Sortir du capitalisme. Le scénario Gorz

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Colloque organisé à Montreuil en novembre 2012 par le MAUSS
ScenarioGorzJe dois dire que j'ai trouvé cet ensemble de 16 courtes communications plus intéressant que le livre précédent sur Gorz ("André Gorz, un penseur pour le XXIème siècle") auquel j'avais pourtant participé, témoignant mieux, par les critiques même dont il est l'objet, de sa position singulière en même temps que de tous les débats auxquels il a été associé, principalement autour des thèmes de l'autonomie et du travail. S'y dessine d'une certaine façon la constellation intellectuelle de la gauche depuis Mai68 avec toutes ses divisions idéologiques (qu'on peut trouver risibles pour la plupart) et la suite d'échecs auxquels elle a été confrontée ainsi que les si difficiles révisions auxquelles il a fallu se résoudre (du communisme à l'autogestion puis la RTT et le travail autonome enfin), Gorz devançant souvent les autres et pas seulement dans sa politisation de l'écologie.

C'est peut-être d'avoir été trop en avance qu'il est resté si isolé, sans véritables disciples bien que nourrissant de multiples parcours car, ce qui frappe, dans ce volume du moins, c'est la combinaison à chaque fois de l'hommage et de la distanciation. Je ne suis pas différent en cela puisque, moi aussi, j'ai toujours pris bien soin d'avertir que je n'étais pas son disciple, le critiquant sur un certain nombre de sujets et ne le rejoignant vraiment qu'à partir de "Misères du présent, richesse du possible" (1997). C'est que j'ai toujours été auparavant sur des positions politiques assez éloignées des siennes, avec des divergences dans nos lectures de Marx entre autres. Je n'ai pas eu le même itinéraire "du gauchisme à l'écologie politique" que celui dont Patrick Petitjean témoigne, semblant avoir rencontré Gorz à chaque tournant. Ce n'est qu'à la fin que nous nous accordions sur les alternatives locales (quoique son intérêt tardif pour les critiques de la valeur le faisait revenir à des solutions plus métaphysiques et complètement illusoires). Pour moi, André Gorz a surtout été un précieux interlocuteur, d'une certaine façon une autorité, au moins de par sa longue expérience, dont l'avis pouvait conforter parfois mais qui n'aimait pas tant que ça la contradiction ! En tout cas sa position est bien curieuse, à la fois centrale et marginalisée. On ne trouvera donc ici aucun article sur Gorz lui-même (comme le mien dans le livre précédent), mais plutôt sur les différends que les auteurs ont pu avoir avec lui et qu'on peut résumer la plupart du temps par le reproche à chaque fois d'un excès de radicalité sur un point ou un autre !

Une bonne part de ces discussions quasi théologiques tournent autour du concept de travail, objet de toutes les confusions dont, à mon avis, on pourrait sortir à le définir par l'inversion de l'entropie, ce qui ne semble hélas ni assez anthropologique ni assez philosophique, puisqu'on voudrait en faire l'essence de l'homme et un processus d'auto-création ! Toute cette idéologisation inspirée du jeune Marx est bien pénible mais reflète aussi les questions que posent les transformations actuelles du travail, sujet sur lequel Gorz s'était focalisé tout comme Robert Castel dont on a ici une des dernières interventions puisqu'il est mort peu après. On peut dire cependant que Gorz avait une longueur d'avance sur Castel car celui-ci ébloui par "les métamorphoses de la question sociale" jusqu'aux trente glorieuses n'a pas compris la profondeur de la mutation que nous vivons maintenant alors que c'est ce qui finira par convaincre Gorz de la nécessité d'un revenu garanti qui sinon mériterait assurément ses anciennes critiques. Certes, Castel n'a pas tort d'affirmer le caractère utopique d'un revenu garanti suffisant - c'est effectivement le cas lorsque ceux qui le défendent ne prennent pas assez en compte ce qui doit le rendre productif (en faire un "revenu pour travailler") et qu'on ne le complète pas avec les institutions et moyens de production du travail autonome [comme des coopératives municipales].

Si Robert Castel reste prisonnier de l'époque où l'emploi se confondait avec un statut social et se mesurait par le temps, il modère avec quelque raison une critique de la consommation trop souvent excessive, rejoignant d'une certaine façon Alain Lipietz dans sa critique de l'aliénation chez un existentialiste pour qui l'existence précède l'essence. Or, si je me distingue moi aussi des prétentions d'une existence authentique débarrassée de toute aliénation, il faut bien dire que la critique de Gorz touche assez juste quand il parle de l'aliénation dans le travail - même si Castel lui reproche d'en sous-estimer le caractère émancipateur car générateur de droits. Pour ma part, je considère qu'il y a bien une aliénation dans la subordination salariale, pas que le travail désaliéné serait le travail pour soi mais plutôt un travail autonome, pour d'autres qui le reconnaissent et le valorisent. La division du travail quand elle n'est pas poussée à l'absurde est un facteur de complémentarité et de solidarité sociale (Durkheim) alors que le mythe autarcique est absurde d'un homme complet supposé tout savoir faire et qui serait une entreprise à soi tout seul. Dominique Méda montre cependant la surévaluation par Gorz de la demande d'autonomie par rapport à l'accès à un pouvoir d'achat supérieur, de même qu'il sous-évaluait l'attachement des salariés à un travail qu'il juge aliénant. De son côté, Florence Jany-Catrice met en doute les vertus du travail autonome dans le care beaucoup trop réservé au dévouement des femmes. Roger Sue en rajoute sur l'impasse où peut mener le refus de toute hétéronomie, y compris celle d'une association, semblant condamner le sujet autonome et auto-producteur à l'isolement et un certain individualisme [il nous faut rappeler à quel point cette autonomie sourcilleuse de Gorz n'existait plus du tout par rapport à sa femme dont il ne pouvait se séparer un moment, jusqu'à se suicider avec elle !]

