Ce n’est qu’un début…

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Le mouvement actuel semble dans une impasse. On ne voit pas quels pourraient être ses débouchés, comment on pourrait obtenir le retrait de la réforme une fois celle-ci votée (sauf à passer par une véritable grève générale). On n'est pas dans la même situation qu'avec le CPE, la question des retraites et donc de notre avenir ne peut être mise sous le tapis, mais c'est peut-être justement la chance que la mobilisation dure et se radicalise, même s'il va très certainement y avoir un reflux très important en terme de nombre. De quoi donner le temps de s'organiser et de gagner en consistance, d'élaborer des propositions alternatives majoritaires puisqu'à partir des retraites, c'est bien le travail tout au long de la vie qui est en cause ainsi que les 30 prochaines années sur lesquelles il faut se projeter alors que tout a changé autour de nous.

De son côté, le pouvoir, on ne peut plus discrédité, s'est mis lui-même dans une impasse à refuser d'écouter les syndicats pourtant unanimes, car on ne voit pas non plus comment la protestation cesserait désormais dans un contexte si objectivement révolutionnaire. On peut dire que toutes les conditions sont remplies avec cette crise profonde qui remet en cause l'ordre précédent dans ses fondements même, faisant apparaître son injustice criante et son insoutenabilité effective. Jusqu'ici, la réalité était en avance sur une subjectivité révolutionnaire complétement absente, donnant un aspect irréel encore aux dernières manifestations avec un côté marche forcée auquel on avait du mal à adhérer car, cette fois, ce n'est pas la subjectivité qui nous met en marche mais, qui petit à petit, rejoint ce que la rupture historique que nous vivons peut avoir de réellement révolutionnaire.

Il ne faut pas se cacher qu'on peut en avoir pour 10 ans, voire plus, mais les événements peuvent tout aussi bien se précipiter soudainement, étant donnée la conjonction extraordinaire des crises (économique, écologique, technologique, géopolitique, idéologique, anthropologique). Il n'y a aucune raison que le mécontentement cesse alors que c'est l'ensemble du système social qui est remis en cause et doit être effectivement entièrement repensé (notamment avec un revenu minimum garanti comme vient de le demander de façon très surprenante le parlement européen). J'insiste, pour ma part, sur la nécessité d'une approche systémique qui ne se réduise pas au revenu mais nécessite de prendre en compte la circulation, notamment avec des monnaies locales que les désordres monétaires pourraient favoriser, mais surtout la production elle-même avec les institutions du travail autonome, de la relocalisation et du développement humain. On voit que ce n'est pas encore d'actualité mais on y vient quand même sous la pression des faits et des transformations considérables de notre système de production.

A cause de ce retard des idéologies sur une réalité déjà révolutionnée par l'universalisation des technologies numériques, ce ne serait sans doute pas une si bonne chose que le dénouement soit trop rapide mais l'histoire attend rarement les conditions idéales. Une précipitation des événements n'a rien d'impossible étant donnée la multitude d'occasions qui risquent de se présenter. Toute révolution se fait sur des malentendus et la conjonction improbable de revendications et de catégories de population apparemment sans aucun rapport dès lors que la situation est mûre. D'un autre côté, quelques morts, un attentat terroriste ou simplement les élections présidentielles peuvent y mettre un terme. Provisoire. S'il n'y a, en effet, aucun débouché à court terme et que le renversement du pouvoir ne produirait sans doute pas grand chose (des surprises sont possibles en ces matières), cela n'empêche pas difficile d'imaginer que l'agitation s'arrête. Le mouvement est lancé, les acteurs bien identifiés d'une lutte des classes entre la finance et les travailleurs, même si la solution est loin d'être trouvée. De toutes façons, on peut dire que l'intervention des peuples est devenue indispensable pour des raisons économiques mêmes, les politiques de rigueur décidées ne pouvant qu'aggraver la crise et les tensions.

Il se pourrait qu'on s'oriente ainsi, en France du moins, vers une sortie de crise proche de 1936, bien qu'il y ait pour l'instant un déficit de revendications progressistes au-delà de la stricte défense des avantages acquis. On peut espérer aussi la jonction avec d'autres pays européens qui ont de bonnes raisons de nous rejoindre et donnerait plus d'ampleur au mouvement. Il faut bien admettre cependant que la tendance générale, pas seulement en Europe, est plutôt fascisante et xénophobe, comme elle l'était dans les années 1930. Les Français seraient encore une fois du côté de l'exception plus que de la règle, ce qui veut dire qu'on peut craindre des jours sombres. Comme souvent, le plus probable, c'est qu'on passe par le pire et une période de crispations autoritaires au moins, qui n'iront pas, espérons-le, jusqu'aux extrémités qu'on a connues, et qui ne seront pas plus le dernier mot de l'histoire mais seront difficiles à éviter.

