Plaidoyer pour l’altermonde

Temps de lecture : 22 minutes

un-autre-monde-est-possibleA mesure de notre impuissance face à la crise, on voudrait nous persuader, contre toute évidence, que les hommes auraient toujours choisi la société dans laquelle ils voudraient vivre et que ce ne serait qu'une question de volonté. On ne voit pas sur quels exemples historiques pourraient s'appuyer de telles prétentions, la révolution de 1789 n'ayant pas été préméditée, échappant en permanence à ses acteurs, et celle de 1917 ayant produit le contraire de ce qui était voulu ! Ce sont des forces historiques qui sont à l'oeuvre et nous dépassent, ce sont elles qu'il faut tenter de comprendre avec les opportunités qu'elles peuvent ouvrir et qui dépendent assez peu de nos préférences subjectives. Il n'y a aucune raison de surestimer nos moyens ni de croire qu'on pourrait construire une quelconque utopie (en plus celle de notre choix !) dans une rage normalisatrice. Au contraire, la situation semble plutôt désespérée sur tous les fronts, accumulant défaites sur défaites. Sur le plan social, le sud de l'Europe dévasté nous entraîne sur la même pente alors que la lutte contre le réchauffement climatique semble perdue, du non renouvellement du protocole de Kyoto à l'exploitation de toutes les sources d'hydrocarbure (gaz de schiste, méthanes marins, pétroles non conventionnels, charbon). On ne sait comment on va faire face, non pas tant au pic de population qui n'est plus tellement éloigné qu'à un nouveau doublement de la classe moyenne mondiale qui est déjà passée de 1 à 2 milliards depuis l'an 2000 et devrait plus que doubler encore dans les années qui viennent. Le refus de prendre en compte ces évolutions géopolitiques tout comme le bouleversement total que le numérique apporte dans nos vies depuis une dizaine d'années ne peut que renforcer notre impuissance collective et notre soumission aux événements qui décident de nous plus que nous n'en décidons dans l'urgence, le nez dans le guidon.

Qu'on ne puisse pas tout n'implique pas qu'on ne puisse rien faire mais notre champ d'action est plus modeste et plus local que ne le voudrait ce roseau pensant. Penser le monde nous met en position d'auteur d'une histoire dont nous ne sommes que l'un des innombrables acteurs aux pensées contradictoires. Il ne suffit donc pas d'agir par la pensée, voire la propagande, dans la trop commune illusion de l'unanimité, il faut une pensée stratégique qui compose avec les autres et les forces matérielles, pensée qui se transforme au contact des autres et des faits. C'est bien la question de notre liberté et du rôle qu'on peut jouer dans des processus qui nous dépassent complètement comme la crise de la dette, le climat ou le développement des pays les plus peuplés. Pour peser sur les événements, on a moins besoin de pouvoir de conviction que d'en bien comprendre les contraintes et les forces en jeu mais c'est seulement en essayant de transformer le monde qu'on peut le comprendre vraiment et en éprouver la dureté, sa résistance à nos trop bonnes intentions, de sorte qu'il ne nous laisse pas tellement le choix. Malgré tous les volontarismes de tribune, il n'y a en effet la plupart du temps guère qu'une seule bonne politique possible dans un contexte donné (économique, politique, social, international), la difficulté étant de savoir laquelle avant d'en payer les frais ! On ne peut faire n'importe quoi et il ne suffit pas de trouver une solution élégante à un problème (la spéculation, les banques, la monnaie, etc.) pour que cette solution soit viable par rapport à d'autres questions (juridiques, multinationales, technologiques, systémiques, etc.). Pour autant que ce ne soit pas une fausse solution d'ingénieur, il faut encore trouver les moyens politiques et sociaux de la rendre effective. Tout cela limite fortement notre liberté par rapport à nos rêves de toute-puissance mais ne la rend pas moins décisive au moins dans le court terme. Il y a incontestablement besoin de notre action pour régulièrement renverser les anciennes institutions, mais pour en faire de nouvelles, meilleures, plus conformes aux nouvelles conditions de production et aux limites écologiques, sans trop d'égard pour nos idéaux. C'est assez clair pour l'écologie qui dicte nos conduites à partir de mesures matérielles (de l'épuisement des ressources ou du réchauffement). Toute u-topie est contradictoire avec une écologie attentive à son milieu et qui ne peut être que pragmatique. Ramenée aux réalités pratiques, la liberté quitte le ciel des idées pour s'attacher aux différents niveaux où elle peut intervenir concrètement, y compris dans la pensée, l'information, la théorie mais selon des modes très différenciés dans chaque cas. Il ne peut plus être question de changer "Le" Monde en son entier, mais d'en changer plusieurs, à différentes échelles, voire de construire petit à petit un altermonde comme on le verra.

Il semble bien y avoir contradiction pourtant entre une liberté d'action essentiellement locale et des questions de plus en plus globales, ce n'est donc pas seulement par son penchant naturel que la pensée s'élève à un point de vue global mais bien par nécessité de problèmes qui sont devenus planétaires. Ce n'est pas pour autant qu'il n'y aurait qu'un seul monde, totalité compacte dirigée par les grands, ou quelque complot, et sur laquelle on n'aurait aucune prise. Il est très important de reconnaître la pluralité des mondes. Bien sûr nous vivons tous sur la même planète et dans un monde globalisé par les transports comme par les réseaux numériques, avec des ébauches d'une gouvernance mondiale dont il n'y a plus d'extérieur. La question du climat (comme de toute éventuelle géoingénierie) semble incarner matériellement le fait que nous appartenons à un seul et même monde qui nous fait tous solidaires. Sauf que les climats diffèrent selon les régions du monde qui ne sont pas affectées pareillement et dont les intérêts divergent. Pour la solidarité de destin, on ne sait que trop qu'il y a plusieurs mondes sociaux qui ne se mélangent pas, entre petit peuple et grand monde. La fiction d'une égalité républicaine est une nécessité juridique et vouloir la réaliser un objectif essentiel mais qu'on ne peut considérer comme atteint. Contre une vision trop totalitaire et simplificatrice, la première chose qu'il faut prendre en considération, c'est donc la pluralité des mondes et leurs divisions internes malgré l'existence de totalités effectives. S'il y a bien un système de production globalisé, cela ne signifie ni qu'il n'y ait qu'un seul système, ni qu'il n'y ait pas d'autres formes de globalisation (technique, médiatique, scientifique, juridique, migrations, épidémies, etc.). Il faut d'ailleurs ajouter qu'on n'est pas tous contemporains. Nous ne vivons pas tous dans le même temps (le présent lui-même dans son immédiateté où se rassembleraient toutes choses). Il y a un temps propre à chaque monde ou processus, bien qu'on soit bombardé des mêmes informations en "temps réel". On ne peut être présent à tous ces mondes à la fois. Contre toutes les mystiques de l'unité, il faut affirmer qu'il n'y a pas l'Un tout seul (pas d'ensemble de tous les ensembles), il n'y a pas l'Un sans l'Autre.

