Retour à la normale

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On n'en est certes pas encore à un retour à la normale qui devrait être très progressif mais beaucoup s'imaginent que cela n'arrivera pas, soit que l'état d'exception durera toujours, soit qu'on verrait la fin du capitalisme, du néolibéralisme, de la mondialisation, du productivisme. Devant le désastre, on nous appelle de toutes part à repenser le monde, comme si le monde dépendait de nos pensées alors que c'est plutôt le monde qui nous pense, pourrait-on dire, et nous oblige à réagir en bousculant nos sociétés et nos habitudes. Même des économistes parmi les plus conformistes tombent dans le panneau, comme au moment de la crise de 2008... On a vu la suite. Evidemment, il y aura des changements importants dans quelques secteurs, sans doute une relocalisation de productions vitales voire, espérons-le, une relance des protections sociales mais cela devrait rester assez modéré et s'épuisant d'années en années. Par contre, la reconfiguration économique autour du numérique devrait s'accélérer car, loin d'être un "choix de société", c'est un mouvement irrésistible déjà bien entamé.

Ce que la pandémie actuelle devrait nous enseigner, en effet, c'est qu'on ne fait que répondre à l'urgence. S'il y aura un retour à la normale, ce n'est pas parce que nous approuverions le système actuel, mais parce que nous en dépendons, que ce sont des puissances matérielles qui sont à l'oeuvre et que nous subissons, de même que nous subissons épidémies, guerres et crises économiques. Le normal, c'est le réel, jamais l'utopie rêvée. Au lieu de se croire les maîtres de l'univers ou de la nature, il faut se résoudre à n'être que le produit de notre milieu aussi bien matériellement, biologiquement, techniquement, historiquement, socialement. C'est la véritable philosophie écologique qui nous enjoint de réagir en faisant le nécessaire, loin de l'idéal. On peut bien dire que le réel est rationnel, puisqu'il suit ses lois, il est néanmoins absurde malgré tout d'affirmer que le rationnel serait réel, tant s'en faut, le nécessaire se heurtant souvent à l'impossible. Vouloir l'ignorer obstinément dans la négation de l'existant ne fait que mener au pire.

Au lieu d'un volontarisme autoritaire prétendant soumettre le réel à ses raisons, nous avons besoin d'une pensée stratégique qui colle au terrain pour saisir les opportunités qui s'ouvrent et se protéger des nouveaux risques. Pas d'illusions, il y aura un retour à la normale avec les mêmes inégalités, injustices, pollutions. Tout ce qu'on peut faire, c'est s'appuyer au plus vite sur le traumatisme de l'événement et la nouvelle prise de conscience de l'unité du genre humain afin d'obtenir les mesures les plus radicales possibles pour diminuer les inégalités, les injustices, les pollutions, améliorer nos protections écologiques et sociales, relocaliser notre économie (au niveau local plus que national). Cela demande à la fois une réaction forte et des objectifs réalistes bien ciblés afin d'arracher des mesures immédiates viables, comme la sécurité sociale au sortir de la guerre quand d'autres attendaient la révolution en vain. L'extrémisme est ici un obstacle presque aussi grand que les intérêts financiers qui s'y opposent en y mettant les moyens. On peut toujours faire le malin en exigeant toujours plus, mais un tien vaut mieux que deux tu l'auras quand on sort d'une situation exceptionnelle. On a d'autant plus besoin dans ce moment crucial de prudence, de modération, de stratégie, de réalisme et de réactivité.

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46 réflexions au sujet de “Retour à la normale”

  1. Franchement tant de philosophie pour en arriver à des conclusions de comptoir du genre : on gagnera peut-être quelques trucs, pour un temps, faut faire la stratégie des petits pas, chacun fait ce qu'il peut au niveau de sa vie locale, on est des produits déterminés, ce qui est sûr c'est qu'on va tous finir dernière un PC dans un monde numérique, un petit peu c'est mieux que rien, etc.

