Au commencement, il y a le récit, l'histoire qu'on se raconte, le langage narratif qui produit toutes sortes de mythes en nous faisant prendre les mots pour les choses, leur prêtant des intentions, personnifiant la nature enfin, tout en nous différenciant des animaux, humanité fragile qui nous coupe déjà de l'origine et toujours à retrouver (par des sacrifices).
Sans même parler des techniques qui nous spécifient et de l'artificialisation de notre milieu, la culture s'oppose nécessairement à la nature dans ses symboles, ceci pour des raisons purement formelles : le signe qui n'est pas simple trace doit se détacher de sa matérialité. Dès lors, on peut dire qu'être au monde, c'est habiter le langage qui impose ses catégories au réel (le signifiant divise). C'est notre monde, celui des structures de parenté, des interdits, des rites et des mythes. Le monde humain, celui du sens, est un monde de forces obscures où nous sommes ensorcelés par des mots. Nous pensons toujours à travers une culture, des préjugés, une conception du monde, le prisme d'une tradition avec ses modes du moment. Il n'y a donc pas d'accès direct à l'être, même à vouloir rétablir et célébrer l'union avec les divinités de la nature. L'attitude "naturelle", c'est de donner un sens à tout mais le sens est hérité en même temps que la langue, valeur qui se veut supérieure à la vie même et qui peut se perdre pourtant par nos transgressions et notre mauvaise foi, nous rejetant de l'humanité, déshonoré, notre parole ayant perdu tout crédit...
Il faut être conscient de notre enracinement dans une culture, un langage, une histoire qui recouvrent notre expérience vécue, toute épistémologie devant partir du fait qu'on ne part pas d'une page blanche (des sensations) mais de savoirs constitués plus ou moins légitimes qu'on apprend des autres avant de pouvoir éventuellement les valider ou non. Ce savoir de la langue est cependant à la fois pratique (profane) et délirant (sacré), c'est-à-dire produisant des récits purement symboliques, ce qu'on appelle les mythes (justifiant l'ordre du monde par une histoire spirituelle, souvent à partir d'étymologies fantaisistes et de jeux de mots). Plus près de nous, contes et légendes relèvent encore de cette oralité. Vladimir Propp tentera d'en faire l'analyse structurale qu'imposait leurs étonnantes similarités avant que Lévi-Strauss ne le fasse pour les mythes. On découvrait ainsi que cet imaginaire débridé était beaucoup moins arbitraire qu'il n'y paraissait et fortement contraint par ses codes tout comme par la nécessité de se différencier du voisin !
Les première religions sont associées aux débuts de l'agriculture (la bonne mère et le taureau) mais depuis l'écriture et les religions du livre on peut dire qu'elles changent de sens et se dogmatisent avec la constitution d'un clergé (de scribes) en même temps qu'elles s'universalisent et tentent de se rationaliser, relevant cette fois de la grammaire et de la logique plus que de la représentation. Même si on lisait presque toujours à haute voix, il y a intériorisation, personnalisation de la lecture individuelle en même temps que le texte fait exister un auteur absent, voire mort depuis longtemps mais qui semble reprendre vie par la grâce de l'écriture. Le livre, c'était aussi le recueil d'un savoir caché à déchiffrer entre les signes. Nous en sommes encore complètement imprégnés, il vaut mieux le savoir car les tendances dogmatiques et les présupposés religieux contaminent toujours nos conceptions, de l'homme, de la nature et de la liberté, y compris les plus opposées aux religions et les plus apparemment progressistes ou scientifiques.
On peut donc dire que, pour nous, au commencement il y a la religion dont on sort à peine même si elle a perdu sa légitimité au profit des pouvoirs temporels avant que ceux-ci ne perdent leur légitimité au profit d'une économie devenue autonome. C'est la guerre des religions qui a précipité leur perte (relative). Plutôt que de continuer à raconter des histoires, il vaudrait mieux essayer de faire l'histoire des religions.
Ce travail de l'écriture remonte aux Sumériens et aux Egyptiens (sans oublier les Hittites moins bien connus) mais Zarathoustra constitue une étape importante vers le monothéisme, l'abstraction et l'intériorisation avec l'opposition simpliste (manichéenne) du diable (Angryman) et du bon dieu (Ahura Mazda), conception morale du monde et de la bonne foi opposée à la mauvaise foi trompeuse, avec une prise de distance des sacrifices et des orgies sacrées comme des initiations militaires. Notons que, dès cette époque, la civilisation et ses richesses étaient accusées de corrompre les moeurs et les vertus guerrières ! La Bible juive constituée sur la base de celle de Josias par le scribe Ezdras et Néhémie, puise abondamment dans la religion perse (iranienne) à laquelle elle ajoute un caractère révolutionnaire, rejetant notamment l'esclavage et les castes. On retrouvera ce caractère révolutionnaire dans le christianisme en ses débuts, avant que les persécutions contre les chrétiens ne fassent place aux persécutions des païens (tout comme après la Paix de Dieu et ses grandes manifestations autour de reliques des saints, en 989, l'alliance du sabre et du goupillon conduira finalement au servage généralisé).
Les dieux grecs sont bien plus loin de nous (et plus proches de la tradition sumérienne), c'est même peut-être parce que leurs dieux n'ont pas été rationalisés mais humanisés que le terrain a été laissé libre à la philosophie dans ce qui a été sans doute la première véritable démocratisation de l'écriture grâce à l'invention de voyelles. Démocratie, philosophie et science sont complètement liés à l'écriture publique, exotérique. On peut d'autant mieux voir par contraste ce qui différencie le Dieu de l'écriture d'être un interlocuteur, celui à qui l'on parle, que l'on prie et qui nous juge, rapport à l'Autre de toute énonciation mais qui, en dehors de l'Islam, reproduit pas pour rien le rapport familial, rapport au Père et à sa parole plus qu'à la mère nourricière des initiations païennes, de quoi pouvoir accrocher toutes sortes de névroses enfantines. On est bien dans le langage comme intériorisation du sens et de la Loi qui nous rend coupables de nos fautes qui sont des fautes de grammaire et de communication, fautes envers la langue, envers la vérité, envers les autres, témoignant de notre inadéquation à l'universel en tant qu'êtres de chair (bien qu'êtres parlants).
Pour les Grecs et leur soi-disant religion naturelle, la liberté est toujours clairement contre-nature. En effet, ce qui différencie l'homme de l'animal et le maître de l'esclave, c'est la maîtrise de ses instincts ou alors l'homosexualité parce qu'elle n'est pas naturelle justement. De leur côté, les religions de la révélation qui exigent une conversion des coeurs sont attachées à la liberté humaine sans laquelle elles ne sont rien mais c'est une liberté d'engagement, de renoncement ; liberté totale (de l'ordre de tout ou rien) mais perdue aussitôt que reconnue. Comme n'importe quel procureur dans un tribunal, on n'invoque la liberté de l'homme que pour le culpabiliser et le priver de sa liberté. Décréter qu'on est libre, c'est vouloir nous asservir et nier nos contraintes propres. Il y a cependant de fortes raisons pour qu'on adopte ce point de vue sur la liberté qui est nécessairement celui de nos interlocuteurs et du respect de la parole donnée. On est toujours dans la rationalisation des mythes d'un côté et le travail du langage (ou de la communication) de l'autre, interrogeant l'authenticité ou le mensonge de l'interlocuteur, liberté indissociable de toute parole véritable même s'il faut distinguer entre la mythification de la Liberté et la réalité de notre autonomie limitée.
C'est de perdre cette dimension de l'interlocuteur ainsi que la séparation entre nature et culture qui rendra impossible toute liberté dans le système spinoziste. Le Dieu de Spinoza est à la mode car il fait plus rationnel et n'est pas personnel, mais c'est bien ce qui constitue la faiblesse de ce grimoire mathématique car ce n'est certes pas la nature qui est notre Dieu comme le voudrait une écologie mystique, c'est l'Autre à qui l'on s'adresse et l'oeil qui nous regarde, le savoir du bien et du mal comme péché originel qui nous condamne d'avance. Tout cela n'était pas si mal vu sauf que le dieu de l'écriture est véritablement inconscient, c'est notre surmoi, présence de l'Autre en nous. On ne peut dire d'ailleurs que le christianisme n'ait pas formulé très clairement les choses en disant que Dieu, c'est le prochain, que nous étions fils de Dieu et qu'il était présent quand on se réunissait en son nom, etc.
JÉSUS A DIT :
SI CEUX QUI VOUS GUIDENT VOUS DISENT :VOICI, LE ROYAUME EST DANS LE CIEL,
ALORS LES OISEAUX DU CIEL VOUS DEVANCERONT,S'ILS VOUS DISENT QU'IL EST DANS LA MER,
ALORS LES POISSONS VOUS DEVANCERONT.MAIS LE ROYAUME EST LE DEDANS DE VOUS
ET IL EST LE DEHORS DE VOUSQUAND VOUS VOUS CONNAÎTREZ,
ALORS VOUS SEREZ CONNUS
ET VOUS SAUREZ QUE C'EST VOUS
LES FILS DU PÈRE VIVANT;MAIS S'IL VOUS ARRIVE DE NE PAS VOUS CONNAÎTRE,
ALORS VOUS ÊTES DANS LA PAUVRETÉ,
ET C'EST VOUS LA PAUVRETÉ.L'ÉVANGILE SELON THOMAS, 3
Le sens ésotérique du christianisme ne fait aucun doute : c'est une sortie de la religion, c'est Dieu fait homme, une réfutation des idoles et de la Loi au profit de l'amour du prochain et du pardon des fautes. C'est écrit noir sur blanc et c'est pour cela qu'on peut prétendre que c'est bien la « vraie religion », celle du « fils de l'homme » et de l'incarnation du divin dans nos vies, mais cela n'empêche pas que le clergé et la presque totalité des croyants en restent à une lecture historique et s'imaginent qu'il y a vraiment un bon dieu là haut, avec ou sans barbe, qui écoute leurs prières et qu'il y a vraiment eu un petit jésus apparu soudain dans l'histoire et qui est mort et ressuscité comme Osiris et Dionysos mais cette fois pour de vrai, à en avoir des visions ! On pourrait penser qu'il n'y a pas photo entre une vérité lumineuse et une histoire sans queue ni tête, et pourtant on préfère la foi du charbonnier et une historicité absurde, comme s'il fallait croire à l'impossible pour affirmer sa liberté (credo quia absurdum) ! L'imprimerie répandra cette lecture littérale en même temps que son intériorisation individuelle avec le protestantisme (comme aujourd'hui l'islamisme avec l'alphabétisation). Il faut en avoir une sacrée couche quand même pour ne pas voir que c'est une histoire symbolique (sainte) destinée à être lue et interprétée mais, malgré leur richesse conceptuelle, la réalité des religions, c'est la débilité mentale dans toute son étendue, de quoi s'écarquiller les yeux, quand ce n'est pas de la psychiatrie lourde... Cette faculté d'aveuglement n'est pas hélas l'apanage des religions qui n'en sont que la manifestation la plus massive.