Jean-Louis Laville mettra lui en cause le rejet du salariat au nom d'une séparation trop simpliste entre activités auto-organisées et hétéro-organisées. Il s'attache notamment à démonter la mythologie des systèmes d'échange locaux, très surestimés d'après lui, tout autant que la RTT ou l'allocation universelle chargés de trop d'espoirs qui ne peuvent être tenus. S'il suit Gorz, c'est plutôt dans la conviction que le salut ne viendrait pas pour autant d'une prise du pouvoir d'Etat et de la planification qui somme l'individu "de vouloir l'intégration exigée de lui comme étant son intégration sociale et son épanouissement personnel", pas plus qu'il ne se contente de la social-démocratie comme société salariale et capitalisme régulé :

"Les citoyens n'étaient pas les sujet agissants du social-étatique, ils en étaient les administrés, les objets en qualité d'allocataires, de cotisants et de contribuables".

L'écologie a ici la part congrue, Jean-Pierre Dupuy notant qu'il ne s'agit pas en tout cas d'environnementalisme (Gorz affirme que "la nature n'est pas bonne pour l'homme" rappelle Geneviève Azam qui voudrait dépasser ce dualisme). Comme on pouvait s'y attendre, il se borne à défendre les distinctions faites par Ivan Illich, et dont Gorz s'est inspiré, entre production hétéronome menant à la contre-productivité du monopole radical et production autonome, avec des outils conviviaux. Il admet que Gorz ajoute une indispensable analyse économique mais regrette qu'il n'ait pas gardé sa dimension religieuse (il n'en était pas si loin pourtant, ne lui manquant que d'y croire!). Il trouve intenable sa "philosophie de l'émancipation humaine purement immanente qui tente de combiner le dualisme exacerbé de l'existentialisme sartrien avec le monisme matérialiste de Marx, au prix d'un saut métaphysique périlleux" [ce que je conteste puisque je défends un dualisme cartésien qui est celui de l'information entre hardware et software, signifiant et signifié, étendue et pensée, ce qui n'empêche pas que nous appartenons toujours à l'évolution naturelle]. On ne peut qu'être d'accord avec Geneviève Azam qu'il faudrait bien que nous soyons les jardiniers de la planète, mais pas certain qu'on arrive si facilement à s'entendre sur des droits de la Terre supposés en plus dépasser l'humanisme tout en intégrant l'ensemble des traditions de pensées comme s'il n'y avait pas de pensées contradictoires et seulement une multiplicité indifférente ! Tout cela surestime beaucoup notre capacité à prendre les rênes de notre propre évolution, ce qui serait devenir réellement "maître et possesseur de la Nature", sous-estimant aussi les problèmes que pose le conservatisme des mondes vécus et des traditions dans le bouleversement technologique que nous subissons ainsi qu'avec l'extension de l'autonomie des individus à l'ère du numérique. Le subjectivisme des valeurs ne peut mener qu'à une dangereuse surenchère et la compétition de désirs incompatibles alors qu'il nous faut nous régler sur les nécessités matérielles.

C'est l'idéal même d'auto-nomie comme indépendance et capacité à se donner ses propres normes que conteste Bernard Perret qui y oppose la production sociale de l'autonomie par des institutions, dans la lignée du développement humain d'Amartya Sen [ce qui est la fonction des coopératives municipales]. Sur le revenu garanti, c'est plutôt décevant avec Philippe Van Parijs qui privilégie l'universalité d'un revenu de base, bien que d'un montant ridicule, alors que Carlo Vercellone s'épuise à défendre le caractère de revenu primaire d'un revenu garanti suffisant contre tout argument économique, s'imaginant que tout est une question d'hégémonie idéologique de façon beaucoup trop gramscienne, c'est-à-dire, sans le savoir, gentilienne... Je l'ai connu mieux inspiré. Sur ce sujet au moins, Alain Caillé avait fait preuve d'une belle inventivité en parlant d'inconditionnalité faible pour ce revenu de base mais on ne peut dissocier le revenu de la production et donc des institutions du travail autonome trop négligées par ces idéologues.

