Le savoir-vivre à l’usage des post-modernes

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C'est fou le nombre de gens qui voudraient nous apprendre à vivre, flics, curés, psychologues, éducateurs, philosophes médiatiques, etc. A cette foule innombrable, se joignent désormais quelques pseudo-révolutionnaires pontifiants et surtout les nouveaux écologistes qui nous font la morale et prétendent savoir ce qu'il nous faut : une vie naturelle et même pour certains une écologie mentale, mazette ! D'une certaine façon, on peut dire que cette pression sociale est inévitable mais si « le temps d'apprendre à vivre, il est déjà trop tard », c'est qu'apprendre à vivre, on ne fait que ça, c'est la vie elle-même et pourquoi il ne peut y avoir de véritable « savoir-vivre » en même temps que ce savoir nous constitue et se construit tout au long de notre existence avec son lot de ruptures, de retournements, de désillusions, de surprises.

Ce serait une terrible régression pour nos libertés de ne pas respecter une stricte laïcité sur ce sujet et, de même que les professeurs n'ont pas à se prendre pour des éducateurs mais à transmettre leur savoir, l'écologie-politique ne peut décider de ce que serait la bonne vie, devant absolument se limiter aux dimensions cognitives et politiques sans pénétrer aucunement dans l'espace privé auquel doit être laissé la plus grande autonomie.

Comme toute séparation, celle du privé et du public reste malgré tout relative et poreuse, ce qui était déjà sensible dans la médecine et ses enjeux biopolitiques mais se manifeste singulièrement de nos jours avec le féminisme ou l'écologie. C'est pourtant cette séparation entre morale et politique qu'on cherchera à maintenir fermement ici en montrant d'abord pourquoi il ne peut y avoir de véritable savoir-vivre (qui serait une vie déjà vécue) malgré ce qui se présente comme tel, puis, on essaiera de démêler dans les préceptes écologistes ce qui relève de la politique et ce qui relève d'un strict moralisme.

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La transition énergétique

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On n'a rien vu encore. La crise économique s'aggrave en devenant crise politique mais ce n'est pas notre seul problème, ni peut-être le pire car la crise énergétique va rapidement revenir sur le devant de la scène. En effet, le pic de la production pétrolière pourrait bien être atteint en 2014. Oui, dans 4 ans seulement, vous avez bien lu ! Ces annonces sont toujours sujettes à caution, très dépendantes du niveau des cours, mais justement la retombée de ce qu'on a pris pour une bulle du pétrole (à l'origine de l'écroulement financier) a découragé des investissements qui auraient pu exploiter d'autres sources et, c'est un fait, les capacités actuelles sont à leur maximum. On va donc se trouver avec des risques de pénurie sur une période de plus de 10 ans sans doute. Ce n'est pas la fin du pétrole, bien sûr, encore moins l'apocalypse mais juste le signe de la remontée des prix parallèlement à l'activité économique.

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L’intervention des peuples

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La situation semble complètement absurde où les gouvernements se retournent contre leur peuple et, comme un quelconque FMI jouant les croquemitaines, veulent imposer des politiques ne pouvant qu'aggraver la crise. C'est là qu'on se rend compte que les gouvernements qu'ils soient de droite ou de gauche ne sont que les fondés de pouvoir des marchés financiers, avec une marge de manoeuvre très limitée, démonstration à quel point les élections sont des pièges à cons, ne visant qu'à nous faire accepter le système, nous en faire les complices !

On a surtout la démonstration de la nécessité de l'intervention des peuples pour mettre une limite à des logiques devenues folles et dénoncer les dettes accumulées sur notre dos. L'histoire ne se fait pas toute seule même si on ne fait pas ce qu'on veut et qu'on en est à peine les acteurs. Tout phénomène laissé à lui-même va à sa perte selon les lois de l'entropie universelle. Sans notre intervention les bornes seront vite dépassées, de même qu'il faut souvent faire grève pour empêcher les petits chefs de péter les plombs et les cadences de devenir infernales. Notre dignité est de mettre des limites, d'exiger le respect de notre humanité, ne pas être réduit à un chiffre ni un moyen pour des fins qui nous sont étrangères. Les caves se rebiffent quand on pousse le bouchon un peu trop loin ! Ce n'est pas une question de sensibilité ou de caractère mais une nécessité logique.

