La fin de la politique

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Politique_par_Miss_TicPlus la situation est bloquée, et dépourvue de toute perspective, et plus on se croit obligé de proclamer sa radicalité, appeler à l'insurrection et promettre une société idéale refaite à neuf, en rupture totale avec la société précédente et tous les millénaires passés... sans aucune chance, bien sûr, d'aboutir à rien, sinon au pire. Car ces visions exaltées, qui sont récurrentes dans l'histoire et auxquelles je n'ai pas échappé avec ma génération, ne sont pas du tout si innocentes qu'on croit mais répondent bien plutôt à un besoin profond dont les Islamistes nous rappellent le caractère à la fois religieux et criminel, en dépit d'intentions si pures (où, dans leur rêve, il n'y aurait aucune raison de ne pas être de leur côté sauf à être foncièrement mauvais).

Plutôt que s'imaginer devoir renforcer les convictions, gagner l'hégémonie idéologique, changer les esprits, appeler à l'amour universel, il faudrait pourtant en finir au contraire avec ces conceptions messianiques de la politique et d'une communauté fusionnelle pour revenir à la dimension matérialiste et pluraliste d'une politique démocratique qui n'est pas "souveraine" et dominatrice mais bien plutôt faite de compromis et de rapports de force. C'est ce qui est sans aucun doute inacceptable à la plupart dans ce besoin d'absolu devant l'injustice sociale et les désastres écologiques qui s'annoncent. C'est pourtant ce qui constitue la condition pour donner un minimum d'effectivité à nos protestations et avoir une petite chance d'améliorer les choses au lieu d'aller de défaites en défaites (en croyant garder la tête haute et n'avoir pas à s'en alarmer!). Il y a le feu, il n'est plus temps de faire des phrases et se donner des grands airs.

Il est certainement d'autant plus difficile de garder un réalisme matérialiste quand l'ordre ancien s'écroule, qu'on ne peut plus se limiter à des ajustements de détail mais qu'il faut mettre en place de nouvelles institutions. Il semble que cela ouvre les vannes à tous les délires et imaginations débridées alors que la crise restreint au contraire les possibles et qu'il faudrait faire preuve de la plus grande rigueur et modestie pour répondre à des contraintes écologiques, on ne peut plus matérielles et de plus en plus pressantes, tout en adaptant les rapports de production aux nouvelles forces productives pour en assurer la reproduction matérielle et la soutenabilité. On en est loin mais on serait là dans le concret de réponses à donner, pas dans la reconstruction de la société et de l'économie sur des principes abstraits et l'idéalisation du genre humain (ou du "peuple"). Il ne s'agit pas tant de ce qu'on veut que de ce qu'on peut, non pas de ce dont on rêverait et qui diffère pour chacun mais de ce qu'on est obligé de faire pour nous adapter pas trop mal à une mutation anthropologique radicale comme il n'y en a jamais eu à cette vitesse là dans l'histoire.

Prétendre, pour encourager les plus naïves ou folles, que les utopies d'aujourd'hui seraient la réalité de demain est une imbécillité, les "utopies" qui réussiront étant par définition les plus réalistes. Le mouvement ouvrier n'a pris de l'ampleur qu'à tourner le dos au socialisme utopique pour s'engager dans des luttes concrètes. Ce que le marxisme avait sans doute de meilleur, c'était de développer des analyses matérialistes, sociologiques, économiques et une conception stratégique de la lutte des classes - mais l'utopie n'y était que repoussée à plus tard ! Il est certain qu'on a bien du mal à faire le deuil de nos idéaux et se faire tout simplement à l'idée que le monde existe vraiment en dehors de nous, avec toute sa dureté, et qu'il est immense, pas seulement les espaces infinis mais ce qu'on appelle un peu vite "chez nous", sur cette vieille Terre où nous sommes pris dans des tourbillons puissants qui nous balaient comme poussière... même si notre industrie devient elle-même la cause d'immenses destructions et perturbe toute la biosphère à l'ère de l'anthropocène. Notre puissance d'agir pour transformer le monde est beaucoup plus limitée qu'on ne voudrait s'en persuader dans l'enthousiasme des foules et c'est ce qu'il faudrait reconnaître d'abord, dans ce que cela peut avoir de désespérant effectivement. Nous ne sommes pas dans un non-lieu imaginaire mais dans des lieux chargés d'une lourde histoire, un monde dans lequel nous sommes nés, dans lequel nous avons été jetés comme dit l'autre, mais qu'en tout cas nous n'avons pas choisi.

Prendre acte de notre emballement premier, d'une impossible position de créateur du monde qu'il nous faut abandonner, ne veut pas dire qu'on devrait se laisser faire, rester entièrement passifs, et qu'on n'aurait prise sur rien. Simplement, notre première tâche est de déterminer ce qu'on peut faire, ce qui est à notre portée et devrait être le principe fondamental de toute stratégie politique, pas de promettre la lune. Etre décidé à tirer parti de la situation pour aller le plus loin possible dans la transformation sociale ne peut signifier en surestimer les potentialités et nos pauvres moyens qu'il ne faut pas dilapider en combats perdus d'avance.

Les visions qu'on peut appeler théologiques de la politique, à prétendre viser la totalité, la rendre conforme à notre pensée (société communiste, conviviale, harmonieuse, juste, égalitaire, etc.), ne peuvent être que totalitaires et corrompues, que ce soient avec les plus grands idéaux de révolution culturelle ou de jihad divin, d'une totalité sociale supposée se régler sur notre juste loi. Ce n'est pas seulement qu'elles sont condamnés à échouer mais à tomber au pire dans la négation d'un réel qui leur résiste et les dément. L'anti-totalitarisme n'est pas seulement l'alibi de petits intellectuels de seconde zone convertis au libéralisme mais la leçon du XXème siècle, qu'on le veuille ou non, et qu'il faut bien intégrer. Assurément, les croyants qui s'y croient ne peuvent s'y résoudre, vous accusant de traîtrise, de défaitisme, de vendu, voulant vous faire taire par leur terreur criarde !

Ce n'est pas pour autant que la totalité soit immuable et ne puisse changer du tout au tout, seulement sous l'effet de forces qui nous dépassent : développement économique, effondrement systémique, guerres mondiales, mutations technologiques, pandémies, bouleversements écologiques, etc. Nous pouvons en être la cause sans que ce soit voulu en rien, effets pervers dit-on qui sont la sanction du réel et nous échappent en grande partie même si nous progresserons dans la régulation du climat et de l'économie, espérons-le, à l'ère de l'information. Dans l'état des savoirs et de la gouvernance mondiale, on n'y est pas encore, difficile de le nier.

Ce n'est pas non plus parce qu'on ne peut pas tout qu'on ne pourrait rien faire ni surtout qu'il n'y aurait aucune place pour les politiques et régulations collectives comme le prétendent des libéraux (ou libertariens) aussi dogmatiques que leurs adversaires, mais ce qui est notre horizon reste plus circonscrit et local, bien que cela soit tout à fait vital. Non pas de changer le monde sans doute mais peut-être d'en faire un autre (l'altermonde), monde pluriel qui n'est pas débarrassé du négatif mais tente de devenir meilleur à partir de l'existant. Pour rester essentiellement locale, notre action peut malgré tout s'inscrire dans un réseau global, notamment mais pas seulement quand il s'agit de faire face à des menaces globales (climatiques ou autres). L'unification des alternatives est cependant très difficile, qu'avait tentée un altermondialisme aujourd'hui moribond. C'est bien notre problème principal de ne pas arriver à rassembler tous les opposants et dépasser nos divisions. En tout cas, si un autre monde est sans aucun doute possible, c'est à l'intérieur de celui-ci avec tous ses ratés et non dans le ciel des idées ou la pureté de l'idéal.

Aucune raison non plus de renoncer à peser sur l'ancien monde en même temps qu'on en organise l'exode. Il reste indispensable de se mobiliser pour corriger ses injustices, mais ce n'est pas si facile, le rapport de force n'étant pas si souvent favorable aux perdants de la compétition économique. Il faut admettre qu'il y a de fortes oppositions à nos indignations même si cela choque notre raison.

