Bio-graphie

Chronologie et situation des textes



Résumé du blog

2016 - 2017 - 2018 - 2019 - 2020 - 2021 - 2022
suite...

Textes du XXème siècle
Années 2001-2006
Années 2007-2010
Années 2011-2015


2016 - rétrospective, histoire de la philosophie, constitutions mixtes, Brexit, Trump... (63 ans)

10/2015L'année s'annonce mal, sous la conjonction des crises économique, politique et migratoire. El Niño nous a gratifié d'un hiver trop doux (jamais il n'a fait si chaud) et ma situation reste précaire mais avec une santé (et un moral) pour l'instant au top.

Revue des sciences janvier 2016, 01/01/16
Le retard des technologies - Pourquoi rêvons-nous ? - Quand l'environnement façonne les langues - Un "holomètre" montre que l'espace-temps est continu, pas quantique - Production d'un couple proton-antiproton par annihilation électron-positron - La feuille artificielle bientôt opérationnelle ? - Des ballons solaires en altitude - Siemens veut convertir du CO2 en carburant avec le soleil - Une colonne d'algues pour capturer le CO2 - Les particules métalliques, carburant propre de l'avenir ? - Les météorites en phosphures de fer (schreibersite) à l'origine de la vie ? - Les eucaryotes, une réaction à la toxicité des océans ? - Des animaux marins couvaient leurs oeufs il y a 500 millions d'années - Des couples d'oiseaux discutent pour se répartir les tâches - Les hommes dorment moins et mieux que les singes - La domestication du chien datée par l'ADN de 33 000 ans -Des Homo Habilis, il y a 14 000 ans au sud-ouest de la Chine ? - L'agrégation hiérarchisée au principe de l'abstraction dans le cerveau - Conscience/inconscience, question de fréquence - Le cerveau prend ses décisions dans l'action - La caféine change radicalement la connectivité du cerveau - Les mauvaises actions plus considérées comme intentionnelles que les bonnes - Les hommes pauvres ont moins de testostérone et vieillissent plus vite - Le THC agit comme l'ocytocine - Une caméra laser qui voit même dans les coins - Un smartphone transformé en imprimante 3D - Naviator, le drone qui va aussi sous l'eau


Revenu bien fatigué des fêtes et de la revue des sciences (avec une version de LibreOffice buggée produisant des pdf inutilisables - corrigé depuis). L'hiver arrive enfin et la réparation de la chaudière tient pour l'instant...

01/2016Rétrospective 2006-2015, 13/01/16
Si j'ai voulu revenir sur mon parcours de ces dix dernières, c'est que sa cohérence m'est apparue après-coup et que j'ai éprouvé le besoin de faire le point sur une évolution qui n'était sans doute pas seulement la mienne dans ma génération. On peut dire, en effet, que notre situation métaphysique et politique a radicalement changé depuis notre jeunesse, poursuivant le mouvement d'une sortie de la religion, qui ne date pas d'hier, par une sortie de la politique (ou du théologico-politique des grandes idéologies). Que cette situation soit objectivement la nôtre dans nos démocraties pluralistes à l'heure de la globalisation numérique, ne signifie pas une fin de l'histoire achevée, loin de là, nourrissant au contraire des réactions agressives de retour du religieux ou de la Nation (des guerres de religions et du rejet de l'étranger) avec les appels lancinants d'intellectuels attardés au réenchantement du monde et au retour des utopies les plus naïves. La belle unité de la pensée et de l'être comme de l'individu et du cosmos est rompue, c'est le non-sens premier, l'absurde de nos vies (la misère de l'homme sans Dieu) que l'existentialisme avait déjà affronté mais qui maintenait une primauté du sujet. Ma propre évolution, qui a pris beaucoup de temps, peut se lire comme un approfondissement du matérialisme et du domaine de la nécessité, de déterminations extérieures, sans pour autant viser, comme le stoïcisme à l'acceptation de son sort ni, comme le marxisme à une impossible réconciliation finale.


En fait, ce qui m'apparaît après-coup, c'est que mon évolution réelle aussi bien politique que philosophique peut être vue comme les conséquences (ou un renforcement) de ce qui a été vu dès le départ presque des alternatives locales à la globalisation marchande qui résultait déjà de la déception politique sans pouvoir l'admettre complètement.

Et si tout ces bouleversements finissaient par s'arrêter ?, 16/01/16
Vers la fin de l'histoire. Les transformations s'accélèrent sur tous les plans. On ne sait jusqu'où ça peut aller, ayant tant de mal à suivre le rythme, mais, en fait, ce qui se passe, c'est plutôt qu'un monde s'écroule et qu'un autre le remplace. L'accélération technologique n'est peut-être que passagère (et manifestant déjà un certain ralentissement ?), non que les progrès techno-scientifiques puissent jamais s'arrêter mais ils pourraient perdre de plus en plus leur caractère "disruptif" bouleversant l'organisation sociale à mesure qu'une nouvelle organisation se met en place. Il ne sert peut-être à rien de se projeter à trop long terme alors que notre situation immédiate est toute autre mais il me semble qu'on peut prendre pour hypothèse au moins la possibilité qu'on s'achemine vers une certaine stabilisation après la phase d'équipement et l'adaptation des institutions ou des rapports sociaux au nouveau monde numérique. La nouvelle économie ayant besoin d'autonomie et de compétences spécialisées exige une individualisation des parcours fortement entropique, ce qui lui donne une grande inertie et limite beaucoup les capacités de changements globaux, tout comme d'empêcher les mélanges. De même, plus le local prendra de l'importance et moins on pourra agir de façon centralisée, l'ordre global devenant à peu près immuable. Ce prospectivisme est à l'opposé de la construction de sa petite utopie formant le monde à sa convenance puisqu'il faut au contraire essayer de comprendre les mesures qui s'imposeront au regard de la globalisation en cours et des évolutions du travail ou de la prise en compte de la dimension locale du développement humain.


La naturalisation du capitalisme, 26/01/16
Les critiques du capitalisme ont toujours réfuté la naturalisation du capitalisme. Certains vont même remonter jusqu'à la préhistoire pour démontrer que le capitalisme n'existait pas du tout à cette époque, et que donc nous pouvons vivre sans ! Il faut dire que ces critiques mènent souvent, sinon à la négation de l'évolution, du moins à prendre leurs distances avec le darwinisme considéré comme simple expression de l'idéologie capitaliste. L'essentiel à reconnaître pourtant, c'est d'abord l'évolution elle-même, sa dynamique comme phénomène extérieur qui s'impose à tous et dans lequel nous sommes pris. Il est clair que l'économie ne renvoie pas du tout à un état de nature originaire puisqu'elle repose largement sur l'Etat de Droit et des constructions juridiques relativement récentes. Cependant, pour Marx, le capitalisme est bien une conséquence naturelle du machinisme et un stade nécessaire de l'évolution - supposé préparer le communisme. En fait, les économistes qui invoquent le caractère naturel du capitalisme disent seulement qu'on aboutirait au capitalisme lorsqu'on laisse les choses évoluer d'elles-mêmes. C'est dès lors la même chose de parler de marché, de libéralisme ou de capitalisme puisqu'il s'agit à chaque fois de laisser faire les marchés à l'opposé de tout volontarisme planificateur. En effet, aussi incroyable que cela puisse nous paraître, l'évolution "naturelle", libre, folle, se révèle étonnamment plus productive qu'une planification rationnelle. L'hyperpuissance américaine valide son système économique qui lui donne cette domination planétaire. Hayek explique l'échec de l'économie administrée par l'impossibilité d'une information parfaite, il me semble plus exact de parler d'une sélection par le résultat conformément au mécanisme darwinien, non pas qu'il faudrait justifier ainsi l'élimination des plus faibles mais seulement la supériorité du jugement a posteriori sur le jugement a priori et de la détermination par l'extérieur sur notre propre volonté (ou savoir). Ce qui est sûr, c'est que nous ne récupérons pas la main, tout au contraire et s'il y a une sorte de fin de l'histoire, ce n'est pas du tout d'être arrivé au but mais de ne plus pouvoir rien changer fondamentalement même si tout change tout le temps.


Joël de Rosnay m'a donné son dernier livre à lire et critiquer, cela a retardé la publication de ce dernier article empiétant sur la période de la revue des sciences, ce qui chargera un peu plus les jours suivants mais, globalement, je vais très bien.

Revue des sciences février 2016, 01/02/16
La matière manquante de l'Univers cachée dans la toile cosmique - Propager la résistance au paludisme chez les moustiques - Que serait un temps symétrique à l'espace ? - Des variations de luminosité inexplicables - Le trou noir de notre galaxie se réveille - De nouvelles planètes dans notre système solaire ? - Un tissage nanométrique apporte solidité et flexibilité - Le réchauffement des océans aurait doublé depuis 60 ans - Un polymère transparent qui stocke la chaleur - Un revêtement d'herbe en plastique fait de l'électricité avec le vent - Les cellules dendritiques réagissent par épigénétique aux infections - Un ver qui a 5 formes différentes - Il y a 10 000 ans, un massacre entre chasseurs cueilleurs - Les contes de notre enfance peuvent avoir 6000 ans - Une méthode géométrique de calcul intégral des Babyloniens - L'incertitude motive l'exploration par l'acétylcholine (et le tabac) - Plus de types de synapses qu'on croyait multiplie les informations traitées - Le son de notre propre voix influence nos émotions - La greffe de tête sur des singes et des souris, une réussite ? - Une puce dans le cerveau qui se dissout - La schizophrénie, une perte massive de synapses à l'adolescence - Effet oxydatif des nanoparticules sur les macrophages - Le cancer se déclenche quand une cellule mutée redevient cellule souche - Un robot qui aide les spermatozoïdes à atteindre l'ovule ! - Détacher une roue de la voiture pour en faire un monocycle - Un drone-taxi octocoptère pour se déplacer - Des dirigeables stratosphériques comme satellites d'observation


Le fait de toucher la prime d'activité (de presque 250€) va un peu améliorer mes finances toujours très limites (heureusement que la chaudière tient pour l'instant).

Les philosophies du bonheur, 10/02/16
Stoïcisme, épicurisme et sceptiques. Les divisions se produisent dès lors qu'on prétend se fonder sur la raison et non sur l'autorité du lieu. Il ne s'agit plus seulement de savoirs rationnels mais d'une modification de notre position par rapport aux savoirs et par rapport aux autres, en même temps que changeait la position du citoyen dans l'Empire. Notre propre situation depuis la globalisation marchande et la fin du communisme offre quelques ressemblances avec celle de la constitution de l'Empire (hellénique puis romain), véritable mondialisation à l'époque, se caractérisant à la fois par la fin de la politique et de la citoyenneté active, en même temps qu'une perte d'unité culturelle, confrontée à la diversité des peuples et des croyances. C'est déjà l'émergence de l'individu, de l'intériorité avec la vogue des philosophies du bonheur qui entre en résonance avec la mode actuelle. Contrairement à ce qu'on pourrait penser, la diversité et l'individualisation favoriseront plutôt la dogmatisation de la philo-sophie devenue sagesse. En effet, les philosophies du bonheur sont prescriptrices, c'est donc par nécessité qu'elles prennent la forme d'un dogmatisme. La contradiction est manifeste entre une philosophie comme recherche de la vérité (qui blesse) et une médecine de l'âme nécessitant de faire taire toute critique, simple psychologie de la soumission manipulant nos représentations (comme le cognitivisme aujourd'hui). Derrière l'affirmation de notre appartenance au cosmos et à l'humanité, on peut voir la tentative de retrouver une communauté, idéalisée, pour compenser la perte de la communauté politique originelle dans l'Empire universel. Ce qu'il faut souligner, c'est comme la destruction de l'unité sociale et l'unification de l'Empire se projettent en aspiration à l'universel et à la totalité qui se heurte cependant à la pluralité des philosophies et des religions pour ne plus reconstituer qu'une appartenance de secte : on se reconnaît comme stoïciens ou épicuriens. Epicure paraît, certes, plus sympathique, moins exigeant, sa philosophie n'en reste pas moins destinée elle aussi à nous empêcher de penser, instrumentalisation de la vérité au profit d'un calcul des plaisirs. Il s'agit comme dans le stoïcisme, de trouver quelque formule magique pour ne plus souffrir et nous guérir de la conscience de la mort.


Article écrit avec bonheur ! Cela a été l'occasion de me plonger dans l'histoire de la philosophie d'Emile Bréhier. Période sans souci bien que n'arrivant plus à travailler...

Pascal, la misère de l'homme et son terrible ennui, 16/02/16
Il est intéressant de voir comme le vrai peut venir du faux, et ce que la religion - qui a pris la suite des philosophies du bonheur et de leur échec - peut révéler de nous et de nos faiblesses. En effet, cette lucidité n'aurait sans doute pas été permise si Pascal n'en proposait immédiatement le remède trompeur de la foi dans une vérité révélée, autre façon de s'empêcher de penser. Il faut dire que cette voie chrétienne vers le bonheur se distingue du tout au tout des philosophies du bonheur précédentes d'abord par le rejet du moi (haïssable) jusqu'au sacrifice qui non seulement se prive des plaisirs mais valorise la souffrance (ce qui ferait gagner des points pour son ciel!). L'essentiel, c'est de se délivrer du souci de soi pour renvoyer la charge de la cause sur un Autre. On peut reconnaître, dans sa critique implacable, la réalité de nos existences déniée par l'idéalisme et par les philosophies du bonheur, notamment ce terrible ennui qui nous poursuit et nous précipite dans le divertissement pour nous empêcher de penser à nous. C'est aussi ce qui fait la valeur du travail et rend si invivable le chômage. Cela n'empêche pas que la religion est sans doute le plus grand des divertissements mais s'il n'y a pas d'harmonie préalable, de nature à suivre, de plaisir satisfaisant, la question de l'aliénation doit être reprise sous un autre angle que celle d'une altération, d'une dénaturation dès lors qu'elle est déjà au départ.


Je voulais écrire un article politique, mais c'est tellement désespérant que je me suis consolé avec Pascal.

03/2016Revue des sciences mars 2016, 01/03/16
Des particules d'énergie nulle pour résoudre le paradoxe des trous noirs - Se masquer pour faire le mal - La détection des ondes gravitationnelles - Aller sur Mars en 30mn ! - La traque de la planète X commence - La théorie quantique des ondes guides de David Bohm relancée - Dans les sédiments, l'Anthropocène commence en 1950 - La fonte des glaciers augmente le volcanisme (et le CO2) - Des arbres artificiels qui transforment les vibrations en énergie - Des batteries à 54$ par kWh - S'éclairer avec des bactéries - L'homme de Florès, un Homo erectus ? - La crainte des dieux rapproche des communautés éloignées - Pas d'effondrement à l'Île de Pâques ? - Le séquençage minute de l'ADN - Cultiver des neurones pour remplacer les neurones détruits - Un implant bionique contrôle un exosquelette par la pensée - Les IPP (anti-acide) augmentent de 50% le risque de démence - La cryogénisation du cerveau progresse - Tester soi-même le cancer du poumon ou de la bouche avec sa salive - Les ondes de choc par ultrasons, meilleure alternative au Viagra ? - Un bio-superordinateur à base de protéines et alimenté par ATP - Un smartphone indien à 3,30€ - Valider un paiement par smartphone avec un selfie - L'imprimante 3D tous métaux - Le temps des robots humanoïdes dans l'industrie est venu


Droit du travail : l'occasion manquée ?, 08/03/16
Pour certains, ça y est, c'est le grand soir. Le risque est grand pourtant qu'on assiste plutôt à un baroud d'honneur, un dernier combat d'arrière garde avant la disparition de la gauche annoncée et le retour d'une droite dure. Les choses sont en tout cas très mal engagées, comme si toute la vieille gauche tombait dans le piège de démontrer son archaïsme et qu'elle n'a rien à dire sur nos nouvelles conditions de vie, simple rejet de la mondialisation et des nouvelles forces productives au nom d'une société salariale mythifiée. Cela pourrait être aussi son moment de vérité et ouvrir à une réflexion plus en profondeur sur les évolutions du travail et les nouvelles protections nécessaires au travail autonome et à l'extension de la précarité, au lieu de s'arcbouter sur le salariat du passé et la défense des droits acquis (souvent en vain). Le moins qu'on puisse dire, c'est que, pour l'instant, on est loin de prendre le chemin d'une vision d'avenir et d'une remise à plat du droit du travail pour affronter l'économie numérique et conquérir de nouveaux droits. Impossible pour les syndicats de salariés de lâcher la proie pour l'ombre et, de toutes façons, avec le nombre de débats à gauche sur le sujet, on sait bien qu'il est impossible de se mettre d'accord sur ces questions chargées d'idéologie et qui ne se règlent à chaque fois que sous la pression des faits.


Après une assez longue période relativement heureuse, tout-à-coup, c'est la mouise avec une série de problèmes qui m'épuisent. Il y a d'abord eu une petite crève qui m'a bien fatigué puis le chauffe-eau qui est tombé en rade, puis un robinet qui casse mais surtout mon médicament n'étant plus disponible mon état s'est fortement dégradé, très nerveux et perdant toute résistance. Du coup j'ai abîmé la voiture (cassé des bouteilles, etc) et la vie me pèse, sans plus aucun désir...

Avant-première : rajeunir, fin d'Uber, boom des renouvelables, 20/03/16
Il m'a paru intéressant de faire part en avant-première de trois nouvelles importantes témoignant de l'accélération technologique mais qui risquaient d'être noyées dans la Revue des sciences (la capacité de rajeunir les cellules en manipulant leurs gènes, on pourrait se passer d'Uber grâce à la blockchain et les renouvelables pourraient passer à la vitesse supérieure en dynamisant une économie atone).


La déroute annoncée de la gauche, 22/03/16
Il semble bien que les élections présidentielles soient faites pour nous faire délirer. Il y a en tout cas un certain nombre qui décollent de la réalité et se montent la tête à s'imaginer que ce pourrait être la réalisation de leurs rêves les plus fous. Véritable dissonance cognitive, dans les débats plus ou moins groupusculaires d'une gauche éclatée, la montée du Front National est minimisée voire complètement refoulée. Non seulement on fait comme si la menace nationaliste/identitaire/autoritaire n'existait pas et ne montait pas un peu partout en Europe mais, en plus, Mélenchon en sauver suprême et ses partisans souverainistes ne font que la renforcer tout en s'imaginant, ce qui est complètement délirant, qu'il pourrait gagner l'élection alors qu'il ne fera que précipiter l'élimination de la gauche ! Il faut le répéter, notre principal obstacle n'est pas tant l'ennemi que notre propre connerie, celle d'une gauche dispersée devenue hors jeu. Le plus embêtant, c'est non seulement qu'il semble bien qu'on ne puisse empêcher la déroute de la gauche mais qu'elle est sans doute nécessaire pour se reconstruire sur d'autres bases. Ses perspectives actuelles se réduisent le plus souvent à un changement de constitution, la sortie de l'Euro et la défense des droits acquis. Rien sur la nouvelle économie. La mesure la plus audacieuse serait une nouvelle réduction du temps de travail. On se frotte les yeux sur ce qui se présente comme une mesure d'avenir alors qu'elle ne pourra s'appliquer qu'à un nombre toujours plus restreint d'activités, les autres ne se mesurant plus par le temps ! C'est vraiment le témoignage à la fois du manque d'idées de la gauche, de son décalage avec les évolutions du travail, son refus d'admettre les échecs des 35H et surtout une incroyable erreur d'ordre de grandeur entre un chômage qui se compte en millions et les quelques centaines de milliers d'emploi pouvant être créés à court terme. C'est tellement à côté de la plaque qu'il y a de quoi en rester pantois.


C'est un texte largement écrit en février mais que je ne trouvais pas opportun de publier alors que la contestation de la modification du code du travail commençait. Il est mal tombé, puisque le jour des attentats de Bruxelles, mais, comme le précédent, c'est un peu une façon de combler ma vacuité (posant la question de continuer le blog). Après un problème de robinet qui fuit, c'est le mal de dos qui est revenu (ça faisait longtemps!), la période n'est vraiment pas faste...

Revue des sciences avril 2016, 01/04/16
6 milliards d'Africains ? - La coopération plus efficace à long terme - La matière noire serait faite des trous noirs détectés par les ondes gravitationnelles - La propulsion à l'antimatière pour se rapprocher de la vitesse de la lumière - Un nouveau boson (graviton?) au LHC ? - Une superposition quantique spatiale d'un demi micromètre - Le volcanisme, plus grand danger d'extinction - Émissions de CO2 : du jamais-vu depuis l'extinction des dinosaures - La fonte de l'Antarctique sous-estimée les océans vont monter de +2m - L'Europe à l'abri des fluctuations climatiques ? - Le refroidissement radiatif - CO2NCRETE, utiliser le CO2 pour faire du béton - Hyperions, près de New Delhi : l'éco-quartier le plus délirant - La cellule minimale a 473 gènes - CRISPR-cas9 un nouvel outil très flexible pour les chercheurs - Les virus géants intègrent l'édition de gènes contre les autres virus - La raie manta arrive à se reconnaître dans un miroir ? - Les chimpanzés peuvent avoir des sortes de rites - Pour parler, il fallait d'abord moins mâcher grâce à la viande coupée - Il y a eu plusieurs croisements avec Neandertal - Le mécanisme d'oubli au coeur de l'apprentissage - Le vieillissement programmé des mouches jusqu'à nous - Il ne s'agit plus de réduire le vieillissement mais de rajeunir - Une puce dans le cerveau pour réguler les niveaux de dopamine - La stimulation électrique du cerveau augmente les niveaux de calcium - Un patch cardiaque relié au médecin - L'holoportation - La boule pour remplacer la roue ? - Sophia un robot troublant - L'hyperloop en Slovaquie ?


La chaudière à bois s'est mise de nouveau à fuir. J'ai fait un gros loupé dans mon boulot (une redite du mois dernier) et le fait de ne pouvoir intégrer le mouvement social achève de me déprimer, avec l'envie d'arrêter le blog...

La pénétration de la science dans la philosophie, 15/04/16
Descartes, Spinoza, Leibniz. Confrontées à la science naissante, ces philosophies explicitement déistes participeront malgré elles à la sortie de la religion au profit d'un pur rationalisme sur lequel (et contre lequel) l'autonomie de la science pourra se construire. L'événement, ici, c'est Galilée et la mathématisation de la mécanique. On va assister dès lors à la pénétration de la science dans la philosophie, que ce soit avec le monde mécanique de Descartes ou la méthode géométrique de Spinoza composant ce qui se voulait une philosophie scientifique. Il y a des conséquences importantes des conceptions spinozistes sur les mouvements sociaux. Si on n'est plus certes dans le libre-arbitre, que nos pensées claires et distinctes sont bien déterminées et nécessaires, du coup elles peuvent être exprimées par quiconque, même si ce n'est qu'un petit nombre de philosophes rationnels délivrés de toute ignorance (alors que la foule est menée par l'émotion). Chacun étant relié à la totalité (Dieu), n'importe qui peut dire la vérité qui est un bien commun nous préexistant comme les propriétés du triangle. De plus, l'action rationnelle dépassant les passions est supposée unifier tous les hommes sans discussion. Il est clair que cette conception politique mène inévitablement à prendre le point de vue du pouvoir, si ce n'est de la technocratie, en tout cas de l'unité du peuple contre la lutte des classes. La suite de l'histoire de la philosophie va en ruiner tous les fondements. D'abord, c'est l'accès à la raison qui sera contesté (et donc de pouvoir agir selon la raison), ensuite c'est la passion qui sera revalorisée (au détriment même de la persévérance dans l'être) sinon la négativité comme moteur de transformation y compris contre soi-même, enfin, sans devoir nier que le désir est l'essence de l'homme, cela prendra un tout autre sens à le comprendre comme désir de désir, désir de reconnaissance et non d'une simple perfection ni expression de nos besoins. Ce qui apparaît, en effet, dans ces philosophies rationalistes, c'est l'absence de l'Autre sous un autre mode qu'un Dieu de pure raison. Il n'y a pas de dialogue dans une démonstration géométrique, pas de place pour l'opinion des autres ou le conflit.


Ecrit en grande partie pour réfuter le spinozisme de Lordon qui me semble à la fois imbécile et dangereux, j'en donne ici les raisons de fond. C'est sans doute sur un malentendu, parce qu'il y a le mot "pénétration", que ce texte a été le plus cliqué, je ne dis pas lu...

A la place de la République, 19/04/16
Au lieu d'un renouveau, l'occupation des places manifeste la désorientation et l'état de décomposition de l'extrême-gauche tout autant que de la gauche avec cette mise en scène spectaculaire de la démocratie à la place de la république et de ses institutions. Le plus frappant, c'est qu'on voudrait se persuader qu'on est ici dans une première fois, que c'est une mobilisation inédite alors qu'il n'y a pourtant, à l'évidence, qu'imitation de ce qui a déjà échoué - que du déjà vu et déjà bien entendu. Certes, on peut dire que ce mouvement d'occupation des places prolonge le printemps européen, mais comme l'arrière-garde de ses défaites. Ce mouvement ni spontané ni nouveau n'est pas l'étincelle qui met le feu à la prairie mais plutôt les dernières braises fumantes, avec quelques années de retard, de bien plus grandes manifestations d'aspirations démocratiques, sans plus de résultat. Il faut dire de quoi cette mise en scène est la caricature, car la véritable démocratie, c'est effectivement la démocratie de face à face et donc qui s'exprime d'autant mieux sur des places sans doute, démocratie directe légitime en tant que démocratie locale mais qui n'a aucun sens à vouloir décider pour les autres (un pays tout entier si ce n'est le monde) !


Je me suis déchiré un muscle en arrivant à Paris, n'ayant pu du coup me rendre place de la République ! Toujours à devoir réparer quelque chose dans une maison trop vieille et toujours d'humeur dépressive, en manque de médicaments non disponibles mais ça va quand même un tout petit peu mieux...

Revue des sciences mai 2016, 01/05/16
Les multiples visages de la matière noire - Le théorème du libre-arbitre - L'EmDrive renouvelle la conception de l'inertie comme effet relativiste - Le noyau terrestre est 2,5 ans plus jeune que la surface - Des empires galactiques dans les amas globulaires? - L'activité tectonique refroidit la Terre depuis 80 millions d'années - Il y a 3 millions d'années les rayons cosmiques de supernovae ont refroidi la terre - 2500 panneaux solaires en orbite pour fournir de l'énergie sur Terre - Des métamatériaux pour le thermophotovoltaïque - Les Chinois s'équipent de 20 centrales nucléaires flottantes - Le bombardement de Mars aurait favorisé la vie ? - L'extinction programmée - Un langage de programmation simple pour des circuits d'ADN complexes - Quand le spermatozoïde féconde l'ovule un flash lumineux se produit - Les dauphins se parlent pour résoudre des problèmes - Il n'y avait pas d'homme hybridé avec Néandertal - L'homme naturellement polygame, serait devenu monogame à cause des maladies sexuelles - 50% des hommes européens de l'ouest descendraient d'un roi de l'âge du bronze - Les insectes conscients d'exister ? - La conscience comme conscience du temps ? - Cartographier les mots dans le cerveau pour lire dans les pensées - Un vaccin pour tous les virus ? - Un traitement génique allonge les télomères - Des implants pour restaurer la mémoire testés sur des patients - Détecter la psychose par une prise de sang ? - La neuroimagerie du LSD - Se greffer des coeurs de porc ?


L'erreur de Marx, 08/05/16
Marx se trouve dans un entre-deux, suivant l'introduction de l'histoire dans la philosophie par Hegel mais précédant l'explication scientifique de l'évolution de Darwin, publiée en 1859 alors qu'il venait tout juste de définir sa propre conception du matérialisme historique dans la préface de sa "Contribution à la critique de l'économie politique". Le renversement de la dialectique hégélienne se contentera de mettre l'Homme à la place de l'Esprit alors que, plus conformément au darwinisme (et au concept d'information), c'est une causalité extérieure et après-coup qu'il aurait fallu substituer à l'auto-développement d'une conscience de soi. L'ironie, c'est qu'il faut bien admettre que ce facteur économique posé comme absolument déterminant a justement été l'élément décisif de l'échec du collectivisme - de faire beaucoup moins bien économiquement que le capitalisme alors que Marx était persuadé que ce serait le contraire, qu'une approche rationnelle de l'économie serait plus productive qu'un système aveugle, instable et destructeur. Cette dure leçon de l'histoire nous fait éprouver une nouvelle fois les limites de notre rationalité qui se manifeste avec l'échec d'une rationalisation de l'économie qui butte sur le réel. On peut dire que l'histoire lui a donné raison sur la détermination techno-économique mais tort sur la planification collectiviste et il faut en tirer tous les enseignements. Parler de l'erreur de Marx, c'est souligner ce qui faisait tenir ensemble matérialisme et révolution, une rationalisation de l'économie et de l'histoire qui devait se traduire par une production supérieure et qui n'a pas été vérifié du tout dans les faits. Avec le numérique et les nouvelles forces productives qui bouleversent les anciennes structures industrielles, la question qui se pose est bien de repartir des principes matérialistes du marxisme en économie, et donc de l'efficacité productive, au lieu de retomber dans le conflit des utopies ou des modes de vie, mais l'échec du communisme ne peut signifier longtemps le triomphe d'un capitalisme dérégulé. C'est plutôt qu'une négation est toujours partielle et doit composer avec ce à quoi elle s'oppose (dans une économie plurielle et non totalitaire).


Comme Un, 18/05/16
Lorsque les croyances religieuses n'ont plus été tenables scientifiquement et que "la mort de Dieu" est devenue une réalité au moins politique, il n'y aura pas de préoccupation plus pressée que de lui trouver des substituts (Etre suprême, religion de l'humanité, dieu à venir). D'autres réactions anti-système et anti-scientiste, s'opposant à "l'insurrection de l'esprit contre le coeur", vont se tourner du côté du vitalisme, du subjectif et de l'expérience vécue. Ce qu'elles nous apprennent, c'est au moins que sciences, raison et matérialisme ou utilitarisme ne sont que la moitié du monde. Il ne peut y avoir d'ambigüité, privilégier les causes économiques et matérielles dans l'histoire et la politique ne peut signifier tout réduire au matérialisme le plus sordide, s'oublier soi-même en tant qu'existence, pour finalement se comprendre soi-même à la manière d'un étant intramondain. C'est toute la dimension symbolique, imaginaire, idéale, surréelle qui constitue notre existence spirituelle comme séparée du corps, négation du biologique et de ses déterminations au nom de l'intériorité revendiquée de l'expérience subjective alors même qu'elle renvoie le plus souvent à une religion commune et un extérieur transcendant (c'est la société intériorisée). Ce parcours qui va de l'extériorité à l'intériorité, de la solidarité, l'unité, l'amour au Bien, à l'Idéal, l'Esprit et finalement à un Dieu totalisant représentant la société, semble bien définir une anthropologie de la religion. Le spirituel, le langage, la culture, les émotions collectives, la solidarité non seulement existent réellement mais c'est là notre monde. Il ne s'agit pas de le nier à simplement constater que ce sont les déterminations matérielles qui sont décisives en dernière instance. Il n'y a pas que le travail et l'économie, la partie rationnelle de la vie, il y a aussi les relations humaines ainsi que nos rêves et fantasmes, les histoires qu'on se raconte. Une humanité dépouillée de cette dimension spirituelle et poétique, de l'amour comme de la solidarité, perdrait effectivement beaucoup de son humanité. Même si on est un athée endurci, on peut donc tout-à-fait défendre une stricte laïcité positive envers les religions mais, ce qui est sûr, c'est que vouloir mêler politique et religion (ou idéologie), c'est l'embrouille et mène au pire. On a besoin en politique d'un regard dégrisé et de stratégies réalistes mais il n'est pas question pour cela de se limiter dans nos vies personnelles au raisonnable et à l'utilitaire, pas plus qu'on ne pourrait se passer de morale individuelle sous prétexte que la politique ne peut se ramener à la morale. Simplement, on se situe dans un cadre pluraliste de choix individuel et non politique. Dans le texte "Un se divise en deux", j'avais argumenté contre l'idée de cosmos ou d'ensemble de tous les ensembles, d'unité avec l'univers et ses espaces infinis, notamment par l'opposition de la vie à l'entropie qui est la loi la plus fondamentale de l'univers (exister, c'est résister, on se pose en s'opposant). L'unité reste cependant objective comme entre la biosphère et la planète. Il y a de l'Un mais aussi du multiple, une pluralité irréductible de façons de nous unir et surtout, paradoxalement, rien de mieux pour sentir cette communion que d'être dans la dissidence, dans l'opposition, l'alternative voire la transgression ou la clandestinité, contradiction d'une unité qui ne s'affirme jamais mieux que dans la division, contre un ennemi commun.


Quel chômage technologique ?, 21/05/16
Compte-rendu d'une étude de l'OCDE qui ramène à 9% les emplois menacés par l'automatisation loin des 47% annoncés précédemment. Il devrait y avoir un impact social fort qu'il ne faut pas minimiser, pas plus que la tendance à sortir du salariat, mais ce n'est pas la même chose qu'une "fin du travail". Il est crucial en tout cas de faire les bonnes évaluations. Il est intéressant de voir que la nécessité d'un revenu de base est de plus en plus reprise comme moyen de compenser la baisse des revenus (et déjà presque mis en place avec la prime d'activité). Par contre je suis un peu étonné que la réduction du temps de travail soit évoquée.


Moment tranquille où je vais plutôt bien (c'est un peu l'été déjà quoique j'ai froid le matin dans la maison) mais j'ai de plus en plus de mal à me mettre à la veille scientifique, accumulant les retards (y compris dans mon courrier).

Revue des sciences juin 2016, 01/06/16
Composer un génome humain artificiel - L'Intelligence artificielle malveillante - L'olivine de la croûte terrestre pour réduire l'acidité de l'océan - Un ciment d'argile sans chauffage - Bangladesh : un climatiseur sans électricité - Pour éradiquer ses carpes, l'Australie répand une forme d'herpès dans ses fleuves - La butyrylation des histones, 3ème mécanisme épigénétique - Une grotte occupée par Néandertal, il y a 176 000 ans - Les populations eurasiennes de 45 000 à 7000 ans - La première guerre mondiale des peuples de la mer finit à Troie ? - Les circuits de la récompense et de la peine sont bien distincts - Les zones des mathématiques sont distinctes des zones du langage - Redonner vie à des cerveaux morts ? - En greffant un utérus à un homme, il pourrait enfanter ? - L'exposition aux ondes augmenterait les cancers du cerveau et les problèmes cardiaques - Les plaques amyloïdes protègeraient le cerveau d'infections - Une molécule géante conçue par ordinateur neutraliserait de nombreux virus - Des écouteurs qui s'adaptent à votre audition - Un avion personnel


Il pleut, il pleut...

La division du sujet, 08/06/16
Bergson, existentialisme, structuralisme, post-modernisme
L'enjeu de la réaction spiritualiste après le scientisme du XIXè était bien d'échapper à l'objectivation scientifique pour revenir à l'expérience subjective, mais la surprise, c'est que ce retour au sujet sera celui d'un sujet divisé (non plus entre sujet et objet mais entre conscient et inconscient, authenticité et aliénation, raison et passion, individu et collectif). Il ne faut d'ailleurs pas voir ce sujet divisé comme un simple dualisme, une double personnalité, mais une multiplicité où se dissout déjà l'image de l'homme sous des causalités extérieures différenciées (biologiques, psychologiques, sociales, culturelles). Dans les toutes premières années du XXè siècle, s'est ajouté un choc comme on n'en a plus connu à ce point depuis avec la relativité et la physique quantique ruinant définitivement le rationalisme et déqualifiant nos propres représentations, de sorte qu'on peut dire effectivement qu'on a eu dès le début du XXè siècle, tous les ingrédients de la suite - avec le passage du spiritualisme à un marxisme scientiste puis à l'existentialisme, puis au structuralisme, pour finir dans la déconstruction post-moderne et relativiste de la French Theory et des cultural studies qui brouillent les oppositions et nous laissent la tâche de reconstituer l'unité du sujet dans sa responsabilité morale et collective au moins.


06/2016Assez content de cet article qui reprend "La philosophie en France au XXè" de Frédéric Worms dont j'avais déjà rendu compte dans "la philosophie entre-soi".

Une petite histoire (actualisée) de la philosophie, 11/06/16
Recueil des articles sur le sujet : Désir et critique de la sagesse chez Socrate - Amour et vérité - L'évolution d'Aristote - Les philosophies du bonheur - Pascal, la misère de l'homme et son terrible ennui - La pénétration de la science dans la philosophie - L'erreur de Marx - Comme Un - La division du sujet


Avec la grève, c'est une période très calme sans déplacements ni visites mais avec toujours un temps pourri. J'ai dû aussi changer de freebox (ce qui me permettra ensuite de regarder youtube sur la télé).

La catastrophe est politique, 15/06/16
Certes, le pire n'est jamais sûr mais les menaces s'amoncellent. On a évité in extremis un président autrichien d'extrême-droite. Pas de quoi se rassurer d'une victoire aussi courte alors que la demande d'autorité s'intensifie pour nous protéger des évolutions du monde, des migrants et des terroristes, le musulman remplaçant le juif pour nous unir dans la même haine. Là-dessus, la sortie de la Grande-Bretagne de l'Europe, que je trouverais plutôt souhaitable, risque dans ce contexte de renforcer encore les nationalismes, fragilisant l'Europe (sans aller jusqu'à la fin de la civilisation occidentale comme le craint l'autre Donald, Tusk). Nous entrons incontestablement dans une période troublée. On peut dire qu'il y a ceux qui veulent se soustraire aux migrations et ceux qui veulent se soustraire aux évolutions économiques. Ce n'est donc pas un manque de démocratie, comme on voudrait s'en persuader, c'est plus grave, c'est le mauvais côté de la démocratie relevant de la psychologie des foules et des déclarations de guerre, à l'opposé de l'utopie rationnelle des Lumières. S'il est un autre domaine où la connerie humaine saute aux yeux, c'est l'absence de véritable réaction des Etats à la mesure du problème du climat malgré toutes les belles conférences internationales. Cette fois encore, la catastrophe est bien politique car ce ne sont plus les moyens techniques qui nous manquent (les progrès ont été considérables) mais seulement les moyens politiques. La seule chose qu'on peut espérer, c'est que lorsque nous entrerons en résistance contre une droite autoritaire, au lieu de vouloir résister aux transformations du travail à l'ère du numérique, on pourra se replier sur le local où se passe réellement l'adaptation à l'accélération technologique, la transition énergétique et la préservation des équilibres écologiques.


La montée de candidats comme Donald Trump manifeste bien les limites de la démocratie...

La Grande-Bretagne reste en Europe, 25/06/16
Le Brexit pourrait démontrer à tous les populistes, qui pullulent partout, les limites de la souveraineté et de votes démocratiques qui prétendent décider à quelques pour cent près du destin d'un pays. Car, la première chose qui va sauter aux yeux, c'est que les Britanniques restent en Europe et que leur économie est complètement imbriquée avec les autres pays du continent. Les négociations qui pourraient être assez rudes mettront en évidence que le cadre européen, c'était sans doute pas si mal après tout - y compris pour l'immigration.


Réaction rapide au Brexit alors que je suis déjà en retard sur la revue des sciences...

Revue des sciences juillet 2016, 01/07/16
Les problèmes de l'Intelligence Artificielle - Deuxième détection d'ondes gravitationnelles - On ne devrait pas avoir de contact avec des extraterrestres avant 1500 ans ! - Les plans d'Elon Musk pour la colonisation de Mars - L'extinction du Permien suivie d'une autre extinction 2 millions d'années après - Solidification rapide du dioxyde de carbone injecté dans des sols basaltiques - Transformer le méthane en méthanol avec un polymère imprimé en 3D - Une feuille artificielle 10 fois plus efficace que la photosynthèse naturelle - Un cerveau moléculaire dans le ribosome - Reconstitution d'une protéine originelle - Les oiseaux ont plus de neurones que les primates ! - L'âge de pierre de macaques - Les chiens ont deux origines, européenne et asiatique - La civilisation de l'Indus plus ancienne que Sumer de 1500 ans - L'espoir est cubique - On est plus intelligent à 5 ou 7 qu'en groupe - Mémoire longue et courte à implémenter dans l'IA - Le cerveau sensible aux ondes électromagnétiques ? - Contrôler la transgenèse par l'alimentation - Des centaines de gènes "zombies" se réactivent après la mort - Rebooter le système immunitaire contre la sclérose en plaque - Demain, une médecine sexuellement différenciée ? - Un avion (drone) Airbus imprimé en 3D


A propos d'Alain, 06/07/16
Le devoir d'être libre
La raison pour laquelle j'ai voulu parler d'Alain, après une présentation très critique de l'histoire de la philosophie, c'est la position originale qu'il défend en philosophie d'un positivisme qui refuse les objections, afin de laisser place pour finir au moment positif comme négation de la négation, moment nécessaire après-coup de reconsidérer un passé de l'humanité qui ne changera pas et qui nous est enseignement, pas seulement tromperie, moment de reconsidérer ce que non seulement la philosophie mais les religions mêmes ont pu produire de positif au-delà de la critique - car une négation est toujours partielle. De sa philosophie on retiendra que "le premier et principal devoir est de me croire libre" car "toute conscience est d'ordre moral" mais, aussi important, "la volonté ne choisit jamais, mais s'affirme ou bien cède" et le plaisir vient de l'effort (du travail). Il est clair que, suivant en cela la plupart des philosophes, Alain cultive dans la volonté la maîtrise de soi mais surtout le désir de se dépasser, notamment grâce à l'identification à des hommes exceptionnels. Ainsi, individuellement, l'homme dépasse l'homme mais l'humanité reste toujours la même. Il y a juste quelques modèles à suivre.


Ce texte était déjà prêt, écrit petit à petit en relisant Alain au soleil avec plaisir, je n'ai eu qu'à le finaliser mais ce qui ne devait être qu'un petit billet mineur ne m'apparaît pas si mal à la relecture. Ensuite, j'ai fait un saut à Paris le 9 juillet pour voir mon père et surtout mon fils qui venait quelques jours avant de repartir avec sa femme. J'en suis revenu épuisé (notamment parce qu'il faisait bien trop chaud dans le train).