Ces considérations théoriques sont nécessaires pour exclure les approches trop idéologiques ou totalisantes et adopter des stratégies différenciées en fonction des questions : crise économique, productivisme capitaliste, empreinte écologique, conversion énergétique, adaptation au numérique, même si le but est de faire converger ces différentes stratégies dans un projet global et la construction d'un altermonde. Il n'y a aucun miracle à attendre d'une impossible révolution mondiale ou métamorphose inouïe de l'humanité, pas plus que d'un retour à la terre des populations urbanisées ou un arrêt soudain de l'évolution technique. Les problèmes devront être traités un à un. Il faut simplement essayer de donner cohérence à une stratégie d'ensemble pour aller le plus loin possible dans une radicalité qui ne soit pas purement verbale mais tire le plus grand parti possible des potentialités du temps.

Ne pas compter sur une révolution mondiale rayant soudain le capitalisme de la surface de la Terre signifie qu'il faudra faire avec un certain temps. Tout ce qu'on peut espérer, c'est limiter son emprise, construire des alternatives, organiser la sortie de la société salariale mais, en attendant, il faut arriver à mieux réguler le capitalisme et régler l'instabilité financière. L'écologie-politique ne peut se désintéresser de ce qui constitue pour longtemps encore ce qu'on peut appeler le premier monde, celui de l'économie marchande globalisée. Dans ce domaine, on voit bien qu'on n'a guère le choix malgré tous ceux qui prétendent le contraire. C'est la crise qui dicte sa loi comme d'un pays conquis - les Grecs en savent quelque chose - et s'il faut changer la façon dont cette crise est gérée, c'est qu'elle nous mène dans le mur. Il faut construire pour cela les rapports de force nécessaires mais c'est une voie réformiste faite de compromis qui ne change pas le système. Il n'y a pas lieu de prendre argument de nos échecs passés pour promettre la Lune à l'avenir. Ce n'est pas ce qui changera toute la logique et l'infrastructure du système de production en place.

Un autre monde est possible dont il y a déjà quelques signes, un autre système de production relocalisé qui pourrait grignoter petit à petit le productivisme industriel et salarial. Il faut juste ne pas confondre le premier monde et l'altermonde mais agir sur les deux plans pour préserver notre avenir commun. Il serait irresponsable de délaisser le terrain de la finance et du capitalisme alors qu'on a absolument besoin d'en dompter la sauvagerie et qu'on a intérêt à ce qu'il se transforme en capitalisme vert. Prendre le capitalisme vert pour ennemi est de la fausse radicalité même s'il est vrai qu'on ne saurait s'en satisfaire et qu'on doit organiser la sortie du capitalisme salarial mais ce n'est pas l'un ou l'autre. Ce sont des approches complémentaires qui ne devraient pas diviser les écologistes.

De la même façon, il est très important de soutenir les ONG qui essaient de peser sur les traités internationaux pour obtenir des réglementations écologiques, sensibiliser aux risques vitaux, tout aussi important que de soutenir la recherche sur le climat dont notre action est tributaire, mais cela n'empêche pas que l'écologie-politique ne saurait se résumer à ces instances technocratiques. Il faut simplement tenir les deux bouts, penser global et action locale, la radicalité se situant surtout au niveau local sans devoir s'opposer au réformisme global. L'altermonde est basé sur le local mais il n'est pas isolé du reste du monde, il côtoie la globalisation marchande et en reste dépendant pour longtemps encore, notamment pour la reconversion énergétique. Il y a des circuits à assurer, l'alimentation en ressource de 7 milliards d'être humains ! L'extrémisme là aussi est irresponsable. Il n'est même pas souhaitable de tout relocaliser, ni que chaque village ait son haut-fourneau, ni de faire pousser des plantes qui ont besoin de beaucoup d'eau dans les pays arides (lorsque la Jordanie importe du blé, on peut dire qu'elle importe de l'eau). Il est plutôt recommandé de se spécialiser dans les cultures adaptées aux atouts du climat local. De toutes façons, la relocalisation prend du temps, plus qu'il ne faudrait sans aucun doute au regard de l'urgence...

Même si on ne peut se débarrasser immédiatement du capitalisme et qu'il serait complètement illusoire de s'imaginer que tout le monde adopte un mode de vie écolo, c'est bien dans ce sens qu'il faut aller : sortir du productivisme et de la société de consommation pour réduire notre empreinte écologique. Il ne s'agit pas de vouloir changer les gens, comme si on était leur modèle, mais seulement de faciliter la sortie du circuit marchand en valorisant leurs savoir-faire et développant leurs compétences. Il s'agit de détourner la consommation vers la production, de changer le travail pour changer la vie, c'est-à-dire de donner le choix d'un autre travail et d'un autre mode de vie, constituant un progrès de nos libertés. Or, il y a convergence ici entre le numérique, l'écologie et le développement humain puisqu'avec le numérique il y a une dématérialisation relative ainsi qu'une exigence d'autonomie et de formations élevées pour l'économie cognitive, en même temps qu'il apporte de nouvelles capacités de régulation. Le capitalisme s'impose d'abord par les prix mais s'installe et structure la société par le salariat et la société de consommation. Sortir du capitalisme, c'est surtout pouvoir sortir du salariat, ce qui serait facilité par un revenu garanti et des coopératives municipales (coopératives de travailleurs autonomes de la commune) faisant du travail "le premier besoin de la vie" au lieu de loisirs marchands et donnant à l'épanouissement dans son activité quotidienne la primauté sur les gains monétaires. Le numérique permet de travailler à distance sans se déplacer mais aussi de rapatrier certaines production (imprimantes 3D, Fab Labs). Sinon, les travailleurs autonomes (tout comme l'agriculture familiale) ont besoin de trouver leurs débouchés dans l'économie locale, ce que des coopératives municipales sont supposées faciliter.