    Ce n'est même pas que ce n'est pas réjouissant, c'est qu'il était inutile de faire autant de philosophie pour en arriver là !

    • Oui, il faut beaucoup de philosophie pour sortir des illusions, des mythes, des religions, des idéologies, ne plus croire au Père noël et regarder la réalité en face afin d'atteindre une véritable effectivité. C'est une philosophie sans consolation certes bien décevante mais la question n'est pas de se faire plaisir et nourrir de fausses espérances quand les enjeux sont vitaux. Il n'a jamais manqué de faux prophètes qui promettent la lune et les paradis futurs, qui vantent l'idéalisme et le volontarisme n'ayant toujours menés qu'au pire mais on n'a plus de temps à perdre avec ces enfantillages quand nous avons besoin d'une pensée pratique adulte. Il ne s'agit que d'obtenir plus d'améliorations réelles que de rêves déçus, ce qui n'est pas un petit enjeu même si notre narcissisme de grands penseurs en prend un coup. Bien sûr, pas seulement les extrémistes sont beaucoup trop attachés à leurs croyances (on croit à tellement de conneries), ce pourquoi il faut beaucoup de critique philosophique comme il m'en a fallu pour m'y résoudre (je vais rassembler dans le prochain billet les éléments de cette philosophie écologique de l'extériorité).

      • Au delà de tout cela , si , je dis bien si, parce que ce n'est pas du tout assuré , si le réchauffement climatique n'avance pas trop vite , il y a de grands espoirs et de grands plaisir de vivre à prendre dans de nouvelles et très concrètes politiques d'aménagement des territoires auto construites par les gens eux mêmes .
        Sur ces aspects là , Jean a beaucoup produit , ce que d'autres récolteront peut être , je l'espère.

      • Oui, il faut beaucoup de philosophie pour sortir des illusions, des
        mythes, des religions, des idéologies

        Pas certain qu'il faille beaucoup de philosophie, c'est plutôt le projet libéral et capitaliste d'établir un monde axiologiquement neutre régenté par des processus sans sujet qui entraîne massivement dans son sillage un foule de gens qui ne croient plus en rien, justement, et de ce fait sont terrifiés et terrassés de n'avoir rien à quoi se raccrocher, se laissant aller aux émotions les plus irrationnelles, comme actuellement avec ce grand moment d'émotion et de perte de tout sens de la mesure que nous vivons. À ce titre, votre billet précédent n'est qu'un énième rajout dans l'hystérie et la peur.

        Enfin, je pense que vous avez tort d'avoir raison, tout simplement parce que l'illusion est nécessaire à la vie et inexpugnable entièrement, sauf à transformer le monde en un cloaque de désespérés sous anti-dépresseurs, ce qu'il n'est pas loin d'être quand on regarde la consommation de ces médicaments. Et même plus, que "l'illusion est leitmotiv de l'action" (Leopardi).

        C'est sûrement dommage, dramatique, anti-philosophique même, mais le monde est plus sensible à la création des illusions et à leur instrumentalisation qu'à l'inverse, c'est même comme ça qu'il change, passant d'une strate d'illusions à une autre dans un processus historique plus ou moins cohérent.

        La vérité écologique laisse les gens indifférents, à manquer complètement de praxis et à décourager des armées de singes, il suffit de l'avoir pratiqué pour le savoir. Et le monde sera ravagé avec la conscience sourde de cette vérité qui n'aura servi à rien.

        Mais je vous souhaite bon courage quand même.

        • Certes, l'illusion est nécessaire pour être dans le jeu (Bourdieu parlait d'illusio, Pascal de divertissement), on ne peut sans doute s'en passer dans l'amour comme en politique (le dernier chapitre du Contrat social est sur la nécessité d'une religion civile), c'est malgré tout assez différent pour la philosophie, qui est supposée être la passion de la vérité, tout comme pour les questions écologiques qui sont objectives exigeant une efficacité pratique, donc éclairée par la science.