Ce qu'on peut tenter, du moins, c'est de conquérir de nouveaux droits et protections sociales, c'est de changer le travail pour changer la vie en adaptant les rapports sociaux aux nouvelles forces productives, c'est-à-dire aller dans le sens de l'histoire au lieu de s'accrocher vainement à un passé révolu, accélérer notre adaptation à une trop douloureuse mutation sinon. Par rapport au héros révolutionnaire qui fait basculer l'histoire, c'est un rôle qu'on trouvera trop subalterne à une évolution technologique qui s'impose à nous bien plus que nous n'en décidons, mais rôle qui reste essentiel tout de même pour abréger des souffrances bien réelles, en sortant de la précarité provoquée par l'inadaptation de nos institutions et systèmes sociaux actuels, sources de frictions de plus en plus éprouvantes.

On sait que celui qui déclare qu'il n'est ni de droite ni de gauche est forcément de droite puisqu'il ne conteste pas l'ordre établi. C'est ce qui fait dire aussi que déclarer la fin des idéologies serait une idéologie de droite voulant rendre indiscutable la réalité actuelle. Les idéologies sont pourtant bien trompeuses qu'elles soient justification de l'existant ou défense dogmatique d'une autre organisation sociale, réduisant la démocratie à une nouvelle guerre de religions dont aucune n'est vraie et en grande partie responsable de l'impuissance d'une gauche éclatée en petites chapelles. Au lieu de réciter son catéchisme révolutionnaire ultra-minoritaire en s'imaginant que la réalité finira par se plier à nos incantations, on aurait besoin de s'attacher aux possibilités effectives de la situation et aux mesures les plus concrètes.

Il est difficile de se faire comprendre. Je me suis toujours proclamé révolutionnaire mais dans un sens qui ne pouvait que nourrir le malentendu car très différent de celui qui est accepté ordinairement. Pour la plupart, la révolution représente le fantasme d'un monde débarrassé de tout négatif alors que je suis parti au contraire de la psychanalyse et de ce que j'avais appelé "l'analyse révolutionnaire comme expression du négatif", nécessité d'exprimer ce qui ne va pas et de briser les codes, de renouveler périodiquement les institutions, de renverser les hiérarchies tout comme de faire rupture dans les savoirs. Il ne s'agit pas de tomber dans l'activisme révolutionnaire et mimer une révolution permanente. Ceux qui sont pour l'insurrection sont des crétins, comme s'ils en attendaient un miracle, mais des insurrections sont périodiquement inévitables, qui ne se décident pas, nous prenant presque toujours par surprise, l'important c'est sur quel résultat elles pourraient déboucher, et pour l'instant on ne voit pas lequel... En tout cas, il ne s'agit certainement pas d'accéder à un état supposé de perfection et d'harmonie comme un convivialisme dernier cri s'imaginant rencontrer l'assentiment universel pour de si belles âmes alors que ces appels au coeur des hommes et tout ce prêchi-prêcha de bonnes intentions proclamées qui assurent le succès sur les tribunes se retourneraient immanquablement contre ceux qui oseraient déranger une si belle unanimité.

Ces tentatives gentillettes d'atténuer les travers des totalitarismes et d'en désarmer l'agressivité ne peuvent y échapper pourtant car ce qui est en cause, c'est bien la prétention de modeler la réalité à notre convenance, d'avoir un "projet de société" complètement artificiel qu'il faudrait partager universellement, au lieu de seulement se coltiner le réel et prendre les mesures qui s'imposent, en expérimenter les effets. L'analyse du totalitarisme est encore à faire car, ce qui l'empêche, c'est de ne pas admettre qu'il est la conséquence inévitable du volontarisme politique. Critique faite seulement par le libéralisme qui lui-même est pourtant aveugle au rôle irremplaçable du politique, de la gestion collective, du commun qui sont pourtant bien au coeur de notre existence sociale. Il semble que chacun ne s'accroche qu'à un bout de la vérité (l'erreur consistant pour Pascal à ignorer le point de vue contraire). Le siècle des idéologies a été incontestablement celui où l'humanité a découvert sa propre puissance... qui lui est montée à la tête ! En prenant la place des religions, les idéologies post-révolutionnaires en ont perpétué les illusions, les fausses promesses, à vouloir nous faire prendre nos désirs pour la réalité.

Toutes les idéologies sont au fond fascistes (y compris libertariennes et communistes) dans leur fantasme d'unité de la société alors que nous sommes si divisés, ainsi que dans leur délire de positivité ne laissant plus de place à l'expression du négatif et à la correction de nos erreurs. On a cru en finir avec les fascismes en les mettant sur le compte d'un coup de folie passager, de nos penchants mauvais et de la haine alors que leurs discours dégoulinaient d'amour pour le peuple et d'aspiration à l'unité. C'est toujours au nom du Bien qu'on fait le mal et il ne suffit pas d'être de gauche plus ou moins extrême pour ne pas tomber dans le culte de la personnalité (césar ou tribun), incarnation supposée de la volonté générale et meneur de foules. Le fascisme ne semblait mériter que mépris, impossible d'être pris au sérieux sinon par quelques nervis analphabètes. On n'a pas voulu admettre qu'un grand philosophe comme Heidegger ait pu être nazi, comme tant d'autres intellectuels et presque toutes les élites cultivées. On n'a pas voulu voir l'enthousiasme des populations qui faisait l'émerveillement de Jung par l'énergie qui s'en dégageait, et jusqu'à la toute fin du régime, non sans réminiscences de nos jours encore. L'amour du maître est un sentiment puissant tout comme l'ivresse des foules et la fascination des masses. Ce n'est pas très différent de l'enthousiasme pour les partis religieux qui a suivi les révolutions arabes, et quand on voit une partie de la gauche actuelle se convertir au nationalisme, on voit qu'on n'est pas sortie de l'auberge ("gauche du travail, droite des valeurs", on sait où cela mène, quelques soient les protestations de bonne foi) ! Il faudrait être conscient que le fascisme et la terreur constituent d'une certaine façon, et au moins dans les moments de crise, la vérité de la démocratie majoritaire (ce que Tocqueville avait déjà compris, si ce n'est Simone Weil y voyant "le fils légitime de l'Etat nation centralisé") qui se concrétise surtout dans la guerre et la mobilisation générale, expression du besoin de communauté et d'un bouc émissaire, besoin d'unité et de défense de ses traditions d'un côté, d'héroïsme et de sacrifice de l'autre, ce qu'on retrouve étonnamment même dans les discours officiels de notre République marchande, si molle pourtant (sans parler des compétitions sportives où la nation ne peut s'affirmer que dans l'opposition aux autres nations).

Evidemment, il n'y a rien là de réjouissant. C'est la conception même de la démocratie qu'il faudrait changer pour la dépouiller d'un volontarisme dictatorial et la ramener au débat public avec ses compromis. Les tentatives de réduire le demos à l'ethnos ou une quelconque essence personnifiée, simplement pervertie par nos élites, sont d'autant plus paradoxales que le terme évoque explicitement la division (en dèmes), terme de la même famille que notre "démon" intérieur qui fait de nous des sujets divisés ! Le processus de construction d'une identité est simple, bien montré par Norbert Elias dans "Logiques de l'exclusion" : on choisit ce qu'il y a de meilleur dans notre histoire (par exemple le CNR en oubliant que la colonisation n'y était absolument pas contestée) tout en identifiant les autres à ce qu'ils ont de pire et on prétend imposer un grand récit officiel à la multitude des histoires contradictoires qu'on peut se raconter. Il y a aussi le mythe d'une démocratie qui ne se fonderait que sur elle-même, se donnant ses propres principes, entièrement souveraine sur les choses comme sur les gens. C'est faire une grave erreur sur ce qui peut être objet de décision démocratique, erreur déjà dénoncée par Platon dans le Lachès refusant de soumettre au vote ce qui relève de la connaissance plus que de nos opinions. C'est aussi faire erreur à la fois sur l'échelle de nos actions et sur la part humaine de l'histoire, surestimation de la démocratie sur tous les plans.