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Revue des sciences 03/10

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etc.

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On a les moyens de s’en sortir !

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La situation semble complètement bloquée, présageant du pire. Une étincelle suffirait à tout faire exploser et on a du mal à voir comment cela pourrait s'arranger, la montagne de dettes accumulées devant être détruite d'une manière ou d'une autre, le plus probable étant par l'inflation (un nouveau cycle de Kondratieff). La décision prise de bloquer les dépenses n'est pas seulement le contraire de ce qu'il faut faire mais elle est tout bonnement impossible.

Avec toutes les autres crises qu'il faut affronter (écologique, géopolitique, technologique, anthropologique), il y a vraiment de quoi paniquer. Et pourtant, largement grâce à l'intervention des Etats et aux protections sociales, tout semble continuer comme avant et on a le plus grand mal à imaginer un désastre prochain. On peut penser que c'est folie mais on peut y voir aussi un acquis du sauvetage du système financier renforçant la certitude d'avoir les moyens de sortir de la crise. Or, cette certitude elle-même peut constituer un facteur aggravant dans un premier temps tout en précipitant malgré tout la réorganisation du système et l'intégration mondiale dans un deuxième temps.

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Le désir comme désir de l’Autre

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On ne peut rien comprendre au monde sans dialectique, on ne peut rien comprendre à la succession des idéologies libérales, totalitaires, néolibérales, etc. Ce n'est pas seulement l'identité des contraires, fondement de l'ésotérisme et d'un savoir paradoxal réservé au petit nombre, ni même leur complémentarité ("L'erreur n'est pas le contraire de la vérité. Elle est l'oubli de la vérité contraire". Pascal). Il s'agit bien de leur contradiction active dont nous sommes plutôt les sujets, produits de l'époque que nous produisons, de même que nous sommes les produits des autres, d'une culture et d'un langage que nous participons à (dé)former et transmettre. Le désir illustre parfaitement cette dialectique entre intérieur et extérieur en tant qu'il est désir de désir.

Si la dialectique est indispensable, à condition de n'être pas un simple artifice, pour penser les renversements de situation, les changements de mode et d'idéologie, elle l'est tout autant pour sortir de la logique d'identité et de l'illusion du moi autonome alors qu'on est entièrement pris dans les discours institués et les relations sociales. Il faut bien dire que le dévoilement de la dialectique du désir comme désir de désir peut avoir un véritable effet de désidération en découvrant soudain que, ce qu'on croyait le plus nôtre, notre désir obstiné de ceci ou cela, n'est que le désir de l'Autre (de sa mère par exemple) ! Difficile à avaler, sans doute, mais pour en finir avec l'individualisme méthodologique, il faut marteler ce que la psychanalyse enseigne de l'inconscient : vous ne savez rien de votre désir qui se joue de vous, sur une autre scène. On n'est pas cause de soi, c'est l'Autre qui nous cause. La philosophie y trouve sa limite mais c'est bien le fétichisme du désir qui s'y dénonce et sa perversion intrinsèque qui n'est pas imputable à sa dénaturation causée par les conditions modernes d'existence. Le désir comme désir de l'Autre constitue un des apports fondamentaux de Lacan qui ne semble pas avoir été intégré encore dans notre culture pourtant, refoulé systématiquement sous des métaphores trompeuses machiniques ou biologisantes, quand elles ne sont pas morales ou religieuses, alors que c'est l'énonciation qui est en cause, qui parle et à qui ?

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La lutte pour l’hégémonie

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Bien que ce soit au pas lent de l'histoire, il semble qu'on entre cette fois véritablement dans la crise économique avec les chômeurs en fin de droit et la fragilisation des Etats. Tous ? non, pas la Chine qui, pour l'instant, prouve la supériorité des dictatures sur les régimes libéraux (ploutocratiques) en périodes de crise. Elle n'est pas, bien sûr, à l'abri de troubles sociaux et pourrait connaître une résurgence du maoïsme sous une forme nouvelle, même si cela paraît impensable encore. La seule chose qui soit sûre, c'est que les choses vont bouger, en faveur de la Chine inévitablement, on ne sait à quel point et tout est là car on peut attendre le pire de la confrontation d'un empire américain déclinant, dont Obama éprouve l'impuissance, et une puissance chinoise émergente qui monte à la tête de leurs dirigeants.