Dans les religions, le vrai n'est qu'un moment du faux car plus que son contenu, ce qui les fait tenir, c'est leur fonction sociale et leurs rites, ce pourquoi il est un peu ridicule de vouloir en faire une affaire uniquement privée et intérieure comme si on inventait quoi que ce soit alors qu'on ne fait que répéter ce qu'on a cru comprendre et jouer une tradition particulière, dans son langage propre. Les religions c'est ce qui se transmet scrupuleusement du sens hérité et qui dépasse notre entendement, non ce qui nous relie comme le fait croire une fausse étymologie. Il n'empêche, toutes les religions ont une dimension politique, au service d'un certain type de pouvoir et justifiant l'ordre établi, même si le contenu devrait le mettre en cause (ce qui arrive par exemple lorsque les esclaves noirs revendiquaient les valeurs du christianisme). On ne part jamais de rien mais on peut faire gober n'importe quel bobard, il faut juste pouvoir séduire les lettrés. Il suffit d'ailleurs de faire un peu d'histoire des religions pour constater ces relations entre religions et pouvoirs, ce qui devrait suffire à empêcher d'y croire un peu trop puisqu'il suffit souvent d'un changement de prince pour qu'un pays change de religion. Comment s'imaginer que notre tradition serait la bonne ? Comment ne pas voir que l'existence des autres religions est une négation de la nôtre et l'explique par l'histoire ? La sortie de la religion reste bien la condition de l'émancipation (de la démocratie, de la philosophie, de la science) mais la politique gardera toujours un côté religieux sans doute, ayant besoin de justification et de cohérence. Tant qu'il y a des religions, tant qu'il y en a plusieurs surtout, on ne pourra aller bien loin de toutes façons et rien n'indique que les religions millénaires pourraient disparaître avant longtemps. Tout au plus peut-on s'attendre à ce que les réseaux numériques favorisent une nouvelle religion universelle (New Age?) aussi débile que les autres.
En tout cas, on ne peut minimiser le poids des religions et du dogmatisme culturel (du politiquement correct). C'est le langage dans lequel on s'exprime pour se comprendre, sens commun sans lequel il n'y a aucune communication possible. C'est ce qui donne sens à notre parole, à notre vie, à notre mort, à notre histoire particulière et lui donne un caractère épique. Dieu, c'est d'abord un mot, mais au-delà de ce qu'on en dit, ce n'est guère que le nom de notre intériorité réflexive, notre juge intérieur, c'est-à-dire aussi l'intériorisation de la contrainte sociale et de ses codes. Spinoza a cru devoir rencontrer Dieu dans sa matérialité mais en sauvant son existence, il loupait sa fonction subjective, idéologique, comme pure création de l'écriture dont il est supposé l'auteur, esprit qui n'a rien à voir avec l'envers de la matière mais avec l'encre sur le papier et sa lecture. C'est donc bien notre humanité que Spinoza renie avec son système dogmatique qui tente d'identifier Dieu à une nature mythifiée. On pourrait dire à peu près la même chose de ceux qui substantifient l'esprit sous forme de noosphère où l'individu n'a plus d'existence personnelle, fondu dans la masse, tombant sous la même critique de Thomas d'Aquin "Contre Averroès" et l'unité de l'intellect, pour qui "l'homme ne pense pas" par lui-même mais serait seulement pensé. Impossible de s'en sortir sans un peu plus de dialectique.
Il ne suffit décidément pas de vouloir dépasser la religion pour y arriver. D'après Hegel, c'est seulement par la prise de conscience du sujet qui lui donne forme et projette son intériorité à l'extérieur qu'on peut espérer y arriver, en reconnaissant son caractère entièrement humain (c'est l'homme qui crée ses dieux), pas en croyant pouvoir supprimer les religions et toute bêtise humaine, les refoulant simplement de notre horizon. Marx qui se croyait plus radical que Hegel dans son opposition à toutes les religions, en a repris l'histoire sainte qui se termine en happy end avec la fin de l'aliénation dans la réconciliation des coeurs qui va bien au-delà de ce que Hegel pouvait nous laisser espérer d'une abolition des classes sociales. Le thème éminemment religieux de l'homme nouveau est très présent dans les milieux révolutionnaires sous prétexte que l'homme est le produit de ses conditions sociales et de son éducation, comme s'il n'y avait pas de limites à la plasticité humaine, ni de réel contraignant, ni d'ignorance première et que la question était simplement morale. Il vaudrait mieux se résigner aux contradictions entre individu et collectif tout comme à l'imperfection de l'information, au fait que tout savoir est savoir d'un sujet, avec toutes ses limitations et ses errements, seul savoir absolu, mais la débilité mentale et la mythification des grands mots (Prolétariat, Révolution, Peuple, etc.) ne se cantonnent certes pas aux religions, la prétention scientifique renforçant au contraire le dogmatisme de la diamat et les errements de la science prolétarienne. La dialectique elle-même n'échappe pas à sa dogmatisation et au jésuitisme au service du pouvoir.
Il faut donc bien commencer par la religion, le langage, l'énonciation, ne jamais oublier qu'on parle, qu'il ne s'agit que de discours et ne pas prêter notre propre intentionalité aux choses, ne pas croire à l'existence de nos abstractions (Dieu, Diable, Nature, Liberté, Pouvoir, Technique, Science, etc.). Il n'y a pas de régression à l'infini, il faut partir du sujet qui parle (Descartes), de notre rationalité limitée (Kant) et de notre désir (Freud) ou de nos intérêts (Marx), notamment pour aborder la question de la nature et du vivant, mais, contre une science trop mécanique, il ne faut pas oublier la part du langage et de la subjectivité, la fonction de la religion et de l'irrationnel de rappeler notre marge de liberté et ce que notre existence peut avoir d'unique dans ses errements mêmes et ses capacités de résistance. On a vu que les religions ont une conception trompeuse de la liberté, d'un libre-arbitre trop arbitraire, mais la liberté est bien consubstantielle à la parole et sa responsabilité dans sa part de mensonge au moins, on peut même dire, mais c'est autre chose, que la liberté est consubstantielle à la vie, en tout cas qu'elle est fondatrice et précède toute détermination (voir l'improbable miracle d'exister). Les sciences et les techniques dépersonnalisent, on s'en plaint assez, elles ne laissent pas de place à l'humain ni à la liberté dans leurs équations, incapables notamment de donner sens à la mort (sauf Ameisen !) pas plus qu'à l'amour, ce qui ne les empêche pas d'exister. D'un autre côté, le sentiment de notre dignité et de notre essence divine mène ordinairement à une surestimation de soi, nous faisant refuser un peu bêtement l'évidence de nos déterminations économiques ou biologiques, y compris en amour. Il faut bien avouer qu'on a sans aucun doute besoin d'illusions pour vivre et se dépasser, réaliser de grandes choses comme ces pyramides qu'on admire tant alors qu'elles sont quand même des monuments à la connerie humaine ! Si les religions ont justifié tous les massacres, elles ont produit également pas mal de croyants admirables (on peut le dire de communistes aussi!). Cela n'aurait cependant aucun sens de vouloir valoriser l'irrationalisme ni renier la science, ce serait rendre toute parole impossible.
Quelle leçon peut-on tirer de cette dimension religieuse des discours inéliminable semble-t-il ? On devra bien s'y faire pourtant, il n'y a pas de place pour un quelconque créateur ou grand architecte ni du monde, ni de la vie, nous sommes bien « auto-organisés » si l'on veut puisque personne ne nous a modelés dans l'argile, issus d'une évolution chaotique et tâtonnante, mais nous ne sommes pas « cause de soi » pour autant. C'est bien nous qui sommes « donateurs de sens », le non sens est premier d'un monde qui n'a pas besoin de nous, mais c'est l'Autre qui nous cause : nous héritons du langage, de la culture, de l'histoire ainsi que du désir de l'Autre comme désir de désir, désir de reconnaissance, besoin d'amour. Il y a là une sorte de bande de Moëbius. On peut contester à juste titre les religions mais se prétendre athée n'a guère de sens sinon de nier un fait social massif et notre intériorité en quelque façon où se confronte l'individuel et le collectif, mauvaise conscience dont on ne saurait se débarrasser si aisément avec l'illusion encore plus inébranlable d'être enfin dans le vrai ! Ce qu'il faut dire, on le répète, c'est que Dieu est inconscient, reconnaître que Je est un autre (j'assiste à l'éclosion de ma pensée: je la regarde, je l'écoute), c'est l'Autre qui nous cause, l'Autre qui pourtant n'existe pas...
Tout est là, Dieu se manifeste par son absence. Cela paraîtra aussi contradictoire que les théologies négatives débordant de subtilités logiques, et pourtant c'est ce qui est structurant bien au-delà de ce qu'on s'imagine. Lacan en a fait une écriture rigoureuse, le fantasme, la perversion, la névrose, la psychose étant des tentatives de suppléer à l'inconsistance de l'Autre par le réel du symptôme qui laisse espérer une guérison possible au moins, obstacle artificiel pour ne pas reconnaître l'impossibilité réelle ! Pour le dire autrement, toute parole suppose un garant de sa vérité, même pour tromper, et pourtant, si ce garant existait vraiment aucune parole ne serait plus possible. La psychanalyse lacanienne est sûrement le seul athéisme conséquent qui rend compte de l'absence de Dieu dans le monde, de la présence de l'inexistant au coeur du désir, de tout l'amour qui nous manque. C'est ce qui fait que « Toute phrase est un fantasme, et tout fantasme une narration » (Kristeva, Colette, p268). Qu'on ne s'étonne pas que les utopies politiques s'y abandonnent. Il faudrait y mettre le holà pourtant !