Il y a une idéologie citoyenniste très naïve et dont la collusion avec l'extrême-droite ne devrait pas tant étonner. Alain Accardo a bien raison de dénoncer ce qu'il appelle une démocratie pré-copernicienne qui ne tient pas compte des rapports de force et de la lutte des classes qui sont pourtant bien plus déterminants que les votes. C'est une erreur du même ordre cependant de s'imaginer que la lutte des classes constituerait la détermination en dernière instance et procéderait de notre combativité individuelle ou collective alors que le niveau du chômage, notamment, est un facteur beaucoup plus décisif. Il faut des circonstances exceptionnelles pour que la lutte des classes soit favorable aux plus faibles, même si alors, il faut s'y engager activement. Ce n'est pas tout, les conquêtes sociales ne sont généralisées et durables que si elles ont un effet positif sur l'économie, ce dont s'étonnait Marx dans "Salaire, prix, profit" et qui est au principe du keynésianisme mais, bien sûr, n'est pas toujours le cas (raison pour laquelle elles sont remises en cause actuellement). Le monde ne tourne pas autour de nous ni de nos convictions idéologiques, ce n'est pas l'homme qui est au centre mais bien des processus matériels et massifs comme le développement des pays les plus peuplés !

On peut voir chez Marx une contradiction entre son matérialisme historique et le caractère messianique donné au prolétariat (ou à la lutte des classes). La prééminence donnée aux causalités matérielles dans sa critique de l'économie politique reste incontournable pourtant, développant ce qu'il disait déjà dans "Misère de la philosophie" : "Le moulin à bras vous donnera la société avec le suzerain; le moulin à vapeur avec le capitalisme universel". Cette "détermination en dernière instance" laisse un certain jeu entre infrastructure et superstructure mais s'impose "post festum" par son efficacité matérielle : "Le bon marché de ses marchandises est l'artillerie lourde avec laquelle elle abat toutes les murailles de Chine" (Manifeste). Ce n'est donc pas du tout l'homme qui fait l'histoire. Il en est sans doute l'acteur plus ou moins manipulé, mais certes pas l'auteur ! Ce qui est déterminant en dernière instance reste les transformations du système de production et l'évolution technique, qu'on peut dire guidée par l'information et l'extériorité. Il y a encore chez Marx une surestimation du sujet et de son action alors que, par exemple, ce ne sont pas, comme on le croit volontiers, les chercheurs qui font les sciences. Si Newton ou Einstein n'avaient pas existé, la physique n'en aurait pas été changée d'un iota ! Il y a plutôt une concurrence pour savoir qui publiera le premier et une sélection après-coup des théories par l'expérience ou sanctionnées par leur effectivité, notamment dans la guerre. C'est le réel qui décide qui a raison, peu importent les personnes.

Incontestablement, et de son propre aveu, il y a bien une coupure épistémologique entre le matérialisme du Marx de la maturité, celui de l'analyse du Capital, et l'idéalisme de son hégélianisme de jeunesse plus centré sur l'aliénation mais on ne peut dire qu'il n'en soit rien resté... C'est évident pour le rôle messianique donné au prolétariat d'abolition des classes, ce qui n'est pas du tout ce que pensait Hegel mais relève bien d'une dialectique hégélienne, d'un négatif absolu se transformant en positif absolu (Nous ne sommes rien soyons tout) et réalisant ce miracle que si toute histoire jusqu'ici a été celle de la lutte des classes, il n'y en aurait plus du tout dans un régime socialiste ! Ce qui bien sûr n'a pas été le cas. Il est amusant de noter qu'on peut faire à Marx le même reproche qu'il faisait à Proudhon dans "Misère de la philosophie" : "Ainsi il y a eu de l'histoire, mais il n'y en a plus". Dès lors, son matérialisme historique n'est plus ni matérialiste, ni historique, ce qui est un peu fort tout de même !

En fait, l'hypothèse qui faisait tenir ensemble le matérialisme du système de production et l'utopie communiste, c'est la supposée supériorité productive du collectivisme et de la planification éliminant les fantastiques gâchis d'une économie de marché dominée par une finance destructrice. C'est vraiment la clé de voûte du système et il était on ne peut plus raisonnable de le penser à l'époque mais cela ne s'est pas vérifié dans les faits, sauf au moment de la crise des années 1930 et du chômage de masse. Mais ensuite le décrochage a été flagrant, et la Chine a fini par prendre acte de la supériorité du marché et de la liberté d'entreprise sur la bureaucratie. Le matérialisme a eu le dernier mot sur l'idéalisme de la révolution culturelle espérée, comme toujours. S'il n'y a pas dissolution des classes, ni supériorité matérielle de la collectivisation, il devient impossible de conserver la vision naïve d'une démocratie socialiste transparente et qui ne soit pas l'objet de luttes de pouvoir, de corruptions de toutes sortes et d'accaparement par une oligarchie bureaucratique. Imaginer qu'une révolution mettrait un terme à l'histoire, abolirait les classes, l'Etat et toute domination est une idée folle partagée pourtant par de très grands esprits et qu'on a même pu croire victorieuse au milieu du XXème siècle quand la majorité de la population mondiale se réclamait d'un régime communiste. L'échec n'en a été que plus complet. Le problème, c'est que la supériorité économique du collectivisme n'étant pas vérifiée, on ne peut plus l'appuyer sur le matérialisme historique. En dehors des raisons écologiques pour lesquels la preuve n'en a pas encore été faite, il ne reste plus dès lors qu'un volontarisme des valeurs (des belles idées associées au collectivisme) qui est justement ce sur quoi s'est bâti le fascisme (notamment pour l'activisme de Gentile tiré d'une interprétation idéalistes des "Thèses sur Feuerbach"). Comme on a pu le constater, la seule chose qui oppose marxisme et fascisme, c'est le matérialisme ou l'idéalisme.

Une autre influence profonde du Marx des Manuscrits de 1844 a porté sur la conception du travail, la dimension métaphysique du travailleur, figure de l'homme se produisant lui-même, ce qui est supposé dépouiller l'homme générique de toute nature pour n'être plus, selon l'expression d'Ernst Bloch, que la "réalisation du réalisant" - où l'on peut dire que l'existence prend le pas sur l'essence, comme négation du donné. Ces considérations métaphysiques embellissent un peu trop cependant la réalité d'un travailleur qui plie sous le fardeau, tout comme le produit de son travail qui n'est pas toujours aussi glorieux mais, de plus, elles conservent aux hommes une essence divine comme véritables acteurs d'une histoire sainte et auto-créatrice. Du point de vue matérialiste et d'une théorie de l'information, ce n'est pas l'esprit qui se reflète en lui-même mais l'évolution extérieure, notamment l'évolution technique, qui dicte sa loi aux hommes qui n'en sont tout au plus que les agents. Du point de vue de la sociologie (marxiste), de l'anthropologie, de l'économie, de la critique des idéologies, les hommes sont bien plus déterminés que déterminants, pris dans les mouvements de l'histoire.

S'il faut faire son deuil d'une communauté originaire et d'un communisme intégral, on ne peut se passer pour autant du commun. En premier lieu, il y a le langage qui est commun, assurant la communication. C'est ce qui fait pour Héraclite que la pensée est commune, dès lors qu'on ne dort pas ni ne délire, mais nous ne pensons pas tous la même chose ! On peut dire en tout cas que notre monde est commun (que la tempête traite universellement), l'ambiance extérieure, les temps de crise ou de victoires qui nous touchent intimement. Les risques écologiques, qui sont des risques sociaux, définissent une communauté réelle à laquelle on ne peut pas se dérober et il est de notre responsabilité collective d'y faire face, ce qui devrait être un des enjeux principaux de la politique. Il n'y a pas cependant que du commun, ni nos croyances ni notre vécu ni notre histoire, ni notre position sociale, ni nos savoirs. Se focaliser uniquement sur le commun motive l'oppression des minorités, les politiques normalisatrices et le nivellement des différences. On s'est toujours plaint, depuis la nuit des temps, du manque d'amour et d'une corruption des moeurs qui menaçait l'harmonie sociale, la perpétuation des rites et l'ordre du monde. En réalité, la communauté est toujours ce qui manque, y compris aux amants (de façon tellement criante), exigence enfantine qui bute sur les démentis du réel et qu'on voudrait rétablir par quelque sacrifice ou bouc émissaire de nos divisions. Il y a du commun, mais un pluralisme des communautés, des cultures et des individus.