C'est à cause du manque d'alternative que le populisme de droite s'impose un peu partout. A la base, il y a le même sentiment que chez nous d'une délégitimation des pouvoirs, de nos représentants, de nos élites, d'une démocratie ploutocratique qui n'est plus qu'une oligarchie au service de la finance internationale. Dans ces conditions, on comprend que diverses théories du complot se répandent facilement, comme on accusait à l'époque les banquiers juifs. La tradition révolutionnaire et les luttes ouvrières nous en protègent encore relativement au profit d'une analyse de classe mais ailleurs cela prend la forme de l'effrayant Tea party ou d'un anti-islamisme exacerbé. Ce qu'il y a de commun entre cette nouvelle extrême-droite qui veut détruire l'Etat providence et le mouvement social qui veut le défendre, c'est de légitimer la désobéissance civique, le blocage de l'économie comme de renverser le thé anglais par dessus bord a été le signal de la révolution américaine. On peut dire qu'il s'agit juste pour l'instant de rendre l'attitude de résistance à la mode, prise de conscience qu'il faudra adopter d'autres règles pour vivre ensemble et que les anciennes sont discréditées. Cette anomie est facteur de désordre et donc d'appel à l'ordre. A l'évidence, Sarkozy compte bien tirer les marrons du feu. Ce moment redoutable est celui où s'impose l'idée qu'il faut autre chose, pas encore le moment où cet autre chose prend forme, mais l'histoire s'accélère, on entre vraiment dans le 3ème millénaire.

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38 réflexions au sujet de “Ce n’est qu’un début…”

  1. Il faudrait plutôt qu'on arrête de trop consommer, à en devenir obèses pour beaucoup trop de "travailleurs" (si on peut encore appeler "travail" l'activité de pilotage d'une machine, parfois télécommandée, par le "travailleur"; si on peut appeler "travail", l'activité de paperasserie stupide et inutile de la plupart des fonctionnaires et employés).

    Il faudrait arrêter de construire et de s'acheter de trop grosses voitures de luxe ou de sport, des maisons trop grandes et trop luxueuses.

    Arrêter le troupeau des vacanciers en avion, étalant leur viande au soleil.

    Il faudrait arrêter de produire et d'acheter du vin à plus de 5€ la bouteille; arrêter d'aller à des restaurants où en 2 heures on dépense l'équivalent d'un mois de nourriture à la maison.

    Arrêter de faire des films qui coûtent si cher et qui ne servent à rien.

    Il faudrait surtout faire une purge, de l'amaigrissement et du dégraissage. Que le "travailleur", remplacé par la machine et profitant du chômage, se mette à faire fonctionner sa tête et étudie, au lieu de se vautrer dans la consommation, matérielle et "culturelle" ou "sportive", décervelante.

    Il faudrait que les femmes arrêtent la course à la plastification prétentieuse et arrogante. Et que l'exploitation de la femme par la femme soit réprouvée.

    Il faudrait que tous ceux qui accaparent manifestement trop d'argent (stars, managers, "responsables", etc.) soient honteux de coûter si cher à la société au lieu d'être fiers de très bien "gagner sa vie". Le "travail" est toujours un coût, jamais un gain - sauf s'il n'est pas payé.

    Une société qui prône le loto démontre clairement que son rapport à l'économique et au financier est malsain.

    Il faudrait que les syndicats réclament l'égalité des salaires et des pensions, il faudrait qu'ils récusent les hiérarchies et le corporatisme, pour commencer à être différent de ce qu'ils prétendent combattre.

    Mais de toute façon, tant qu'il y aura une capitale, il y aura le capitalisme (même déguisé en communisme). Et l'avenir est manifestement dans la production et le commerce de bandages, de pansements et de trousses de soins, avec tous ces gens qui ne manqueront pas un jour ou l'autre de se cogner au réel. J'en ai d'ailleurs commandé moi-même un bon stock, on ne sait jamais.

  2. Il faudrait arrêter de dire des conneries et de se prendre pour un modèle d'humanité avec des yaka faucons qui condamnent en vain tous ses congénères, preuve que ceux qui croient "faire fonctionner leur tête" sont tout autant décervelés que ceux qu'on ramène au rang de (gros) porcs se vautrant dans la consommation. Ces discours totalitaires sûrs de leur vérité se croient supérieurs à leur temps qu'ils ne se donnent pas la peine de comprendre.

    Bien sûr, en dehors de bêtises comme le fait que le travail serait toujours un coût, ces voeux pieux ont quelques raisons, qui ne les comprendrait ? C'est pourquoi les religieux nous bassinent avec ça depuis des millénaires. Les moments révolutionnaires passent inévitablement par ces propagandes de bas étage. C'est là qu'on se rend compte que le faux est un moment du vrai mais sur ce blog, j'essaie d'éviter la propagande et de maintenir une pensée critique, y compris envers les révolutionnaires, pour essayer de discerner des stratégies effectives.

    Il ne s'agit sûrement pas de juger les gens, en effet, mais de les mobiliser pour changer les institutions sans rêver en faire des saints. Il ne s'agit pas de croire détenir la vérité, se mettre au-dessus des autres et prétendre à un monde idéal mais de se sortir, avec les autres, des impasses dans lesquelles on s'est mis.