Une des conséquences funestes des discours religieux, qui se retrouve dans les idéologies révolutionnaires, c'est de croire à une toute-puissance impensable de l'esprit et de vouloir faire exister l'inexistant par des mots, habituant la pensée au fait que tout est possible, le tout autre comme par un coup de baguette magique, qu'on pourrait être sauvés enfin et non plus jugés sur nos actes ! Le pire, c'est que l'existence de la religion donne aussi l'illusion que sans religion tout serait possible, qu'il suffirait de croire ne pas croire. C'est le fameux « si Dieu n'existe pas, tout est permis » des Frères Karamazov, alors qu'on devrait plutôt dire, selon Lacan, « si Dieu n'existe pas, rien n'est permis » ! C'est là que commence notre confrontation à la réalité.
Il faudra donc bien sortir des religions et de notre infantilisation de quelque façon mais pas sans comprendre ce qu'elles doivent à la communication, au langage, à la culture et dont on ne pourra se débarrasser si facilement. On pourrait récupérer ainsi leur fonction indispensable de référence commune et fondatrice des lois par l'écologie en tant que reconnaissance de la transcendance du monde, de ce que la nature a de réel et contraignante dans ses limites. Ce n'est pas une voie sans dangers, moins assurée en tout cas, et très différente d'une religion de la nature ou de l'Etre suprême, confrontée cette fois à l'imperfection des savoirs plutôt qu'à l'inspiration, mais qui peut nous unir de par toute la Terre, par la science et la technique (les réseaux) plus que par le sentiment.
On verra cependant que le sentiment de la dégradation universelle et la volonté de régénérescence sont universellement partagés, à la base même de la vie comme lutte contre l'entropie, qui fait partie intégrante de notre nature (unité dans la division), mais il fallait d'abord montrer qu'en tant qu'êtres parlants nous sommes des êtres religieux et pleins d'imaginations trompeuses, qu'on en rajoute facilement, nos penchants religieux fusionnels ou dogmatiques déformant la nature de la nature et notre part essentielle de liberté...
Prochain chapitre : "La nature et la vie". Voir aussi Dieu et la science.
Assez bizarrement, la religion chrétienne qui prône la liberté et l'abolition des castes( les pharisiens) a usé de ces dernières.
Comme si elle s'était arrêtée en chemin, ses affidés érudits ayant préféré se faire une rente de situation en totale contradiction avec l'intention des évangiles. C'est humain, pourrait on dire...
Pour le reste, pas grand chose à dire, puisque effectivement nous sommes confrontés à un Dieu miroir inconscient culturel, mieux vaut s'en rendre compte plutôt que de plastronner en athée affranchi.
Je pense que la religion se créer dans l'ivresse. d'où le rôle aussi de certaines substances ( comme les hallucinogènes ). et en ce sens je crois que le dernier repère du religieux c'est l'art et la poésie , où l'absence illumine le monde , où la plainte devient chant et le corps deviens danse où les mots deviennes conte ou légendes urbaines . en ce sens de votre tradition de pensée , les situationnistes , ils viennent de là , ce n'est qu'après que cet art là devient philosohie critique de l'histoire .
et je pense que presque tout est religieux car presque tout est langage(S) :les maniacques, pour qui la construction asignifiante ( multiple) du monde et son devenir se fait dans la psychose , svent combien le délire et le geste peuvent prendre un caractère divin , éclaboussant le monde de leur génie, forgant une nouvelle civilisation . c'est pas balibar ( et non babar) qui notait justement que tout civilisation commencait dans la fête ( et les drogues, voir l'orgie et l'émeute de la meute qui nique sa race , histoire de bien décapsuler le quotidien et réfauffer les vrais faux névotiques de nos conforts climatisé avec piscine chauffée, retrouver la saveur du savoir ) et dans l'ubris donnant plus des créatifs , des atypiques, des marginaux , et des fous aussi , pour ensuite durer avec de petit besogneux sans talent et mufles de surcrois !.
Quand on voit le nombre de gens écrabouillés par la vie, on souhaiterait que la réincarnation, idée très irrationnelle, leur procure une autre chance de vivre quelque chose de mieux.
Mais il est probable que c'est impossible et que les malheureux, les damnés, ne connaitront rien d'autre, assez flippant comme considération.
Je suis d'origine catholique et non pratiquant, mais je me surprends à des relents de foi tout en ayant conscience du vain. Contradiction quand tu nous tiens.
On se fait du cinéma pour supporter ce qui advient aux autres et aà soi, et on ne peut pas s'en vouloir.
L'art est sûrement un bon moyen de faire swinguer la vie, bien que les artistes ne soient pas exempts des tourments...
et je pense que presque tout est religieux car presque tout est langage(S) :les maniacques, pour qui la construction asignifiante ( multiple) du monde et son devenir se fait dans la psychose , savent combien le délire et le geste peuvent prendre un caractère divin , éclaboussant le monde de leur génie, forgant une nouvelle civilisation . c'est pas balibar ( et non babar) qui notait justement que tout civilisation commencait dans la fête ( et les drogues, voir l'orgie et l'émeute de la meute qui nique sa race , histoire de bien décapsuler le quotidien et réfauffer les vrais faux névotiques de nos conforts climatisé avec piscine chauffée dans nos démocraties modernes , retrouver la saveur du savoir ) et dans l'ubris donnant plus des créatifs , des atypiques, des marginaux , et des fous aussi , pour ensuite durer avec de petit besogneux sans talent et mufles de surcrois !. sinon la religion démocratique passe pare le café du commerce , tous à l'étenbar !!!
@brunet :
Tout le monde n'a pas le talent qui procure du génie qui d'ailleurs est souvent aussi besogneux : le pianiste qui fait ses gammes, le peintre qui fait ses esquisses, l'écrivain qui rature et réécrit, l'acteur qui répète compulsivement une scène...
L'artiste est une figure aristocratique souvent proche de l'élite dans l'imaginaire social. Je souhaite une vie qui vaille la peine aussi pour les besogneux sans grade, dont certains ont parfois plus de qualités qu'il n'apparait.
La fête, j'aime bien ça, le dépassement des clivages par le dérèglement des sens proche des histoires de chamanes.
Parfois ça m'a régénéré, parfois ça m'a fait tomber, souvent les 2 ensemble, tomber puis renaitre, à chacun son expérience.
Sinon, on peut se consoler avec :
"Tant la religion fut capable de conseiller de mauvaises actions!"
(Lucrèce / env. 98-55 avant JC / De Rerum Natura)
"Fais taire tes opinions, tes sentiments, tes humeurs. Efface ta personne. Alors ton guide intérieur, ne se causant plus aucun trouble à lui-même, te conduit à la chose essentielle qui est en toi l'impassible nature universelle."
(Lucrèce / env. 98-55 avant JC / De Rerum Natura)
"La vie n'est donnée à personne en propriété, elle est donnée à tous en usufruit."
(Lucrèce / env. 98-55 avant JC / De Rerum Natura)
"Tant que l'objet que nous désirons n'est pas là, il nous paraît supérieur à tout ; à peine est-il à nous, nous en voulons un autre et notre soif reste la même."
(Lucrèce / env. 98-55 avant JC / De Rerum Natura)
@brunet :
Pour la muflerie, je découvre depuis quelques temps qu'elle se répand largement sous forme de fin de non recevoir. Peut être que de plus en plus de gens se réclament d'une muflerie thérapeutique d'apparence lacanienne ? Façon de se jouer un pouvoir à défaut.
Non, tout n'est pas pareil. Le poète n'est pas le prêtre. La religion n'est ni l'art ni le chamanisme. Il y a malentendu, l'article ne soulignant peut-être pas suffisamment ce qui est son coeur, qui est le travail de l'écriture, du fait de commencer par le récit.
Zarathoustra (dont le rapport à l'écriture est ambigu, l'Avesta ayant été écrit tardivement, mais qui appartenait au monde de l'écriture) est le premier anti-drogue, contre la consommation de Soma par les militaires désoeuvrés qui nuisaient aux paysans. Ce n'est pas d'hier ! (la période actuelle semble d'ailleurs favorable à une offensive contre la prohibition à la fois inefficace et fascisante). On ne peut dire que les fêtes religieuses soient des orgies, l'ivresse n'étant plus sacrée. Il n'y a vraiment pas de quoi rire (c'est ce que montre bien "le nom de la rose" d'Eco).
Lévi-Strauss croyait que l'Amanite toue-mouche était le Soma à l'origine de la religion indo-européenne et des Caucasiens (en fait c'est douteux, ce serait plutôt l'éphédrine?) mais c'est ne pas tenir compte de la coupure produite par l'écriture dans la transformation de rites chamaniques en religion instituée avec ses rationalisation dogmatisantes. Bien sûr, rien ne se perd et les rites païens ont perduré malgré la puissance religieuse mais il faut distinguer la fonction du langage d'avec celle de l'écriture.
Il y a bien sûr une jouissance (mystique) de la religion, au point de ne pas pouvoir imaginer vivre sans (l'espérance), mais qu'on paye cher, comme toute jouissance. On ne peut dire qu'on choisit, n'est pas fou qui veut. C'est la névrose qui décide pour nous. On vit plutôt mieux sans, mais ce n'est pas l'orgie sans fin et l'accès à une jouissance sans entraves, plutôt la confrontation au ratage et à la finitude, ce qui n'exclut pas les sentiments d'appartenance au monde et de participation à l'histoire.
Pour ma part je trouve que j'ai des progrès à faire en terme de muflerie, je ne le suis pas assez à mon goût, devenant un peu trop mou...
Je ne sais pas bien si cette notion est dans votre texte ou si j'y projette trop mes propres réflexions.
Si l'hypertexte, ou, comme je l'espère à venir, l'hypermédia, dépasse l'écriture (sans la supprimer comme l'écriture n'a pas supprimer l'oralité), assisterons-nous à de nouvelles formes de religion ? Peut-être même que le mot "religion" est trop proche de l'écriture et faudra-t-il considérer une autre appellation en même temps qu'une autre modélisation de soi et du rapport à l'Autre (chose "dématérialisée" y compris... la "dématérialisation" étant déjà une notion d'interaction sociale attendu que la matérialité n'y disparait pas).
Oui, j'ai parlé de New Age mais effectivement cela devrait être assez différent des anciennes religions bien qu'on soit toujours dans une forme d'écriture mais favorisant sans doute les formes plus impersonnelles comme l'intelligence collective ?