On ne peut se cacher qu'abandonner la prétention à l'unité d'une communauté au profit du pluralisme démocratique a un prix très élevé pour l'action politique qui doit renoncer à uniformiser la société et faire des hommes ce qu'on voudrait qu'ils soient (quitte à les mettre dans des camps de rééducation). Plus nous sommes libres, plus les parcours individuels se différencient et moins ils relèvent du collectif. De même, plus nous récupérons un pouvoir local plus on en retire au pouvoir central, limitant la portée des mesures qu'il peut prendre. Dans une économie plurielle, combinant services publics, économie marchande, associations, économies familiales et locales, l'impact des mesures gouvernementales est relativement limité - bien que restant essentiel mais plutôt de l'ordre de la régulation que de la planification ou de projets d'avenir trop incertains. Tout ce qu'on peut espérer, c'est de jouer l'Etat contre le marché et le marché contre l'Etat pour corriger leurs tares respectives. Ce jeu des contre-pouvoirs, prôné déjà par Montesquieu, est bien plus proche de l'équilibre de systèmes opposants qu'on trouve dans les organismes vivants que d'un triomphe de la raison législatrice. Nous ne sommes pas encore cependant à la hauteur de la complexité vivante dans nos représentations du politique, c'est le moins qu'on puisse dire.

Il ne suffit pas de revenir à des analyses matérialistes pour sortir du dogmatisme comme on le voit avec les marxistes qui restent aveugles aux transformations en cours du système de production (que Marx avait pourtant pressenties dans ses Grundisse). Non seulement il nous faut abandonner les rêves communautaires mais en rabattre sur nos capacités cognitives, à devoir reconnaître plutôt notre commune connerie. Au lieu de tabler sur une intelligence collective qui se fait attendre et un bon sens qui serait la chose du monde la mieux partagée, il faudrait admettre que c'est bien plutôt l'ignorance que nous partageons tous, y compris nos experts, philosophes ou savants. Il n'y a pas d'accès à l'être, les sciences montrent à quel point nos préjugés peuvent être trompeurs. Elles avancent pas à pas en tâtonnant au même titre que l'histoire humaine. On pourrait penser du coup qu'on agit au petit bonheur mais ce ne serait pas conforme à des biais cognitifs répétitifs dont on peut tracer le processus trompeur combinant l'erreur de perception au désir hallucinatoire et à la paresse intellectuelle. De sorte que, si les actions et les représentations des hommes se cognent au réel et manifestent bien un certain égarement, leur hasard apparent reste malgré tout répétitif et très structuré. Le cognitif n'est pas complètement aveugle et réduit quand même le gâchis par rapport au pur aléatoire, ses conclusions trop rapides nous réussissant si bien ordinairement dans la vie quotidienne. Au minimum, on peut espérer qu'on ne reproduise pas toujours les mêmes erreurs et qu'on tire les leçons de l'histoire. En tout cas, c'est seulement l'expérience qui peut départager les théories concurrentes, témoignant de la séparation du sujet et de l'objet, de l'intentionnalité et du réel visé.

Il serait donc on ne peut plus souhaitable d'en finir avec ce qu'on appelle politique communément, réduite à la confrontation d'idéologies théologico-politiques, pour retrouver ce qui est la véritable finalité de la politique comme dimension essentielle de notre vivre ensemble avec toutes nos différences, une politique adaptative et non dogmatique, qui peut tout aussi bien être révolutionnaire en remettant en cause les institutions actuelles mais sans prétendre à un quelconque paradis. Il ne s'agit pas, en effet, de baisser les bras mais de reprendre la question politique d'un tout autre point de vue, notamment à partir de sa dimension locale bien qu'elle semble à presque tout le monde plus utopique que les plus utopiques des utopies ! Une gauche unie, implantée localement et débarrassée de ses fantasmagories serait moins écrasée, impuissante, inexistante, pouvant conquérir de nouveaux droits, organiser l'exil de la société salariale (capitaliste). Hélas, elle est sans doute plus divisée que jamais entre passéistes sans avenir et réformistes sans ambition, gangrenée de plus désormais par des tendances nationalistes qu'il faut combattre résolument et avec lesquelles il n'y a nulle réconciliation possible. Ce ne sont d'ailleurs pas les appels à l'unité qui manquent, chacun espérant un rassemblement autour de ses propres idées et ne faisant qu'ajouter à la division...

Je suis bien conscient du caractère absolument inaudible dans le contexte actuel de ce que je peux en dire (complètement à contre-courant du discours militant), sans parler du format qui dépasse largement les standards de la propagande par internet ! Les raisons qui nous ont mené là laissent peu d'espoir à un retournement de la situation, les moyens intellectuels étant de bien peu de poids au regard des causalités matérielles à l'origine de ces égarements collectifs. Impossible de se cacher à quel point la situation est dangereuse et pleine de ressentiments face aux grands bouleversements économiques, politiques, écologiques, que nous subissons et qui ne sont pas près de s'arrêter. L'aggravation de la crise est bien plus probable avec un chômage de masse que l'automatisation accélérée et la concurrence des pays les plus peuplés ne devrait pas arranger (même si les départs massifs à la retraite du papy boom pourraient en atténuer les effets). Aucune chance non plus que ça s'arrange du côté d'un réchauffement hors de contrôle. La nécessité d'une refonte complète de notre système de production ne fait pas question mais c'est peu de dire qu'il n'y a aucun accord sur la façon de le faire entre solutions imaginaires et simple retour en arrière, expressions de nos désirs très éloignée de ce que la situation exigerait. Mes propres analyses (que je ne peux reprendre ici) sur les transformations du travail, la sortie du productivisme et sur ce qu'il faudrait faire à l'ère de l'information, de l'écologie et du développement humain, ne rencontrent presque aucun écho, en tout cas pour les coopératives municipales et si le revenu garanti gagne de plus en plus de partisans, c'est sous une forme inconsistante et irréaliste, plutôt libérale et qui ne répond pas du tout aux problèmes posés par les nouvelles forces productives, ni ne se soucie de l'organisation des conditions d'un travail autonome et d'un travail choisi, ce qui me semble à moi fondamental mais n'a pas grand chose à voir avec l'étatisme à la mode dont les gauches ne veulent pas démordre. Sans doute que c'est moi qui me trompe mais les propositions des divers gauches n'ont pas beaucoup plus de succès. Il faut bien constater qu'il n'y a pas que les gouvernements et les banquiers qui n'agissent et ne changent que sous la contrainte de l'urgence, quand on n'a plus le choix de discutailler. Les partis non plus ne sont pas si différents avec leurs oligarchies agrippées à leur siège et leurs vieilles rengaines, coupées des transformations sociales en cours et d'un sol qui se dérobe sous nos pieds.

La fin de la politique politicienne et démagogique n'est donc pas pour tout de suite, il faudra sans doute qu'on s'y casse une fois de plus les dents, mais cela devrait nous renvoyer ensuite à la véritable finalité de la politique quand elle est écologiste et démocratique, c'est-à-dire non pas l'expression autoritaire d'une volonté générale imposant ses normes mais la démocratisation de la société et son adaptation aux contraintes extérieures, le soutien des individus les plus faibles, la préservation des minorités et de notre milieu de vie. Il ne faut y voir cette fois nulle valeur arbitraire ne tenant qu'à notre subjectivité mais une nécessité de la raison et de l'expression du négatif, alerte des dangers qui nous menacent, dénonciation d'inégalités injustifiées et de fausses supériorités, feedback cognitif indispensable au politique et au maintien d'une homéostasie et solidarité interne. Il y faut notre participation active car c'est une tâche sans cesse recommencée. C'est cela la politique, à l'image même de l'incessante agitation de la vie, une action continue essentiellement localisée qui ne vise pas la totalité comme telle sinon d'en assurer la reproduction et la persistance dans l'être. Ce n'est pas qu'on pourrait se limiter à la gestion technique, notamment dans les périodes de grands bouleversements exigeant des transformations radicales, mais qu'on a besoin pour cela d'une démocratie cognitive plus attentive aux réalités qu'aux grands principes (à la misère réelle plus qu'aux droits universels). Devant tous les périls qui s'annoncent, les combats à mener sans tarder ne manquent pas sans avoir besoin de s'étriper sur ce que pourrait être un monde parfait et conforme à la raison !

