Interview par Ingrid Merckx pour Politis
Quels rapports voyez-vous entre les revendications des intermittents et l'écologie politique ?
La connexion avec les "intermittents" se situe à plusieurs niveaux : 1) La sortie du productivisme capitaliste, c'est-à-dire du salariat, au profit du travail autonome, d'un travail choisi plus épanouissant mais moins productif - ce qui nécessite revenu garanti et coopératives municipales, institutions locales du travail autonome et du développement humain qui sont la base d'un nouveau système de production non productiviste et plus adapté aux nouvelles forces productives. 2) En effet, le passage de l'ère de l'énergie (industrielle) à l'ère de l'information (post-industrielle) fait passer de la force de travail, dont la production est proportion du temps passé (ou temps machine), au travail immatériel dont la productivité est non linéaire, non mesurable par le temps comme Marx le pressentait dans ses Grundisse, se rapprochant du travail artistique et créatif, travail par objectif beaucoup plus précaire et aléatoire que le salariat industriel.
Non seulement ce sont toujours les évolutions technologiques qui déterminent les systèmes de production, ce qui rend vain de vouloir résister aux transformations matérielles en cours au lieu de s'y adapter, mais il y a aussi une nécessité écologique d'accélérer le passage à l'économie immatérielle et de l'orienter vers le développement humain.
Les intermittents associent travail à choix et plaisir. En quoi cela dérange-t-il les représentations traditionnelles du travail ?
C'est le travail lui-même, à mesure qu'il devient de plus en plus qualifié et n'est plus simple force de travail, qui exige désormais la mobilisation des compétences mais aussi de la subjectivité, de l'autonomie et de la créativité individuelle. Le passage au travail choisi et le développement de l'autonomie dans le travail sont donc contraints par l'évolution de la production. A l'opposé de l'ancienne contrainte disciplinaire, il y a bien introduction d'une nouvelle dimension de choix et de plaisir mais qui n'a rien à voir avec un caprice individuel, un hédonisme généralisé ni avec une histoire qui se plierait aux désirs des hommes. C'est tout simplement que le plaisir dans le travail est devenu un facteur de production. Et pas seulement dans les activités artistiques, où d'ailleurs le "plaisir" peut tout autant être une forme de souffrance...
En période de fort chômage, le travail devient aussi un objet de désir, parce qu'il manque. Ce n'est pourtant pas du tout une raison pour accepter, selon la logique du workfare, n'importe quel travail alors qu'il devrait justement rester désirable et adapté aux compétences de chacun !
Le plein emploi vous paraît-il un fantasme dépassé ?
Je ne crois pas du tout à une fin du travail si on le définit comme "lutte contre l'entropie" (tâche infinie), une grande partie du chômage actuel étant dû à la rigueur budgétaire, une autre à la concurrence des pays les plus peuplés, une autre à la désindustrialisation et l'automatisation, sans adaptation des rapports de production aux nouvelles forces productives. Le plein emploi comme salariat généralisé me semble bien par contre un fantasme au nom duquel on aggrave la situation des précaires : l'argument de la CFDT à chaque fois qu'elle réduit l'indemnisation des précaires étant qu'il ne faut pas encourager la précarité... qui continue malgré tout de s'étendre et dans des conditions de plus en plus insupportables. C'est aussi par refus d'abandonner cet objectif inatteignable du plein emploi qu'une grande partie de la gauche s'oppose à la revendication d'un revenu pour tous. Les rêves de réindustrialisation se paient d'un chômage de masse et d'une précarité qui se généralise de façon scandaleuse. Ce sont ces millions de précaires qu'il faut défendre et non quelques centaines d'emplois industriels perdus d'avance !
La transformation du travail et la raréfaction de l'emploi salarié exigeraient au contraire de nouvelles protections sociales (un revenu garanti notamment) et les nouvelles institutions du travail autonome (coopératives municipales) orientées vers le développement humain et les échanges locaux (avec des monnaies locales).
Il faut, en effet, raisonner en termes de système de production, c'est pourquoi, il ne suffit pas de défendre seulement un revenu garanti – ce qui engendre, quoi qu'on dise, un certain nombre d'effets pervers - mais il est indispensable de l'associer à une organisation donnant aux individus les moyens de valoriser leurs compétences et faire ce qu'ils ont envie de faire : machines (FabLab), formation, assistance, commercialisation… C'est la fonction de ce que j'appelle « coopératives municipales », qui assurent ce soutien et un débouché local permettant d'être relativement compétitif face au système marchand.
On a besoin d'un travail autonome, mais cela ne veut pas dire qu'on pourrait être autonome en tout : pourquoi un musicien devrait-il être aussi son propre agent, webmaster, etc. ? Il faut jouer au contraire sur la complémentarité des qualités personnelles plutôt que s'imaginer que tout le monde devrait avoir toutes les compétences et soit une entreprise à soi tout seul !