Oui j'ai vu... mais ça me faisait un peu de peine.
On pourrait imaginer une religion qui fasse la liaison entre un paganisme en effet revisité (mais bon, un truc mieux que le néopaganisme actuel) en relation avec la multipolarité du monde et de multi-appartenances, une sorte de cyber-animisme comme dans Avatar, une régénération à un niveau symbolique entre génétique et mémétique, et la projection dans le post-humain...
C'est vrai, c'est du New Age en fait. De toutes façons les choses se construisent de manière non consciente, sans objectif. C'est peut-être le problème du New Age: il est trop conscient de sa propre technique architecturale.
De toutes façons nous manquons déjà de rites pour s'intégrer à Facebook et d'autres réseaux relationnels en ligne autrement plus évolués. Même si on ne peut pas parler réellement d'espaces sociaux aujourd'hui les choses ont quand même évolué étonnamment vite ces dernières années (même s'il n'y a pas eu rupture totale). Il faudra bien quelque chose, et je crois que la politique n'investit pas ces lieux d'organisation sociale... peut-être participons-nous sans le savoir à la création de boîtes à outils qui serviront dans longtemps à la création de nouvelles religions, ou au moins des idéologies. Disons que si on ne dépasse pas notre bêtise j'ai envie d'espérer des changements, et pourquoi pas accidentellement positifs ?
c'est un fait post moderne que la religion dans "le temps des tribus" de mafessoli devient directement véccu : à l'institution religieuse se substitue l'expérience réligieuse directement vécue . moi je pense que l'art c'est le grand repère du religieux aujour d'hui , plus que les églises à la limite .
En déclarant que "la vérité absolue, qu’il faut atteindre, se fragmente en vérités partielles qu’il convient de vivre", M. Maffesoli entend utiliser le paradigme de la post-modernité ( définit plus ou moins par Lyotard) pour étudier l’évolution des relations sociales, non plus instituées, mais instituantes. Ainsi, "l’identité se fragilise ; les identifications multiples, par contre, se multiplient". Dans "Le temps des tribus" (1988), il décrit un retour de la notion de tribu, de communauté dans les sociétés post-modernes. Mais celle-ci, loin d’être une simple résurgence de la "Gemeinschaft" (=communauté traditionnelle), est intimement liée au contexte de mondialisation. Face à la massification croissante, on observe le développement en réseaux de petits groupes locaux, et l’apparition de nouvelles formes de relations sociales, complexes, informelles, horizontales.
M.Maffesoli emprunte à M.Weber l’expression de "communauté émotionnelle" pour désigner ces micro-groupes émergents dont il décrit les principales caractéristiques : ils sont souvent éphémères, leur composition est changeante, ils sont inscrits dans la localité, ils n’ont pas d’organisation centralisée, et sont structurés par le quotidien et la fête.
Le principal lien entre les membres d’une tribu postmoderne est l’affinité, l’émotion partagée ( autour de la musique la plus part du temps). F.Champion décrit ce retour de l’émotion en analysant l’évolution du fait religieux, et en particulier "la nébuleuse mystico-ésotérique" qui s’est formée dans les années 70. Elle l’explique notamment par "le principe des singularités individuelles" : la perte de légitimité de l’institution religieuse est liée à "la valorisation de l’écart entre les expériences intimes des sujets et leur symbolisation sociale". A la croyance religieuse se substitue ainsi l’expérience spirituelle directe, sensible, du quotidien
l'étape de la religion d'écriture n'est qu'une étappe dns notre devnir langage qui commence au moins avec lascaux ( on a pas attendu la bible pour se raconter de chouettes histoires toutes plus hilarantes les unes que les autre .
on comprend peut être mieux pourquoi il ne peut y avoir un monde sans religions ( comme un monde sans hypnose ) , qui est peut être bien la première des sciences ( mais après se dogmatise c'est vrai en institutions religieuses ) , en se sens le spéctacle est un début de science dont il faut s'emparer . Et pas seulement une religion dogmatique de la consommation de marchandises et d'informations ( bobards ) .
moi mon sentiment c'est que la religion d'écriture est aussi l'opium du peuple poison elle peut se faire remède , et il y a un enjeu religieux aujourd'hui , il compris dans les mouvances révolutionnaire ( tiqqun est le cas le plus exemplaire , pour le génie mais aussi pour les dogmatisations ) .
je donne des cours paticuliers gratuit et à distance si vous voulez , vous deviendrez docteur en muflerie ( ce qui a de
j'aimerai bien en savoir plus ! ce fragment est génial. vous pensez à une religion de l'esprit ? c'est obligatoirement aussi un révolution dans les sciences , un nouveau paradigme épistémologique justement . moi c'est là que je parle d'ivresse , justement pour sauver son épistémée ( comme guy debord , et il avait bien raison, vu le bad tripe de l'époque depuis 60 ans !
c'est à se moment que l'ivresse devient sacré : vous avez assister à la santuarisation patriotique de guy debord , maintenant considéré comme trésor nationnal . lemaitre à fait paraitre sur son site le commentaire d'isou ( deux pépé de 80 ballet bien tassé) :" l'éponge (néonazi) imbibée d'alcool ! sauvée par l'état ( néonazie) imbibé de reconnaissance ( finacière)" . j'ai trouvé aussi ce commentaire très interressant , car vicérale ( vous disiez que le jeu de la vérité est un jeu dangereux) , et la on est en pleindans la religion ( les reliques du saint guy debord , on ne dira pas de quoi il est mort cet alcolo sympatique ( et muffle de surcroit!).
mais c'est bien un article comme ça dans une période où on a tendance à avoir des PB pour avoir la gaule , à force de trop oublier degaule ( et son programme de la résistance qui était une religion générationnelle , un pacte des loups ) .
sinon vous savez que jean zin est complètement has been ,
mais que le grand jeu s'emploi à replatrer la façade , pour
m'exprimer dans des termes compréhensibles par tous .
__
bernard lubat__
sinon vous savez que jean zin est complètement has been ,
mais que le grand jeu s'emploi à replatrer la façade , pour
m'exprimer dans des termes compréhensibles par tous .
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« c'est par où ? c'est par l'art ! » bernard lubat__
repassez dans quelques temps et vous verrez la différence !
le grand jeu justement que tu en parles , c'est++__
une religion de la santé__++ , le mot d'ordre c'est : ''" c'est la
santé qui réunit les gens !!!"''. santé sociale donc .
juste une dernière perche ( vous avez le choix car il y en a beaucoup) je crois aussi que les luttes cannabiques et pro drogues on de grande chance d'aboutir dans un avenir très proche : c'est la lutte finale par ici !
La religion c'est l'écriture en tant que rationalisation et dogmatisation. L'alphabétisation, c'est la lecture littérale, c'est l'islamisme. Ce que j'interroge principalement dans cet article, c'est en quoi ce qui se présente comme religion de la nature est fortement contaminé par l'écriture (et le langage), beaucoup plus que ne le croient ses partisans.
Il ne faut pas confondre religion et sacré. Il y a d'autres formes spirituelles mais fortement contaminées aussi par des livres, l'expérience intime étant plus formatée qu'on ne croit. Les petits groupes ne sont pas une nouveauté, il n'y a jamais eu que ça, mais ce qui compte c'est le discours social, la religion publique auxquels les petits groupes participent malgré tout.
Je m'intéresse peu à une nouvelle religion qui sera une nouvelle forme de la bêtise. Il y a bien assez de faux prophètes qui font les malins (tout le monde a sa bonne nouvelle à proclamer, je n'en ai - presque - que de mauvaises). En fait il y a quelque temps déjà que je m'étais rendu compte que notre avenir, c'est la science comme religion universelle (il n'y a pas une science asiatique, pas plus qu'une science prolétarienne) et je m'efforce de constituer un discours global qui puisse être commun et laisser toute sa place à la subjectivité et la liberté sans être religieux pourtant, ne faisant pas appel à l'amour mais au savoir, ce qui en fait un discours ésotérique réservé au petit nombre.
Ce qui me semble le plus juste dans le New Age, c'est de respecter la combinatoire astrologique de l'ère du verseau qui marque le passage (après la Loi) de l'amour à la liberté et au savoir sous le patronage de Dionysos. Je crois donc moi aussi que la réhabilitation des drogues comme l'alcool ou le chanvre est d'actualité pour mieux vivre avec, et que c'est un peu la fin des religions de l'écriture sans doute, mais il n'y a rien à attendre d'une nouvelle spiritualité sinon quelques moments d'exaltations qui ont souvent leur envers de massacres... D'une certaine façon j'attends que les drogues rendent manifeste qu'il ne s'agit finalement que de chimie du cerveau mais on sait que beaucoup croient voir Dieu avec les drogues et y croient ensuite dur comme fer !
oui pour moi la comunauté spirituelle ( qui peut vite devenir une petite secte ordinaire ça correspond à la version sécuritaire de la démocratie ( c'est pour cela qu'il faut s'attendre à des massacres ) . il y a bien un volet cognitifs ( tiqqun ne sont pas que des idiots) mais qui reste très étriqué par rapport à la démocratie cognitive dont vous parler , où la science fait office de religion universelle ( c'est ce que j'appelle une religion de l'esprit). mais une religion spirituelle cannabique (avec un bouquin de jean didier vincent dans la poche ) c'est exatement la révolution culturelle qu'il nous faut dans le tournant de civilisation présent pour réanimer cette société moribonde . car nous devons mettre l'imagination ( castoriadis ) au pouvoir ( pouvoir locaux , démocratie de face à face) .
juste un petit truc qui me vient à l'idée ( je me dis ça depuis le dernier articles de jean où les commentaires étaient bon ) si tous les contributeur des commentaire d ce site , font un réelle effort de lecture et d'écriture , on pourrait peut être utiliser ces matériaux ( voir les retravailler un peu ) pour faire une revue papier ( genre la revue des ami(es) ou ennemi(e)s de jean zin . histoire de faire un truc plus sectaire qu'écorev et moins dogmatique que tiqqun !
le new age et la bioenergie reicheinne ( théorie du potentiel humain) c'est très certainement une religion ( dans la science) comme l'a été le positivisme d'auguste conte , esprit très puissant si il en est , encyclopédique , subtiles et nuancé, mais qui au final sous couvert de science à fait une religion ?
pour être sûr de bien me faire comprendre et éviter tout malentendu je vous conseil de lire le texte de rené barbier ( professeur en sciences de l'éducation à paris 8 , émérite ) sur la recherche action existentielle , qui est un texte sacré et quasi biblique en sciences humaines ( à quoi peut bien servir la sociologie critique? vous avez la réponse dans ce texte ) .
la recherche action dont il parle , rappelle étrangement le scandale de strasbourg ( Internationnale , Situationniste N)9 ? ) , avec l'unef en 1968 qui déboucha sur la rédaction "de la misère en milieu étudiant". texte important , ( biblique ) et historique pour rappeler à notre mémoire ce qu'a été l'expression la plus radicale qui parla si haut en mai 68 .
http://www.barbier-rd.nom.fr/RAInte...