L'intérêt de ce livre étant dans la diversité des gauches qu'il rassemble, la critique qu'on peut en faire doit s'adresser à chacune de ces composantes mais ne peut épargner son initiateur, Alain Caillé, qui prétend en faire la synthèse notamment avec son dernier manifeste convivialiste. S'il prouve ainsi encore une fois sa capacité à regrouper de nombreuses personnalités n'ayant pas grand chose en commun (de Yann Moulier-Boutang, crédité 2 fois, à Barbarin Cassin !) et à leur faire signer des manifestes se voulant très ambitieux, le résultat peut être trouvé bien décevant, en restant au niveau de l'expression de vaines préférences subjectives et des positions morales les plus naïves (qui n'est pas pour la paix, l'harmonie, des relations plus conviviales ?). Le pire, c'est que j'en approuve les orientations principales et les principales mesures préconisées comme le revenu de base et les monnaies locales, mais il est étonnant de voir de prétendus anthropologues ou sociologues avoir des conceptions de l'homme tellement idéalisées. Je ne suis pas sûr que cela serve à l'acceptation de dispositifs dont j'essaie au contraire de montrer toute la nécessité matérielle dans l'économie post-industrielle et non en appelant aux bons sentiments. On retrouve son côté moralisateur dans la prétention d'Alain Caillé d'assimiler le capitalisme à la démesure (c'est mieux que la plus-value!), ce qu'il présente comme un dépassement de Marx à refuser tout déterminisme technologique ou économique ! C'est exactement le contraire de ce que j'essaie de faire mais il dépasse aussi Hegel de la tête et des épaules en ramenant le désir de reconnaissance à une logique du don aseptisée, évacuant notamment toute la dialectique du maître et de l'esclave... Cela en serait presque comique si les enjeux n'en étaient si importants et, surtout, si ce n'était pas l'illustration d'une réduction plus généralisée du politique à l'éthique (voire une certaine religiosité revendiquée par ce prêchi-prêcha), conflit des valeurs qui peut mener au pire. De quoi relativiser du moins le moralisme de Gorz qui n'était certes pas absent, et m'agaçait même un peu, mais ne prenait pas pour autant le pas sur les réalités les plus concrètes.

On est sidéré aussi de voir Alain Caillé disputer, dans une note en bas de page 18, à Jean-Marie Harribey le fait que le travail des fonctionnaires soit productif. Dieu sait si je suis depuis toujours en désaccord avec Jean-Marie Harribey qui ne comprend pas que l'extinction de la loi de la valeur n'est pas tant dans la gratuité numérique que dans la non linéarité d'un travail qui n'est plus mesurable par le temps mais, là, je le suis complètement quand il rétorque à Gorz que les services sont bien productifs même s'ils ne créent pas de plus-value. L'idée qu'il n'y aurait pas de valeur d'échange en dehors de la production marchande est une idée folle. On peut même dire que l'ensemble de la société est productive, participant à la production y compris marchande par ce qu'on appelle ses "externalités positives". Ces controverses sur la théorie de la valeur sont bien ridicules par lesquelles certains, comme Anselm Jappe, s'imaginent pouvoir régler quoi que ce soit ! Rien de neuf dans ce discours qui tourne à vide et veut ignorer toute détermination matérielle (après-coup) mais occasion de voir, avec le nouvel intérêt que portait André Gorz à ces "critiques de la valeur" à la fin de sa vie, le dernier de ses errements (dont je voulais d'ailleurs venir discuter avec lui...). Il faut dire que ces grands théoriciens prétendent que le capitalisme serait mort en 1929, ou plus récemment, alors qu'il n'a cessé de croître depuis et continue à toute allure dans les pays les plus peuplés ! J'ai déjà dénoncé la confusion, dans le dernier texte de Gorz, d'une sortie du capitalisme sur la longue durée, causée par l'immatériel, avec un écroulement financier à plus court terme dont le capitalisme s'est toujours remis, selon la logique des destructions créatrices.

En tout cas, on ne s'en tirera pas par quelque pensée magique ni en faisant appel aux sentiments moraux mais bien par l'expérimentation locale de dispositifs devenus indispensables à l'ère du numérique, comme le revenu garanti, les monnaies locales et des coopératives municipales, ou du moins par les instruments de la relocalisation, du travail autonome et du développement humain - où je me retrouve donc avec les convivialistes à la fin (le baratin en moins).

Voir aussi le numéro 33 d'EcoRev', "Penser l'après capitalisme avec André Gorz".

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60 réflexions au sujet de “Sortir du capitalisme. Le scénario Gorz”

  1. Un point me frappe, c'est que la notion de subsidiarité ne soit pas sujet de débat. Un peu comme si on avait d'un côté l'individu et de l'autre l'état, avec quand même de temps en temps l'entreprise. Alors qu'une société forme toute une écologie au sein de laquelle l'organisation politique comporte une structuration nécessairement hiérarchisée. De même que dans l'entreprise, on retrouve des fonctions hiérarchisées. La subsidiarité est une notion qui ouvre la discussion et l'expérimentation des prises de décisions éclairées par les retours d'information au niveau le plus pertinent, c'est à dire la structuration de boucles de rétroaction les plus pertinentes possibles et sur la mise en pratique d'une philosophie de l'information. De même, elle ouvre le débat sur les périmètres de liberté, ou autrement dit sur une notion concrète de liberté. Enfin, elle ouvre aussi sur la problématique de l'articulation du je et du nous et sur les articulations des différents nous.