La raison dans l'histoire, 16/07/16
L'échec de la philosophie - la conscience de son échec - contraint sans aucun doute à l'abandon de ses promesses de sagesse comme des rêves totalitaires qui se transforment en cauchemars, mais les siècles passés n'ont pas été purement illusoires pour autant, vies imaginaires dépourvues de toute vérité, vérités nous apparaissant seulement à nous qui venons après et connaissons la fin de l'histoire ! Une fois qu'on a ramené les philosophes à hauteur humaine et mis le soupçon sur le sage comme sur sa raison, une fois qu'on les a soumis à une critique impitoyable et déconstruit leurs beaux systèmes définitifs, il y a quand même un reste et même assez considérable. Après avoir montré comme la succession des philosophies était liée à l'histoire politique ou scientifique, comme leurs différentes conceptions du monde pouvaient être fautives, il est tout aussi nécessaire de reconnaître ce qui résiste à la critique - car une négation est toujours partielle et ne peut réduire à néant ce qu'elle critique. Le moment positif de la négation de la négation est incontournable, s'attachant à trouver en chacune d'elles des vérités éternelles (comme la logique aristotélicienne). En fait, ce qui semble le mieux résister au temps, ce sont encore les penseurs chinois. Il est tout de même étonnant qu'une philosophie de l'information et de la complexité, up to date, puisse finalement ne faire guère mieux que rejoindre avec l'auto-organisation les préceptes du taoïsme. Ce qu'il faut souligner, c'est qu'on se méfiait dès ce temps là du volontarisme comme d'une maladie de la volonté. mais le plus étonnant peut-être, c'est que le taoïsme se présente immédiatement avec son antithèse parfaite puisqu'on présente depuis toujours Confucius comme l'opposé (actif) du taoïsme (passif) dont chacun voit bien qu'ils se complètent et devraient s'équilibrer dans un laisser-faire encadré par les lois d'un ordre juste et durable, une volonté soucieuse de préserver l'harmonie, une prudence active. Voilà qui permet du moins de remplacer l'idée trop simpliste qu'il y aurait une philosophie éternelle (à retrouver) par l'existence de vérités contradictoires et relatives, ce qui est tout autre chose.


J'avais abordé avec enthousiasme ce texte censé clore ma série philosophique avec la promesse de positiver pour une fois, mais il m'a été très pénible et je le trouve bien décevant, ayant failli ne pas le publier, supprimant des paragraphes entiers qui survolaient trop rapidement l'histoire de la philosophie. On entre dans une nouvelle canicule après un retour du froid, le climat étant d'une grande instabilité cette année. Tout cela me fatigue et me déprime à nouveau, voyant tout se dégrader dangereusement sans rien pouvoir y faire.

Le code est la loi ?, 21/07/16
Petit texte sur la blockchain qui vient de rencontrer son premier véritable accroc, mettant en pièce son idéologie libertarienne pour corriger un bug et récupérer de l'argent volé, cela au nom de la grande majorité des utilisateurs. Tout-à-coup, on est revenu sur terre avec tous les problèmes qu'on connaît bien, de police comme de régulation des marchés.


Ce petit texte a été repris par la P2Pfoundation, qui a republié aussi celui sur le chômage technologique et du coup j'ai été sollicité pour être financé par liberapay.

United, 29/07/16
J'ai découvert avec 5 ans de retard cette série de très bonne musique pleine d'excellentes intentions, "playing for change".


Je commence donc à me mettre à youtube mais, en fait, ces bonnes intentions ne font que me déprimer un peu plus...

Revue des sciences août 2016, 01/08/16
L'archéologie des violences de la Bible - Utiliser les trous comme qubits - Notre galaxie ferait partie d'une région de l'univers en train de se vider - Les plans de la Nasa pour Mars - Le réchauffement modifie les nuages et renforce l'effet de serre - Des bactéries pour augmenter les rendements sans OGM ni pesticides - Des bactéries rendent les eaux usées potables et produisent de l'électricité - Les 355 gènes de la première forme de vie encore incomplète - Chez les bonobos, on ne peut savoir quand la femelle est féconde - Des Asiatiques avec des gènes d'Homo erectus ? - Importance du commerce du chanvre au néolithique - Migrations et mélanges des premières populations agricoles - La structuration du cerveau est bien génétique - Cartographie des connexions du cerveau - Les lieux de la délibération et de la décision dans le cerveau - Le sentiment de soi relié aux battements de cœur ? - Tromper le cerveau - Inverser la ménopause avec du plasma riche en plaquettes ? - Le vieillissement du cerveau commence à 40 ans - Les transfusions de sang de jeunes ou de femmes plus dangereuses ? - Piloter plusieurs drones en même temps par la pensée


Le 5 août, c'était le repas annuel avec les voisins du hameau, il n'y a pas eu de problème mais la situation se dégrade au village, je vais me faire lyncher à cause de mes chats dont je n'arrive pas à contrôler le nombre (avec 10 nouveaux petits chatons, cela fait effectivement beaucoup) ! C'est donc de nouveau une période dépressive m'attendant au pire et ne sachant à quoi je pourrais servir dans ce contexte. Un timide retour à la politique le 9 du mois, en intervenant sur la liste d'écologie sociale m'a bien refroidi avec des militants qui veulent rester entre-eux au lieu de s'allier à des groupes supposés moins radicaux, vraiment à désespérer d'autant que la tentative de convergence des communs semble avoir échoué. La conjonction de la perte de l'espoir en toute alternative et des dérives politiques à cause du terrorisme et de l'immigration, mais, plus généralement, des impasses de ma vie et de l'absence de toute perspective qui me reste, achèvent de me plonger dans la dépression (je me suis mis enfin à un article qui m'en sort!).

Au-delà de la dépression politique, 16/08/16
Constater notre impuissance politique, au moins à court terme, et que nous restons le jouet de processus matériels ou d'évolutions qui nous dépassent, devrait logiquement mener à se détourner de la politique pour cultiver son jardin, ce qui est non seulement futile mais tout simplement impossible comme si on pouvait s'isoler du monde et de l'intrusion de sa violence. De même, une approche devenue purement gestionnaire et utilitariste de la politique peut sembler raisonnable mais sans doute pas réaliste pour autant. La fin de la politique n'est peut-être qu'un leurre finalement. Ce que je n'avais pas vu, en effet, c'est que cette fin du politique était immédiatement contredite par notre actualité. Alors que la politique semblait vouée à se dissoudre dans l'administration des choses, nous laissant désoeuvrés et hors de course, voilà que la faiblesse de notre camp et sa désorientation nous livrait au retour d'une politique inacceptable qui devrait nous remobiliser au contraire, nous ressouder par delà nos divergences actuelles. Il est impossible de ne pas voir les dangers d'une telle réaction aveugle et de l'appel à un pouvoir fort, nécessitant notre ferme opposition. Ce n'est donc pas le temps de la retraite, les raisons de déprimer aujourd'hui sont aussi les raisons d'une indispensable contre-offensive demain - même s'il faut pour cela passer par la défaite. A la supposée fin de la politique que j'avais moi-même prononcée (avec de très bonnes raisons), j'oppose ici la persistance à la fois de sa dimension subjective et de la division politique.


J'ai ébauché plusieurs articles que je n'arrive pas à finir, sinon la canicule plus des problèmes de voiture auront pris tout mon temps.

Revue des sciences septembre 2016, 01/09/16
Grothendieck écrivain - Agressivité et empathie animale - Une planète habitable à 4,24 années lumières ? - Une bombe atomique contre un astéroïde dangereux - Moon Express, première société privée à exploiter la Lune- Des bombes à plasma pour les ondes courtes - Superposition temporelle entre avant et après ! - Le stockage dans les carbonates est la façon naturelle de réguler le CO2 - Produire de l'électricité avec du CO2 - Boire du lait de cafard ? - Une nouvelle méthode d'édition de gène qui ne coupe pas l'ADN - Les chiens "comprendraient" ce qu'on leur dit ! - Le traitement inconscient du langage (des mots à double sens) influencé par la conscience - L'axe du stress relie le corps à l'esprit - Les cannabinoïdes améliorent la vision nocturne - Des bactéries pour solidifier le sol et les fondations d'une maison


C'est le mois des vendanges, en général faste mais si le raisin s'annonce très précoce, c'est le contraire pour le reste. Sur le plan politique, c'est loin de s'arranger, la désorientation est totale.

Système, antisystème et démocratie, 10/09/16
Le succès des slogans anti-système pourrait avoir le mérite de porter l'attention sur l'existence d'un système qui nous gouverne, si le système ne se réduisait pour ces gens là qu'à des connivences entre élites corrompues, un entre-soi dont on est soi-même exclu, des esprits malfaisants, et cherchant des boucs émissaires comme si une mauvaise intention était à l'origine de tous nos malheurs. Des intellectuels distingués préfèreront mettre en cause les théories. Dès lors il suffira de déclarer la science économique dominante comme fausse, ou plutôt faite pour nous tromper. Pourtant, c'est bien l'hyperpuissance aussi bien militaire que commerciale qui, malgré ses crises répétées, valide matériellement le capitalisme américain. Ce n'est en rien une question de représentation, d'idéologie croissanciste, etc. A un système, on ne peut opposer qu'un autre système. Il reste des différences importantes entre droite et gauche mais pas tant dans les politiques économiques possibles qui dépendent du même système économique (reproche de faire la même politique). Une politique de gauche irréaliste peut mener tout simplement au désastre, ce qui arrive assez souvent hélas et n'est bon pour personne. On aurait donc besoin de faire plutôt de la prospective qui est le contraire de l'utopie.


Note sur le négatif et l'entropie, 13/09/16
D'une certaine façon, toute négation procède d'une inversion de l'entropie comme réaction opposée au laisser faire (on se pose en s'opposant, négation de ce qui nous nie). Interpréter le négatif comme néguentropie a l'avantage d'éclairer son rôle paradoxal dans la dialectique hégélienne. En effet, le "travail du négatif" a de toute évidence quelque chose de contradictoire avec son produit positif. Il est tout aussi difficile d'identifier, comme le fait Marx, le travail à la négation de l'existant que d'en faire une auto-création de soi-même. On est bien plutôt, dès l'origine, dans la négation de la négation. La première négativité est d'abord extérieure, c'est l'entropie diabolique qui sépare ce qui était uni. Il faut insister sur le fait qu'avec l'entropie et la négation de la négation, on n'a affaire qu'à une causalité extérieure contre laquelle nous ne faisons que réagir, ce n'est pas l'extériorisation d'une intériorité première mais tout au contraire un processus cognitif qui intériorise l'extériorité pour s'en défendre. Il faudrait dès lors trouver dans le négatif de quoi rassembler nos efforts sans s'accorder forcément sur le positif, nos finalités subjectives.


Pour mon anniversaire, j'ai retrouvé des psychanalystes que je n'avais pas vu depuis plus de 20 ans, me rappelant mes heures de gloire passées...

Revue des sciences octobre 2016, 01/10/16
Le succès des mammifères au temps des dinosaures - La pleine lune favorise les violents séismes - Les plans pour Mars d'Elon Musk - SuperMeat, une startup qui veut démocratiser la viande artificielle - Les réseaux de neurones sont bien le fruit de notre univers - Le langage des dauphins est proche du nôtre - Nos ancêtres lançaient des pierres comme armes - Du feu, il y a 800 000 ans, dans une grotte du sud de l'Espagne -  Nous aurions tous parlé la même langue ? - Les sorties d'Afrique - L'égalitarisme se développe entre 5 et 8 ans - Un virus à l'origine du placenta chez la femme et de la musculature masculine - L'accouchement provoqué par l'inflammation du placenta et son vieillissement - Cultiver des cellules souches qui restent indifférenciées - Un textile pour lutter contre les grosses chaleurs


A la fois une bonne période car c'est la récolte mais aussi le souci de ne pouvoir payer mon bois pour l'hiver.

L'Anthropocène nous rend responsables du monde, 07/10/16
Situer l'Anthropocène à partir de 1950, c'est le dater du moment où l'humanité a déséquilibré toute la biosphère. témoignant du fait global de l'humanisation du monde, ou plutôt son industrialisation ou sa modernisation. Il n'est pas sûr, en effet, que ce soit l'homme en tant qu'espèce (anthropos) qui soit en cause mais bien plutôt une évolution techno-scientifique qui est un processus cognitif relativement autonome (assurant la puissance économique et militaire). Alors que jusqu'ici, ce sont les nations occidentales qui étaient les seules concernées, ce qui justifie malgré tout d'en rejeter la faute sur toute l'humanité, sous le nom d'Anthropocène, c'est que, d'avoir perturbé tous les équilibres nous en rend responsables planétairement, nous obligeant à nous constituer comme sujet agissant pour assurer la reproduction du monde. Impossible de ne pas se rendre compte que, l'Anthropocène n'est rien d'autre que ce que les écologistes dénonçaient, à partir de ces années là justement, confirmant scientifiquement ce qu'ils ont toujours dit, y compris sur la nécessité d'une pensée globale. Ce qui se passe avec l'Anthropocène, c'est le passage de relais des écologistes aux scientifiques, des utopies à la version scientifique de l'écologie (où le climat est devenu central). C'est la confirmation à la fois des avertissements des écologistes et de leur échec à empêcher la catastrophe. On peut interpréter aussi ce moment de bascule comme celui de l'abandon d'une écologie positive (utopie), d'une vision écologiste de la société idéale, ne perturbant plus son milieu (et qui se fait attendre), pour se réduire à une écologie négative (réactive) ayant besoin d'un diagnostic objectif afin de réagir le plus vite possible. A l'ère du numérique et de l'information qui s'ouvre, nous avons sans conteste les moyens techniques de répondre aux défis de l'Anthropocène, il n'est pas sûr que nous en ayons encore les moyens politiques.


Les radicalisations nécessaires, 14/10/16
Comme pour ajouter aux malheurs du temps, il n'a rien été trouvé de mieux que d'appeler radicalisation ce qui n'est que fanatisme suicidaire et basculement dans la violence la plus stupide. Les nouveaux théoriciens d'une violence libératrice (d'une violence voyez-vous qui serait anti-autoritaire!) peuvent bien parler d'un échec de la non-violence mais l'échec de la violence est encore plus patent. La violence est l'exact contraire de la démocratie qui n'est pas la volonté agissante d'un peuple uni guidé par son chef vers le même but alors qu'elle est fondée sur la parole et la non-violence d'un débat pluraliste. Si la radicalité s'identifiait à la violence, elle serait réservée en effet à quelques attardés, aux débiles mentaux, aux psychopathes, aux terreurs de quartier, aux illuminés. Sauf qu'on a absolument besoin de radicalité, d'une radicalité effective à la fois dans nos vies personnelles et en politique même si cela ne change pas le monde et même si, souvent, cela ne va pas très loin. Il y a un indéniable besoin de radicalisation face aux risques écologiques et pour combattre les injustices, besoin de sortir de l'impuissance politique comme de la routine, des chemins tracés, des dérives de nos vies. Au nom de la déradicalisation on voudrait nous servir une soupe tiédasse à vomir, la modération d'un notable bien installé et satisfait de lui, une vie de conformisme et de pure soumission dédiée à la réussite sociale. Contre cette normalisation, il faut affirmer la nécessité de nous radicaliser un peu plus, augmenter notre puissance d'agir et donner plus de poids à notre existence même si la radicalité aujourd'hui ne peut être la radicalité d'hier, devenue radicalité réflexive, consciente de ses échecs passés.


Période assez difficile avec un genoux très douloureux depuis la nuit du 15 et même bloqué quelques jours, puis une épaule douloureuse. Début de la vieillesse ? Par contre j'ai reçu miraculeusement de quoi payer mon bois, ce qui fait largement baisser la pression (mais la douleur gâche le plaisir).

L'identité en question, 22/10/16
Avec le séminaire de 1974-1975 de Claude Lévi-Strauss sur l'identité, on voit que "l'identité souffrante" n'est pas chose nouvelle et que l'identité est à la fois multiple, changeante, floue, incertaine et surtout relationnelle. "L'identité se réduit moins à la postuler ou à l'affirmer qu'à la refaire, la reconstruire". Le nom ethnique tout comme la nationalité vaut pour l'extérieur, identifiant notre différence. Ainsi, hors de France on s'identifie facilement comme Français alors qu'à l'intérieur on se dira plutôt Breton, Alsacien, etc. Cependant, ce qu'on invoque le plus souvent pour se présenter, c'est sa profession, sa fonction, sa place dans une hiérarchie (un réseau de relations et d'interdépendances), où l'on voit que même dans les sociétés sans écriture l'identité est à la fois différentielle et hiérarchique. C'est aussi l'occasion d'un petit tour des critiques de l'identité chez les philosophes (Locke, Kant), Hegel montrant qu'identité et différences sont inséparables. Le structuralisme et Derrida achèveront de réduire l'identité à un jeu de différences.


Il fait un temps d'été bien que les jours raccourcissent. Mes douleurs s'apaisent mais sont toujours là...

Revue des sciences novembre 2016, 01/11/16
Prospective - La cellule virale, rouage de la vie - La vie extra terrestre - Les mythes ont aussi un arbre généalogique - 6 nouvelles particules pour achever la physique - Mond contre la matière noire - Un cristal temporel - Contact laser établi avec 234 civilisations extraterrestres ? - Les plans d'Elon Musk pour la colonisation de Mars - Dans le graphène, les électrons se comportent comme la lumière - De moins en moins d'oxygène dans l'atmosphère - Des catalyseurs nanostructurés font de l'éthanol avec du CO2 - Un moteur à combustion avec un seul piston 2 fois plus efficace - Des bactéries infectés par des virus géants produisent des virus qui en protègent - Des bourdons apprennent à tirer une ficelle - Les éléphants d'Asie moins hiérarchisés que ceux d'Afrique - Des singes produisent par jeu des éclats semblables aux pierres taillées - Les premiers agriculteurs sédentaires près des zones humides - La neurodynamique darwinienne de l'apprentissage - L'homme est loin (derrière les suricates) d'être l'animal le plus meurtrier - Une greffe d'ovaire de jeunes rajeunirait ? - Les vitamines A et C effacent les méthylations épigénétiques - Des isoformes de P53 responsables de cancers et de métastases - Des motos volantes pour l'armée


11/2016Période un peu stressante, ayant eu bien du mal à faire la revue des sciences, mais j'ai reçu un autre don important me permettant cette fois de payer mon gaz. Il est clair que je ne m'en sort pas sans ces soutiens toujours très surprenants et aléatoires.

Brexit, Trump, …, 09/11/16
Alors que je finissais le texte suivant sur la démocratie, l'élection de Trump a été l'occasion d'illustrer les ratés de la démocratie, de situer ces populismes qui promettent la lune dans le cycle économique et souligner les analogies avec les suites de la crise de 1929.


Combiner démocratie, oligarchie et aristocratie, 11/11/16
Aristote, Polybe, Montesquieu, Rousseau
Il est frappant qu'aussi bien Aristote que le grand historien gréco-romain Polybe, ou Machiavel qui s'en inspire après Cicéron, arrivent tout comme Montesquieu, à peu près à la même conclusion, la nécessité d'une république tempérée ou une constitution mixte, avec une division des pouvoirs. Ce qui est encore plus frappant, c'est que notre régime démocratique en soit d'une certaine façon l'incarnation sans qu'on se l'avoue volontiers. Il faut dire qu'il y a une méconnaissance scandaleuse de la véritable histoire de notre démocratie et de l'origine de nos institutions qu'on fait remonter faussement à la Révolution alors qu'elles dateraient plutôt de l'Empire et de la monarchie constitutionnelle dont nous avons gardé l'essentiel (avec un monarque républicain, un sénat, etc.), certes de plus en plus démocratisé. Notre démocratie n'est pas si différente de la constitution anglaise combinant monarchie, aristocratie et démocratie avec une stricte séparation des pouvoirs. Si Rousseau rejette les constitutions mixtes, c'est qu'il se pose la question de ce que devrait être un gouvernement légitime pour des êtres de raison nés libres et égaux. Il ne se soucie pas tant de sa faisabilité dont il peut douter lui-même fortement. Son simplisme doctrinaire est ainsi dicté par sa visée d'un droit légitime qui ne serait pas contaminé par des forces illégitimes mais cette position purement théorique n'est pas tenable pratiquement, comme l'histoire nous l'enseigne depuis l'antiquité. Il n'y a pas de pouvoir complètement légitime, même démocratique, pouvoir qu'on peut toujours contester. La réalité est celle de l'affrontement des intérêts et de la division de la société. L'unité civile est, comme le droit, purement formelle, elle est toute dans les institutions, y compris les fêtes nationales, et pas plus dans l'idéologie ou la culture que dans l'origine ou la race. Si l'on quitte l'idéal régulateur pour se tourner vers l'histoire et l'observation des régimes politiques tels qu'ils ont existé, une constitution mixte se justifie par le fait que le réel s'impose des puissances effectives au-delà des principes (qu'il est dangereux de pousser à bout) et que la dénégation du rôle de l'élite ou de la richesse mène tout simplement à en faire des puissances souterraines, et donc à la corruption de la démocratie.  Il ne serait pas mauvais en tout cas d'introduire dans les débats la question du gouvernement mixte qui est complètement absente au profit de purs et simples postulats de principe.


J'ai bien aimé écrire ce texte et relire les classiques, beaucoup moins le publier, ce n'est pas dans l'air du temps. La chaudière à bois a de nouveau une fuite (j'ai failli mettre le feu à la maison), la prise de la machine à laver a fondu et un voisin m'a beaucoup sollicité pour dépanner son ordinateur - sans que j'y arrive. De plus, il faudrait que j'arrête de nourrir les chats du dehors qui se multiplient mais je n'y arrive pas ! Coup de blues avec mon père de nouveau hospitalisé...

Le retournement du cycle, 19/11/16
Les signes ne manquent pas qu'on soit, depuis 2008 au moins, dans un moment de bascule avec une montée des protectionnismes, une relative démondialisation et une possible reprise de l'inflation. Il n'est pas sûr par contre que ce soit une si bonne nouvelle pouvant annoncer dans l'immédiat une période encore plus régressive et quelques catastrophes à venir - avant de sortir du cauchemar ? On croyait avoir évité le protectionnisme qui avait aggravé la crise des années trente mais le mouvement dans le sens d'une démondialisation (certes pas au même niveau) n'a fait que s'amplifier bien avant le Brexit et l'élection de Trump qui ne font ainsi que confirmer la nouvelle tendance. Le populisme surfe sur cette vague qui serait un moment nécessaire du cycle avec toutes les menaces qu'il porte. En tout cas, il y avait eu un effondrement des flux de capitaux transfrontaliers, passant de 16% du P.I.B. mondial en 2007 à 1.6% aujourd'hui ! Plus significatif encore, le déclin du commerce mondial se poursuit malgré le retour de la croissance (faible). Ces moments de retournement nous rappellent qu'on ne bâtit pas pour les siècles à venir, que notre horizon est limité à quelques dizaines d'années tout au plus et que, ce qu'on fait sera défait plus tard pour peut-être se reconstruire autrement...


Plutôt Le Pen que Fillon ?, 28/11/16
Si Juppé avait gagné la primaire, il était quasiment certain que les électeurs de gauche auraient fait barrage au Front National, cela me semble beaucoup moins évident avec Fillon et sa brutalité sociale.


Revue des sciences décembre 2016, 01/12/16
Les progrès de la manipulation mentale - La migration des interneurones inhibiteurs - Comment les ADN se combinent dans l'embryon - Une nouvelle étude confirmerait la gravité entropique de Verlinde ? - Plutôt que l'inflation, une modification de la gravitation et de la vitesse de la lumières - L'EM drive a fait l'objet d'une première publication scientifique - La vie sur Mars - De nombreux océans sous la croûte terrestre (1000km) - Métamatériaux : des forêts pour lutter contre les séismes - Plus le climat se réchauffe moins les émissions de volcans protègent du soleil - Pour la troisième année les émissions de gaz à effet de serre stagnent - Faire de l'électricité avec des déchets nucléaires - Récupérer la chaleur des eaux usées pour produire de l'énergie - Sélections naturelle et sexuelle produisent deux sous-espèces - Les souvenirs de la petite enfance pourraient être réactivés - Des femelles singes incitent les mâles à aller au combat - Les premiers Australiens responsables de l'extinction de leur mégafaune - Se guider avec la stimulation cérébrale à travers un labyrinthe invisible - Manipulation de la sensibilité à la hiérarchie par la stimulation cérébrale - La fontaine de jouvence : éliminer les mitochondries défectueuses - Une enzyme ciblant les protéines tau stopperait l'Alzheimer - Mise en cause de l'efficacité des micros ARN - Une prothèse pour contourner les lésions de la moelle épinière - Le polystyrène est une véritable bombe à retardement - Une intelligence artificielle qui lit sur les lèvres - Les exosquelettes moins chers et de plus en plus légers et modulaires - Un hyperloop sous les mers ?


Période horrible où je dois me débarrasser de mes chats, où la chaudière fuit à nouveau et m'enfume, où ma tension monte beaucoup...

Articuler travail et revenu de base, 10/12/16
C'est pourtant un enjeu fondamental de comprendre ce qui fait la nécessité d'un revenu garanti pour tous (formulation qu'on préférera au revenu universel ou revenu de base), au-delà de son apparence utopique et de l'irrationalisme de ses partisans, pourquoi il est dans l'air du temps et s'impose dans le débat malgré son caractère apparemment infaisable. Le problème n'est pas tant le chômage (transitoire) que la précarité (à l'ère de l'information) et les travailleurs pauvres. C'est même la raison pour laquelle l'originalité du revenu de base, sa définition, est d'être cumulable avec un revenu d'activité insuffisant - ce pourquoi on peut dire que c'est un revenu pour travailler (à ce qu'on aime). Ce que les 35h nous ont appris, c'est que les réformes se font toujours a minima et dans la pire version la plupart du temps, rien à voir avec ce dont on pouvait rêver. Or, si le revenu de base n'est pas suffisant, il faut absolument se préoccuper de le rendre suffisant (par un revenu complémentaire, revenu d'une activité rémunératrice) sinon c'est une économie qui n'est pas viable, n'assure pas sa reproduction. Non seulement son montant ne peut être suffisant dans le contexte actuel mais se limiter à la question du revenu est très insuffisant en soi, il faut le relier à la question du travail immatériel et des nouvelles conditions de production ou de formation avec la nécessité des institutions locales du travail autonome et du développement humain (comme des coopératives municipales). Je le répète, il faut s'occuper des transformations du travail, pas de sa prétendue fin. D'une part parce qu'on a besoin de valoriser ses compétences et que d'autre part, c'est la seule façon qu'un revenu garanti soit soutenable, d'être productif et non pas dépense sociale en pure perte, impossible à financer.


L'apprentissage de l'ignorance, 17/12/16
Bien qu'on ne puisse dire que ce soit nouveau ni original puisque c'est par là que Socrate a fondé la philosophie, il est difficile de faire comprendre le sens et la nécessité d'un apprentissage de l'ignorance. Il paraît trop paradoxal que plus on en sait et plus on serait ignorant. C'est qu'il ne s'agit pas de l'ignorance crasse, ignorance qui s'ignore souvent à se persuader en savoir autant qu'un autre (revendication démocratique), mais de la docte ignorance bien moins arrogante à mieux savoir tout ce qu'on ignore. Il ne s'agit pas non plus de scepticisme, même si tout commence par une mise en cause de l'opinion établie. Les sciences se distinguent en effet à la fois du scepticisme et du dogmatisme comme savoir en progrès, soumis à l'expérience et produisant un savoir effectif mais qui ne peut être de l'ordre d'une vérité métaphysique illuminatrice, ne laissant plus rien d'inexpliqué, alors que chaque résultat soulève de nouvelles questions. La puissance de la technique donne l'illusion d'une omniscience trompeuse. C'est le dogmatisme, en général religieux, qui prétend pouvoir tout expliquer, alors que, dans leur confrontation au réel, les sciences ont affaire aux limites de nos savoirs. Non seulement les sciences détruisent nos anciennes certitudes, mais elles constituent bien, comme on va le voir, un progrès de l'ignorance elle-même - épreuve d'humilité difficile à soutenir mais indispensable et qui ne ferait pas de mal en politique ! C'est à quoi me sert en tout cas, depuis des années, l'épreuve d'une revue des sciences mensuelle qui dépasse forcément mes compétences et m'empêche ainsi de m'y croire un peu trop. S'il y a un domaine où il est mal vu d'avouer son ignorance, c'est bien la politique où, plus on est jeune ou moins on s'y connaît, et plus on est sûr de soi, de se battre pour le droit et la justice en suivant n'importe quel illuminé ou démagogue. Il ne devrait pas être si difficile à des intelligences artificielles d'être plus intelligentes que ces foules sentimentales !


Le frère du Éric de Éric et Ramzy apprécie beaucoup ma revue des sciences, qu'il lit de bout en bout, mais, voulant m'aider, je lui ai répondu que je partageais ainsi surtout mon ignorance, ce qui semblait une pirouette assez incompréhensible. J'ai donc éprouvé le besoin de clarifier cette affirmation paradoxale dans cet article qui s'est d'ailleurs écrit tout seul. Pour le reste, la chaudière est réparée pour l'instant, il fait beau et je vais mieux mais la situation reste en impasse.



2017 - histoire de l'homme et de la technique, aliénation, intelligence artificielle, conscience et langage (64 ans)

01/2017C'est l'année où je suis devenu grand-père mais un passage raté au https  a fait s'effondrer la fréquentation du blog comme s'il était nouveau... Cela n'a pas empêché une production de qualité je crois, reconstruction sur les ruines des utopies politiques alors que l'ambiance dépressive s'estompe. Il faut dire aussi que je me suis mis à regarder des vidéos youtube sur ma télé, aussi bien pour la musique que pour la philosophie et les sciences (l'accès, entre tant d'autres, au Collège de France comme aux conférences de Feynman depuis son canapé est vraiment inespéré !).

Revue des sciences janvier 2017, 01/01/17
Ce que l'année 2017 nous réserve - Evolution du sexe - Pourquoi les nazis n'ont pas eu la bombe - Coloniser la Lune dans ses "tubes de lave" - Les continents n'auraient émergé qu'au Cambrien - Un thermostat atmosphérique nous protège des tempêtes solaires - Le méthane en augmentation dans l'atmosphère - Des particules de calcite contre le réchauffement et pour l'ozone - Le refroidissement radiatif - Rôle de l'utérus dans le clonage - Thérapie génique à base d'acides nucléiques peptidiques (ANP) - Les blobs capables de transmettre leurs apprentissages par fusion - Les chimpanzés reconnaissent leurs fesses comme nous les visages - Les singes pourraient parler, c'est leur cerveau qui ne le peut pas - La mémoire d'une histoire est très semblable d'un cerveau à l'autre - Comment le cerveau refuse de changer d'opinion politique - Le vieillissement cellulaire est réversible - La grossesse modifie le cerveau - Les cellules cancéreuses qui ressuscitent de l'apoptose - Les virus attaquent plus les hommes que les femmes qui les transmettent - La fin des bateliers avec les bateaux autonomes


La politique et le vivant, 10/01/17
Vouloir changer le monde est souvent en ignorer l'écologie, la complexité des interdépendances et des équilibres jusqu'aux risques systémiques. Le règne des finalités qui nous a doté d'outils et d'un foyer, nous engageant dans l'artificialisation du monde par notre travail de transformation (néguentropique), toute cette efficacité technique (locale) contraste fortement avec ses effets pervers globaux et l'inefficacité politique, d'autant plus que les masses en jeu sont importantes. Alors que la technique décuple notre pouvoir sur les choses, elle ne nous sort pas pour autant de l'évolution à devenir évolution technique, évolution subie dont se plaignent tant de gens, devenue une seconde nature aussi menaçante parfois que la première. Cette sélection après-coup par le résultat signifie bien la primauté du réel sur la pensée et, c'est ce sur quoi il faut insister, cela oblige à la réintégration des principes du vivant dans la politique, ceux de la théorie des systèmes et de la cybernétique, avec la nécessité de corriger le tir et de se guider sur le résultat. Il y a donc bien des raisons profondes (cognitives) qui limitent l'efficacité de la planification et du volontarisme, passant du paradigme mécaniste au paradigme biologique. Cela n'empêche pas pour autant toutes les entreprises d'investir dans leur développement et planifier leur avenir mais elles ont dû intégrer le feed back de leur action. Il y a une dialectique entre top-down et bottom-up, ce n'est pas l'un ou l'autre mais leur combinaison. On peut penser qu'il serait bien nécessaire qu'il y ait une intelligence collective qui gouverne le monde et préserve l'avenir, nous fasse passer de l'histoire subie à l'histoire conçue. On ne peut que constater son absence. Il faut ajouter que, non seulement les adaptations nécessaires ne dépendent pas de nos opinions mais qu'elles ne sont pas connues d'avance, finissant certes par s'imposer mais toujours après-coup et parfois avec un grand retard.


La réciprocité contre la République, 15/01/17
L'ordre du monde nous précède, avec son Etat de Droit, tout comme les populations sont là pour des raisons historiques sans demander notre avis. La tentation est forte actuellement de remettre en cause ces évidences. C'est ce qui rend dangereux dans ce contexte d'introduire dans la république des concepts comme celui de réciprocité - même différée par le circuit du don, sans compter que le don n'est pas sans hiérarchie. Ce sont toujours les pauvres qui finissent par en être culpabilisés à la fin et à qui on va demander de rendre ce qu'ils ont reçu. L'importance de la réciprocité dans nos rapports humains n'est pas en cause, seulement son utilisation politique dans l'illusion que nous serions à l'origine de la société. Contrairement au mythe d'une démocratie comme auto-fondation sur elle-même, nous ne sommes pourtant que les gestionnaires d'un héritage local et des intérêts communs. En politique, le commun lui-même est objectif, il ne résulte pas d'une mise en commun préalable selon la volonté de chacun, pas plus que notre cohabitation résulterait d'un accord préalable.


Alors qu'une semaine de grand froid s'annonce, ma chaudière s'est mise de nouveau à fuir, heureusement j'ai réussi à la réparer juste à temps...

Mes réponses au questionnaire sur le revenu de base, 24/01/17
01/2017Le Mouvement Français pour un Revenu de Base voulant recenser les différentes propositions existantes m'a demandé de répondre à son questionnaire. J'ai de nouveau insisté sur le fait que le revenu de base était insuffisant, qu'il fallait le compléter par les institutions du travail autonome.


Revue des sciences février 2017, 01/02/17
La modélisation de l'innovation - La désinformation sur les réseaux sociaux Les bienfaits des toxines végétales - Un nouveau réalisme quantique - Des preuves que l'univers est un hologramme ! - La matière noire est-elle une illusion et la gravité une émergence ? - La lumière revient en arrière dans l'expérience des 3 fentes de Young - La complexité des cycles glaciaires - La sensibilité du climat au CO2 plus forte que prévue - 50 milliards par an pour reconstituer la glace de mer - Des bactéries viables avec 2 nouvelles bases dans le génome - Un faux départ pour la vie complexe, il y a 2,3 milliards d'années ? - La mortalité des corps liée à la préservation des mitochondries ? - Les environnements stressants favorisent les tricheurs - Un embryon chimère homme-cochon - Un anticorps qui protège du sang de vieux (de l'inflammation) - La squalamine, extrait du foie de requins, contre le Parkinson - Des dents qui se régénèrent toutes seules grâce à un médicament anti-Alzheimer - Un viagra mental : l'hormone du désir sexuel ? - Des verres liquides intelligents qui s'adaptent à ce qu'on regarde


J'ai cru à une déchirure musculaire en soulevant une très grosse bûche, pour ce qui était une névralgie cervico-brachiale (comparable à une sciatique mais dans les cervicales) qui me fait horriblement souffrir et surtout m'empêche de dormir (comme de faire quoi que ce soit). Sinon, la fréquentation du blog est toujours au plus bas, Google ne l'indexant presque plus depuis le passage en https...

Aucune élite ne vaut rien (Alain 1911), 13/02/17
Quelques courtes citations des propos sur les pouvoirs d'Alain qu'il n'est pas mauvais de relire en ces temps d'élections : Notre élite ne vaut rien ; mais nous ne devons pas nous en étonner ; aucune élite ne vaut rien...


Je trouve que les évidences d'Alain sont bonnes à relire même si elles méritent aussi d'être critiquées bien sûr.

Du dualisme à l'écologie
, 14/02/17
Les questions métaphysiques les plus abstraites peuvent avoir des enjeux politiques décisifs dans l'opposition entre idéalisme (de la volonté) et matérialisme (des possibles) qui remet en cause le rôle central supposé de l'Homme dans l'histoire et fait toute la difficulté du passage à la prise en charge de notre écologie. Contre toute la tradition idéaliste, voire mystique, il y a nécessité pourtant de comprendre et maintenir le dualisme de l'esprit et du corps, de l'idée et du réel comme du software et du hardware. On peut appeler matérialisme ce qui n'est rien d'autre que la distinction radicale de la pensée et de la matière, extériorité sur laquelle la pensée se cogne, transcendance du monde livrée à notre exploration et qui n'est pas négation de la pensée mais son Autre, sans espoir de réconciliation finale. On ne peut en rester là pourtant, et c'est tout l'enjeu de cette réflexion, la contradiction à laquelle nous sommes confrontés. En effet, une fois qu'on a disqualifié, au nom d'un dualisme irrémédiable, toute fusion mystique ou sociale, impossible de supprimer l'aspiration à l'unité qui s'y manifeste mais impossible surtout, lorsque le sort de la planète dépend désormais de nous à l'Anthropocène, de se détourner des totalités effectives, sous prétexte qu'elles nous dépassent ou sont divisées. L'échec du politique ne réduit pas la nécessité du politique. La réconciliation impossible avec le monde est devenue une nécessité écologique. Notre tâche est d'arriver, en dépit de tout ce qui s'y oppose, à réagir collectivement, aussi bien localement que planétairement. Ce qu'on a essayé de montrer, c'est que la condition préalable pour dépasser notre impuissance politique serait de ne pas présupposer au départ cette unité d'action, qui est plutôt à négocier, ni de la fantasmer sous le mode du groupe en fusion (derrière son chef), c'est d'en reconnaître au contraire l'impossibilité première : sortir de l'idéalisme pour le réaliser.


02/2017Les origines du miracle grec, 18/02/17
Ce qu'on appelle, pas pour rien, "le miracle grec" est un bon exemple de l'histoire idéaliste qui voudrait en faire une origine absolue et inexplicable, au lieu d'un stade nécessaire de la civilisation. Il y a deux erreurs qu'on peut faire sur le miracle grec : penser qu'il était une exception, une origine absolue, ou penser que ce n'était qu'un événement spirituel (Heidegger faisant les deux erreurs). Rien de mieux pour réfuter l'idéalisme et montrer que l'histoire résulte de causalités extérieures que d'examiner les trois éléments matériels à l'origine de cette révolution cognitive : l'économie marchande, la guerre entre cités et la démocratisation de l'écriture par l'invention des voyelles.


Ne passez jamais au https !, 19/02/17
Annonce du retour au http après la malheureuse expérience du https m'ayant fait disparaître des moteurs de recherche...


Le http a été restauré mais les navigateurs forcent toujours le https (à cause du HSTS). C'était une prise de tête. Sinon, après les cervicales, c'est le dos qui me fait souffrir et m'empêche de dormir, de plus la  chaudière a de nouveau eu des fuites, je n'ai plus de bois et suis à découvert. Il serait temps que je quitte la scène...

Revue des sciences mars 2017, 01/03/17
Le Système solaire, une exception née du chaos - Pergélisol et climat : les chiffres de la menace - Mieux cultiver pour stocker le carbone - Les récepteurs du goût amer déclenchent nos défenses immunitaires - La démonstration de l'entropie ? - Le réchauffement pourrait bien refroidir l'Europe - Un matériau produit de l'électricité avec le mouvement, la chaleur et le soleil - Des métamatériaux refroidissent les toits sans énergie - Des algues survivent 2 ans dans l'espace - Le gène du dimorphisme entre mâle et femelle - Les neurones de la conscience connectent l'ensemble du cerveau - Le fondement animal de la morale sociale Des centaines de Stonehenge dans la forêt amazonienne - L'oxygène de l'air serait cancérogène ! - Manger de vieux animaux nous vieillit - Dépression et allergies favorisent les infections virales - Un laser qui tue les insectes - Une imprimante 3D ultrarapide grâce à l'holographie - Des robots qui se servent d'outils


La démocratie des minorités, 06/03/17
Derrière les péripéties qui nous divertissent comme spectateurs d'une élection à rebondissements, l'essentiel est bien la décomposition du champ politique, sans doute avant sa recomposition, mais le plus frappant dans cette désintégration des anciennes coalitions, à gauche comme à droite, c'est comme chaque composante peut se prétendre majoritaire et prendre le parti pour le tout, refusant toute alliance avec ceux qui ne pensent pas tout-à-fait comme eux ! Les plus radicaux imaginent que c'est en ne cédant rien sur leur radicalité qu'ils gagneront le pouvoir ! Mieux vaut rester pur que se compromettre, ne faisant qu'ajouter à la division. C'est que l'affluence aux meetings persuade monsieur 15% qu'il représente tout le peuple et les primaires se sont révélées l'expression des plus engagés, privilégiant un certain extrémisme (le programme de leurs rêves) sur les plus réalistes ou prudents, exacerbant les différences et figeant les oppositions.


Sister Rosetta Tharpe, la grand-mère du (gospel) rock, 08/03/17

Brève histoire de l'homme, produit de la technique, 15/03/17
03/2017Brève récapitulation à grands traits de l'histoire humaine d'un point de vue matérialiste, c'est-à-dire non pas tant de l'émergence de l'homme que de ce qui l'a modelé par la pression extérieure et nous a mené jusqu'ici où le règne de l'esprit reste celui de l'information et donc de l'extériorité. S'en tenir aux grandes lignes est certes trop simplificateur mais vaut toujours mieux que les récits mythiques encore plus simplistes qu'on s'en fait. Il ne s'agit pas de prétendre pouvoir rendre compte de tous les événements dans le détail mais de prendre la mesure de tout ce qu'on peut expliquer par l'évolution technique ou climatique au lieu des valeurs morales. Malgré toutes ses insuffisances, cette esquisse trop rapide est juste destinée à mettre en valeur les causes matérielles d'une histoire qui les gomme derrière le récit des actions individuelles présentées comme décisives. Cela peut suffire à montrer que nous ne sommes ni la cause du savoir ni de l'évolution ni de la langue, alors que nous en sommes plutôt les sujets. D'un bout à l'autre, on constate le règne de la nécessité où la liberté humaine est de bien peu de poids, pouvant certes intervenir et en changer les péripéties mais sans modifier sensiblement les grandes tendances et les masses en jeu.


