrance.
En ce temps-là, la formule de Spinoza affirmant que "le désir est
l'essence de l'homme" avait pris le caractère de l'évidence plus que de
raison, se situant à l'opposé de l'homme de devoir que tous (curés,
moralistes, idéologues, militaires, etc.) professaient avant, glorifiant
au contraire le sacrifice des femmes, des soldats, des travailleurs. Là
aussi, il faut y voir une conséquence des évolutions du travail qui ne
se contente plus de la peine du travailleur pour "créer de la valeur"
mais a besoin de sa motivation et veut explicitement mobiliser son désir
devenu facteur de production. Faire du désir un quasi impératif moral
est non seulement problématique mais comporte aussi un côté autoritaire
incitant les mâles dominants à forcer le consentement au nom du désir.
Il faut bien dire que l'interprétation courante n'allait pas plus loin
que de donner crédit à la naïveté de l'enfant roi de croire pouvoir
réaliser tous ses désirs, que ce serait même un droit de l'homme en plus
d'un devoir, fantasme de toute puissance assez commun mais qui se cogne
vite au réel justement. Pourtant rien de plus efficace encore de nos
jours que de laisser croire aux foules qu'elles sont toutes puissantes,
qu'il ne s'agit que de volonté, appelant logiquement à un pouvoir
autoritaire capable de s'imposer à tous pour modeler la réalité selon
nos désirs en dépit des résistances et des forces contraires, la
libération des désirs se renversant en répression féroce des dissidents.
Premier test à faible dose d'Hawaiian baby woodrose (Space-E) le 25 janvier, un
peu de nervosité mais les jours d'après étaient assez euphoriques.
L’espace-temps entre onde et particule, 30/01/22
A partir d'une interprétation ontologique de la dualité onde/particule
en fonction de leur existence dans l'espace ou dans le temps,
c'est-à-dire sous une forme locale ou non locale, et de leur interaction
comme transformation du temps en espace ou d'espace en temps,
il s'agit de montrer une nouvelle fois ce qui, dans la physique, met en
défaut notre entendement ordinaire du simple fait qu'on s'éloigne de ce
que l'espace et le temps sont pour nous. Si, pour la relativité,
l'espace n'est plus séparable du temps, c'est qu'un déplacement dans une
dimension se fait au détriment du déplacement dans l'autre car on se
déplace toujours dans l'espace-temps à la même vitesse de 300 000 km/s.
De même E=mC² exprime la matérialisation de l'énergie, le passage entre
l'espace et le temps, de l'un dans l'autre. Pour autant, nous n'habitons
pas plus un monde relativiste qu'un monde quantique, on peut dire que
nous sommes au milieu, dans une position privilégiée, celle du "monde
classique", monde de la vie et de l'histoire qui n'existe que dans cet
entre-deux où le temps n'est pas tant pour nous celui des causalités
mécaniques mais celui de nos finalités (et de nos erreurs), de même que
notre espace est celui d'un monde humain et d'une terre que nous avons
dévastée.
La physique me repose des mauvaises nouvelles d'où qu'elles viennent,
écologiques ou politiques... Le 5 février une dose plus forte d'Hawaiian
baby woodrose (Trip-E) sera un peu plus désagréable que la première,
finissant de me persuader que je suis devenu réfractaire aux effets
psychédéliques. Une double dose d'Hawaiian baby woodrose (Trip-E) le 11
ne sera pas plus couronnée de succès.
Les bienfaits des psychédéliques, 17/02/22
Cela fait un peu trop magique mais on attribue à la psilocybine comme à
d'autres psychédéliques des bienfaits durables, visibles notamment dans
la restauration de la production de neurones, contre une large palette
d'affections, pouvant guérir aussi bien l'anxiété, la dépression, le
stress post-traumatique, l'alcoolisme et autres addictions mais aussi
servir dans l'accompagnement des fins de vie. Pour autant, d'une part ce
n'est pas pour tout le monde et pour ma part, cela ne me fait guère
d'effet mais surtout la question reste entièrement posée du rôle de
l'expérience psychédélique vécue, des hallucinations éventuelles, de la
magie d'une suggestion hypnotique, de l'accès à une nouvelle
compréhension ou bien s'il ne s'agit finalement que d'un simple effet
biochimique ?