          C'est plutôt la science et la technique qui sont responsables du désenchantement du monde, effectivement processus sans sujet comme plus généralement l'évolution dont le capitalisme et le marché ne sont qu'une résultante remplaçant magie, féodalisme et domination par des rapports entre objets (marchandises). Il y a de quoi avoir la nostalgie des rapports humains même s'ils ne sont pas si bons qu'on le prétend (l'enfer, c'est les autres) mais il n'est pas sûr qu'on délire plus que les religieux et djihadistes. Ce ne sont pas nos bons sentiments qui font changer le monde (menant plus souvent au massacre des supposés méchants) mais des forces matérielles. Les illusions et le principe espérance font sans doute agir mais font plus de mal que de bien la plupart du temps.

          Le réel est froid et cruel depuis toujours (épidémies, famines, violences, guerres), cela ne date pas du capitalisme, un minimum d'anthropologie le montre assez. Notre situation dans le monde n'est donc pas facile et même assez désespérante (bien qu'elle ne le soit pas plus que celle des esclaves et miséreux des temps passés ou présents) mais notre responsabilité est d'y faire face et nous avons besoin pour cela du Giec, du diagnostic des scientifiques qui n'est pas sans effets, même insuffisants, plus que des élans du coeur et les rêves millénaires toujours déçus d'une humanité réconciliée qui démentirait tout notre passé.

          Ayant participé au mouvement des communautés hippies, je sais bien comme ces belles idées finissent (et dans les phalanstères du XIXè, on en était arrivé aux mains). Ayant été marxiste (je le suis toujours pour le matérialisme), je suis terrifié par ce qu'est devenu ce projet enthousiasmant. Etant écologiste, j'ai dû faire le constat de notre quasi inutilité jusqu'ici, ce qu'on ne peut plus se permettre. Certes, ce n'est pas ce que j'espérais et j'aurais tant préféré trouver mieux que ces vérités qui blessent.

          En tout cas, les enjeux de sortie de crise sont importants et très concrets, il serait idiot de les rater à trop se monter la tête au nom de quelque idéologie que ce soit, c'est le sens de mon article, sa nécessité, pas une pétition de principe, une conception du monde ni une simple déclaration philosophique mais le prolongement de l'article précédent qui n'en rajoutait absolument pas dans l'hystérie et la peur.

  2. "On a d'autant plus besoin dans ce moment crucial de prudence, de modération, de stratégie, de réalisme et de réactivité."

    A part les timbrés qui nous dirigent, imbus de leur pouvoir qui les rend cinglés comme me le disait le Général de Witasse qui les a fréquentés, c'est ce que font la plupart des humains depuis des millénaires.

    • Voltaire remarquait que les fanatiques hindous (pour ne pas parler des français), savaient très bien compter leurs sous et préserver avec réalisme leurs intérêts mais cela ne les empêchait pas de croire aux dieux et à des conneries comme la métempsychose. Maurice Godelier a bien montré comme le surnaturel était plus réel que le réel pour les sociétés humaines, justifiant tous les crimes. On s'y croit toujours un peu trop, notamment en politique et si les politiques sont nuls, c'est bien qu'on croit à leurs promesses.

        • Il ne s'agit pas de crétins mais de la connerie savante. Les religions ont produit des esprits très raffinés et les plus grands philosophes soutenaient des absurdités par excès de logique tout comme dans les psychoses. Les physiciens ne sont pas en reste avec les absurdes univers multiples d'Everett (pas les multivers de la théorie des cordes) ou le rôle donné à la conscience dans la décohérence. Malheureusement la connerie a toujours dominée les esprits malgré un réalisme pratique sans lequel nous ne serions pas là. Homo sapiens est tout autant homo demens.

          • "Homo sapiens est tout autant homo demens."