Quoiqu'il arrive, impossible de se soustraire au verdict de l'expérience, de l'efficacité matérielle sans laquelle l'altermonde n'a aucune chance de perdurer face au pouvoir de l'argent. Nos protestations de bonne foi et la pureté de nos idéaux n'y feront rien quand il faudra reconnaître le négatif du positif et régler les politiques sur leurs effets, pouvoir corriger ses erreurs. Revenir au sol d'une politique matérialiste est la seule façon de faire entrer la politique dans un réel mouvant, en s'en souciant plus que des idées ou des valeurs. Nous avons tant à apprendre du monde encore, quand nous sommes témoin d'une de ses plus grandes mutations (jamais période ne fut aussi révolutionnaire), comme si rien n'en avait été dit jusqu'ici qui ne soit trompeur, et qu'il nous restait tout à refaire - même si ce n'est pas forcément à notre convenance...

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44 réflexions au sujet de “La fin de la politique”

  1. Personnellement, après avoir déployé beaucoup d’Énergie en pure perte (et avec beaucoup de monde bien sur dans cette ville ouvrière de Saint Etienne, ou aucun des objectifs affichés notamment dans les années 80, n'a été atteins, j'insiste aucun!) , je crois être devenu plus lucide sur ce qu'on peut faire avec la réalité, c'est à dire le local.

    Beaucoup de militants traditionnels (beaucoup, mais ils sont beaucoup moins nombreux) considère cela comme un renoncement. Je crois qu'il ne faut pas trop perdre de temps avec eux, ils ne savent plus par quel bout prendre les choses. Beaucoup développent un argumentaire très proche de celui de Marine le Pen quand ils se lâchent. Là, par contre il faut le leur mettre sous le nez, même si ça leur fait mal. Il n'y a , de mon point de vue, pas le choix.
    Il se passe des choses intéressantes dans une partie de la jeunesse "éduquée", une recherche d'autonomie dans le travail, une volonté de créer pour avoir une vie plus intéressante. Enfin, il me semble ...

    • Oui, c'est tout le sujet de l'article, qu'aucun des buts poursuivis n'a été atteint (quelques soient les raisons conjoncturelles qu'on en donne) mais devoir l'admettre est très difficile, comme cela l'a été pour moi et comme j'ai moi-même du mal à considérer que l'action locale, pourtant la seule possible, soit pertinente et à la hauteur des enjeux mais l'autre option, le volontarisme mène effectivement tout droit à la grande bourgeoise qui prétend parler au nom du peuple et accuse l'étranger de tous nos maux ! Le dire hélas, n'a aucune portée tant qu'on n'a pas reçue de l'expérience une nouvelle bonne raclée...

    • La campagne anti-bobo a été menée pour cloisonner la dynamique d'individualisation au domaine de la consommation, pour l'expulser du politique avant même qu'elle puisse penser y chercher une place. Je crois qu'elle a été assez efficace. En Allemagne, ou d'autres pays, il n'y a pas eu ce phénomène et il pourrait y avoir en effet des dynamiques intéressantes... mais encore très faibles.

  2. "On sait que celui qui déclare qu'il n'est ni de droite ni de gauche
    est forcément de droite puisqu'il ne conteste pas l'ordre établi.
    C'est ce qui fait dire aussi que déclarer la fin des idéologies serait
    une idéologie de droite voulant rendre indiscutable la réalité
    actuelle. "

    C'est difficile je trouve de définir aujourd'hui les concepts de droite et de gauche. Si il s'agit de contester l'ordre établi... il n'y a tout simplement aucune représentation de ce mouvement aujourd'hui, ou disons plus aucune représentation réussissant à se faire entendre. Aujourd'hui nous assistons à des combats entre différents modes de conservatisme, au mieux. Les anciens progressistes se retrouvent à vouloir défendre les hiérarchies initiales, ou leur fondement, de leur lutte contre les hiérarchies en place... on n'y voit vraiment plus clair.
    De la même façon la réalité actuelle est bien trop dynamique et révolutionnaire en elle-même pour que le conservatisme ne soit pas idéologique.
    C'est un peu ce qui nous guette je crois : une sorte d'entêtement à croire que tout est question de volonté et d'idéologie. Les capitalistes se disent-ils toujours libéraux par exemple après 2008 ? Je pense que les positions vont se clarifier au fur et à mesure sur l'essentiel de ce qui ne fonctionne plus : la Nation, l'emploi, le transfert matériel de la propriété, comme le mariage peut-être pour suivre avec tous les attributs de la famille nucléaire. Je pronostique un durcissement idéologique parce que toute autre approche serait comme accepter une décadence, parce que si la morale se construit sur des contraintes matérielles elle est quand même à la base de notre comportement social et que nous ne pouvons pas tirer un trait dessus sans d'abord avoir mis en place, peut-être pas forcément très consciemment (politiquement), des processus de régulation pour remplacer ceux qui n'ont plus cours.
    Les partis prônant la simplification de la structure sociale, d'un retour à une gestion quotidienne du matériel, sans artifice, à une certaine authenticité, l'espérance dans des hiérarchies fixées, rencontreront de plus en plus de succès. Il faudra sans doute aller au bout du bout, jusqu'à la réorganisation des structures de commandement militaire en pleine action. Ou alors je ne sais pas : la désorganisation serait-elle si rapide qu'aucune guerre n'aurait le temps de se trouver des justifications et des hommes ?

    • Pas sûr qu'on évite des guerres et d'aller au pire mais sinon, je suis bien d'accord (je ne faisais que reprendre le refrain sur la fin des idéologies, devenues effectivement plutôt conservatisme révolutionnaire) et ce qui dans ce triste constat peut rallumer finalement une lueur d'espoir c'est qu'on serait donc quand même plusieurs à faire le même ?

      • Rallumer une lueur d'espoir avec quelque chose qui ressemble, quand même un peu, à un désespoir partagé, c'est osé, même s'il s'agit d'un désespoir presque positif (pas forcément celui de l'espoir définitivement déçu, mais plutôt comme une absence, dont nous pouvons faire le deuil).
        Des fois j'ai l'impression qu'il faudrait quand même réussir à convoquer bien des gens pour se battre sur des choses qu'ils ne veulent peut-être déjà plus défendre, et que la légitimité d'une action violente suffisamment fédératrice serait bien difficile à trouver. Nous avons vu que même le foot avait des limites. Et puis d'autres fois je sens que la foule est prête à s’énerver pour n'importe quelle bêtise.

        Aujourd'hui j'ai l'impression que la seule marge de manœuvre que nous avons c'est de prendre le système de régulation de vitesse. J'ai lu ce matin (mais je n'ai pas croisé l'information) qu'une japonaise avait été arrêtée pour avoir diffusé les données 3D de son vagin pour une reproduction sur imprimantes 3D : peut-être l'usage de la force de contrôle sera tellement déconnecté de la réalité qu'il continuera de ne pas savoir sur quoi réagir ? je ne crois pas, les industries du copyright sont sur les starting-blocks depuis un moment déjà.
        En France nous nous dirigeons de plus en plus certainement vers la distribution de licence un peu pour tout, avec des critères de sélection difficilement objectivable... ce serait quand même très difficile à supporter pour les nouvelles générations, je crois, et devrait rapidement amener à un blocage général.

        Il faut un ennemi contre lequel se battre, même quand on invente une guerre pour sauver les apparences (comme la Guerre de Cent Ans) : les "bobos" ? En toute logique si on laisse un peu mûrir les choses nous arriverons à trouver toutes les bonnes raisons pour nous taper dessus entre européens, comme nous l'avons toujours fait par le passé.

        • Les illusions de certitudes entrainent de faux espoirs qui mènent au désespoir des échecs. Les désillusions sont plus susceptibles de faire naitre des fragiles espoirs en herbe.

          Les dominants et dominés sont la plupart dans l'illusion d'un ordre immuable. Bon nombre de ceux qui font partie du peuple d'en bas sont souvent tout autant bornés et crétins que leurs dominateurs. Ils ont les moyens de s'informer de trouver le temps de réflexion, mais non, ils roulent leurs petits bras musclés, se drapant dans la cape de leur modeste condition, comme si celle ci avait le moindre intérêt cognitif et stratégique. Ils jouent dans leur bêtise infantile le rôle que les dominants attendent d'eux. C'est un diner de cons.