Assez content de cet article. Sinon, toujours un peu de sciatique et la chaudière qui fuit...

La tentation du pire, 22/03/17
Même s'il est incontestablement très tentant de donner une interprétation psychologique à la division de la gauche qui la mène stupidement à la défaite, c'est juste vouloir ignorer les causes réelles de la situation. On pourrait accuser en retour ce psychologisme de refoulement (si ce n'est de forclusion) au profit d'une vision très naïve de la politique et de sa supposée rationalité, vision qu'on peut dire bourgeoise de la défense de l'ordre établi et du service des biens. C'est une position qui est assurément très raisonnable. Sauf que le réel est insupportable. Du point de vue subjectif, la jouissance de la rupture voire du désastre est certes une jouissance mauvaise mais elle est indéniable, expliquant le plaisir que pas mal de gens ont pu éprouver à l'élection de Trump. Il se pourrait, de plus, qu'il soit nécessaire objectivement de passer par le pire pour rebattre les cartes et s'adapter à un monde qui a tellement changé.


Revue des sciences avril 2017, 01/04/17
L'intelligence artificielle autonome - Les robots devront parfois désobéir - Un antibiotique contre Parkinson ? - Un trou noir supermassif éjecté à grande vitesse - Les extraterrestres propulseraient leurs vaisseaux par des ondes radio ? - La Nasa veut rendre Mars habitable en recréant son champ magnétique - La programmation de cellules de mammifères opérationnelle - Le métabolisme à l'origine de la vie avant l'ARN - Le sens de l'évolution maximise l'utilisation d'énergie - Un virus à l'origine de la reproduction sexuée - Les risques d'extinction sont plus grands que les chances de croissance - Des têtards apprennent à voir avec un oeil greffé sur leur queue ! - La contagion émotionnelle du jeu chez les perroquets - Les espèces de piverts sociables ont vu leur cerveau diminuer ! - L'espérance de vie de chimpanzés égale à celle de chasseurs-cueilleurs - Des crânes de Denisoviens de 100 000 ans découverts en Chine ? - Des gravures de 32 000 ans - Augmenter les cellules souches dans le sang avec une protéine - Le manque d'oméga-3 cause de l'Alzheimer ? - 66% des cancers dues au hasard de mutations fatales - Autisme : nette amélioration des troubles grâce à un diurétique - Impression 3D de bactéries pour produire des matériaux - Faire déplacer un liquide tout seul grâce à des microtubules de cellules - Un projecteur vidéo crée une réalité augmentée sans casque - Le taxi volant autonome d'Airbus


04/2017L'imposture populiste, 13/04/17
Ce qui devrait être le coeur de la philosophie, c'est bien la question politique, de son irrationalité et de son impuissance. La seule question philosophique sérieuse est celle de notre suicide collectif, la philosophie pratique ne pouvant se réduire à l'individuel qui n'est rien sans l'action collective. Depuis la fin du communisme, car notre problème est bien l'échec du communisme partout, les aspirations révolutionnaires à l'égalité et la justice, ne trouvant plus d'autres issues, ont dérivé de plus en plus vers l'extrême-droite, de l'islamisme au nationalisme. Au niveau théorique, on a assisté aussi à l'impensable retour d'une sorte de fascisme, sous la forme adoucie du "populisme", auquel Ernesto Laclau et Chantal Mouffe ont voulu donner une dangereuse caution intellectuelle, organisant la confusion entre gauche et droite, alors que, malgré leurs dénégations, le populisme reste l'appel à un pouvoir autoritaire, volontariste, souverainiste, nationaliste et identitaire.


Bonne période chaude d'avril, sans plus de problèmes de santé ni d'argent dans l'immédiat (même si je n'ai toujours pas les moyens de payer le dentiste) en attendant l'élection présidentielle à rebondissements.

Revue des sciences mai 2017,  01/05/17
Il n'y a pas de super-intelligence - L'espace-temps tissé par l'intrication - L'intrication quantique est-elle un trou de ver ? - La grammaire universelle de Chomsky réfutée - L'ancêtre de toutes les cellules déjà complexe - Le point froid du rayonnement fossile, la collision d'un autre univers ? - L'énergie noire n'existerait pas - Le projet fou d'accrocher un immeuble à un astéroïde - Une comète à l'origine d'un petit âge glaciaire il y a 13 000 ans - Le thermostat naturel des niveaux de CO2 - Le réchauffement pourrait diminuer le plancton des océans tropicaux - Augmenter la réflexion des nuages avec du sel pour protéger la barrière de corail ? - Un sèche-linge à ultrasons - Lilium Jet, le premier avion électrique à décollage vertical - L'atmosphère primitive a produit les bases de l'ARN grâce aux astéroïdes - Des organismes vivant 10km sous terre - Des modifications épigénétiques favorisent la spéciation - On rêve même pendant le sommeil profond - Un utérus artificiel pour des agneaux prématurés de 4 semaines - Le sang du cordon ombilical humain améliore la mémoire des souris - Prendre un bain chaud serait aussi bénéfique que le sport - La guerre entre intelligences artificielles - Facebook veut connecter les cerveaux pour communiquer par la pensée


Le capitalisme de réseau, 03/05/17
Un article de décembre montre comme la blockchain associée au crowdfunding pourrait exploiter "l'effet de réseaux" pour le capital-risque en permettant de distribuer aux premiers investisseurs des "jetons" destinés à prendre de la valeur avec le développement de la start-up. C'est ce qu'on appelle ICO (Initial Coin Offering), nouvelle forme de capitalisme numérique très différente du capitalisme industriel. Ainsi, si les blockchains ont d'abord permis l'émergence de « l'Internet de l'argent », désormais elles ouvrent la voie à « l'Internet des actifs ».


05/2017Je suis grand-père d'un petit Samy, né le 6 mai.

Les 4 types d'organisation du travail du futur, 08/05/17
Taylorisme numérique, plateforme numérique, organisation apprenante, super-intérim


Critique de l'aliénation, 12/05/17
La question de l'aliénation posée au regard d'une essence de l'homme commence avec les jeunes hégéliens. D'abord religieuse chez Feuerbach, puis économique avec l'émergence du prolétariat industriel dans toute son inhumanité. Les deux formes cardinales de l'aliénation, qui en imposeront le thème, sont effectivement l'aliénation religieuse et l'aliénation dans le travail. Mais c'est seulement des années 1920 à 1970 que l'aliénation deviendra centrale. De l'existentialisme à Lukàcs et l'Ecole de Francfort, aux situationnistes, à Mai68, aux féministes ou écologistes, le thème de l'aliénation aura tendance à se répandre un peu partout, dessinant en creux une essence humaine idéalisée. D'autres sortes de matérialismes oseront les mêmes promesses insensées de réconciliation finale que les religions du salut, que ce soit le sexo-gauchisme s'imaginant, par une mauvaise lecture de Freud cette fois, retrouver une nature harmonieuse dans la transgression de la loi et la levée de tous les tabous, ou encore les écologistes voulant nous faire revenir à un mode de vie naturel censé permettre l'épanouissement de nos qualités humaines. Bien sûr, les promesses ne sont jamais tenues car l'état originel supposé n'existe pas ni la chute dans l'aliénation comme dans le péché. L'homme est un être inachevé, une espèce invasive adaptable à tous les milieux mais qui y reste comme étranger, inadéquat, déraciné. Son identité n'est pas donnée, encore moins immuable alors que, ce qui le caractérise serait plutôt le questionnement et le non-identique (même à me renier, je reste moi-même). L'être parlant que nous sommes ne contient pas sa finalité en lui (Je est un Autre), il est parlé plus qu'il ne parle, constitué des rapports sociaux et des discours ambiants, de sorte qu'on peut dire avec raison que pour un tel être, l'existence précède l'essence. Il faut rétorquer aux tentatives de fonder une norme humaine, une identité originaire de l'humanité qui serait opposable aux robots comme aux transhumains, que nous sommes plutôt les produits d'un apprentissage et d'une évolution qui nous dépasse, que nous ne sommes pas au centre de l'univers, pas plus que ses créateurs, et que ni nos capacités cognitives, ni les sciences ne sont propres à notre espèce encore moins à une tradition ou une race.


Texte préparatoire à l'article suivant sur Gorz et qui m'apparaît tenir le coup.

Le moment Gorz, 25/05/17
Dix ans après sa mort, je tente de faire le bilan de ce qui a été pour moi et quelques autres le moment Gorz, à la fois sa nécessité historique pour nous et son caractère daté. C'est un fait que sa présence nous a permis de passer du marxisme à l'écologie, nous servant à défendre une écologie politique radicale. C'est un fait aussi que nous avons échoué, ce dont il faut bien rendre compte. Reste la voie des alternatives locales qu'il a commencé à élaborer et qui pourrait avoir plus d'avenir ?


Article pour EcoRev' à l'occasion des 10 ans de la mort de Gorz et qui a été l'objet d'un échange avec son biographe, Willy Gianinazzi, très déçu et choqué même !

Revue des sciences juin 2017, 01/06/17
Comment aller explorer Alpha du Centaure - Parler en sifflant un phénomène planétaire - Les mécanismes neuronaux du désir et de l'amour - L'expansion de l'univers causé par les fluctuations quantiques de l'espace-temps - Les bouillonnements de méthane augmenteraient la capture du CO2 ! - Des coraux qui se développent plus vite dans l'eau chaude survivent au réchauffement - Convertir l'azote de l'atmosphère en engrais - Du lait synthétique avec des levures OGM - Des fossiles microbiens de 3,48 milliards - Les babouins ont une asymétrie semblable à celle du langage - Le rôle de l'alcool depuis 10 millions d'années au néolithique - Les migrations humaines par les gènes et la langue - La structure hiérarchique de la langue confirmée dans le cerveau - Des souvenirs refont surface grâce à la stimulation électrique cérébrale - Des cellules souches humaines cultivées pour produire du sang - Un ovaire imprimé en 3D a permis la naissance de bébés souris - Le cannabis mauvais pour les jeunes, bon pour les vieux - Une pilule pour remplacer le sport - Une électrode dans le cerveau pour contrôler un exosquelette - La voiture volante de Toyota pour 2020


L'origine de la religion, de la civilisation et de l'agriculture, 13/06/17
C'est surtout depuis 2015 qu'est apparue l'importance considérable du site appelé Göbekli Tepe (à la frontière entre la Turquie et la Syrie) daté de presque 14 000 ans et qui devient un candidat très sérieux (avec ses mégalithes en T) à l'origine de la religion, de la civilisation et de l'agriculture, pas moins !


Le réel au-delà de la technique, 18/06/17
Quand on a l'audace de remettre en cause la centralité de l'homme, la tentation est grande de remplacer cette centralité par celle de la technique, ce qui est tout autant trompeur, se focalisant sur des techniques qui ne sont que le résultat de nécessités extérieures (écologiques, économiques, militaires). L'évolution technique a beau sembler être autonome, prolongeant son état antérieur et se complexifiant, elle ne procède pas d'elle-même mais de son époque (ce pourquoi on a souvent des inventions simultanées) ainsi que des urgences du moment (sans quoi elles ne sont pas adoptées), de sorte qu'on peut dire aussi de la technique, qu'elle n'existe pas. Ce qui existe, ce sont des processus matériels en interactions et en évolution constante, la continuation de l'évolution biologique par d'autres moyens (externes). Ce qui disparaît à mettre la technique au premier plan, c'est le milieu, milieu d'où viennent ces techniques. Le réel reste opaque, qui fait trou dans le savoir, se définit d'y échapper à faire événement, mais nous maintient dans une sorte de darwinisme. S'obstiner à vouloir faire de l'homme la cause de la technique ou du capitalisme et de leurs dévastations, ne peut mener qu'à vouloir nous changer, retrouver notre nature perdue ou forger un homme nouveau, mais en tout cas opposer aux techniques du pouvoir des contre-techniques pour nous rééduquer, redresser notre désir, soigner nos perversion - dangereuse conception thérapeutique et normalisatrice de la philosophie comme de la politique.


L'article a eu pas mal de "like" Facebook (en https), sans doute mérité ! En fait, c'est surtout une critique de Bernard Stiegler, avec qui j'avais eu un échange houleux en février 2015, mais il y a une grande continuité dans mes derniers articles, notamment sur la technique et la causalité par le milieu. Sinon, on peut dire que c'est la grande forme depuis assez longtemps maintenant (plus de 3 mois!), alors que vient une canicule.

Revue des sciences juillet 2017, 01/07/17
La stagnation de l'économie -  A l'origine, il y avait 2 soleils - Après la planète 9, la planète 10 ? - Elon Musk veut envoyer 1 million de colons sur Mars - L'eau serait un équilibre entre deux formes de liquides - L'océan arctique était un lac d'eau douce, il y a plus de 34 millions d'années - La réplication des deux brins de l'ADN n'est pas synchronisée - On peut effacer la mémoire non-associative d'un ver sans toucher à sa mémoire associative - Le cerveau multidimensionnel - La fonction de la conscience dans l'apprentissage - L'altruisme chez les chimpanzés - Un homo sapiens archaïque de 300 000 ans au Maroc - Des proto-hiéroglyphes égyptiens de 5200 ans - Une cité impériale de 4000 ans confirme les récits légendaires chinois - Sergio Canavero "réussit" des greffes de têtes - Des cellules de porc dans le cerveau contre le Parkinson - Cibler un rétrovirus de notre génome pour mieux éliminer le VIH - Un masque d'auto-hypnose connecté - La téléportation biologique - Michelin Vision, un pneu imprimé en 3D et réparable - Un premier Hyperloop reliant Paris à Amsterdam en 2021 ?


Jacques Robin, 10 ans après, 07/07/17
Je ne peux pas, en ce jour anniversaire, ne pas penser à Jacques Robin qui est mort, il y a tout juste 10 ans le 7/7/7 et qui m'aura sollicité en permanence de 2002 à 2007. Même si mon rôle était essentiellement critique, ce qu'il m'a apporté a été décisif, non seulement par son estime mais de m'avoir ouvert aux sciences, ce que je n'aurais jamais osé tout seul et qui est bien sûr fondamental. Le plus important cependant, c'est incontestablement son insistance sur l'information et sur la rupture qu'elle produisait avec l'ère de l'énergie, avertissant sans cesse qu'on était en train de "changer d'ère". L'étonnant, c'est que 10 ans après, cette rupture reste encore relativement méconnue, déniée ou du moins minimisée alors que l'accélération technologique affole tous les repères. Cela donne la mesure de son avance, et du retard d'une époque sur sa conscience d'elle-même.


Pour cet anniversaire j'ai eu beaucoup de mal à écrire un texte, qui a fini par être écrit au dernier moment.

La domestication de l'homme par l'homme, 09/07/17
Plusieurs études semblent bien confirmer que notre espèce se caractérise par le fait que nous nous sommes domestiqués nous-mêmes (et féminisés) avant de domestiquer les animaux (d'abord les chiens). C'est un nouvel exemple de la façon dont nous avons été modelés par le milieu et la technique dans le sens d'une dénaturation culturelle nous séparant de l'animal sauvage en nous faisant plus dociles, capables de se retenir et de suivre des règles sociales, d'obéir enfin (c'est la capacité d'obéir qui donne sens à notre liberté). Bien sûr, tout est relatif et progressif mais notre domestication signifie que nous avons dû apprendre à réfréner, voire refouler, nos instincts, ce qui se serait fait par élimination (de la reproduction au moins) des plus agressifs et impulsifs, c'est-à-dire principalement ceux qui avaient le plus de testostérone (cela se voit sur les crânes). L'hypothèse intéressante ici, c'est que le développement de notre gros cerveau était antérieur à celui de la culture, précédant l'élimination des plus agressifs qui aurait été la conséquence de nos capacités cognitives (la raison) permettant de se liguer contre les plus violents.


La nouvelle n'était pas prévue qui donne un nouvel éclairage - comme toujours un peu décevant. J'ai vu des vidéos bien intéressantes sur les topos de Grothendieck et d'une mathématicienne, Olivia Caramello, qui m'a impressionné.

Revue des sciences août 2017, 01/08/17
Le retour du risque nucléaire - L'intelligence artificielle enjeu du siècle - Les premiers tailleurs de pierre n'étaient pas humains - La moitié de la matière vient de galaxies lointaines - Des micro-satellites pour les voyages interstellaires - Des rivières souterraines coulent sur Mars ? - Mission Dart : la Nasa veut dévier un astéroïde - L'exploitation minière de la Lune dès 2020 - Ce que le champ magnétique terrestre doit à la Lune - Une enzyme accélère la séquestration du CO2 dans l'océan - Du méthane à partir du CO2 et du Soleil - L'ADN poubelle (75%) nous protège des mutations délétères - Les vers géants des profondeurs vivent plus de 1000 ans - Les corbeaux savent anticiper - Les rats savent qu'ils savent et qu'ils oublient - Deux gènes sociaux expliqueraient la domestication des chiens - Le mauvais sommeil des plus âgés en fait des veilleurs de nuit - La pensée de groupe - 16 gènes détermineraient l'espérance de vie - Des cellules souches dans l'hypothalamus pour rajeunir - La mémoire perdue peut être réactivée - FlatScope, un implant cérébral connecté - Un téléphone alimenté par les ondes ambiantes - Mira, un casque de réalité augmentée à 99$


La liberté contre l'identité chez Sartre, 16/08/17
L'Être et le Néant de Sartre n'est pas un livre sans faiblesses mais celles-ci n'ont pas tant d'importance au regard de l'influence qu'il exercera sur son époque. En effet, s'y fondait une position politique opposée à celle du nazi Heidegger et de sa quête de l'originaire, position de gauche pour laquelle "l'existentialisme est un humanisme". Bien qu'il soit contestable de tout réduire au néant, cela servira de socle à une conception de l'homme très différente en effet de celles de Hegel ou Heidegger - qu'il semble pourtant ne faire que répéter - puisqu'elle le libère au contraire de ses dettes envers le passé comme de toute essence supposée. Il ne s'agit plus d'être-là, d'habiter le lieu, mais de le déborder, toujours déjà pris dans la négation ou la fuite en avant, non à cause de notre finitude de mortels, mais de notre réflexivité et de notre projection dans l'avenir, entreprise de désidentification pour laquelle l'identité qui nous fige devient même une insulte, nous ramenant à une chose inerte, nous assignant à notre place, devenus anonymes et muets. Revenir à Sartre est utile pour combattre le retour des tendances identitaires et autoritaires en y opposant une liberté de principe qui nous constitue comme interlocuteur, véritable dignité de l'homme. On donnera cependant presque un sens inversé à l'affirmation anti-platonicienne que "l'existence précède l'essence", où l'homme n'est plus au centre, auto-création de soi-même, alors que c'est le milieu qui détermine entièrement l'évolution d'une essence humaine changeante - ce qu'il faut concilier avec notre liberté supposée, sa nécessité métaphysique comme sa réalité pratique.


Période tranquille un peu moins chaude entre deux canicules où l'on a dégagé la dalle devant la cuisine, sauf que les douleurs reviennent (qui avaient disparu depuis le mois d'avril) et une incompatibilité avec la dernière mise à jour wordpress a obligé à reconstruire le blog (en perdant quelques fonctions) mais la fréquentation est tellement basse que cela me démobilise un peu plus.

Revue des sciences septembre 2017, 01/09/17
La voiture autonome modifie l'urbanisme - Une centaine de volcans sous l'Antarctique - Il y a bien une transmission épigénétique - CRISPR-RCas9 l'édition de gène qui cible l'ARN - L'édition de gène par homologie (sans CRISPR) - Des hommes à Sumatra avant l'éruption du Mont Toba (71 000 ans) - Les modifications épigénétiques de la parole qui distinguent Sapiens - L'agriculture a fragilisé notre squelette et rendus moins forts - Une tablette babylonienne de trigonométrie de 3700 ans - Les différences du cerveau entre hommes et femmes - Contrôler par champs magnétiques les mouvements d'un animal - Le cerveau évalue mieux que nous - On peut apprendre pendant le sommeil léger mais on oublie après le sommeil profond - Une zone du cerveau stimulée rend familier l'inconnu - Reprogrammer instantanément les cellules avec une puce délivrant de l'ADN - Des cochons OGM pour produire des organes humains à transplanter - Des greffes de peau modifiée avec CRISPR contre le diabète - Une pilule qui remplace le sport - Un anti-inflammatoire réduit crises cardiaques et cancers - Le premier jeu contrôlé par le cerveau


Ce qui donne sens à l'existence, 12/09/17
Même les utopies politiques n'ont pas peur de promettre l'épanouissement de l'individu et de ses capacités, dans une conception spinoziste qui correspond sans doute à ce qu'on peut considérer comme la véritable réussite personnelle et va très bien à certains mais ne trouve pas d'écho en moi, ne suffit pas en tout cas à faire sens. Dans une société parfaite, pour quelle raison écrire des poèmes ou philosopher ? La création artistique censée exprimer notre précieuse intériorité ne serait-elle plus qu'un passe-temps sans conséquence ? Ne perd-elle pas tout sens justement ? Le sens ne vient que des actions collectives, de l'histoire et de l'inachevé, d'un enjeu vital pour l'avenir. Ce qui nous manque pour donner sens à notre vie, notre journée, notre travail, ce n'est aucune condition matérielle mais seulement le sentiment de travailler à une oeuvre commune, d'y avoir une action positive, d'y être reconnu, projection dans un futur au-delà de notre propre existence plus que jouissance éphémère ou présence au monde. En tout cas, il y a de quoi récuser le souci de soi plus ou moins biologisant dont on nous rebat les oreilles. Bien sûr, ce n'est pas parce que l'être parlant a besoin de sens et qu'il ne peut le trouver qu'à l'extérieur que le sens serait toujours bénéfique. C'est une puissance très ambivalente (il n'y a pas que la technique), il est même à l'origine des plus grandes horreurs (guerre des religions, nazisme, communisme, terrorisme, etc). Le sens reste dangereux, le collectif reste dangereux et c'est aussi ce qui donne du poids à nos engagements et sens à notre existence.


Qu'est-ce que la démocratie ?, 22/09/17
Les agriculteurs qui ont remplacé les marins-pêcheurs de la culture mégalithique, étaient très égalitaires et démocratiques si l'on en croit Alain Testart qui parle à leur sujet de "démocraties primitives". Mais alors, si la démocratie était relativement courante dans la préhistoire, bien que dominée par des régimes hiérarchiques et militaires depuis le néolithique, qu'est-ce que les Grecs ont inventé ? On pourrait dire qu'ils ont juste formalisé la démocratie, passage à l'écrit des diverses constitutions permettant la réflexion sur leurs principes, mais, en fait, ils ont surtout inventé la démocratie marchande inégalitaire ! Le marché serait effectivement le déterminant principal de la démocratie si l'on en croit Archytas de Tarente, dirigeant-philosophe ami de Platon, pour qui le concept d'égalité se serait imposé dans les rapports marchands, l'échange équitable entre le vendeur et l'acheteur grâce à une mesure commune et une pensée raisonnée qui égalisent les contractants. Le marché serait ainsi la condition de la démocratie inégalitaire régie par un droit égalitaire. L'autre origine mythique de la démocratie, c'est bien sûr la Révolution Française alors qu'en dehors de la déclaration des droits de l'homme et du citoyen, nos institutions viennent directement de la monarchie constitutionnelle ou de l'Empire.


Revue des sciences octobre 2017, 01/10/17
Austérité et robotisation - Le réchauffement serait moins fort que prévu - Pas de bombe méthane ? - Un détecteur portable de neutrinos basse énergie - L'inflation cosmologique - La gravité un effet de l'effondrement de la fonction d'onde ? - Un millier de colons sur la Lune en 2050 ? - Transformer le CO2 en carburant - L'ADN viendrait des météorites et devancerait les acides aminés - L'ancêtre des primates faisait des sauts acrobatiques - Un village de la côte ouest du canada daté de -14 000 ans - Chez les souris mâles les neurones sexuels sont liés à l'agression - Le vieillissement provoqué génétiquement par l'autophagie - La stimulation cérébrale réveille un patient en état végétatif depuis 15 ans - La dépression différente pour l'homme ou la femme - La dépression une maladie inflammatoire ? - Un antidépresseur IMAO-A contre la graisse inflammatoire - Les macrophages inflammatoires dans notre graisse à l'origine du diabète - Un patch avec des nanoparticules réduit de 20 % des bourrelets graisseux - Un "stylo" qui détecte des cellules cancéreuses en 10 secondes - Des hologrammes sur le pare-brise - L'agriculture robotisée sans l'homme du semis aux récoltes


C'est le début de la récolte et des érables rougeoyants, toujours un bon moment avec abondance de fruits (les figues sont succulentes après le raisin) mais le temps est très instable passant de l'été à l'automne en quelques jours. Il a fallu remettre le chauffage, faire le ramonage (les poumons en ont pris un coup) puis il a refait 27°C !

L'aliénation dans le travail, 10/10/17
L'aliénation est pour Hegel une nécessité de l'expression, de l'objectivation et de la conscience de soi alors que, si on remet la dialectique sur ses pieds matériels, l'aliénation dans le travail relève plutôt de nécessités extérieures, de besoins sociaux et vitaux, ce qui n'empêche pas que le travail nous objective et que nous y sommes mis en question dans notre être. L'impératif de nous désidentifier de notre travail n'est pas seulement une nécessité ontologique, l'intervention d'une liberté arbitraire, mais peut se comprendre plutôt comme la nécessité de corriger la représentation que mon travail donne de moi, retrouvant la "réthorique des passions" d'Aristote, où la passion se définit comme réaction à la représentation que l'autre a de moi. Sinon, le sens du travail n'est pas individuel, il est social, l'autonomie dans le travail sert à faire le nécessaire, pas à faire n'importe quoi ni à notre "libre développement", ne supprimant pas du tout l'hétéronomie du système de production qu'on soit salarié ou indépendant. Le travail nous restera toujours étranger de quelque façon, étrangeté du réel qui ne se plie pas à nos quatre volontés et mobilise toutes nos énergies pour pas grand chose souvent, mais la dureté du réel n'efface pas la face positive du travail comme socialisation, maîtrise de son métier, exercice de ses capacités, réussite et reconnaissance monétaire, tout ce qui fait qu'on tient à son travail comme à sa place - sans qu'on puisse donc s'y identifier tout-à-fait.


L'ère de l'intelligence artificielle, 20/10/17
Si certains ne veulent y voir rien de nouveau, soulignant les limitations actuelles, d'autres tombent dans les exagérations les plus extrêmes, de la crainte du grand remplacement par les robots, qui seront plutôt nos partenaires, à notre asservissement par une intelligence supérieure, quand ce n'est pas une Singularité mythique, extrapolation exponentielle qui n'a aucun sens. La vérité, c'est que l'IA va bien tout bouleverser dans les prochaines années, plus même que le numérique dont elle est l'aboutissement, donnant sens à toutes les données qui se transmettent en masse. On ferait mieux d'en tenir compte mais si on peut s'extasier qu'AlphaGo Zero puisse apprendre en 40 jours une science du Go qui a mis 3000 ans à s'élaborer - tout comme on s'est extasié de la rapidité de calcul de nos ordinateurs - cela n'a rien à voir avec une intelligence omnisciente. Kevin Kelly a raison de dire que la peur d'une intelligence artificielle supérieure à la nôtre est irrationnelle car l'intelligence étant multidimensionnelle, une intelligence supérieure n'a pas de sens sinon dans un domaine spécialisé et il y a des limites à l'intelligence qui ne peut être infinie (ni générale). L'Intelligence Artificielle n'a certes pas que des bons côtés puisque permettant notamment un renforcement de la surveillance et qu'elle va impacter la guerre aussi fondamentalement que le nucléaire (il y aura des guerres entre intelligences artificielles, comme entre robots boursiers).


Toujours entre belles journées d'été et froides journées d'automne très occupées.

Revue des sciences novembre 2017, 01/11/17
Sapiens de Yuval Harari - Une conscience artificielle ? - La différenciation cellulaire dans le temps avant les multicellulaires - L'intelligence artificielle (encore) - Lockheed Martin à la conquête de Mars - Produire de l'oxygène et du carburant sur Mars avec un plasma de CO2 - Les données démontrent l'intrication de 16 millions d'atomes - Un métamatériau rend stationnaire l'onde lumineuse - La savane apparue il y a 8 millions d'années à cause de l'explosion d'une supernova proche - Glaciation et sécheresse auraient poussé les hommes hors d'Afrique - Cléopatre régnait sur une Egypte ruinée par le climat - La gestion des sols pourrait fortement réduire le CO2 - Mieux que les routes solaires, les routes chauffantes - Une peinture qui rafraîchit au soleil - Néom, la nouvelle ville futuriste d'Arabie Saoudite - Les P-bodies stockent les ARNm - Décoder le cerveau en direct - Les pleurs des bébés déclenchent l'envie des mères de leur parler - Les différentes couleurs de peau viennent d'Afrique - Des cellules souches contre le mal de dos et le vieillissement - Des champignons hallucinogènes contre la dépression - Produire un composé du cannabis avec des levures modifiées - Clips, l'appareil photo de Google qui prend tout seul des photos


Le langage de la conscience, 07/11/17
Les progrès rapides de l'Intelligence Artificielle et de l'étude du cerveau posent à nouveaux frais la question de la conscience dont on voudrait doter les robots, imaginant le pire et mettant du coup en question notre identité humaine. C'est qu'il y a confusion entre différents niveaux de conscience. Il y a incontestablement une conscience qu'on peut dire animale ou cognitive, se distinguant de l'inconscience totale des automatismes ordinaires et impliquant une certaine conscience de soi, de sa position dans l'espace. On voit bien cependant que cela n'a rien à voir avec notre propre conscience qu'Alain assimilait à la conscience morale et qui est plus largement une conscience sociale et de notre responsabilité, ce qui constitue notre identité. Or, celle-ci n'est pas réductible au calcul ni à l'imitation mais implique le langage narratif, condition d'un monde commun, ainsi qu'un récit de soi, condition de l'individuation. On s'éloigne ainsi du cognitivisme comme de la crainte de pulsions maléfiques prêtées à tort aux machines pour retrouver les pulsions maléfiques des humains qui se racontent des histoires...


Texte écrit rapidement et avec bonheur mais, c'est l'hiver, on rentre le bois et la chaudière marche bien pour l'instant. Sinon, j'ai dû corriger un nouveau manuscrit de Joël de Rosnay que je n'ai pas trouvé bon, ce qu'il n'a guère apprécié...

L'existence éthique de l'être parlant, 16/11/17
Notre époque historique remet en cause l'identité humaine confrontée aussi bien à l'intelligence artificielle et aux robots qu'au transhumanisme mais aussi au décodage du cerveau et au cognitivisme qui paraissent nous réduire à de simples calculs, à des machines qui pourraient bientôt nous remplacer. Que nous reste-t-il donc, dépouillés de tous nos attributs, y compris de notre espèce génétique et réduits à l'animal ? A ce stade, il semble bien que seul nous distingue encore le langage narratif qui n'est pas du tout maîtrisé par l'Intelligence Artificielle jusqu'ici. Il le sera sans doute un jour mais cela suffira-t-il à faire d'une machine notre égal ? On peut en douter. On a vu, en effet, que notre conscience était fondamentalement une conscience sociale et morale, dévouée au langage narratif et au récit de soi. Ce qui nous spécifie n'est pas tellement nos capacités cognitives mais d'habiter le langage et d'avoir la capacité de dire "Je", de parler en notre nom. Ce qu'un parlêtre vise, c'est une intériorité, une subjectivité bavarde, ce qui empêche de nous réduire à une machine ou un objet. Notre "humanité" ne consiste en aucune propriété objective ou biologique, aucune capacité unique ni essence humaine qui nous serait spécifique et précèderait notre existence mais seulement dans notre rapport aux autres par le langage, c'est-à-dire notre responsabilité qui nous constitue comme interlocuteur, comme un homme de parole. Ce devoir-être qu'on peut appeler le sentiment moral dans un sens élargi au social, voire au commérage, est tout ce qui nous distingue des bêtes comme des robots avec lesquels il restera donc une différence fondamentale sans doute. Mais, cette différence ontologique relève entièrement de l'éthique de l'être parlant. Au contraire des machines, nous pouvons ressentir honte et culpabilité sans lesquels aucune parole n'est possible (en dehors de l'impératif). De sorte que, sans aller jusqu'à l'extrémisme intenable de Lévinas, on doit effectivement faire de l'éthique la philosophie première, fondement de notre identité, de notre "humanité", se confondant avec notre ontologie existentielle et la question de notre liberté (morale).


Retour d'une petite déprime (et de la tension et de problèmes digestifs, et d'une petite bronchite) malgré un temps splendide bien que froid. Les chats sont de nouveau trop nombreux et il y a de la pisse partout. Je passe mon temps à faire le ménage !

Revue des sciences décembre 2017, 01/12/17
Les nouveaux emplois à venir - Les volcans, berceau de la vie ? - Le discours intérieur, une fenêtre sur l'esprit - Comment sont nées les sociétés humaines ? - Antonio Damasio et les sentiments sociaux - La fusion de quarks fera-t-elle des bombes encore plus puissantes ? - Plus d'énergie noire ni de matière noire avec l'invariance d'échelle du vide - Une visite venue d'autres étoiles - De nouvelles méthodes de capture du CO2 - Les batteries ions sodium pourraient remplacer le lithium ? - Transformer l'azote de l'air en engrais - Des tardigrades auraient pu venir de poussières cosmiques - Un Sapiens archaïque en Chine réécrit notre histoire - La liberté des femmes assyriennes, il y a 4000 ans - Les nomades relient les cultures de l'âge du bronze - Une sculpture grecque datant de 3 500 ans - Une cavité de 30m dans la pyramide de Kheops ? - Les humains ont exterminé les paresseux géants des caraïbes - Apprentissage de la langue maternelle dans une tribu - Les bébés apprennent les mots avant de pouvoir les utiliser - L'intelligence générale est fonction de la flexibilité du cerveau - Comment notre opinion est influencée - Pas de création de neurones dans l'hippocampe ? - Un implant améliore la mémoire en imitant l'apprentissage - Le Gaba contre la rumination des pensées négatives - L'inflammation des astrocytes entretient les traumatismes - Des analogues du resvératrol rajeunissent les cellules sénescentes - Dissémination du VIH-1 par des cellules géantes multinucléées - Les robots sexuels arrivent et pourront faire des petits !

Je croyais que c'était entendu, la revue des sciences devant se terminer en septembre 2018 (en fait il me faudra continuer jusqu'en juillet 2020) ! J'ai fait un saut à Paris pour l'anniversaire de mon père mais il m'est de plus en plus difficile de quitter la maison.

Rock N' Roll Is Dead, 13/12/17
Le rock a été un moment important de notre histoire, un peu comme le romantisme par exemple, porteur de valeurs dont certaines restent à défendre - pas toutes - et qui ne sont justement pas celles du pouvoir, ce pourquoi on peut s'amuser de le voir ainsi célébré. En effet, tous les discours officiels nous invitent inévitablement à l'optimisme et à être contents de nous, célébrant la réussite (de l'école à l'entreprise). Cet utilitarisme assumé de la pensée positive contamine tous les aspects de la vie, mis au service de la santé du corps comme d'un supposé épanouissement professionnel avant la satisfaction d'une vieillesse sereine. Dans ce beau monde bien ordonné, il se trouve malheureusement des inadaptés sociaux, des poètes, des idéalistes qui ne rentrent pas dans les cases et ne jouent pas le jeu. C'est incontestablement un mode d'existence qui n'est pas généralisable mais pour ceux qui ne suivent pas la norme, le rock a pu être un moyen d'affirmation et d'appartenance.


Le nihilisme de Nietzsche, 20/12/17
L'amusant, c'est de constater que son rejet de l'idéal et de la morale ne fera qu'aboutir à un autre idéal, une autre morale négatrice. Il appelle, en effet, nihilisme la négation de la vie au nom de l'idéal (platonicien) ou de valeurs supérieures, comme si elles n'étaient qu'un obstacle à une affirmation positive de la vie à laquelle il suffirait de laisser libre cours. C'est bien sûr une illusion dogmatique et l'inversion des valeurs ne se résumera finalement qu'à en garder la supériorité, l'effort pour se dépasser qui ne prend sens qu'à pouvoir regarder les autres de haut. Du coup, il ne fait que répéter la promesse du crucifié (auquel il s'identifie) en reconstituant un idéal de vie héroïque qui transfigurerait l'existence, ce qui dévalorise tout autant la vraie vie, vie quotidienne renvoyée au néant dans un nihilisme encore plus radical sous ses apparences hédonistes. En tout cas, malgré ses grandes envolées, le snobisme de Nietzsche ne nous sera d'aucun secours pour affronter les limites de l'émancipation (qui sont notre actualité) sans donc remettre en question l'émancipation elle-même, mais en la projetant dans notre monde commun qui lui donne un contenu. Il ne faut renier ni l'existence individuelle, la précieuse liberté de chacun, ni la dimension sociale de l'être parlant (de la langue et du sens communs) qui ne croit pouvoir s'en abstraire qu'à se persuader de sa supériorité sur les autres. Au lieu d'une liberté se contemplant dans sa vacuité, nous sommes requis par les urgences écologiques et sociales, avec les autres, dans l'action. Où il ne s'agit plus vraiment de choisir sa petite vie (sans vraiment le pouvoir) ni de se torturer pour savoir sur quoi s'appuyer en dehors de la religion et de la loi du Père déficiente, mais de sauver ce qui peut l'être et se mesurer aux forces sociales et matérielles qui menacent nos conditions de vie en se mettant au service de la finalité commune. Tout le reste n'est que nihilisme.


C'est d'avoir vu les cours d'Annick Stevens à l'université populaire de Marseille sur Nietzsche qui m'a fait écrire ce petit texte critiquant la séduction de Nietzsche chez les libertaires, mais aussi parce que Nietzsche posait déjà la question la plus actuelle, celle de ce qui distingue notre humanité des machines et des animaux s'il n'y a plus de Dieu.


2018 - causes matérielles, idéalisme allemand, invention des peuples, de l'humanisme à l'écologie (65 ans)

2018Je devais prendre ma retraite, ce pourquoi j'ai arrêté ma revue des sciences avec celle d'octobre, pour apprendre 15 jours plus tard que je n'avais pas de retraite (puisque très inférieure au minimum vieillesses). J'ai toujours méprisé l'argent qui me le rend bien. J'ai donc repris du travail mais j'ai de plus en plus de douleurs et de tension...

Revue des sciences janvier 2018, 01/01/18
L'avenir de la réalité augmentée - Détecter la conscience - La conscience comme récit de soi - L'Homme s'est-il auto-domestiqué ? - Les turbulences du Big Bang causées par les ondes gravitationnelles - L'informatique réversible des vallées électroniques - Le soleil en activité minimale pour 30 ans ? - Des réacteurs nucléaires au thorium pour équiper des drones - Des plantes lumineuses - Des fossiles de 3,5 milliards d'années - Asservissement de la production de protéines des cellules - Un drôle de dinosaure cygne - L'évolution de la taille et du poids de nos premiers ancêtres - Les vieux corbeaux ne fabriquent plus des crochets mais prennent des tout faits - Stonehenge des cérémonies sexuelles ? - Le tri inconscient avant la conscience - Les inégalités sexuelles des maladies neurodégénératives - Des anticorps de la mère favoriseraient l'homosexualité du petit frère - Des ARN responsables de la sénescence - Stress social, inflammation et dépression - Un spectromètre dans les smartphones ? - Impression 3D de plastiques communicants - Un robot au squelette humanoïde qui joue du badminton - Des robots insectes qui pensent comme des insectes - Keecker, le robot multimédia français


L'écologie dans la globalisation, 12/01/18
Nous ne sommes plus du tout dans la situation des premiers théoriciens écologistes car depuis la situation n'a fait que s'aggraver en même temps que l'écologie politique a perdu tout crédit. Toute la pensée écologiste doit se mettre à jour car nous n'avons plus de temps devant nous et il n'est plus possible de compter sur un changement de système global - qui aurait été si nécessaire pourtant. Ce qui est sûr, c'est qu'il y a des enjeux vitaux et qu'ils nous obligent à un constat lucide sur la situation planétaire et, donc aussi, à ne plus surestimer nos moyens d'y apporter des solutions. La naïveté est sur ce point désarmante alors que la politique, hélas, ne fait pas toujours preuve d'intelligence collective, c'est le moins qu'on puisse dire, et constitue plutôt une grande part du problème. Il ne faudrait pas que les écologistes ne fassent qu'en rajouter, et aggraver encore notre impuissance en continuant à rêver vainement d'utopies globales réglant magiquement tous les problèmes, au lieu de prendre la réalité locale à bras le corps. La globalisation ne peut se réduire au capitalisme qui n'en est qu'un élément. Avec les réseaux numériques et l'intensification, qu'on peut déplorer, des transports intercontinentaux, il faut admettre que l'unification du monde est bien matérielle et que rien ne semble pouvoir l'arrêter, du terrorisme aux épidémies et migrations. Pendant ce temps la température n'arrête pas de monter mais cette globalisation marchande étant aussi la globalisation des risques écologiques et climatiques, elle suscite la constitution d'une conscience globale qui définit l'écologie politique comme responsabilité collective du négatif de notre industrie. Cette conscience de soi collective doit aussi être conscience des limites du politique, sinon elle ne sert à rien. Il faudrait se persuader d'abord de l'obligation de prendre une autre voie que celle de l'étatisme et de l'affrontement frontal avec le capitalisme, la voie de la pluralité et du contournement, un peu l'équivalent d'une guérilla contre des forces supérieures. Nous avons plus besoin d'une écologie municipale transformatrice constituant son infrastructure matérielle que de programmes électoraux merveilleux qui ne seront jamais mis en pratique. Le dépassement du capitalisme ne pourra pas être une utopie isolée mais devra s'intégrer dans un mouvement mondial fédérant les initiatives et les communs, mettant en place des réseaux alternatifs.


Cet article a été écrit pour EcoRev' qui s'imaginent que c'est juste parce que je déprime que je suis si pessimiste ! J'ai plutôt l'impression de radoter et de ne plus adhérer aux illusions des écologistes, ce qui me pousse soudain à ne plus vouloir m'en occuper et à disparaître de la scène alors même que je m'étais décidé à plus m'investir dans l'écologie cette année - mais je me rends trop compte comme cela ne sert à rien...