Une double dose d'ecstasy le 18 ne sera pas plus psychédélique bien que
pas désagréable mais aura des lendemains plus difficiles. Le 22, début de l'EHPAD pour mon père et de la guerre
en Ukraine, moi, en sortant un peu groggy de chez le dentiste, j'ai mis de
l'essence dans la diesel de ma copine, nous privant de voiture quelques
jours et me déprimant un peu... Globalement la santé n'est pas aussi
bonne ni le moral. Il faut dire que les nouvelles sont angoissantes mais
l'ecstasy peut aussi avoir sa part dans cette première véritable
descente.
La redistribution des cartes, 25/02/22
Il ne s'agit pas de prendre parti dans le conflit en diabolisant
l'adversaire mais d'essayer de comprendre le mécanisme implacable nous
ayant mené là, c'est-à-dire le fonctionnement effectif du jeu de
puissances au-delà des condamnations morales et des utopies
démocratiques ou d'une prétendue auto-organisation de base. La riposte
militaire serait trop aventureuse - une folie entre puissances
nucléaires bien que toujours possible au moindre dérapage - ce qui se
joue serait plutôt la confrontation de la puissance économique à la
puissance militaire et donc sur la durée (pas sûr qu'on puisse tenir si
longtemps). La logique historique voudrait que ce soit l'économie, le
capitalisme, qui finisse par gagner avec tous les ressorts de la
technologie mais pas forcément du premier coup. Cette guerre paraît
effectivement à la fois anachronique dans la globalisation marchande et
numérique, où l'appartenance à un pays ou un autre perd beaucoup de son
importance, en même temps qu'elle pourrait être hyper-moderne dans les
armes, première véritable guerre du 3ème millénaire si les USA s'en
mêlent, utilisant de nouvelles armes, la cyberguerre ou la guerre
électronique jusqu'au spatial voire au nucléaire (ce n'est hélas pas
totalement exclu), éprouvant leur potentiel ou leurs limites. On ne sait
à quel point on sera touché mais on en subira sûrement des conséquences
plus ou moins terribles. Il y a de quoi paniquer.
Premières graines mises à germer le 25. Nouvel essai de Space-E le 1er
mars, ni agréable ni désagréable mais bonne forme le lendemain. Après
une échographie rassurante le 3, j'ai essayé 2 Euphor-E à base de Kanna qui m'a déçu (trop de caféine) mais pourrait
remplacer le chanvre ? Un dernier essai d'ecstasy le 12, assez décevant. Le 15 un premier test de
Salvia divinorum
sera plus concluant, à la fois surprenant, intense et de courte durée.
J'ai cependant eu quelques jours après une poussée d'herpès.
Détaché d'une actualité dramatique imprévisible et qui ne dépend pas de
nous, je n'ai pas publié de nouvel article en mars, plutôt démotivé en
s'attendant au pire. En dehors de l'expérimentation des psychédéliques
et des plaisirs
de la maison, ce que je préfère cependant, plus que d'écrire un nouvel
article, c'est d'améliorer mes articles les plus récents, plaisir de me
relire
sans
souci d'écriture mais en sachant que je peux me corriger, enrichir
encore un texte qui est là pour rester, être relu et m'apprendre encore
un peu par rapport à l'état initial de la réflexion. L'article qui m'a
le plus occupé, c'est celui sur l'espace-temps permettant de me
distraire de l'actualité.
Le 26 mars un dernier essai de Space-E (
Hawaïan Baby Woodrose) d'autant
moins agréable que j'avais pas mal de choses à faire (couper du bois,
réparer une barrière, jardin, etc), et surtout j'ai eu un lendemain
triste. J'ai commencé à tester les herbes à rêves le 28 mars avec une
graine d'
Entada Rheedii au très mauvais goût qui ne me procurera aucun rêve mais, après
une grosse irritation de la langue, une assez bonne journée quand même. Une autre herbe à rêve,
Uvuma-omhlope,
supposée favoriser la production de neurones, ne me fera pas plus rêver
mais sans désagrément cette fois et suivi par une très bonne période.