D'un point de vue écologique, relocalisation et travail autonome sont étroitement liés bien qu'on ne puisse se passer de travail salarié et qu'il y ait des relocalisation industrielles nécessaires à d'autres échelles. On a besoin là aussi d'approches différenciées entre territoires, grandes villes et campagnes mais, dans tous les cas, la relocalisation écologique, c'est surtout des échanges et services de proximités avec un maximum de productions locales (entre autres d'énergies renouvelables). Le meilleur outil pour favoriser les échanges locaux, ce sont les monnaies locales qui s'articulent donc avec un revenu garanti et des coopératives municipales pour donner accès au travail autonome, sortir du productivisme et relocaliser l'économie. Une telle réorientation exige de s'organiser localement et un renouveau de la démocratie locale. Dans notre situation, il ne me semble pas qu'il y ait vraiment d'autres alternatives que celle-là qui s'impose matériellement plus que par idéologie. C'est en tout cas la voie d'un nouveau système de production à construire qui pourrait avoir vocation sur le long terme à prendre le dessus sur un capitalisme industriel en déclin à l'ère du numérique (après la saturation du marché). Cependant, il ne faut pas se cacher que l'un des obstacles majeurs à faire tomber pour cela vient de l'Europe car, à l'opposé du sacro-saint principe d'une concurrence libre et non faussée, il serait primordial d'introduire la proximité dans les traités (ou la constitution) afin d'équilibrer le seul marché unique sans raviver un protectionnisme national.

En soi, des alternatives locales n'ont d'intérêt que pour ceux qui les expérimentent. Pour qu'elles deviennent la base d'un altermonde, d'une économie alternative au capitalisme globalisé, il est essentiel de faire partie d'un mouvement général, de s'inscrire dans un projet global et des réseaux altermondialistes. En tant que projet politique, on peut dire que "l'écologie c'est la relocalisation plus les réseaux alternatifs" mais cette autre globalisation ne peut s'ancrer que dans le local. C'est là qu'il y aurait besoin de constituer un mouvement altermondialiste plus consistant, une écologie plus alternative ou expérimentale mais surtout plus centrée sur la relocalisation et notre entrée dans l'ère du numérique (sans oublier pour autant la reconversion énergétique). Un tel parti altermondialiste pourrait représenter dans la politique officielle ces réseaux parallèles, ce système alternatif basé sur la relocalisation, le développement humain et la sortie du salariat pour un travail autonome et coopératif à l'ère de la gratuité numérique.

Dès lors que l'on quitte la fiction d'un monde unique et qu'on reconnaît qu'il y a toujours eu une économie plurielle (domestique, étatique, marchande, associative), il ne devrait pas être impensable d'introduire dans cette pluralité un durcissement des contradictions jusqu'à opposer au monde marchand un autre monde, celui de l'altermondialisme, des alternatives locales, voire des mouvements underground et des hackers (avec 2 internets aussi, l'officiel et le pirate). Il ne suffit pas d'une multiplicité livrée au marché des préférences personnelles mais il faut arriver à se constituer comme puissance contre une autre puissance, représentant une réelle alternative des logiques productives comme des façons de penser. Au lieu de baisser les bras devant une finance mondialisée sur laquelle nous avons effectivement peu de prise, cela devrait nous inciter à mondialiser la résistance et se constituer en contre-monde, ce qui est bien le programme de l'altermondialisme mais veut dire aussi concrètement assumer une société duale entre riches et pauvres, entre un productivisme qui rapporte et un exercice plus épanouissant de ses compétences mais qui est moins profitable. L'autre monde n'est pas celui des riches, qui n'y peuvent pénétrer, mais de la solidarité entre ceux qui n'ont rien ou vivent de peu. Il s'agit d'une certaine façon de faire sécession, bien qu'il ne soit pas question de murs étanches mais seulement de creuser les différences, les modes de consommation comme de production et tendre petit à petit à s'autonomiser du premier monde, permettre du moins à un nombre de plus en plus grand de vivre en dehors de l'économie marchande.

Au préalable, il faudrait que cet altermonde soit réellement viable et désirable pour faire le poids face au pouvoir de l'argent, il ne suffit pas de bons sentiments, encore moins d'esprit de sacrifice. Il faudra donc qu'il s'ancre à la fois dans les réalités locales et l'ère du numérique qui s'ouvre à nous avec de nouvelles potentialités sur lesquelles on doit s'appuyer. Il faudra enfin qu'il réponde aux défis écologiques des 50 prochaines années (climat, énergie, pic de population, développement des pays les plus peuplés), défis auxquels l'altermonde ne pourra répondre tout seul, les deux mondes devant y prendre part, mais auxquels il devra apporter de meilleures réponses. Cela exigerait cependant une stratégie réaliste et commune encore complètement absente alors que de fausses analyses font croire à un retour en arrière illusoire pendant que les pays du sud connaissent un véritable retour en arrière, eux, s'appauvrissant un à un jusqu'à des situations réellement dramatiques.