La légalisation du cannabis est inévitable, 23/01/18
Le passage par la contravention paraît a priori un stade nécessaire pour dédramatiser le sujet et désengorger les tribunaux. C'est quand même un peu ridicule, l'amende ne pouvant plus être jugée juste lorsque la prohibition est complètement délégitimée ailleurs ; et plus seulement dans la petite Hollande qui en avait déjà montré tous les bienfaits, notamment pour diminuer la consommation des plus jeunes sur le long terme, mais au coeur de l'Empire désormais.


Je suis tombé sur le dos, en glissant sur la terre détrempée par la pluie et couverte de feuilles mortes. Pas trop de mal semble-t-il... Mon texte "Qu'est-ce que la philosophie ?" (qui est donné - je ne sais par qui - comme lien depuis des années dans l'article Wikipédia sur la philosophie) va servir dans un examen de fin d'études !

Revue des sciences février 2018, 01/02/18
Matière noire : la piste des trous noirs - La matière noire superfluide - Les nuages, amplificateurs du réchauffement - Ces esclaves qui ont façonné nos sociétés - Interprétation réaliste de la fonction d'ondes - Des atomes intriqués tombent-ils à la même vitesse? - Des glaciers de 300m d'épaisseur sur Mars - La grande oxygénation libérée par la tectonique des plaques - Désoxygénation de l'océan cause de l'extinction du Dévonien - L'acidification de l'océan atténuée par la végétation marine - Les méthanes marins n'atteindraient pas l'atmosphère - Tirer de l'énergie de la chaleur avec les mouvements du graphène - Un panneau solaire qui se branche sur une prise ordinaire - La bactérie E. coli transforme CO2+hydrogène en acide formique - Des météorites primitives avec les ingrédients de la vie - Des virus des océans d'un nouveau type à large spectre - Des faucons utiliseraient le feu pour chasser - Des singes clonés - Les tailles des groupes de primates - Des Homo sapiens en Israël de plus de 180 000 ans - Notre cerveau s'arrondit depuis 200 000 ans - Les synapses rappellent la mémoire mais ne la stockent pas - Les mathématiques de l'émergence de nouvelles idées - Les cils des neurones impliqués dans l'obésité, entre autres - Un extrait de curcuma contre l'Alzheimer rajeunit les cellules - Un traitement du Parkinson avec 2 facteurs de croissance ? - Un test sanguin détecte les principaux cancers - Manipuler l'expression des gènes immunitaires avec des ultrasons - Un chien qui respire sous l'eau un liquide oxygéné ! - La lévitation acoustique - Des captures d'images intelligentes pour voir même derrière les murs - Microsoft dépose un brevet pour contrôler Windows par la pensée - Un robot pour passer les outils - Zapata Ezfly : un étonnant Segway aérien


Période où je ne prends plus de traitements et où c'est la grande forme (à part une poussée d'herpès) !

Le nazi Heidegger, de l'existence à l'Être comme patrie, 07/02/18
Revenir sur Heidegger peut paraître excessif à certains - son nazisme le disqualifiant définitivement. Ainsi, pour Emmanuel Faye, il n'y aurait rien à sauver de son oeuvre qui ne relèverait que de l'esbroufe, voire du camouflage, et pas de la philosophie. C'est une double erreur car si son nazisme avait effectivement des fondements philosophiques, ils continuent à travailler notre époque et n'ont pas été assez pris au sérieux. L'influence de Heidegger se fait sentir notamment dans la critique de la technique et une certaine écologie qu'on peut dire religion de la nature. Il y a une véritable nécessité à en déconstruire les présupposés, toutes les notions solidaires d'essence humaine, d'origine et d'aliénation (où même Marx est appelé à la rescousse) qui vont se cristalliser dans la critique de la technique. Cependant, en dépit de cette attaque frontale qui ne se dérobe pas contre des tendances agissant dans la société actuelle, l'autre erreur serait de feindre d'ignorer l'événement qu'a été Être et Temps, ce qu'on a pu y reconnaître de nous-mêmes, devenu inoubliable - tout en refusant l'incroyable glissement qui s'opère ensuite de la découverte de l'existence à l'Être comme patrie et plus précisément comme Être allemand - qu'il exaltera jusqu'au bout. J'ai donc trouvé utile de citer l'extrait de la lettre sur l'humanisme où Heidegger argumente justement ce passage d'une ontologie existentielle - description de notre ouverture au monde qui nous met en cause dans notre être - se tournant ensuite vers l'extériorité de l'Être - comme origine et devenir historique - pour aboutir de façon si décevante à l'identifier à la patrie - qu'il tente certes de dénationaliser mais où se retrouve quand même l'expérience de la guerre à l'origine de sa philosophie de l'existence, et ce qui avait justifié très concrètement son engagement nazi.


Cet article s'est écrit tout seul (depuis un peu avant la dernière revue des sciences), en grande partie en réaction aux vidéos sur les cahiers noirs où la plupart voudraient garder tout Heidegger en rejetant son nazisme sans voir ce qui le justifie (essence humaine, origine, aliénation) ! En fait je voulais surtout publier l'extrait de la lettre sur l'humanisme mais la présentation a pris un peu plus d'ampleur. A ma grande surprise il a été beaucoup repris sur Facebook (en https). Globalement, ça va quand même très bien malgré le temps passé à mettre à jour les données pour ma retraite.

Revue des sciences mars 2018, 01/03/18
En attendant le pic de tout - Les robots intègrent les capacités d'abstraction - On a vu les premières étoiles de l'univers - Un seul photon peut envoyer en même temps une information au récepteur et à l'émetteur - De l'électricité à partir du rayonnement infrarouge - Un gratte-ciel en bois de 350m au Japon - CRISPR l'outil à tout faire pour enregistrer, détecter, éliminer - Les chauves-souris ne combattent pas les virus - Homo Erectus avait-il un langage ? - Des peintures de Néandertal, il y a 60 000 ans ? - L'ADN ancien révèle les différentes migrations européennes - Le stress du père influence le cerveau du fils - Similitudes épigénétiques entre autisme, schizophrénie et bipolaires - L'origine de l'Alzheimer serait vasculaire - Les exomères, agents extérieurs du cancer - Les bactéries de la peau protègent du cancer - Transplanter des organes de porcs dont les cellules sont remplacées par des cellules humaines - Des ultraviolets peuvent éliminer virus et bactéries de l'air - Les produits de ménage en spray sont très mauvais pour les poumons - Des lunettes connectées normales - Le drone taxi chinois Ehang a transporté ses premiers passagers


Chansons actuelles, 05/03/18
Ce ne sont pas ceux qu'on entend partout mais sûrement plus actuels, la chanson politisée dans ce qu'elle a de meilleur musicalement (HK & les Saltimbanks mais aussi toute la bande Zoufris Maracas, La Caravane Passe, Soviet Suprem).


C'est ce que j'écoute depuis un moment.

Les causes matérielles : écologie, économie, technique, 09/03/18
La critique de la politique est le préalable pour ne pas trop en attendre et reconnaître que les déterminations ne sont pas idéologiques mais largement matérielles. Plutôt qu'une bataille des idées, ce sont nos actions locales qui peuvent convaincre et se multiplier. Les causalités matérielles ne sont pas immédiatement déterminantes, elles laissent une certaine marge de manoeuvre à court terme, nourrissant l'illusion de notre liberté, mais c'est à plus long terme qu'elles s'imposent, après-coup, selon différentes temporalités. Ainsi, l'écologie est certainement la contrainte la plus fondamentale mais celle qui s'exerce avec le plus de retard. Ce n'est pas l'amour de la nature qui rend l'écologie si indispensable mais bien la destruction de nos conditions de vie. La causalité économique se fait sentir plus rapidement sans doute, en tout cas, elle est bien déterminante en dernière instance. La troisième causalité matérielle est devenue plus sensible à notre époque avec l'accélération technologique qui s'impose de plus en plus rapidement même si les innovations sont toujours critiquées d'abord comme inutiles (puisqu'elles n'existaient pas jusqu'ici) et accusées de tous les maux, de nous faire perdre notre âme, avant de finir par les adopter comme si elles avaient toujours existé... Une fois qu'on a fait le constat de ces trois causalités matérielles qui s'imposent à nous, il faut construire une stratégie qui en tient compte et ne surestime pas le pouvoir politique. Au lieu de ne servir à rien (à vouloir trop, au-delà des possibilités politiques), il nous faut nous organiser pour obtenir les mesures les plus efficaces, en particulier localement.


Je rabâche encore. En fait je voulais écrire une violente diatribe contre les intellectuels qui ne tiennent pas compte de ces causes matérielles mais j'ai préféré un texte plus pédagogique. Bernard Langlois l'a retweeté. Sinon, malgré le temps printanier ce n'est pas la forme avec une dent cassée mal soignée et tout le travail sur la retraite à refaire encore. De plus, je vais essayer d'aller voir mon vieux père, et partir d'ici m'est de plus en plus difficile.

mars 2018L'effondrement à venir, 21/03/18
On a besoin de travaux sérieux et de débats scientifiques, sur le modèle du GIEC pour les risques climatiques. Le rapport de Rome sur les limites de la croissance était un pas dans ce sens mais notre situation a beaucoup changé depuis 1972, les risques principaux n'étant plus tant un épuisement des ressources que le réchauffement climatique et l'effondrement de la biodiversité. Cet effondrement était trop négligé jusqu'ici mais "L'Appel des scientifiques pour le climat" alertant sur l'état catastrophique de la planète, lancé par des écologues et signé par plus de 15.000 scientifiques, le met cette fois en avant. C'est ce qui rend criminel d'égarer les esprits avec des catastrophes imaginaires, comme s'il n'y en avait pas assez de réelles, pire de rêver d'un effondrement salvateur réalisant nos utopies. L'effondrement du capitalisme fait partie de ces catastrophes imaginaire. Une autre catastrophe supposée salvatrice, c'est le prétendu manque d'énergie et de pétrole alors que du pétrole, il y en a au contraire bien trop et que c'est ça notre problème. Les ressources physiques ne sont pas aussi préoccupantes que la destruction de nos écosystèmes bien trop sous-estimée jusqu'ici, avec la disparition, surtout depuis 2008, des insectes, des abeilles, des oiseaux, etc. La traduction de ces avertissements en politiques efficaces reste à résoudre. Il ne faut pas surestimer nos moyens mais rien ne se règlera tout seul, ni par une crise économique, politique, énergétique nous sauvant de l'effondrement écologique, mais par des stratégies efficaces sur tous les fronts du global au local.


C'était d'abord une réaction à ceux qui prétendaient que c'était la fin du pétrole alors que c'est juste qu'il y aura une période de relative pénurie à cause d'un manque d'investissement depuis 2015. J'en ai profité pour faire un point sur les risques réels. Sinon, la forme est revenue malgré la retraite qui se présente mal, les organismes qui la gèrent étant débordés et déficients, bureaucratie muette qui rejette la faute sur le retraité !

Revue des sciences avril 2018, 01/04/18
Évolution : des réseaux plutôt que des arbres - Le plus ancien témoignage de pensée symbolique est néandertalien - Hawking et le multivers - La matière noire expliquée par les trous noirs primordiaux créés par le champ de Higgs ? - La Nasa veut détourner des astéroïdes avec des bombes nucléaires - Un flux de photons intriqués contre la décohérence - Essayer d'empêcher les glaces des pôles de fondre - Un film pour protéger les coraux du soleil - La déforestation de l'Afrique centrale par l'agriculture, il y a 2600 ans - La forêt amazonienne proche de la situation de non-retour - De l'électricité produite à partir des variations de température - L'optogénétique pour produire des carburants avec des levures modifiées - Des Chinois veulent faire tomber la pluie au Tibet avec de l'iodure d'argent - Le continent de plastique augmente de façon exponentielle - Les micro-ARN, alternative sérieuse aux engrais chimiques et aux pesticides - LUCA aurait pu mélanger les membranes de bactéries et d'archées - La production de protéines sans cellules - Des artefacts de Sapiens il y a 320 000 ans - Nous nous sommes croisés 2 fois avec les Denisoviens - L'éruption du Mont Toba (74000 ans), n'a pas affecté les populations côtières - Conserver son cerveau sous forme numérique ? - Un anticancer pourrait réduire l'autisme - Bose met au point des lunettes de réalité augmentée audio - IA et Blockchain pour contrôler les appareils avec des pensées


04/2018Après une dernière offensive de l'hiver, le printemps arrive. Heureusement car je n'ai plus de bois...

Hegel et les extraterrestres, 09/04/18
Introduire l'existence d'hypothétiques extraterrestres permet de dépasser l'humanité comme espèce et l'universaliser, mais aussi d'insister sur la séparation de la pensée et de l'être, de l'Esprit et de la Nature qu'on ne peut unir qu'en reconnaissant leur contradiction. Dépasser cette contradiction n'est pas l'annuler comme on le croit trop souvent, mais implique une certaine négation de l'Esprit, science soumise à la discipline de l'expérience, à la Nature donc, à l'extériorité ainsi intériorisée (plus qu'intentionalité extériorisée).


Ce texte m'a bien intéressé (pas du tout mes lecteurs par contre!) et il a été retravaillé jusqu'au 14 alors que règne une certaine agitation sociale sans débouchés (SNCF, universités). Sinon, j'ai coupé quelques arbres et commence à faire le jardin mais j'ai eu un passage à vide de quelques jours avec des insomnies sans raison apparente.

Philosophie et psychanalyse (Sartre et Lacan), 20/04/18
Il n'y a pas continuité de la subjectivité (singulière) aux sciences (universelles) ni au politique (particulier). La raison, qu'elle soit logique, calculante, technique ou cognitive, a incontestablement de larges domaines de pertinence mais à vouloir tout recouvrir de son scientisme, on s'aperçoit qu'elle efface ce qui nous distingue des machines, la part irrationnelle de l'âme dont on peut soutenir qu'elle constitue notre humanité au moins autant que la part rationnelle. Contre la simple identification d'Homo sapiens à un animal rationnel et à la conscience de soi, il faudrait admettre que nous sommes surtout des êtres parlants pris dans des récits familiaux et des croyances collectives, que nous sommes tout autant des Homo demens et que ce n'est pas un détail négligeable. En dehors de capacités techniques impersonnelles, notre humanité se manifeste en effet d'abord par ses mythes et religions (qui sont des histoires à dormir debout), comme au niveau individuel par la folie, le rêve, le fantasme, l'amour, le désir, les symptômes, actes manqués, etc., toutes choses dont les robots et intelligences artificielles sont complètement dépourvus, même à les doter de capacités émotionnelles. Ce sont paradoxalement les épreuves de la vie, nos traumatismes et blessures narcissiques, nos fragilités, nos défauts, nos bizarreries qui nous donnent une profondeur humaine, voire quelques talents spéciaux. La rationalité philosophique se trouve ainsi forcée de reconnaître son dehors et l'opacité à soi-même, tout comme la politique doit renoncer à forger un homme nouveau entièrement rationnel et le cognitivisme ou l'Intelligence Artificielle revoir leur conception de la conscience. Il est bien clair que ce qui scandalise encore dans la psychanalyse, c'est la place de l'inconscient (déresponsabilisant), l'importance de la sexualité (qui nous tire vers le bas), la fonction du phallus (du mâle dominant) et le complexe d'Oedipe (répressif) aboutissant à la castration (qui nous empêche de jouir), toutes choses qu'on s'acharne à dénier et dont il faut interroger l'universalité (y compris les extraterrestres?). Il faut y ajouter le transfert et la transgression, toutes choses inavouables, à l'opposé des représentations religieuses ou politiques comme des promesses publicitaires du développement personnel (dont les praticiens ne se soucient guère du transfert).


Les deux derniers textes me servent à revenir aux auteurs que je connais le mieux, qui m'ont formé, Hegel et Lacan après Marx, réexaminant ce qu'on peut en garder aujourd'hui. Epoque de grosses chaleurs inattendues où je suis de nouveau dépassé par tous les petits chats...

Revue des sciences mai 2018, 01/05/18
L'universalité des matrices aléatoires - Les gènes des derniers Néandertaliens - Les extraterrestres ne pourraient pas décoller de leur planète trop grosse ! - Objectif 2030 pour Mars via la Lune - La supraconductivité avec des paires de Cooper de spin 3/2 - L'intrication quantique macroscopique - L'aimantation contrôlée par laser - Le réchauffement causé par le trou d'ozone ? - Produire des protéines et capter le CO2 avec des algues et de l'eucalyptus - Les terres rares ne sont pas rares - Des scientifiques créent par hasard une enzyme dévoreuse de plastique - Des chenilles ravageuses et résistantes aux OGM s'hybrident - Des abeilles solitaires pour polliniser les cultures - Le système CRISPR-Cpf1 édite l'ADN en dehors des cellules - Des bonobos partagent de la nourriture entre différents groupes - La disparition des grands mammifères par Sapiens depuis 125 000 ans - Sapiens en Arabie il y a 88 000 ans - Des Amazoniens parlent à 20km avec leurs tambours - Des cerveaux de cochons maintenus vivants en dehors du corps - Les antidépresseurs anticholinergiques cause de la hausse des Alzheimers - Le GBL, un solvant industriel qui se transforme en GHB est mortel mal dosé - Un grain de beauté artificiel qui détecte précocement le cancer - La reconnaissance faciale dans l'obscurité pour l'armée - La Nasa étudie un avion qui passe le mur du son sans faire de bruit


Toujours étranger en terre étrangère, 10/05/18
La fin de l'histoire hégélo-marxiste n'aura pas lieu. L'homme n'est pas chez soi ni dans le monde ni dans l'universel et pas plus dans l'Etat de droit. Bien que notre situation historique soit celle de la conscience de soi de l'humanité nous promettant une fin de l'histoire radieuse, c'est surtout la conscience du négatif de notre industrie et sans que cette conscience de soi globale arrive à une grande effectivité. Cette ineffectivité est notre actualité, dont il faut prendre conscience pour en tenir compte, non pour rêver la supprimer. On est loin d'un Homme créateur du monde à son image, de l'idée qui donne forme à la réalité et commande au réel alors qu'on court plutôt après, en se contentant de colmater les brèches la plupart du temps. Ce dont il faut prendre conscience, c'est qu'il ne saurait en être autrement. L'existence est l'expérience de cette scission de la pensée et de l'être, du vouloir et du possible (du moi et du non-moi). S'il y a une compréhension ultime du monde, la vérité de la nature et de l'existence, c'est celle de la contradiction, du conflit et de la division qui règnent sur toutes choses. En reconnaître la nécessité ne peut en annuler la douleur dans une réconciliation finale alors que c'est tout au contraire notre juste révolte contre l'ordre établi qu'il faut affirmer, et aucun amor fati célébrant ce monde inégalitaire, aucune appartenance mystique à l'Être ou béatitude d'une connaissance du troisième genre qui nous ferait prendre le point de vue de Dieu pour justifier l'injustifiable. Ce n'est pas parce que nous sommes un produit du monde que ce serait pour autant notre monde. En fait, la contradiction entre ce réel et nos idéaux rend plutôt difficile à comprendre qu'on puisse y être heureux. L'être parlant, l'homme de culture vit la contradiction de sa nature avec l'universel, c'est une conscience malheureuse et inquiète Qu'on cherche à dépasser cette contradiction est la prétention de toutes les sagesses, philosophies, mystiques, jusqu'à la promesse de fin de l'histoire de Hegel et Marx, mais la seule sagesse serait au contraire de reconnaître cette contradiction comme irréductible, affirmation d'un matérialisme dialectique et du dualisme matière/esprit ne s'unifiant que dans la pratique.


Ce texte clôture ma révision de la philosophie hégélienne alors que le blog a une fréquentation minimale. La période est calme mais a beaucoup rafraîchie jusqu'à remettre le chauffage quelques jours.

Après Mai 68, 16/05/18
A 50 ans de distance, ce qui est le plus flagrant, c'est à quel point on était dans une autre époque, témoignant de notre entière dépendance à l'esprit du temps, comme on est le jouet des idéologies du moment même à se croire les plus libres des hommes. Certains préfèrent retenir que c'était la plus grande grève de l'histoire, ce qui a sonné plutôt la fin du mythe de la grève générale puisque ne débouchant sur rien, les salariés ayant été payés en monnaie de singe, vite effacée par l'inflation devenue galopante. La clairvoyance du Parti Communiste refusant une prise de pouvoir insurrectionnelle était en fait le signe aussi de la fin des révolutions, défaites par la démocratie (il a fallu du temps pour le comprendre, refusant longtemps de l'admettre, obsédés par l'espoir de recommencer avec le slogan des luttes perdues : "Ce n'est qu'un début, continuons le combat"). Le désenchantement n'a pas tardé s'égrenant du terrorisme des brigades rouges au No future des Punks, et passant de la révolution à la psychanalyse. Les années suivantes ont été confrontées en effet à l'échec de l'autogestion (Lip) et, plus généralement, de la démocratie directe à mesure que les assemblées se faisaient plus clairsemées. La véritable réussite de Mai68 aura été surtout la suite et, en dehors d'une libération des moeurs sensible (pas comme aujourd'hui), d'engendrer deux mouvements qui en étaient absents, l'écologie et le féminisme, très critiques de l'idéologie précédente (productiviste et dominée par les hommes). Au lieu de vouloir continuer à rêver et rejouer notre jeunesse, se congratulant de nos audaces passées, il vaudrait mieux prendre au sérieux notre échec, évaluer les moyens qu'il nous reste, notamment localement, passer des fins aux moyens ou continuer à ne servir à rien en se persuadant qu'ensemble on peut tout changer, qu'il n'y a pas de réel sur lequel on se cogne.


Revue des sciences juin 2018, 01/06/18
La stimulation cérébrale - Démonstration d'un théorème de complétude des preuves circulaires - Les cristaux temporels, pas si rares - La tectonique des plaques aurait provoqué la Terre boule de neige - L'astéroïde qui a tué les dinosaures a provoqué un réchauffement de 5°C - La mémoire stockée dans l'ARN et transférée à un autre escargot de mer - L'explosion cambrienne a pris 40 millions d'années - Des gènes extraterrestres dans les pieuvres ? - Notre gros cerveau serait lié à nos capacités cognitives plus que sociales - Il y a 40 000 ans en Asie du Sud-Est le bois est préféré à la pierre - Les guerres du néolithique ont réduit la diversité génétique des mâles - La programmation épigénétique - Des implants télécommandés pour une érection à la demande - La photo 3D en réalité virtuelle


06/2018L'erreur de prospective d'Homo Deus, 09/06/18
Il apparaît bien dérisoire de fantasmer un Homo Deus, comme dans le dernier livre d'Harari qui illustre un certain nombre des dérives de la prospective. Incontestablement, l'auteur pose les questions de l'époque, celles d'une identité humaine confrontée aux neurosciences, aux robots, au transhumanisme, au cyborg, voire à la perspective d'extraterrestres, mais il y répond bien mal. Pour faire de l'Homme un Dieu, il lui faut une conception simpliste de la religion et de Dieu. La religion instituée, qu'il oppose à la spiritualité libératrice, est réduite à des croyances communes organisant la société, ce qui l'assimile au communisme mais aussi à la croissance comme au capitalisme, "individualisme, droits de l'homme, démocratie et marché" ravalés à de simples croyances (ce que beaucoup d'écologistes croient en effet). Tout devient ainsi croyance mais sa grande thèse, c'est que notre religion depuis les Lumières, et qui serait cause de tout, ce serait l'humanisme alors que l'individualisme subjectiviste est le produit de la société de marché et non l'inverse. Surtout, la mort de Dieu n'est pas forcément la divinisation de l'homme : il ne s'agit pas de ramener le paradis sur terre mais de ne plus croire au paradis. La figure de l'homme est récente, comme l'a montré Foucault, et tend plutôt à se dissoudre dans l'être-parlant et les rapports sociaux sans que cela ne mette en cause notre humanité ni puisse nous convertir à un ridicule "dataïsme", une religion des données absurde qui succèderait à la religion humaniste supposée avoir succédé au monothéisme dans le grand récit globalisant qui nous en est fait. On nage en plein n'importe quoi.


Pas très content de cet article, à l'origine pour EcoRev' qui m'avait fait lire le livre, mais qui est trop long. Il m'aura permis malgré tout d'initier des réflexions qui seront approfondies ensuite. Les grandes chaleurs reviennent (orageuses) avec une verdure envahissante, et je dois de nouveau m'occuper de ma retraite mais j'ai fait un saut à Paris pour un mariage, ce qui est toujours compliqué pour moi désormais...

La transition écologique, 14/06/18
Si l'optimisme n'est pas de mise face à des menaces réelles et des catastrophes que nous ne pourrons pas toutes éviter, l'examen des données actuelles laissent penser qu'on a les moyens de s'en sortir malgré tout, aussi incroyable cela puisse paraître aux yeux des écologistes. Ce n'est certes pas gagné d'avance mais la transition écologique est déjà engagée sur la plupart des points, et ceci sans avoir à sortir de la société de marché, ce qui ne se fera pas de toutes façons au niveau planétaire même si on est persuadé que ce serait nécessaire. Ce qui est étonnant, c'est que même dans ce contexte qu'on peut dire anti-écologique (productivisme, société de consommation, financiarisation), le minimum qui reste possible pourrait nous permettre malgré tout de passer le cap du pic de population. Ce n'est pas sûr, mais pas impossible non plus - sauf à se croire plus savant que les savants. A l'évidence, ce qui reste le plus important matériellement, le plus efficace, ce sont encore les lois et mesures que peuvent prendre des gouvernements et leur ministère de l'écologie. Or, ce qu'il faut montrer, c'est que ce n'est pas rien et que ça va dans la bonne direction, même si ce n'était pas la nôtre. Quand on fait un survol des politiques menées, on voit bien que nous sommes déjà rentrés dans la transition écologique sur plusieurs plans (énergie, capture CO2, agroécologie), certes à petits pas et avec ce qu'on doit bien appeler une écologie marchande.


La petite escapade à Paris s'est bien passée, avec, au retour, la rencontre très agréable dans le train de Marion Moinet.

L'utopie communautaire, 19/06/18
On peut faire du juif Martin Buber un précurseur de l'existentialisme, et même de l'existentialisme chrétien car s'il s'inspire de Kierkegaard, il lui reprochera surtout de réduire l'existence au rapport à Dieu, au grand Autre (le Toi éternel) comme seul véritable interlocuteur, alors que, tout comme dans l'évangile, le rapport à Dieu passe par le prochain, le rapport concret aux autres (charité, générosité, don). La publication récente d'un recueil de ses textes sur la communauté montre comme ce décentrement du sujet l'a mené à identifier la vie en communauté à la vraie vie, ce qui en fera un des théoriciens des kibboutz. Le plus intéressant pour nous, c'est de retrouver, notamment dans la conférence de 1901 (Ancienne et nouvelle communauté) qui ouvre le volume, presque la même idéologie que celle de Mai68 et du mouvement des communautés qui a suivi, y ajoutant la liberté sexuelle (qui restait marginale malgré tout). Une des principales conséquences de Mai68 a été, en effet, cette prolifération de communautés libertaires, qu'on a apparemment oubliées, rejetées aux poubelles de l'histoire car elles n'ont pas résisté au temps. L'expérience nous confronte plutôt en général à l'incommunicabilité entre les êtres et la difficulté de vivre ensemble, jusqu'à pouvoir penser avec Sartre que "l'enfer, c'est les autres" ! Il n'y a pas d'immédiateté ni de transparence du rapport à l'autre qui est toujours médié par le passé, la position sociale, des discours actuels, une norme commune, des institutions. On ne peut réduire les rapports humains à la réciprocité qui est, en fait, toujours différée, passant par le circuit du don et donc par la totalité sociale. La survalorisation de la réciprocité et des liens affinitaires se fait au détriment de l'universalité et de la République.


Les chaleurs estivales arrivent pour un moment semble-t-il. J'ai corrigé pour EcoRev' mon article "L'écologie dans la globalisation" qui date de janvier, devenu "L'écologie dans la mondialisation", mais j'éprouve d'autant plus mon éloignement des écologistes qui refusent d'admettre leur défaite. L'intelligence et l'information n'y peuvent rien, faisant preuve de leur inutilité au moins à court terme.

Ecrits sur l'entropie, 25/06/18
C'est suite à un lecteur enthousiaste de mes critiques des conceptions de l'entropie de Leonard Susskind que je me suis replongé dans les textes que j'y avais consacré depuis un certain temps, ce pourquoi je les ai regroupés.


Cela repose de la politique, étonné que des textes de 2002 semblent encore tenir le coup.

Revue des sciences juillet 2018, 01/07/18
L'héritage génétique de nos ancêtres insectivores - Pas d'extraterrestres à cause des sursauts gamma - La complexité - Les origines gestuelles du langage - Dynamique des quarks dans le proton -Des fermions ultra-froids se comportent comme des bosons - Une matière noire avec un millionième de charge électrique ? - 30% de probabilité qu'on soit seul dans l'univers ? - Pour coloniser une planète, il suffirait de 98 personnes - Une cyanobactérie pour donner à Mars une atmosphère respirable - RemoveDebris, le satellite parti éliminer les déchets spatiaux - Expérience de défense planétaire contre les astéroïdes - Une cape d'invisibilité pour la lumière - Transformer le CO2 en CO avec le soleil et sans métaux rares - Système de traitement combiné des algues - Plastic Odyssey, le navire qui carbure aux déchets plastiques - Des virus géants créent de nouveaux gènes - Le QI baisse ! -Allonger la vie grâce à des probiotiques ? - Les effets bénéfiques du café sur les mitochondries - IBM Project Debater : une IA qui peut débattre avec des humains - Superviser un robot par les gestes et la pensée


Temps de canicule.

La loi des 80/20, 13/07/18
La "loi de Pareto" met en évidence l'écart entre le petit nombre des plus productifs (vital few) et le grand nombre de ce qui l'est beaucoup moins (trivial many), 80% des effets étant le produit de 20% des causes seulement, principe très utile dans le contrôle qualité pour cibler les problèmes mais qu'on retrouve un peu partout (taille des villes, géographie, etc). Les raisons en sont très profondes, qu'on peut dire d'efficacité énergétique, illustrant surtout la différence entre énergie et entropie, l'inversion de l'entropie n'étant pas proportionnelle. La théorie des systèmes explique bien les différenciations et le creusement des inégalités ou la spécialisation par les flux d'énergie (ou d'argent) mais en exacerbant les différences relatives de capacités de captation des ressources (par l'information notamment), ceci avec un effet cumulatif comme le lit de la rivière. C'est le même principe qui est à l'oeuvre dans l'évolution qui avantage les plus aptes, renforce les mutations positives. Ces pourcentages peuvent être assez variables, l'important, c'est de prendre conscience de cette polarisation, notamment en politique, au lieu d'entretenir l'illusion d'une participation démocratique égalitaire ou de se focaliser sur des moyennes qui ne veulent plus rien dire quand elles recouvrent des écarts considérables. De quoi inciter à passer de politiques universelles (égalité républicaine) à des politiques ciblées selon les publics (équité) et ne pas traiter les 80% les plus faciles comme les 20% qui restent (par exemple les chômeurs longue durée).


Revue des sciences août 2018, 01/08/18
Le théorème d'Emmy Noether liant symétrie et conservation a 100 ans - Pas d'asymétrie causale quantique entre passé et avenir - Des excitons à température ambiante pour une nouvelle électronique - Pas de cercle de feu à l'horizon d'un trou noir - Un vaste lac d'eau salée liquide sous le sol de Mars - De la vie sur la Lune, il y a 4 milliards d'années ? - L'extinction du Cambrien à cause des vers marins - Nous serions dans un nouvel âge géologique, le Meghalayen - Des isolants en aérogel réduisent de 50% la consommation d'énergie - Des batteries chaleur-énergie au sel fondu - Des plantes modifiées pour fixer l'azote de l'air sans engrais - La pollinisation par drones - Création d'un métabolisme artificiel minimal - L'ADN sert d'intelligence artificielle - Des vers gelés dans le permafrost depuis 42 000 ans reviennent à la vie ! - Ce sont les neurones des mouches qui leur font préférer leur espèce - Les soins aux petits modifient le génome de leurs neurones - Des Erectus en Asie il y a plus de 2 millions d'années - Néandertal allumait le feu avec ses haches - Homo Sapiens issu du métissage de plusieurs espèces - Des morceaux de pain de 14 400 ans en Jordanie (avant l'agriculture) - L'origine de l'agriculture américaine au sud-ouest de l'Amazonie - Quand l'Europe était couverte de stonehenges... en bois - Des disques en pierre troués qui servaient de monnaie - Les mutations indésirables de CRISPR - Rides et perte de cheveux liés aux mitochondries et réversibles - Des nano-capsules pour éliminer les cellules sénescentes - La curcumine inhiberait l'élimination des protéines usagées - Un implant sans fil qui tue le cancer par la lumière - Citroën lance des lunettes contre le mal des transports - Des capteurs électroniques en spray - Le taxi volant de Rolls Royce - La voiture volante d'Aston Martin - CityHawk, le taxi volant à hydrogène - Un véhicule volant personnel qui se pilote avec un joystick


De l'humanisme à l'écologie, 12/08/18
La communauté de destin de l'humanité est devenue planétaire et son souci devient celui de son écologie. Dépassant la diversité des populations, des histoires et traditions locales, l'écologie a donc toutes les chances de devenir l'idéologie de l'avenir unifiant l'humanité toute entière, malgré la déroute des écologistes actuels. Encore faut-il savoir de quelle écologie on parle, devant se positionner par rapport à l'humanisme qu'elle remplace, en le réintégrant dans son milieu, tout comme elle remplace la transcendance divine par la transcendance du monde. Ce sont les enjeux idéologiques de notre temps, succédant à celui de l'émancipation que l'écologie prolonge, et dont nous devons débattre. L'écologie a suscité toutes sortes d'approches contradictoires, des plus mystiques aux plus pragmatiques, avec notamment l'opposition d'une écologie sociale (humaniste) à une écologie profonde (anti-humaniste), illustrée, entre autres, par le débat entre Murray Bookchin et Dave Foreman. On peut considérer cependant les deux positions insuffisantes car, si l'humanisme doit effectivement être dépassé, il est absolument nécessaire de le conserver, de garder le caractère sacré de la vie humaine et revendiquer de ne pas être ramené à l'animal. Même si l'écologie implique évidemment un décentrement de l'humanité, c'est bien l'humanité qui est la cause de la dégradation de la planète et qui doit la prendre en charge. En fait, on va voir qu'il est contestable de faire de l'humanité, en tant que telle, la cause d'une évolution éco-techno-scientique qui est subie plus que voulue. Plutôt que de faire l'histoire, comme on le prétend, nous sommes plutôt le jouet de puissances matérielles implacables, économiques aussi bien que militaires. Notre préhistoire, tout comme l'hypothèse de possibles civilisations extraterrestres, permet de comprendre comme les stades de notre développement sont contraints et partout à peu près les mêmes, ne dépendant pas de notre espèce qui est plutôt le produit de cette évolution cognitive toujours en cours. Dès lors, dans cette position d'apprenti, le concept d'humanité perd beaucoup de sa substance, n'étant plus l'élément moteur pris dans le flot de l'histoire planétaire voire cosmique. De ramener l'humanité sur terre n'empêche pas de lui garder toute sa dignité.


La plus grande menace sur la vie a l'odeur d'oeufs pourris, 20/08/18
Le véritable risque d'extinction à long terme, c'est une acidification de l'océan menant à des zones mortes sans assez d'oxygène puis au dégagement de ce gaz toxique, l'hydrogène sulfuré, qui répand une odeur d'oeufs pourris sur toute la terre en exterminant plantes et animaux sur son passage.


Article sorti de la revue des sciences. Les grandes chaleurs durent de façon inaccoutumée. Je vais plutôt bien, même si je tombe de sommeil après chaque repas, mais je supporte de moins en moins les visites qui durent un peu trop longtemps...

Revue des sciences septembre 2018, 01/09/18
Le catastrophisme monte d'un cran- Une éthique de la complexité organisée - Des traces d'avant-Big Bang dans le fond cosmique ? - Conséquences durables de la déforestation massive des Mayas - Stockage électrique par gravité (et grue) - Un ciment intelligent qui stocke l'électricité - Le train-avion - Avec CasPER, l'édition de gène prend de l'ampleur - La biodiversité tropicale résulte d'équilibre entre "ennemis" - 23 000 sexes différents chez un champignon ! - La personnalité des souris change selon leur entourage - Une fillette de 90 000 ans d'une mère néandertalienne et d'un père dénisovien - Sur l'île de Florès, les Hommes aussi sont devenus plus petits - La violence envers les femmes a été favorisée par l'évolution - Cartographie des différents types de synapses - L'hydrogène sulfuré contre le vieillissement - Le cannabis et le vieillissement - Les bienfaits des hallucinogènes redécouverts par la science - La fièvre combat aussi le cancer - Différences immunitaires entre les sexes


L'avant-dernière revue s'est bien passée mais toujours pas de nouvelles de la retraite...

La jouissance de l'idiot, 06/09/18
En complément à l'article sur "le désir comme désir de l'Autre", quelques réflexions sur l'évolution ultérieure de Lacan après les Ecrits, passant du désir à la jouissance. Le désir mimétique ou jaloux exprime notre existence sociale, faite de passions qu'Aristote décrit comme effets de la représentation que nous nous faisons de la représentation que les autres se font de nous. Sur ce plan qui est celui qu'on peut dire public et actif de l'identification (aux yeux des autres), se manifestant dans nos rivalités aussi bien que dans nos idéaux, l'identité est paradoxalement fuyante, changeant selon nos humeurs, nos entourages, ce qui nous arrive. Il y a pourtant une identité qui nous colle à la peau et ne relève plus de la dialectique des désirs mais se manifeste par des traits de caractère répétitifs, non plus évanescents mais bien plutôt symptômes indestructibles, relevant de ce qu'on peut appeler une sorte d'habitus, et qui est en tout cas notre seconde nature, part intégrante de notre personnalité aux yeux des autres au moins. L'interprétation hégélienne du désir comme désir de reconnaissance peut sembler en faire un rapport immédiat aux autres, comme du Maître à l'esclave. La référence freudienne y ajoute l'épaisseur d'un passé qui ne passe pas et la constitution de nos symptômes par nos traumatismes ou culpabilités, nous attachant à des modes de jouissance particuliers qui participent de notre être-au-monde, avec toutes nos blessures. Ce symptôme dont on ne veut pas guérir, ni rien savoir, se situe hors vérité, passant du désir de l'Autre (ou de l'identification) à une jouissance qui n'est plus la jouissance phallique ni transgressive, mais ce qu'on peut appeler la jouissance de l'idiot, celle qui nous est propre.


C'est la fin de l'été et les débuts de la récolte (tardive) comme des vendanges (très précoces).

La température n'arrête pas de monter, 13/09/18
Il y a une chose dont on peut être sûr, les mobilisations pour le climat vont prendre de l'ampleur à mesure que la température va continuer à monter. Cette tendance de fond regardant vers le futur est cependant concurrencée, au moins à court terme, par le réveil des nationalisme, souverainisme, protectionnisme (anti-immigrants), tournés vers le passé et qui pourraient conduire à des catastrophes d'un autre ordre. On peut remarquer comme l'idéologie démocratique se trouve en porte-à-faux quand elle critique ces régimes populistes, obligée de reconnaître la globalisation des problèmes et la constitution effective d'une gouvernance globale (objectif de l'ONU et de ses organisations) qui réduisent largement le pouvoir démocratique et contredisent le mythe d'une démocratie fondée sur elle-même, d'un pouvoir qui vient du peuple. Pour se mettre à jour d'une démocratie consciente de son intégration dans l'écologie planétaire, ce n'est plus cette volonté générale arbitraire qu'on doit revendiquer comme fondement d'une démocratie qui retrouve sa dimension humaine et locale, celle d'une démocratie de face à face et d'une nécessaire relocalisation qui est loin de la dimension nationale mais où la démocratie réelle, quotidienne, est celle du développement humain et de la préservation de son environnement, non de la souveraineté.


Mes 65 ans auront été tristounes, montrant comme je suis devenu isolé et oublié de tous, ne sachant toujours pas si je vais toucher ma retraite...

Revue des sciences octobre 2018, 01/10/18
2006-2018 - La blockchain se déchaîne - L'intelligence des pieuvres liée à la flexibilité de la traduction de leur ADN - Le code neural du temps - Expériences de mort imminente - Contradiction entre la théorie quantique et ses expérimentateurs - Le boson de Higgs est bien trop léger - Détection de la première particule supersymétrique ? - Les trous noirs seraient chaotiques - Les zones humides disparaissent trois fois plus vite que les forêts - De futures batteries lithium-CO2 séquestrant le CO2 - De l'hydrogène à partir du plastique - MYRRHA, recyclage et transmutation des déchets nucléaires dans 20 ans - Un tout petit poisson nettoyeur se reconnaîtrait dans un miroir - La bière avant le pain aux origines de la culture des céréales ? - Les Espagnols massacrés et remplacés par une population de l'Est en -2500 - Se regrouper entre malades pour guérir - Les mitochondries agents des maladies du stress - Du GABA pour garder la plasticité du cerveau - Une odeur qui fait pousser les cheveux ! - Un exosquelette mou pouvant même animer des peluches - La voiture volante de Toyota


Dernière revue des sciences alors que les premiers froids arrivent. Je me crois à la retraite pendant 10 jours avant de reprendre le collier !

De Kant à Fichte, 07/10/18
De l'incertitude de nos représentations à l'autonomie de la volonté. L'opposition entre le dogmatisme de la critique de la raison pratique et le scepticisme de la critique de la raison pure a suscité beaucoup de perplexité, comment pouvait-on tirer des impératifs catégoriques inconditionnels de la critique des conditions de possibilités de nos savoirs, de leurs limites ? Il faudrait en effet comprendre la reprise du scepticisme de Hume par Kant comme l'équivalent du doute cartésien balayant tous les anciens dogmatismes métaphysiques, les fausses certitudes sur le monde extérieur et les choses-en-soi, mais pour atteindre à la certitude absolue de la pensée et de la liberté du sujet affirmée par la morale qui la contraint. C'est en s'appuyant sur cette certitude du moi que Fichte voudra dépasser son maître voire le renverser ("que l'objet soit posé et déterminé par la faculté de connaître et non la faculté de connaître par l'objet") en ramenant tout à l'autonomie de la conscience de soi jusqu'à l'absurde mais il sera un jalon essentiel vers la philosophie de Schelling puis celle de Hegel, influençant Marx tout autant dans la conception de l'histoire et la science comme auto-développement de l'humanité et sera le premier défenseur du droit des peuples à l'autodétermination, ce qui le mènera finalement au pangermanisme. Ce sont les causalités extérieures qu'il faut opposer à cet idéalisme subjectif et l'autonomie du moi.