L’éclectisme « new age » me fait penser à celui qui s’est développé en architecture à la fin du XIX eme siècle, lorsque les modèles ( poncifs) culturels et stylistiques hérités sont apparus inappropriés face aux nouvelles techniques ( nouvelles maîtrise du fer, du béton, du verre) et aussi, dans une marche vers l’ouest aux Etats-Unis, en l’absence d’un « clergé » d’artisans porteur d’un savoir-faire à transmettre ( cf Berenson). Dans le même temps l’idéal appris perdait de son caractère d’universalité ( ailleurs, avec les mêmes moyens, on avait produit d’autres styles)
Même processus pour les religions. Faute de prendre conscience de ce que nous sommes en passe de changer d’ère, de quitter le néolithique, on pratique la spiritualité en tous genres, un métissage de révélations tous azimuts , d’ineffable, et de canabis. On remplace le rituel par la fête,etc…
Cela me fait penser à une colonne de fourmis, qui à une bifurcation possible en patte d’oie, perd son chemin, et est réduite à retrouver l’Union dans une dispersion des effluves spécifiques de l’espèce, en recréant une dominante des phéromones de la cohorte. Et s’est reparti comme avant !
Sauf que pour avoir un « chemin spirituel », il fait croire en l’existence des Esprits
( entités sans matière,sans enveloppe charnelle ). Croyance que je respecte pleinement s’agissant de nos ancêtres, à un certain stade de connaissances sur les conditions de la vie : un monde immense, beaucoup plus énigmatique, vécu comme plat, couvert de forêts… On a su dès le passé lointain postuler un ou des Esprit(s) modérateur(s) des délires du discours, créer un ( des) modèle(s) d’ordre du monde par les moyens de la pensée symbolique.
Sauf que c’est obsolète désormais: plus de Création ex nihilo postulable à laquelle on puisse croire, pour par exemple justifier logiquement cette espérance que la mort nous délivrerait de la vie, libérant l’âme immatérielle de la prison du corps physique.
Nous devons faire avec des moyens plus humbles,et ce faisant bien plus efficaces, comme notre rationalité limitée, modératrice des délires du discours ( mysticismes ou scientismes), établissant des hypothèses réfutables mises au service du collectif.
Les conneries du « new age » n’ont rien à voir là-dedans…
Il m'arrive de faire des "cures" de cannabis et de jeûne de 2 semaines, ça me fait plutôt aller nettement mieux.
J'ai l'impression que ça me nettoie la tête et le reste.
Le jeûne tout seul j'ai du mal mais avec de l'herbe c'est bien plus simple et je n'ai aucun mal à arrêter...
Je suppose que d'autres peuvent être dans mon cas, alors la prohibition me parait injuste.
Le new age entraine pas mal de trucs assez sectaires et les conneries qui vont avec, alors prudence sur l'enthousiasme qu'il
provoque parfois.
Pour complément, à une époque je consultais un psychiatre, lui disant que je consommais du cannabis mais m'en trouvais pas si mal, il m'avait rétorqué que je me détruisait, grosse sueur froide...
Bof, j'ai continué occasionnellement la consommation. Je suis pas encore mort.
j'ai presque envie de dire à pitchounet que c'est parceque la fête est aussi un rituel que l'histoire est création , à partir de formes hérité certe , mais c'est à chaque génération une invention nouvelle de la société ( comme quand je parle du pacte des loups pour la générartion des 30 glorieuses )
le cannabis à faible dose ( 5 pètards légée de bon shit marocain , ou encore mieux de la beuf ) c'est très bon pour la santé . moi j'avais des douleurs chrniques suite à mon accidents avec les flic , des maux de tête très violent et des nausées + grandes fatigues , et les antalgique étaient inéfficace ( paracétamol) . j'ai constaté que le seul truc éfficace que je connaissais , c'était de fumer cannabis à très faibles doses , car à haute dose , ça amplifie le pb . j'ai compris pourquoi en lisant la news letter scientifique de jean zin . et ni mon psy , ni mon médecin généraliste ne pouvait quelque chose pour moi vu qu'ils ne connaissaient pas très bien le cannabis ( mais il faut que ça soit du bon pas coupé )
moi j'attends déjà avec impatience l'arrivé du cannabis thérapeuthique comme au canada ou en espagne , voir en hollande : ça doit commencer par là . aussi je pense que moi coté militance je vais faire une demande d'ATU cannabique pour mes maux de tête . si c'est un mouvement massif de patiens qui le demande ça peut changer beaucoup de chose .
Récemment, c'est de l'herbe des caraïbes, en plus des plages ou du reste comme la plongée, qui m'a bien soulagé du stress physique et mental, même si lors de la consommation je cogite et ressens à haute vitesse, ce qu'il me faut, à l'évidence des résultats.
Bien sûr la dose, la durée, doivent être en fonction de chacun.
J'ai d'ailleurs découvert le nombre impressionnant de plantes médicinales des caraïbes, pour les gastrites, les menstrues( ça ne me concerne pas directement), le cancer..., cultivées encore par quelques petits agriculteurs des hauts qui ont gardé une mémoire. Leur vertus viennent à peine d'être reconnues par la médecine instituée. Eux ils connaissent depuis longtemps.
Sans compter les fruits ou agrumes ou poissons, mangos, mangues, papayes, passion, et diverses bananes, tous succulents et jouissifs au gout, comme devrait l'être toute nourriture apaisante.
Un peu du paradis terrestre n'est pas si loin, mais toujours semble se refuser pour diverses raisons( mauvaises ?).
oui olaf , toi tu parle du mec qui ne peut pas travailler si il n'a pas fumer , il me semble . je suis aussi dans ce cas , et moi pour m'activer 10 heure par jours tous les jours 360 jours par ans , j'ai besoin de la dose récréative . mais ce n'est pas ce qui déclanche mes migraine ( 4 ou 5 petards bien corsés par jours ( et plutot en fin de journée , vers 19 h . jamais le matin !).
c'est là qu'on voit avec cette histoire de prohibition , ils empèchent des gens de travailler: ce qui est tout simplement contre productif. la revendication sur le cannabis est ici plus seulement une affaire de malade , mais de travailleurs intellectels , de créatifs , de militants précaires , et de toutes sortes de pirate sortis de la nuit d'on ne sais où ( sombres héros de la nuit ! punk intellect ! )
Concernant les fêtes, j'en vois au moins deux types, celles assez conventionnelles dans lesquelles on ne s'écarte que peu du modus vivendi, on s'y ennuie, on s'y conforme par politesse, pour éviter de heurter et de s'en prendre pour son grade de mauvais coucheur, et celles où l'on va ailleurs un peu plus, mais ça dépend de son humeur surtout et un peu du contexte aussi quand même. Remarques qui me font paraitre en général pour un caractériel, de mauvaise humeur souvent, insupportable, asocial et atypique comme on m'a qualifié souvent, malgré tous mes efforts pour me corriger, avec peu de succès. Chassez l'immanence, elle revient vite et réclame ses intérêts. Peu importe les jugements et évaluations de mon caractère qui s'égrènent comme des perles, puisque je respire encore, sorte de bras d'honneur aux diagnostics qui me paraissent tomber d'inanité comme des feuilles d'automne.
Pourtant, j'ai la conviction d'être modéré et même diplomate dans mes critiques et remarques.
@brunet :
Un peu d'herbe le matin ne me pose pas, ou plutôt plus de problème, la déculpabilisation venant avec le temps, cette culpabilité ayant été le principal cauchemar émergeant sous
prise canabique, le monstre à vaincre en le supportant.
La culpabilité étant une forme de drogue aussi.
Je reste plutôt lucide sous herbe. Je pensais autrement il y a quelques années, quand je skiais avec un pote qui fumait un joint de shit avant de faire les pistes noires ou hors piste de la Meije, ou un autre copain à escalader un pic après 5 heures de route et fumette avant l'escalade. Il ont fait escalade ou descente de piste avec brio, relax, alors que je pensais, n'ayant rien pris, qu'ils allaient à la cata.
Je ne fais pas l'apologie du cannabis ou du risque, mais je constate pour moi et mes relations que ça n'a a été en rien un handicap, mais plutôt une aide qui a permis de faire des trucs qu'ils sont heureux d'avoir fait. Rien d'un truc passif comme on le présente, fumeur avachit, déshumanisé, mais une façon de faire une danse dans le paysage. Plus ça va, plus je pense que je n'ai pas si mal vu les choses.
Oui, depuis que les religions mélangent vérité historique et vérité mythologique (symbolique), ce que ne pouvaient pas faire les sociétés primitives, faute de disposer de ce distinguo.
@olaf :
Vous savez Olaf, votre cas, comme celui de Brunet n'est pas généralisé, ni généralisable!... La plupart des gens que j'ai connu et qui fumaient ont arrêté, soit par pur "mûrissement social", soit pour arrêter le délire parano, ou encore simplement pour la santé des voies respiratoires... Moi, j'ai arrêté car à chaque fois, mais seulement vers la fin, c'est la déprime qui prenait le dessus, et le plaisir n'étant donc plus là...
Mais peut-être que notre société est pourri, pour devoir se tourner vers des produits comme le cannabis. Peut-être vos alpinistes devraient se poser la question de savoir pourquoi ont-ils besoin de fumer avant de grimper,, les réponses risquent d'être déconcertantes!...