La distinction temps travaillé-temps libéré, est-elle encore opérante ?
La caractéristique du travail immatériel valorisant les compétences individuelles et mobilisant toute la personne, c'est de ne plus être mesurable par le temps passé, ce qui non seulement rend caduc toute nouvelle politique de réduction du temps de travail (du moins en France, pas aux USA ni en Chine) mais efface la séparation entre le travail et la vie, ce qui comporte des aspects positifs de réappropriation de l'activité productive (comme exercice de nos facultés qui n'est plus une "désutilité" devant être compensée par la consommation) et d'autres plus aliénants (d'autant plus qu'on n'est pas dans un travail choisi épanouissant, ce qui peut nous déposséder au contraire de toute notre existence).
En tout cas, avec le numérique et les nouvelles formes d'organisation du travail, le "temps libre" n'a plus guère de sens. C'est une utopie liée à la société salariale. Quand on est salarié, le temps libre signifie le temps où l'on peut se libérer de son lien de subordination pour se consacrer à la consommation, sa famille ou ses loisirs. Sinon, la civilisation du temps libre, ce serait quoi ? Du temps occupé par des loisirs marchands ? On rêve bien sûr qu'il soit occupé à la politique ou autres bénévolats associatifs mais si on arrive plutôt à faire que sa passion devienne son travail ou qu'il soit assez valorisant, alors le temps libre n'existe pratiquement plus, devenant simplement les activités hors travail tout aussi nécessaires à la reproduction sociale comme à l'entretien de nos compétences.
Version augmentée de celle publiée par Politis
+76%: le nombre d'embauches en CDD a explosé entre 2000 et 2012
Ainsi, au total en 2012, plus de neuf embauches sur dix ont été faites en CDD (49%) ou en intérim (42%). Et celles-ci se font sur des durées de plus en plus courte.
Cependant, quelque 87% des personnes ayant un emploi en 2012 étaient en CDI (une baisse de 0,2 point est enregistrée par rapport à 2012), 2,8% en intérim (-0,7pt) et 10,3% en CDD (+0,9pt). La part du CDI dans l'emploi demeure ainsi stable, en contraste avec la période 1984-2000, où elle avait baissé de 8 points.
http://www.latribune.fr/actualites/economie/france/20140724trib000841494/76-le-nombre-d-embauches-en-cdd-a-explose-entre-2000-et-2012.html
Espérons que la revue Politis et d'autres vont prendre cette question du salariat a bras le corps et durablement. Hier encore j'ai discuté avec un jeune gars qui travaille sur le montage des imprimantes 3 D et qui va se mettre au RSA pour financer la création de son activité ! Ca devient carrément exaspérant ! Chaque fois que je vais a Pole Emploi pour solliciter un emploi aidé pour notre asso, je suis reçu comme super cadre !
Je suis en train de travailler l'article sur l'effondrement de l'emploi industriel. Tout ça se passe sur le même territoire.
Je verrais bien J Zin dans ce forum, ça ferait probablement des étincelles, mais il y trouverait probablement une audience inattendue :
http://www.forumchangerdere.fr/intervenants-2014
J'étais invité mais je n'y suis pas allé. En fait Véronique Anger-de Friberg organise chaque année ce qui se veut une sorte de prolongation du GRIT en plus people et spectaculaire mais avec ses principaux représentants (Rosnay, Atlan, Viveret, Sue, Passet, Rocard, etc.) plus beaucoup d'autres issus de l'entreprise ou des médias.
Sur l'insistance de Jacques Robin, elle devait publier mon livre sur "Le monde de l'information" quand elle a monté sa maison d'édition mais j'avais dit à Jacques Robin qu'elle n'en avait visiblement rien à foutre et de toutes façons elle a fait faillite avant...
"Bien convaincus que l’innovation naît autant de l’hybridation que de la confrontation d'idées, l’Institut des Futurs souhaitables considère que le débat public manque d’espaces au sein desquels des avis divergent et se disent pourquoi. Pour beaucoup, la polémique a remplacé le débat et même les institutions en charge du débat public peinent à organiser des controverses utiles et fertiles pour enrichir les réflexions individuelles et collectives.
Fort de ce constat, l’IFs et ses partenaires, le Groupe La Poste, PSA Citroën, et le Conseil Régional Nord-Pas-de-Calais, lancent les « Controverses d’Utilité Publiques », un projet d’étude et d’expérimentation sur les controverses publiques. Le projet prendra la forme d’un cycle de plusieurs controverses sur différents thèmes de société ; chacune comportant 3 temps :"
(http://www.forumchangerdere.fr/intervenants-2014)
Comme la confrontation d'idée ( le débat , la démocratie) n'existe pas ( notre régime politique est autre)....On a besoin de ces Messieurs Dames pour mettre en scène un spectacle savant et subventionné qui trouvera toute sa place dans le grand cirque actuel .