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Revue des sciences 02/10

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Sortir du capitalisme

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La crise a remis à l'honneur la nécessité de sortir du capitalisme mais la plus grande confusion règne sur ce que cela pourrait signifier et les moyens d'y parvenir. Pour certains, comme les partisans de la taxe Tobin ou de l'interdiction de la spéculation sur les prix, on devrait parler plutôt d'une sortie du capitalisme financiarisé et dérégulé qu'on a connu depuis 30 ans, tout comme pour ceux qui veulent un meilleur partage capital/travail et plus de protectionnisme. Pour d'autres, c'est le marché lui-même qui est en cause, voire la vénalité de l'homme, son individualisme ou son égoïsme. On fait appel aux valeurs, on voudrait moraliser le capitalisme et ses profits sans comprendre qu'il s'agit d'un système qui élimine ceux qui voudraient faire preuve d'un peu trop de moralité justement ! Bien sûr, de nombreuses mesures préconisées sont positives, qu'elles jouent sur les régulations, les normes ou la redistribution mais on ne peut parler en aucun cas d'une sortie du capitalisme.

Il ne fait pas de doute qu'il faut revenir aux analyses de Marx pour apporter un peu plus de rigueur à l'anti-capitalisme, ce qui ne veut pas dire qu'on devrait reprendre les réponses étatiques que le marxisme-léninisme a voulu y apporter et qui ont été infirmées par l'histoire. On doit bien admettre que ce n'est pas aussi simple qu'on le croyait et qu'on ne fait pas ce qu'on veut. Il nous faut trouver d'autres voies pour sortir du salariat et du productivisme, de la détermination de la production par le profit tout comme de la marchandisation du monde.

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Qu’est-ce que l’écologie politique ?

Temps de lecture : 23 minutes

La question de la nature de l'écologie-politique se pose du fait qu'il s'agit d'un mouvement émergent, se constituant en réaction à des questions concrètes, et non de l'application d'une doctrine préalable. On peut dire que son corps de doctrine, encore très disputé, s'est constitué en marchant, ce qui justifie l'approche historique en général adoptée.

L'inconvénient de cette approche est cependant de ne pouvoir sortir tout-à-fait de la confusion initiale, notamment de la religiosité, du romantisme et du volontarisme dont l'écologie-politique a tant de peine à se débarrasser, réduite à une aspiration morale, à une pure question de valeurs, un désir d'harmonie sinon d'amour des hommes et des bêtes, au lieu d'une responsabilité incontournable qui en fait plutôt un enjeu cognitif vital. Il ne s'agit pas, en effet, dans la prise en compte des contraintes écologiques, de préférences personnelles : sur ce plan, on n'a pas le choix ! La réduction de l'écologie-politique à l'amour de la nature est à la fois inévitable historiquement et intenable pratiquement. Il faut l'affirmer haut et fort, on n'a pas besoin de faire de sentimentalisme pour prendre l'écologie-politique au sérieux, notamment sa dimension politique qui introduit dès lors la division entre les écologistes qu'on ne peut absolument pas rassembler en un seul courant qui irait de l'écologie profonde à l'écologie sociale.

Il y a nécessité d'un retour au réel et d'une définition plus conceptuelle et critique de l'écologie-politique comme nouveau stade cognitif, celui de la post-modernité et de l'unification du monde dont on est devenu responsables (jusqu'au climat à l'ère de l'anthropocène), avec toutes les implications pour la politique de la prise en compte des enjeux écologiques. Dans ce cadre, et comme son nom composé l'indique, l'écologie-politique doit intégrer la contradiction entre nature et culture (campagne et ville), posant des limites aux possibles, à nos capacités techniques de transformation du monde comme de nous-mêmes, mais il est bien question d'intelligence collective à construire et non de conversion des âmes, il est question de projet politique et non de morale.

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La haine de la pensée

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Tout le monde pense, cela ne fait pas question : tout vient de là, c'est une évidence, le pire comme le meilleur, non seulement notre intelligence plus qu'animale mais aussi toute l'étendue de la bêtise humaine qui en représente l'envers, aussi vrai que l'homo sapiens est tout autant l'homo demens. Les progrès des sciences et les grands penseurs du passé nous aveuglent sur nos propres capacités qui n'ont pas tellement progressé pourtant depuis la préhistoire : nous ne sommes guère que des "nains juchés sur des épaules de géants" selon l'expression de Bernard de Chartres.