    • Plus on a de l'autonomie une conception générale et abstraite, moins on peut penser sa part concrète qui est effectivement une production sociale. Il est certain que Gorz partait à chaque fois de positions trop absolue et d'une autonomie idéalisée, sensée être une conquête de l'individu et non résulter d'une position sociale. Il avait voulu lui-même se créer son identité à partir de rien. Si la seule essence de l'homme, c'est la liberté, on ne peut que la vouloir totale mais cela n'a pas de sens et Gorz savait composer avec le réel, rêvant d'un impossible monde sans monnaie mais défendant les monnaies locales. Si l'autonomie est une propriété de la vie, du cognitif, et une production de l'évolution comme de la société notre souci n'est plus que de faire le pas suivant, de hâter le pas vers une plus grande autonomie sans s'imaginer que ce serait la fin de l'histoire. Le fait que les entreprises sont bien obligés de cultiver les capacités d'autonomie de leurs salariés montre bien que ce n'est pas pour nos beaux yeux, ni le résultat d'une lutte ni même d'une aspiration. Dès le moment où il n'y a pas l'autonomie d'un côté et l'hétéronomie de l'autre (ce que plusieurs ont opposé à Gorz), la seule question est de gagner un peu plus d'autonomie, pas d'être complètement autonome (autonomie qu'on perd avec l'âge).

      • Pour donner un exemple, je suis en partie autonome et en partie hétéronome.

        Autonome, car mes horaires de travail sont plus libres qu’auparavant et que c'est une forme d'expertise de l'information technique, d'imagination et juridique qui m'a permis de gagner cette autonomie. D'être assez libre dans le temps discontinu de me cogitations aléatoires. C'est pour moi essentiel à ma productivité non contrainte.

        Quand on a démontré qu'on rapporte beaucoup, on nous lâche vite la bride des contraintes imbéciles, mais il faut mener une forme de guérilla sous marine soft pour éroder les obstacles qui gênent, c'est très prosaïque au quotidien.

        Hétéronome, car j'apporte des éléments fondateurs en amont, l'amorce de mon étage, mais après la passation du relais lors du processus, ce sont d'autres savoir faire qui agissent, d'où l'intérêt de la division du travail, chacun sa virtuosité... Le tout est de comprendre où est la sienne et où est celle des autres.

          • In fine, c'est aussi la notion de boucle rétroactive qui me permet des résultats bluffants, ce que j'avais repéré à 19 ans lors de mes cours concernant les systèmes asservis à base de complexes systèmes électroniques. J'ai en permanence été confirmé dans approche. J'en arrive à faire des systèmes de contre réaction à 3 centimes d'euros avec des bouts de plastique et de silicone de l'ordre du millimètre cube, divisant par 5 les coûts de fabrication et d'utilisation. C'est tout de même bien l'accès à l'information et aux simulations numériques, plus secondairement l'impression 3D qui me permet de tels résultats.

      • Il y a une dimension d'organisation sociale qui conduit à se pencher sur la subsidiarité, et il y a aussi une dimension psychologique qui peut être évoquée à partir des réflexions d'Alain Erhenberg (la fatigue d'être soi) ou celles du narcissisme groupal. J'ai pu constater que des individus ne s'aimant pas du tout et candidats au naufrage (pour reprendre le titre du livre de Patrick Declerck, les naufragés) réussissaient à s'accrocher à un groupe et éprouver une certaine fierté d'en faire partie, ce qui leur permettait de tenir debout.

        • Mais l’auteur met également en évidence que cette tâche est d’autant plus nécessaire que l’Occident, en tant que pouvoir de mort, correspond aussi à l’exercice d’une domination (« emprise sur la moelle du monde ») : domination des esprits, des corps, des vivants, de l’Etre – le logos impliquant un ordre de la pensée, du monde et de la vie par lequel ceux-ci sont soumis à une organisation rigide, hiérarchisante, contenant en elle-même des jugements exclusifs ou inclusifs, des possibilités de reconnaissance ou de mise à mort, des limites auxquelles nous sommes contraints de nous soumettre sous peine d’inexistence et de disparition.

          http://entre-là.net/?p=1537

          • C'est du délire de croire qu'existe quelque chose comme l'occident (porteur de mort, etc.), le même genre de délire qui faisait dire à Heidegger qu'il fallait exterminer l'asiatique pour retrouver la pureté de la philosophie occidentale. Tous ces gens croient que ce sont les idées qui mènent le monde, de façon assez kantienne, avec un conflit des civilisations irréductible alors que c'est l'histoire de la technique et des sciences, qui sont universelles et non pas des idéologies particulières qu'on pourrait déconstruire (contrairement à tous ceux qui prétendent le contraire).