@brunet :
Mais bordel, qu'attendez-vous Olaf et vous pour la photo! Je trouve, en effet, que l'anonymat total est pénible à la longue, surtout pour de vieux routards de ce blog que vous êtes!
oui la plus part des fêtes ( commerciale et de la culture dominante) sont ennuyeuse au possible . c'est le spectacle qui rend la fumette triste et sans interet à la longue , il faut justement pouvoir s'adonner à la fête des opprimés , dont parle marx il me semble parlant de 1870 et la commune de paris et déclarant "il s'agissait là de la plus grande fête du 19è siècle". les black panthers , les diggers , les punk le hip hop , la techno et tout un tas d'autres truc géniaux de pirates loufaque et rebelle ( mais toujours en voie de récupération par le spectacle ) ça aussi c'était la fêtes des opprimé , qui est un voie possible vers la réalisation de la philosophie . et quand on pense à la ferveur et la fièvre de ses moments de fureur ( manie) on se dit que c'est sans le sens classique de la religion , l'assemblée des fidèles , l'ecclésia . la politique et la démocratie locale de face à face et cognitif ( intelligence collective ) ne sont pas très loin de cela .
pour la photo , j'aimerais bien en mettre une mais je n'ai pas de de web cam juste un appareil photo numérique et des photos numérisées dans mon PC . mais il y a peut être la possibilité de donner l'envers de la pensée de jean et livre l'imaginaire en question ( et les images ) sur mes deux sites internet ( où chacun peut mettre ses images , ce qui est tout de suite beaucoup plus ludique , sans rien lacher non plus sur le cognitif ) .
@Crapaud Rouge : oui le pb principales des religion , els formes à asservir les plus grandioses de l'histoire , c'est que les croyant fond une lecture trop littérare , prenant tout au mot comme la vérité vraie . ce n'est plus un récit mais la réalité pour les croyant dont la crédulité n'a pas d limite ( plus le bobard est gros plus ça passe )
@Crapaud Rouge :
oui le pb principales des religion , les formes à asservir les plus grandioses de l'histoire , c'est que les croyants font une lecture trop littérrale , prenant tout au mot comme la vérité vraie . ce n'est plus un récit mais la réalité pour les croyants ( créationnisme) dont la crédulité n'a pas de limite ( plus le bobard est gros plus ça passe )
je m'arraite de commenter car j'aurai trop peur que jean zin pense que je veuille prendre sa place ( même si c'est encore plus irréaliste que la virginité de la vierge marie qui a enfenté sans être souillée , comme une tête quand elle a une idée , mais là c'est une interpréation complètement hérétique , qui il y a 3 ou 4 siècle m'aurait vallu d'être brulé vif sur la place publique . ce qui est très excessif pour des gens qui au final ne font que croire au père noël et dont les croyance les arranges vu que ça peut rapporter gros comme le paradis ou la vie etrenelle ( très bon argument commercial). )
Sinon, merci pour ce texte, Jean. Très éclairant!...
@herman :
A aucun moment je ne prétends mon cas généralisable, en revanche l'illégalité du cannabis correspond à généraliser l'idée que personne ne doit et ne peut en tirer quelque intérêt sous diverses formes d'ailleurs. C'est à chacun de voir si oui ou non et comment.
j'ai essayer de faire un digest des commentaire de ce post de discussion à l'adresse suivante ( pour vous donner à voir ce que pourrait être un peu cette revue dont je parle /
article-poesie-revolutionnaire-tentative-d-ecriture-metagraphique-48780761
n'hésitez pas mon plus à déposer vos commentaire , même si l'entreprise est je dois le concéder un peu farfelue !!!
http://www.le-grand-jeu.org/article...
voici le lien exact
1. Renvoi à « histoire « (des religions) par Jean Zin ( lien)
« Les divinités de la phase précédente sont toujours présentes mais la pratique de l'agriculture devait changer encore radicalement la représentation du monde en privilégiant les cycles de la nature (du levant ou couchant, de la génération à la corruption, de la graine à la plante, du printemps à l'hiver). C'est le règne de l'éternel retour, le mythe de la résurrection, la régénérescence (Osiris/ Dyonisos/ Christ), la valorisation de la stabilité, des prédictions (oracles), de la fertilité, des concours. L'unité du groupe et la division du travail priment absolument sur l'individu isolé. Enfin, l'incarnation, la transmigration des âmes prennent leurs racines dans l'expérience du cultivateur ».
2.Osiris
"QUE JE VIVE OU QUE JE MEURE, JE SUIS OSIRIS. JE PÉNÈTRE EN TOI ET JE RÉAPPARAIS À TRAVERS TOI ; JE DÉPÉRIS EN TOI ET JE CROÎS EN TOI... LES DIEUX VIVENT EN MOI PARCE QUE JE VIS ET JE CROÎS DANS LE BLÉ QUI LES SOUTIENT. JE COUVRE LA TERRE ; QUE JE VIVE OU QUE JE MEURE, JE SUIS L'ORGE, ON NE ME DÉTRUIT PAS. J'AI PÉNÉTRÉ L'ORDRE... JE SUIS DEVENU LE MAÎTRE DE L 'ORDRE, J'ÉMERGE DANS L'ORDRE"
3. Présentation par Jean Zin du phénomène d’apoptose ( lien)
La sculpture du vivant, Le suicide cellulaire ou la mort créatrice, Jean-Claude Ameisen, Points, 2003
« Contrairement au caractère anarchique et cataclysmique de la nécrose, l'apoptose se déroule ( dans le renouvellement constant d’un corps vivant) d'une manière étrangement discrète et stéréotypée. Alors que la nécrose donne l'image d'un phénomène d'explosion, l'apoptose ressemble à un phénomène d'implosion. La cellule qui déclenche son suicide commence tout d'abord par couper tout contact avec son environnement. Comme un animal en train de mourir, la cellule se détache et s'écarte des cellules voisines. puis elle se morcelle de manière ordonnée : elle condense, puis fragmente son noyau, découpant en petits morceaux l'ensemble de la bibliothèque de ses gènes. dans le même temps, le corps cellulaire se condense, lui aussi, puis se fragmente en petits ballonnets, les "corps apoptotiques". La membrane externe de la cellule se modifie, prend un aspect bouillonnant, mais reste intacte, empêchant la libération à l'extérieur des enzymes qu'elle contient, évitant toute destruction environnante. Cette mort rapide, solitaire et sans fracas, n'entraîne habituellement ni lésion, ni inflammation, ni cicatrisation. Les cellules environnantes comblent l'espace laissé libre par les morts. Bientôt, il ne reste plus aucune trace du travail rapide et discret de l'autodestruction. » 57
La connaissance de la biologie ici renverse totalement l’imagerie de la mort transmise par les religions que nous avons héritées du passé, imagerie conformée selon une culture sociale de plus en plus individualiste ( liberté individuelle préférée à l’unité du groupe).
4.Loin d’être débile ( et pourtant je le crois obsolète) le symbolisme inclus dans le catholicisme n’impliquait pas ce glissement progressif que dénonce Benoît XVI :
« Dans le cours de leur histoire, les chrétiens ont cherché à traduire ce savoir qui ne sait pas en figures représentables, développant des images du « ciel » qui restent toujours éloignées de ce que, précisément, nous connaissons seulement négativement, à travers une non-connaissance.
À l'époque moderne, une critique toujours plus dure de cette sorte d'espérance s'est développée: il s'agirait d'un pur individualisme, qui aurait abandonné le monde à sa misère et qui se serait réfugié dans un salut éternel uniquement privé.
...Face à cela, de Lubac, en se fondant sur la théologie des Pères dans toute son ampleur, a pu montrer que le salut a toujours été considéré comme une réalité communautaire. La Lettre aux Hébreux parle d'une « cité » (cf. 11, 10.16; 12, 22; 13, 14) et donc d'un salut communautaire. De manière cohérente, le péché est compris par les Pères comme destruction de l'unité du genre humain, comme fragmentation et division. »
(extraits de l'Encyclique Spe Salvi par Benoit XVI)
Ce que j’ai remarqué avec un grand intérêt, en confrontant les renvois divers de Jean Zin au texte de Benoît XVI, c’est l’inadéquation de cette espérance de salut privatisée que le Pape déplore, avec l’observation par la biologie d’une « mort créatrice » des unités cellulaire au bénéfice d’un corps comme phénomène collectif existant, Un corps personnel, lui-même unité possible d’un collectif plus vaste ( l’humanité selon Aristote?) . De quoi construire de nouveaux paradigmes, comme c’est la mode de dire. Mais je préfère continuer de dire une nouvelle symbolique pour une nouvelle ère (et sans cannabis se serait mieux,)
La biologie moderne ne dément pas les paroles d'Osiris. Et nos théologiens pourraient-ils s'y adapter?
oui d'accord . sur l'avenir , le cannabis et sans doute la meilleure des choses si on suit le rapport de OFDT sur les drogues ( d'il y a un mois environ) . ce qui se banalise et se diffuses au couche jeunes mais aussi aux catégories populaire est enfin également à la campagne c'est l'héro et la coco ( marin pecheurs , agriculteur, ouvrier ). l'éducation nationnale est déjà une flière cannabique dès le collège et une filière à drogue dur au lycée . tout le monde est en train de faire n'importe quoi sur la question des drogues , entrepreuneurs de morale , marché des opinion , répression / incarcération) , maffias pouvoir publics , tous main dans la main !
Au commencement était le verbe. L'Histoire commence avec le verbe et le sens que nous donnons aux choses par le biais de notre interprétation et de notre créativité ainsi que par le biais de nos sens. Ces sens ne peuvent pas être considérés comme étant purement objectif lorsque l'on perçoit l'effet de certaines molécules ou drogues sur nos perceptions et sur notre état émotionnel.
Lorsqu'il n'y a pas de verbe nous pouvons percevoir le réel dans son a-signifiance et donc dans son infinité. Je ne pense pas que le verbe soit forcément supérieur à la nature mais restreignant, cadrant, controlant, aussi bien nos constructionss intellectuelles que commandant la matière, soumise à la cassure entre être de l'individu et infinité de l'a-signifiance "simplette", "innocente".
Nous dessinons notre histoire dans le non sens et il est clair que la religion a un rôle important la dedans, ainsi que le mythe.
Personnellement, tel Alice aus pays des merveilles, je vois la religion comme une signifiance initiatique, prête à montrer l'ensemble des états de conscience dans lesquels nous pouvons nous trouver.
La religion n'est pas pour moi la cause des guerres de religions, mais bien comme le rascisme, une justification soit disant rationnelle de manipulée par le pouvoir pour des intérets géopolitiques bien concrets et matériels...