            C'est pas faux, tout en étant étonnant.

            L'humain est à la fois tragique, génial et désespérant, vaste oxymore préoccupant.

            Ce qu'il en sortira, je n'en sais strictement rien, je suis un peu con, je dois l'avouer, sur cette histoire.

  3. Christian Grataloup : "Le "jour d’après" aura des traits communs avec ceux des grandes épidémies du passé" :

    On peut donc imaginer que le "jour d'après" aura des traits communs avec ce qui a suivi pour d'autres épidémies. Prévoyons donc des mois, voire une année " folle " comme après l'épidémie de choléra qui a tué notamment 19.000 Parisiens en 1832-1833.

    1834 fut une frénésie de vie boulevardière ! Les théâtres n'avaient jamais été aussi pleins, les terrasses de cafés encore plus bondées qu'avant, avec l'expression d'une fièvre consumériste, un appétit de toutes les rencontres possibles du moment qu'elles étaient "en espace réel" comme on dit "en temps réel". Prévoyons aussi que les leçons de la crise du Covid-19 ne seront guère tirées, sauf pour des aspects mineurs. On fera sans doute des stocks de masques, mais on oubliera assez vite les questions de fond, les maladies de langueur des hôpitaux ou la nécessaire solidarité entre nations voisines, en particulier celles de l'Union européenne. La peste –et la peur qui en découlait, toutes deux endémiques dans l'Europe des 15e-18e siècle– fit construire beaucoup de murs et de maladreries aux frontières, avec souvent l'effet inverse de la prophylaxie souhaitée. Il est encore plus probable que, vite obnubilés par la gestion des contrecoups économiques, on ne renforcera aucune cohésion internationale. Et il sera vite oublié qu'une pandémie est nécessairement mondiale, même si on détricote quelques mailles des chaînes de productions multinationales.

    https://www.sciencesetavenir.fr/archeo-paleo/archeologie/christian-grataloup-le-jour-d-apres-aura-des-traits-communs-avec-ceux-qui-ont-suivi-d-autres-epidemies_143327

    • intéressant, même si le dé-confinement, qui sera certainement très progressif avec un retour du corona virus en automne, ne sera pas propices aux grandes euphories et risque de marquer les esprits un peu plus longtemps que ne dit l'article ... c'est quand même un des pires scénarios qui semble se dessiner avec une crise sanitaire puis économique qui risque de traîner en longueur .... j'écoutais tout à l'heure Daniel Cohen sur France 5 qui parlait du débat qui a lieu entre les économistes , c'est ce qu'il semblait pointer ... avec une situation à la japonaise ( endettement très important et déflation de longue durée ) sur le plan économique où c'est 1 personne sur deux qui va s'appauvrir considérablement ... le choc est rude quand même même si il vaut mieux de l'endettement que des faillites d'entreprises en cascades ... on aura peut être les deux d'ailleurs .... quand les états auront atteint leur limites

    • Si j'en crois un microbiologiste de l'université de Grenoble, qui a publié une tribune dans "Politis" cette semaine, le réchauffement climatique est susceptible au contraire d'affaiblir les défenses immunitaires face à des virus comme la grippe, ce qui donnerait à des virus potentiels le temps de muter en souches plus dangereuses. Il cite la revue "Science" à l'appui de son raisonnement.
      https://www.politis.fr/articles/2020/04/le-role-crucial-des-tests-de-depistage-41663/

      • Apparemment sous certaines latitudes, certaines épidémies ont tendance à se prolonger, ce qui donne aux virus le temps de muter: "Avec le réchauffement de la planète, la saison de la grippe pourrait se prolonger toute l’année, comme c’est déjà le cas sous les tropiques, et cela lui donnera plus de temps pour muter en souches plus dangereuses. Et, selon un article publié en 2019 dans The Scientist (2), un climat plus chaud pourrait « diminuer la réponse immunitaire » des humains, « ce qui nous rend plus vulnérables à des virus comme la grippe »."