  3. Je crois que le partage et l'enrichissement, de ce constat est une étape incontournable. Ce n'est pas tant une histoire de désespoir ou pas, c'est un problème de lucidité politique. J'estime que ma génération a la responsabilité de faire part de son expérience. Je suis très sévère avec ceux qui voudraient envoyez les plus jeunes dans le mur tout en les accusant de baisser les bras. Fort heureusement, leurs propres enfants ont l'intelligence de ne pas les écouter. Ca me rappelle des discussions que j'avais eu dans les années 70 avec des résistants de la première heure (ils sont morts bien sur) , des communistes très distants dans le PCF qui tenaient un discours sur la période de l'occupation beaucoup moins glorieux (même assez sombre) que le discours officiel (pas seulement tenu par le PC d'ailleurs).

    • C'est presque plus grave aujourd'hui car jusqu'ici le nationalisme était honni des gauches, on avait honte de chanter la Marseillaise, alors que c'est devenue la seule issue restante à ceux qui voudraient continuer à croire aux vieilles lunes ouvriéristes genre Bernier-Ruffin (je ne parle pas des Todd-Lordon-Sapir qui n'ont absolument rien de radical avec leur national-capitalisme). Il est certain que plutôt que de cultiver la nostalgie soixante-huitarde, c'est l'échec de notre génération et les dures leçons de l'histoire qu'il nous faut transmettre, non pour décourager toute lutte mais pour ne pas retomber dans les mêmes ornières et ouvrir sur de nouvelles perspectives. Cela pourrait faire le thème d'un numéro de revue (EcoRev' ?).

        • C'est impeccable contre le nationalisme et la xénophobie mais pour le reste, c'est lamentable, tout s'expliquant par la "trahison" du PS et du PC, leur "conversion" au néolibéralisme et la destruction des solidarités ouvrières par le méchant grand capital (et non à cause de l'ère post-industrielle) ! Les causes matérielles ne comptent pas, tout est dans l'idéologie et il suffirait de reprendre fièrement une lutte des classes forcément victorieuse, avec des revendications on ne peut plus archaïques et chimériques, très loin d'être de prétendues "idées de l’avenir" :

          Interdiction des licenciements, baisse du temps de travail jusqu’au partage du travail entre tou-te-s, augmentation générale des salaires, retraites et minima sociaux, interdiction des contrats précaires, financement public d’un plan de recrutement dans les secteurs utiles à la population (éducation, santé, logement, etc.), construction massive de logements sociaux, révolution fiscale accentuant fortement la progressivité de l’impôt, annulation de la dette illégitime et socialisation intégrale du secteur bancaire.

          On ne voit pas pourquoi on ne ferait pas ce qu'on veut sans tenir compte des réalités économiques, technologiques, sociologiques, géopolitiques, etc. alors que tout change à vitesse accélérée, que le chômage de masse et la concurrence des pays les plus peuplés sont si défavorables à la lutte des classes et que l'extrême-droite monte partout en Europe... On a vraiment l'impression d'idiots critiquant des crétins mais ce sont des universitaires, pas des petits étudiants tout juste sortis de l'oeuf !

    • Je pense qu'il faut le faire et serais preneur en tout cas d'un article sur cette expérience de désindustrialisation massive.

      D'ailleurs, outre l'échec des luttes ouvrières, il ne serait pas inutile non plus de revenir sur l'échec des communautés qui restent une tentation pour pas mal de jeunes alternatifs.

      • je vais essayer de faire quelque chose la dessus.
        C'est d'ailleurs par certain aspect rassurant, car si on avait donné en 1970 80 a n'importe quel responsable politique, syndical, de droite de gauche ou autre économiste la liste des entreprises qui ont disparu, il aurait juré que la ville serait rayée de la carte. Or elle est toujours là ! avec 50 0000 habitants de moins bien sur, mais ça a fait baisser le cout de l'immobilier de manière spectaculaire et c'est attractif pour des pauvres créatifs !
        je ne suis pas très bon rédacteur par contre. mais je ne vois pas d'inconvénients a ce que quelqu'un remette en forme. je n'ai pas d'égo la dessus.

    • C'est beaucoup moins bien que ce que j'avais entendu de lui sur le désir du psychanalyste et je ne suis pas d'accord ni avec le début, ni avec la fin (que le milieu contredit). D'abord, je ne crois pas qu'on fasse une psychanalyse parce qu'on souffre ou qu'on a un symptôme mais parce qu'on croit pouvoir en guérir, c'est-à-dire qu'on est déjà dans le transfert et qu'on s'identifie au psychanalyste (supposé sans symptôme).

      Dès lors il est doublement faux de promettre la guérison alors qu'on ne peut qu'espérer guérir du désir de guérir, c'est-à-dire dissoudre (analyser) le transfert qui nous a mené là. Cette promesse de guérison transforme l'analyse en arnaque (comme l'avait montré Lacan) à nourrir le transfert au contraire, ce pourquoi on devrait toujours dissuader de faire une analyse (en particulier en la rendant coûteuse) et ne prendre que ceux qui sont déjà dans le transfert et ne veulent pas en démordre (c'est dans Télévision).

      L'autre chose qui est très fausse, c'est de promettre qu'on découvrirait qui on est ou quel est notre désir alors qu'on peut tout au plus découvrir "ce que vous avez été" et quel était votre désir refoulé jusqu'ici mais certainement pas "ce que vous êtes, ce que vous voulez vraiment", encore moins "ce qui vous arrivera demain" dans un fantasme d'identification et de maîtrise dont l'analyse devrait plutôt nous délivrer.

      Ce désir du Maître est ce qui fait toute la fausseté de la position supérieure de la plupart des analystes assis sur leurs défenses et ce pourquoi une analyse réussie devrait déboucher plutôt sur le "non-analyste". Effacer ce que la psychanalyse a d'effectivement paradoxale (et de révolutionnaire), la transforme en thérapeutique normative, quoiqu'on prétende, d'un idéal satisfaisant (au même titre que la "pensée positive" refoulante), le contraire de la confrontation avec un réel qui nous échappe et nous fait souffrir, ce qui est l'expérience même de la vie.

      • universitas litterarum et
        bibliothèca scatholologica !! Et jean paul abribat !!


        bien à toi, le jean paul, merci pour l'ajout : la bise sur la joue ! Au dessus de nous des larmes comme des coulée de boues !! Et l'histoire qui passe par des holocaustes sociaux et des comas !!

        abribat : si il faut revenir à Foucault et déboucher sur une « clinique de la perversion et une perversion de la clinique » il faut revenir aussi à Lacan et sa belle personne et ses beaux habits, toujours dans les bons coup !! Le grand man de la ville si indiscipliné et dérangeant, il faut restaurer le Général dans cette époque arrogante et dure qui a dissout toute pensée stratégique : la tête doit à nouveau pulser dans la tête du psychotique lové dans les volutes bleues de son hip hop et le Kong fu de nos Esprits !! ..................................................................................................................oui abribat occupe une position étrange ( je tenter de vivre sous son regard pour que pas trop mes pas ne s'égarent ) : il a une anecdote avec bourdieu qui lui avais signifier une fin de non recevoir lorsque en 1969 Bourdieu s'occupait de la fondation et du recrutement de paris 8 et qu'abribat voulais s'y produire !! abribat à aussi été très actif en 68 à bordeaux menant les foules au point de fusion , en percussion sur la ligne d'avantage ...
        http://www.dailymotion.com/video/x1c3mm_enfin-pris-extrait_creation

        MAIS PIERRE CARLES EST UN CON !! on ne va quand même pas refaire l'urss avec son cinéma vérité staliniens et trotskyste : en zig zag sur cette triste ligne de crêtes , noire comme un ciel d'Irak !!

        sous le regard du vieil abribat , cette figure bordelaise sympathique ...... le grand père le plus hallucinant de tout bordeaux !! car on chante indépendance comme les grands père et qu'on a tous crié BANZAÏ le jour de notre naissance, entre le cahier de rime et le bidon d'essence .....

        • un tournant dans sa pratique analytique fut sa rencontre avec david cooper le chef de fil de l'antipsychiatrie américaine

          et son travail de confronter Foucault (tant celui de la généalogie des pouvoirs que celui de l'archéologie du sujet ) à la pensée de lacan qu'il a bien connu ... je pense sincèrement que c'est une bon psychanalyste , ce qui est très rare en aquitaine ...