  3. Vous ne croyez pas, Alotar, que ces ouvriers obèses comme vous dites ne se cognent pas au réel lorsqu'ils sont devant leur machine, où devant la chaîne sur laquelle il doivent accrocher des poulets? Et des obèses dans ce travail là, ou grand bien leur ferait si un robot le faisait à leur place, on en trouve pas beaucoup!
    Pour finir, on ne peux pas dire que les salariés qui défilent dans les rues afin qu'un jour ils puissent être justement, délivrés du travail, se comportent en consommateurs obtus, contrairement à se que vous avez l'air de dire. Arrêter de consommer dans le monde d'aujourd'hui, dans lequel rien n'aurait changé serait totalement suicidaire. La charrue avant les boeufs...

  4. Le temps médiatique, depuis le quinquénat, met un beau bordel: à peine le pouvoir en place prend ses aises que la course à l'échalote reprend! Je redoute qu'un accord entre le P.S et les syndicats stoppe net la contestation, pour aboutir in fine à un retournement de veste des socialos comme ils savent si bien le faire une fois en place...Madame Royale reniant un programme par trop idéaliste: un smic à 1500 Euros!
    Mais attention quand même, on a Mac Lane avec nous:

    http://www.europe1.fr/France/Bruce-...

    :-)!!!

  5. C'est effectivement intéressant. On avait déjà remarqué que les manifestations étaient plus importantes en province, il est très intéressant de montrer que les zones les plus actives sont celles de la "famille souche" traditionnelle. J'ai toujours trouvé très pertinente l'anthropologie d'Emmanuel Todd mais il ne faut pas réduire la "famille souche" au fait qu'elle serait autoritaire et inégalitaire alors qu'elle est surtout protectrice. En effet, c'est l'aîné qui hérite (inégalitaire) mais il doit prendre en charge toute la famille, au contraire de l'égalitarisme de l'Île de France où l'héritage est égalitaire mais sans réelle solidarité, encore plus loin du système anglo-saxon où l'héritage est inégalitaire sans aucune solidarité. La Révolution Française a été caractérisée par la conjonction de l'égalitarisme parisien avec la solidarité des familles souches.

  6. Si un Nouveau Front Populaire pouvait voir le jour en ces temps agités alors ce serait magnifique! Peut-être que ces grèves étalées feront émerger ce genre de rassemblement. En effet il semble qu'il faille une solution politique c'est à dire collective à cette conjonction de crises. C'est de cette politique autre, non-politicienne, hors écurie de partis compromis ou marketisés que peut naître un espoir d'une autre société. Car il nous faut inventer de nouveaux modèles, l'histoire ne se répète que partiellement 2008 n'est pas 1929 et ces manifestations comme votre analyse redonnent du baume au coeur! Que le parlement européen lui même s'y colle est un signe effectivement et fait mentir ceux qui ne voient en lui qu'un instrument de domination transatlantique.

  7. j'ai entendu dire que le parti de gauche de mélanchon a pas mal encarté pendant les manifs . c'est peut être eux le nouveaux front populaire dont vous parlez ? ceux du front de gauche .

    j'ai du mal à voir vraiment ce que ça change ce vote du parlement européen ( une loi cadre auraient été plus contraignante pour les états ? ).

  8. Même chose que Brunet concernant le revenu minimum (qui n'a pas l'air garanti) européen.
    J'ai lu le texte en diagonale (c'est illisible pour moi ce genre de chose). Je me trompe peut-être mais on dirait plutôt une "obligation" de fournir des usines à gaz type RMI/RSA, etc.

  9. Je n'ai aucune considération pour le parlement européen qui est une sorte de cour de petits notables trop payés et déconnectés des citoyens mais il n'y a rien d'entièrement négatif et il en sort parfois de bonnes initiatives, un point de vue plus global pouvant imposer des réalités difficiles à admettre localement. Ils ne se sont certes pas trop mouillés sur le revenu de base mais c'est quand même un événement qui manifeste que ce n'est plus une idée aussi absurde que je le disais à CitéPhilo par exemple. Les idées progressent. Pour le mettre en place il faudra sûrement des conditions exceptionnelles avec l'intervention des peuples.

    Je ne suis pas sûr que revenu de base et monnaie locale, encore moins le travail autonome, soient populaires au Front de Gauche qui est quand même très archaïque, prenant la place d'un PC discrédité. Pas mal de Verts proches d'EcoRev' y ont adhéré il y a déjà quelques mois mais je n'en attends rien de plus, qui est déjà pas mal, que de peser en faveur des salariés.

    Il n'y a rien à attendre des partis, ni des élections. Il faut juste espérer une dynamique comme il s'en produit lors de chaque grand mouvement (manifestant à ces occasions qu'on existe comme société et comme moment historique où les peuples - les jeunes - se répondent de par toute la terre). Je ne peux que répéter qu'à gagner trop vite le pouvoir, on risque le pire. Il faut un temps d'élaboration, de cristallisation. Je ne suis pas optimiste à court terme car je connais les résistances aux idées nouvelles mais on voit que ça progresse et je suis optimiste sur le long terme car la réalité s'impose inévitablement à la longue, la vérité finit toujours par éclater, il y faut juste du temps, celui de la confrontation au réel de nos errements.