Il y a des aspects purement conjoncturels de la crise qui aura un après, un nouveau cycle de Kondratieff d'inflation et de croissance au niveau mondial, mais sur de nombreux plans (démographique, géopolitique, économique) nous serons comme tous les pays riches en déclin relatif par rapport à notre ancienne position dominante et coloniale. Lorsqu'on connaît un krach de la dette, il ne faut pas s'attendre à une reprise du crédit avant longtemps. Au niveau de développement où nous sommes arrivés, ce n'est pas la difficulté de retrouver la croissance qu'on pourrait déplorer si ce n'étaient les plus pauvres qui payaient le prix de la réduction drastique des protections sociales et des petits salaires, ce qu'on appelle pudiquement "réformes structurelles". Il ne suffit pas de trouver cela intolérable et vouloir s'y opposer sans se donner la peine de comprendre ce qui rend inévitable ces "ajustements structurels" dans le contexte actuel (en dehors d'une bonne guerre). Face à cet appauvrissement programmé, on n'a pas vu en quoi les protestations des peuples ont pu changer quoi que ce soit jusqu'ici à des politiques qu'on peut dire aveugles dans leur contre-productivité manifeste. On peut espérer un changement d'orientation mais qui ne fera qu'atténuer un mouvement de fond. On voit bien comme la mondialisation profite aux riches qui deviennent toujours plus riches et se soustraient à l'impôt. Il devrait y avoir un rééquilibrage à la longue mais qui prendra du temps. En attendant, plutôt que de croire au retour immédiat du progrès social, il vaudrait mieux essayer de s'adapter aux restrictions qui touchent une grande partie de la population, y compris un nouveau “prolétariat intellectuel” avec l'émergence depuis une dizaine d'années des intellos-précaires surdiplômés au chômage. Ce serait l'occasion d'en profiter pour accélérer la conversion écologique avec des réseaux alternatifs. L'écologie consiste à faire mieux avec moins, ce qui est compatible avec un appauvrissement monétaire et qu'il faudrait démontrer en acte. Si je critique la "simplicité volontaire" par son moralisme se substituant à la politique, il ne serait pas mauvais que se développe une culture de la pauvreté avec un certain mépris pour les riches et une fierté d'appartenir au peuple plus qu'à l'élite, de partager la vie commune, attachés à la durabilité des objets et leur recyclage. Ce qu'on appelle le développement humain implique effectivement de faire des plus pauvres la norme d'une vie vivable.

Même s'il en existe déjà quelques germes, on ne peut s'attendre à ce que cette voie de l'altermonde rencontre un accueil favorable et massif, il faudra sans doute avoir épuisé avant toutes les facilités apparentes des solutions simplistes et le déni du réel des démagogues pour se résoudre à ce que nous dicte l'évolution du monde et des technologies. Une seule certitude, cela ne sera pas immédiat et prendra même beaucoup trop de temps au regard des délais qui nous sont impartis, il ne faut donc pas mettre tous nos oeufs dans le même panier et négliger la régulation du capitalisme financiarisé même si on ne peut en attendre trop. Cette stratégie des deux mondes serait essentielle pour ne pas s'enfermer dans le réformisme ou l'utopie alors qu'elle est rejetée violemment par les deux côtés ne voulant pas se compromettre l'un avec l'autre. On comprend bien la difficulté par rapport aux discours idéologiques unifiants de vouloir défendre à la fois une division de la société et des stratégies différenciées en fonction des nombreux niveaux territoriaux (local, régional, national, européen, global), exigeant à chaque fois des organisations différentes. Il faudra bien pourtant se battre sur tous les fronts, on n'a pas le choix. Pour l'instant, tout cela reste du domaine de l'hypothèse et loin du réalisme revendiqué, mais jamais période ne fut aussi révolutionnaire, des surprises sont toujours possibles qui peuvent changer la donne - pas forcément toujours dans le bon sens hélas.

(article écrit pour EcoRev' mais dont le début a été modifié - voir pdf)

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36 réflexions au sujet de “Plaidoyer pour l’altermonde”

  1. L'excès de lois tue la loi, comme pour l'impôt. Le fait est que le problème n'est pas le manque de règles mais leur inapplication.

    La dernière dérive notoire était le TCE, encore un texte amphigourique incompréhensible.

    En matière de finances c'est idem, des tonnes de règles pas appliquées :

    Nous ne sommes pas certains que la réglementation existante était insuffisante ou inappropriée, mais nous savons en revanche que lorsque la réglementation n’est pas appliquée,
    les problèmes surviennent. Dans les années qui
    ont précédé la crise, les superviseurs ont laissé
    les banques se livrer à un arbitrage réglementaire
    massif pendant la croissance du système bancaire
    dit « parallèle ». L’effet de levier effectif sur les
    prêts à l’économie américaine est devenu bien plus
    important que celui que la réglementation autorise
    en principe. C’est principalement l’effondrement de
    ce système bancaire parallèle qui a entraîné la chute
    du système bancaire traditionnel en 2007-2008.

    http://www.tse-fr.eu/images/TSE/Actu/tse-mag-2-2012-13-fr.pdf

  2. anather world is possible !! don't beleave the hype !! I don't know what I want but I know how to get it !! internationale connections , il faut connecter les circuits alternatifs , fédérer tous les crew toutes les ruelles , région par région !! et dans ma région , l'aquitaine , je le dis et je le dis très sincèrement et très respectueusement : faut pas se saigner les veines mais résoudre les problèmes !! débrancher la méga machine , la pieuvre capitaliste dont 2 coeurs sur 3 ont fondus , la pieuvre en suspension au dessus du vide dans les volutes bleue de mon hip hop , et reconnecter les circuits locaux dans une monnaie locale voir régionale avec le projet sol porté par Patrick Viveret ex du grit ( groupe de recherches inter et trans disciplinaire : un alter monde c'est un endroit où on préfère y être pauvre plutôt que riche partout ailleurs , une décroissance heureuse , un avenir pour les pauvres et par les pauvres !! l'heure est à la ré-équilibration de la globalisation, par le retour au pays et au new age !! mais il est aussi l'heure, à l'horloge de nos propres tempos et de nos animalités fuyantes , de rétablir les équilibres de la citée subjective , une écosophie tout à fait pratique , une écosophie sur le tas pour une décroisance non seulement soutenable , mais aussi intense , heureuse et convulsive : c'est l’aventure c'est le combat l'avant garde !! il faut se le dire , et se raconter sans trop se la raconter !! au croisement et au plaisir où on regarde dans le ciel capitaliste planer les vautour . le vent tourne et les vautours le suivent et l'horizon, au moins localement, se débouche ...Le prince Noir , pas un soleil mais une autre étoile noire !!