    • Moi, je trouve Lordon très creux avec sa position de donneur de leçon qui le faisait appeler "professeur Lordon" mais il n'a jamais été révolutionnaire, ce n'est pas comme son crétin de voisin Éric Hazan qui est carrément à l'ouest, ce qu'il propose est un national-capitalisme dont l'audace se limite à rejeter l'Europe et nationaliser les banques. Il fait plaisir en montrant les ratés du système mais ses alternatives sont inconsistantes, ce qui n'a rien d'étonnant dès lors qu'avec son spinozisme (qui est la philosophie pour les nuls) il a du capitalisme une conception entièrement idéaliste, soi-disant anthropologique comme désir déchaîné, tout comme de la révolution comme dynamique passionnelle.

      On ne peut pas être plus à côté de la plaque de dynamiques bien matérielles et d'une évolution technique (et cognitive) qui n'a rien d'anthropologique malgré ce qu'on s'imagine mais entièrement guidée par le réel. Rien ici sur les transformations du travail et les dispositifs concrets permettant une sortie du salariat capitaliste, juste du baratin même si c'est un peu moins débile et religieux que les utopies révolutionnaires et libertaires qu'il critique mais son appel à une manipulation des affects est on ne peut plus dangereux (opposer des affects positifs et joyeux comme la célébration nationale aux passions tristes comme la lutte des classes revendicative, c'est exactement ce que prétendent faire les fascismes).

      En faisant preuve d'un certain réalisme dans sa critique de plus débiles que lui, avec un style souvent assassin, il se croit très intelligent et passe facilement pour un génie, alors qu'il ne vaut pas beaucoup mieux dans son rôle d'amuseur public qui détourne des vrais problèmes...

      • Lordon fait partie des charmeurs virtuoses, toujours à l'affût d'une pirouette. Mais il est vrai que pour quelqu'un ex-ingénieur du BTP se revendiquant de la solidité matérielle, il passe à côté de l'évolution de la production informative. Son statut de chercheur public en CDI lui permet d'éviter toute la question de la précarité. Il faut probablement avoir vécu la précarité pour y réfléchir, ce n'est pas le cas de Lordon...

        Ce qui est drôle c'est que je fais les mêmes constats que vous tandis que je travaille dans l'industrie multinationale. Je constate la bêtise du control and command borné souvent, mais je finis par convaincre progressivement mes interlocuteurs qu'il faut du mou et me lâcher du mou pour je sois motivé et ne fiche pas le camp. Forcément, quand je mets en avant des idées à plusieurs millions d'euros de gains annuels, ça fait réfléchir sur mon approche qui est simple pourtant : me foutre la paix avec les horaires et lieux de travail, m'estimer à la hauteur de mes résultats chiffrables, ce qui ne coûte rien.

  4. En tant qu'artiste je travail sur la cryptographie des mythes pour justement enlever tous les clichés instaurés sur les mythes (Eden ne représentant pour moi que l'absence de jugements de valeurs, donc de bien et de mal, source de conflits absolus je dis bien et donc de guerres, ce qui n'a rien à voir avec la division relative nécessaire aux processus régulateurs).

    Malheureusement comme tu le dis, nous ne sommes pas sortis de l'auberge car je me bat en tant qu'artiste pour permettre une contemplation plus saine du regard concepteur du contemplateur afin de palier à toute forme de préjugés, car les guerres civiles sont tout à fait envisageables à notre époque et je me dois de garder ce rôle dans le processus de mutation qui s'effectue.

    Je suis ABSOLUMENT PARTISAN de l'alternative que tu proposes mais je la trouves comme le réel nous le dit si bien insuffisante.

    J'invite ainsi à travers le projet V/XIII qui est en esquisse sur mon site à trouver dans chacun de nos quartiers des alternatives locales possibles qui peuvent stimuler les rencontres entre des mondes subjectifs profondément hétérogènes, très influencés par la religion et les clichés sociaux.

    L'art est incontestablement un medium pédagogique qui peut permettre de se sensibiliser à des thématiques jusque là pour certains inabordables. Je te dis ça en tant qu'habitant de Montreuil, confronté quotidiennement à des subjectivités très éloignées de la notre.

    Bien que l'on puisse réfuter les religions, je pense devoir (en ce qui me concerne, continuer à les décrypter afin d'effacer en leur sein toutes les mauvaises interprétations qui l'habillent et la dotent de ce qu'elle n'est pas, ce que Marx a aussi subit d'ailleurs, malgré ses erreurs).

    Suite à mes études, je constate que le judaïsme est profondément anarchique et chamanique (et d'une anarchie de gauche), bien que très peu de personnes ne le comprennent.
    Ce n'est pas un mythe bisouland, bien au contraire d'ailleurs, car le paradis ne représente aucunement l'absence totale de douleur ou l'accomplissement du désir tout puissant. Mais cela, que très peu de personnes le savent...

    Ainsi je propose localement avant tout de revendiquer une détaxation de la taxe d'habitation sur les plus pauvres, une augmentation de la texe d'habitation et sur la taxe professionnelle des plus riches. Je propose de loger tous les SDF de la localité qui nous concerne dans des logements vides sous peine de sur-taxation de ses propriétaires le temps que le logement soit habité et la migration régulière des sdf de logement vides en logement vides. Je propose une loi dans la république qui punirait les partis élus qui ne tiennent pas parole. Je propose une mise en réseau entre l'agriculture raisonnée et les restaurants de TOUS GENRE (même les grecs) et une exonération de taxe aux restaurant qui la consomment. une détaxation aux bars qui consomment de la bière artisanale et des alcools artisanaux et du café équitable (commerces principaux à Paris). Je propose une publication régulière dans le journal de la mairie de toutes les entreprises liées à l'écologie politique locale et son réseau locale. Je propose un amendement sur la concurrence déloyale en ce qui concerne tous les produits écologiquement soutenables. Je propose l'amènegement de tous les parcs publiques en partie en maraichages. Je propose une surtaxe professionnelle sur toutes les multinationales implantées dans le territoire de la mairie. S'ils s'en vont, tant mieux, car cela fera plus de commerces locaux et ça fera du bruit médiatique !
    Je propose l'amènagement en maraichages de tous les terrains vagues abandonnés en payant les inutiles au monde en besoin de réinsertion. Je pense que c'est des propositions plutôt concrète et j'en ai d'autres (notamment des cahiers de doléances dans tous les lieux publics et les bars de quartiers pour savoir ce que veulent et peuvent ses habitants)...

    Amitiés

    Baz

    • Si ce n'était tomber dans l'anachronisme, on pourrait dire que le judaïsme originel était révolutionnaire, voire décroissanciste. De nombreux traits en témoignent comme l'opposition (relative) à l'esclavage ou au veau d'or, le jubilé, la critique de la civilisation philistine (préférant des poteries plus sobres, etc.) mais de même que les belles idées du communisme ont dégénéré en stalinisme (et le PC russe en nationalisme fascisant), la religion d'amour en inquisition et autres guerres de religions, la religion juive justifie actuellement un fanatisme qui n'a pas grand chose à envier aux jihadistes...

      • Dans ce cas je pense qu'en tous point, contrairement aux règles empiriques de la linguistique, je suis un anachroniste. Ou plutôt que, je considère que l'anachronisme doit impérativement et relativement être pris en compte pour revisiter les mutations sémantiques d'un terme ou d'un ensemble de concepts philosophiques...
        Ils devraient même y avoir constamment un lien entre anachronisme et définition contemporaine, tout autant pour le communisme d'ailleurs, afin de ne tuer un concept intéressant et pour le mettre à jour.

        Et en ce qui concerne les propositions de réformes pour aider à celles que tu proposes ?

        • Je crois assez inutile de proposer des taxations ou détaxations qu'on ne maîtrise pas du tout (et aucune municipalité ne voudra faire partir des multinationales qui versent beaucoup d'impôts). On ne peut faire l'impasse sur la nécessité d'équilibrer son budget

          On peut toujours imaginer toutes sortes de dispositifs locaux en fonction des rapports de force locaux et problèmes spécifiques. Mes propres propositions sont supposées s'imposer comme réponse aux évolutions actuelles (ce qui reste effectivement à prouver!), les modalités de mise en oeuvre étant laissées aux équipes locales (je reste au niveau des principes généraux). J'ai aussi fait l'hypothèse d'une mise en réseau des alternatives mais qui reste pour l'instant tout aussi imaginaire...