En avant, 06/04/22
Comme la pandémie et la guerre en témoignent abondamment, l'incertitude
la plus grande de l'avenir suscite le besoin irrépressible d'en raconter
la suite malgré tout, aussi incompétent soit-on. C'est d'autant moins
chose nouvelle que ce mécanisme se révèle au principe même du
fonctionnement du cerveau et de l'apprentissage comme du langage, y
compris pour l'Intelligence Artificielle (ou apprentissage automatique)
qui progresse en validant ou non ses prévisions. Ce mécanisme fait
partie d'un nécessaire feedback qui relève plus généralement de la
cybernétique, de la correction d'erreurs comme seul accès au réel (qui
reste extérieur) et moteur de la dialectique cognitive. Celle-ci
progresse inévitablement par l'erreur, dans l'après-coup du résultat
indécidable d'avance, et pour cela même occupant l'imagination des
suites possibles du récit, au-delà de nos propres intentionalités. En
prendre conscience devrait nous amener à réfuter la conception
antérieure du futur, comme dimension temporelle assimilée à l'espace, et
d'une humanité trop rapidement identifiée à ses finalités et sa
projection dans un avenir présenté comme absolument prévisible et avec
un volontarisme revendiquant une maîtrise illusoire (paranoïaque),
véritable négation de l'histoire. Notre horizon est bien plus limité,
non pas à l'instant présent mais à l'instant suivant, pas à pas,
activité de l'esprit comme perception qui n'a pas de repos.
Je me suis un peu forcé pour écrire ce texte qui n'est pas sans intérêt
pourtant, m'habituant à "ne rien faire" et perdant la nécessité de
publier mes réflexions. Le texte suivant sur la physique quantique
témoigne cependant de l'utilité pour moi de formuler ce que m'inspire
l'actualité, scientifique cette fois malgré un clin d'oeil aux élections.
La dissymétrie quantique entre droite et gauche, 09/04/22
Le plus curieux, et pas assez connu, c'est que les particules se
diviseraient selon l'orientation vers la gauche ou la droite de leur
rotation ou spin : selon qu'elles tournent dans le sens des aiguilles
d'une montre ou dans le sens inverse par rapport à leur direction de
mouvement.
L'ambiance familiale (dont je suis éloigné) s'envenime pour des affaires
d'héritage, s'ajoutant à la guerre, le réchauffement, la fascisation.
Le 12 j'ai testé 0,5 g de cristaux MDMA dont j'ai ressenti le côté
amphétaminique, m'amenant après une montée déstabilisante (hyperthermie,
tremblements, équilibre) à publier mal à propos une réaction à chaud trop irréaliste du
premier tour de la présidentielle, ce que je n'aurais pas fait à jeun...
Pour une refondation de la gauche écologiste, 11/04/22
L'effondrement du Parti Socialiste et la difficulté des écologistes à
convaincre pourraient au contraire donner lieu à la création d'un
nouveau mouvement écologiste de gauche, ni libéral ni populiste,
regroupant les écologistes et la social-démocratie, sur les ruines de
leurs organisations, non pas derrière un leader à l'ancienne mais ancrée
dans les territoires, s'appuyant sur les élus locaux pour un
développement local et humain.
On peut résister à la déprime ambiante, à la guerre mondiale, à la
disparition de la gauche, au risque nucléaire, au climat qui s'emballe,
c'est beaucoup plus difficile de s'abstraire des querelles familiales,
encore plus des scènes de ménage pourrissant le quotidien. J'ai re-fumé de la
salvia divinorum
le 22 mais avec un effet évanescent très faible cette fois (le 22 du
mois suivant c'était plus fort bien que bref, avec l'impression qu'il y
avait plein de gens, plutôt hostiles, alors que j'étais seul). Dans
cette période si peu propice, c'est l'article sur l'espace-temps qui
m'occupe encore et n'intéresse personne. J'ai quand même plusieurs
textes en attente (sur l'Universel, la nation, l'homme de science et
l'homme religieux).