        • C'est je crois Marcel Gauchet qui a parlé le premier "d'autonomie subie", montrant que l'autonomie n'était pas une capacité originelle ou naturelle mais imposée. C'est ce que j'ai toujours reproché aux libertaires, de croire que, sous prétexte que eux étaient autonomes, tout le monde l'était alors qu'il faut des supports sociaux de l'autonomie et qu'on est plus ou moins autonomes (moi je le suis très peu malgré ma vie d'ermite, mon existence et mes maigres revenus étant complètement dépendants des autres et cela ne va pas s'arranger avec l'âge).

          Intégrer des groupes est souvent vital, le problème, c'est qu'on hérite avec de la pensée de groupe (solidarité intellectuelle qui rend impossibles - insultantes - les critiques auxquelles je peux me livrer ici), ce qui m'a fait prendre les groupes en horreur mais cela n'empêche pas qu'ils soient une nécessité.

          • "Intégrer des groupes est souvent vital, le problème, c'est qu'on hérite avec de la pensée de groupe (solidarité intellectuelle qui rend impossibles - insultantes - les critiques auxquelles je peux me livrer ici), ce qui m'a fait prendre les groupes en horreur mais cela n'empêche pas qu'ils soient une nécessité."
            Pourtant, je crois que c'est ici, à l'intérieur des groupes, que se situe un élément important de l'apprentissage de la liberté, ou plutôt de la combinaison des libertés. Pour illustrer, on peut figurer ce que je veux dire, on peut prendre l'exemple de personnes qui partagent une plage au bord d'un lac. Moyennant un minimum de règles contraignantes (éviter de secouer sa serviette sur le voisin, éviter de mettre sa radio à fond....) , on peut profiter du lac, d'autant plus qu'on disposera d'une compétence en natation, et de la plage. Sans ces règles contraignantes, la liberté risque de se réduire à se baigner dans sa baignoire, ou sa piscine si on a les moyens.

            Pour des groupes un peu plus ambitieux visant à une action commune, sans des objectifs communs clairement partagés, la liberté n'a pas de sens. Une fois ces objectifs bien définis, il devient possible de cultiver la liberté en plaçant la qualité de l'information au coeur du dispositif. Ce n'est pas ce qui se passe spontanément en général et même avec des règles démocratiques classiques, la lutte des places l'emporte souvent et le gagnant le fait payer à tout le groupe qu'il s'approprie et auquel il s'identifie. Donc la culture, le savoir faire à placer et stabiliser une information de qualité au coeur des règles de gestion des groupes me semble être un point incontournable pour se donner une chance de ne pas se retrouver enfermé dans une pensée de groupe.

          • Je ne pense pas qu'on puisse vraiment éviter la pensée de groupe mais pas plus qu'on puisse se passer de groupes. Comme tout le monde, je me suis formé dans des groupes et il n'y a pas d'autre moyens, simplement savoir que cela limite la pensée et que, pour penser, il faut prendre du recul.

          • Dans les groupes, nation ou famille, j'ai toujours abouti à me faire éjecter fissa, tellement je suis considéré comme casse couille extraterrestre.

            Pour le moment, il n'y a que la boite allemande où je produis qui me supporte, mais en fait pas tant que ça, puisque j'y suis assez discret, furtif je ne mets en avant que mes informations trouvées pour avoir la paix, et qu'à la fin je lui rapporte un paquet du fait de mon atypicité que l'on m'a souvent reprochée en tant que prétendu caractériel, voire autiste. On ne se refait pas, alors on fait avec.

          • "Comme tout le monde, je me suis formé dans des groupes et il n'y a pas d'autre moyens, simplement savoir que cela limite la pensée et que, pour penser, il faut prendre du recul."
            Je trouve intéressant de justement développer les conditions (règles et procédures de délibération) et la pratique de la liberté (le travail sur soi) au sein d'un groupe, sinon, c'est un peu comme si on apprenait à nager dans un livre sur ce sujet précis de la liberté dans un groupe. A mon expérience, les groupes ont tendance à induire une pensée de groupe, ce qui n'est pas nécessairement un problème si on fait avec, mais ils ont aussi le potentiel de réguler nos désirs qu'on prend pour des réalités. Michel Foucault parlait de la parresia, la vérité et de l'Autre indispensable à cette parresia. Mais cette vision requiert des êtres exceptionnels comme peuvent l'être certains psy, alors qu'un groupe doté de bonnes règles de régulation des égos qui sait placer les infos en son centre ne requiert que des gens ordinaires, c'est une expérience qui ouvre des horizons et qui incite à poursuivre la réflexion et l'expérimentation qu'on trouve dans la sociocratie d'Endenburg.