  10. M. Jean Zin,
    Au niveau de la pensée vous reconnaissez la nature dialectique du mouvement historique qui n’avance que dans la complexité d’un réel contradictoire.J'ai ainsi un grand intérêt à vous lire Mais vous professez par ailleurs trop souvent, s'agissant de l'action, une antique sagesse, un scepticisme philosophique , hélas, en décrivant ce mouvement comme tout à fait extérieur aux gesticulations vaines ou dangereuses des humains : « rien à attendre des partis, ni des élections »… car… « la réalité s’impose inévitablement à la longue ». Il y aurait donc un dieu de l’ Histoire invisible, ( semblable dans son efficience à cette « main invisible du marché » qui écrirait inévitablement le destin des échanges économiques selon le libéralisme pourtant décrié) ? Un dieu ou un destin supérieur grâce auquel « la réalité s’impose inévitablement à la longue ».Faux ! Nous-mêmes engageons ce réel, nous-mêmes sommes partie prenante, collectivement. Cet « inévitable à la longue », c’est le nôtre ! Qu’il soit bien clair que le scepticisme du philosophe dans sa tour est incompatible avec la « confrontation au réel de nos erreurs » . Je revendique le droit à l’erreur du militant, et de l’organisation qu’il choisit C’est cela la démocratie. Non ? Sans prise de parti et sans élection, le dernier mot reste aux survivants après la tuerie. Non ? Le philosophe ne parle utilement qu’à une multitude limitée , cet oxymore, de ceux avec qui il vote, défile, s’engage, dans l’espoir d’éviter le pire.

  11. Réaction très compréhensible bien que le malentendu soit total sur une prétendue providence divine alors qu'il ne s'agit que de la résistance des choses, des limitations matérielles et de la sélection après-coup de ce qui marche. On peut toujours se cogner la tête contre un mur, nul besoin d'un dieu quelconque pour comprendre que le mur résistera mieux que la tête. Pas plus besoin d'une intervention divine pour prévoir qu'une bulle spéculative va inévitablement éclater.

    Par contre, s'imaginer que ce sont nos choix et nos combats qui déterminent le réel me semble de l'ordre de la croyance, certes compréhensible mais néanmoins contredit par la sociologie, l'anthropologie, l'histoire. Position intenable, rejetée aussi bien par la droite individualiste et volontariste (Sarkozy notamment) que par ceux qui ne veulent pas désespérer Billancourt. Ici, on désespère de la naïveté militante, heureusement pensera-t-on que je reste très confidentiel ! Cela n'empêche pas d'être plus optimiste à plus long terme, dans l'après-coup. C'est ce que Hegel appelle la ruse de la raison qu'on a pris pour un progressisme stupide alors que c'est la constatation que les grandes choses ont été faites par passion où interviennent des intérêts individuels mais que le réel contraint et que le fait de parler et devoir justifier son action l'universalise, ce qui n'élimine pas le négatif ni le travail du scepticisme. Le problème étant que notre savoir est toujours inadéquat par certains côtés.

    On est là dans la théorie mais il y a aussi l'expérience et j'ai mis du temps à me rendre compte des résistances à la compréhension de la rupture anthropologique que nous vivons. J'ai mis du temps à comprendre pourquoi, pour des raisons cognitives et sociologiques qu'il ne suffit pas de nier et m'ont persuadé qu'il faut la catastrophe pour changer ses représentations et s'adapter à la réalité (voir complexification des modèles et simplification de la réalité). De même, c'est l'expérience de mon passage chez les Verts qui m'a fait comprendre que les partis ne sont pas ce qu'on croit de l'extérieur mais qu'ils sont pris dans des champs de forces : réseaux (tendances), argent (postes), pouvoir (élus). Les partis ont leur utilité, on ne peut s'en passer, mais on ne m'y reprendra plus.

    Ainsi la réalité des écologistes, comme la réalité du Parti de Gauche (sans parler du PS), ne laissent rien espérer. C'est insupportable, bien sûr. On ne veut pas baisser les bras, subir passivement et on se lance gaillardement à l'assaut du vieux monde mais sans aucun résultat (sauf le plaisir de la lutte collective et l'enthousiasme du combat). Comment reprocher à des gens comme Paulhan d'avoir été pacifistes avant la guerre, de vouloir se persuader qu'on pouvait éviter la guerre, que ce ne serait qu'une question de volonté, de combativité, de persuasion ? Comment reprocher aux utopistes d'alors leurs audacieuses "critiques de l'aliénation" et leurs combats pour un avenir radieux. Cela n'a pas empêché le pire de survenir et des régimes fascistes et guerriers venir par la voie de la démocratie (par contre l'engagement dans la résistance et dans les armées alliées était bien une condition de la victoire finale, l'histoire ne se fait pas toute seule, pas sans nous mais pas comme on voudrait, on a un rôle d'acteur pas d'auteur, ne faisant que jouer le texte d'un autre).