La méprise sur l’universel de la morale et de la science, 29/04/22
L'universel peut désigner des concepts très différents qui font l'objet
d'une confusion constante très dommageable entre ce qui est nécessaire,
obligé, éternel, et ce qui est simplement général, commun à notre espèce
ou notre univers, entre la logique pure et l'étendue, plus précisément
entre l'universel de la morale ou de la science et l'universel
cosmopolite de l'anthropologie si ce n'est l'humanisme de "tous les
hommes". On parlera ainsi d'une compétence universelle pour une
juridiction étendue à la terre entière, ou d'un suffrage universel
supposé ouvert à tous les citoyens bien que les femmes en aient
longtemps été exclues, etc. La nuance entre ces différents sens peut
paraître négligeable alors qu'on n'est pas du tout sur le même plan et
surtout que la confusion des sens n'est pas sans conséquences politiques
funestes, empêchant l'adhésion à l'idéologie universaliste appelée par
l'unification planétaire écologique, économique, technologique,
scientifique, médiatique, épidémique, etc. Aussi étonnant que cela
puisse paraître, les conceptions de l'universel des différentes
philosophies, religions ou idéologies se trouvent bien avoir des
implications politiques très concrètes, nourrissant entre autres les
passions identitaires, revendication mal venue de sa particularité pour
ce qui relève de l'universel.
Je retrouve un peu de solitude du 11 au 24 mai alors que c'est un été bien trop précoce
(un dôme de chaleur à plus de 30°C) qui me rend plutôt léthargique. Un regain de
diabète m'oblige à refaire un régime et je passe au test de
phytothérapies plus ordinaires (avec une cure de
Rhodiola Rosea à partir du 20 mai). Toujours plus de textes ébauchés sans être finis...
Ce que les extraterrestres nous apprennent, 30/05/22
L'existence d'extraterrestres est passée du statut de pure fiction à
celle d'hypothèse scientifique de plus en plus fondée au regard des
connaissances sur les possibles origines de la vie ainsi que par
l'évolution animale vers la complexité jusqu'à un cerveau développé dont
les capacités cognitives sont de mieux en mieux comprises. Tout ceci
ajouté à la détection de planètes "habitables" suffit à rendre
incontournable l'hypothèse de la reproduction d'une telle évolution, qui
n'a aucune raison d'être unique, sur d'autres planètes, vie
extraterrestre devenue dès lors objet scientifique. Or, cette simple
possibilité suffit à faire de nous des extraterrestres pour ces
hypothétiques extraterrestres. Ce point de vue éloigné sur notre planète
est assez semblable à celui de l'anthropologie ou de la préhistoire qui
étudient l'évolution sur le très long terme, où les périodes sont
désignées par leurs stades techniques, en une succession nécessaire. De
façon plus manifeste que la préhistoire, l'existence hypothétique de
civilisations extraterrestres implique bien une vision de l'évolution
cognitive largement indépendante de nous et de notre espèce. Passer de
la préhistoire aux extraterrestres serait passer du particulier de
l'anthropologie, d'une essence de l'homme, du général et du génétique, à
l'universel de l'évolution. Se servir de cette figure de
l'extraterrestre, comme expérience de pensée au moins, oblige du coup à
sortir des conceptions essentialistes et originaires pour un nouveau
scientisme progressiste, seul universel possible.
Le 6 juin, dernière prise de psilocybe (Valhalla) qui m'avait été envoyé
sans que je l'ai sollicité. Rien d'intéressant ni de très différent
d'avant (certains décalages visuels), juste une nervosité désagréable
qui dure 3 à 4 heures, mais encore une fois il y eu autant d'effets
positifs au moins pendant 15 jours sur l'humeur... C'est quand
même la fin de la
période psychédélique qui m'avait bien remotivé et me laisse un peu
désemparé mais je reprends l'écriture et je suis de nouveau tranquille
du 8 au 23 juin. Encore un épisode caniculaire du 12 au 21 qui a fait
souffrir les plantes et, en plus du diabète à peu près géré, c'est
maintenant l'hypotension qui pose problème.