          • Je ne suis pas aussi optimiste sur les miracles du management bien qu'il ait une part d'efficacité indéniable mais il y a des bases indécrottables (de l'imitation au bouc émissaire) et il serait dommage de se priver de l'ivresse des foules qui est malgré tout constitutive (tout comme l'amour), l'enthousiasme qui nous soulève et qui est tout sauf clairvoyant, ce qui en fait tout le danger mais dont on ne peut sans doute pas se passer. On est loin de l'utopie d'un monde harmonieux et entièrement rationnel avec ces mécanismes animaux maladroits qui ont toujours une face positive et une face négative. Lacan disait qu'heureusement qu'il n'y a pas d'assurance amour, car ce serait aussi une assurance haine. Il faut juste essayer de naviguer au plus près de ces comportements erratiques, ne pas les nier mais les reconnaître au contraire pour avoir une chance de les corriger.

            Les groupes auxquels j'ai appartenu étaient toujours on ne peut plus libertaires, ce n'est qu'avec le temps qu'on se rend compte comme on partageait les mêmes illusions. Le courage de dire la vérité, où Foucault ne s'est pas beaucoup illustré, n'est rien d'autre que le courage de la rupture. Il n'est pas vrai qu'on accepte les critiques dont on fait l'objet, question de reconnaissance sans doute, sans le moindre don.

          • Le point de départ libertaire n'est pas le plus simple pour constituer un groupe, parce que ses membres auront tendance à nier les processus d'imitation, de boucs-émissaires, d'identification au groupe/appropriation qui les travaillent, et ainsi à les subir. Dès lors que les mécanismes d'identification/appropriation se développent, il devient en effet très difficile d'accepter les critiques dont on se croit l'objet. Je dis se croit, parce que même les critiques de nos actions sont immédiatement transmutées en critique de la personne elle-même puisque les deux sont indissociables, identifiés.. Je reconnais que l'enjeu de "sacralisation" ou de "transcendance" de l'information n'est pas simple à mettre en œuvre, mais c'est une excellente façon de ne pas surexposer sa personne aux critiques pour un rien. Bien entendu, dès qu'un membre du groupe se prend pour un "prêtre" de l'information, c'est à dire qu'il s'approprie la garde de la sacralité de l'information, qu'il s'y identifie, on retombe dans les travers communs à toute religion, avec quand même l'avantage que chacun peut se réclamer d'un accès direct ET VERIFIABLE à l'information. Que les règles consolident cette légitimité à chacun d'accès à l'information et on sort des structurations naturelles des groupes.

    • C'est effectivement peu connu mais la convivialité chez Illich se rapporte aux outils et n'a pas le même sens qu'en français où le terme vient de Brillat-Savarin pour désigner le plaisir de manger ensemble.

      http://jeanzin.fr/ecorevo/politic/subvert/ecorev/rev01/illich.htm

      Sinon, la musique de la vidéo est pourrie et le problème avec cette vie communautaire qui n'est pas aussi sympa qu'elle paraît, c'est que c'est difficile à tenir sans dimension religieuse.

      • totalement d'accord : crève hippie crêve , dans se monde l'espoir à déserté le secteur quand on peut tous finir potentiellement comme de la viande à inspecteur ..

        la convivialité des outils ??? il faut vaincre les geôliers ici commence la guerre , il faut traverser le monde , ici commence la magie bien mieux qu'une pub de ségala ....
        une petite vidéo sympa , c'est des bab avec leur loks, les tarpés , les tam tam et leur futals en poil de chèvre acheté au bang la dèche quand leur meufs les salopes nous on les lèche ...admirez au moins l'art de l’Habitat léger comme à l'époque de Mao tzétoung; la grande marche , le grand bon en avant , même si il y a trop de sensibleries mais le dispositif "arc en ciel !! " est néanmoins intéressant ...

      • Pour les enseignants : En voyant la foule de gens, Jésus alla sur la montagne. Lorsqu’il fut assis, les douze
        vinrent à lui.
        Il leva les yeux sur ses disciples et dit :
        - Bienheureux les pauvres en esprit car le royaume des cieux leur appartient.
        - Bienheureux ceux qui souffrent car ils seront consolés.
        - Bienheureux les doux car ils possèdent la terre.
        - ……..
        Quand Jésus eut terminé, Simon-Pierre dit : - Il fallait écrire ?
        Puis André demanda : - Est-ce qu’on doit apprendre tout ça ?
        Et Jacques : - Il faut savoir par cœur ?
        Philippe ajouta : - C’est trop dur !
        Jean dit : - J’ai pas de feuille !
        Et Thomas : - Moi, j’ai plus d’encre dans mon stylo !
        Inquiet, Barthélémy demanda : - Y’aura interro ?
        Et Marc interrogea : - Comment ça s’écrit « bienheureux » ?
        Matthieu se leva et quitta la montagne sans attendre en disant : - Je peux aller aux
        toilettes ?
        Simon précisa : - ça va sonner.
        Et Judas dit enfin : - Vous avez dit quoi après « pauvres » ?
        Alors … un Grand Prêtre du Temple s’approcha de Jésus et dit :
        - Quelle était ta problématique de départ ?
        - Quels étaient tes objectifs transversaux ?
        - A quelle compétence faisais-tu appel ?
        - Pourquoi ne pas avoir mis les apôtres en activité de groupe ?
        - Pourquoi cette pédagogie frontale ? Etait-elle plus appropriée ?