    Depuis peu je me retire effectivement du jeu, en bonne partie à cause d'une santé trop fragile, mais on ne peut dire que je me réduis au scepticisme et la pure critique. Je travaille les propositions positives qui résument pratiquement de larges recherches, j'essaie d'éclairer notre actualité, d'analyser la crise, d'évaluer les opportunités. J'ai même participé aux dernières manifs bien que ce soit très inconfortable pour moi. On ne peut me ranger dans les quiétistes mais je n'ai voté qu'au referendum, pas aux élections, et je me suis toujours caractérisé par la réticence aux modes du moment comme au politiquement correct ou toute forme de propagande (je ne suis pas du côté de la volonté générale, du sens commun, de la foule mais de la justice, de la vérité, de l'autonomie). Pour moi la démocratie n'est pas l'expression de la volonté des hommes rassemblés, conception militaire de la démocratie qui est aussi celle des mobilisations sociales, c'est un processus constant de démocratisation, de débat public et de contre-pouvoirs.

    Je ne reproche à personne de militer là où ils le pensent utile (il faut faire ses classes) et je ne cherche pas à ce que tout le monde me suive et partage la même désespérance des débouchés immédiats, ce n'est pas pour rien que je suis si marginal et ignoré (ce qui a ses avantages aussi). Je suis même persuadé que ces combats perdus comme celui sur les retraites (qui ne vient pas des individus mais de dynamiques profondes et de syndicats archaïques) ont beaucoup de positif et qu'il n'est qu'un début pour de meilleures perspectives mais il ne s'agit jamais pour moi de dire ce qu'on voudrait entendre. J'essaie de dire la vérité (qui n'est pas donnée), de dégager la richesse des possibles, pas de donner de faux espoirs. On peut dire, donc, à la fois qu'il y a de bonnes raisons de penser que les événements vont se précipiter et qu'il y aura matière à prolonger l'agitation tout en disant qu'on ne fera rien de consistant avant d'avoir au moins frôlé le pire pour mettre tout le monde d'accord. Il faudra bien admettre que les partis sont pourris et que leurs idées sont obsolètes, ce qui est un fait, autant que la déconfiture du capitalisme de casino.

  12. On pourrait croire que l’expérience est notre alliée la plus fiable, on pourrait croire aussi que lorsque le sol craque sous nos pieds il est urgent de se replier pour mieux tout défoncer, qu’une vie menée pour le triomphe de la liberté n’est pas qu’une suite d’infirmes stérilités. On pourrait... On veut (se faire) croire que derrière la mascarade politique et syndicale qui s’agite comme un corps fraichement décapité se cache un semblant de potentialité révolutionnaire, d’une autre vie, d’un autre monde. On se ment, à soi-même et aux autres. On se croit autre chose qu’une sorte de professionnel de l’activisme et de « la radicalisation des mouvements », pour finir par en faire un mode de vie, un rôle social confortable. Mais qui vit de combattre un ennemi a tout intérêt de le laisser en vie.

    Encore un mouvement, encore une période de fatigue cérébrale et physique à courir après des fantasmes que nous avons déjà enterrés profondément dans la fosse du désespoir, à mettre entre parenthèse toutes nos luttes et les sacrifier à des « impératifs » injustifiables. Être partout, sacrifier de sa personne, Quichotter dans le désert. Faire semblant de ne pas remarquer, se faire croire qu’il y a une différence de responsabilité entre les centrales syndicales et leurs bases, qu’il y a encore quelque chose à faire dans, avec ou par rapport au syndicat. Au fond, la majorité des radicaux qui ne donnent plus que dans l’activisme a déjà enterré le mouvement dans sa tête en préparant sa chute, en tablant sur des barrages au retour à la normalité, encore des fantasmes de désespérés.

    On fait comme si il n’y avait pas déjà eu une dizaine d’autres mouvements, comme si les critiques qui avaient suivit chacun d’eux n’étaient bonnes que pour les mouvements précédents. Souviens-toi bien d’oublier.

    Tomber dans le panneau à chaque fois dans un éternel recommencement, ne surtout pas regarder la réalité en face, appliquer des recettes trouvées dans de mauvais livres, sans jamais sortir des habitudes : journées d’actions, assemblées générales (« inter-pro ») dont la seule finalité semble être leur répétition à l’infini et leur propre reproduction, mythologie de l’opposition entre la base-un-peu-coconne-mais-sincère et les directions des syndicats, apologie des pratiques et mise en arrière-plan des contenus, occupations où l’on s’enferme, symbolismes en tout genre, recours aux médias etc.

    Alors cessons de faire de la politique, laissons libre cours à notre créativité et engendrons des ruines...

  13. Je ne vais malheureusement pas avoir le temps de répondre à trop de commentaires car je prépare ma revue des sciences mais si je comprends bien aussi cette réaction où il y a beaucoup de vrai, je ne prêche pas non plus la démobilisation (ni la démolition) encore moins la dépolitisation (le mode d'existence politique est essentiel à notre réflexivité, notre conscience de soi comme collectivité et moment historique, le jardin épicurien supposant l'Empire qui supprime la citoyenneté politique). Je dis des choses assez précises, notamment sur le caractère local des alternatives. Il ne faut pas rêver à un monde idéal, cela ne veut pas dire qu'il faudrait arrêter de combattre l'injustice. La lutte des classes consiste avant tout à rétablir par le nombre l'équilibre des forces entre le capital et le travailleur isolé, à mettre un terme à la guerre que les riches font aux pauvres, mais on ne pourra jamais s'en passer car le "peuple" qui gouverne, n'est jamais vraiment le peuple gouverné.