Ce n'est donc pas parce qu'on pense qu'on ne penserait pas des conneries, tout au contraire, et si le bon sens est la chose du monde la mieux partagée, il se pourrait bien qu'il ne soit constitué que des préjugés de l'époque, de l'idéologie dominante, du "discours courant" et du conformisme de la "pensée de groupe", sans parler de toutes sortes de névroses individuelles ou collectives...

Voilà qui complique singulièrement une démocratie qui n'est pas le royaume de la raison qu'on prétend mais se trouve menacée depuis l'origine par la démagogie, le clientélisme, la fanatisation jusqu'à nos formes modernes de fascismes. C'est tout autant l'économie libérale qui s'en trouve ébranlée par les bulles spéculatives et les krachs qu'elles provoquent régulièrement, répétant systématiquement les mêmes erreurs. Si tout cela n'est pas une évidence, et comme refoulé derrière les beaux discours qui flattent notre intelligence, c'est bien parce que le fait que tout le monde pense et s'en glorifie n'empêche absolument pas une haine de la pensée à peu près universelle dont il faudrait prendre toute la mesure !

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Revue des sciences 01/10

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Psychanalyse et politique

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Dans la conjonction des crises actuelles (économique, écologique, géopolitique, anthropologique) aucune des solutions du passé ne peut plus convenir, toutes ayant échoué d'une façon ou d'une autre, leur échec étant à chaque fois un échec de la liberté. La dialectique de l'histoire nous force donc à innover non seulement pour sauvegarder nos libertés menacées mais en conquérir de nouvelles.

Cette nécessité historique nourrit le retour de toutes sortes d'utopies constituant autant d'obstacles aux luttes concrètes et à la construction d'une véritable alternative. Un idéalisme exacerbé s'imagine qu'il suffirait de faire appel à l'amour et la fraternité plutôt qu'à une solidarité construite, comme si on avait tout oublié de la psychologie des foules. Ce supplément d'âme exprime un volontarisme sans contenu ni projet nous éloignant des enjeux matériels en même temps qu'il accentue paradoxalement la dispersion et le repliement sur soi. La résurgence de ces discours émotionnels, et de l'irrationnel qui va avec, rappelle des années sombres et ne présage rien de bon.

Il apparaît clairement qu'une bonne part de ces égarements qu'on croyait dépassés pourrait être imputée à un certain oubli de la psychanalyse, au refoulement de ce qu'elle a rendu manifeste pourtant aux yeux de tous. Après son éclipse de ces dernières années, il semble bien qu'il y aurait urgence désormais à réintroduire les leçons de la psychanalyse dans la politique comme dans la philosophie.

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La réalisation de la philosophie

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Entrer dans le 21ème siècle avec la pensée d’André Gorz, CitéPhilo.

Je ne suis pas un homme de parole, je crois que je l'ai prouvé de nouveau à Lille, le 28 novembre, où j'étais invité à parler d'André Gorz ! Si nous étions trop nombreux et le temps imparti trop court, l'intérêt de ces rendez-vous manqués, c'est de se poser la question de ce qu'on aurait à dire à un public qu'on imagine philosophique.


Il m'est apparu indispensable de ne pas réduire la dimension philosophique d'André Gorz au seul ouvrage qui en relève explicitement, "Fondements pour une morale" qui n'est pas sans faiblesses, et d'insister plutôt sur sa dimension politique de reprise du projet de "réaliser la philosophie" après le terrible échec du communisme.

Il est tout aussi impossible de se couper d'une histoire de l'émancipation que de faire comme si le collectivisme bureaucratique n'avait pas échoué partout. L'indigence de ce qui reste des théoriciens marxistes devrait inciter à refaire ce parcours qui va du marxisme à l'écologie politique, en passant du collectivisme à l'autogestion puis à la réduction du temps de travail avant de se focaliser sur le travail autonome et la sortie du salariat grâce au revenu garanti et l'économie de l'immatériel. Il ne s'agit en aucun cas de revenir en arrière mais bien de continuer l'histoire, et dans l'état de confusion actuelle, une clarification des enjeux semble on ne peut plus nécessaire !