La part de l’humanité dans l’évolution, 15/06/22
Après avoir braqué les projecteurs sur l'immensité de l'univers et les
lois de l'évolution à très long terme incarnées par des extraterrestres,
si, en bonne dialectique, on porte maintenant de ce lointain le regard
plus près de nous sur les organismes vivants ou sociaux et l'histoire
politique ici-bas, c'est une toute autre histoire et le domaine de
l'action qui a beau être contrainte reste à la fois indécise et
nécessaire. On n'est plus ici dans le règne de la raison pure mais
plutôt d'une rationalité erratique et limitée qui se révèle d'autant
plus maléfique qu'elle se surestime, ignore son ignorance et croit
pouvoir faire fi des lois universelles comme du cadre limité de notre
action, règne de l'opinion qui n'est jamais "personnelle" mais s'enferre
à chaque fois dans l'erreur avec des conséquences bien plus graves
encore que la simple ignorance. La situation n'est pas aussi brillante
qu'on le présente ordinairement d'un bon sens partagé très
démocratiquement alors qu'en dehors des sciences, en rupture avec
l'opinion justement, il n'y a que fausses croyances, fake news ou propagandes.
Intoxication le 28 juin, peut-être une hypervitaminose car juste après
avoir prix une ampoule de vitamine D (courbatures, suées, mal de tête,
grosse fatigue, hypertension). Mon fils et sa petite famille venaient
juste d'arriver de Californie mais ont tous attrapé la Covid, femme et
enfants.
La drôle de guerre, 02/07/22
Le pire s'annonce sur tous les fronts, celui du climat, de la
biodiversité, des pandémies à répétition, de la famine, de la
fascisation qui gagne même les États-Unis et bien sûr le spectre d'une
troisième guerre mondiale opposant les régimes autoritaires aux
démocraties libérales. Les canicules se succèdent, la guerre fait rage
depuis plusieurs mois à nos portes, l'inflation s'accélère, l'énergie et
le blé devraient manquer, entre autres et surtout aux plus pauvres,
jamais l'effondrement du système mondial n'a paru aussi imminent mais
pour l'instant rien ne trouble encore un quotidien habituel dans
l'insouciance d'un été précoce et de grandes vacances précipitées entre
deux pics de la pandémie.
Pas étonnant sans doute mais il y a eu un retour de la dépression vite guérie avec un peu de LSA et
Rhodiola Rosea ! Tout peut s'écrouler sans être forcément déprimé...
Un solaire plug&play anti-coupure, 14/07/22
Petit article sur un problème qui bloque le marché des panneaux solaires.
On subit canicules sur canicules avec une sécheresse de plus en plus
sévère et la crainte des feux que des orages finiront par éloigner.
Sinon, j'ai plutôt la belle vie
(en dehors de relations tendues) et je travaille très lentement au
prochain articles sur l'irrationalité humaine. J'ai reçu début août un
cactus Super Pedro à mescaline que je mets de côté pour l'instant.
Ouf !, 14/08/22
Les premières pluies orageuses après des semaines de sécheresse
éloignent un peu la crainte des incendies. La pandémie recule même si
d'autres s'annoncent. La Chine a finalement cessé ses dangereuses
manoeuvres d'encerclement de Taïwan qui pouvaient déraper à tout moment
et constituaient le plus grand danger - à couper le souffle tant
qu'elles étaient prolongées. Le blocus des céréales ukrainiennes a été
levé éloignant le spectre des famines si ce n'est de l'inflation.
L'hypotension me met souvent au lit mais la santé et le moral ne sont pas mauvais pour autant.
L’irrationalité d’Homo sapiens, 18/08/22
Ce qui va distinguer les hommes modernes (semblables à nous), ce sont
surtout les signes de leurs fausses croyances, de la pensée symbolique
dit-on pour ce qui est pur délire, histoires à dormir debout et mises en
scène rituelles. Dès qu'on parle de culture, et non plus de techniques,
c'est bien l'irrationnel de mythes invraisemblables qui se manifeste
sous toutes sortes de formes artificielles et par la fabrication
d'idoles ou d'amulettes, d'objets magiques ou sacrés, jusqu'à des
constructions monumentales. Notre intelligence supérieure aux animaux
est indéniable, de même que notre accès à la rationalité, en particulier
la rationalité procédurale dont les outils fossiles témoignent
suffisamment et encore plus le langage narratif avec la question de sa
vérité ou du mensonge. Pour autant, il n'est absolument pas raisonnable
de nous identifier à cette intelligence quand nous donnons le spectacle
permanent de notre bêtise (pandémie, guerres, idéologies, religions,
etc).