    C'est tout le problème de trop en faire, trop espérer, cela mène ensuite au suicide ou à passer à l'ennemi quand on se rend compte de ses illusions. La dialectique est toujours aussi indispensable pour éviter ces positions trop simplistes et croire qu'il n'y a que de la répétition et pas d'histoire ni de cycles. Il ne faut pas s'épuiser dans l'activisme et s'imaginer qu'on a tout compris pour ensuite s'effondrer mais il faut rester à la fois lucide et résolu. La question n'étant pas celle de la volonté mais de la vérité (qui nous échappe), pas tant celle de notre liberté supposée, qui nous accuse (du point de vue du procureur) et sans laquelle la politique n'a guère de sens, mais du possible effectif, d'autant plus problématique dans une période de rupture technologique et anthropologique comme il y en a eu bien peu.

    Malgré ce qui peut paraître désespérant de notre époque, je crois au contraire que nous vivons une des époques les plus excitantes de l'histoire, un moment absolument crucial où le monde va complétement changer, où il a déjà largement changé et s'il ne réalisera pas tous nos rêves, aura besoin de nous pour être un peu meilleur. Simplement, il faut passer par le pire, tout le confirme...

  14. Et bien voyez-vous, pour moi le pire il ressemble assez à ça:
    http://sarkofrance.wordpress.com/20...
    Et je trouve ça nettement plus effrayant que l'éventualité d'attentats. Je n'ai absolument aucune envie que mes petits enfants à venir doivent un jour se mettre au diapason de la sublime culture de l'Autre dont une certaine extrème-gauche nous rebat les oreilles depuis des lustres, censée nous apporter monts et merveilles.

    Et je redoute nettement moins le changement climatique que cette mirifique société multiculturelle. Si le pôle nord doit fondre et le niveau de l'eau monter, on fera des digues. Il me semble nettement plus difficile d'endiguer la mirifique culture de l'Autre.

  15. Il ne faut pas en faire trop. Il y a des barbares, plutôt moins qu'avant. Mettre ça sur la culture de l'Autre et l'anti-racisme est un peu court. L'enfer sur Terre existe, c'est sûr, il faut le reconnaître. Il n'y a aucune complaisance à avoir avec ces arriérés mais de là à mettre ça sur le dos du relativisme, c'est ignorer la simple réalité.

    La tendance actuelle de la bonne conscience, c'est de paniquer devant l'islamisme. J'avais déjà accusé Charlie-Hebdo en 2003 de tomber dans ce racisme ordinaire, non que beaucoup d'islamistes ne soient pas d'horribles fascistes, mais on ne peut se faire donneur de leçon et croire que la raison en serait notre propre faiblesse à les dénoncer est tout simplement délirant, compréhensible mais sans rapport avec la réalité.

    Le racisme est la chose du monde la mieux partagée, c'est une réaction normale, ce qui n'empêche pas qu'un peu de raison permet de le surmonter sans aucune fascination pour la violence et le machisme primaire. La religion est une connerie monumentale qui n'est pas réservée à une race, hélas, pas plus que le patriarcat...

  16. En gros je vous donne raison. Globalement, il y a plutôt moins de barbares qu'avant, dans le sens où, proportionnellement, on se tue moins qu'au paléolithique en dépit de l'augmentation exponentielle de la population.

    http://www.schizodoxe.com/2009/04/2... :
    "Une constatation : la guerre chez les primitifs, tue, toutes proportions gardées, plus que la guerre entre civilisés. Beaucoup plus. Et les quelques tribus « pacifiques » observées ici et là le sont soit parce qu’elles sont totalement soumises, soit parce qu’elles sont isolées.Quant à la criminalité au sein de ses groupes humains, elle est énorme : plusieurs dizaines de fois celle des Etats-Unis ou de l’Europe."

    D'ailleurs, les machos de "Charlie Hebdo" (que je ne lis pas et que je n'ai jamais aimé), sont un peu paléolithiques.

    Dans ce genre de problème (la crainte exagérée de l'islam dans les banlieues), il y a le la question économique et sociale, c'est certain, on ne peut pas l'éluder. La question n'est pas exclusivement culturelle. Mais on ne peut pas non plus l'évacuer purement et simplement et faire comme si elle ne subsistait pas. Elle existe, et on ne peut la nier comme le fait une certaine extrème-gauche.

  17. C'est zarbi, j'ai eu de multiples contacts avec des maghrébins, syriens ou africains lors de mes études, aussi chinois ou coréens. Ils étaient profs ou étudiants, mais je n'ai jamais ressenti de malaise, mais plutôt une bonne entente.

    Ils ont parfois leurs bizarreries religieuses, mais n'emmerdent personne avec ça, sauf eux même souvent, comme cet indien musulman d'inde qui nous avait accompagné au ski pendant son ramadan. On était un peu morts de rire quand il s'était confessé de sa faiblesse en fin de journée. Faute de glucides pour s'alimenter, bien plus que de foi.