Il est interessant de s'intérresser à la psychogénéalogie amenant à ces sortes de possessions inconscientes du passé sur notre présent et sur nos actes au quotidien, sur les intérets que nous sélectionnons dans l'histoire. Bien que ces selections soit "délirantes" la plupart du temps, elles sont bien présentes et nous ne les contrôlons pas, nous amenant ainsi vers un avenir incertain. Ne procédons nous pas à une auto-destruction inconsciente liée à un passif lourd de l'histoire humaine ? Je n'en sait rien mais il s'agit quand même d'un processus qui parait incomparablement irréversible et qui n'est pas forcément totalement noir vu que nous ne savons pas ce qui se passe. D'où peut-être ces sensations d'anxiété constante que le corps biologique subit.
Certes le processus historique est amorcé, mais la mort peut faire appel à notre être le plus vertueux, nous faisant voir les choses en faces sur la particularité de pouvoir être parano, imaginatif, actif, immobile, recherchant, trouveur, ou encore de se rendre compte de l'ensemble des trips de l'information, envoûtant totalement l'être, lui faisant oublier l'étonnement face à l'infinité de la vie. devons nous nous inscrire de ce processus ou nous en détacher ? en sortir afin d'essayer de construire autre choses ? de montrer la diversité des possibles par notre différenciation à l'autre ? De montrer notre ignorance et l'assumer dans sa plus tragédique clownerie ?
De toutes les façons nous allons mourir et le mystère de la vie pour moi, bien que m'intéressant à la science reste entier, autant dans mes délires que dans mes reflexions rationnelles, m'amenant à n'avoir en fin de compte nuls lieux où me reposer si ce n'est dans le vide qui est quelque chose et que je n'atteint jamais, étant remplis de perceptions où s'impriment multiples saveurs.
@San Pretencion : Je ne peux répondre à l'avalanche de commentaires alors que ce sont les premiers véritables beaux jours. Même si on ne sort jamais du langage, je cède au devoir de jouir du soleil et d'une nature printanière, indispensable pour ma santé !
Je crois qu'il faut quand même mettre la pédale douce à l'identification au biologique, nous ne sommes pas des cellules fondues dans la masse mais nous avons un nom et sommes pris dans des discours qui continuent certes sans nous mais nous laissent notre singularité. La science doit servir à réfuter les idéologies qu'on en tire à tort (compétition, racisme) mais elle ne peut jamais prétendre à la vérité qui est fait de discours. Il faut préserver l'individu même s'il faut sortir de l'individualisme.
On peut distinguer plusieurs périodes dans le christianisme. Il y a eu l'attente de la fin du monde (privilégiant le collectif), puis l'intellectualisation gnostique avant qu'Irénée ne fasse prévaloir la foi sur le savoir, et donc la stupide interprétation historique.
Pour beaucoup, notamment Hegel, le christianisme a plutôt institué l'individualisme du salut individuel (à la suite du stoïcisme et de l'épicurisme résultant de l'Empire où le citoyen n'a plus de rôle politique) d'être lié à la foi et à l'amour, à l'intériorité donc. La grâce signifie que c'est individuellement qu'on est sauvé. Les religions révélées qui demandent une conversion (puisqu'il y a un avant et un après de la révélation) exigent de rompre avec sa communauté et ses traditions (les idoles), apportant la division dans les familles. Bien sûr tout cela mériterait des commentaires infinis...
De même, il faudrait écrire tout un texte (je l'ai déjà fait) sur les drogues, il ne s'agit pas de dire n'importe quoi, ni d'en nier les dangers, mais c'est un sujet plus important qu'on ne croit. S'il est "naturel" de penser qu'il vaudrait mieux s'en passer, c'est une grave erreur sur notre humanité, une intellectualisation abusive et très dangereuse (totalitaire) caractéristique des utopies (et de l'hystérisation des discours). Cette répression qui nous vient de Zarathoustra a été dénoncée par Héraclite ou Les bacchantes, déjà. Il faut s'y résoudre, ce ne serait pas mieux sans alcool et cannabis, mais il faut les maîtriser et qu'ils soient intégrés aux discours sociaux et à nos représentations collectives.
La présence du vin sacré dans la religion chrétienne n'est pas que symbolique même si on observe ce même mouvement du spiritueux vers le symbole dans les initiations grecques qui remplaçaient les champignons hallucinogènes par un ensemble de fruits formant le nom de champignon par Rébus. L'Islam a hésité sur l'alcool au début (l'alcool nous vient des alambics des alchimistes) mais si on peut dire que le chanvre est la drogue islamique c'est un peu abusif (seulement sociologique) car il n'est pas intégré à la religion comme le vin de messe. De façon très caricaturale, on pourrait interpréter comme une sorte de guerre des religions le rejet des drogués par des alcooliques notoires comme Debord ou Gainsbourg !
Je rajoute, pour Baz, que ce n'est pas par hasard que j'ai dit, au commencement il y a le récit car il y avait un langage impératif avant le langage narratif qui seul nous caractérise et produit des mythes.
oui avec ce beua soleil printannier tu as plus que raison de te dorer la pillule et de prendre le temps de vivre à côté de ton blog . sinon pour l'islam et les drogues , il y a quand même le cas du maroc . les chants souffis sont très beaux aussi et très philosophique et va très bien avec le haschich marocain , direct du blédi !
le bled fameux du maroc , c'est chefchaouen
Pour compléter Brunet, je ne suis pas pratiquant, mais j'ai toujours du plaisir à visiter une cathédrale ou une église paumée dans la campagne, baroque ou romane, probablement si j'en avais l'occasion je trouverai le même intérêt à visiter une belle mosquée ou un temple zen. Quelque part je fais la distinction entre la religion et l'art qui en est issu, visuel ou musical comme la musique liturgique, décidément je suis plein de contradictions.
Votre propre texte sur le livre d’Ameisen mettait déjà en garde les lecteurs sur les risques de dévier vers une nouvelle et dangereuse sociobiologie. Mon propos était surtout d’apporter un démenti à l’affirmation d’un commentaire disant que « la réalité des religions c’est la débilité mentale dans toute son étendue ». Oh ! Pédale douce !
C'est l'article qui parle de débilité mentale, cité dans un commentaire. La débilité n'est pas dans la symbolique mais dans le fait de la prendre au mot. Comme l'a montré Maud Mannoni il y a longtemps, la débilité mentale ne relève pas d'un déficit intellectuel mais d'un effort obstiné de refoulement pour ne pas comprendre ce qui est manifeste.
C'est d'ailleurs par souci "démocratique" que l'ésotérisme a été condamné par l'Eglise qui continue pourtant à le pratiquer pour déterminer des dates de fêtes, etc. Les églises sont d'ailleurs truffées de symboles ésotériques. Rien de mieux que la débilité pour nous rassembler effectivement (mon intervention à la création de l'Ecole de la Cause Freudienne s'intitulait "l'institution ou le partage de la bêtise") !
On peut, bien sûr, goûter la beauté des pyramides sans croire au livre des morts, tout comme les masques africains, etc. L'art n'est pas la religion, l'artiste n'est pas le prêtre, mais les religions produisent des symboles et des représentations même à bannir les images.
D'accord, c'était dans votre texte. N'empêche que sorti du contexte, dans le commentaire, débile veut dire nul.Et s'est méprisant pour les ancêtres, je trouve.
Dans le texte ce n'est pas l'usage du symbolisme que vous donnez pour débile: C'est de s'en tenir au sens littéral qui annule ou affaibli toute force du symbole. Je préfère m'en tenir à trouver obsolète, aujourd'hui, la pensée symbolique même à usage religieux. Et encore il faut préciser, pas toujours. Il y a des domaines où nous avons besoin des outils de la raison, de la méthode expérimentale, d'autres qui appellent des systèmes de pensée différents. Quand je prends l'avion, je suis dans un univers au moins post -copernicien, mais dans mon jardin je suis très à l'aise dans un espace encore euclidien. Il faut être capable de sauts de puce entre des systèmes de références pluriels. Diable! (Car il est vrai qu'une théologie dogmatique trouve cela diabolique...)Quant au livre des morts il impose moins une lecture littérale figée qu'une pyramide, débilité dans toute sa
grandeur?
Bon ben Onfray tape sur la psychanalyse avec son dernier bouquin nourrit des lectures de Freud où semble t il il dénonce des accointances de Freud avec le fachisme, Roudinesco réplique en l'accusant lui même d'être une sorte de néonazi en devenir... Ca devient ridicule que de part et d'autre chacun accuse l'autre de nazisme comme on joue avec une balle de ping pong marquée Hitler.
Pourtant en regardant la vidéo de l'entretien avec J A Miller, Onfray se montre assez courtois,
http://ks39417.kimsufi.com/spip.php...
Miller s'énerve sur le raccourci concernant l'attention flottante, expression ayant en français divers sens possibles, en allemand il semble que ce soit die gleiche Schau, perception égale mettant en perspective les accents de l'analysant. Remarque utile.
Finalement, cet entretien avec Miller est intéressant, mais on ne comprend pas bien que ça prenne une forme de guerre de religions désormais dans les médias.
J'ai trouvé Miller instructif, malgré ses emportements, et Onfray beaucoup moins polémique finalement que ce qu'on en dit, plus en recherche d'une connaissance de la psychanalyse que d'une volonté de la démolir comme on pourrait s'y attendre.
L'étrange étant l'éloge du self made man Onfray par Miller en première partie et une sorte de rappel en seconde partie sur le self made man Hitler, magicien de la parole, petit caporal "a", comme adolphe.
Pour souligner le ridicule actuel de la convocation des accusations nazies de l'un ou de l'autre, il ne serait quand même pas inutile de signaler que ni Onfray, ni Freud ou Nietzsche n'ont théorisé ou plutôt mis en procédure l'application de l'extermination d'une culture ou d'une ethnie, ce qui me parait une différence notable d'avec le nazisme, qui était largement passé à l'acte en l'industrialisant et l'appliquant concrètement.
Entre penser des conneries et les faire, il y a me semble t il un gap non négligeable. Soit dit en passant, je vois mal Freud approuver le nazisme dont il s'est très certainement moqué et affligé, même Nietzsche, quelques soient ses extravagances, aurait très certainement honni le nazisme.