          • Je te comprends... Je sais que tu dois répondre à beaucoup de commentaires mais pourquoi les taxations sont elles incontrôlables ? Je repense aux taxes d'habitation qui me sont envoyées par courrier et que je suis obligé de payer et je ne suis pas d'accord...

            Sinon je pense qu'il est intéressant d'imaginer même si cela provoque beaucoup d'erreurs pragmatiques car c'est comme cela que l'on apprend et je pense que tu n'es pas quelqu'un d'inadapté au doute et à l'acceptation de la vérité, ton encrage dans la réalité concrète pourrais d'ailleurs rendre tes imaginations très intéressantes.
            J'imagine en lisant l'auto-biographie que tu as très peur de dire des bêtises et que tu as un sens aigu des responsabilités de la parole.
            Lire les surréalistes et les beatniks peuvent peut être aider :))

            Amitiés

          • Si j'étais conseiller municipal je discuterais de la taxe d'habitation de ma commune mais ce n'est pas le cas et même si l'impôt est une des principales prérogatives de la démocratie et qu'il faudrait une grande réforme des impôts, les révoltes fiscales sont quand même le degré zéro de la politique (tea party, bonnets rouges, etc.), très loin de l'alternative.

            Sinon, effectivement, je suis à la bourre pour la revue des sciences, donc je vais arrêter de répondre aux commentaires !

          • Au point où nous en sommes politiquement, je pense que ce degré zéro est bien par là où il faille commencer...Même une coopérative municipale est bloquée par les concurrences déloyales.

            ça n'empêche aucunement d'être pour des alternatives plus globales.

            Bon courage

            Baz

  5. 21, 22 , 23 aout , journées sur le revenu de base à périgueux

    jean zin viendra peut être à périgueux pour les journées sur le revenu de base , si des gens de mon rezo facebook y vont on peut s'y retrouver et s'y rencontrer (en off, qui promet davantage que le in) . il y aura en off aussi certainement patrick viveret...

    http://universite.revenudebase.info/

    jean compte assister lourdement sur le fait que le revenu garanti pris , même dans sa version inconditionnelle et suffisante ( 1200 euros par mois , contrairement au revenu de base qui comporte certaines versions particulièrement salopes pour les pauvres, comme celles de yolende bresson ou Christine boutin), peut sembler une revandication de petits bourgeois, bien insatisfaisante !! si il ne faut pas trop sous estimer notre désir de reconnaissance il faut aussi voir que par certains côté ( et moi le premier, et chez les inuits qui ont déjà fait l'expérience du revenu garnti par la manne pétrolière de leur pays) c'est juste une subvention massive à l’alcoolisme et aux toxicomanies .. même si cela n'as pas non plus que des mauvais côtés , car se qui nous tue aussi parfois nous libère , il faudra alors corriger ses effet pervers avec du développement humain ( amyrta sen : capacité à choisir sa vie ) , des coopératives municipales et des monnaies locales .. cet ensemble constituant un nouveau système de production à l'ère du numérique ( et de l'information au sens large).... je suis jean sur ce coup là , bien entendu !!

    moi j'arriverai en train de Libourne
    pour des raisons techniques et idéologiques* je ne crècherai pas sur place ( trop cher ) mais je compte néanmoins faire le 115 , qui m'aime me suive ... en ce moment le 115 il y a peut de gens et mon petit doigt me dit qu'il y aura du beau monde !! olé !!

    dans ces journées sur le revenu de base il y a une question rebutante qui hante toutes les têtes : qui va dormir avec Christine boutin ( voir même Étienne chouard) dans les dortoirs mal insonorisés du lycée agricole de coulommiers chamier ??

    bien à vous, les gens de mon rézo distant, et vœux d'à bientôt

    • une première mondiale à coulommiers chamier fin aout , les journées sur le revenu de base

      très à la mode ce revenu de base qui parce que trop insuffisant est est une menace de plus pour les précaires et les bas salaire , cela aura pour effet d'accroitre les souffrances bien réelles généré par la crise présente ... l'économie est bloqué tout semble intenable et irréel !!

      mais là on a la question du revenu garanti minimal qui perce médiatiquement même à rentrer dans le débat politique comme une idée de droite , c'est comme pour la politique de civilisation , il faudra inventer une version de gauche , libertaire et anti-autoritaire / sécuritaire.... ici comme toujours l'histoire avance par sont mauvais côté et même le côté obscure de la force !!! cela dit , même si il n'y a pas de dialogue , comme c'est le cas entre des religions concurrentes , c'est bien de vouloir rassembler toutes les tribus , même à droite , mais là moi Christine boutin je sens que je vais avoir du mal !! j'avais il y a peu été saisit d’effrois de la voir des les débats télé ( et même au JT , nous agiter ) pendant le mariage pour tous , trémousser son gros cul au côté de Gilbert collard (fn et pro élite ) et gueuler dans la rue les mêmes slogans que lui ... voilà c'est dis , cette chose que j'avais un peu sur le cœur

      • Voici la définition du Mouvement Français pour un revenu de base:

        Le revenu de base est un droit inaliénable, inconditionnel, cumulable avec d’autres revenus, distribué par une communauté politique à tous ses membres, de la naissance à la mort, sur base individuelle, sans contrôle des ressources ni exigence de contrepartie, dont le montant et le financement sont ajustés démocratiquement.

        La seule remarque négative que je ferai à cette définition c'est "distribué par une communauté politique "
        parce que je ne pense pas que nous sommes une communauté politique et que par conséquent ce revenu de base bien séduisant ne rentre pas le cadre d'une politique globale.

  6. De mon côté , je pense que le revenu garanti doit rester social pour ceux qui ont du mal à joindre les deux bouts . Il me semble mauvais de vouloir remplacer une mauvaise organisation de la société par un revenu.C'est un évitement ,une manière de ne pas chercher .

    Le travail n'a pas disparût . Et cette entité reste un fondamental pour le bon équilibre et le bonheur humain .
    C'est la raison pour laquelle je suis plutôt pour un revenu social d'une part et un revenu de base d'autre part pour tous ceux qui rentrent dans la recherche et expérimentation de nouvelles manière de penser et vivre le travail . Ces expérimentations ne doivent pas éviter mais au contraire mettre en leur centre l'accumulation des biens de productions entre quelques mains .Aussi la perspective de relocaliser les productions par la création d'entités artisanales et paysannes intégrant tous les nouveaux savoirs faire.

    Bref ,surtout pas donner la becquée

    • Il me semble que nombre de boulots sont en diminution pendant que nombreux y prétendent. Dans ce cas, la RTT me parait la seule solution pour baisser le chômage. Une semaine de 3 ou 4 jours par exemple, le reste du temps pour faire autre chose, potagers, famille, formation à d'autres jobs émergents au sein de coopératives ou pas...

      Pour les médecins, ténors du barreau, certains cadres, ce n'est pas applicable. Toute la question est de savoir quels jobs sont de fait rationnés, donc sujets à la RTT et quels autres jobs sont émergents.

      • De très nombreux métiers se sont industrialisés, rationalisés économiquement pour rentrer dans le système de compétitivité , et de ce fait se sont concentrés et ont donc été abandonnés comme métiers autonomes ; artisanat et agriculture en tant que vivier de métiers autonomes ont été vidés de leur substance. Reste les « niches » qui reprennent ces activités sur le créneau de la mode et du luxe.

        Une relocalisation bien menée doit permettre de réactiver ces métiers en y introduisant tous les progrès techniques du moment, mais en les empêchant de sortir des limites du marché local . On a donc une substitution progressive de l’industrie par l’artisanat et l’agriculture artisanale ; la concentration fait place à la diversité, avec encore plus de modernité. Pour que cette orientation, économiquement non rentable dans le cadre de l’organisation actuelle de l’économie puisse voir le jour , il lui faut un fort soutien public . Un revenu de base conséquent associé à la relocalisation des activités relocalisables est une solution a priori intéressante.

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