      • Nos systèmes immunitaires pâtissent certainement de vagues de chaleur mais on peut penser que ce ne sont ni les virus de la grippe ni les coronavirus qui en profiteront car ils n'aiment pas tellement la chaleur, et il ne manque pas de virus, notamment libérés du permafrost pour en tirer partie, dès lors qu'il y a surpopulation et échanges intensifs. Il se pourrait que la pandémie actuelle nous incite à mieux lutter contre la grippe mais nous offrons un terrain trop propice à d'autres virus pour qu'il n'y ait pas de nouvelles pandémies qu'il faudra prendre de vitesse.

    • On a un début de réponse aujourd'hui avec une très grande sécheresse et température élevée, qui dans ma région met tous les agriculteurs en souci .
      Le cumul des précipitations de Mars a été le plus faible observé. Et pas de pluies significatives prévues par météo France dans la quinzaine.
      Si le hasard des anticyclones maintient la tendance sur mai et que les températures augmentent , nous aurons encore le corona virus et en prime la canicule et les incendies . Mon ressenti physique dans mes champs est pesant et pessimiste . Ce qui heureusement ne peut présager rien d'assuré.

  4. Nulle doute que nous aurons droit au chantage de la dette ("l'asservissement par la dette" comme l'écrit Jean Clet Martin) alibi de nouvelles politiques d'austérité et surtout d'une accélération du néolibéralisme. Une "Stratégie du choc" (Naomi Klein).

    • C'est vraiment débile de parler de chantage de la dette comme si la dette n'était qu'un alibi, n'était pas réelle et qu'elle n'était pas réellement asservissante depuis la préhistoire (la dette de sang entre autres). On a tous nos intellectuels de gauche qui se déchaînent vainement dans le yaka faucon alors que, si les taux remontent, il y aura vraiment un krach de la dette et une situation incontrôlable, de même si on prolonge le confinement jusqu'à fin mai. Nos gouvernants semblent bien dépassés et assez incompétents mais le dire ne nous protégera pas du pire, on n'a pas de génie politique de rechange. Il est intéressant par contre de remarquer que les pays qui se sortent le mieux de la pandémie pour l'instant sont dirigés par des femmes...

  5. Il faut rappeler que la justification d'un confinement général n'est pas d'arrêter la pandémie (qui semble régresser et n'être que 5 fois plus mortelle que la grippe ?) mais de lisser la courbe et d'éviter la saturation des services de réanimation car, sinon, cela risque de faire plus de mort que le coronavirus lui-même, notamment, mais pas seulement bien sûr, en Afrique :

    En raison de problèmes de distribution de moustiquaires et de médicaments à cause du coronavirus, près de 400.000 personnes supplémentaires pourraient mourir du paludisme cette année.

    Pour ma part je sors à peine d'une sévère infection, d'origine dentaire au départ, qui aurait pu m'emporter si les antibiotiques n'étaient si efficaces, mais les dentistes restent fermés encore un moment semble-t-il, comme bien d'autres services aussi vitaux.

    Des chercheurs élaborent des stratégies de déconfinement différenciées par zones très élaborées mais qu'il ne semble pas cependant qu'on ait vraiment les moyens de mettre en place :

    https://www.larecherche.fr/covid-19-math%C3%A9matiques-mod%C3%A9lisation/du-confinement-au-marquage-vert-une-strat%C3%A9gie-de-sortie-de-crise

    Enfin, le début d'un article de 2009 écrit à l'occasion de la vague de suicides en entreprises connaît un regain d'intérêt, le début sur le rôle des crises vitales (guerres) résonnant bien avec notre situation actuelle et ce billet-ci sur le retour à la normale.

    http://jeanzin.fr/2009/10/05/le-capitalisme-et-la-mort/

    • Je serais assez d'accord avec lui s'il n'en faisait pas trop, tout comme Raoult. D'abord, il y a une grosse différence avec la grippe, c'est la saturation des services de réanimations qui a motivé le confinement dans l'incapacité de faire des tests mais ce n'est effectivement pas la meilleure stratégie. Par contre, paniquer la population était absurde et le déconfinement est urgent pour ne pas être pire que le mal dès lors que qu'il n'y a plus saturation.