Mais après ce qui se passe à Gaza , est ce qu'il peut rester encore de l'indignation contre ces pitreries ?
La règle du débat actuel c'est de rester poli, si vous dites qu'un truc est une connerie avec explications valables, c'est l'exclusion. Le monde est devenu trop poli...
Chartes de politesses etc...
Ce qui est comique, en effet, c'est que ces "controverses" et autres "désaccords féconds" ne supportent pas du tout la contradiction et ne produisent rien d'utilisable en dehors de l'affirmation de grands principes même si le fait que ce soit moins archaïque que les idéologies dominantes suscite l'enthousiasme de certains (effectivement le fait de tenir compte de la révolution numérique n'est pas un mince progrès par rapport aux autres même si c'est d'un optimisme un peu trop naïf - tempéré quand même par Rocard notamment).
L'échec de la démocratie comme régime de la discussion n'a rien de contingent. Comme je l'ai constaté notamment au GRIT, il n'y a jamais de dialogue ou plutôt il se produit à bas bruit et sur le long terme pas sur les tribunes. Ce qui avait justifié ma participation, c'était uniquement l'insistance de Jacques Robin qui contrairement à presque tout le monde appréciait ma position constamment critique et qu'il la sollicitait.
Il n'y a pas confrontation d'idées mais plutôt effectivement de forces matérielles (économiques et militaires) où l'on n'a jamais vu les puissants céder spontanément aux plus faibles, ce qui rend dérisoires ces grandes messes sans qu'on puisse dire malgré tout qu'elles soient complètement inutiles (suscitant notamment des rencontres, très étonné par exemple que ce soit la première fois que Rocard rencontre Roger Sue!), en plus d'entretenir la mémoire de Jacques Robin (Changer d'ère), ce qui pourrait quand même suffire à justifier que j'y participe.
Elles sont utiles seulement dans le cadre du bocal où ces personnes naviguent ; la démocratie est une humilité : on invite tout le monde à la table, parce que l'intelligence collective émerge des vraies différences entre les personnes qui sont en situations diverses; les enjeux qui ont émergés des évolutions scientifiques et techniques associées au capitalisme ont pris une telle dimension que ce sera la démocratie ou le chaos ; ces think tank sont dans ce contexte méprisables (pas les personnes prises individuellement ) ; parce que cette démarche reste rigoureusement dans le cadre libéral et la croyance en l'intelligence et la créativité humaine (de certains) pour résoudre les problèmes .. Nous n'avons pas de déficit en intelligence scientifique et technique mais un profond déficit politique et démocratique ; ces personnes ne comprennent pas que les solutions si elles sont techniques sont aussi et surtout humaines et que l'implication , la participation des personnes est la solution ..
Oui, mais cela ne peut être praticable qu'au niveau local et d'un nombre relativement restreint (150 personne selon Dunbar ou 500 personne au néolithique, nombre au-delà duquel se formaient de nouveaux villages, je crois plutôt que la limite d'une démocratie locale serait autour des 20 000). Sinon, la pratique démocratique n'est qu'une utopie noyautée par les plus actifs ou intéressés (il n'y a pas lieu d'être exagérément optimiste et de trop en attendre).
Je méprisais moi aussi les think tanks qui ne sont que des organes de propagande en général, pratiquant l'entre-soi, et j'avais trouvé ridicule le comité d'éthique mondial malgré l'insistance de Stéphane Hessel pour que j'y participe mais il m'avait quand même convaincu que des organismes comme l'ONU (qui vivent aussi dans leur bocal) peuvent avoir une importance vitale dans certains domaines, même si ce n'était pas du tout ma tasse de thé !
Je ne dis pas que c'est facile , c'est même assez utopique , mais je ne vois pas d'autre chemin ; une société moderne , c'est à dire disposant des pouvoirs techniques dont on dispose en matière de production et communication n'est pas viable avec d'un côté des élites "éclairées" et de l'autre des acteurs s'activant en tous sens vers leurs affaires et intérêts privés . L
....Le lien (message parti tout seul !) le lien public /privé ,c'est à dire la participation de tous les acteurs aux politiques publiques me semble être la seule piste qui puisse nous faire rompre avec le libéralisme ; c'est à dire un système de gestion des acteurs en action , sans vision prospective , réfléchie , délibérée , décidée collectivement . On a réellement besoin d'un think tank public et permanent , dit autrement d'un changement de régime politique.
De toute manière les coopératives municipales + revenu minimum+ monnaies locales doivent s’inscrire dans le cadre d’un projet de territoire , et pour que ce type de montage puisse émerger il est nécessaire qu’une dynamique territoriale émerge ; ce qui signifie l’activation d’une intelligence collective , la mise en mouvement des acteurs (privés/publics) locaux.