Le texte était travaillé depuis le mois de septembre, inspiré par une histoire de la philosophie de 1939.

Aux écologistes radicaux, 17/10/18
On a sans conteste besoin qu'il y ait de plus en plus d'écologistes radicaux si cela veut dire des écologistes ayant pris la mesure des problèmes et décidés à consacrer leurs forces à essayer de les résoudre. Par contre, on n'a pas du tout besoin de querelles de chapelles sur ce qui serait la véritable écologie surtout si c'est le prétexte à mettre des bâtons dans les roues de ceux qui agissent.  Nos moyens sont limités et il faut combiner différentes formes d'action, où les écologistes radicaux restent indispensables, que ce soit pour construire des modes de vie plus écologiques ou défendre des territoires, mais à condition de ne pas se retourner contre les autres acteurs qui sont plus décisifs au niveau mondial et s'engager dans toutes les directions ouvertes : solaire, agroécologie, reforestation, relocalisation, normes européennes, accords mondiaux.


Après un moment de déprime à ne pouvoir prendre ma retraite, l'inquiétante chaleur en automne fait profiter de belles journées. Cet article aura un certain succès.

Le mystère de la conscience expliqué, 20/10/18
Selon Todd E. Feinberg et Jon M. Mallatt, si notre conscience nous est mystérieuse, c'est parce que nous ne percevons pas notre système de perception et nos neurones. Notre opacité à nous-mêmes est donc constitutive. Sinon, l'existence d'une conscience, qui comporte forcément une certaine conscience de soi, de sa position dans l'espace comme de son état émotionnel, ne nécessiterait effectivement que ces deux composants : une cartographie de l'espace et la mémoire des affects (apprentissage), conscience émergeant au Cambrien jusqu'aux insectes, très loin de notre propre conscience morale.


Si je faisais encore la revue des sciences, ce billet en ferait partie. J'ai envisagé de juste tweeter l'article mais j'aurais été limité à 280 caractères alors que mes réflexions étaient assez longues pour constituer un billet. Sinon, le mois d'octobre aura été très éprouvant, non seulement à cause du faux départ à la retraite mais aussi de la charge physique entre les plantes (qui n'en finissent pas de mûrir), le bois à couper et le ramonage. Après avoir eu mal au pied jusqu'à ne plus pouvoir marcher parfois - ça va mieux - c'est le cou et le bras qui sont très douloureux (névralgie cervicobrachiale).

La guerre aux pauvres : amende et taxe, 14/11/18
J'ai toujours insisté sur la distinction entre "pollueurs choisis" et "pollueurs subis", l'essentiel étant d'offrir des alternatives. Juste payer plus cher sans pouvoir rouler moins n'a aucun intérêt écologique et pèse démesurément sur les plus pauvres. Les taxes sur les énergies fossiles devront certes augmenter en même temps que les énergies renouvelables vont se généraliser, devenant de plus en plus concurrentielles. Elles sont beaucoup moins utiles avant si on n'organise pas la transition. On retrouve exactement le même problème avec le cannabis qu'on n'ose pas légaliser comme le mouvement mondial actuel nous y obligera (après le Canada, l'Inde, l'Afrique du sud) mais qui sera de fait légalisé pour les riches pouvant payer leur amende sans problème (c'est presque cadeau) alors qu'elle sera bien trop lourde pour les autres, renforçant l'injustice et l'arbitraire d'une prohibition inapplicable et inappliquée.


Après un passage à vide, n'arrivant plus à terminer un texte, j'ai publié vite fait ce petit billet pour rappeler mes anciennes critiques des écotaxes bien que le mouvement des gilets jaunes ne me semble pas toujours très sympathique.

L'invention des peuples de Herder à Heidegger, 21/11/18
Le retour des peuples dans l'histoire peut se dater de la Révolution française mais aura été préparé philosophiquement un peu avant, notamment par Herder, initiant avec Goethe le préromantisme du Sturm und drang, et qui opposait la diversité des langues et des cultures à l'universalisme kantien, fournissant ainsi les bases du principe de l'autodétermination des peuples, revendication très à gauche à l'origine, et même libertaire, avant qu'elle ne dégénère en nationalisme agressif. Avec Fichte, l'appartenance au peuple est devenue un acte volontaire d'affirmation et de participation à sa mission historique, ce que Heidegger reprendra, justifiant son nazisme. Mais comme les peuples sont nés, ils disparaissent aujourd'hui dans l'empire numérique.


Assez content finalement de ce texte que j'ai enfin pu terminer, mais la gare de Figeac ayant brûlée, il n'y a plus de trains...

C'est la catastrophe qui nous sauvera…, 28/11/18
Les catastrophes écologiques n'auront pas la soudaineté de l'explosion d'une bombe et ne seront pas simultanées sur toute l'étendue de la planète. Des effondrement écologiques locaux risquent bien de se multiplier mais il est délirant de prolonger les courbes à l'infini et s'affoler de la disparition de l'humanité au moment même où elle n'a jamais été aussi nombreuse. Ce qu'on peut craindre de ces catastrophes, c'est là aussi une mortalité accrue temporairement par famines, épidémies ou guerres qui pourront certes diminuer la population mais très loin d'une extinction. D'autant qu'à mesure que la population diminuerait, son empreinte écologique diminuerait aussi (tout comme la crise a réduit pendant quelques années les émissions mondiales). Parler de fin du monde n'a aucun sens sinon, certes, la fin de notre monde actuel et de sa précieuse biodiversité qu'on ne réussit pas à préserver. Il ne s'agit pas de minimiser la gravité des effondrements écologiques qui se préparent et leur coût humain probable qu'il faudrait éviter à tout prix, mais cela n'empêche pas qu'à l'opposé de ce qu'on dit, les catastrophes ne s'ajoutent pas dans un emballement qui irait jusqu'à nous rayer de la carte. Non seulement les catastrophes attendues sont la plupart du temps progressives mais elles devraient provoquer des réactions de plus en plus fortes empêchant qu'on aille au pire.


Les contradictions au sein du peuple, 06/12/18
Il faut comprendre d'abord ce qu'a d'inédit le mouvement des gilets jaunes et qui tient entièrement à l'environnement technologique, puisqu'on peut dire que c'est le produit de la conjonction de Facebook et BFM : le réseau permettant la constitution d'un mouvement inorganisé et contradictoire alors que les chaînes d'information continue donnent une grande visibilité à des mobilisations pourtant assez faibles, leur apportant le soutien d'une grande majorité de la population - c'est cela le plus étonnant, malgré les violences, avec l'alliance des extrêmes. Ce qui est immédiatement apparu à ceux qui devaient payer l'écotaxe, c'est le mensonge sur la motivation écologique, voyant bien que cela ne pouvait modifier leur utilisation de la voiture et ne servait qu'à leur prendre dans les poches pour compenser les cadeaux faits aux riches. Il ne faudrait pas nous prendre pour des cons. Ce qui a renforcé la colère, par dessus le marché, c'est de ressentir le mépris de classe du président des riches, s'ajoutant au mensonge et à l'injustice.


C'est le froid et la pluie des jours d'hiver...

Les prix du pétrole vont flamber, 15/12/18
Les prix du pétrole devraient repartir nettement à la hausse à partir de 2020 au moins pour deux raisons principales : le développement de l'Inde et l'arrêt des prospections depuis la chute des prix. L'idée d'effondrement global se réfère aux crises économiques systémiques, dont la soudaineté surprend effectivement, mais aussi à une supposée fin du pétrole qui se traduirait en effondrement économique (alors que celui-ci diminuerait la demande d'énergie). La difficulté, c'est qu'on peut s'attendre malgré tout à un nouveau choc pétrolier même si ce n'est pas la fin du pétrole - de la même façon qu'il y a un choc robotique, pas une fin du travail, et qu'il y a bien un choc climatique même si ce n'est pas la fin du monde. Plutôt que cet imaginaire de l'effondrement définitif ou de ce qui nous en sauverait miraculeusement, il faut prendre conscience de tout ce que nous aurons à faire dans la durée et s'engager sans attendre dans la transition effective malgré l'insuffisance de nos moyens et même s'il y a bien d'autres problèmes à régler que l'énergie et le climat pour préserver nos conditions de vie (notamment la relocalisation).


La stabilisation du climat comme objectif économique, 18/12/18
Plutôt que d'avoir à éviter une fin du monde catastrophique, la question est plutôt de stabiliser le climat et d'empêcher la multiplication des catastrophes même si nous ne pourrons les empêcher toutes. Cela dépend bien moins de nous et de nos petits gestes que de l'industrie et de l'agriculture. Il est ridicule de vouloir culpabiliser les gens qui n'y sont pour rien en masquant les véritables coupables. On se heurte à des procédés matériels, pas à de belles idées. Dans ce contexte, au lieu de tout baser sur l'heuristique de la peur, d'une mobilisation planétaire modifiant le système pour éviter le pire, il serait sans doute plus utile de jouer sur une toute autre motivation, plus rationnelle, la stabilisation du climat comme objectif favorable à l'économie comme au développement des sociétés. Il ne s'agit pas de chercher un climat idéal qui conviendrait à tous dans un impossible unanimisme, mais seulement de réduire les variations climatiques autant qu'on peut pour mieux s'y adapter, assurant une certaine homéostasie dans l'intérêt de l'économie. En faire un paramètre économique, c'est assurer son effectivité par son intégration au système de production. C'est, certes moins enthousiasmant que de prêcher la fin du monde mais donne sans doute un meilleur angle que de se reposer sur une conversion des esprits à l'écologie ou un changement des modes de vie, ce qui ne mène à rien, même si on peut l'encourager.


Longue période solitaire plutôt agréable même si j'ai mal partout (surtout au bras droit) et de la tension.

Du référendum et des conceptions naïves de la démocratie, 23/12/18
La revendication de justice fiscale s'est muée en revendication d'un référendum d'initiative citoyenne (RIC), vieille revendication qu'on retrouve de l'extrême-droite à la gauche populiste, supposé l'expression du peuple, témoignant de conceptions très naïves de la démocratie, s'appuyant d'ailleurs en grande partie sur l'idéologie officielle de notre république - qui est moins héritière de la Révolution pourtant que de la monarchie constitutionnelle (avec un président, un sénat et la séparation des pouvoirs). Ainsi, les insurgés peuvent invoquer le récit national pour réclamer ce pouvoir du peuple promis et toujours confisqué par le parlementarisme, ce qui est en fait l'appel à un pouvoir fort et une dictature de la majorité, dont le référendum est l'instrument privilégié, alors qu'il faudrait défendre des politiques de dialogue, une démocratie des minorités et des municipalités, à l'opposé du mythe d'un peuple uniforme (qui se tourne contre les étrangers avant de se retourner contre l'ennemi intérieur). La réalité de la politique, c'est son impuissance, changer la forme de la démocratie ne change pas cela. La prétendue souveraineté de la démocratie est une négation du réel et des contraintes extérieures qui ne peut mener qu'à des dictatures (comme l'étaient les prétendues "démocraties populaires"). Ce démocratisme fascisant se fonde apparemment toujours sur le même récit simpliste où tous nos malheurs viendraient des élites corrompues (comme des juifs) qui s'enrichissent sur notre dos. Dès lors, il suffirait de se débarrasser de ces parasites pour que se reconstitue l'unité supposée du peuple et l'harmonie sociale.


Très mauvaise ambiance à Noël...

Karl Jaspers, l'existentialisme de l'échec, 28/12/18
Jaspers est le fondateur de l'existentialisme sous la forme d'un existentialisme chrétien soulignant le côté tragique de l'existence dans un monde hostile, pleine d'échecs et de déceptions, proche en cela de Pascal. D'être "située" rendrait toute existence "coupable" de sa partialité, de sa finitude qui fait d'elle une existence individuelle concrète. L'expérience privilégiée pour Jaspers, c'est ce qu'il appelle les situations limites où se révèle l'impossibilité radicale de l'existence qui se cogne au réel, conduite à l'échec et au "naufrage" de toutes ses possibilités. On est loin des expériences existentielles positives et dans le sens de l'histoire, tout comme d'une liberté triomphante. En tout cas, c'est sans aucun doute parce qu'il était chrétien et psychiatre qu'il a pu donner une place centrale à la culpabilité. La supériorité de la religion sur la philosophie, raison pour laquelle le christianisme avait pris le relais du stoïcisme dans l'Empire romain, c'est en effet qu'elle nous délivre de l'idéal du Maître ainsi que de la folle prétention à la sagesse, reconnaissant au contraire notre faiblesse. Ce qui fait notre humanité n'est pas notre portrait en gloire ni les sciences universelles mais notre empathie, nos faiblesses, nos défauts, nos névroses, nos liens affectifs où l'on trouve réconfort. En fait, l'expérience du réel est fondamentalement celle du ratage, de la souffrance, de l'étrangeté, de l'extériorité du monde et de notre ignorance. Exister, c'est se cogner au réel (au non-Moi). Il n'y a pas identité de la pensée et de l'être mais disjonction, scission du subjectif et de l'objectif. Si notre existence ne pouvant se fonder sur elle-même ne prend sens effectivement que d'une transcendance, ce n'est pas une transcendance divine, mais la transcendance des autres et de récits communs (hérités) dans lesquels on s'inscrit mais aussi la transcendance du monde qui est confié à notre souci écologique, toutes conditions de possibilité de nos projets d'avenir.



2019 - Philosophie écologique, division de la pensée et de l’être, généalogie de la morale (66 ans)

Jean 2019Après avoir conclu les travaux de l'année précédente, notamment sur Jaspers, par la question de la division de la pensée et de l'être, j'ai voulu dissiper la croyance dans le rôle de l'individu aussi bien dans le progrès humain, l'art (l'utopie artistique) ou l'écologie qui est politique (pas individuelle), notre temps étant celui de l'après-coup. Une généalogie de la morale rectifie celle de Nietzsche et dépasse Lévinas, l'urgence nous faisant passer du souci de soi au souci du monde au-delà du souci des autres, débouchant enfin sur une philosophie écologique, détermination par le milieu contre les philosophies essentialistes de l'identité.

La conscience après-coup de nos décisions et jugements, 01/01/19
Pour Peter Carruthers, la réduction de la conscience à "l'espace de travail" du cerveau implique que nos actes ne sont pas directement conscients, contrairement aux sensations, et le deviennent seulement après-coup par leur perception ou leur verbalisation car il n'y aurait que des sensations (des représentations?) qui peuvent être conscientes, c'est-à-dire présentes dans notre espace de travail mental. Il y a bien séparation entre théorie et pratique, représentation et action, réflexion et décision.


La division de la pensée et de l'être, 12/01/19
La plupart des philosophies partent d'une division initiale suivie de la tentative de reconstituer l'unité perdue, fonction qu'on peut dire thérapeutique de nous délivrer de la contradiction manifeste tout comme de la peur de la mort. Jaspers dénoncera ces philosophies assimilées à des constructions mythologisantes servant à fuir les questions existentielles. On peut dater de la Critique de la raison pure de Kant la reconnaissance définitive de nos limites cognitives et la démonstration de la séparation de la pensée et de l'être avec la séparation de nos représentations et de la chose en soi inaccessible. Hannah Arendt fait de l'existentialisme une réaction à cette scission alors que dans le marxisme, la perspective d'unité finale dépassant la contradiction ne reconnaît la séparation de la pensée et de l'être qu'au titre d'une aliénation à dépasser pour retrouver un supposé homme total qui ne serait plus étranger dans le monde qu'il a créé par son travail. L'échec des régimes communistes partout aura constitué une nouvelle révélation de l'extériorité du monde. Le relativisme post-moderne qui résulte d'une nouvelle déstabilisation du sujet connaissant n'est rien d'autre qu'un post-marxisme. Ce subjectivisme est malgré tout relatif puisqu'il se cogne au réel et qu'on partage un monde commun dans lequel nous agissons. Il faut se garder d'absolutiser la séparation sous prétexte que l'unité de la pensée et de l'être se voulait absolue. Il y a bien une dialectique entre théorie et pratique mais qui expose l'expérience singulière aux ratages et à rencontrer ses limites. Se placer à ce point de vue d'un réel déceptif au regard du devoir-être devrait déboucher sur un post-existentialisme athée et matérialiste valorisant l'existant, le sort de la planète et le quotidien de la vie, mais moins centré sur l'individu, réinséré dans son milieu, et sans prétendre abolir la séparation ni retrouver une authenticité perdue encore moins se suffire à soi-même.


Texte prolongeant le précédent sur Jaspers.

Le progrès humain, 24/01/19
On est toujours étonné de voir des statistiques témoignant de grandes améliorations en cours sur l'essentiel (santé, libertés, éducation, information, féminisme, réduction des guerres, etc) qui sont bien réelles et contrastent avec l'impression d'une dégradation généralisée. Au milieu de ce monde inhumain, l'histoire serait donc malgré tout celle du progrès humain, du moins à grande échelle (car il y a des retardataires et des retours en arrière). On peut en conclure que la part positive du progrès n'est pas plus le produit de notre humanité et de notre désir de liberté que sa part négative et destructrice ne serait due qu'à notre méchanceté. Il faut inverser les causalités. En fait, le progrès humain n'est pas tant le progrès de l'homme que de son humanisation par la civilisation et l'état de la technique qui nous façonnent. Le désastre annoncé n'empêche pas le progrès humain, tout comme le progrès humain n'empêche pas forcément le désastre.


L'utopie artistique, 29/01/19
Depuis le romantisme, s'est constituée une utopie artistique fort peu questionnée qui se combinera aux utopies sociales, faisant de l'art la composante essentielle de l'épanouissement de l'individu, ou plutôt de l'homme total et de l'accès aux formes supérieures de la vie - ce qu'on retrouvera jusque dans les utopies numériques glorifiant la créativité et l'innovation. Dans cette préfiguration de l'existentialisme, qu'on peut définir par l'extension de l'exigence de vérité à l'existence elle-même, c'est bien un mode de vie qui est visé par la survalorisation de l'Art et de l'artiste, qui se distinguerait ainsi des animaux (et des autres hommes) par ses aspirations élevées. On peut quand même s'étonner de ces promesses publicitaires d'épanouissement de soi et de carrière artistique quand on voit la vie tourmentée des plus grands artistes ! Il y a erreur quelque part... La curieuse alliance de la poésie et de la peinture moderne avec le marxisme se manifestera brillamment au début de la révolution bolchévique - avant qu'elle ne sombre dans le réalisme socialiste qui ravale la production artistique à la communication et la propagande - ce qu'elle avait toujours été jusque là. Après avoir mis en cause le rôle de l'homme dans l'histoire (soumise à des causalités matérielles extérieures), c'est bien cette prétention à la créativité et l'invention de l'artiste qui doit être questionnée. Certes, si on peut facilement admettre que les sciences ne dépendent pas tellement des scientifiques (la part humaine est celle de l'erreur, dit Poincaré), il est bien sûr un peu excessif de le prétendre des artistes. On considère habituellement, tout au contraire, que les grandes oeuvres d'art sont les seules véritables productions humaines qui seraient irremplaçables - ce n'est pas si certain pourtant.


L'écologie est politique (pas individuelle), 08/02/19
Croire que la taxation des individus pourrait compenser l'absence d'un tel mécanisme ciblant les plus pollueurs relève de l'aveuglement et finalement d'une conception marchande, libérale et individuelle de la société alors que nos modes de vie sont entièrement déterminés par l'organisation sociale de la production et de la distribution, ce n'est pas une simple taxe qui peut y changer quoi que ce soit, sans aucun bénéfice écologique donc. L'écologie n'a rien d'une question personnelle comme on nous en rebat les oreilles, c'est uniquement une question politique. Certes, une fois le tri des déchets organisé, il faut s'y plier individuellement, mais c'est d'abord une organisation collective. L'essentiel de notre avenir se joue désormais en Inde après la Chine et avant l'Afrique (ou le Brésil), c'est à dire le développement des pays les plus peuplés dont les émissions montent en flèche bien qu'étant encore loin des nôtres par habitant. Les petites économies qu'on pourra faire ici seront de peu de poids si ces pays ne se convertissent pas rapidement aux énergies renouvelables au lieu du pétrole et du charbon. Plutôt que se regarder le nombril en voulant être un écologiste irréprochable et culpabiliser les autres, c'est donc bien sur l'action politique et globale qu'il faut se concentrer si on veut avoir une chance de dépasser notre impuissance individuelle. Pour que des mesures écologiques ne soient pas insignifiantes, il faut qu'elles soient absolument massives.


Période de disputes insupportables qui inaugurera une longue période de solitude.

Le temps de l'après-coup, 18/02/19
C'est la première leçon de l'existence, qu'il n'y a pas d'identité de l'être et du devoir-être et qu'il faut constamment s'y confronter. Impossible d'ignorer tous les ratés de la vie et la dureté du réel, toutes les illusions perdues et d'abord les illusions politiques, rêves totalitaires qui tournent mal de réalisation de l'idée. En ne se pliant pas à nos finalités, ce qui se manifeste, c'est bien l'étrangeté du monde et la transcendance de l'être, son extériorité. De quoi nous engager non pas à baisser les bras ni à foncer tête baissée à l'échec mais à régler notre action sur cet écart de l'intention et du résultat pour corriger le tir et se rapprocher de l'objectif. L'histoire reste une histoire subie car effectivement déterminée en dernière instance, c'est à dire après-coup (post festum dit Marx) par la (re)production matérielle et donc, d'abord, par le progrès technique. Celui-ci ne nous fait pas passer du temps des finalités à celui des moyens tout-puissants mais nous oblige plutôt à revenir au temps biologique, c'est-à-dire au temps de l'après-coup, de l'apprentissage et de la correction de nos erreurs, conformément à un darwinisme bien compris comme sélection par le résultat. Ce n'est plus le temps des projets grandioses ni même de l'ouverture au possible mais le temps de la culpabilité et des remords - sans être pour autant forcément irréversible, car renoncer aux finalités subjectives ne nous condamne pas à rester passifs ni aveugles au négatif du progrès et de notre industrie, ce qui a plutôt ouvert la voie à l'écologie politique. Notre tâche est d'essayer de comprendre ce qui nous arrive sans jamais être sûr d'y arriver, tâche toujours à recommencer dans l'après-coup. Il n'y a pas de retour glorieux à l'unité de l'Être (comme dans les transports amoureux) mais une pluralité de récits, de scénarios plus ou moins crédibles pouvant être contredits par l'événement à tout instant. C'est cette précarité de nos projections dans l'avenir qui caractérise la finitude de notre situation existentielle et cognitive. C'est à partir de cette nouvelle temporalité de l'après-coup (au-delà du passé, du présent et de l'avenir), temporalité plus originaire que la durée et le projet, que pourrait se redéfinir une pensée pratique sur le deuil de l'unité de la pensée et de l'être, rejoignant d'ailleurs les vieux principes de la prudence et d'une bonne méthode expérimentale.


Après un début très froid, un temps plus chaud et très beau m'a fait arrêter le chauffage mais il fait froid du coup dans la maison (14°C). Alors que les douleurs au bras s'estompent, c'est le mal de dos et la sciatique qui prennent le relais ! Mon père a été de nouveau hospitalisé quelques jours.

L'urgence écologique, 14/03/19
Devant l'aggravation sensible de la situation et alors même que la nécessité de changer de système se fait de plus en plus pressante, il est devenu impossible, irresponsable, de continuer à défendre une écologie utopique, purement incantatoire, et reprendre les anciens discours écolos ayant fait preuve de leur ineffectivité. Au moment où il nous faut radicaliser les combats écologistes, nous sommes obligés pourtant d'abandonner cet espoir d'un changement de système improbable. L'urgence n'a jamais été aussi grande et nous ne pouvons plus perdre 20 années de plus à poursuivre des chimères. Il n'est plus temps de tirer des plans sur la comète quand il faut parer au plus pressé. Et certes, ce n'est pas drôle, et moins glorieux, mais c'est un débat crucial pour les écologistes et notre avenir. Le but étant d'arracher des mesures concrètes immédiates, il ne suffira pas de beaux discours, cela exige le plus grand réalisme, certes bien décevant par rapport à ce qu'il faudrait mais les objectifs concrets d'un Green New Deal qui gagne des partisans ferait quand même toute la différence entre un monde à peu près préservé (?) et un monde devenu invivable un peu partout.. L'écologie n'est pas une idéologie, c'est une obligation matérielle et qui doit se situer dans son milieu réel, pas dans une planète imaginaire. Toute action écologiste se juge au résultat, pas à ses bonnes intentions.


Article pour EcoRev' mais qui sera refusé, écrit très difficilement et parti d'une critique qui se voulait radicale de l'écologisme par un paysan anti-industriel, mais qui s'est réorienté comme adresse à la jeunesse étant donné le contexte d'une grève des jeunes pour le climat. Cet appel au réalisme avait effectivement peu de chances d'être entendu.

Ce sont les fous qui font l'histoire, 19/03/19
Le véritable agent de l'histoire est essentiellement cognitif et progrès technique (pierre taillée, pierre polie, âge du bronze, âge du fer, etc.), donc impersonnel. La part humaine serait plutôt celle de l'erreur dont on sait qu'elle est au principe de l'évolution avec la sélection par le résultat qui suit, imposant les véritables causalités matérielles après-coup. Alors que les sociétés originaires font beaucoup d'efforts pour ne pas transgresser la tradition, il est bien certain que, pour qu'il y ait histoire, il faut que de véritables fous furieux (ou quelques ambitieux) bousculent l'ordre établi pour le forcer à évoluer et se perfectionner. Plus généralement, on peut dire que le sage n'agit pas, seuls les ignorants agissent. Alors que la compréhension de la complexité des enjeux semble bien inciter à la prudence jusqu'à paralyser l'action, les crétins osent tout, faisant preuve de la plus grande arrogance à mesure de leur ignorance (plus on est ignorant et plus on croit aux solutions simplistes). Si l'histoire est bien faite par des fous, ce n'est pas que l'histoire leur donnerait en quoi que ce soit raison, leur bilan étant le plus souvent catastrophique même si des progrès peuvent en sortir à plus long terme. Reconnaître leur rôle pourrait passer pour l'éloge de la folie, c'est ce dont il faut bien se garder puisque ce rôle consiste surtout à susciter des réactions contraires aboutissant à l'opposé de ce qui était visé. L'action historique qui change la donne a donc toujours une part d'irrationnel du côté de ses acteurs et une part objective qui leur échappe mais triomphe toujours à la fin.


Début de printemps beau et chaud mais si les douleurs ont disparu, c'est la déprime qui revient dont ce texte témoigne, inspiré par les citations de Kojève et la connerie ambiante mais qui m'a fait revenir à la critique de Kojève.

Kojève et l'illusion de la fin réconciliatrice, 27/03/19
Kojève a été très important en France pour la compréhension de la Phénoménologie de l'Esprit de Hegel dont il a donné une lecture limpide... mais qui en était une réinterprétation marxisante, anthropologique, matérialiste, assez différente de l'original sur de nombreux points (Etat universel, fin de l'histoire, rejet de la dialectique de la nature), constituant en fait une dogmatisation du système hégélien. Le paradoxe, c'est de partir de la reconnaissance de la contradiction et de son caractère inéliminable pour s'imaginer pouvoir y mettre un terme ainsi ! Kojève sera justement celui qui assumera jusqu'au bout ce paradoxe avec le thème de la fin de l'histoire identifiée à l'Etat universel et sans classes, redoublant la fausse interprétation rétroactive de la Révolution Française comme rationalisation et réalisation de l'idée. C'est "avant tout, une anthropologisation du Système : l'Homme prend la place de l'Esprit", ce qui n'est pas rien, l'Esprit étant plus extérieur et collectif. L'autre grande déformation qu'il fait subir aux concepts hégéliens, c'est la traduction réductrice d'aufhebung par négation alors que toute négation est partielle et qu'on a plutôt affaire à un dépassement logique qui conserve ce qui est dépassé. Le travail n'est pas une néantisation, l'homme n'est pas néant, comme le reprendra Sartre, il est même ordinairement occupé à s'en défendre (ce qu'on appelle la néguentropie du vivant, inversion locale de l'entropie qui est bien négation de la loi la plus fondamentale de la nature mais cette lutte contre la mort est essentiellement positive, reproductrice, conservatrice). S'il faut garder la conscience du déchirement initial entre l'être et le devoir-être, la différence du savoir et de la vérité, l'extériorité d'un monde étranger, la révolte contre l'injustice du monde, il faut par contre en dépasser la fin supposée réconciliatrice qui l'annule, remplacée au contraire par la conscience d'une opposition insurmontable - ce qui peut certes constituer une sorte de réconciliation, un retour à notre réalité effective, ne cherchant plus à supprimer la contradiction dans une utopie totalitaire. On peut dire que ne plus croire à une fin de l'histoire, à une réconciliation finale, constitue déjà une sorte de fin de l'histoire comme fin des idéologies, voire de la politique, mais ce n'est pas une fin glorieuse et plutôt un épuisement qu'un achèvement, sa négation plus que sa réalisation.


Période toujours tranquille et solitaire, assez agréable.

Dieu et la science, 08/04/19
On ne peut faire comme si on avait affaire à des domaines entièrement séparés, entre la foi et la raison, faisant comme si les diverses sciences n'auraient rien à dire sur les religions (histoire, sociologie, psychologie, neurologie, biologie, physique). Tout au contraire, les religions sont bien objets de sciences qui en réfutent incontestablement tous leurs dogmes, que ça plaise ou non, en premier lieu l'existence d'un Dieu dont il n'y a nulle trace dans tout l'univers - hors de la tête des croyants et de leurs temples. Il faut bien admettre que Dieu est un concept que nous avons et dont on a bien du mal à se défaire (notamment les philosophes). C'est le contenu que nous lui donnons qui doit être confronté aux faits. Partir du concept de Dieu pose cependant un problème, car il y en a plusieurs et qu'on amalgame en général bien qu'ils soient peu compatibles, confusion revendiquée de trois personnes en une (je, tu, il) entre le dieu rationnel (éternel, Un, connaissance, universel), le dieu révélé (historique, dogme, foi, particulier), le dieu éprouvé (relation, amour, crainte, jugement, singulier). On retrouve d'ailleurs ces trois dimensions dans la place donnée au dieu créateur à l'origine du cosmos puis de la vie (de l'évolution) et enfin de l'esprit, supposé donc intervenir trois fois - après de très longues absences - pour expliquer ces inexplicables miracles. Sauf que ce n'est plus si inexplicable désormais. Le rôle des sciences ici, n'est pas la défense d'une vision du monde complète et d'une vérité dogmatique, mais la simple vérification des faits (l'athéisme n'étant rien que la négation de l'hypothèse divine avancée, pas son remplacement par une autre hypothèse définitive). Il y a évidemment une vérité de la religion qui ne peut se résumer à ses absurdités qui exigeraient au moins une lecture symbolique sinon ésotérique mais pas littérale. Il ne s'agit pas juste d'une regrettable erreur ni d'un simple instrument de domination, mais bien d'un moment nécessaire aux premiers stades de la civilisation avec la construction d'un garant de la vérité, de la moralité et des échanges, au-delà de l'animisme. L'essentiel pour nous se situerait plutôt dans l'opposition du christianisme romain aux philosophies du bonheur précédentes, dont apparaît toute la vanité trop centrée sur le moi ou les plaisirs, vanité à l'origine de la conversion de bien des jouisseurs frivoles (comme Augustin). Au lieu de prétendre à la sagesse et au bonheur dans ce monde, il s'agit de se délivrer du souci de soi par l'acceptation de notre finitude, nos limites, nos fautes (notre culpabilité) pour renvoyer la charge de la cause sur un Autre et s'ouvrir à l'extérieur, se projeter dans l'amour du prochain qui nous sort de notre petite personne. Cette fois, la religion est bien le témoignage de l'échec de la philosophie comme identification au maître, détrônant l'idéal aristocratique de perfection.


Généalogie de la morale, de Nietzsche à Lévinas, 19/04/19
La morale humaine commence avec le langage, l'interdit, le don et la dette, le prestige ou la honte. Au contraire des machines, nous pouvons en effet ressentir honte et culpabilité sans lesquels aucune parole n'est possible (en dehors de l'impératif). La dimension sociale de notre conscience est constitutive de notre discours intérieur, qui a la forme d'une conversation réelle. Nietzsche a bien vu l'importance du basculement de l'Empire romain dans la religion chrétienne mais fait simplement étalage de son incompréhension de la faillite des idéaux antiques, ce dont il ne peut trouver d'autres raisons que le ressentiment des faibles et des ratés, ne voulant pas voir que cette conversion religieuse résultait de l'échec des morales du maître et  des philosophies du bonheur enfermées dans le souci de soi, comme en témoigne Augustin. Par la rationalisation de la morale Kant supprime à la fois le besoin de la crainte de Dieu et cette dimension charitable mais ouvre la voie à l'athéisme moral. Le plus contestable dans cette morale rationnelle est surtout de se présenter comme atemporelle et c'est l'intérêt de Hegel d'avoir tenté de l'historiciser. Cette succession de figures et de leurs contradictions nous apprend la diversité des morales mais évacue immédiatement le rapport à l'autre au profit du commun et d'un retour au souci de soi, même dans son sacrifice. Ce rapport à l'autre sera assez secondaire aussi chez Alain qu'il vaut de citer pour la synthèse qu'il propose de la morale du maître avec la morale kantienne, l'excellence pour tous comme mot d'ordre des instituteurs de la République. Dans cette moralité, assez aristocratique bien que culpabilisante, il ne s'agit jamais que de se gouverner soi-même, faire son devoir mais en se mettant de nouveau hors de l'histoire, au niveau ontologique, Alain donne à la morale un statut primordial, l'identifiant à la conscience même - conformément à l'usage courant qui fait appel à notre (mauvaise) conscience. C'est Martin Buber qui réintroduira la figure de l'autre au coeur de la morale, insistant sur la différence ontologique entre la relation à l'Autre Je-Tu et la relation à l'Être du Je-Cela. Le monde humain est bien celui du rapport à l'autre plus qu'à l'Être (Sartre contre Heidegger). C'est comme interlocuteur (Dire) que l'être-humain (non pas l'être-là) se distingue d'un simple étant, et l'existence humaine de celle de l'animal mais Lévinas insiste avec raison sur le fait que l'autre échappe à notre intentionalité, limite de la phénoménologie. Il existe hors de nous et nous reste étranger, il peut toujours changer ou mentir, mais l'inconditionnalité du devoir altruiste et d'une responsabilité infinie est aussi intenable que celle de la maxime kantienne. La leçon de Hegel nous incite donc à refuser la dureté d'une exigence morale infinie de sainteté et d'y opposer au contraire une morale de notre finitude, imparfaite et fautive mais fraternelle et attentive aux conséquences de ses actes. Pour se réaliser, la morale ne peut s'en tenir à l'intersubjectivité, elle doit passer à la politique où le monde moral et le monde matériel se confrontent.


Cet article, dont j'étais assez satisfait, est la suite du précédent dont il reprend l'avant-avant-dernier paragraphe sur le christianisme mais constitue une synthèse de plusieurs articles plus ou moins anciens, en commençant bien sûr par misère de la morale (Hegel), A propos d'Alain, de Kant à Fichte, Jaspers, des allusions à bien d'autres mais aussi la reprise d'une brève sur le discours intérieur.

La vraie vie, 10/05/19
Notre conscience morale fait sans aucun doute notre humanité, le fond des rapports humains qui occupent incontestablement une grande place dans nos vies et dans nos pensées, cependant ils ne prennent pas toute la place et il faut se garder de les idéaliser. Pour revenir à leurs limites et leur ambivalence, il suffit de faire un retour aux choses mêmes, c'est-à-dire à la vie quotidienne dans sa réalité la plus prosaïque, aussi éloignée de celle de Heidegger que de Lévinas. Ce n'est pas une peinture flatteuse (il n'y a en effet que la vérité qui blesse), mais, après le monde matériel qui nous contraint et le monde moral qui nous oblige, il reste donc à faire la phénoménologie de notre vie concrète (matière des bons romans). S'il est fondamental de reconnaître notre identité relationnelle et morale jusqu'à notre désir comme désir de l'autre, il ne faut pas mythifier notre rapport aux autres, en faire un amour universel ni une responsabilité infinie, mais reconnaître tout autant ses limites dans un quotidien routinier menacé par la lassitude et l'ennui. Ainsi, dans la vraie vie, en dehors de l'amour naissant, on s'absente le plus souvent des autres dans l'activité ou le bavardage.


La nuit suivant cette dernière publication, j'ai fait une grave chute dans l'escalier en ratant les toilettes dans le noir complet à 2h du matin. Je me suis retrouvé aux urgences mais n'avais apparemment rien de cassé, seulement des bleus et contusions partout qui m'ont laissé bien sonné. La mauvaise nouvelle, c'est qu'on a découvert que j'avais une arthrose, notamment au cou...

Le retour des fachos (qui s'ignorent),  21/05/19
La haine justifiée des vainqueurs envers la barbarie nazi avait sans doute trop noirci le tableau du fascisme, jusqu'à rendre incompréhensible son succès intellectuel et populaire, assimilé à une simple brutalité. Impossible de reconnaître dans cette caricature le retour du refoulé actuel. Non seulement il faut rappeler l'adhésion enthousiaste d'une large part de la population à ces régimes totalitaires mais aussi le fait qu'ils se réclamaient d'une sorte de socialisme et du parti des travailleurs, de nombreux militants et dirigeant venant de l'extrême-gauche. Partie intégrante du fascisme, il y avait effectivement un antilibéralisme protectionniste et anticapitaliste affiché, faux nez souvent d'un antisémitisme accusant les banquiers juifs de tous les maux du capitalisme. Que de sincères révoltés d'extrême-gauche adoptent des positions fascisantes, souverainistes, anti-immigration, voire antisémites ou complotistes, réduisant l'analyse à la critique de la démocratie, des élites corrompues, des lobbies et des Rothschild, doit être jugé d'autant moins étonnant que le marxisme est lui-même révolu et qu'on assiste à un effondrement de la pensée de gauche, social-démocrate ou révolutionnaire. Le matérialisme n'est plus à la mode, le réel n'existe plus, il n'y aurait plus qu'une politique souveraine, une volonté populaire toute-puissante alors même que l'économie est en complète réorganisation numérique et que nous sommes confrontés, avec le développement des pays les plus peuplés, à l'émergence de nouvelles puissances comme à leur pression démographique. Si le réchauffement climatique et la perte de biodiversité sont les plus grands défis de l'humanité sur le long terme, à court terme c'est donc plutôt la politique qui pourrait bien constituer notre principal problème, loin d'être la solution.


Eloge et réfutation de Guy Debord, 08/06/19
On dira ce que Guy Debord avait malgré tout d'admirable mais on montrera d'abord sur quels errements il a vécu, et on verra que c'étaient les poncifs de l'époque plus que les siens et dont nous récoltons les décombres. S'il nous a légué une exigence de vérité et de liberté, dont nous devons reprendre le flambeau, ce qui apparaît avec le recul, c'est en effet un échec à peu près complet et, sous une rhétorique brillante, la consternante naïveté sur le sexe et le pouvoir, sur la liberté et l'idéologie, sur la technique et la démocratie, sur le capitalisme et le travail, sur la représentation et la chose même, sur la vie enfin comme jeu. On ne peut d'ailleurs pas dire que Debord revendiquait une quelconque originalité, pratiquant ouvertement plagiat et détournement, son effort étant seulement d'en tenter une synthèse. Il est clair qu'on a affaire à une révolte qui cherche sa théorie. Il faut d'abord reconstituer la constellation intellectuelle du temps du communisme triomphant et de la domination du marxisme dans les universités mais surtout s'imposant dans tous les mouvements d'émancipation, nourrissant les espoirs les plus fous de fin de l'histoire dans la réconciliation finale d'une société sans classe. Cependant, on peut considérer activisme de Debord, philosophie devenue praxis, comme une régression idéaliste et subjectiviste revenant à Fichte, plus proche finalement de l'actualisme fasciste de Gentile que du matérialisme de Marx ou de la dialectique hégélienne. Ne voulant renoncer ni à la révolte ni à la poésie, ni à une vie libertaire, on ne peut que se sentir en sympathie avec la critique radicale de ce monde et de la condition humaine mais pas jusqu'à s'imaginer en sortir par notre arrogance ni faire de la vie un jeu ou le spectacle de l'authenticité. On ne peut pour autant accuser Guy Debord d'insincérité alors que c'est au contraire son exigence de vérité qui mérite le plus d'éloges, son indépendance des pouvoirs, sa volonté de non compromission qui l'amenait à systématiquement rompre avec des amis compromettants ou menteurs. C'est bien malgré lui que la volonté de vérité est devenue trompeuse et la lutte contre l'aliénation aliénante, ce dont il devait être l'indispensable démonstration. Il ne s'agit pas de juger Guy Debord comme si nous lui étions supérieurs mais plutôt de prendre nos distances avec un passé révolu.


Texte écrit facilement dans le prolongement de la vraie vie et un peu en réponse au livre "Debord: Le naufrageur" de Jean-Marie Apostolidès (dont je n'ai lu que des extraits). On peut dire que je règle mes comptes avec mes anciennes idoles (il ne reste plus que Lacan à critiquer sérieusement). Sinon, toujours pas mal de douleurs, l'humeur morose et un désir en berne, mais c'est l'été...