        Alors, Jésus s’assit et pleura. Bonne fin de dimanche quand même !

      • il faut construire l'hacienda ! , bouffer à la même cantine , partager la même soupe philosophique ...car au final même si nous disposons d'une théorie générale ; le chemin se fait en marchant : il y a tout un monde entre la carte , et le territoire à arpenter sur chemins et macadam !! des diadèmes en guise d'antenne quand on nous tise une camisole en guise d'étoile .....

        "Les actes véritables et créateurs sont rares, étant forcément l'exception plus que la règle. Comme toute mystification, le culte de l'action tombe vite dans le ridicule de l'activisme si ce n'est de la grande paranoïa. Le désir individuel est certes structurant et actif mais il ne commande pas aux êtres et plutôt déterminé par les rapports sociaux. Ses effets de masse sont largement involontaires et plus souvent effets pervers qu'il faut corriger. Nous sommes toujours forcément plus passifs qu'actifs" JZ..

        mais ça n’empêche que nous sommes tous devenus très joueur ( un je dans un jeu , le jeu étant le principal mode de connaissance et d'apprentissage dans nos société post modernes même si l'expression n'est pas forcément adéquat !! on s'en fou car sheila , elle a des couettes !! quand on s'en jette un petit derrière le kiki !

    • Il me semble qu'au contraire il dit que du fait des réalités et rapports de force défavorables , il faut s'attacher à trouver une stratégie : pas laisser les choses aller d'elle même car les groupes organisés ramasseront la mise en cas de bouleversements. Il pense , me semble t il que les initiatives locales morcelées ne suffisent pas ; en cela je suis assez d'accord et pense qu'il faut trouver un biais permettant de rassembler ; ce qui manque c'est une proposition assez réaliste assez bien décrite et mobilisatrice permettant cela.

      Je viens de m'apercevoir que le club de Rome n'a pas de relais association national en France.http://www.clubofrome.org/?p=441

      • Je suis entièrement d'accord sur le fait qu'il faudrait une stratégie mais ce qu'il propose n'a aucune chance d'aboutir sauf peut-être le retour à une fiscalité moins laxiste, ce qui ne dépend guère des mouvements sociaux, quant à l'extension de la gratuité et la cotisation généralisée de Friot c'est tellement en contradiction avec l'ambiance actuelle qu'il faut que les capacités d'aveuglement soient bien grandes pour croire que cette stratégie serait envisageable. A la limite, il pourrait dire que c'est la stratégie qui lui ferait le plus plaisir, pas d'en faire une proposition sérieuse.

        Croire qu'il pourrait y avoir une majorité pour augmenter les impôts ne devrait plus être possible et la position de se replier dans une posture morale pour adopter là-dessus des positions extrémistes ne peut qu'assurer d'être un peu plus marginalisé. C'est parce que la marge de manoeuvre au niveau national est faible que j'insiste sur le niveau local et si je crois un revenu garanti indispensable, je ne crois pas qu'on y arrivera en étant maximaliste.

        Enfin, ces gens-là (Friot) ne comprennent rien au numérique et vivent encore à l'ère industrielle. Dès lors cette stratégie "unitaire" (car chacun voudrait sa propre stratégie adoptée par tous) est en fait un obstacle à une véritable stratégie progressiste qui serait on ne peut plus nécessaire mais qui est empêchée par l'inertie idéologique et sociale face à une telle révolution anthropologique. Se débarrasser des anciennes illusions semble bien un préalable mais qui devrait durer longtemps, hélas avant qu'on arrive à se résoudre à reprendre les choses par le bas. En attendant, les mouvements sociaux ne devraient déboucher sur rien d'autre que la simple protestation mais on se persuadera que c'est juste une question de force de persuasion...

        On peut quand même souligner positivement le thème du salaire universel qui apparaît, tout comme le revenu de base pour les convivialistes, ce qui pourrait les faire travailler à un rapprochement sur ce thème mais si cela peut être utile à la progression des idées dans la population (on progresse, on progresse!), ce ne sont pas ces trop belles promesses qui feront une stratégie unitaire viable.

  2. "Une stratégie unitaire viable."