    PS :

    l'avenir erre sur le bitume , même si l'Avenir du hip hop erre en Afrique !! le kung fu cognitif est une putain de dialectique .... le vice anti matrice se bas contre le keuf à l’haleine au pastis !! c'est pour tous ceux qui vivent le monde le langage et la France comme une cicatrice !!! la Marseillaise du malaise quand mon rap c'est un môme qui pisse sans alèse !!

    • another world is possible !! don't beleave the hype !! I don't know what I want but I know how to get it !! internationale connections , il faut connecter les circuits alternatifs , fédérer tous les crew toutes les ruelles , région par région !! et dans ma région , l'aquitaine , je le dis et je le dis très sincèrement et très respectueusement : faut pas se saigner les veines mais résoudre les problèmes !! débrancher la méga machine , la pieuvre capitaliste dont 2 coeurs sur 3 ont fondus , la pieuvre en suspension au dessus du vide dans les volutes bleue de mon hip hop , et reconnecter les circuits locaux dans une monnaie locale voir régionale avec le projet sol porté par Patrick Viveret ex du grit ( groupe de recherches inter et trans disciplinaire) : un alter monde c'est un endroit où on préfère y être pauvre plutôt que riche partout ailleurs , une décroissance heureuse , un avenir pour les pauvres et par les pauvres !! l'heure est à la ré-équilibration de la globalisation, par le retour au pays et au new age !! mais il est aussi l'heure, à l'horloge de nos propres tempos et de nos animalités fuyantes , de rétablir les équilibres de la citée subjective , une écosophie tout à fait pratique , une écosophie sur le tas pour une décroissance non seulement soutenable , mais aussi intense , heureuse et convulsive : c'est l’aventure, c'est le combat, c'est la bohème , c'est l'avant-garde !! il faut se le dire , et se raconter sans trop se la raconter !! au croisement et au plaisir où on regarde dans le ciel capitaliste planer les vautour . le vent tourne et les vautours le suivent et l'horizon, au moins localement, se débouche ...Le prince Noir , pas un soleil mais une autre étoile noire !!

      L'Otium : hip hop pour le peuple !! le Peuple !! un objet complexe , un hochet à agiter , quand la dialectique peut casser des briques et qu'un mince hochement de tête peut rendre toute entreprise parfaitement géniale ou parfaitement ridicule . cet objet complexe est une contrainte des faits sur le regard ( qui fait toujours semblant de voir , mime ou simulent la vision , absente , invisibilise et éclair aussi parfois comme torche dans la nuit et dans l'hiver .... dès lors le regard qui est une écriture et une santé se doit d'installer le kaléidoscope , avec les lyrix bien ciselés et bien acérés et les écritures multimédias brodées et tricotées du micro au macro-scope !!

      PS :

      l'avenir erre sur le bitume , même si l'Avenir du hip hop erre en Afrique !! le kung fu cognitif est une putain de dialectique .... le vice anti matrice se bas contre le keuf à l’haleine au pastis !! c'est pour tous ceux qui vivent le monde le langage et la France comme une cicatrice !!! la Marseillaise du malaise quand mon rap c'est un môme qui pisse sans alèse !!

      • riez de vos réussites personnelles avant de pleurer de nos échecs collectif . l'histoire avance sans se préoccuper de nos états d'âmes , mais le moment opportun ( KAÏROS) approche , il me semble que le temps , où tout conspire , joue avec et pas contre nous . c'est bien cela qui rends l'époque si rare , si jubilatoire ... il y aura des opportunités et nous aurons bien l'occasion de nous sentir à nouveau en vie ... patience , ça vient ...

        Patience...Un mot à apprivoiser...

        à l'horloge de nos propres tempos ... la révolution qui vient sera une révolution contre le temps : prendre son temps et faire du temps : son temps !!

        http://www.youtube.com/watch?v=q81HwwRon_0&feature=youtu.be

        Opsa à la MAC ! (on voit pas grand chose....mais le son est là!

          • Des mots sur les maux , de la couleur sur les douleurs et de bons sons pour te dégourdir les jambes et les esgourdes !! depuis la logo-sphère de tes songes on allume à distance les 5 soleils de ta chambre, frère !! Quand l'artificier déclenche ma présence ..... on cherche des alliés pour esquiver les enfers !! et faire la nique à tous les cerbères ; en faisant rimer les cicatrices et les points de sutures; en faisant raisonner des trompettes du ghetto neurone , celui là même qui est comme une plaie !! comme un hymne !! car la vie est en héritage et en rature !!

  3. Cher Jean. C'est toujours avec beaucoup de joie que je lis et relis vos contributions. Et plus particulièrement celles qui analysent votre fameux triptyque: revenu garanti - coopératives municipales et monnaies locales. Vous n'êtes pas sans savoir qu'il y aura des élections municipales en 2014 et ce triptyque pourrait très bien être au centre de futurs programmes municipaux relayés par des citoyens désireux de changer les choses localement et de comprendre les enjeux globaux à l'échelle de la planète. Et d'une certaine façon de travailler à la "création" de cet altermonde (plus local) tout en connaissant les ravages du 1er monde.
    Mais je crois me souvenir dans un de vos textes que seuls deux éléments de ce triptyque pouvaient sans trop de difficultés se mettre en place à l’échelon local: la coopérative et la monnaie. Mais que concernant le revenu garanti, l'on ne pouvait le mettre en place qu'au niveau national. Alors pensez - vous qu'il soit quand même possible de faire un tant soi peu système que sur les deux premiers leviers et ce ce, sans attendre le RG? Concernant la coopérative municipale, je tiens à relater les expériences de couveuses agricoles, appelées aussi les Espaces Test Agricoles, souvent portées par des collectivités (communes le plus souvent). On y retrouve bien les conditions nécessaires de l'accès à l'autonomie et à un accompagnement par des agents publics. Ce n'est peut être pas à proprement parlé des CM mais peut être en sont - elles les prémices?