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Revue des sciences 12/09

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Penser l’après capitalisme avec André Gorz

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Le numéro 33 d'EcoRev', "Penser l'après capitalisme avec André Gorz" vient de sortir avec Changer de système de production et des articles originaux de René Passet, Yann Moulier-Boutang, Bernard Maris, etc. (cliquer sur l'image pour la présentation).

Pour commander le numéro : http://ecorev.org ou http://www.difpop.com

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Le pluriel du futur

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On voudrait en finir avec le capitalisme comme on a cru en avoir fini avec le communisme. Rompre avec son passé, quel rêve ! Effacer ses traces sur internet ou brûler les livres autrefois adorés. Ainsi, la révolution culturelle voulait faire table rase de l'héritage confucéen, tout comme en 1989 les bibliothèques se sont vidées des oeuvres de Marx...

Ce que notre époque post-moderne devrait apprendre pourtant, c'est tout au contraire que rien ne se perd. Le passé ne disparait jamais complètement et laisse ses traces, ineffaçables. Nous sommes plutôt condamnés à l'éternel retour du même, aux résurgences de souvenirs oubliés, comme la religion orthodoxe en Russie !

Il faut se persuader en effet que toute négation étant partielle ne peut jamais faire que ce qui a été n'ait été et ne reste d'une certaine façon notre présent. On ne fait jamais qu'ajouter de nouvelles possibilités aux anciennes. Peindre notre avenir aux couleurs de nos rêves est aussi absurde que les visions cauchemardesques et si des révolutions sont encore bien nécessaires ce n'est pas pour achever l'histoire par la victoire contre le mal et la réconciliation des coeurs. Non, le futur ne sera pas homogène, ce sera un futur pluriel aussi bien pour les systèmes de production que pour les modes de vie, les idéologies ou les religions.

Reconnaître la division de la société tout comme la division du sujet semble bien notre tâche historique, tâche qui peut avoir l'air insurmontable mais qui est pourtant un préalable indispensable, on le voit bien, à sortir la gauche de l'impuissance et de l'éclatement, écartelée entre un idéalisme débridé et un simple réalisme gestionnaire à courte vue. Il faut revenir encore une fois à Hegel pour critiquer ce que la fin de l'histoire marxiste pouvait avoir gardé de religieux.

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Critique de la valeur, valeur de la critique

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Anselm Jappe, Les aventures de la marchandise, pour une nouvelle critique de la valeur
C'est pour répondre à de multiples demandes que j'ai fini par me résoudre à reprendre la critique de la critique lorsqu'elle s'égare sur le terrain des valeurs et prétend nous découvrir le secret du monde dans la tromperie de la marchandise. J'ai déjà eu l'occasion de dénoncer les propensions de notre époque à l'idéalisme qui s'insinue jusque chez les derniers marxistes s'imaginant encore que ce sont les idées qui mènent le monde !

Il faut bien dire qu'il peut être très difficile de sortir de certaines fourchettes mentales, fasciné par des déductions trop logiques. Ici, on se monte la tête avec un Marx ésotérique, bien caché en effet puisque c'est celui du premier chapitre du Capital (!), et qui n'aurait d'autre souci que de nous guérir de notre fétichisme ! Il est tout de même étrange que les analyses de Marx soient interprétées de façon si peu matérialiste et qu'une critique métaphysique de la valeur prétende nous sauver alors que c'est très matériellement que la valeur-travail est attaquée par les nouvelles forces productives immatérielles.

Il y a une grande étrangeté à pouvoir être d'accord avec une grande partie de ce livre, sur l'abstraction de la valeur et des rapports sociaux dans un système de production devenu autonome, en particulier sur la nécessité de sortir du salariat mais sans que cela puisse signifier une quelconque "fin du travail" ou de tout "système" de production, seulement passer du travail forcé au travail choisi et du salariat au travail autonome ! Il est effectivement très inquiétant de constater qu'on puisse être si proche de la vérité et la rater complètement pourtant, en inversant simplement l'ordre des causalités. Car ce qui est déterminant, qu'on le veuille ou non, c'est bien la production matérielle et "le bon marché des marchandises qui est la grosse artillerie renversant toutes les murailles de Chine" (K.Marx, Manifeste) !

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