Pris le 22/08 un peu de kanna (heavenly-e), agréable mais plus tonifiant
que calmant. Par contre, le lendemain j'ai voulu tester une autre
gélule à base de rhodiola (Brain-e) qui ne me réussira pas du tout et me
laissera dans un état désemparé et dégoûté de tout pendant plusieurs
jours, jusqu'à une prise de Prozac apaisante.
De l’homme religieux à l’homme de science, 04/09/22
Il n'est pas si facile de se débarrasser de tous les attributs de la
religion qui structure profondément l'expérience personnelle et la
représentation de soi, en dialogue avec un Autre, sous son regard
omniprésent (l'oeil d'Horus), produisant un type bien particulier de
personnalité, très centrée sur soi et son intériorité malgré les
apparences, et qui sera d'ailleurs à l'origine de l'existentialisme
depuis Kierkegaard. Cette personnalité religieuse magnifiée a beau nous
coller à la peau, elle est de moins en moins tenable du point de vue de
l'évolution, de la biologie et de la sociologie, mais on ne sait
manifestement pas s'en passer encore. La tâche nécessaire de notre
époque hypermoderne serait ainsi de reprendre le flambeau d'essayer de
donner forme plus réaliste à cet homme de science qui succède
inexorablement à l'homme religieux. Il faut montrer qu'un homme de
science est possible, dans sa banalité et ses faiblesses - ce dont
beaucoup doutent - qu'on n'est pas condamné à l'obscurantisme par pur
narcissisme ou révolte contre notre finitude ou besoin de se raconter
des histoires. Qu'il n'y ait pas, pour l'homme de science, de
métaphysique possible, de sens de l'univers (sens ultime de la totalité
de l'Être), n'annule aucunement le sens de notre vie, de notre être-là
dans notre monde actuel, de nos actions, de notre moment, du réel auquel
nous sommes confrontés, c'est-à-dire le sens réellement existant. Ce
difficile passage au citoyen de l'univers, du créationnisme à la théorie
de l'évolution, n'est pas tant un devoir de lucidité mais plutôt de
rendre compte de ce qui arrive.
Période calme assez bonne d'une fin d'été toujours très chaude. Cela
fait longtemps que je planifiais cet article, enfin écrit, pour lequel
les articles précédents étaient des préparations et j'en étais assez
content mais j'ai éprouvé ensuite une insatisfaction qui me l'a fait
modifier toute la semaine suivante. Mon père fait de
nouveau un passage à l'hôpital (le 4 septembre). J'avais reçu en cadeau
le 19 août un kit de culture de champignons qui n'ont commencé à pousser
que 3 semaines après, à partir du 8 septembre, et qui étaient mûrs le
13, jour où j'en ai pris frais (23g). Moins mauvais et écoeurant, avec
un peu plus d'effets visuels (surtout en fermant les yeux) mais rien de
plus, pas un moment très agréable (impossible de se tenir à quoique ce
soit), en espérant que les effets à long terme soient de nouveau
positifs.
La fin de la guerre, 20/09/22
Le sommet de l'OCS (Organisation de la Coopération de Shanghai)
à Samarcande le 16 septembre a vu un Poutine très affaibli après le
succès de la contre-offensive ukrainienne, perdant le soutien de la
Chine et de l'Inde aspirant à un retour à la paix. Cela pourrait
signifier l'abandon des velléités de troisième guerre mondiale mais pas
encore la défaite de Poutine annexant les territoires conquis.
Voulant tester les microdoses pour leurs vertus neurologiques sans
effets psychédéliques, et comme la deuxième récolte était mûre, j'ai
pris
une demi dose (10g frais) qui m'a fait pourtant plus d'effets que la
fois d'avant avec 23g (un peu plus coloré mais toujours sans trip) !
J'ai
réessayé avec 2g le 28, cette fois assez agréable, et lancé la dernière
culture de champignons. Du coup, j'ai décidé de continuer ces
microdoses (jusqu'au début novembre). Période très active, par contre,
côté santé, après une période euphorique, j'ai maintenant des
difficultés à respirer (surtout allongé).