    • La coopérative municipale est un concept qui me semble s'imposer mais qui est difficile à mettre en place et dont je ne suis pas sûr que ce ne soit pure utopie. Il ne faut pas croire que je sache comment faire ce dont je me contente de déduire la nécessité, d'énoncer les objectifs qu'il faudrait remplir (non pas mes idées mais les nouveaux besoins à satisfaire). Je me sens un peu gêné de défendre des idées si improbables exigeant des circonstances exceptionnelles pour se lancer dans l'expérimentation. En attendant des projets moins ambitieux peuvent servir de germe à des extensions futures, sauf que je crois que c'est beaucoup plus difficile sans les autres composants systémiques et que cela peut être beaucoup d'efforts pour pas grand chose.

      Il est certain qu'un revenu garanti est indispensable pour s'ouvrir à une population assez nombreuse et qu'on ne peut l'envisager au niveau local que dans des municipalités très riches, ou par des montages complétant un RSA avec un montant en monnaie locale mais on reste dans le bricolage, réduisant l'intérêt du dispositif. Je n'ai pas voulu aborder la question dans le texte qui était déjà trop long mais la restrictions des moyens budgétaires ne va pas dans le sens d'un progrès social et donc d'un revenu garanti. Sauf à tout remettre à plat (il y faut des circonstances dramatiques sans doute) ou alors prendre l'option la plus probable d'un revenu garanti insuffisant utilisé alors comme revenu de base compétitif permettant de baisser les salaires sans trop baisser le revenu disponible. C'est un peu de la politique fiction, détachée des rapports de force actuels et des préoccupations du moment.

      Ce serait une bonne surprise que monnaie locale et coopérative municipale apparaissent dans les programmes des prochaines municipales. Jusqu'ici cela n'a intéressé que peu de gens, avec des tentatives qui ont tourné court, mais comme pour les monnaies locales on peut espérer passer bientôt à la vitesse supérieure. Tant qu'il n'y a pas une coopérative municipale opérationnelle pouvant servir de modèle, il faut bien dire que c'est casse gueule de s'y lancer. Il ne faut sans doute pas trop promettre là non-plus et seulement s'engager sur la voie d'une facilitation des échanges locaux et de la valorisation des compétences disponibles, sous couvert de développement local.

      Ce qui serait indispensable, c'est que les prochaines municipales soient l'occasion pour les Verts au moins (le Parti de Gauche ?) de mettre l'accent sur le local, la relocalisation sinon pour une démarche alternative qui n'en intéressera qu'une infime minorité sans doute (même pas "les Alternatifs"). Si la crise ne s'aggrave pas jusque là de façon sensible je doute qu'on sorte du train train et de la survalorisation du niveau national dont on attend de nous soustraire à toutes les menaces extérieures.

  4. Comme je le disais ici il y a peu, ce sont les politiques français qui ont fait capoter l'union fédérale européenne que l'Allemagne a plusieurs fois proposée. Ulrike Guérot le confirme ici :

    http://www.france2.fr/emissions/ce-soir-ou-jamais

    C'était la première chose à faire avant une monnaie unique qui a mis un bordel monstre du fait d'un manque de gouvernement européen. Maintenant, des grecs, des espagnols, des français, des italiens... se jettent par les fenêtres ou s'immolent pour cause de chômage et d'endettement, c'est vraiment n'importe quoi et assez infect.

    Les politiciens allemands ont une responsabilité, mais il faudrait voir aussi celle de ceux français qui font les gentils flics alors que depuis le début ils sabotent toute union concrète.

  5. vous dites :

    " En tant que projet politique, on peut dire que "l'écologie c'est la relocalisation plus les réseaux alternatifs". C'est là qu'il y aurait besoin de constituer un mouvement altermondialiste plus consistant, une écologie plus alternative ou expérimentale mais surtout plus centrée sur la relocalisation et notre entrée dans l'ère du numérique (sans oublier pour autant la reconversion énergétique). Un tel parti altermondialiste pourrait représenter dans la politique officielle ces réseaux parallèles, ce système alternatif basé sur la relocalisation, le développement humain et la sortie du salariat pour un travail autonome et coopératif à l'ère de la gratuité numérique - mais ce parti n'existe pas pour l'instant..." JZ

    ALORS , comment faire ? pour refaire le black panther party 2.0 ? peut être que cette appellation n'est pas la bonne , mais qu'elle correspond à notre vice anti matrice quand dans nos enclaves ils nous laissent procréer pour que la race des esclave ne s’éteigne jamais : on vie la France le langage ( même 2.0) et la vie comme une cicatrice et ce soir on verse un peu plus de sel sur la plaie !! je trouve , à tors ou à raison qu'il y a toute une négritude à se réapproprier comme des indigènes indigestes que la France à du mal à digérer !! études post coloniales , la vérité crue et métissée en ordre de bataille !! quand l'immigré sort du buisson agressif , politisé en colère et à raison .... le hip hop est déjà un art à la conquète de la planète entière et si tu t'emmerde viens chez moi , t'inquiètes y aura du peura à la fête !! peace love and unity .... on remonte le black panther party !! fin de partie pour les bourreaux et les salauds c'est le moment de déchanter : dream is over , nous on fait la nique à tous les cerbères et on même de l'ardeur pour pisser chaque jour dans l'évier du système !! wesh internet wesh facebook et la noosphère mondiale avec son cortège de pollutions médiatiques en tout genre !! et des connerie habituelles qui t’apaise jamais totalement quand vraiment t'as la dalles , le hip hop est une manne si il faut un exode .... on est là !! big up à tous les habitués du lieu ! big up au tenancier !!

  6. Je suis ok avec cette approche. Sur un point, celui qui évoque le prolétariat des intellos surdiplomés et fauchés, il me semble qu'on trouve dans ce milieu des choses intéressantes, l'embryon d'une "société de la création" par opposition a la société de consommation. On brille plus par ce qu'on crée, dans la coopération avec les autres , qu'avec les objets coûteux qu'on a pu se payer avec sa bonne paye en faisant un boulot nul.