Disons qu'Onfray joue sur la corde raide de la provoc rentable sur un plan éditorial et fait l'enfant de cœur devant Miller, l'érudit utile de la psychanalyse. Bonne politique de commerçant sociable.
Comme on fait référence au diable pour amadouer les enfants récalcitrants, maintenant on en appelle de façon récurrente à Hitler, le méchant loup pour fermer le bec, comme disent les Caf de la Réunion, aux pas d'accord. Ca serait bien que ces coups éculés du point Goldwin soient démystifiés.
@Olaf> Je croyais qu'Onfray n'avait parlé que d'antisémitisme. Je trouve que la "défense" de la psychanalyse a souvent des accents religieux et qu'elle se fonde incontestablement sur la magie. Qu'elle soit remise en question à un niveau littéraire et philosophique est une chose, le souci c'est quand dans les faits, dans un contexte médical, on se retrouve en face d'un patient... on entend alors des dialogues qui ressemblent un peu à Pagnol entre le médecin et le curé, avec un certain nombre d'avancées scientifiques d'un côté et, quand même, de l'ordre du théologique de l'autre entre nos époques. La psychanalyse, dans son côté mimétique de l'empirisme, donne aussi sans doute des bases à une future forme religieuse.
http://onfray.over-blog.com/article...
@[ropib|#c9078
Le problème est général aux sciences et encore plus dans le domaine des sciences et pratiques humaines, économie, psycho, médecine etc... Il est difficile de faire le tri entre les principes effectifs et le reste qui va avec. Concernant cette controverse entre pro et contre la psychanalyse, je ne me sens pas de faire le départage. En revanche le ton, pris parfois de part et d'autre, me parait assez passionnel, voire ubuesque. Ces accusations et anathèmes relatifs à l'extrême droite sont assez lassant.
Bonjour Jean Zin
J'aime beaucoup votre blog et je le lis régulièrement depuis longtemps même si je n'ai jamais fait aucun commentaire.
La première fois que je suis arrivée chez vous, un peu par hasard en suivant des liens, j'ai haussé le sourcil en me disant : "mais qu'est-ce-que c'est que ce charlatan?"
J'ai commencé à vous prendre au sérieux en lisant précisément vos articles sur la religion parce que je me suis aperçue que vous en aviez une profonde connaissance. Je connais assez bien (disons pas trop mal) l'histoire des religions, l'histoire de l'antiquité, la préhistoire et le "néolithique" justement, m'intéressent, et je me suis donc aperçue que non seulement vous ne disiez pas d'âneries, mais que vous en aviez une bien meilleure connaissance que moi. J'ai d'ailleurs appris beaucoup de choses en vous lisant; merci.
De là, je me suis aventurée sur votre blog dans des domaines qui me sont quasiment inconnus, scientifiques ou économiques, ou en tous cas dans lesquels je n'ai que de bien maigres connaissances. ça m'a permis d'en acquérir.
Je vous trouve le grand mérite d'ouvrir largement une porte sur l'avenir en le présentant de façon plutôt optimiste finalement, dans un monde en décomposition qui n'offre guère de perspectives.
Les perspectives que vous suggérez pour sortir de l'impasse sont possibles, réalisables, inéluctables pour beaucoup, et vous les présentez de façon très rationnelle et donc crédible.
Vous dites manquez de muflerie en le déplorant, ce qui m'a beaucoup amusée. Là, ça risque d'être dur pour vous, il faudrait que vous soyez un charlatan!
J'essaie de dire des choses raisonnables et d'être un "honnête homme", chose assez rare, il faut le dire, et risquée. Cependant, la seule chose qui me distingue d'un charlatan, c'est d'avouer que j'en suis un, n'ayant absolument aucune légitimité, à aucun titre, et ne pouvant prétendre maîtriser l'ensemble du savoir que je couvre.
En tant que comparatiste, Dumézil était conscient qu'il ne pouvait connaître l'histoire d'une religion aussi bien qu'un spécialiste. La transversalité est encore plus ambitieuse et s'expose d'autant plus à manifester son ignorance. Le nombre de livres que je n'ai pas lu et qui sont pourtant indispensables est innombrable. Il ne faut donc jamais prendre ce que je dis comme argent comptant et tout vérifier par soi-même. Ce ne sont que des pistes, des ouvertures au savoir, une sorte d'éclairage hégélien sur les connaissances disponibles.
Si je ne surestime pas mon travail dont je connais trop bien les faiblesses à me corriger sans cesse, il est vrai que je n'ai pas beaucoup d'estime pour les autres, sauf très rares exceptions. De sorte que je suis persuadé par leurs bêtises que nos experts sont finalement bien plus charlatans que moi...
Je dois dire que ce qui m'a étonné le plus, c'est que des physiciens trouvent de l'intérêt à quelques articles que j'avais fait sur la physique, moi qui suis incapable de simplement lire une formule de physique ! Plusieurs fois, dans des domaines très différents, j'ai pu être félicité par les spécialistes qui me faisaient part pourtant de leurs réserves sur d'autres sujets dont ils n'étaient pas spécialistes, voire trouvant que c'était délirant, alors que j'avais l'approbation de ceux qui connaissaient mieux la question...
C'est pour moi la preuve qu'étant donné les sources disponibles, on peut s'orienter, avec suffisamment de travail, dans les domaines qu'on ne connait pas, mais surtout que la vulgarisation est mal faite et que dominent partout des fausses interprétations et un dogmatisme rampant, ce qui est gênant pour la politique mais aussi pour les scientifiques qui n'ont pas une bonne vision de spécialités plus ou moins éloignées. L'histoire des religions est ici caricaturale. On ne veut pas d'une vérité un peu trop gênante. La polémique sur la psychanalyse est un autre exemple de totale incompréhension, voire de bêtise triomphante, mais qui passe mieux à la télévision qu'une véritable réflexion.
le prêtre et l'artiste , et le psy , ont hérité de ce pouvoir pastorale ( être le pasteur des hommes et toute une kyrielle de prétendants à cette fonction). on dit que le pouvoir pastoral à disparu ! pas du tout , allez voir du côté des cultures minuscule et illégitimes , allez voir la vie de groupe des psys qui peuvent aussi rappeler par certain côté des moines soldat avec une libido épanouie .
Je répète que je ne crois pas que l'artiste et le prêtre aient la même fonction même s'ils collaborent. Pour le dire rapidement, le prêtre est du côté de l'église (de Dieu), du côté du manche, alors que l'artiste est de notre côté, s'exprimant en notre nom, ce pourquoi les artistes officiels sont rarement de bons artistes.
Sinon il est certain que ce ne sont pas les gourous qui manquent, tout le monde s'imagine en pasteur guidant son peuple mais il y a surtout une forte demande à laquelle il est bien difficile de résister. Lacan constatait déjà que les révolutionnaires cherchent un maître, ce n'est que trop souvent vrai, hélas...
oui l'art illégitime , c'est rempli de petites sectes et de guru , si c'est de la reliosité , c'est de la religiosité populaire et contemporaine ( les artistes illégitimes sont du côté des vaincus ) mais il y a aussi des truc comme les avant gardes qui marchent comme els églises ( écoles et pas mouvement ) avec excommunication inquisition tribunaux de la raison et touti quanti . plus qu'alternatif l'art non officiel est érétique . c'est le retour du religieux en grande pompe , comme avec tiqqun .
J'ai réfléchi à votre post, entre temps.
Je pense qu'aujourd'hui, les diverses disciplines scientifiques sont bien trop spécialisées, pointues (ce qui n'est pas un reproche mais une constatation), pour en avoir une vision globale précise. C'est je crois ce que disait Edgar Morin si je ne m'abuse.
En bref, on ne peut pas avoir aujourd'hui une vision globale, totale, comme pouvait en avoir par exemple Léonard de Vinci en son temps, quand les sciences étaient balbutiantes et infiniment moins développées qu'aujourd'hui.
Je pense que c'est une part de votre mérite que d'essayer de les embrasser dans une vision globale, ce qui n'est pas facile, tout en ayant l'honnêteté de dire que ce ne peut être exhaustif, et nécessairement, humainement limité. C'est ce que vous dites clairement en disant que vous savez que vous êtes un charlatan mais que vous le reconnaissez, ce qui est tout à votre honneur.
Je me souviens que Zoë est passée sur votre blog (je ne vais pas me mettre à chercher où mais je me souviens qu'elle est passée) pour vous dissuader préventivement de jouer les guru, et elle a eu raison.
Par conséquent je crois que désormais, vous n'avez pas à avoir de fausse pudeur de débutant. Quand vous aurez l'occasion de vous rendre à quelques congrès ou conférences, je pense que vous devriez vous présenter pour ce que vous êtes, à savoir un charlatan qui sait qu'il en est un mais qui n'a nulle intention de jouer les gurus.
En somme, pragmatiquement, je pense qu'en disant que bien sûr, vos réflexions vous portent à croire que ce que vous suggérez comporte une marge d'erreur de 30% parce que ni vous ni personne n'êtes dieu le père, n'étant pas omniscient. Mais les gens comprendront parfaitement qu'une marge d'erreur de 30%, ça laisse quand même 70% de possibilités vivables à l'avenir, et que c'est de toutes façons mieux, et préférable, à 100% de plantage et de risque de finir dans le mur comme nous allons à présent.
Les gens ne sont pas idiots quoiqu'on en dise ou qu'on veuille leur faire croire. Entre 30% de risque d'erreur et 100% de garantie d'aller droit dans le mur, ils choisiront le risque d'erreur de 30% auquel on peut toujours remédier à temps et 70% de perspectives ouvertes et vivables.
Bonne continuation.
Il est difficile de ne pas prendre la position du sujet supposé savoir étant donné l'étendue de mes recherches, je ne suis pas sûr du tout de pouvoir l'éviter mais j'essaie au moins de réduire au minimum les interventions publiques. Lorsqu'on ne peut maîtriser tous les domaines qu'on aborde, c'est une condition de l'écriture de refuser d'être une autorité pour s'autoriser à dire ce qu'on pense dans l'état actuel de notre information.
S'il ne s'agit que de rabâcher ce que j'ai déjà dit, pas trop de problème à occuper le devant de la scène, mais s'il s'agit de garder le fil, mieux vaut rester dans l'ombre, loin des feux de la rampe. Je fais donc ce que je peux et tant mieux si d'autres en font leur miel, c'est là pour ça, mais ce n'est pas moi qui en ferait la propagande.