Renverser l’idéalisme de Hegel, 15/10/22
Alors que la Logique se terminait par
l'extériorité de notre position dans l'espace et dans le temps, les
cours sur la philosophie de l'histoire évacuent d'emblée les causes
extérieures dans l'autonomie donnée à l'Esprit tout comme dans une fin
de l'histoire réconciliée où les contradictions seraient résolues. On
voit bien la solidarité entre la figure divine englobant tout l'univers,
la négation de la négation
qui conduit à la fin des contradictions (internes) et un savoir absolu
identifié à la conscience de soi. Cette métaphysique, qui ne se réduit
pas à une anthropologie mais appartient indubitablement à l'idéalisme
religieux, ne vise qu'à supprimer l'extériorité pour se réfugier dans un
grand récit - alors que toute conscience est conscience de quelque
chose et que le Da-sein est ouverture au monde. C'est ce qui justifie d'introduire la sélection naturelle et la place de l'entropie pour de
renverser son idéalisme en dialectique écologique bien plus prosaïque
et incertaine.
L’invincible liberté, 26/10/22
L'enthousiasme de la jeunesse iranienne pour la première révolution
féministe témoigne de la force irrépressible du besoin de liberté qui
n'est pas une lubie de l'Occident décadent droit-de-l'hommiste mais bel
et bien une aspiration universelle, montrant qu'il y a un énorme
potentiel révolutionnaire dans ces dictatures qui relevaient la tête
dernièrement avec la fascisation des esprits mais ne seront pas notre
avenir. Imaginez l'énergie qui pourrait venir de cette jeunesse
cosmopolite inaugurant une nouvelle ère de libertés, de féminisme et de
conversion écologique (d'unité planétaire).
Début novembre mon hébergeur depuis des années ayant arrêté son
activité, j'ai transféré mon site de façon étonnamment facile sur
hostinger.com mais la période sera dominée par les problèmes de santé
avec la pose d'un implant dentaire mais surtout des difficultés à
respirer. J'ai dû aller aux urgences le 7 novembre et arrêter de
fumer pendant 10 jours mais en voulant prendre du chocolat au Hasch le 11, je me suis
trompé dans les doses (1,4g) et j'ai fait une sorte d'overdose, sans
danger mais me transformant en zombie pendant des heures ! Après quelques
jours pour me remettre, je suis passé à des doses plus raisonnables
(0,3g) avant de recommencer à fumer.
La SNCF annulant au dernier moment mon train, j'ai pris le risque de
venir en voiture à Paris pour l'anniversaire de mon père que je ne vois
qu'une fois tous les 6 mois (mes seules sorties). C'était du moins le
signe d'une assez bonne forme.
On est trop cons, 30/12/22
Voilà, c'est un fait massif auquel il faut bien se résoudre à la fin. On
ne peut pas dire que ce soit une découverte pourtant, on peut même dire
qu'on le savait depuis toujours - comme tout ce qu'on refoule - mais il
faut croire qu'on ne peut pas s'y faire, que c'est même interdit de le
dire, très mal vu et désobligeant, à l'opposé du respect exigé et de ce
qu'on nous enseigne partout, flattant au contraire notre supposé "bon
sens" démocratiquement partagé et notre intelligence supérieure. C'est
seulement petit à petit, d'échecs en échecs qu'il a fallu reconnaître
notre rationalité limitée, d'abord par une information imparfaite, puis
la commune connerie des biais cognitifs, mais bien plus encore par
l'irrationalité d'Homo sapiens et son conformisme congénital - sans
doute nécessaire à la transmission de savoirs traditionnels mais
complètement borné, inaccessible à la critique et adoptant sans
sourciller les croyances les plus folles pourvu que ce soient celles de
son groupe (les idoles de la tribu). La démonstration n'est plus à faire
de notre propension à croire n'importe quoi, mythes ou religions qui
signent simplement nos appartenances, influence sociologique primordiale
de récits fondateurs, d'idéologies ou de simples modes.
Comme dit à la fin de l'article : "Tout cela en guise d'explication pour
l'arrêt du blog depuis 2 mois... le fait d'avoir été obligé de censurer
les commentaires, à cause des polémiques déclenchées par la pandémie
puis la
guerre, a fini de me convaincre d'arrêter les frais, arrêter de nourrir
la connerie". C'est une grosse pause et la fin des commentaires.
Passage à une
nouvelle page en 2023 pour une nouvelle phase du blog, sans commentaires.