  7. Ca ne fait que 20 ans, ou 40, que l'on nous bassine avec l'espoir, que l'on nous dit : "nous sommes impuissants, mais [ajouter l'espoir]". Or que voyons-nous depuis 20 ou 40 ans ? Que tout empire. Que nous tombons de Charybde en Scylla et sur fond de désastre écologique planétaire que Google nous retransmet désormais en Timelapse avec les mêmes satellites qui sont aussi fruits du désastre, tandis que tous les indicateurs sont dans le rouge, que l'occident décline dans un capharnaüm culturalo-bétonné tandis que la montée en puissance de l'Asie nous promet la poussée nécessaire au décollage de la catastrophe ultime [...] & vous voudriez encore nous servir une couche d'espoir ? Ca suffit les "si", les "potentialités", les "révolutions" imaginaires, les "forces" complètement invisibles & autres mirage des intellectuels en perdition. Un mot d'ordre désormais : désespoir !

  8. "la question de notre liberté"
    Comment sortir du dialogue de sourds que nous entretenons autour de la liberté alors que ce que nous faisons la plupart du temps c'est de combiner nos libertés? La représentation dominante de la liberté est celle de la liberté individuelle, c'est à dire de la juxtaposition de libertés serties dans "la liberté de chacun s'arrête où commence celle des autres", ce qui ne correspond qu'à une infime partie des décisions que nous prenons. Notre représentation principale de la liberté ne couvre en définitive qu'une toute petite partie de son champ d'application.
    Associer liberté et subsidiarité me semble être une bonne piste de modification de notre représentation de la liberté afin de la rendre moins abstraite et plus en phase avec les réalités. La subsidiarité nous fait d'emblée entrevoir l'archipel des innombrables collectifs dans lesquels nous intervenons.

    • La question de la liberté est celle de la philosophie, de l'éthique (du droit), de l'homme, du logos, de l'ex-sistence, de l'ignorance, de la réflexion, de la décision, du risque, de la confrontation, de l'engagement, de la domination ou de la soumission. Impossible de régler la question. Ce qui est en question ici, c'est ce faux postulat universellement partagé malgré son démenti constant qu'on serait entièrement libres de choisir la société dont on rêve sous prétexte que la société est faite par les hommes (qui ne déterminent pas cependant les conditions dans laquelle ils la font). C'est que la société devrait être conforme au concept qu'on en a alors qu'elle évolue et se transforme sans arrêt et sans égard pour nos convictions, notre rôle se limitant largement à peser dans un équilibre de forces contraires, tenter d'éviter le pire et profiter du meilleur.

      La question de la liberté ne peut être séparée de celle de la vérité en tant qu'elle n'est pas donnée et fait l'objet elle aussi de luttes acharnées, vérité aussi sur ce que nous sommes avec tous nos défauts, notre rationalité limitée, notre folie, notre inhabileté fatale loin d'une toute-puissance délirante comme d'un calcul purement rationnel, vérité enfin de l'après-coup qui décide pour nous, matériellement, loi de l'évolution dont nous ne sommes pas sortis, toujours sujets, bien plus qu'on ne le croit.

      C'est la limite du cognitivisme et de tous les trucs inventés par le management, dispositifs cybernétiques qui ont leur utilité mais ne peuvent éliminer le caractère conflictuel du réel. La subsidiarité fait partie de ces principes systémiques (cybernétique de second ordre) mais subsidiarité ne veut pas dire autonomie par rapport à un ensemble supérieur imposant ses contraintes, ensemble sur lequel on peut peser aussi mais de moins en moins à mesure qu'on s'éloigne du local. Chaque niveau de décision relève cependant de la liberté, simplement sous des formes différenciées.

      D'une certaine façon, plutôt que de vouloir régler la question de la liberté, ce qui est intéressant, c'est de faire ressortir par contraste les illusions de la liberté, si communes (et totalitaires). C'est cela qui est étonnant, les airs qu'on se donne de bien savoir ce qu'il faut faire et de vouloir dicter l'ordre du monde quand on peut juste lutter contre ses injustices et qu'on expérimente tant de défaites au contraire.

      • Je suis bien d'accord avec toutes vos remarques concernant nos limitations et nos impuissances. Une fois cela dit, ce qui m'intéresse, c'est de rechercher, non pas des solutions magiques qui règleraient la question de la liberté, pas plus que de prétendre résoudre les conflictualités qui se présentent à nous, mais des terrains où la pratique de notre liberté et les représentations qu'on s'en fait puisse mieux se rapprocher des réalités, tout en favorisant, comme vous, l'émancipation, le développement de l'autonomie. C'est dans ce sens que le concept de subsidiarité associé à celui de liberté me semble fécond.
        En bref, faire avec ce qu'on a, parce qu'avec ce qu'on n'a pas on ne peut rien faire.

  9. …liberté…. Je prends la liberté de vous (Jean et ses blogueurs) passer ce lien d'Arte pour vous permettre de voir si vous ne l’avez pas fait le documentaire diffusé hier soir sur la chaîne ; il nous montre que pour l’alter monde c’est loin d’être gagné, le premier monde risquant de tous nous entraîner dans sa chute ; c’est assez déprimant ou rageant de voir où on en est et où on va .
    http://videos.arte.tv/fr/videos/de-l-argent-propre-avec-de-l-air-pollue--7495624.html

    • Je suis hélas bien d'accord sur le fait qu'on a complètement échoué, comme le dit Harvey Mead dans le lien du premier commentaire, c'est l'amer constat que "l'énergie produite aujourd'hui est fondamentalement aussi sale qu’il y a 20 ans". On est très mal parti. Je suis d'accord aussi sur l'échec du système de quotas nommé stupidement "droit à polluer" alors que le vrai droit à polluer, c'est le prix du pétrole tout simplement. Il faut revoir complètement le système mais cette vidéo de propagande est stupide. Quand j'ai rompu avec les Verts, c'était aussi juste après que Voynet avait fait capoter la conférence de La Haye sur le climat en refusant le système d'échange de quotas qui avait pourtant réussi sur le SO2, justifiant la défection des Américains. C'est très grave et on en paye les conséquences. Il fallait essayer de sécuriser le système, réduire le taux des quotas pouvant être échangés, réguler leur prix, éviter ses dérives et effets pervers, etc. A la place on a... rien (à part ce système bancal européen). C'est de la pureté mal placée, dangereuse, idiote. Le système actuel est insignifiant et contre-productif, il a subi un véritable krach. On est dans la merde mais ce n'est pas le seul outil de réduction des émissions qui en est responsable.