Si ce type de proposition est inaudible c’est parce que son fondement est inaudible. Son fondement c’est une dynamique démocratique de réflexion –action collective.
Entièrement d'accord, le fondement est une dynamique démocratique locale. Aux autres niveaux on a beaucoup moins de marges de manoeuvre, élites ou non font ce qu'ils peuvent mais ne décident pas vraiment sauf exceptions et la démocratie y est facilement usurpée. Malheureusement, on ne décide pas de l'avenir...
Il y a beaucoup l'aspect culturel qui joue : par exemple
https://fr.news.yahoo.com/l%C3%A9olien-citoyen-anecdotique-en-france-moteur-en-allemagne-094740064.html
Et le problème dépasse l'aspect de l'échelle locale : c'est un problème de régime politique et de culture :d'un côté le libéralisme où l'état régule la liberté en action d'acteurs privés ,de l'autre une communauté locale ou /et nationale où tout le monde tire dans le même sens .
rien à redire , super efficace ... bravo ...
Un peu répétitif quand même, après presque 15 ans à dire la même chose que certains semblent découvrir seulement maintenant...
il me semble juste que c'est assez rare quand tu fait aussi court et aussi complet et actuel !!
si nos vies précaires sont à la recherche d'un idéal : charbonner quotidiennement doit y être considéré comme normal !! 🙂 !!
L'article de Politis est encore plus court !
chic alors , champagne ... 🙂 !!
tu fais de ton intellect une pathologie personnelle , voilà une entreprise qui ne manque pas d'audace , mais , et l'avenir te donnera tors ou raison , tu est plus qu'un ( voir plusieurs) gros délire abscons pénible et répétitif ; à la limite de l'illisible !! dis moi l'ami comment explique tu ton isolement ( pas loin d'être total ) ???
une petite invite sur le divan : tenter de se raconter sans trop se la raconter , vaste programme !! dans lequel il me semble , à tors ou à raison , tu excelles même si j'imagine que ça ne vient pas comme cela et que tu doit t'échauffer la cervelle !! code bar zélé postures attentistes !! attends toi à c' qu' la norme , j' lui fasse un feast !! l'égo minuscule quand la nuit j'éjacule : une seul certitude au bord du vide il ne reste que la fierté et la foi ; faut bousculer pour que ça bascule !!
Je suis loin d'être le seul à répéter les mêmes analyses depuis une quinzaine d'années puisque ce n'est pas très différent sur un certain nombre de points de "Multitudes". Sinon, il n'y a aucun mystère à mon isolement, outre que je refuse toutes les invitations (qui témoignent que je ne suis pas si isolé quand même), j'ai fait ma spécialité de prendre les militants à rebrousse-poil en disant le contraire de ce qu'ils veulent entendre (un certain nombre m'en veulent beaucoup et rezo.net ne me supporte plus apparemment). Sinon, facile de se faire une clientèle, ce dont les autres ne se privent pas, mais plus difficile d'accepter le caractère d'impasse de la situation...
bien d'accord ... les pas fiévreux et magnétique de la liberté , te pousse à choisir la solitude .. mais tu réponds un peu à cette question dans la petite vidéo sur le revenu de base versus revenu garanti : " si je suis là tout seul au fond des bois avec mes chats , dans un coin reculé du lot c'est que vivre ensemble , c'est difficile ... peut être cherches tu une communauté de travail , car le langage commun n'émerge que dans l'action collective .. moi aussi sinon je donne dans la critique de la critique , et socialement et psychiatriquement , pas loin d'en être au même point que toi ; et l'amour ?? retiré du jeu ?? cela nous si semblable , comme des alter ego , tu fait ce que j'ai à faire à mon petit niveau , car semble t' il , un soir de pleine lune , le ghetto a scellé nos liens après nous avoir tendu la corde !! hard-core : du mauvais côté de la porte , du mauvais côté de la porte !! hard-core mon kiff : ce qui nous brule !! comme une fièvre impossible à négocier, quand la chouette de minerve hulule au crépuscule et fond sur sa proie dans la neige ... salam mon pote , nos vies dans une capote !! et du cyanure dans un coin de la quenotte !! dans cette époque opaque que bill gates a mis en cloque ... wesh la famille ma parole ; ivre de ciment et de formol !!