Changement de monde, 23/06/19
Il est devenu quasiment impossible de se projeter dans le monde futur tant il devrait être différent du nôtre, malgré les vaines tentatives d'arrêter le temps. On peut juste lister un certain nombre des bouleversements attendus dans les dizaines d'années qui viennent, bouleversements technologiques, climatiques, géopolitiques. Les incertitudes sont au plus haut, et pas seulement l'ampleur du réchauffement climatique, qui semble avoir été sous-estimé mais il apparaît que les plus grandes incertitudes sont politiques et géopolitiques aujourd'hui avec une montée des risques de guerre, y compris nucléaire (ou de cyber-guerres), que seuls les risques économiques semblent pouvoir empêcher. L'opposition des mondialistes aux souverainistes prend ici tout son sens. Nous ne sommes plus dans le temps arrêté d'une fin de l'histoire, d'un dimanche de la vie où l'individu n'aurait plus qu'à s'épanouir et jouir d'un éternel présent, mais pris dans les mouvements de l'histoire qui nous dépassent et menacent de toutes parts. On n'est pas prêts de sortir d'une crise permanente si la crise est le nom d'un réel qui nous échappe et nous déstabilise. L'inquiétude est d'autant plus justifiée que pour l'instant, nos émissions continuent à augmenter. Il n'empêche que tout n'est pas désespéré car la première partie du siècle aura été celle de la prise de conscience planétaire nous engageant dans la transition énergétique sinon écologique. Nous allons être pris dans une course entre réchauffement, tensions démographiques, ruptures technologiques, transition énergétique, conflits mondiaux. Il y a les optimistes qui croient à un miracle technique, les écologistes qui croient à un miracle politique, les intellectuels qui croient à un miracle moral, mais il n'y aura pas de miracle, il faudra savoir tirer parti de toutes les occasions. C'est en étant conscients de notre impuissance actuelle que nous pouvons espérer la dépasser ponctuellement, tout en sachant que plus la température va monter et plus la mobilisation va grandir, des mesures plus efficaces vont être prises et les techniques vont progresser pour empêcher les scénarios les plus extrêmes. C'est en ce sens que l'écologie est progressiste, d'une montée en puissance. Nous n'éviterons pas toutes les catastrophes et bouleversements, pour cela il est déjà trop tard, mais les prochaines décennies devraient être les plus décisives, ce que les jeunes ont bien compris.


27/07/19C'est une assez longue canicule battant des records de température et la fin de la tranquillité avec les vacanciers...

Du souci de soi au souci du monde, 12/07/19
La nouvelle figure de l'individu qui émerge des menaces écologiques est aussi différente de l'individu religieux que de l'individu libéral car, sans se réclamer d'un fondement dogmatique ni d'un acte de foi, il n'est plus délaissé par l'absence de tout fondement éprouvé depuis la mort de Dieu, et ne se réduit pas non plus au seul fondement moral du rapport aux autres. En effet, la destinée de l'individu est devenue inséparable d'une communauté de destin planétaire qui donne sens à nos vies, lui donne un cadre, qu'on le veuille ou non. Au-delà de l'éthique comme rapport à l'autre, existe aussi le rapport à la totalité, au global et à l'histoire. Il est certes légitime de s'interroger sur le retour du concept de totalité, qu'on s'était échiné à déconstruire, mais ce n'est pas juste un retour de l'idée, c'est son retour dans le réel, incontournable et devenu une sorte de bruit de fond médiatique permanent. La différence avec les idéologies totalitaires, c'est que ce n'est pas l'esprit qui nous unit mais le réel (climatique, écologique, économique, technique) et cela bouleverse déjà complètement la situation des individus dans le monde par rapport à l'ère des idéologies ou de la fin de l'histoire libérale. En effet, c'est la nécessité extérieure qui prime désormais sur la volonté subjective. La réussite individuelle n'a plus de sens hors de la réussite collective et la subjectivité n'est plus sommée de se fonder sur elle-même à se trouver engagée dans une évolution extérieure, un réel qui donne un sens objectif à l'existence, où ce n'est pas notre opinion qui compte mais l'état de la science. Bien sûr, le souci du monde englobe le souci des autres et de nous-mêmes, mais ce monde qui suscite notre inquiétude n'est pas, en effet, le monde enchanté des écolos, c'est un monde hostile, étranger, dévasté, fragile. Ce n'est pas qu'on aurait fait le choix héroïque de viser plus grand que soi, c'est l'existence de totalités supérieures qui fait effraction dans la notre et nous sort du temps immobile d'une fin de l'histoire comme un dimanche de la vie où l'on n'aurait plus qu'à s'occuper de soi.


août 2019Ce texte, pas très bien écrit mais important, prolonge ma généalogie de la morale, de Nietzsche à Lévinas. Il fait un peu moins chaud et comme j'ai reçu un peu d'argent, je suis moins précaire à court terme. Je vais pouvoir changer d'ordinateur, celui-là étant en bout de course (l'écran est mangé par une tâche noire qui s'agrandit), et j'ai prévu aussi de vider les granges de tout ce qu'il y a à emmener à la déchetterie mais il y aurait tant à faire... Un problème au pouce me fait retourner à l'hôpital.

Contre le Bonheur, 11/08/19
Ce texte rassemble les critiques d'une notion de Bonheur contradictoire, purement fictive, exemple même du sophisme. C'est la recherche du bonheur, l'idée du bonheur, son obsession, dont il faudrait se défaire ne faisant qu'ajouter au malheur du monde, nous exilant de cette béatitude imaginée comme de la jouissance de l'Autre fantasmée. La fonction thérapeutique des philosophies qui se vantent d'apporter bonheur et sagesse, s'oppose frontalement à sa passion de la vérité et au courage de regarder la vérité en face, aussi décevante soit-elle pour nos idéaux. Tous nos murs sont couverts de promesses de bonheur en technicolor. La chose est entendue. Cependant, après un XXème siècle où cette recherche du bonheur faisait rage (des marxistes aux publicitaires, des spinozistes aux existentialistes, des golden boys aux situationnistes), la prise de conscience est générale que l'étalage de son bonheur sur facebook rend tout le monde plus malheureux. La poursuite universelle du bonheur et le malheur généralisé se prouvent aux yeux de tous comme les deux faces d'une même médaille, relevant d'une forme de psychose maniaco-dépressive. Il faut en conclure que si le Bonheur absolu n'existe pas, le Malheur absolu n'existerait pas non plus - mais seulement l'échec, la souffrance, la déception, la tristesse, l'envie, la rage, la révolte ou la dépression, traversés cependant de soleils, de rires et de chansons, de petits plaisirs et de grands bonheurs, de quelques coups de chances et même d'amour parfois.


Une bonne partie du mois d'août aura été passé à essayer de faire marcher Ubuntu sur le portable HP bas de gamme que j'ai acheté, ce qui m'a énervé contre le manque d'interfaces graphiques de configuration, obligeant à bidouiller et donc limitant son utilisation au petit nombre.

La désastreuse défaite du libre par élitisme, 19/08/19
Tout le monde devrait utiliser des logiciels libres, c'est l'évidence, de même que les plateformes devraient être publiques ou libres. La défaite jusqu'ici des logiciels libres face aux entreprises commerciales est cuisante. On pourrait y voir un grand mystère, pourquoi payer quand il y a du gratuit? Mais il n'y a pas de mystère, les logiciels libres sont trop souvent faits pour les programmeurs eux-mêmes plus que pour l'utilisateur de masse. C'est surtout ce que je conclue de mon expérience d'un retour à linux Ubuntu.

Je supporte difficilement une mauvaise cohabitation qui me rend un peu malade.

L'avenir écologiste, féministe, psychédélique et libertaire, 27/08/19
Il y a vraiment de quoi voir l'avenir tout en noir. Mais on aurait bien tort. Tout n'est pas perdu même si la chaleur devient étouffante et que, pas plus que les générations précédentes ou futures, nous n'éviterons les catastrophes - seulement plus nombreuses sans doute. Le réchauffement va rendre la vie plus difficile, l'urgence est de tout faire pour le réduire, alors que la faillite du marxisme et la décrédibilisation de toutes les utopies font bien actuellement le lit du populisme. La situation est incontestablement dramatique pourtant, comme dans le passé, ces malheurs n'empêcheront pas de nombreux progrès, au moins technologiques (avec leurs bons et mauvais côtés) mais aussi moraux et de continuer l'émancipation, ce dont témoigne l'hégémonie du féminisme ainsi que la montée en puissance de l'écologie au moins mais le récent retour en grâce des drogues psychédéliques montre aussi que notre avenir ne sera pas seulement utilitariste, technologique, rationalisé et contrôlé mais gardera sa part subjective et spirituelle.


Texte commencé depuis plusieurs mois, repris juste après l'appel à une prise massive de drogue psychédélique par une écologiste d'extinction rebellion.

Alain préfigure Lévinas : le visage de la charité, 09/09/19
J'ai trouvé que ces esquisses de 1929 donnent un éclairage intéressant sur le thème du visage repris par Lévinas. Elles en donnent une version plus rationnelle bien qu'aussi exigeante et menant tout autant à la religion, complétant ma "généalogie de la morale de Nietzsche à Lévinas" et surtout redonnant tout son sens à la présence comme présence à l'autre, au prochain, humanité qui ne sera jamais celle des robots.


J'apprécie le retour d'un peu de solitude.

L'éternel retour du même et nous, 12/09/19
Il est assez agaçant de voir annoncer tous les matins la découverte d'une planète habitable, étant donné les milliards de milliards de planètes, cela n'empêche pas qu'il est à peu près certain qu'on finira par en trouver. Cela veut dire qu'on estime que les mêmes processus devraient se reproduire nécessairement, que la sélection darwinienne après-coup est universelle, aboutissant aux mêmes résultats, après des temps très longs, et donc à une complexification croissante pour autant que les catastrophes cosmiques épargnent ces planètes pendant des milliards d'années, ce qui n'est pas rien... Les sciences (physique, biologie, ethnologie, économie, écologie) mènent à une conception du monde où les mêmes causes universelles produisent les mêmes effets. C'est ce déterminisme implacable qui a donné à Nietzsche le vertige de la révélation d'un éternel retour du même, où nos actes se dupliquaient à l'infini dans la succession des mondes, ce qui arriva arrivera toujours exactement pareil. C'est véritablement une idée de dingue. En tout cas, on peut effectivement reconstruire à grands traits ce qui se répéterait nécessairement, cet éternel retour des mêmes mécanismes s'opposant à l'entropie universelle, aussi bien dans le cosmos où la gravitation accentue les différences de concentration au lieu de les diluer, que dans l'évolution biologique avec la course entre prédateur et proie, ou dans l'évolution technique et civilisationnelle - voire l'histoire idéologique et artistique ? En tout cas, une conscience écologique semble indispensable à des civilisations plus avancées qui, sinon disparaîtraient n'étant pas soutenables sur le long terme et leur puissance technologique se retournant contre elles.


21/09/19Les températures sont toujours élevées (près de 30°C), aggravant la sécheresse, la rareté des insectes étant angoissante dans un coin pourtant très protégé. La récolte commence, très mince et en avance pour le raisin (mais on a eu aussi très peu de tomates ou courgettes). On essaie de refourguer des petits chats pour ne pas être trop dépassés une nouvelle fois (il y a jusqu'à 13 chats dedans et une dizaine dehors!). Plus le fait de me replonger dans la retraite, tout cela a provoqué le retour d'un état dépressif après une resucée de candidose et d'herpès. Je passe assez peu de temps à écrire...

Cryptomonnaies, la blockchain se déchaîne, 27/09/2019
On observe comment une possibilité technique nous force la main avec l'arrivée des cryptomonnaies dérivées du Bitcoin. Des versions plus stables (stable coin) et donc fiables ont été élaborées, gagées sur des actifs réels, tout comme les monnaies papier avaient auparavant un équivalent or. Depuis, les projets se multiplient dont le plus significatif, étant donné le nombre d'utilisateurs potentiels, est le Libra de Facebook basé sur un panier de monnaies. La première réaction des Etats était de l'interdire. Sauf que si Facebook était freiné dans son projet de cryptomonnaie mondiale, cela n'empêchera pas Telegram, qui est moins contrôlable, de sortir la sienne (le Gram). L'impossibilité d'empêcher l'existence de cryptomonnaies pousse dès lors les Etats, notamment la Chine, à créer leur propre cryptomonnaie, obligeant les autres à s'y mettre. On voit que c'est un processus autonome qui ne résulte pas d'un choix alors que l'existence de monnaies supraétatiques va avoir de très grandes conséquences. La part humaine ici se réduit au temps de réaction pour adopter une technologie.


Très bonne période solitaire avec des températures clémentes mais les prévisions climatiques se font de plus en plus catastrophiques.

Il n'y a pas d'espèce humaine, 10/10/19
Cela fait quelques années à peine que le soupçon est apparu chez les paléoanthropologues qu'il n'y avait pas d'évolution linéaire de l'humanité, ni une espèce originaire mais une évolution buissonnante. Il n'y a donc pas d'ancêtre primordial, ni d'Eve ni d'Adam, ni une seule espèce humaine qui se séparerait des autres espèces mais la divergence des populations et leur métissage local transmettant des mutations adaptatives ou immunitaires aussi bien que des innovations techniques. Les conséquences sur nos représentations habituelles sont considérables puisqu'il n'y a plus une essence originaire de l'espèce humaine aspirant à développer ses potentialités spirituelles - et qui serait en train de les réaliser - pas plus que la baleine prenant le corps d'un poisson ne peut être considérée comme contenue déjà dans l'espèce de vache dont elle descend. Le genre Homo se caractérise non par l'utilisation d'outils mais par son adaptation à l'outil (d'abord la main pour tailler la pierre). On voit que dans un cas comme dans l'autre, c'est l'environnement qui sculpte les corps, et de plus en plus pour nous l'environnement humain, imposant une certaine convergence évolutive, y compris culturelle, l'agriculture ayant été "inventée" de façon similaire en différents continents. Tout cela conforte l'hypothèse d'un déterminisme historique qui laisse place à la diversité (des langues) mais à peu près identique sur les autres planètes voire dans d'autres univers (éternel retour du même ?). C'est difficile à croire sans doute mais une bonne part de l'évolution, notamment technique et scientifique, suit bien des lois universelles. Du coup, dans cette préhistoire plus que millénaire, il n'y a pas d'événement fondateur de notre humanité mais une évolution qui se continue dans le développement économique, procès sans sujet (qui nous assujettit) avec une pluralité d'innovations techniques ou de stades cognitifs, franchis ici ou là, d'une "métapopulation" assez diverse s'y adaptant ensuite petit à petit par les échanges et la compétition ou la guerre. L'essentiel n'est pas tant de reconnaître la diversité de nos origines, contre le culte des ancêtres et la prétention d'appartenir à une noble lignée, l'essentiel c'est de reconnaître que l'humanité n'est pas en nous mais le produit de l'évolution cognitive et technique à laquelle nous nous sommes adaptés.


Après un orage assez violent (le 15 du mois), résidu lointain d'un cyclone, ma box ne marchait plus et j'ai été presque totalement coupé du monde pendant une dizaine de jours (surtout les premiers jours) mais c'était le plus beau moment de l'automne avec des érables éclatants. J'en ai profité pour terminer enfin les trajets à la déchetterie. Comme les températures commencent à baisser, il a fallu rallumer la chaudière et faire le ramonage (hélas!).

automne 2019
Les couleurs réelles sont bien plus belles...

Déconnexion – retour à la nature, 25/10/19
De nos jours, c'est le numérique qui bouleverse toutes nos pratiques, ce dont les beaux esprits s'alarment dans la nostalgie des temps anciens qui n'étaient pourtant pas si brillants, et prônent pompeusement les vertus de la déconnexion comme d'une révélation de la vraie vie perdue (comédie humaine chaque fois recommencée). La déconnexion, la vraie, a bien cependant la vertu de faire sentir concrètement à quel point nous sommes devenus dépendants des réseaux numériques (y compris pour les démarches administratives, factures, compte bancaire, train, etc.), à quel point nos vies ont changé en une dizaine d'année seulement, nous faisant déjà une autre humanité dont une bonne partie de la mémoire a été externalisée et qui est habituée à trouver rapidement les réponses à toutes ses questions comme à rester proches de la famille ou des amis malgré les distances. Il s'agit bien de l'humanité toute entière, équipée si vite partout de smartphones (qui datent de 2007 seulement), jusque dans les pays les plus pauvres, jusque parfois dans la jungle la plus reculée ! Ces réseaux qui nous relient et sont devenus vitaux constituent du coup une nouvelle vulnérabilité face aux tempêtes terrestres comme aux éruptions solaires pouvant nous priver soudain de toute connexion avec l'extérieur ou d'électricité. Ainsi, après un orage assez violent, résidu d'un lointain cyclone (et subissant le peu d'empressement de Free, qui ne semble pas en mesurer l'importance, pour remplacer ma box hors d'usage), j'ai été coupé du monde une dizaine de jours. Occasion rêvée, n'est-il pas, de retrouver l'ancien temps qui n'était pas virtuel, et par dessus le marché, au moment le plus beau de l'automne avec des érables éclatants...


Le dernier jour du mois, la doyenne du hameau est morte sans crier gare (à plus de 90 ans), bouleversant notre petite communauté. Sa vie simple de paysanne était d'une exemplaire dignité et elle avait l'air d'une sainte sur son lit de mort, on aurait dit un tableau. L'empressement de tous les voisins témoignait aussi de leur grande humanité. Moment très touchant.

Marie Laforêt, 04/11/19
Je l'ai toujours trouvée très sous-estimée, n'ayant pas eu la reconnaissance qu'elle méritait, surtout pour les chansons traditionnelles qu'elle chantait merveilleusement. Difficile de faire un choix il y a des dizaines de très bonnes chansons...


La période ayant été tellement troublée, j'ai eu beaucoup de mal à terminer mon travail, me laissant un peu épuisé mais la forme est revenue très vite malgré le temps pluvieux et même si je n'écris pas beaucoup.

Incertitudes climatiques et marchands de doute, 11/11/19
Ce n'est peut-être pas assez apparent pour le public mais il est frappant de voir comme cette accumulation de mauvaises nouvelles a provoqué, depuis moins d'un an, un regain de mobilisation des scientifiques devant l'aggravation de la situation, se focalisant désormais sur l'étude des solutions après avoir travaillé à réduire les incertitudes des modèles climatiques. C'est d'ailleurs le moment où un rapport montre que les entreprises pétrolières connaissaient très bien les dangers de leurs émissions de CO2 mais finançaient les climato-sceptiques et la désinformation, polluant le débat en exagérant les incertitudes qui sont effectivement très grandes. Il est à noter que non seulement le public peut comprendre les incertitudes météorologiques mais admettre cette incertitude des prévisions climatiques renforcerait leur acceptation. D'ailleurs, au lieu de s'en tenir aux incertitudes à long terme, il faudrait sans doute mieux avertir des risques à court terme sous-évalués et de probables changements abrupts dans le climat arctique sans attendre la fin du siècle. Cependant, l'incertitude forcément plus grande sur les conséquences, aurait (selon la même étude) un effet complètement démobilisateur.


19/11/2019Assez bonne période malgré un désir en berne.

Introduction à une philosophie écologique, 20/11/19
Il est sans doute contestable d'appeler philosophie ce qui ne promet aucune sagesse, philosophie sans consolation s'affrontant à une vérité déceptive et qu'on pourrait appeler à meilleur escient une anti-philosophie. Parler de philosophie écologique paraîtra tout autant spécieux par rapport à ce qu'on entend généralement sous ce terme puisqu'à rebours de l'unité supposée du vivant, il sera question ici de ses contradictions et d'un dualisme irréductible, d'une détermination par le milieu, par l'extériorité au lieu du développement d'une intériorité ou d'une essence humaine originaire. La question n'est donc plus celle de notre identité éternelle mais de notre situation concrète, d'une existence située qui précède bien notre essence, ce qu'on est et ce qu'on pense (conformément à l'ethnologie et la sociologie). La difficulté est de reconnaître le primat des causes matérielles en dernière instance (après-coup), opposant le matérialisme notamment économique à l'idéalisme volontariste, cela sans pour autant renier la dimension spirituelle et morale, le monde du langage et des récits, dualisme non seulement de la pensée et de l'étendue, de l'esprit et de la matière, du software et du hardware, mais de l'entropie et du vivant anti-entropique, du monde des finalités s'opposant au monde des causes, division de l'être et du devoir-être sans réconciliation finale. Ce matérialisme (ou plutôt réalisme) dualiste s'ancre à la fois dans l'évolution biologique ou technique et dans une philosophie de l'information et du langage, philosophie actuelle, qu'on peut dire post-structuraliste et reflétant les dernières avancées des sciences et des techniques (informatiques et biologiques) mais aussi la nouvelle importance prise par l'écologie en passe de devenir le nouveau paradigme du XXIème siècle.


Cet article, important peut-être, m'a épuisé, sentiment de son insuffisance ? Période sans traitement où je vais assez bien (quoique plutôt suicidaire!). Sinon, le Kit de création d'une coopérative municipale a connu un regain d'intérêt à l'approche des municipales.

La dignité de l'homme (et de la femme), 07/12/19
Le discours sur la dignité de l'homme de Pic de la Mirandole définissait l'homme par sa liberté, créateur de soi-même, sans nature propre, conception profondément ancrée dans notre culture hypermoderne avec l'idéologie individualiste et méritocratique qui rend chacun responsable de ce qu'il aurait choisi d'être mais qui a l'avantage de ne pas tenir à une essence quelconque (de race, de pays ou de caste). Dès qu'on l'examine, cette conception apparaît cependant non seulement délirante mais capable de nous rendre coupables de ce qui ne dépend pas de nous pourtant - l'esclave coupable de son esclavage, le malade coupable de sa maladie - en plus de magnifier une capacité créatrice très surestimée de nos jours. Surtout, si nous devions notre dignité à cette liberté idéalisée, il faudrait, comme Nietzsche, rejeter dans une sous-humanité, voire la bestialité, ceux qui ne sont pas à la hauteur, peuple maudit accusé d'être enfermé dans le matériel et la soumission. Revenir à son expression initiale pour la déconstruire obligera cependant à trouver ailleurs que dans cette fabuleuse autonomie et autoproduction revendiquée, ce qui fait vraiment la dignité de l'homme... et de la femme, car il est significatif qu'un homme libre n'ait pas le même sens qu'une femme libre. On s'aperçoit vite que ce ne sont guère les soi-disant "esprits libres" qui nous semblent les plus dignes et porteurs d'humanité mais souvent des vies tout-à-fait ordinaires et contraintes qui sont supportées avec dignité justement et tentent d'être justes dans les rapports difficiles entre nous. La dignité serait plutôt dans la façon dont on a surmonté les épreuves et les humiliations, non pas tant l'oeuvre d'une vie que ses blessures, ses échecs, ses travers, son histoire enfin, et tout ceci, non pas pour nous-mêmes mais devant les autres, car la dignité est rapport à l'autre, c'est la dignité de l'interlocuteur.


C'est la grève contre la réforme des retraites, sans qu'il semble y avoir de débouché, pure protestation devant la dégradation de l'ancien monde... Cela m'a empêché de monter à Paris pour Noël mais je me suis retrouvé sans chaudière pendant un mois depuis le 17 décembre (la chaudière à bois fuyait, la chaudière au gaz ne marchait plus). Il n'y a pas eu beaucoup de jours froids mais c'était très dur surtout le matin avec juste la cheminée qui ne chauffe pas vraiment la maison. Il n'était guère possible de travailler dans ces conditions et très déprimé face à des plombiers qui ne répondent pas, passant mon temps à essayer de combler la fuite de la chaudière au bois sans y parvenir.


2020 - Philosophie écologique, récit de soi, retraite, pandémie (67 ans)

21/01/2020L'année a commencé dans le froid, sans chaudière, sans aucun article au mois de février. La reprise du blog se fera avec l'importante réévaluation du récit de soi comme constituant notre humanité et permettant de compléter les textes précédents regroupés comme éléments d’une philosophie écologique (de l’extériorité). La retraite prise en juin m'a permis d'arrêter ma veille scientifique qui me pesait depuis plusieurs années.

Pause – en attendant les municipales, 13/01/20
Mes conditions de vie actuelles ne me permettant plus d'alimenter le blog, j'ai donc regroupé ici les principaux textes sur les alternatives écologistes sans doute encore trop utopiques mais qui, en cette période de municipales, pourront peut-être en inspirer certains localement et en éprouver la faisabilité (certainement difficile) ou en proposer d'autres versions plus praticables (moins ambitieuses).


C'est juste avant de retrouver le chauffage (le 15 janvier) et une vie civilisée que je me suis cru obligé de donner la raison de mon improductivité et d'une pause involontaire du blog mais le deuxième tour des municipales sera annulé en raison de l'état d'urgence à cause de la pandémie de coronavirus.

Les écologistes ont une obligation de résultats, 23/01/20
Pour un écologiste soucieux de l'état de la planète il ne suffit pas de vaines rêveries, ni de vivre des bons moments entre nous, il faut empêcher l'irréversible et ce qui est perdu sera perdu pour toujours. Comme lorsqu'on est en guerre, cette contraction du temps, qui rend les toutes prochaines décennies décisives et bouche l'horizon, exige de suspendre nos projets à très long terme et n'a que faire des bonnes intentions, ni même d'une simple obligation de moyens, chacun faisant ce qu'il peut, quand il s'agit de responsabilité collective et qu'on a une obligation de résultats.


15/02/2020J'essaie laborieusement de reprendre le blog sans grande conviction ayant plutôt envie de faire vraiment une pause dans un contexte où je suis devenu inaudible, d'autant plus que je dois m'occuper de la retraite (que je dois prendre en juin), des plombiers (chauffage, WC) et rattraper la veille scientifique de retard. Du coup, il n'y a eu aucun texte en février. Heureusement c'est assez la forme.

Naissance de mon deuxième petit-fils, Noah, le 16 février.

Le récit de soi, 12/03/20
16/02/20Après avoir substitué à l'essentialisme identitaire, dominant la philosophie depuis Platon, une philosophie écologique insistant sur la détermination par le milieu (et donc l'extériorité), il ne faudrait pas négliger pour cela l'incidence du langage narratif car, là aussi, le développement de l'enfant ne procède pas de l'individuel au social mais du discours social à l'individuel. De quoi remettre en cause cette fois la propension de la philosophie à se focaliser sur le rapport sujet-objet, voire sur le dialogue avec l'autre, au lieu du rapport sujet-verbe, pourrait-on dire, celui du héros de l'histoire. Les faits doivent être à la fois réinsérés dans leur contexte global et la continuité d'une histoire, tout en dénonçant par cela même le caractère factice de cette continuité et l'illusion du continu créé par le récit où le réel extérieur fait effraction. La fonction première de la narration est en effet, bien avant l'écriture,  de parler de ce qui n'est pas là, d'un monde lointain dans l'espace et le temps, monde virtuel au-delà de nos sens qui est pourtant posé par le langage comme monde commun et nous rattache à l'Histoire, au grand récit de l'histoire du monde tout comme au monde des morts qui nous hantent. Il ne s'agit pas seulement de mots, de signe, de trace ni de structure, pas plus que l'idéologie serait une simple question de valeurs alors que c'est une mise en récit. Le langage narratif qui nous humanise ne se réduit pas au lexique et un jeu de différences ni même à la parole adressée à l'autre quand il est fait pour raconter des histoires avec un début et une fin, un parcours, une trajectoire. C'est ce qui nous rend conscients de la fin, conscience de la mort mais aussi d'une fin du monde.


Ce texte qui signe mon retour sur le blog et que je considère important dans sa critique des philosophes (Kant, Husserl, Heidegger, Derrida), prolongement de la philosophie écologique, aura juste précédé l'arrivée de la pandémie de coronavirus.

27/03/2020Etat d’urgence, 15/03/20 La pandémie ayant déclenché l'état d'urgence nous fait sentir la radicalité du moment et l'effraction de l'événement dans notre quotidien qui devrait se répéter à l'avenir dans un monde surpeuplé aux transports globalisés. Ce que confirme le caractère exceptionnel des mesures prises, c'est qu'on n'agit vraiment que dans l'urgence. On ne peut engager des moyens exceptionnels que devant un risque systémique immédiat comme une déclaration de guerre. On ne peut prendre des mesures extraordinaires que dans des circonstances extraordinaires. C'est pour cela que je suis convaincu depuis longtemps qu'il faudra des catastrophes écologiques pour que soient prises des mesures écologiques de grande ampleur mais qu'on ne restera pas les bras croisés en attendant le pire.

Retour à la normale, 03/04/20
On n'en est certes pas encore à un retour à la normale qui devrait être très progressif mais beaucoup s'imaginent que cela n'arrivera pas, soit que l'état d'exception durera toujours, soit qu'on verrait la fin du capitalisme, du néolibéralisme, de la mondialisation, du productivisme. Evidemment, il y aura des changements importants dans quelques secteurs, sans doute une relocalisation de productions vitales voire, espérons-le, une relance des protections sociales mais cela devrait rester assez modéré et s'épuisant d'années en années. Au lieu d'un volontarisme autoritaire prétendant soumettre le réel à ses raisons, nous avons besoin d'une pensée stratégique qui colle au terrain pour saisir les opportunités qui s'ouvrent et se protéger des nouveaux risques. Pas d'illusions, il y aura un retour à la normale avec les mêmes inégalités, injustices, pollutions. Tout ce qu'on peut faire, c'est s'appuyer au plus vite sur le traumatisme de l'événement et la nouvelle prise de conscience de l'unité du genre humain afin d'obtenir les mesures les plus radicales possibles. Cela demande à la fois une réaction forte et des objectifs réalistes bien ciblés afin d'arracher des mesures immédiates viables, comme la sécurité sociale au sortir de la guerre quand d'autres attendaient la révolution en vain.


Pour l'instant le confinement est plutôt agréable ici avec le temps printanier mais je n'ai plus rien à fumer... Ce pourquoi je me suis lancé dans la rédaction d'un possible nouvel ouvrage à partir des derniers articles plus quelques anciens, travail ne demandant pas d'inspiration.

Eléments d’une philosophie écologique (de l’extériorité), 07/04/20
J'ai tenté de regrouper ici, pour un travail préparatoire, les éléments d'une philosophie écologique, d'une évolution déterminée par l'extériorité aussi bien matérielle et biologique, économique et technique, que sociale et culturelle. On part de l'extériorité des causes matérielles : écologie, économie, technique, et de la scission dans l'être du vivant dont témoigne l'information inséparable de nos finalités mais qui nous coupe de la présence immédiate, fondant une éthique de la réaction et de la correction de nos erreurs, soumis au verdict du résultat final, dans le temps de l’après-coup, pour aboutir à une philosophie écologique, d'une détermination par le milieu, par l'extériorité au lieu du développement d'une intériorité ou d'une essence humaine originaire, ce qui prend à rebours la plupart des philosophies, aussi bien leur idéalisme ou essentialisme qu'un matérialisme mécaniste ou un biologisme vitaliste. Cela nous confronte douloureusement à la division de la pensée et de l’être, subjectivisme qui se cogne au réel, aux ratages et à ses propres limites. Ce point de vue d'un réel déceptif au regard du devoir-être ne laisse aucun espoir d'abolir la séparation ni de retrouver une authenticité perdue, d'autant qu'il ne faut pas oublier dans cette détermination culturelle extérieure, l'incidence décisive pour notre humanité du langage narratif, en premier lieu du récit de soi, par lequel on reconstruit sans arrêt notre identité et une continuité factice, et sans lequel il n'y a pas de véritable conscience de soi se projetant dans l'avenir ni de conscience morale. La fonction première de la narration est, bien avant l'écriture,  de parler de ce qui n'est pas là, d'un monde lointain dans l'espace et le temps, monde virtuel au-delà de nos sens et pourtant posé comme monde commun, nous rattachant au grand récit de l'histoire du monde mais permet ainsi de passer du souci de soi au souci du monde en réintégrant l'extériorité du monde, son évolution écologique (nouveau grand récit) dans le récit de soi. car sa nouvelle conscience écologique rend la destinée de l'individu inséparable d'une communauté de destin planétaire qui donne sens à nos vies, lui donne un cadre, qu'on le veuille ou non. Cependant, ce monde qui suscite notre inquiétude n'est pas le monde enchanté d'une harmonie cosmique, c'est un monde hostile, étranger, dévasté, fragile qui exige notre action dans l'urgence et nous sort du temps immobile d'une fin de l'histoire, d'un dimanche de la vie où l'on n'aurait plus qu'à s'occuper de soi, pour nous tourner vers l'extérieur et la préservation de nos milieux comme de nos conditions de vie.


09/04/2020Les mésusages de l’entropie, 24/04/20
Si l'entropie est bien notre problème vital et qu'il nous faudrait passer de l'entropie à l'écologie dans de nombreux domaines (en corrigeant les déséquilibres que nous avons provoqués et en intégrant toutes sortes de régulations pour préserver nos conditions de vie), cela ne fait pas pour autant d'un tel concept quantitatif trop globalisant un concept politique opérant - pas plus que de tout ramener à l'énergie que beaucoup identifient un peu trop rapidement à l'entropie. L'introduction d'un concept unifiant de l'entropie en politique paraît donc non seulement absurde mais dangereux, occultant justement les enjeux politiques, et croire que l'emploi d'un signifiant maître nous donnerait un pouvoir sur les choses relève bien de la pensée magique, vieille illusion que tout se jouerait dans notre pensée et que cela nous donnerait prise sur l'économie et son évolution alors que nous en sommes plutôt les sujets comme nous le sommes de l'évolution biologique et technique. Enfin, les dangers d'une approche confusionnelle trop globale et quantitative de l'entropie s'aperçoivent mieux quand on l'applique à l'entropie humaine.


Texte écrit pendant que je souffrais d'une infection dentaire sévère (depuis le 19 avril) en plein confinement, sans dentistes ouverts donc et qui m'obligera à être deux fois sous antibiotiques avant de pouvoir être soigné.

Heidegger et la phénoménologie de l’existence (1925), 12/05/20
Ce cours de 1925, "Prolégomènes à l'histoire du concept de temps" commence par une critique et une refondation de la phénoménologie débouchant sur une deuxième partie consacrée à la phénoménologie de l'existence qui en fait un de ses cours les plus intéressants, contemporain de la rédaction d'Etre et temps (paru en 1927) qui en reprendra l'essentiel. C'est, en effet, une de ses dernières tentatives de pratique de la phénoménologie et qu'il reniera d'ailleurs en partie, donnant trop prise pour lui à une anthropologie philosophique alors que c'est bien ce qui a fait tout le succès d'Etre et temps, inaugurant la période existentialiste dans laquelle il ne se reconnaissait pas. Son projet était effectivement de dépasser le subjectivisme de l'intentionalité et de l'ego transcendantal par l'ouverture du Dasein au monde extérieur et à l'historicité, par la primauté de l'attitude existentielle sur la théorie de la connaissance dominant toute la philosophie. C'est un apport considérable qu'on ne peut ignorer même si on ne peut oublier que cela a pu l'amener à devenir un nazi convaincu et que ses descriptions évacuent la dimension morale et plus généralement le rapport à l'autre (au profit exclusif de l'On et "des autres" anonymes). Surtout, on gagne beaucoup à éclairer l'origine mystérieuse, "ontologique", de la temporalité du Dasein, par son ancrage dans le langage narratif (et pas seulement expressif ou communicatif), la prose du monde, le récit qui parle de ce qui n'est pas là et change complètement les perspectives existentielles de notre nature d'animal parlant ou de parlêtres, plutôt animal fabulateur ou mythomane, Homo demens comme Heidegger l'a honteusement illustré.


06/05/2020L’insouciante tragédie de l’existence, 20/05/20
On peut toujours s'être illustré par de hauts faits, croire à la valeur de nos exploits passés et à notre haute moralité, à la fin, cela ne compte plus guère, mort presque toujours minable, loin d'être cette injonction à la jouissance et à sortir de l'aliénation servile des clichés de Hegel ou Heidegger, et revendiquer notre haute culture ne suffira pas à rehausser notre image quand elle ne fait que nous divertir de notre tragique réalité en nous racontant de belles histoires. Le tragique de l'histoire et l'hostilité du monde sont en permanence chassés de notre esprit pour ne pas trop empoisonner notre journée et pouvoir retrouver une insouciance vitale. Ce n'est pas seulement qu'on se trompe par nos limitations cognitives mais qu'on veut être trompé, qu'on revendique de vivre dans l'illusion au nom de l'idéal. La politique non plus ne nous grandit pas à tomber dans tous les panneaux et les promesses électorales. S'il nous faut tenter malgré tout de sauver l'humanité, ce n'est pas parce que nous serions exceptionnels, sages, savants, ou les sommets de la création, mais tout simplement parce que nous sommes fragiles (et informés). Sinon, on se laisse absorber continuellement par les nécessités matérielles et l'affairement quotidien. Notre temps est celui de l'action qui mobilise notre attention et nos facultés, dans l'insouciance de tout le reste, comme le regard s'oublie derrière le regardé et l'individu s'oublie tout à sa tâche mais on prend tellement au sérieux nos activités et nos désirs les plus frivoles, qu'on peut dire qu'on se trouve du coup plutôt dans la comédie.


C'est la fin du confinement en même temps que j'ai pris ma retraite le premier juin et qu'on m'a finalement arraché ma dent, mais c'est loin d'être la forme avec un genou très handicapant et la fréquentation du blog au plus bas alors qu'on connaît un coup de froid.

La science et la vérité, 06/06/2020
Bien qu'ayant arrêté ma revue des sciences fin 2018, j'avais continué quand même à suivre l'actualité scientifique jusqu'au mois dernier mais n'y trouve plus assez d'intérêt, devenu trop répétitif, occasion d'en esquisser un bilan. Ce que cela m'a enseigné, c'est surtout l'étendue de notre ignorance, loin de ce qu'on s'imagine de l'extérieur, notamment la nécessité de ne pas avoir d'opinions en science, presque toujours contredites par l'expérience, et, au premier chef, en médecine dont la plupart des études sont sujettes à caution, non reproductibles, biaisées voire bidonnées (pour un tiers au moins dit-on), surtout quand il y a des enjeux financiers. Le problème de la fiabilité scientifique a été surtout crucial pour la climatologie, nouvelle science affrontée à une complexité inextricable sur laquelle se sont appuyés les marchands de doute et les si mal nommés climato-sceptiques croyant pouvoir y opposer leurs propres certitudes et théories fumeuses bien plus mal étayées. Entre une déraisonnable précision des mesures dans certains domaines et la constante remise en cause des théories précédente, la place de la vérité en science est donc bien paradoxale, ni dogmatisme d'une vérité définitive, ni scepticisme réduit à son opinion personnelle ne tenant pas compte de l'expérience mais un savoir en progrès qui nous prend souvent en défaut. C'est ce dont la politique devrait s'inspirer si cela ne tenait pas de l'impossible quand elle relève de la pensée de groupe identitaire et de l'opposition à l'adversaire constitué en bouc émissaire. Rien de pire qu'un gouvernement par la science qui imposerait sa vérité bureaucratique dans le secret de rivalités entre experts, la seule chose qu'on doit attendre des sciences, c'est au contraire de connaître leur ignorance et d'effectuer des recherches à chaque fois pour essayer d'éclairer la décision politique autant que faire se peut.


La fin du confinement m'aura permis de retrouver un peu de calme et de solitude (qui sera de courte durée).

Derrida, du phonocentrisme à la déconstruction des hiérarchies, 13/06/20
La voix et le phénomène qui est au fondement de son oeuvre ultérieure m'avait vraiment marqué. Au-delà de la critique de Husserl et de la métaphysique de la présence, sa déconstruction du signifiant et d'un certain structuralisme où le phonème se donne comme l'idéalité maîtrisée du phénomène constituait un pas essentiel justifiant d'y revenir pour faire le point. L'autre raison, reliée plus spécifiquement à mes derniers textes, tient à l'étonnement que sa contestation d'un langage réduit à la présence se soit incarnée dans l'écriture (sainte) alors que le récit en constitue une bien meilleure illustration à faire ouvertement référence à ce qui n'est pas là, recouvrant le réel et l'expérience immédiate de la chose même par des significations culturelles fictives. On pourrait vouloir réduire ce geste inaugural de Derrida au fait que, dès qu'on parle et qu'on utilise les mots d'un langage préexistant, on est pris dans une culture et la répétition de ses préjugés, ce à quoi s'attaquera la déconstruction, mais ce qui est mis en cause, au-delà, c'est bien une métaphysique de la présence, de l'authenticité, de l'originaire, et donc une vérité qui serait assurée, indiscutable, définitive, contestation de la vérité analogue à celle de la sociologie, non pas du scepticisme. Même à en contester les termes, l'intéressant aura été que l'opposition de l'écriture à la voix, dévalorisant la première par rapport à la deuxième, ait pu servir de matrice à une "stratégie générale de la déconstruction" qui fera sa gloire, aux USA surtout, et ce, avec raison. Cela permettait, en effet, de brouiller les oppositions établies valorisant un terme sur l'autre et d'en renverser la hiérarchie, ce qui sera utile aux cultural studies et au féminisme notamment, bien que de façon plus ambiguë qu'il n'y paraît. C'est une nouvelle forme de dialectique dont on ne peut plus se passer.


14/06/2020L'été revient et un peu de quoi fumer mais avec toujours des nuits difficiles à cause de ce satané genou (une cruralgie ou sciatique qui dure ou juste l'arthrose?).

La cause des pandémies et des virus, 20/06/2020
La question n'est pas de savoir si un virus est "vivant" mais de comprendre qu'il fait partie intégrante du vivant, qu'il en est un élément régulateur vital bien qu'extérieur, sorte d'information circulante auto-reproductrice incarnant ainsi une pure fonction reproductive soumise à la sélection naturelle de l'évolution. Les virus sont loin d'être un détail marginal du vivant et de simples parasites alors qu'ils sont plus nombreux que les bactéries elles-mêmes. Leur fonction principale est de réduire des populations qui deviennent trop nombreuses, évitant ainsi l'épuisement des ressources pouvant mener à l'extinction de l'espèce au sommet de son expansion. C'est donc bien la densité d'une espèce qui se trouve régulée par les virus, ce qui est un facteur de conservation de la biodiversité en limitant l'explosion démographique d'une espèce par rapport aux autres, favorisant ainsi la complémentarité dans l'exploitation des ressources pour en maximiser la productivité biologique et la durabilité. La véritable cause des pandémies est donc la combinaison d'une surpopulation, notamment des mégapoles, avec l'intensification des transports longue distance, notamment par avion. Il est d'autant plus vital de se préparer à contrer de nouvelles formes épidémiques imprévisibles et nous prenant par surprise, que le risque n'est plus seulement naturel désormais avec les biotechnologies actuelles facilitant dramatiquement les manipulations génétiques. Bien peu parlent, en dehors des spécialistes, de ce "risque nucléaire" plus dangereux que la bombe car nécessitant beaucoup moins de moyens, à la portée du premier fou ou bioterroriste venu.