      • En ce qui me concerne j’ai commencé à critiquer le Grenelle de l’environnement en terme de méthodologie sur le principe qu’il est toujours stupide de vouloir résoudre les problématiques qu’une logique a crée en s’appuyant sur cette même logique ; d’entrée ma position a été : ok pour prendre une série de mesures ,à condition que d’entrée on reconnaisse leur caractère nécessaire et non suffisant au vu de la profondeur et gravité des problématiques ; il aurait fallu en même temps lancer une recherche sociétale permettant d’imaginer une nouvelle organisation de la société en capacité de répondre durablement aux enjeux économiques et écologiques ; on attend toujours cette recherche et son principe même n’est même pas posé . Cela est exactement sur le même plan que lorsque je réclame un nouvel outil politique en complément de l’outil représentatif qui se situe au jour le jour nez sur le guidon au niveau de mesures, programmes …..Rustines de plus en plus improbables.

  10. Article intéressant pour rénover la démocratie, avec une part de tirage au sort :

    On peut imaginer ainsi une VIème République très proche de la Vème avec une différence clé : un Sénat constitué de citoyens tirés au sort parmi les Français âgés de 25 à 65 ans n’ayant eu aucun problème avec la justice, désignés pour une durée de 3 ans. Ce système fait sourire certains mais la République d’Athènes a duré 200 ans soit plus que notre République ! Et le niveau d’éducation y était moins bien partagée que de nos jours.

    http://www.marianne.net/VIe-Republique%C2%A0-l-exemple-de-la-democratie-athenienne_a228849.html

    • C'est une voie possible à expérimenter mais certainement pas la seule réforme à introduire et, je me répète, il ne faut voir là rien de réellement "exaltant" quand on est déjà en démocratie malgré tous ses défauts, on ne peut en attendre qu'une amélioration significative pas un miracle avec un peuple soudé uni vers le même idéal (sans plus de divisions politiques), ce qui ne se produit, hélas, que dans la guerre...

      Ceci dit, l'histoire d'Athènes a effectivement pas mal de points communs avec notre époque puisqu'on peut dire que tout a commencé par l'invention de la monnaie, début de la financiarisation et de l'ouverture des marchés qui a ruiné les paysans grecs obligés de se vendre pour dette comme esclave. C'est en réaction que la démocratie va se mettre en place par interdiction de l'esclavage pour dette et la conciliation des intérêts des riches avec ceux des pauvres. Le problème a toujours été d'empêcher l'oligarchie de ruiner le pays pour s’enrichir sans sombrer pour autant dans les excès de croyances religieuses débiles.

      • S’exalter sur des réformes améliorantes devient en effet difficile quand on a bien perçu le peu de poids de nos actions et compréhensions individuelles sur une réalité systémique complexe inscrite dans des évolutions lentes – même si parfois ça s’accèlère.
        Je partage votre sensibilité réaliste qui pourtant a aussi sa limite : c’est une position intenable dans la mesure où notre désir de changement est aussi une réalité sans doute aussi forte que le réel matériel qui nous emprisonne. Preuve en est l’insatisfaction fondamentale que cela provoque en nous .
        Je pense que conscient de nos limites, il faut aussi se faire confiance et avancer .Tout simplement parce qu’on a pas le choix et que c’est notre réalité humaine.
        De même qu’on ne peut pas affirmer avec certitude l’effondrement dramatique du système, de même nous ne pouvons pas affirmer avec certitude que nous sommes incapables de nous unir dans une démocratie cognitive.
        Qu’on le veuille ou non on retombe sur le concept de foi , de confiance et d’amour ,tout cela allant ensemble. Et si tout est possible dans un sens tout l’est dans l’autre.
        Penser que l’on n’est pas en capacité de comprendre et changer le monde, si l’on veut rester logiquement honnête , c’est aussi refuser l’idée qu’on puisse raisonnablement dire définitivement qu’on ne le comprend pas et qu’on ne le change pas.
        Cela dit individuellement on en a parfois plein les bottes et on peut lâcher prise.
        Concernant le non cumul dans le nombre et dans le temps ,c’est vraiment qqchose d’indispensable au local comme au national et autres échelons ; les élus se connaissent tous et prennent de sacrées habitudes de pouvoir à couper les rubans ensembles pendant des années , toutes couleurs politiques confondues ; j’avais déjà fait allusion à mon aventure encore en cours ( j’ai saisi le Tribunal Administratif contre la région et le Syndicat Mixte du pays) au sein d’un Conseil Local de Développement dont j’ai été exclu pour avoir voulu le faire fonctionner comme les règles régionales l’avaient prévues : un organisme indépendant chargé de donner un avis écrit sur les politiques de développement et aménagement du territoire localement , cela en informant et consultant les habitants. Les élus locaux sous l’impulsion d’un député maire président etc en ont fait une façade participative à leur service en y plaçant leurs copains et en faisant en sorte que cette structure reste confidentielle et à la gloire de l’institution. Pour le moins un truc pas trop gênant , pas trop actif , n’allant pas trop organiser des réunions dans les communes …
        Voilà pourtant le lieu idéal pour parler de relocalisation, de CM et monnaies locales etc
        Mais le non cumul va avec une forte impulsion de ces structures participatives pour développer des citoyennetés actives pas forcément encartées dans des partis : une vraie démocratie cognitive au local ; y a du boulot ! les gens sont pour le non cumul mais quand il s’agit de réfléchir ensemble …C’est une autre paire de manches.

  11. Bonjour à toutes et tous . Ca y est, on avance !!!
    Veuillez trouver le lien permettant l' Initiative Citoyenne Européenne (ICE) demandant à la commission européenne de mettre en place un Revenu De Base inconditionnel ( revenu inconditionnel, universel ,de vie ...) dans toute l'union. A un million de signatures, l'Europe est obligée d'étudier la question . Comme c'est sérieux et que ça n'est pas "mapétition.com", munissez vous de votre passeport ou de votre CNI ! http://basicincome2013.eu/ubi/fr/ Et surtout, on fait circuler au plus grand nombre !!!

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