      Il est facile d'être donneur de leçons mais on constate en tout cas comme les scientifiques ne sont pas moins débiles que les autres (on a des prévisions stupides comme si la pandémie devrait durer toujours) et que ceux qui n'y connaissent rien réagissent en meute se prenant pour les gardiens de la vérité et de la méthode scientifique. La connerie est au plus haut, favorisant les discours extrêmes, il faudrait s'en rendre compte mais ne pas confiner pour ne rien faire n'était pas une solution, on l'a vu en Grande-Bretagne.

      Sauf en Russie et en Amérique, on est en tout cas apparemment en fin d'épidémie (le virus évoluant vers une version atténuée, sorte de vaccin naturel), les masques et les vaccins risquent d'être inutiles et en surproduction, venant trop tard après la bataille, mais on ne pouvait pas laisser les cadavres s'accumuler sous prétexte que ce ne serait qu'une petite grippe. On a découvert du moins l'étendue de notre ignorance et de notre impuissance.

        • Ce qui est époustouflant, c'est que le stock de masques en France pour faire pare choc en cas de pandémie a tout simplement été foutu à la poubelle après date de péremption, au lieu d'entretenir un stock roulant en pile first in-first out avant la UBD, classique en gestion des stocks selon la péremption. Ce pays est tout de même géré par de sacrés crétins indélébiles.

        • Le niveau du débat est à gerber, comme presque toujours sur internet, et le tweeter en est une caricature. Certes, être spécialiste du chamanisme ne donne aucune compétence sur ce sujet, contrairement à Raoult qui est un spécialiste de la question et peut dire des conneries mais est plus compétent que nous tous malgré tout. Cela n'empêche pas qu'il y a beaucoup de vérités dans cette vidéo et que vouloir tout annuler par des attaques ad hominem est juste faire preuve de sa propre stupidité.

          Surtout que la viralité de cette vidéo par un inconnu est d'abord le symptôme de notre moment de sortie de la pandémie. Tous les grands scientifiques très sérieux qui prédisaient l'apocalypse et qu'on ne sortirait jamais du confinement, et qu'il n'y aurait pas de vaccin ni d'immunité, etc., ont dit bien plus de conneries encore et le prétendu nouveau médicament miracle n'est pas plus efficace que la chloroquine sans que cela soulève autant d'indignation.

          Il est bien sûr facile, je le redis, de critiquer le passé après-coup et Raoult a trop minimisé lui aussi la saturation des services d'urgence, c'est-à-dire la brutalité de la pandémie, tout comme en Equateur, au Brésil, à New York, etc. mais il est certain que le confinement général est la pire des solutions et que les pays qui ont bien réagi n'en ont pas eu besoin.

          En l'absence de tests on n'avait pas le choix mais les scientifiques ayant nourri la panique ne sont pas plus scientifiques que les autres, la cacophonie ayant dominée dès le début - ceci dit, c'est toujours comme cela en sciences où les opinions les plus opposées se confrontent, seule l'expérience pouvant trancher après-coup, mais c'est plus compliqué que ne le croient les âmes simples.

          Les masques ne sont pas aussi importants qu'on le dit maintenant après avoir prétendu qu'ils ne servaient à rien mais on voit bien que c'est une conséquence de la grippe porcine qui a disparue plus vite que le coronavirus, ce sont les événements qui décident pour nous, il n'y a pas de clairvoyance scientifique comme on voudrait nous en persuader, le "consensus" est toujours biaisé.