http://www.deezer.com/profile/260422925/loved
Le Jeudi 31 juillet 2014 à 11:56, brunet a dit :
bien d'accord ... les pas fiévreux et magnétique de la liberté , te pousse à choisir la solitude .. mais tu réponds un peu à cette question dans la petite vidéo sur le revenu de base versus revenu garanti : " si je suis là tout seul au fond des bois avec mes chats , dans un coin reculé du lot c'est que vivre ensemble , c'est difficile ... et cela me semble très vrai ... il faut rebâtir une société , sur les ruines de la précédente , retrouver un monde commun sans pour autant faire une critique un peu trop radicale de la modernité ( qui n'a pas que des mauvais côté ) comme tiqqun, peut être cherches tu une communauté de travail , désir Ô combien naturel et vitale , car le langage commun n'émerge finalement que dans l'action collective .. moi aussi sinon je donne dans la critique de la critique , et socialement et psychiatriquement , pas loin d'en être au même point que toi ; et l'amour ?? retiré du jeu ?? cela nous rend si semblable , comme des alter ego , tu fait ce que j'ai à faire à mon petit niveau , car semble t' il , un soir de pleine lune , le ghetto a scellé nos liens après nous avoir tendu la corde !! hard-core : du mauvais côté de la porte , du mauvais côté de la porte !! hard-core mon kiff : ce qui nous brule !! comme une fièvre impossible à négocier, quand la chouette de minerve hulule au crépuscule et fond sur sa proie dans la neige ... salam mon pote , nos vies dans une capote !! et du cyanure dans un coin de la quenotte !! dans cette époque opaque que bill gates a mis en cloque ... wesh la famille ma parole ; ivre de ciment et de formol !!
Bizarre de parler de sortie du productivisme quand au contraire c'est le machinisme qui expulse l'homme de la production. Et que ce n'est pas du tout un choix, mais un nouvel état de contrainte. L'homme-salarié exploité et soumis au trois huit fait place à l'homme-écran exploité et soumis aux impératifs virtuels de l'instantané. Il a encore moins de pouvoir que l'ouvrier, pouvoir sur lequel Marx avait fondé tant d'espoirs déçus.
On est d'accord sur le phénomène, pas sur la manière de le décrire manifestement.
Marx n'avait certainement pas fondé un quelconque espoir sur un prétendu pouvoir des salariés alors qu'il prônait la sortie du salariat et que le prolétariat se définit par son absence de toute propriété ou pouvoir ! C'est une lubie relativement récente de l'idéologie syndicale, et assez incroyable, de vouloir valoriser l'ouvrier industriel soumis à la plus terrible des aliénations (même s'il a pu conquérir pas mal de droits) ! Marx avait d'ailleurs bien prévu que l'automatisation signifierait la fin du salariat. Que ce ne soit pas un choix ni la fin de toutes contraintes mais une évolution subie est évident.
La question n'est pas là. Le productivisme, c'est le salariat industriel obligeant le capitaliste à augmenter la productivité (réduire le temps de travail par produit) pour sa plus-value et qui rend le salarié dépendant des capitalistes (qui le mettent pourtant au chômage) et donc de la croissance (société de consommation ou fordisme). Sortir du productivisme, c'est sortir du salariat capitaliste pour entrer dans l'ère post-industrielle.
L'économie numérique n'est certes pas le paradis mais elle n'est pas aussi dépendante de la croissance qui n'est pas soutenable à cause des contraintes écologiques (pas notre bon vouloir non plus) et permet de se retourner sur un travail autonome et une économie locale plus humaine où nous pouvons avoir nettement plus de pouvoir même si, sans aucun doute, ce n'est pas une économie aussi riche et que cela devrait réduire nos consommations.
Il ne s'agit que de s'adapter au mieux, ou au moins pire, à une évolution technologique sur laquelle nous n'avons aucune prise mais qui détruit effectivement les anciens rapports de production (salariaux), exigeant de nouvelles institutions et protections sociales plus conformes aux nouvelles forces productives et aux limitations écologiques, en essayant de tirer parti des potentialités émancipatrices de cette nouvelle donne qui n'est pas dépourvue de nouvelles aliénations surtout si on ne les prend pas en compte.
Les rêves de réindustrialisation se paient d'un chômage de masse et d'une précarité qui se généralise de façon scandaleuse. Ce sont ces millions de précaires qu'il faut défendre et non quelques centaines d'emplois industriels perdus d'avance !
Pourtant je persiste, Marx précise bien que si l'émancipation des salariés doit être leur propre fait, celle-ci n'est possible que par la force que leur donne le rôle central qu'ils jouent dans l'appareil de production. Marx a peut-être vu que l'automatisation éliminerait ce pouvoir, mais il compte manifestement dessus lorsqu'il affirme :
"Ce que j'ai apporté de nouveau, c'est : de démontrer que l'existence des classes n'est liée qu'à des phases historiques déterminées du développement de la production ; que la lutte des classes mène nécessairement à la dictature du prolétariat ; que cette dictature elle-même ne représente qu'une transition vers l'abolition de toutes les classes et vers une société sans classes." Lettre à J. Weydemeyer. 5 mars 1852.