Sommes-nous déjà passés à l’économie administrée ?, 28/06/20
Les récents plans de sauvetage de l'économie témoignent par leur ampleur du fait que nous serions entrés, depuis la crise de 2008, dans une phase économique à l'antithèse du néolibéralisme précédent, celle d'une économie administrée par les banques centrales et d'un ordre mondial interconnecté devenu too big to fail. Alors même que la pandémie a fermé temporairement les frontières, faisant croire à un retour des nations souveraines, c'est au contraire la solidarité et la coopération économique qui devraient en sortir renforcées ?


06/07/2020Gérard Manset, 05/07/20
Gérard Manset reste à peu près inconnu à la plupart, ce qui est bien étonnant tant il a fait de très grandes chansons.


C'est ce que j'écoutais les derniers temps mais je l'ai publié aussi pour me donner quelques jours de plus pour l'article suivant écrit difficilement.

La politique à l’ère de l’Anthropocène, 09/07/20
Dans la foulée des éléments d'une philosophie écologique (d'une détermination par le milieu et non par le sujet), j'ai regroupé ici un certain nombre de textes qui en tirent les conséquences politiques en dénonçant l'idéalisme de nos illusions politiques (démocratique, révolutionnaire, volontariste, constructiviste, historique). Il ne suffit pas, en effet, de critiquer avec virulence la marche du monde vers l'abîme et toutes ses injustices pour y remédier. Il y a un besoin crucial de critique de la critique (de l'unité prétendue tout comme de l'opposition ami-ennemi ou la simple inversion des valeurs, ou le subjectivisme des critiques de la rationalité, de la réification, de l'aliénation, de la marchandise, etc.) de même qu'il faut critiquer toutes les solutions imaginaires qui viennent à l'esprit (prendre aux riches, supprimer l'argent ou la propriété, arrêter le progrès ou la croissance, augmenter les salaires, réduire le temps de travail, ne pas rembourser ses dettes, supprimer l'armée, se réapproprier les médias, une démocratie radicale, sortir de l'Europe, etc.). Il faudrait ajouter à ces impasses, qui condamnent à l'impuissance et réduisent la politique au semblant, les prétentions délirantes d'une réforme de la pensée et d'un homme nouveau rêvés par le romantisme révolutionnaire et les utopies métaphysiques d'avant-gardes artistiques et philosophiques, sans parler de l'étrange sexo-gauchisme comprenant tout de travers l'incidence de la psychanalyse sur la politique, Freud et Marx se limitant mutuellement au lieu de laisser espérer cette libération des instincts harmonieuse attendue d'une révolution fantasmée - comme d'autres peuvent l'attendre d'une vie plus "naturelle". L'urgence écologique ne peut se satisfaire de nos protestations et de nos plans sur la comète d'un monde idéal mais nous impose une obligation de résultats concrets, même très insuffisants. Ce pragmatisme est méprisé à tort par les radicaux sous prétexte qu'il faudrait effectivement tout changer... si on le pouvait, mais le nécessaire hélas n'est pas toujours possible, dure leçon de l'expérience bien difficile à admettre. L'autre facteur décisif, avec la globalisation, aura été notre entrée dans l'Anthropocène, non pas tant au sens de sa datation géologique que de sa prise de conscience planétaire, entérinant la destruction de notre environnement et de nos conditions de vie. Ce souci écologique constitue un renforcement du matérialisme au détriment de l'idéalisme des valeurs et de la subjectivité, contrairement à ce que beaucoup d'écologistes s'imaginent. Ce n'est pas la pensée qui façonne l'avenir, comme le plan de l'architecte, c'est le temps historique qui change nos pensées et façonne le monde sans nous demander notre avis, monde qu'on ne peut reconnaître comme sien, comme celui que nous aurions voulu, mais dont la destruction par notre industrie nous oblige à réagir en partant de l'existant et du possible pour sauver ce qui peut l'être au lieu de ne faire qu'empirer les choses à prétendre désigner un coupable, bouc émissaire de tous nos maux, quelque nom qu'on lui donne (industrie, technologie, productivisme, capitalisme, financiarisation, croissance, globalisation, néolibéralisme, marché, concurrence, consommation, individualisme, domination, etc, cette accumulation suffisant à montrer qu'il n'y a pas de cause simple).


Homo sapiens, Google et la question, 20/07/20
Le sérieux de la pensée, de la philosophie et de l'Histoire ne peut pas être nié. Pour autant, cela n'empêche pas qu'il y ait des pensées légères et purement distractives. Non seulement notre cerveau semble fait pour résoudre des problèmes, qu'il récompense du plaisir d'avoir trouvé, mais il semble en avoir besoin pour se maintenir en éveil et garder une activité incessante. C'est ce besoin qu'on peut dire biologique qu'il s'agit d'examiner ici et qui se manifeste par les divertissements les plus basiques (jeux de patience, réussite) destinés à tromper le terrible ennui qui nous ronge. Nous avons besoin de désirs, d'actions et de problèmes à résoudre. La place de la "question", de cette fonction première de nos réseaux neuronaux, est rendue à la fois beaucoup plus visible avec nos moteurs de recherche et complètement accaparée par les réseaux sociaux. Dans ce cadre, ce qui constitue une véritable révolution anthropologique qui mérite réflexion, c'est la possibilité d'avoir une réponse immédiate à nos questions comme à nos souvenirs. Il n'y a désormais théoriquement plus de controverses possibles sur de nombreux sujets, il suffit de demander à Google. Même si le désir et l'activité restent nos préoccupations principales, reconnaître la place de la question, comme une sorte de bruit de fond de la conscience et de notre vitalité intellectuelle, permet surtout de penser sa transformation radicale à l'ère de l'Intelligence Artificielle, de l'économie de la connaissance et de Google. Cette place de la résolution de problèmes, trop négligée jusqu'ici, devient en effet plus manifeste au moment même où elle est externalisée, modifiant profondément notre être-au-monde et ce que c'est que d'être un homme : à poser des questions au robot qui répond ?


Content de m'être débarrassé de ce texte difficile à terminer lui aussi mais, avec la crainte d'un regain de la pandémie et le début de la canicule, ce n'est pas très différent du confinement, sauf que les parisiens vont débarquer au mois d'août. Ce début de retraite reposante et inactive n'est pas désagréable jusqu'ici bien que la solitude me manque mais le fils borderline d'un voisin a pété les plombs le 25 après avoir voulu vainement m'acheter de l'herbe et trop bu, menaçant de mettre le feu et tuer tout le monde (son père surtout). Ambulance, pompiers et gendarmes sont venus, mais heureusement pas chez moi encore, on s'attend quand même à des ennuis...

Absurde, inefficace, arbitraire, liberticide, raciste, 27/07/20
Maintenant, fumer un joint ne sera plus passible que d'une amende de 150 à 200 Euros. Cela peut sembler un progrès mais est difficilement justifiable et s'apparente plutôt à du racket (à la tête du client) quand la tendance est à la légalisation (Colorado, Californie, Canada), à l'évidence sans grand dommage. On a pu croire assez longtemps que la prohibition allait de soi, s'appuyait sur des raisons médicales objectives dès lors qu'elle était à peu près universellement pratiquée (en dehors de la Hollande notamment). Ce n'est plus du tout le cas. Ce sont les données scientifiques qui ont remis en cause une différence de traitement entre l'alcool et le chanvre qui n'a aucun rapport avec leur dangerosité respective. Cette différence relève purement de l'idéologie ou de la culture, comme le dénonce une déclaration de l'ONU sur les drogues. De même, la légitimité de la prohibition du cannabis vient d'être contestée comme simple héritage colonial par l'Inde et l'Afrique du sud. Le consensus international sur la prohibition s'est bien renversé devant son échec et ses effets pervers, faisant apparaître la prohibition absurde, inefficace, arbitraire, liberticide, raciste.


Ecrit un peu à cause du risque des gendarmes mais surtout parce que la généralisation de l'amende pour consommation venait juste d'être annoncée pour la rentrée.

Les malheurs de Cro-Magnon, 01/08/20
François Durpaire fait paraître une Histoire mondiale du bonheur très intéressante, montrant l'évolution historique de cette notion de bonheur qui est d'abord religieuse. Il est beaucoup plus problématique que Jean-Paul Demoule prétende répondre à la question Cro-Magnon était-il heureux ? Impossible cette fois, en l'absence d'écriture, d'avoir accès à leur idée du bonheur, à laquelle on ne fait que substituer la nôtre. La question n'a effectivement aucun sens sinon de projeter ses propres fantasmes, notamment, comme il le fait, sur une sexualité qu'on ne peut pourtant imaginer libre, prise au contraire dans des lois contraignantes et des tabous organisant les structures élémentaires de la parenté. Les généralisations sont de toute façon absurdes tant il y a des différences énormes entre les différentes tribus et cultures malgré une certaine unité des stades de développement, des artefacts et des représentations. L'ethnologie doit être convoquée pour témoigner de toute cette diversité, montrant surtout que ce qui manque à ces mythes d'origine anarchisants, c'est la dimension du sacré, omniprésente, avec toute sa charge de violence et de sacrifices pas seulement d'exaltation communautaire. La caractéristique des nostalgies du passé supposant un bonheur originaire voire animal, qui ne serait pas encore dénaturé par la civilisation et la domestication ou les appareils numériques, c'est qu'elles ne sont jamais que l'envers des malheurs du temps. Il est difficile de déterminer les malheurs de Cro-Magnon mais on peut être assuré qu'il en a eu à revendre pendant tout ce temps, malheurs du foyer, malheurs des défaites, des rivalités, des jalousies, de la honte, malheurs de la disette, de la faim et du froid, des catastrophes naturelles, pas si rares, malheurs des guerres et des maladies auxquels il faut ajouter les malheurs des transgressions et des malédictions, des sorcelleries et des vendetta sans fin. Non décidément, ce n'était pas si drôle.


C'est un peu du remplissage, écrit en dilettante mais pour éprouver mes arguments contre l'article de Jean-Paul Demoule et régler leur compte aux technophobes. Période de canicule, sans faire grand chose, le principal changement depuis la retraite étant de retourner plusieurs fois m'allonger dans la journée pour me reposer mais la cohabitation redevient difficile.

Prédictions 2020, 13/08/20
Analyse post-pandémie de la difficulté des prédictions et tentative de faire le point sur ce qu'on peut prévoir (population, réchauffement, travail, risques systémiques, etc).


Il m'a été utile de refaire cet état des lieux sans rien de neuf mais son écriture m'a ennuyé. Je connais enfin le montant de ma retraite, proche d'un smic net, ce qui est un peu plus que je ne prévoyais. Sinon, on ne voit personne, comme pendant le confinement et c'est assez tendu ou distant, mais il y a deux tout petits chats très mignons, la santé est assez bonne et je fais un peu plus de travaux extérieurs (poteau et robinet, tronçonneuse, débroussaillage). Le 21 août, un chevreau sauvage est venu mourir juste devant ma porte...

La fin de la philosophie, 27/08/20
Les éléments d'une philosophie écologique que j'ai rassemblés ont toute l'apparence d'une philosophie (écologique, dualiste matière/information). Pourtant, je me suis senti très souvent obligé de préciser qu'on pouvait contester que cette philosophie sans consolation soit encore de la philosophie car ne promettant aucune sagesse et plutôt nouvelle version d'une vision scientifique du monde qui est souci écologique, conformément à l'époque, et qui ne procède pas d'un philosophe particulier ni d'un système a priori mais de résultats scientifiques pouvant toujours être remis en cause par l'expérience, après-coup. On serait donc bien dans la fin de la philosophie au sens de sa ramification en sciences. Ce point de vue "positiviste" vide toujours plus la philosophie de substance au profit des diverses sciences, poursuivant la déconstruction des philosophies idéalistes et de leurs illusions, y compris le matérialisme dogmatisé du marxisme prouvant qu'il ne suffit pas de se vouloir scientifique (car sans Dieu) pour l'être et ne pas tomber dans un nouveau dogmatisme idéaliste. C'est la leçon de l'histoire, raison pour laquelle il y a une histoire nous faisant avancer quoiqu'on dise. Tant que nous ferons des erreurs et que nous aurons des illusions sur la réalité, il y aura donc toujours une histoire de la philosophie mais qu'on pourrait considérer malgré tout comme une sortie de la philosophie et de la métaphysique. Nous serions ainsi dans l'histoire, qui n'est pas finie, de la fin de la philosophie absorbée par les sciences, et se réduisant finalement à la morale, à l'éthique comme philosophie première.


Encore un texte écrit très difficilement. En partie déclin de mes facultés, en partie manque d'intérêt. C'est pourtant la seule chose qui m'intéresse d'écrire ! J'ai l'impression en tout cas d'avoir conclu ainsi mon parcours intellectuel. J'entre dans l'automne avec un moral au plus bas, les nouvelles sont mauvaises d'où qu'elles viennent...

06/09/2020La vérité des religions, 21/09/20
Ce qui fait obstacle à la récupération des religions par le rationalisme qui prétend en incarner la vérité, c'est le fait qu'elles touchent à la vérité justement et sont liées à des groupes sociaux, des civilisations. Il est significatif que cette récupération par des athées endurcis se formule presque de la même façon chez Auguste Comte, Durkheim ou Alain, débutant par la proclamation que toutes les religions sont vraies pour en donner des explications scientifiques assez différentes mais qui ratent l'essentiel. Ainsi, pour Alain, les raisons seraient surtout psychologiques, renvoyant la religion à une nostalgie de l'enfance. Cette interprétation qui s'en tient au contenu réduit en fait la religion à un enseignement moral comme les contes sont supposés le faire pour les enfants. Ce qui les oppose aux contes, qu'on ne doit pas croire, c'est que les religions exigent au contraire qu'on les prenne au sérieux et qu'elles soient la vraie religion, révélant la vérité, leur fonction étant d'être les garants de la Vérité et de la Loi,. Les dogmes religieux se veulent immuables et définitifs comme révélation divine, ce qui en fait des marqueurs identitaires stables. Cette fonction du respect des dogmes peut être assimilée à celle du respect des contrats, si importants militairement aussi bien qu'économiquement. Auguste Comte, aujourd'hui bien oublié, précède Durkheim et Alain (qui le reconnaissait comme son maître) mais s'il est intéressant de s'attarder sur lui pour finir, c'est d'une part qu'il est exemplaire de la confusion des vérités voulant mettre la science et sa religion au pouvoir, et d'autre part qu'il est le grand inspirateur du culte laïque répandu par les instituteurs de la république et sans lequel on ne comprend pas tous nos débats sur la laïcité aujourd'hui. C'est, enfin, que la confusion doit être dénoncée entre science et politique comme entre science et religion devant la tentation hygiéniste ou écologiste d'un gouvernement des savants.


Nouvelle présentation du blog, 07/10/20
La nouvelle version est proche de la précédente seulement plus adaptée aux mobiles (responsive).


Après beaucoup de temps perdu à tester différents thèmes, la nouvelle présentation a été assez rapide à mettre au point de façon satisfaisante. Accès de pancréatite avec des douleurs violentes au ventre.

CRISPR, le Nobel OGM de tous les dangers, 09/10/20
Emmanuelle Charpentier admet que sa découverte pourrait être mal employée mais ce qui renforce l'inquiétude cette fois, c'est que, contrairement à la physique nucléaire, il n'y a pas besoin d'un Etat ni même d'un véritable laboratoire pour qu'un savant fou fabrique un virus bien plus dévastateur que notre coronavirus. J'y vois un risque majeur bien qu'il ne soit pas pris du tout au sérieux, à ce qu'il semble. En tout cas, s'il y a une technique à laquelle il serait rationnel de s'opposer, c'est bien celle-là, si on avait effectivement la capacité d'arrêter le progrès scientifique... L'édition de gène impacte moins notre quotidien à court terme que la 5G mais est d'un tout autre calibre même si cela ne semble guère inquiéter que les anti-OGM alors que les conséquences vont bien au-delà avec notamment, il faut le répéter, un risque bioterroriste complètement sous-estimé.


14/10/2020Ce n'est pas la forme, je me sens très diminué avec la sensation d'entrer véritablement dans la vieillesse pleine de douleurs d'arthroses (dos, cou, épaule, genou) qui me bloquent sans espoir que ça s'arrange au fil des ans et donc sans pouvoir souhaiter que ça dure. En attendant, il faut encore que j'envoie des documents pour ma retraite qui n'est donc toujours pas réglée alors que je l'ai prise il y a plus de 4 mois ! Il faut dire qu'il me manque presque une année de bulletins de salaire... Par dessus le marché, je ne vois pas ce que je peux faire ou écrire dans un contexte avec tellement d'incertitudes et de dangers sans perspectives sinon du pire même si l'écologie et le féminisme continuent de progresser.

Les leçons de la préhistoire, 23/10/20
J'ai rassemblé quatre textes sur les aspects les plus importants des dernières découvertes paléo-anthropologiques. Il est probable en effet qu'on soit arrivé enfin à une représentation plus juste de nos origines multiples et d'une évolution buissonnante, remisant aux antiquités l'ancienne vision trop linéaire et uniforme de la descendance de l'Homme comme développement de son essence. Une nouvelle fois, nous avons dû apprendre que nous ne sommes pas le centre du monde mais que nous sommes le produit de l'évolution technique, tout comme ce n'est pas le soleil qui tourne autour de nous mais bien le contraire !


Cet article était surtout l'occasion d'apprendre à me servir du nouvel éditeur de blocs de wordpress, étant assez peu productif pour le reste, en dehors de quelques commentaires dans la lourde atmosphère suivant la décapitation par un islamiste d'un prof d'histoire (Samuel Paty, le 16 octobre) et l'instauration d'un couvre feu le 17 octobre à cause d'une deuxième vague de COVID. Là-dessus, un nouveau confinement commence le 30 octobre, relançant la panique et les théories du complot.

Temps de suspens, 06/11/20
Il y a des moments où il est bon de garder le silence pour ne pas ajouter à la confusion ambiante en étalant ses opinions, ses pauvres convictions (et son incompétence), surtout quand s'ajoutent les incertitudes de la pandémie, du Brexit et de l'élection américaine empêchant toute prédiction à court terme. Il fallait attendre au moins l'élection présidentielle américain mais plusieurs jours après, le suspens demeure quand à la suite pouvant facilement dégénérer. Le Brexit qui devait se régler en octobre reste lui aussi suspendu à des négociations ne pouvant déboucher que sur une réintégration à l'Europe ou une dangereuse période de chaos. La panique durcit l'hostilité entre fausses certitudes contraires, que ce soit sur la politique sanitaire, l'Islam, la laïcité, la France, nos valeurs, etc. Dans ce contexte d'affolement général, inutile de faire appel à la raison, mieux vaut laisser passer l'orage...


Ce suspens s'annonçait long. J'avais même plutôt envie de dire que j'arrêtais le blog car j'ai perdu l'intérêt de m'exprimer publiquement d'autant que je n'ai pas les moyens d'être entendu. De plus, après avoir synthétisé la philosophie écologique à laquelle j'étais parvenu, j'avais l'impression de n'avoir rien à ajouter, ayant mis de l'ordre dans mes papiers au cas où l'épidémie me faucherait ! En attendant, la récolte se termine un 15 novembre, de plus en plus tard donc, avec les dernières températures estivales avant le refroidissement (je dois changer de chaudière). Au moins les douleurs se font beaucoup plus discrètes et j'apprends à perdre mon temps dans l'insignifiance...

La beauté sauvage de l’évolution, 26/12/20
Impossible de célébrer la sauvagerie régnante, que ce soit dans la nature ou dans la société. On ne peut nier pour autant les beautés de la nature et l'exaltation qu'elles peuvent produire. Si on doit les attribuer à l'évolution plutôt qu'à un projet divin, on comprendra mieux le ressort du progrès humain qui semblerait sinon trop paradoxal au milieu du désastre et de la connerie universelle, en l'absence de toute providence divine ou rationnelle. Il faut, en effet, qu'on soit contraint par la pression extérieure d'être raisonnable et de s'unir, c'est ce que ça veut dire, sinon la folie et l'avidité dominent. Pas d'évolution sans catastrophes, sans échecs répétés. Il ne s'agit pas d'un développement endogène, de la réalisation d'une essence (humaine), d'un sens de l'histoire, d'une production de notre liberté. Il faut y voir plutôt un processus d'optimisation, de complexification, un apprentissage, une intériorisation souvent douloureuse de l'extériorité plus que l'expression d'une intériorité préalable, relevant ainsi d'une causalité écologique. De même les beautés de la nature ne sont pas tombées du ciel mais les vestiges de grandes destructions, des difficultés rencontrées par la vie et d'une sélection féroce.


31/12/2020Fin d'année tranquille, confiné au chaud cette fois, mais après une pause de presque 2 mois, en grande partie pris par les travaux de chauffage dans la maison, j'ai donc repris le blog, sans beaucoup de conviction et plutôt pour ne pas m'ennuyer et avoir encore le plaisir d'écrire - moins fort cependant et avec plus de difficultés cognitives. J'ai perdu à la fois le sentiment de nécessité (d'utilité de la critique) et d'urgence (de peser sur le débat), réduit au simple commentaire de l'actualité ou illustration des causalités écologiques. J'ai plusieurs textes en cours mais pas pressé de les finir...

Le virus numérique et les guerres futures, 31/12/20
Un cyberpiratage de grande ampleur ayant pu toucher jusqu'à l'armée américaine et même des sites nucléaires, a donné la preuve de la fragilité des réseaux et du caractère décisif de la capacité de s'y introduire, au moins pour espionner et paralyser l'ennemi. Ce n'est pas pour rien que la contamination est venue d'une entreprise, SolarWinds, fournissant des concentrateurs de réseaux. Cela devrait convaincre que la sécurité de ces méga-réseaux ne peut jamais être parfaite, trouvant toujours une faille quelque part et les exposant à de nouveaux virus informatiques tout-à-fait comme la surpopulation nous expose irrémédiablement à de nouvelles pandémies.





2021 - Pandémie, accident, constat d'échec, psychédéliques (68 ans)

2021La pandémie repart à chaque fois avec un nouveau mutant mais les vaccins arrivent. Pour moi, c'est un début d'année tranquille, un peu hors du monde, profitant de la nouvelle chaudière au bois, dont on peut contempler le feu pendant des heures. Sinon, la mort d'un chat de 15 ans qui prenait une grande place depuis si longtemps m'a pas mal affecté (même s'il y en a 15 autres!). La reprise du blog est minimale.

De l’autonomie à l’écologie, 31/01/21
Critique des fondements et de l'inconsistance, au regard d'une philosophie écologique, d'une philosophie de l'autonomie qui nous avait tant séduits (chez Castoriadis comme chez Gorz, entre autres) mais qu'on retrouve paradoxalement de nos jours aussi bien dans le développement personnel ou le management que dans les idéologies révolutionnaires mais aussi sous des formes fascisantes, souverainistes, populistes, nationalistes et xénophobes, ce qu'on ne peut continuer à ignorer. A l'idéalisme subjectiviste et moraliste au fondement des idéologies progressistes aussi bien qu'identitaires, on doit opposer le matérialisme écologique, la prévalence de l'extériorité et donc de l'hétéronomie dont il est illusoire de pouvoir se délivrer.

février 2021Intégration mobile-PC-TV,  16/02/21
Petit texte qui rend compte de mes changements de distribution linux (de linux Mint à Kde et Neon), pour utiliser Kdeconnect intégrant le mobile au portable.

Un feu de cheminée sans gravité mais angoissant le 21 février par grand vent me privera quand même de ma chaudière bois pendant presque un mois. Au début sans problème car le temps était devenu printanier juste après, plus embêtant à la fin avec le retour du froid.

mars 2021Le point sur la dépression, causes et remèdes, 04/03/21
L'actualité de l'épidémie de dépression justifie de tenter de faire le point sur cette maladie, une des plus douloureuses et courantes, d'autant plus qu'elle reste, en dépit de progrès récents, relativement incomprise et mal soignée, mais aussi qu'elle reste largement déniée et considérée même comme une maladie honteuse. C'est pourtant une maladie non seulement très répandue mais qui est partie intégrante de la condition humaine et remarquable à combiner les dimensions biologiques, psychologiques, sociales, la façon dont l'état du corps est interprété par les discours, les histoires qu'on se raconte et les représentations sociales. Alain considérant que le meilleur traitement des humeurs dépressives serait de parler à d'autres que nos proches, nous sortant de notre enfermement intérieur, le confinement n' aurait fait qu'aggraver les choses.


Article écrit devant l'étonnement de ne pas avoir déjà fait un article sur la dépression et pour faire état du conseil d'Alain pouvant expliquer la recrudescence des dépressions dans les périodes de confinement par le rôle essentiel des contacts avec des inconnus.

Rater sa vie, 15/03/21
Qui ne voudrait réussir sa vie ? Et pourtant, cela fait partie des fausses évidences qui n'ont aucun sens. On devrait plutôt reprendre le conseil de ne pas réussir leur vie que donnait à ses enfants le si attachant géographe anarchiste Elisée Reclus (selon Hugues Aufray qui est lié à sa famille par sa femme). S'imaginer la réussir, serait en effet se monter du col et prétendre qu'on ne pourrait faire mieux, décollant de la réalité. Il faut laisser cette prétention aux prétentieux narcissiques, aux winners, aux crétins. Bien sûr, ne pas viser la satisfaction finale d'une vie dont la fin est rarement enviable, ne signifie pas faire n'importe quoi, ne pas avoir d'idéal ou de modèle, ne pas essayer d'être le meilleur possible. Cela permet du moins ne pas s'encombrer de faux-semblants, ne pas se mentir sur nos remords, nos fautes, nos ratés et ne pas se croire supérieur aux autres mais restituer à l'existence sa part d'expérience, d'aventure, d'errance, d'égarements, loin d'un plan de carrière, d'un roman ou d'un film parfait - vie projetée, déjà vécue.


09/2021Cette fois, j'ai écrit cette article surtout pour faire état du conseil d'Elisée Reclus de rater sa vie que j'avais trouvé excellent ! Ces deux articles donnent sans doute une image sombre alors que je ne n'étais pas spécialement dépressif malgré l'énervement d'attendre des semaines l'intervention des plombiers et un peu trop pris par les soucis pratiques (dentiste, vaccination, bois, chauffage, prime énergie touchée le 13 mars, etc) mais ayant retrouvé un peu de solitude bien que seulement pour 15 jours...

L’utopie rationaliste à l’ère du numérique, 26/03/21
L'ère du numérique et des réseaux planétaires, donnant un accès immédiat à toutes les connaissances, nous a fait entrer dans un nouvel âge des savoirs qui, étonnamment, sonne le glas de l'utopie rationaliste républicaine, c'est-à-dire de l'émancipation par l'éducation. En effet, ce que révèle notre actualité avec des polémiques absurdes accusant de racisme les antiracistes au nom d'un universalisme abstrait, c'est bien plutôt comme notre folie s'oppose à la raison dans une histoire qui n'est pas la paisible accumulation progressive de connaissances mais un champ de bataille où s'affrontent des illusions contraires, dialectique bien présente qu'un progressisme naïf voudrait oublier.


Occasion de réintroduire la dialectique dans une histoire qui n'est pas linéaire. Le chauffage de nouveau opérationnel (depuis le 19 mars) après le feu de cheminée (du 21 février) ne sera utilisé que quelques jours avant une nouvelle vague de chaleur (du 28 mars au 5 avril) qui ira jusqu'à 25°C, bien trop chaude pour la saison. Il a suffi que je publie un compte-rendu de mes déboires avec top-chaleur et la médiation le 4 avril pour avoir un coup de fil du directeur le lendemain et toucher le remboursement exigé ! Du coup j'ai retiré l'article (mis en mode privé) qui n'avait pas grand chose à faire sur le blog. Enfin débarrassé des travaux, c'est un temps de farniente au soleil (et de disputes...) en attendant la vaccination et le retour du froid.

Dernières nouvelles de notre préhistoire, 12/04/21
Article à propos de deux nouvelles études. La première, étudiant les crânes des premiers Homo (Habilis, etc) depuis 2,6 millions d'années, montre qu'ils restaient très proches de ceux des singes jusqu'à l'Homo erectus à partir de 1,7 millions d'années. L'autre éclaire la raison de cette adaptation par un changement de régime alimentaire devenu hypercarnivore et la spécialisation dans la chasse aux grands animaux permise par les nouveaux bifaces. La preuve en a été apportée ici par l'acidité de l'estomac et cela expliquerait que les grands mammifères ou marsupiaux ont disparu partout assez peu de temps après l'arrivée des premiers humains. Le plus étonnant pourtant, c'est que le passage à un régime omnivore n'aurait commencé qu'autour de 85 000 ans sous la pression de la disparition du gros gibier pour s'achever avec la digestion de l'amidon peu avant le Néolithique et l'avènement de l’agriculture qui en a découlé.


J'ai été vacciné sans problème le 13 avril avec le controversé AstraZeneca et ajouté la traduction automatique au blog. Période plutôt agréable où je me remets à l'écriture avec plusieurs textes en cours.

Théories du complot et critique sociale, 02/05/21
Les théories du complot sont, tout comme les mythes et religions, une des manifestations massives des limites de notre rationalité et de nos tendances paranoïaques au délire d'interprétation, manifestant à quel point Homo sapiens est tout autant Homo demens. C'est ce dont on semble refuser absolument de prendre toute la mesure pour ne pas attenter à notre narcissisme et continuer d'entretenir l'illusion de notre fabuleuse intelligence - illusion qui est justement le ressort du complotiste persuadé d'avoir tout compris et de n'être plus dupe de la vérité officielle - ressort plus généralement des militants plus ou moins révolutionnaires. L'ère du numérique et des réseaux planétaires ne fait pas que rendre les théories du complot beaucoup plus visibles (ou plus délirantes), elle en est aussi une des causes principales par l'accélération technologique qui bouleverse nos modes de vie et fournit de nouveaux outils, comme les capacités de manipulation d'images ou de recherche d'indices nourrissant le délire (biais de confirmation), tout en démultipliant sa contagion par effet de groupe. Il faut ajouter pour les pays occidentaux, et singulièrement la France, la déception des fausses promesses de l'idéologie démocratique confrontée aux limites de la démocratie réelle (parlementarisme) dans ce monde globalisé. Il ne s'agit pas seulement d'ignorance mais bien de faux savoirs, de fausses représentations et d'un refus du réel enfin qu'on peut trouver compréhensible mais qui pose du coup la question de sa proximité avec la pensée critique et les idéologies démocratiques ou révolutionnaires. De nos jours, être anticapitaliste ou anticroissance ou antitechnique suppose aussi le plus souvent une forme de complot (mêlant finance, gouvernements, élites, minorités, étrangers, multinationales, médias).


Article fait pour répondre à la demande d'Emmanuel pour EcoRev' mais qui ne devrait pas y être publié.

08/05/2021Rimbaud, la Commune et le retour au réel, 07/05/21
Célébrer les 150 ans de la Commune, c'est célébrer aussi la poésie de Rimbaud qui s'épanouira en 1871 dans l'enthousiasme de la Commune avec ses lettres du voyant proclamant un peu vite que "l'ordre est vaincu" et rejetant la "poésie subjective", à la recherche de l'inconnu, c'est-à-dire du réel derrière les apparences, par un "long, immense et raisonné dérèglement de tous les sens". C'est bien le moment où il se déclare poète, l'assume comme son destin, malgré lui presque, mais c'est une poésie politique qui se place dans le sillage des Châtiments de Victor Hugo. Il se voudrait en avant des luttes des travailleurs. C'est le temps de l'enthousiasme révolutionnaire et de l'utopie de l'harmonie retrouvée et de la transparence. A peine une semaine après cette déclaration de guerre poétique vint aussitôt le choc violent de la défaite avec la semaine sanglante, temps de la désillusion jusqu'au "Bateau ivre" qui largue les amarres et semble exprimer "la victoire de la lucidité sur un premier élan d'espoir" avant le bilan de faillite d' "Une saison en enfer", le seul livre qu'il a publié et qui décrit le parcours qui va de l'idéalisation de l'enfance (malgré sa mère sévère) jusqu'à la grande désillusion post-révolutionnaire d'un retour au réel dépressif, nous posant la question : que reste-t-il de nous après le massacre de nos illusions ?


J'ai eu plaisir à revenir à Rimbaud, cela m'a redonné la pêche !

Alerte drogues : légalisation ou fascisation, 13/05/21
La bêtise et l'aveuglement peuvent nous coûter cher. Le refus d'écouter les scientifiques n'est pas réservé à une catégorie de la population et ne se limite pas aux complotistes mais peut se propager jusqu'en haut de l'Etat, en particulier au sujet des drogues. Ce n'est pas un sujet mineur par rapport aux questions sociales comme la gauche a pu le penser quand elle ne partageait pas elle aussi l'utopie d'un monde sans drogues (accusées de se substituer à la politique et sans lesquelles les jeunes seraient révolutionnaires!). Les récents événements montrent au contraire que leur interdiction favorise les circuits mafieux et peut gangrener toute la société par la violence. Il y a véritablement péril en la demeure. Il faut sonner le tocsin contre les risques d'un durcissement d'une guerre à la drogue perdue d'avance mais qui amène la guerre dans nos cités et militariserait la société.


Ecrit sous la pression des événements mais en continuité avec la critique de l'utopie rationaliste, des théories du complot et de l'article sur Rimbaud.

Concepts fondamentaux pour comprendre notre monde, 01/06/21
Un petit nombre de concepts fondamentaux qui vont à rebours des modes de pensée religieuses, métaphysiques ou idéologiques, suffisent à renverser la compréhension habituelle,
à la fois idéaliste et subjectiviste, de notre humanité (et de la politique). Il n'y a, sur ces concepts examinés ici (information, récit, après-coup, extériorité), que du bien connu, vérifiable par tous, et il n'y aurait aucun mystère ni difficulté si les conceptions matérialistes (écologiques) n'étaient par trop vexantes et n'entraient en conflit avec nos récits, pour cela déniées ou refoulées constamment afin de sauver les fictions d'unité qui nous font vivre. On verra d'ailleurs que ces concepts fondamentaux touchent aux débats les plus sensibles de l'actualité (numérique, démocratie, identitaires, racisme, sociologie, etc).

J'ai essayé dans cet article de résumer les points de vue qui me différencient des discours dominants et justifient mon travail alors même que je m'apprête à écrire beaucoup moins ayant arrêté de fumer le 6 juin...

Les politiques des philosophes, 18/06/21
Je me suis intéressé à la philosophie, par souci politique d'abord sous l'égide de Hegel et Marx, mais ayant fini par adopter une "philosophie" écologique de l'extériorité, je suis devenu plutôt antiphilosophe puisque réfutant aussi bien les promesses d'un salut personnel que d'un salut collectif dans une fin de l'histoire idyllique, escamotant l'extériorité du réel et les causalités écologiques. Les philosophies, qui ont fait avancer les connaissances, et permis les sciences rationnelles, ne pêchent pas seulement en effet par ce qu'elles ignorent mais par ce qu'elles veulent refouler in fine grâce à quelque formule magique bien trouvée, le vrai n'étant plus qu'un moment du faux. L'actualité politique illustre cependant qu'il ne suffit pas de simplement rejeter toute la tradition philosophique pour ne se fier qu'aux sciences car l'influence des diverses métaphysiques est bien réelle, elle aussi, motivant les différents mouvements de l'extrême-gauche à l'extrême-droite, les illusions révolutionnaires et démocratiques tout comme les revendications identitaires ou d'un retour à la nature. On va voir comme les différentes philosophies, opposées entre elles, s'avèrent en fait fonder des politiques et des idéologies encore vivaces, qui toutes promettent un salut collectif. Ces illusions métaphysiques prennent des formes opposées entre Marx, Heidegger, Deleuze, etc., mais à chaque fois nous promettent la lune. Examiner l'histoire de la philosophie sous cet angle politique est en tout cas assez éclairant.

06/2021Je me suis remis à fumer après une semaine seulement pour écrire cet article qui m'a bien intéressé même s'il est sans doute très critiquable. La santé n'est pas brillante avec des douleurs intestinales et aux poumons ainsi qu'une grande fatigue.

La catastrophe annoncée qui vient, 26/06/21
On ne peut dire que je puisse être surpris par le ton de plus en plus alarmiste du Giec mais voir la catastrophe annoncée arriver, le point de basculement tant redouté étant sans doute déjà dépassé, n'a rien pour nous consoler de l'avoir tant prédit quand c'est la rage de ne pas l'avoir empêché que je ressens plutôt. Au lieu de se diviser, d'accuser les plus réalistes d'écotartuffes ou de greenwashing, on a plus que jamais besoin de l'addition de nos forces pour s'engager dans une stratégie globale cohérente combinant l'accélération de la transition énergétique, la capture du CO2, l'agroécologie et la réorganisation économique (relocalisation). Il n'y a pas de solution magique, il faut faire feu de tout bois, ce qu'on appelle l'équifinalité en biologie, pour atteindre notre objectif par tous les moyens. La course est engagée de notre réactivité sur plusieurs temporalités au basculement du climat.


Article écrit rapidement pour me distinguer de ceux qui réagissent juste par des incantations, mais je reste dans la récapitulation de mon parcours et n'y fais que rabâcher ce que j'ai écrit maintes fois - ce qui n'empêche pas qu'il a fait le plus gros score depuis longtemps et a été repris par rezo.net, ce qui n'était pas arrivé depuis des années... Cela ne m'a pas tellement ravi, pour autant, le texte me paraissant faible. Sinon, avant que le virus indien ne nous rattrape, je profite de l'accalmie pour aller voir mon vieux père que je n'ai pas vu depuis le début de l'épidémie.

Pinault est un con, 07/07/21
C'est la conclusion que j'ai tirée de la collection Pinault exposée à la Bourse du commerce et qui ne peut s'expliquer que par le désir inconscient de montrer à tous l'étendue de sa connerie, en dépit de l'argent qui le protège de cette sincérité. Réussir dans la vie ne suffit pas, il semble que même les milliardaires aient besoin d'atteindre leur niveau d'incompétence en investissant des domaines hors de leur portée. On dirait ici que le financier François Pinault confie à des artistes le soin de se moquer de lui - et de ceux qui croient à la valeur de ces attrape-couillons. Il faut répéter que la connerie n'épargne pas les classes supérieures, occasion de rappeler que l'art, tout au contraire d'une activité désintéressée, est un signe de distinction et d'appartenance (au même titre que les idéologies et religions).


A part cette visite à la collection Pinault qui m'a tant déçu, la petite escapade en solitaire à Paris était agréable après presque un an et demi sans bouger à cause de la pandémie. La cohabitation me pèse cependant de plus en plus et j'ai perdu les deux couronnes que le dentiste venait de me poser !

Sur l’histoire de l’art et sa fin, 20/07/21
Hegel associait la fin de l'Art à la fin de l'histoire supposée, mais ceci juste avant que ne commence la riche histoire de l'art moderne, désormais achevée - bien que l'art post-moderne, qui a tant de mal à lui survivre, revendique d'en être la suite, mais se condamnant ainsi à ne faire qu'en réaffirmer la fin dans une répétition complètement stérile. Pourtant, ce que dit Hegel de la fin de l'art semble bien pouvoir s'appliquer à cet art contemporain. Il m'a donc semblé intéressant d'essayer de compléter l'histoire hégélienne par ce qui a suivi les tendances romantiques de son époque. L'art moderne pourrait y être compris comme une période particulière, car introduisant justement l'histoire dans l'art par sa déconstruction, ses révolutions artistiques. La fin de l'art moderne n'est, bien sûr, pas la fin de l'Art mais peut-être celle de son historicisation.


Tentative de faire le point sur l'art moderne après l'article précédent sur la collection Pinault.

L’Avenir n’existe pas, il n’y a que des temporalités multiples, 01/08/21
Tout est une question de tempo mais il est très difficile de bien évaluer la temporalité de chaque processus car il y en a plusieurs dont on ne peut prévoir les combinaisons multiples. La physique moderne a réfuté le temps absolu de Newton qui demeure cependant la forme a priori de notre sensibilité, comme dit Kant. On raisonne en permanence comme si le temps était linéaire alors qu'il y a bien plusieurs temporalités qui se croisent dans un présent qui n'a rien de la consistance d'une tranche de vie figée et de la cohabitation immobile de tous les êtres que les mystiques mettent en scène. Il n'y a qu'une multiplicité de trajectoires avec leurs temps propres, certains à très court terme, d'autres des temps astronomiques.


La santé va au plus mal avec un diabète bien plus grave que je n'imaginais, expliquant la fatigue mais ne présageant rien de bon pour la suite.

La vie à quel prix ?, 18/08/21
Dans notre actualité planétaire, ce sont les mesures prises pour limiter la pandémie, du confinement à la distanciation sociale et aux gestes barrières, qui nous ont valu de grandes déclarations, notamment de philosophes médiatiques, nous rappelant que toute vie ne vaut pas la peine d'être vécue si elle se limite à la survie du corps et se trouve coupée des autres. Bien sûr, la question de ce qui constitue une vie viable n'est pas seulement politique, elle se pose aussi individuellement, chacun pouvant y répondre différemment. C'est, en tout cas, la question qu'une dégradation de ma santé m'a obligé à me poser pour moi-même. Est-ce qu'une vie au rabais privée des anciens plaisirs vaudrait la peine d'être vécue ? Est-ce que je pourrais supporter une vie diminuée par le grand âge - voire en EHPAD, ces mouroirs modernes assez effrayants ? Suis-je prêt enfin, dès maintenant, à une vie plus austère livrée aux médecins ?


Violent accident de voiture le 26/08 (à cause d'un refus de priorité) en revenant d'un examen à l'hôpital avant d'y revenir aux urgences, sans problèmes graves mais sans plus de voiture partie à la casse... Mauvaise passe.

La psychanalyse comme analyse du transfert, 01/09/21
Il faut insister sur le fait que la caractéristique première de la psychanalyse réside bien dans l'analyse du transfert qui change tout. On peut s'étonner certes de cette place du transfert dans l'analyse qui semble hors sujet mais résulte là encore de la simple observation, vérité d'expérience. Ce phénomène qui semble marginal, simple parasitage du processus analytique pour ceux qui y voient une reconstruction de son enfance, oblige au contraire à le réinterpréter complètement en dépassant le contenu manifeste et sa prétention de vérité par la réintégration de l'énonciation et du sujet auquel elle s'adresse comme discours de séduction et désir de désir, ce qui a une portée considérable - suspicion portée sur la vérité comme sur tous les discours. Bien que l'analyse du transfert s'impose inévitablement dans toute pratique analytique, il n'est pas sûr pour autant qu'elle puisse être vraiment prise au sérieux par ses praticiens. Dernière contradiction de la psychanalyse, il se pourrait en effet qu'une analyse achevée ne produise pas des analystes mais guérisse plutôt du désir d'être psychanalyste...