          • "contrairement à Raoult qui est un spécialiste de la question"

            Ce qui est à vomir, c'est l'ignorance de Raoult concernant les essais cliniques. Il n'est spécialiste que d'une partie du problème et fait n'importe quoi sur le reste en toute illégalité. Mais vous vous en foutez qu'il fasse des essais cliniques complètement barrés sur des mineurs.

            "mais c'est plus compliqué que ne le croient les âmes simples."

            Ah ben forcément, vous êtes une âme complexe supérieure.

            "et que les pays qui ont bien réagi n'en ont pas eu besoin."

            Ah ? Où ça ? Il y a eu confinement partout dans les pays fliqués ou pas.

            "et qu'il n'y aurait pas de vaccin ni d'immunité, etc., ont dit bien plus de conneries encore et le prétendu nouveau médicament miracle n'est pas plus efficace que la chloroquine sans que cela soulève autant d'indignation."

            Personne n'a parlé de médicament miracle à part Raoult.

            Il n'y a actuellement que des molécules présumées efficaces, alors arrêtez de raconter des conneries alors que vous n'y connaissez rien en virologie, pharmacologie ou essais cliniques. Ras le bol !

            Vous racontez n'importe quoi sans aucune chronologie de cette affaire. Seul Raoult a comparé cette pandémie aux accidents de trottinettes. Ce genre de comparaison est déjà un indice de stupidité.

          • Et puis lisez Anthony Fauci et des chercheurs chinois ou d'ailleurs concernant ce Cov au lieu de faire la promo de Raoult.

            Et puis renseignez vous sur ce que sont des essais cliniques, moi je les ai travaillés au quotidien. Vous n'avez rien foutu dans ce domaine à part raconter des fariboles rigolesques comme le savant de Marseille.

          • Il se trouve que je suis un peu plus au courant que la plupart des recherches scientifiques mais on va être obligé de se passer de vos éructations sans aucun intérêt sur ce blog confidentiel.

  6. On est donc revenu à la normale ou presque, avec le retour des bagnoles et des embouteillages, sans qu'il y ait l'ombre d'un nouveau monde espéré mais cela n'empêchera pas les mêmes d'y croire encore à la prochaine occasion (l'élection présidentielle?) et de me traiter de défaitiste une nouvelle fois à ne plus croire au père noël, mais c'est moi qui me déconsidère, paraît-il, à trop avoir raison, hélas !

    On va enfin pouvoir sortir par contre de la panique ayant conduit à une politisation débile du débat médical, les plus ignorants se faisant défenseurs de la méthode scientifique comme de la vraie religion et jugeant un véritable scientifique à ses opinions politiques ou à ses soutiens - dont pas mal sont effectivement peu recommandables. La pensée de groupe, la haine et les biais de confirmation sélectionnant unilatéralement les informations atteignaient un niveau effrayant.

    Il fallait annoncer le pire pour être de gauche et croire aux prévisions les plus alarmistes et là encore à une sorte de fin du monde. Force est de constater que si Raoult a dit des conneries aussi, notamment avant l'arrivée du virus (ce n'était pas une grippette et le problème était la saturation des urgences devant la brutalité de la contagion, pas une peur déraisonnable comme d'autres le prétendent désormais), pour le reste il connaissait mieux la question que tous les épidémiologistes improvisés nous prédisant l'apocalypse et une épidémie sans fin. Les vaccins et traitements supérieurs à la chloroquine (qui n'était certes pas un traitement miracle) venant après la bataille, devenus inutiles ou presque (ils serviront quand même aux prochaines pandémies).

    Il faudrait maintenant revenir sur terre et construire des stratégies politiques réalistes pour la suite, et notamment pour la transition écologique face au réchauffement avec la canicule qui s'annonce, mais il n'y a pas pour l'instant beaucoup plus de raisons d'espérer de ce côté (sinon la violence et le racisme policier un peu plus sanctionnés?).

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