Bref on a vu comment cette fenêtre d'opportunité historique a été utilisée. D'ailleurs je ne crois pas que ce soit l'analyse du phénomène qui nous oppose, ce qui nous oppose est la manière de le présenter comme un état meilleur que le précédent par on ne sait quel miracle. Moi je veux bien croire aux lendemains qui chantent, mais pour l'instant j'ai plutôt l'impression parisienne ne sombrer dans la barbarie.
Je n'embellis pas du tout la situation généralisant la précarité, incitant seulement à en tirer le meilleur et à prendre les mesures qui la rende plus supportable. Par contre, il est absurde de parler de barbarie ou de vouloir comparer avec la situation des prolétaires du temps de Marx qui était autrement dramatique, de même que le XXème siècle n'a pas été avare de barbaries d'une autre ampleur. Ce qui ne veut pas dire qu'il n'y aurait pas de régressions sociales ni beaucoup de souffrances, simplement pas tout-à-fait du même niveau.
Pour la position messianique du prolétariat chez Marx, j'en parle dans l'article précédent et c'est certainement ce qu'il y a de plus obsolète dans le marxisme contrairement au matérialisme du système de production et la détermination par l'économie en dernière instance.
Il est cependant clair que Marx ne comptait pas du tout sur le pouvoir des prolétaires dans l'usine mais uniquement dans une supposée dictature du prolétariat expropriant les capitalistes (il était même douteux que ce soit faisable dans un seul pays). C'est justement parce que les prolétaires n'étaient rien, dépouillés de tout pouvoir, écrasés par le capital, qu'ils étaient supposés pouvoir devenir tout par un renversement hégélien trop idéaliste, hélas ! Le pouvoir du prolétariat comme celui de l'esclave était simplement qu'ils faisaient le boulot, indispensables à la production, ce qui est toujours le cas et s'exprime dans la grève. La seule chose qui change, mais ce n'est pas rien, c'est qu'il n'y a plus concentration de masse des ouvriers de l'industrie et que les intérêts divergent avec l'individualisation des parcours professionnels mais des conquêtes sont encore possibles (d'un revenu garanti) par la mobilisation des intermittents et précaires, même si c'est effectivement très difficile...
Les rêves de réindustrialisation se paient d'un chômage de masse et d'une précarité qui se généralise de façon scandaleuse. Ce sont ces millions de précaires qu'il faut défendre et non quelques centaines d'emplois industriels perdus d'avance !
très vrai , très juste , un bon petit plan de bataille avec un point de vu stratégique , pas à convaincre que les jaunes de longue date , ces fameux syndicats de merde ( corrompus jusqu'à l'os !!) un seul truc à faire : les latter avant qu'ils ne nous lattes !! ma parole !! inchalah : c'est qu'ils nous traitent comme des blattes !! quand va t'on être informer de nos désastres et de nos holocostes socio , que le vécu intime des chômeur fasse la une du 20 heures !! un bon coup de projo sur le prolo , viens je t’emmène en visionnage même après que le saphir se taise !!!
espérons que ça sera mieux qu'en 2003 où la lutte de la" critique artiste" étaient une lutte corpo , rien de plus , comme le montre dans son livre michel surya
c'est un peu exagéré le film que se font les intermittents car il y aura toujours des bénévoles et des activistes ( et des pirates , ce bénévole qui s'envole ) pour faire le boulot et cette fois ci en toute indépendance : peut on réellement rêver mieux ??
la réaction n'a parfois que du bon !! de passer d'un consensus mou à des positions de combat très tranchées , c'est bien connu l'esprit révolutionnaire avance par les coups de cravache de la contre révolution ( la hoggra ) ... maintenant la balle est dans notre camps ...
la hoggra c'est la guerre contre révolutionnaire , inventée par les militaires en Algérie ( Indochine) et dans les colonies , puis importer dans la pacification urbaine en occident , mais aussi guerre préventive, Spectacle ) c'est l'immigré magrébin qui sort du buissons agressif politisé en colère et à raison : une vérité post coloniale ( la racine du spectacle du bicot et nègre dans le spectacle générale , la hoggra ... ) la vérité à l'état pure et bien acérée en ordre de bataille ..... ( roman chez B.BOY conscient : Matthieu Rigouste , le théorème de la hoggra, contes et légendes de la guerre sociale ) .. ) .. !! )
En attendant, il me semble indispensable de mettre en place l'étayage institutionnel pour mutualiser le travail social. Rien que pour Alzheimer, il faudrait environ 10 millions d'aidants à raison de 7 à 10 aidants par malade.
Il n'y a pas qu'Alzheimer même si ce sont les plus nombreux, il faut ajouter au moins le Parkinson qui sont effectivement des charges insupportables pour les proches et l'un des principaux problèmes actuels de nos sociétés vieillissantes, paraissant insolubles tant qu'on n'a pas trouvé de remède (ce qui pourrait cependant arriver très vite si, par exemple, la piste du GABA se vérifie dans le traitement de l'Alzheimer). Il faut noter cependant que le respect des règles d'hygiène (sucre, alimentation, exercices physiques et intellectuels) tend à faire diminuer le nombre de cas et repousser l'âge de perte d'autonomie. Au moins au Japon, on compte aussi sur les robots pour alléger un peu la charge (qui reste lourde) mais il n'y a pas d'organisation idéale pour cette tâche ingrate.