    Sinon maintenant, j'ai affaire à des malaysiens, dès qu'ils voient une tranche de porc, ça leur met une petite panique.

    Même si on sent qu'ils s'en foutent aussi, c'est un peu théâtral tout ça.

  18. Il est certain qu'il y a des différences culturelles difficiles à vivre mais dans mon courrier à Charlie-Hebdo, dont ils avaient publié le début, je ne me contente pas de dénoncer leur racisme, j'en donne l'explication à partir de Norbert Elias (Logiques de l'exclusion) qui montre qu'on juge les autres sur leurs plus mauvais côtés alors qu'on s'identifie à nos meilleurs représentants. Ainsi, on se rend compte qu'il y a autant d'horreurs dans la Bible que dans le Coran et que les bons chrétiens étaient pires que les musulmans il n'y a pas si longtemps. Ce qui montre que ce n'est pas la bonne explication mais plutôt l'arriération économique (car contrairement aux décroissants, il faut admettre que la civilisation a des bons côtés, notamment le moins grand nombre de morts, effectivement, par rapport aux vendettas, à la dette de sang ineffaçable).

    Ceci dit, il y a bien des gauchistes qui justifient l'injustifiable et toute violence en dehors du système mais c'est la connerie ordinaire à laquelle personne n'échappe. Moi je considère que la bêtise est notre lot commun, la religion en est la manifestation la plus visible mais ce n'est pas telle ou telle religion. Il semble tout aussi certain que d'accéder à un niveau de vie supérieur élimine ces comportements archaïques, à condition que ce soit toute la société qui évolue, sinon cela peut favoriser le terrorisme.

    Il faut bien dire aussi que le changement le plus incroyable qu'on a connu, c'est le déclin du patriarcat, ce qui semblait impossible au vu des constantes anthropologiques. La raison en est surtout dans les transformations du travail sûrement (et de l'éducation) mais on ne change pas si rapidement un comportement qui n'est pas seulement millénaire mais plutôt "millionnaire" en millions d'années ! Il ne faut pas espérer qu'il n'en reste rien. Il n'empêche que ces gamins machos font vraiment ringard, pas de raisons de craindre que ce soit leur connerie qui aura le dernier mot, même si on n'en aura peut-être jamais fini avec ce genre de connerie qui ne tient qu'à l'ignorance. Par contre une surévaluation de cette menace peut mener à des régressions bien plus terribles...

  19. je ne sais si cette histoire va repartir ni si nous allons avoir enfin notre mot à dire , car si c'est les faits qui dictent leurs lois c'est carrément désespérant , enore plus si notre action est toujours inadéquat.

    moi je reste sceptique , un organisme entièrement cancérisé s'éffondre en peu de temps . je me suis arraché les yeux de mes deux avatar ( le grand jeu , une imbécilité de plus ? , et ylct (peintures à la pisse! des difficiles commencement . ) maintenant tout ce passe ici

    http://www.myspace.com/ecorev

    il y a déjà une très bonne playlist pour égayer les soirées d'hiver, et quelques images et affiches de rue très sympathique . pour un photocopillage jovial et sans limite .

    un maigre signe de vie de la guerrilla pirate , du squat cognitif , de l'émeute idéologique vers bordeaux et ses alentours .....

    bonne vibs par chez vous en attendant toutes ses prochaines réjouissances ?

  20. Je n'ai jamais dit qu'on ne risquait pas l'effondrement, je suis même persuadé qu'il faut en passer par là (impossible d'aller contre une bulle spéculative avant le krach), il y a d'ailleurs tout les signes qu'on y va, les mesures prises au début de la crise ayant épuisé leurs effets. Seulement, on a beaucoup de capacités de réaction, il y a des tensions entre pays mais on discute. On a les moyens de s'en sortir malgré tout. Notre action est certes toujours inadéquate par certains côtés mais elle n'est pas complétement inadéquate et c'est la surprise du réel qui fait l'intérêt de l'histoire. On peut agir en étant prêt à revenir en arrière, on peut poser des questions auxquelles les faits répondent. Vivre, c'est faire des paris sur l'avenir.

    Ce qui est acquis du mouvement actuel, c'est le retour de la lutte des classes, la nécessité de faire masse contre le pouvoir des riches pour réduire les inégalités et mieux répartir les richesses, la nécessite de l'intervention des peuples contre les logiques financières. Il n'y a rien de métaphysique là-dedans même si on peut dire que c'est la vérité qui se cherche mais il n'y a pas encore de débouché, pas de quoi rêver à une quelconque utopie quand il ne s'agit que d'un peu plus de justice et de mesure. Cependant le débat sur les retraite en menant aux transformations du travail et aux questions de revenu devrait petit à petit susciter une réforme systémique du même ordre que le programme du conseil de la résistance. Il y faut du temps et l'évidence d'une crise durable où l'on n'a pas fini de prendre des coups (monétaire, pétrole, réchauffement, etc.).

    Pour l'instant, on ne peut guère faire plus que renforcer l'esprit de résistance et de solidarité à chaque fois que ça se présentera (c'est l'esprit révolutionnaire qui se renforce par les autres). Je répète qu'il faut pour cela la pression des événements, mais justement, on y est !