09/2021Je suis très mobilisé par le scandale des assurances voulant m'indemniser de 1000 € seulement pour ma vieille voiture détruite à cause d'un autre alors qu'elle marchait parfaitement ! Je suis désormais enregistré pour mon diabète comme ayant une "Affection de longue durée".

Hegel écologiste à la fin du temps, 20/09/21
Pour mieux saisir comment Hegel pensait réellement la fin de l'histoire, dans l'Etat de Droit universel, ainsi que de la philosophie dans les sciences, c'est-à-dire l'achèvement du savoir absolu, de la pensée qui se pense elle-même parvenue à la pleine conscience de soi, il m'a semblé qu'il n'y avait rien de plus utile que de juxtaposer la fin de la Logique, de l'Encyclopédie et de la Phénoménologie, ce qui nous permettra d'en tirer quelque enseignement sur notre actualité confrontée sur tous les plans à la question de la fin, conscience de soi et de notre finitude qui nous ramène aux urgences immédiates. La fin de la Logique, en premier lieu, résonne en effet avec l'époque où notre liberté confrontée au savoir des risques écologiques s'engage dans les actions nécessaires dictées par le discours scientifique, monde qui nous reste pourtant étranger et hostile, l'extériorité ne se résorbant pas dans le savoir, toujours exposés à la mort, la souffrance et les injustices comme aux catastrophes cosmiques, naturelles ou sociales, la part du hasard, des probabilités et du non-sens qui reste, la division de la pensée et de l'être enfin.


Je reviens à mes premières amours peut-on dire, clôture de mon parcours actualisant mes premières publications. Cela me permet aussi de m'abstraire de la mauvaise ambiance électorale comme de la bataille juridique contre les assurances, aussi énervante que dérisoire. Après le ramonage et bien que le temps reste doux la journée, il fait assez froid la nuit pour commencer à allumer le chauffage le soir.

Se concentrer sur les plus gros pollueurs, 04/10/21
Dans l'immédiat, le plus urgent serait de prendre conscience de l'étonnant petit nombre d'entreprises et d'acteurs globaux qui sont responsables de l'essentiel des pollutions. Ainsi, 70% des émissions de gaz à effet de serre seraient imputables à seulement une centaine d'entreprises, parmi lesquelles 20 entreprises sont responsables d'un tiers des émissions ! Il s'agit surtout de pétroliers, de cimentiers et d'industries métallurgiques ou minières mais c'est à l'évidence sur ces entreprises qu'il faut mettre la pression pour arrêter l'hémorragie en abaissant radicalement leurs émissions de CO2 ou de méthane avec un effet massif et rapide cette fois, sans commune mesure en tout cas avec le fait de baisser son chauffage.


Se préparer à l’inflation, 15/10/21
La plus grande énigme économique de ces dernières années était sans conteste le mystère de l'absence d'inflation malgré l'injection de liquidités en quantités inouïes. L'inflation se serait cantonnée à la finance et la spéculation, notamment immobilière, mais pourrait avoir été simplement retardée ailleurs. Or un retour de l'inflation changerait du tout au tout la configuration économique des prochaines années avec des conséquences importantes aussi bien au niveau social qu'au niveau écologique, pouvant à la fois intensifier les luttes salariales, renverser le rapport de force actuel capital/travail, mais aussi accélérer une croissance qui n'est plus aussi bien venue quand il faudrait plutôt la tempérer et, en premier lieu, réduire notre consommation d'énergies fossiles qui repart au contraire à cause de la surchauffe économique. L'après COVID dans une économie de plein emploi a toutes les chances d'être une période plus joyeuse, il faudra absolument éviter que l'euphorie ne mène à l'irresponsabilité climatique.


10/2021Le 13 et le 20 du mois j'ai pris des champignons (commandés sur un site hollandais) mais sans aucun effet psychédélique hélas, expérience assez désagréable...

Les impasses de l’anti-progressisme, 22/10/21
Pour nous, l'avenir n'est plus un projet positif portant la marque de notre humanité et voué à l'épanouissement de nos talents, se résumant désormais à empêcher le pire (simple négation de la négation). Les tentatives de reconstruire un "projet de société" et d'enthousiasmer les foules par de nouveaux plans sur la comète tombent vite aujourd'hui dans l'indifférence si ce n'est le ridicule. L'avenir est craint plus qu'espéré. La fin du progressisme béat laisse du coup la place à un anti-progressisme réactionnaire (pas forcément écologiste pour autant, loin de là) et qui ne vaut pas beaucoup mieux dans sa volonté de rétablir l'ordre ancien, vouée tout autant à l'échec mais à laquelle se raccrochent les citoyens désorientés dans une passion identitaire sans issue. Ce dont on peut être sûr, c'est que l'anti-progressisme autoritaire qui gagne les foules ne peut être durable car le futur est au souci de l'avenir et à l'unité planétaire.


Démocratie des minorités ou dictature majoritaire, 02/11/21
Contrairement aux mythes colportés très officiellement sur notre démocratie, il faudrait rectifier que nos institutions sont moins héritées de la Révolution que des monarchies constitutionnelles postérieures, ce que apparemment presque personne sur l'échiquier politique n'ose avouer. C'est grave car on défend du coup, aussi bien à gauche qu'à l'extrême-droite, une démocratie majoritaire foncièrement illibérale quoiqu'on dise puisque rejetant la séparation des pouvoirs qui était à la base des monarchies constitutionnelles, raison pour laquelle elles avaient la préférence de Montesquieu. En conséquence, à part des écologistes attentifs à la diversité, au lieu de promouvoir la démocratie des minorités qui en résulte, celle-ci est dénoncée partout ailleurs comme illégitime (communautariste) alors qu'elle n'est rien d'autre que la conséquence du règne de l'Etat de Droit et des Droits de l'Homme, c'est-à-dire aussi de la laïcité qui en procède. Ainsi, une des raisons de la montée inexorable du "fascisme" autoritaire tient au fait qu'elle est paradoxalement alimentée par ses opposants qui font de la surenchère sur le thème du "peuple" idéalisé et de la présentation simpliste d'une majorité lésée par une minorité.


11/2021De nouveau des problèmes de chauffage à partir du 11/11 avec le chapeau de la cheminée bouché - retiré à temps (le 17) pour passer une vague de froid.

A partir du 14, j'ai fait un régime "cétogène" de 3 semaines (jusqu'au 4 décembre), qui était supposé pouvoir guérir du diabète aux dernières nouvelles. En attendant, cela m'a fait perdre 9 kilos mais le plus étonnant, c'est qu'un mélanome en croissance a disparu en quelques jours. Il est certain que ça fait de l'effet, que ce soit durable est moins sûr (en tout cas pas le poids).

L’arnaque des pauvres par l’assurance auto, 18/11/21
Il est bien connu que les pauvres paient tout plus cher mais avant d'en faire l'expérience, je ne savais pas que les pauvres, qui ont forcément des vieilles voitures, étaient aussi spoliés de leurs droits en toute bonne conscience par les assurances auto. J'ai découvert que cette spoliation des possesseurs de vieilles voitures arrive à prendre l'apparence d'un respect du droit en s'appuyant sur trois confusions : le principe du moins-disant tenant lieu de valeur de remplacement, l'évaluation sur un échantillon statistique trop faible et la définition du marché local étendu à l'internet.


C'est l'affaire qui me pourrit la vie depuis le mois d'août où j'ai dû capituler le 15 novembre, n'ayant donc plus de voiture.

L’inexistentialisme est un humanisme, 24/11/21
On se contente habituellement de suivre avec passion les informations du monde, de ce qui se passe ailleurs et nous dépasse, à l'évidence ne dépendant pas du tout de nous. La vérité, c'est qu'on n'est pas aux commandes, on ne décide pas de notre vie ni de notre existence ni même de nos pensées en dépit des apparences. Par quelque bout qu'on le prenne, une philosophie écologique pour laquelle les causalités sont extérieures, consacre l'inexistence de l'individualité isolée, d'un sujet indépendant réduit au paraître, non que l'autonomie de l'organisme ne soit essentielle mais qu'elle est effectivement entièrement dépendante de son milieu. Ce constat d'inexistence n'est pas nouveau et même très ancien puisqu'il est celui de nombreuses spiritualités avant d'être celui des causalités scientifiques. C'est une étrange sensation de se réveiller de cette illusion de liberté et d'existence singulière dans sa supposée présence mystique au monde pour découvrir notre inexistence réelle, d'une existence qui n'a pas de sens absolu ni personnel, seulement un sens relatif à nos rapports humains, pris dans des processus objectifs comme dans des récits communs fictifs recouvrant le réel et l'expérience immédiate. Dès lors, il n'y a plus de véritable identité ni d'essence immuable, rejoignant en cela l'existentialisme sans doute sauf que l'existence qui précède l'essence serait plutôt celle de notre milieu, de l'extériorité, de l'écologie, de l'hétéronomie enfin au lieu d'un libre-arbitre sans cause, venu de nulle part. L'identité y est donc changeante selon les contextes (famille, travail, réseaux, etc). Ces preuves de notre inexistence sont accablantes et pourtant, au contraire de la passivité d'un destin tout tracé à la naissance, n'ayant plus qu'à devenir ce qu'on est, on peut dire que, dans sa nudité et fragilité, l'inexistentialisme est un humanisme car il renforce notre appartenance à l'humanité, comme produit de l'évolution et de l'histoire, humanité forgée par son environnement. Si on ne peut pas vraiment choisir sa vie qui dérape et qu'on ne pèse qu'à la marge sur l'avenir du monde, c'est justement parce qu'on appartient à son temps et à ses contemporains. La solidarité avec les autres et avec la biodiversité est concrète, entière, prouvée, qui achève d'effacer notre particularité à mesure que le regard s'éloigne, fondue dans l'immensité de l'espace et du temps. Cette inexistence et incomplétude fondamentale, qui, au contraire de l'idéal trompeur du self made man, a besoin de béquilles, de soutiens pour tenir, est pourtant ce qui nous est le plus précieux dans son humilité qui fonde notre désir de reconnaissance et notre fraternité.


Je n'ai pas beaucoup de temps pour l'écriture (plusieurs textes en cours), pris par les activités pratiques (couper le bois, préparer les prochaines livraisons de bois, démarches administratives, papiers pour l'assurance et un temps interminable pour, par exemple, arriver à prendre un aller-retour SNCF ou réussir à se faire vacciner sans rendez-vous, sans parler  des problèmes informatiques aussi bien hardware que software, etc). La vie contemporaine nous prend décidément beaucoup de temps, même à la retraite où il faut compter aussi avec une plus grande fréquentation des hôpitaux...

J'en suis à la 3ème dose de vaccin le 27 alors qu'un nouveau variant y est moins sensible. J'étais inquiet de fêter les 96 ans de mon père le 5 décembre (deuxième déplacement de l'année seulement) mais tout s'est apparemment bien passé. On est revenu avec différentes substances psychédéliques, il n'a jamais été aussi facile de trouver toutes sortes de drogues, livrées à domicile désormais !

Déterminisme quantique, entropie et liberté, 13/12/21
Article essayant de limiter le déterminisme quantique au niveau quantique et non aux autres niveaux, notamment celui du vivant, y réintroduisant une part de liberté, certes très limitée mais qui est au moins la part de doute et de réflexion, d'un vouloir tâtonnant tendu vers sa finalité, son objectif. Dans ce cadre, qu'on ne puisse avoir une conception globale du monde ne tiendrait pas tant au relativisme de la relation (au perspectivisme nietzschéen) qu'à une multiplicité de niveaux, notamment selon les échelles de grandeur ou d'organisation (passage de la quantité à la qualité) laissant place à de nouvelles déterminations (et degrés de liberté).


Succès inattendu (sur facebook surtout - bien que je n'y sois pas) pour cet article où je formulais mes objections à Carlo Rovelli, ce que je croyais n'intéresser personne...

L’avenir du développement humain comme libertés concrètes, 22/12/21
Ce n'est pas un changement radical d'économie à l'échelle de la planète qui pourra nous sauver. Il est trop tard. Cela n'empêche pas que ce changement se fera sur le long terme et qu'il est même amorcé depuis plusieurs décennies au nom du développement humain, sans qu'on en prenne toute la dimension véritablement révolutionnaire dans un contexte d'unification planétaire et du passage à l'économie numérique aussi bien que locale. L'avenir pourrait n'être pas si désespérant, et pas seulement catastrophique, si enfin triomphaient l'écologie, le féminisme, l'anti-racisme et le développement humain. Le développement humain affirme que l'autonomie doit être produite socialement (pas seulement par la famille) et qu'il est de l'intérêt collectif de développer les compétences et talents de chacun. Il s'agit de prendre au sérieux le fait que la liberté n'est pas donnée ni sans cause, qu'elle n'est pas naturelle ni expression de soi (devenir ce qu'on est) mais qu'elle est bien une liberté conditionnée par des moyens matériels et l'augmentation de ses compétences, conditions nécessaires pour valoriser ses points d'excellence, ses talents, ou juste le plaisir qu'on prend à les exercer.


Ecrit commencé sous ecstasy (le 15 et le 18). La santé va quand même bien mieux, c'est plutôt une bonne période avec tout ce qu'il faut et de l'électro swing.


2022 - Guerre Ukraine, psychédéliques, extraterrestres, physique (69 ans)

2022Bizarrement, l'année a bien commencé pour moi alors que les nouvelles sont si mauvaises et que des malheurs touchent des proches. Le retour de la forme physique y est pour beaucoup. La clôture du dossier de l'assurance pour ma voiture m'a quand même gâché l'humeur quelques temps mais c'est un nouvel ordinateur qui a occupé le début de l'année.

Prendre ses désirs pour des réalités ?, 11/01/22
Ce slogan de Mai68, "prenez vos désirs pour des réalités", avait une charge libératrice, engageant à l'action, à s'affirmer et n'avoir pas peur de prendre des risques, ce qui évoquerait plus aujourd'hui l'esprit d'entreprise et les injonctions du développement personnel que l'esprit de révolte initial. Il n'était pas si absurde pourtant, à cette époque de libération des moeurs et d'émancipation sociale, de prendre au sérieux ses désirs, ou comme disait Lacan, de "ne pas céder sur son désir", car les désirs sont réels aussi et orientent nos vies, rien de pire que de les refouler. C'était alors un important progrès sur le surmoi punitif et a pu participer notamment à la légitimation du désir de libération des femmes, à la simple reconnaissance de leur désir, de leur existence de sujets désirants. Cette sacralisation du désir avait cependant une face moins reluisante, celle d'un surmoi devenu injonction à la jouissance, idéologie du désir dénoncée dès le début par des marxistes comme Clouscard, soulignant sa complicité avec le libéralisme et la société de consommation qui en constituent incontestablement l'infrastructure matérielle, comme la publicité l'illustrera à outrance. En ce temps-là, la formule de Spinoza affirmant que "le désir est l'essence de l'homme" avait pris le caractère de l'évidence plus que de raison, se situant à l'opposé de l'homme de devoir que tous (curés, moralistes, idéologues, militaires, etc.) professaient avant, glorifiant au contraire le sacrifice des femmes, des soldats, des travailleurs. Là aussi, il faut y voir une conséquence des évolutions du travail qui ne se contente plus de la peine du travailleur pour "créer de la valeur" mais a besoin de sa motivation et veut explicitement mobiliser son désir devenu facteur de production. Faire du désir un quasi impératif moral est non seulement problématique mais comporte aussi un côté autoritaire incitant les mâles dominants à forcer le consentement au nom du désir. Il faut bien dire que l'interprétation courante n'allait pas plus loin que de donner crédit à la naïveté de l'enfant roi de croire pouvoir réaliser tous ses désirs, que ce serait même un droit de l'homme en plus d'un devoir, fantasme de toute puissance assez commun mais qui se cogne vite au réel justement. Pourtant rien de plus efficace encore de nos jours que de laisser croire aux foules qu'elles sont toutes puissantes, qu'il ne s'agit que de volonté, appelant logiquement à un pouvoir autoritaire capable de s'imposer à tous pour modeler la réalité selon nos désirs en dépit des résistances et des forces contraires, la libération des désirs se renversant en répression féroce des dissidents.


01/2022Premier test à faible dose d'Hawaiian baby woodrose (Space-E) le 25 janvier, un peu de nervosité mais les jours d'après étaient assez euphoriques.

L’espace-temps entre onde et particule, 30/01/22
A partir d'une interprétation ontologique de la dualité onde/particule en fonction de leur existence dans l'espace ou dans le temps, c'est-à-dire sous une forme locale ou non locale, et de leur interaction comme
transformation du temps en espace ou d'espace en temps, il s'agit de montrer une nouvelle fois ce qui, dans la physique, met en défaut notre entendement ordinaire du simple fait qu'on s'éloigne de ce que l'espace et le temps sont pour nous. Si, pour la relativité, l'espace n'est plus séparable du temps, c'est qu'un déplacement dans une dimension se fait au détriment du déplacement dans l'autre car on se déplace toujours dans l'espace-temps à la même vitesse de 300 000 km/s. De même E=mC² exprime la matérialisation de l'énergie, le passage entre l'espace et le temps, de l'un dans l'autre. Pour autant, nous n'habitons pas plus un monde relativiste qu'un monde quantique, on peut dire que nous sommes au milieu, dans une position privilégiée, celle du "monde classique", monde de la vie et de l'histoire qui n'existe que dans cet entre-deux où le temps n'est pas tant pour nous celui des causalités mécaniques mais celui de nos finalités (et de nos erreurs), de même que notre espace est celui d'un monde humain et d'une terre que nous avons dévastée.

La physique me repose des mauvaises nouvelles d'où qu'elles viennent, écologiques ou politiques... Le 5 février une dose plus forte d'Hawaiian baby woodrose (Trip-E) sera un peu plus désagréable que la première, finissant de me persuader que je suis devenu réfractaire aux effets psychédéliques. Une double dose d'Hawaiian baby woodrose (Trip-E) le 11 ne sera pas plus couronnée de succès.

02/2022Les bienfaits des psychédéliques, 17/02/22
Cela fait un peu trop magique mais on attribue à la psilocybine comme à d'autres psychédéliques des bienfaits durables, visibles notamment dans la restauration de la production de neurones, contre une large palette d'affections, pouvant guérir aussi bien l'anxiété, la dépression, le stress post-traumatique, l'alcoolisme et autres addictions mais aussi servir dans l'accompagnement des fins de vie. Pour autant, d'une part ce n'est pas pour tout le monde et pour ma part, cela ne me fait guère d'effet mais surtout la question reste entièrement posée du rôle de l'expérience psychédélique vécue, des hallucinations éventuelles, de la magie d'une suggestion hypnotique, de l'accès à une nouvelle compréhension ou bien s'il ne s'agit finalement que d'un simple effet biochimique ?


Une double dose d'ecstasy le 18 ne sera pas plus psychédélique bien que pas désagréable mais aura des lendemains plus difficiles. Le 22, début de l'EHPAD pour mon père et de la guerre en Ukraine, moi, en sortant un peu groggy de chez le dentiste, j'ai mis de l'essence dans la diesel de ma copine, nous privant de voiture quelques jours et me déprimant un peu... Globalement la santé n'est pas aussi bonne ni le moral. Il faut dire que les nouvelles sont angoissantes mais l'ecstasy peut aussi avoir sa part dans cette première véritable descente.

La redistribution des cartes, 25/02/22
Il ne s'agit pas de prendre parti dans le conflit en diabolisant l'adversaire mais d'essayer de comprendre le mécanisme implacable nous ayant mené là, c'est-à-dire le fonctionnement effectif du jeu de puissances au-delà des condamnations morales et des utopies démocratiques ou d'une prétendue auto-organisation de base. La riposte militaire serait trop aventureuse - une folie entre puissances nucléaires bien que toujours possible au moindre dérapage - ce qui se joue serait plutôt la confrontation de la puissance économique à la puissance militaire et donc sur la durée (pas sûr qu'on puisse tenir si longtemps). La logique historique voudrait que ce soit l'économie, le capitalisme, qui finisse par gagner avec tous les ressorts de la technologie mais pas forcément du premier coup. Cette guerre paraît effectivement à la fois anachronique dans la globalisation marchande et numérique, où l'appartenance à un pays ou un autre perd beaucoup de son importance, en même temps qu'elle pourrait être hyper-moderne dans les armes, première véritable guerre du 3ème millénaire si les USA s'en mêlent, utilisant de nouvelles armes, la cyberguerre ou la guerre électronique jusqu'au spatial voire au nucléaire (ce n'est hélas pas totalement exclu), éprouvant leur potentiel ou leurs limites. On ne sait à quel point on sera touché mais on en subira sûrement des conséquences plus ou moins terribles. Il y a de quoi paniquer.


03/2022Premières graines mises à germer le 25. Nouvel essai de Space-E le 1er mars, ni agréable ni désagréable mais bonne forme le lendemain. Après une échographie rassurante le 3, j'ai essayé 2 Euphor-E à base de Kanna qui m'a déçu (trop de caféine) mais pourrait remplacer le chanvre ? Un dernier essai d'ecstasy le 12, assez décevant. Le 15 un premier test de Salvia divinorum sera plus concluant, à la fois surprenant, intense et de courte durée. J'ai cependant eu quelques jours après une poussée d'herpès.

Détaché d'une actualité dramatique imprévisible et qui ne dépend pas de nous, je n'ai pas publié de nouvel article en mars, plutôt démotivé en s'attendant au pire. En dehors de l'expérimentation des psychédéliques et des plaisirs de la maison, ce que je préfère cependant, plus que d'écrire un nouvel article, c'est d'améliorer mes articles les plus récents, plaisir de me relire sans souci d'écriture mais en sachant que je peux me corriger, enrichir encore un texte qui est là pour rester, être relu et m'apprendre encore un peu par rapport à l'état initial de la réflexion. L'article qui m'a le plus occupé, c'est celui sur l'espace-temps permettant de me distraire de l'actualité.

Le 26 mars un dernier essai de Space-E (Hawaïan Baby Woodrose) d'autant moins agréable que j'avais pas mal de choses à faire (couper du bois, réparer une barrière, jardin, etc), et surtout j'ai eu un lendemain triste. J'ai commencé à tester les herbes à rêves le 28 mars avec une graine d'Entada Rheedii au très mauvais goût qui ne me procurera aucun rêve mais, après une grosse irritation de la langue, une assez bonne journée quand même. Une autre herbe à rêve, Uvuma-omhlope, supposée favoriser la production de neurones, ne me fera pas plus rêver mais sans désagrément cette fois et suivi par une très bonne période.

04/2022En avant, 06/04/22
Comme la pandémie et la guerre en témoignent abondamment, l'incertitude la plus grande de l'avenir suscite le besoin irrépressible d'en raconter la suite malgré tout, aussi incompétent soit-on. C'est d'autant moins chose nouvelle que ce mécanisme se révèle au principe même du fonctionnement du cerveau et de l'apprentissage comme du langage, y compris pour l'Intelligence Artificielle (ou apprentissage automatique) qui progresse en validant ou non ses prévisions. Ce mécanisme fait partie d'un nécessaire feedback qui relève plus généralement de la cybernétique, de la correction d'erreurs comme seul accès au réel (qui reste extérieur) et moteur de la dialectique cognitive. Celle-ci progresse inévitablement par l'erreur, dans l'après-coup du résultat indécidable d'avance, et pour cela même occupant l'imagination des suites possibles du récit, au-delà de nos propres intentionalités. En prendre conscience devrait nous amener à réfuter la conception antérieure du futur, comme dimension temporelle assimilée à l'espace, et d'une humanité trop rapidement identifiée à ses finalités et sa projection dans un avenir présenté comme absolument prévisible et avec un volontarisme revendiquant une maîtrise illusoire (paranoïaque), véritable négation de l'histoire. Notre horizon est bien plus limité, non pas à l'instant présent mais à l'instant suivant, pas à pas, activité de l'esprit comme perception qui n'a pas de repos.


Je me suis un peu forcé pour écrire ce texte qui n'est pas sans intérêt pourtant, m'habituant à "ne rien faire" et perdant la nécessité de publier mes réflexions. Le texte suivant sur la physique quantique témoigne cependant de l'utilité pour moi de formuler ce que m'inspire l'actualité, scientifique cette fois malgré un clin d'oeil aux élections.

La dissymétrie quantique entre droite et gauche, 09/04/22
Le plus curieux, et pas assez connu, c'est que les particules se diviseraient selon l'orientation vers la gauche ou la droite de leur rotation ou spin : selon qu'elles tournent dans le sens des aiguilles d'une montre ou dans le sens inverse par rapport à leur direction de mouvement.


L'ambiance familiale (dont je suis éloigné) s'envenime pour des affaires d'héritage, s'ajoutant à la guerre, le réchauffement, la fascisation. Le 12 j'ai testé 0,5 g de cristaux MDMA dont j'ai ressenti le côté amphétaminique, m'amenant après une montée déstabilisante (hyperthermie, tremblements, équilibre) à publier mal à propos une réaction à chaud trop irréaliste du premier tour de la présidentielle, ce que je n'aurais pas fait à jeun...

Pour une refondation de la gauche écologiste, 11/04/22
L'effondrement du Parti Socialiste et la difficulté des écologistes à convaincre pourraient au contraire donner lieu à la création d'un nouveau mouvement écologiste de gauche, ni libéral ni populiste, regroupant les écologistes et la social-démocratie, sur les ruines de leurs organisations, non pas derrière un leader à l'ancienne mais ancrée dans les territoires, s'appuyant sur les élus locaux pour un développement local et humain.


On peut résister à la déprime ambiante, à la guerre mondiale, à la disparition de la gauche, au risque nucléaire, au climat qui s'emballe, c'est beaucoup plus difficile de s'abstraire des querelles familiales, encore plus des scènes de ménage pourrissant le quotidien. J'ai re-fumé de la salvia divinorum le 22 mais avec un effet évanescent très faible cette fois (le 22 du mois suivant c'était plus fort bien que bref, avec l'impression qu'il y avait plein de gens, plutôt hostiles, alors que j'étais seul). Dans cette période si peu propice, c'est l'article sur l'espace-temps qui m'occupe encore et n'intéresse personne. J'ai quand même plusieurs textes en attente (sur l'Universel, la nation, l'homme de science et l'homme religieux).

La méprise sur l’universel de la morale et de la science, 29/04/22
L'universel peut désigner des concepts très différents qui font l'objet d'une confusion constante très dommageable entre ce qui est nécessaire, obligé, éternel, et ce qui est simplement général, commun à notre espèce ou notre univers, entre la logique pure et l'étendue, plus précisément entre l'universel de la morale ou de la science et l'universel cosmopolite de l'anthropologie si ce n'est l'humanisme de "tous les hommes". On parlera ainsi d'une compétence universelle pour une juridiction étendue à la terre entière, ou d'un suffrage universel supposé ouvert à tous les citoyens bien que les femmes en aient longtemps été exclues, etc. La nuance entre ces différents sens peut paraître négligeable alors qu'on n'est pas du tout sur le même plan et surtout que la confusion des sens n'est pas sans conséquences politiques funestes, empêchant l'adhésion à l'idéologie universaliste appelée par l'unification planétaire écologique, économique, technologique, scientifique, médiatique, épidémique, etc. Aussi étonnant que cela puisse paraître, les conceptions de l'universel des différentes philosophies, religions ou idéologies se trouvent bien avoir des implications politiques très concrètes, nourrissant entre autres les passions identitaires, revendication mal venue de sa particularité pour ce qui relève de l'universel.


05/2022Je retrouve un peu de solitude du 11 au 24 mai alors que c'est un été bien trop précoce (un dôme de chaleur à plus de 30°C) qui me rend plutôt léthargique. Un regain de diabète m'oblige à refaire un régime et je passe au test de phytothérapies plus ordinaires (avec une cure de Rhodiola Rosea à partir du 20 mai). Toujours plus de textes ébauchés sans être finis...

Ce que les extraterrestres nous apprennent, 30/05/22
L'existence d'extraterrestres est passée du statut de pure fiction à celle d'hypothèse scientifique de plus en plus fondée au regard des connaissances sur les possibles origines de la vie ainsi que par l'évolution animale vers la complexité jusqu'à un cerveau développé dont les capacités cognitives sont de mieux en mieux comprises. Tout ceci ajouté à la détection de planètes "habitables" suffit à rendre incontournable l'hypothèse de la reproduction d'une telle évolution, qui n'a aucune raison d'être unique, sur d'autres planètes, vie extraterrestre devenue dès lors objet scientifique. Or, cette simple possibilité suffit à faire de nous des extraterrestres pour ces hypothétiques extraterrestres. Ce point de vue éloigné sur notre planète est assez semblable à celui de l'anthropologie ou de la préhistoire qui étudient l'évolution sur le très long terme, où les périodes sont désignées par leurs stades techniques, en une succession nécessaire. De façon plus manifeste que la préhistoire, l'existence hypothétique de civilisations extraterrestres implique bien une vision de l'évolution cognitive largement indépendante de nous et de notre espèce. Passer de la préhistoire aux extraterrestres serait passer du particulier de l'anthropologie, d'une essence de l'homme, du général et du génétique, à l'universel de l'évolution. Se servir de cette figure de l'extraterrestre, comme expérience de pensée au moins, oblige du coup à sortir des conceptions essentialistes et originaires pour un nouveau scientisme progressiste, seul universel possible.


06/2022Le 6 juin, dernière prise de psilocybe (Valhalla) qui m'avait été envoyé sans que je l'ai sollicité. Rien d'intéressant ni de très différent d'avant (certains décalages visuels), juste une nervosité désagréable qui dure 3 à 4 heures, mais encore une fois il y eu autant d'effets positifs au moins pendant 15 jours  sur l'humeur... C'est quand même la fin de la période psychédélique qui m'avait bien remotivé et me laisse un peu désemparé mais je reprends l'écriture et je suis de nouveau tranquille du 8 au 23 juin. Encore un épisode caniculaire du 12 au 21 qui a fait souffrir les plantes et, en plus du diabète à peu près géré, c'est maintenant l'hypotension qui pose problème.

La part de l’humanité dans l’évolution, 15/06/22
Après avoir braqué les projecteurs sur l'immensité de l'univers et les lois de l'évolution à très long terme incarnées par des extraterrestres, si, en bonne dialectique, on porte maintenant de ce lointain le regard plus près de nous sur les organismes vivants ou sociaux et l'histoire politique ici-bas, c'est une toute autre histoire et le domaine de l'action qui a beau être contrainte reste à la fois indécise et nécessaire. On n'est plus ici dans le règne de la raison pure mais plutôt d'une rationalité erratique et limitée qui se révèle d'autant plus maléfique qu'elle se surestime, ignore son ignorance et croit pouvoir faire fi des lois universelles comme du cadre limité de notre action, règne de l'opinion qui n'est jamais "personnelle" mais s'enferre à chaque fois dans l'erreur avec des conséquences bien plus graves encore que la simple ignorance. La situation n'est pas aussi brillante qu'on le présente ordinairement d'un bon sens partagé très démocratiquement alors qu'en dehors des sciences, en rupture avec l'opinion justement, il n'y a que fausses croyances, fake news ou propagandes.


Intoxication le 28 juin, peut-être une hypervitaminose car juste après avoir prix une ampoule de vitamine D (courbatures, suées, mal de tête, grosse fatigue, hypertension). Mon fils et sa petite famille venaient juste d'arriver de Californie mais ont tous attrapé la Covid, femme et enfants.

07/2022La drôle de guerre, 02/07/22
Le pire s'annonce sur tous les fronts, celui du climat, de la biodiversité, des pandémies à répétition, de la famine, de la fascisation qui gagne même les États-Unis et bien sûr le spectre d'une troisième guerre mondiale opposant les régimes autoritaires aux démocraties libérales. Les canicules se succèdent, la guerre fait rage depuis plusieurs mois à nos portes, l'inflation s'accélère, l'énergie et le blé devraient manquer, entre autres et surtout aux plus pauvres, jamais l'effondrement du système mondial n'a paru aussi imminent mais pour l'instant rien ne trouble encore un quotidien habituel dans l'insouciance d'un été précoce et de grandes vacances précipitées entre deux pics de la pandémie.


Pas étonnant sans doute mais il y a eu un retour de la dépression vite guérie avec un peu de LSA et Rhodiola Rosea ! Tout peut s'écrouler sans être forcément déprimé...

Un solaire plug&play anti-coupure, 14/07/22
Petit article sur un problème qui bloque le marché des panneaux solaires.


On subit canicules sur canicules avec une sécheresse de plus en plus sévère et la crainte des feux que des orages finiront par éloigner. Sinon, j'ai plutôt la belle vie (en dehors de relations tendues) et je travaille très lentement au prochain articles sur l'irrationalité humaine. J'ai reçu début août un cactus Super Pedro à mescaline que je mets de côté pour l'instant.

Jean 08/2003Ouf !, 14/08/22
Les premières pluies orageuses après des semaines de sécheresse éloignent un peu la crainte des incendies. La pandémie recule même si d'autres s'annoncent. La Chine a finalement cessé ses dangereuses manoeuvres d'encerclement de Taïwan qui pouvaient déraper à tout moment et constituaient le plus grand danger - à couper le souffle tant qu'elles étaient prolongées. Le blocus des céréales ukrainiennes a été levé éloignant le spectre des famines si ce n'est de l'inflation.


L'hypotension me met souvent au lit mais la santé et le moral ne sont pas mauvais pour autant.

L’irrationalité d’Homo sapiens, 18/08/22
Ce qui va distinguer les hommes modernes (semblables à nous), ce sont surtout les signes de leurs fausses croyances, de la pensée symbolique dit-on pour ce qui est pur délire, histoires à dormir debout et mises en scène rituelles. Dès qu'on parle de culture, et non plus de techniques, c'est bien l'irrationnel de mythes invraisemblables qui se manifeste sous toutes sortes de formes artificielles et par la fabrication d'idoles ou d'amulettes, d'objets magiques ou sacrés, jusqu'à des constructions monumentales. Notre intelligence supérieure aux animaux est indéniable, de même que notre accès à la rationalité, en particulier la rationalité procédurale dont les outils fossiles témoignent suffisamment et encore plus le langage narratif avec la question de sa vérité ou du mensonge. Pour autant, il n'est absolument pas raisonnable de nous identifier à cette intelligence quand nous donnons le spectacle permanent de notre bêtise (pandémie, guerres, idéologies, religions, etc).


Pris le 22/08 un peu de kanna (heavenly-e), agréable mais plus tonifiant que calmant. Par contre, le lendemain j'ai voulu tester une autre gélule à base de rhodiola (Brain-e) qui ne me réussira pas du tout et me laissera dans un état désemparé et dégoûté de tout pendant plusieurs jours, jusqu'à une prise de Prozac apaisante.

De l’homme religieux à l’homme de science, 04/09/22
Il n'est pas si facile de se débarrasser de tous les attributs de la religion qui structure profondément l'expérience personnelle et la représentation de soi, en dialogue avec un Autre, sous son regard omniprésent (l'oeil d'Horus), produisant un type bien particulier de personnalité, très centrée sur soi et son intériorité malgré les apparences, et qui sera d'ailleurs à l'origine de l'existentialisme depuis Kierkegaard. Cette personnalité religieuse magnifiée a beau nous coller à la peau, elle est de moins en moins tenable du point de vue de l'évolution, de la biologie et de la sociologie, mais on ne sait manifestement pas s'en passer encore. La tâche nécessaire de notre époque hypermoderne serait ainsi de reprendre le flambeau d'essayer de donner forme plus réaliste à cet homme de science qui succède inexorablement à l'homme religieux. Il faut montrer qu'un homme de science est possible, dans sa banalité et ses faiblesses - ce dont beaucoup doutent - qu'on n'est pas condamné à l'obscurantisme par pur narcissisme ou révolte contre notre finitude ou besoin de se raconter des histoires. Qu'il n'y ait pas, pour l'homme de science, de métaphysique possible, de sens de l'univers (sens ultime de la totalité de l'Être), n'annule aucunement le sens de notre vie, de notre être-là dans notre monde actuel, de nos actions, de notre moment, du réel auquel nous sommes confrontés, c'est-à-dire le sens réellement existant. Ce difficile passage au citoyen de l'univers, du créationnisme à la théorie de l'évolution, n'est pas tant un devoir de lucidité mais plutôt de rendre compte de ce qui arrive.


Jean 09/2003Période calme assez bonne d'une fin d'été toujours très chaude. Cela fait longtemps que je planifiais cet article, enfin écrit, pour lequel les articles précédents étaient des préparations et j'en étais assez content mais j'ai éprouvé ensuite une insatisfaction qui me l'a fait modifier toute la semaine suivante. Mon père fait de nouveau un passage à l'hôpital (le 4 septembre). J'avais reçu en cadeau le 19 août un kit de culture de champignons qui n'ont commencé à pousser que 3 semaines après, à partir du 8 septembre, et qui étaient mûrs le 13, jour où j'en ai pris frais (23g). Moins mauvais et écoeurant, avec un peu plus d'effets visuels (surtout en fermant les yeux) mais rien de plus, pas un moment très agréable (impossible de se tenir à quoique ce soit), en espérant que les effets à long terme soient de nouveau positifs.

La fin de la guerre, 20/09/22
Le sommet de l'OCS (Organisation de la Coopération de Shanghai) à Samarcande le 16 septembre a vu un Poutine très affaibli après le succès de la contre-offensive ukrainienne, perdant le soutien de la Chine et de l'Inde aspirant à un retour à la paix. Cela pourrait signifier l'abandon des velléités de troisième guerre mondiale mais pas encore la défaite de Poutine annexant les territoires conquis.


Voulant tester les microdoses pour leurs vertus neurologiques sans effets psychédéliques, et comme la deuxième récolte était mûre, j'ai pris une demi dose (10g frais) qui m'a fait pourtant plus d'effets que la fois d'avant avec 23g (un peu plus coloré mais toujours sans trip) ! J'ai réessayé avec 2g le 28, cette fois assez agréable, et lancé la dernière culture de champignons. Du coup, j'ai décidé de continuer ces microdoses (jusqu'au début novembre). Période très active, par contre, côté santé, après une période euphorique, j'ai maintenant des difficultés à respirer (surtout allongé).

Renverser l’idéalisme de Hegel, 15/10/22
Alors que la Logique se terminait par l'extériorité de notre position dans l'espace et dans le temps, les cours sur la philosophie de l'histoire évacuent d'emblée les causes extérieures dans l'autonomie donnée à l'Esprit tout comme dans une fin de l'histoire réconciliée où les contradictions seraient résolues. On voit bien la solidarité entre la figure divine englobant tout l'univers, la négation de la négation qui conduit à la fin des contradictions (internes) et un savoir absolu identifié à la conscience de soi. Cette métaphysique, qui ne se réduit pas à une anthropologie mais appartient indubitablement à l'idéalisme religieux, ne vise qu'à supprimer l'extériorité pour se réfugier dans un grand récit - alors que toute conscience est conscience de quelque chose et que le Da-sein est ouverture au monde. C'est ce qui justifie d'introduire la sélection naturelle et la place de l'entropie pour de renverser son idéalisme en dialectique écologique bien plus prosaïque et incertaine.


L’invincible liberté, 26/10/22
L'enthousiasme de la jeunesse iranienne pour la première révolution féministe témoigne de la force irrépressible du besoin de liberté qui n'est pas une lubie de l'Occident décadent droit-de-l'hommiste mais bel et bien une aspiration universelle, montrant qu'il y a un énorme potentiel révolutionnaire dans ces dictatures qui relevaient la tête dernièrement avec la fascisation des esprits mais ne seront pas notre avenir. Imaginez l'énergie qui pourrait venir de cette jeunesse cosmopolite inaugurant une nouvelle ère de libertés, de féminisme et de conversion écologique (d'unité planétaire).

Début novembre mon hébergeur depuis des années ayant arrêté son activité, j'ai transféré mon site de façon étonnamment facile sur hostinger.com mais la période sera dominée par les problèmes de santé avec la pose d'un implant dentaire mais surtout des difficultés à respirer. J'ai dû aller aux urgences le 7 novembre et arrêter de fumer pendant 10 jours mais en voulant prendre du chocolat au Hasch le 11, je me suis trompé dans les doses (1,4g) et j'ai fait une sorte d'overdose, sans danger mais me transformant en zombie pendant des heures ! Après quelques jours pour me remettre, je suis passé à des doses plus raisonnables (0,3g) avant de recommencer à fumer.

La SNCF annulant au dernier moment mon train, j'ai pris le risque de venir en voiture à Paris pour l'anniversaire de mon père que je ne vois qu'une fois tous les 6 mois (mes seules sorties). C'était du moins le signe d'une assez bonne forme.

On est trop cons, 30/12/22
Voilà, c'est un fait massif auquel il faut bien se résoudre à la fin. On ne peut pas dire que ce soit une découverte pourtant, on peut même dire qu'on le savait depuis toujours - comme tout ce qu'on refoule - mais il faut croire qu'on ne peut pas s'y faire, que c'est même interdit de le dire, très mal vu et désobligeant, à l'opposé du respect exigé et de ce qu'on nous enseigne partout, flattant au contraire notre supposé "bon sens" démocratiquement partagé et notre intelligence supérieure. C'est seulement petit à petit, d'échecs en échecs qu'il a fallu reconnaître notre rationalité limitée, d'abord par une information imparfaite, puis la commune connerie des biais cognitifs, mais bien plus encore par l'irrationalité d'Homo sapiens et son conformisme congénital - sans doute nécessaire à la transmission de savoirs traditionnels mais complètement borné, inaccessible à la critique et adoptant sans sourciller les croyances les plus folles pourvu que ce soient celles de son groupe (les idoles de la tribu). La démonstration n'est plus à faire de notre propension à croire n'importe quoi, mythes ou religions qui signent simplement nos appartenances, influence sociologique primordiale de récits fondateurs, d'idéologies ou de simples modes.


Comme dit à la fin de l'article : "Tout cela en guise d'explication pour l'arrêt du blog depuis 2 mois... le fait d'avoir été obligé de censurer les commentaires, à cause des polémiques déclenchées par la pandémie puis la guerre, a fini de me convaincre d'arrêter les frais, arrêter de nourrir la connerie". C'est une grosse pause et la fin des commentaires.

Passage à une nouvelle page en 2023 pour une nouvelle phase du blog, sans commentaires.



Blog, Ancien site