Une étude très intéressante montre que le même travail de "care" peut être vécu à l'opposé comme très gratifiant (pour les immigrés ou pauvres introduits dans des classes plus élevées) ou comme dévalorisant pour des françaises déclassées répugnant aux soins du corps, selon que c'est donc une activité choisie ou par défaut.
http://www.laviedesidees.fr/Les-deux-corps-des-aides-a.html
Dommage quand même que vous soyez toujours aussi fasciné par les charlatans qui prétendent avoir tout compris mieux que l'état actuel de la recherche et imaginent la même cause à tout (encore les ravages de Spinoza!).
Disons que je pose des questions aux charlatans (sophrologue magique dans ce cas) pour voir ce qu'il en ressort (rien semble t'il!) Mais c'est vrai que je suis très naïf au premier abord. Ensuite, comme je le sais, je prends tout mon temps pour consolider.
http://www.slate.fr/story/90265/politique-sans-croissance-grande-stagnation
http://www.contretemps.eu/interventions/apr%C3%A8s-croissance-revanche-valeur-dusage
Sommairement, des investissements bien faits dans la transition écologique, ce qui n'est pas gagné, permettraient de sortir de la trappe, mais ensuite ? C'est un one shot, même réussi sur le plan énergétique, il reste que la croissance matérielle ne sera plus dopable, et qu'il faudra revoir tout de même l'ensemble de la copie.
Ce sont bien les trente glorieuses ( association des immenses progrès scientifiques et techniques à l'exploitation des énergies fossiles) qui ont fondé nos institutions actuelles (politiques, économiques, culturelles , sociales)
La démocratie représentative étant le chapeau politique gestionnaire du progrès pour tous. Et il est tout à fait exact que tout cela a mis un couvercle sur les conflits sociaux .Et sur la compréhension même de ce que peut être la citoyenneté.
La marmite va bouillir plus que jamais et le probable ce sont bien des régimes de démocratie de façade encore plus de façade et autoritaires , encore plus autoritaire qui viennent ; la mondialisation permettra aux plus malins aux plus riches aux plus puissants de trouver encore longtemps des échappatoires.Parallèlement la marmite écologique va se faire de plus en plus précise :http://www.slate.fr/story/90347/trou-siberie-rechauffement-climatique-methane#xtor=RSS-2
Bref rien de bien réjouissant d'autant que les uns et les autres sur ce blog et les autres , ici ou ailleurs on a beaucoup de mal à trouver le début du début de qqchose d'efficace à faire.
Tout ceci semble assez raisonnable mais je me méfie de ces analyses qui se contentent de prolonger les courbes et sont trop focalisées sur nos propres sociétés alors que le capitalisme se développe dans les pays les plus peuplés, c'est-à-dire plus que jamais ! La poursuite de la croissance matérielle est certes impossible matériellement mais le principe de la productivité capitaliste est de faire plus avec moins et j'ai toujours trouvé extraordinaire qu'on prétende que le numérique n'améliore pas la productivité alors qu'il la booste comme jamais. Tout cela aura effectivement une fin mais le prochain cycle de croissance pourrait tout-à-fait être porté par les énergies renouvelables tout comme il a pu l'être par l'automobile.
La caractéristique des cycles longs, c'est qu'ils se retournent justement au moment où les 30 ans précédents persuadent tout le monde que ça devrait continuer pour toujours (soit la croissance, soit la fin de la croissance) ! Ce qui change pourtant, c'est que désormais on a peur de la déflation plus que de l'inflation et que donc les politiques vont changer (le quantitative easing en étant le précurseur même s'il ne produit pas encore d'inflation, ce qui est une anomalie!).
Il est exact que le compromis fordiste a provoqué ce qu'on a appelé la seconde révolution française avec la conquête de nombreux droits sociaux qui sont remis en cause actuellement car leur effet n'est plus aussi bénéfique sur l'économie globalisée mais ce n'est pas à confondre avec une démocratie représentative héritée de la monarchie parlementaire ! Le fascisme comme "démocratie populaire" et plébiscitaire était au contraire caractéristique de l'ère du progrès technique et de l'industrie. La tentation est toujours grande d'analyses simplificatrices trop rapides pour des phénomènes qui exigeraient plus d'attention dans leur grande complexité historique (je ne parle pas de leur écosocialisme imaginaire!).