  21. Trois journalistes étrangers, espagnol allemand et suédois sont les invités de la dernière d"Arrêt sur image". Leurs témoignages sur la perception du conflit social dans leur pays respectifs montre la popularité de ce mouvement auprès de leurs salariés, où l'on voit que malgré les discours des élites sur le privilège de la situation sociale dans notre Pays, puisque "ailleurs" on part plus tard à la retraite, le peuple de cet ailleurs , au lieu de se frotter les main devant le recul de nos droit en la matière, est admiratifs pour l'Espagne, nous trouve courageux pour l'Allemagne, alors qu'en Suède c'est la légitimité de leur représentation syndicale qui est remise en cause par la base (nous nous somme laissé faire)!
    Intéressant aussi la correspondante de la chaîne Allemande "ARD" qui approuve les critiques de Méluche sur la ligne éditoriale de TF1. Les deux autres n'étant pas en reste même si le verbe de Méluche leur semble un peu excessif...
    L'impression qui ressort de cette émission c'est qu'il se passe quelque chose en ce moment chez le peuple, et que la stratégie des gouvernants est peut-être de s'entendre sur le calendrier de la rigueur afin d'éviter une convergence des révoltes populaires à l'intérieur de l'U.E.

  22. oui ce n'est qu'un début , le combat continu. le difficil c'est d'en être au moment des commencements . si c'est le premier pas le p)lus exaltatnt c'est aussi le plus difficil. un beau feu d'artifice dans un ciel encore d'hiver mais qui passe de temps à autre au printemps . j'espère sincèrement que ça va repartir mais rien de sur les évènement sont encore bien trop tièdes .

  23. Pourtant ça dure déjà depuis trop longtemps. C'est ça qu'est si dur que ça dure tant, l'être en souffrance, l'insupportable persistance dans l'erreur même si on peut être sûr que la vérité finit toujours par triompher cela n'évite en rien la douleur du négatif et ce temps qui n'en finit pas. Il n'empêche, on n'est plus dans le silence trop lourd des années d'hiver, la légitimité a changée de camp même si tout reste à faire et qu'on doit subir défaite sur défaite.

    On n'est qu'au début de la crise monétaire (et pétrolière, etc.) mais les résistances vont se multiplier, sans doute plus au niveau microscopique d'abord mais on voit comme un mouvement social facilite les convergences et les changements de paradigme. Hélas, il faut du temps et il faut aussi que la situation soit catastrophique...

  24. @Jean Zin : Oui, c'est vrai, il faut que la situation s'aggrave pour un peu tout le monde pour qu'un changement de cap s'opère. C'est triste, enfin...cela dépend du point de vue, ou de la gravité des conséquences! Mais on voit bien qu'en face de la surdité du pouvoir et leur quasi consanguinité d'avec le parti de haut(e)-position", seul les luttes, une fois encore et toujours...peuvent faire bouger les lignes.

    Un article intéressant de Sapir:

    http://www.marianne2.fr/Retraites-S...

    C'est en trois parties, lien à suivre sur la page.
    C'est terrible quand même, la nullité du P.S. On a l'impression que personne, ou presque, ne pense chez eux. Au pouvoir en place les "éléments de langage", au parti d'opposition la démagogie de langage!...

  25. La situation des partis est dramatiques. En général les militants sont des croyants qui se bourrent le mou en essayant de convaincre les électeurs qu'on peut vraiment changer (Yes we can) alors qu'au niveau des élus (du clergé) les enjeux se réduisent à des questions de pouvoir, raison de la "loi d'airain de l'oligarchie". Le pire, c'est qu'ils n'y peuvent rien. Rocard avait fait le constat qu'un parti ne peut penser, il faut pour cela des clubs en dehors des enjeux électoraux. Mon expérience des Verts a été du même acabit, de quoi dégoûter de la politique. Vraiment, il n'y a rien à attendre des partis (pas plus que d'une insurrection d'ailleurs), seulement d'un mouvement social qui se structure par ses luttes. Même le parti de gauche qui peut y croire du fait qu'il est encore en formation ne peut que décevoir fortement. Beaucoup de gens veulent aller contre les évidences et les constantes anthropologiques mais ils ne font que s'y casser les dents. Qu'on se rappelle 1936 sans les grèves, le front populaire n'aurait fait que le jeu du patronat. Cela fait un moment que j'ai fait le constat que les partis ne peuvent évoluer sinon sous la pression des événements. Sinon, DSK ne changerait pas fondamentalement la politique économique, il n'empêche que les gens vont voter PS, c'est l'inertie formidable du système et les Verts ne feraient pas mieux, on l'a vu dans les gouvernements où ils participaient. Il y a une illusion démocratique qu'on entretient avec complaisance (pur spectacle) malgré les évidences comme le referendum européen. Cela n'empêche pas que l'histoire progresse, par son mauvais côté...

  26. avec la faillite des parlementaires et des parlements, c'est bien le retour d'une crise politique qui s'annonce, avec ses louanges des passions populaires souvent infâmes et ce grégarisme primaire avilissant. Va-t'on entonner de nouveau le refrain du "travail, famille, patrie" sur fond de mérite ?

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