Ceci dit, et pour les mêmes raisons qu'après la crise de 1929, il est vrai que la tentation autoritaire est très forte en ce moment, notamment à cause de l'impuissance de la gauche. Comme on ne peut attendre de la gauche et des syndicats qu'ils abandonnent leurs vieux discours et des avantages acquis chèrement gagnés tant que le désastre n'est pas total, il n'y a effectivement aucune perspective de ce côté malgré les discours enflammés. Ce pourquoi Godard trouvait préférable qu'on mette le FN au pouvoir "pour faire semblant de faire quelque chose plutôt que de faire semblant de ne rien faire", ce qu'il est loin d'être le seul à penser et qui serait sans doute une façon de précipiter le désastre justement mais le prix risque d'en être terrible pour certaines catégories de la population.
Je n'y crois pas vraiment, d'ailleurs, et ce n'est pas parce qu'on passe par une phase autoritaire que ce serait pour toujours mais ce qui est sûr, c'est que de toutes façons on est mal parti et que pour l'instant, il n'y a pas le début du début d'une issue et qu'on n'est sans doute même pas encore au début de la fin malgré tout ceux qui en rêvent (ça chauffe quand même de tous côtés!).
C'est un peu ce qui m'étonne aussi chez quelqu'un comme Jorion qui se veut visionnaire et évoque la fin de la propriété privée, du capital sans intérêt...
C'est bien parce que dans de nombreuses économies émergentes il y a besoin d'investissements, mais aussi il y en a besoin pour l'innovation de technologies plus vertes, que le prêt à intérêt et le capital ne me paraissent pas près de disparaitre, du fait de leur efficacité, faute de mieux plus efficace. On peut bien haïr ces moyens, on n'a pas trouvé autre chose pour les évolutions de grande amplitude, tout juste de les habiller autrement.
Autant Paul Jorion a joué un rôle important pour l'analyse de la crise et la mise en cause des paris sur les prix, un peu comme Chouard pour la constitution, autant je déplore leurs égarements sur les autres sujets qui les décrédibilisent alors qu'on aurait besoin d'eux pour peser sur les événements mais la situation favorise la confusion générale qui paralyse l'alternative.
Le revenu universel est en marche
http://www.latribune.fr/blogs/signaux-faibles/20140802trib000842750/le-revenu-universel-est-en-marche.html
L'article n'est pas très bon mais il est significatif de la pénétration de l'idée dans les esprits.
http://www.hcamag.com/hr-news/opinion-the-rise-of-the-chief-happiness-officer-189986.aspx
C'est exactement la même réflexion que je me suis faite récemment. On cite toujours le NAIRU pour justifier le chômage, les salariés recherchant un emploi mieux payé en cas de faible chômage. Mais, quitter un job où l'on se sent bien pour gagner plus dans un autre job dont on ne connait pas clairement l'environnement, ambiance, conditions de travail, risques de licenciement... et si déménagement, d'autres problèmes peuvent s'ajouter.
Par conséquent, l'aspect uniquement quantitatif financier salarial du NAIRU laisse complètement de côté les aspects qualitatifs du travail.
http://www.internetactu.net/2014/11/03/le-bonheur-au-travail-serieux/
Suite au numéro, Politis organise un débat « Travail et temps libre. Tous intermittents ? » le mardi 25 novembre 2014 à 19h, mairie du 2e arrondissement de Paris.
Entrée libre mais il faut s'inscrire :
http://paris.demosphere.eu/rv/36286
Cela faisait longtemps que je n'allais plus à ces réunions, et j'avais bien raison. Ce que j'ai entendu était désespérant et surtout sans aucun progrès depuis plus de 15 ans. Le représentant des intermittents réclamait un revenu garanti pour tous et, je l'approuve bien sûr, sauf qu'il n'y a aucune chance qu'on l'obtienne, aucune force politique pour cela. Il est bon que cette voix se fasse entendre mais cela n'empêche pas la diminution des droits des chômeurs, c'est juste un bruit de fond pour des évolutions qui viennent d'ailleurs. Stiegler est ridicule à nous faire peur avec l'automation alors que les chômeur sont déjà là et que ce n'est pas la disparition du travail qu'il faut penser mais les transformations du travail, le chômage lui-même étant cyclique et monétaire plus que technique (même si l'informatisation va créer du chômage en se substituant à d'anciens métiers). Michel Husson était le pire des dinosaures à répéter ses rengaines dépassées depuis longtemps sur la RTT et le partage du travail dont on a vu toutes les limites pourtant, type même de la théorie abstraite et de la simplification d'une réalité que l'intellectuel ignore, avec cette obsession du plein emploi qui l'oppose au revenu garanti. On peut rajouter le cégétiste avec la sécurité sociale professionnelle et l'utopie de Bernard Friot ! Vraiment ces réunions sont sans intérêt et ces perroquets sans aucune prise sur le réel. Ce qui nous attend est à mille lieu de ces incantations, on est mal barré...