    L’unité ne peut s’obtenir durablement, être viable et profitable que dans la mesure où elle prend en compte le principe de réalité qui est qu’au-delà de nos différences nous appartenons tous à la même espèce au sein du même milieu nourricier ;
    Le principe unitaire accepte, et repose même sur les différences et les diversités .Son principe étant de les faire vivre toute, de les animer et aussi de leur donner du sens grâce à l’organisation de l’échange entre ces diversités.
    En ce sens les groupes sont des unités factices qui par nature en arrive toujours à l’entre soi.
    Le système libéral manque d’ancrage unitaire et de réalité puisque son principe est bien de faire vivre les diversités, mais en soi, en plaçant la liberté comme principe fondateur unique ; ce qui est un non sens, une non réalité .La société ne peut pas être l’addition des diversités.
    L’espace de neutralité ainsi crée par l’état et les médias est illusoire ; l’état respecte les diversités sans en choisir aucune , sans la constitution du projet de société qui fait l’unité des diversités ; les politiques ne sont donc plus que des ajustements techniques sociaux ,économiques et écologiques d’un état qui ne choisit pas et anime- jeu d’équilibriste- des évolutions non maîtrisées par un choix collectif ; le cœur de la société reposant sur l’illusion de croire que nous n’avons pas besoin de définir et choisir un cap collectif et que l’économie et la capitalisation de biens est un ciment sociétal suffisant ; c’est tout simplement faux et nous en subissons les conséquences aujourd’hui.
    Toute stratégie unitaire viable doit donc prendre en compte la nécessité démocratique qui n’est rien d’autre qu’un travail permanant d’unification des diversités autour du projet de société durable.
    Ce travail de réflexion et débat collectif, principe d’une démocratie cognitive, a été remplacé par le choix en alternance de gestionnaires et la pression des diversités par le lobbysme.
    Alors que le seul lien d’unité naturel de tous les acteurs sociétaux est l’appartenance à une même espèce vivante au sein d’un même milieu de vie, un territoire : la planète terre et l’ensemble des territoires de proximité (pays , régions …).
    Une stratégie unitaire viable doit donc aujourd’hui s’appuyer sur le principe d’une réflexion collective autour de la recherche d’une organisation sociétale durable et positive. Il ne doit plus s’agir de gérer les évolutions non maîtrisées d’un système, mais grâce à l’organisation d’un travail cognitif participatif incluant les élus décideurs et les citoyens dans leur ensemble de trouver des solutions d’aménagement et développement des territoires ; le principe unitaire est bien celui d’une espèce qui s’organise et aménage son milieu ;on a là une approche transversale globale qui prend note de l’existence des groupes des mouvements, des partis , mais les transcende parce que les enjeux du monde ne peuvent aujourd’hui se contenter de cette gouvernance systémique .
    Sur un plan méthodologique , ces travaux démocratiques se positionnent sur des territoires de proximité ; c'est bien l'aménagement et le développement des territoires par les acteurs eux mêmes qui devient central dans cette "stratégie unitaire viable".

    • Personne ne parle de territoires ni de proximité, continuant à attendre des miracles du niveau national, d'une politique économique moins rigoureuse ou plus protectionniste comme si cela devait nous conduire au bonheur suprême ou même nous permettre de revenir à l'état antérieur qui était déjà terrible pour tous les chômeurs ou exclus (la colère de ceux dont les usines ferment et qui ont si peur de se retrouver au chômage devrait se focaliser contre le sort qu'on fait aux chômeurs qui sont des millions).

      • Oui c’est exact l’approche territoriale et locale est inaudible ; ni les élus ni les militants ni a fortiori les lambda ne souhaitent travailler en ce sens.
        Pourtant –distraction passagère ?- les législateurs ont inscrit ce mode de gouvernance dans la loi ; notamment la loi pays.
        Je viens de recevoir récemment une invitation de la confédération paysanne pour participer à une manifestation contre l’implantation d’un camping à Vagnas (Ardèche du sud). Cela dans le cadre de la politique de défense des terres agricoles menées par ce syndicat (auquel j’adhère).
        Il est pour moi tout à fait évident que si Vagnas et les communes environnantes dans le cadre de la mise en œuvre des politiques locales d’aménagement du territoire, s’étaient inscrites dans la dynamique de la loi nationale d’aménagement et développement du territoire (loi Dominique Voynet) reprise en Rhône Alpes par les Contrat de Développement Durable (CDDRA) , ces politiques locales s’inscrivant dans un cadre participatif grâce aux Conseil Locaux de Développement , il m’apparait donc évident que l’implantation de ce camping aurait fait l’objet de réflexions locales impliquant les élus et les populations. La problématique de la préservation des terres agricoles aurait été posée ; celle de la nécessité de l’économie touristique aussi ; bonnes ou moins bonnes des solutions auraient pu être trouvées ; des dynamiques locales auraient pu émerger ; en tous cas la décision des élus locaux aurait pu au moins reposer sur des travaux démocratiques.
        En lieu et place de la procédure pays et d’une approche territoriale collective et participative, les décisions sont prises au fil de l’eau, dans l’opacité, au gré des rapports de forces et de la logique électoraliste et cumul des mandats.
        La confédération paysanne agit ici très « classiquement » en venant faire pression sur une décision déjà actée ou bien avancée. Elle ne cherche pas à sortir de ce cadre général qui signe le fonctionnement actuel de « la démocratie ». Elle se désintéresse des procédures participatives et leur préfère une action de lobbying.
        Quant aux élus, ils font semblant, mais refusent fortement la participation citoyenne qui ne serait pas animée par eux-mêmes.
        Cela me contrarie d’autant plus que je perçois le sens de ces logiques (et les résultats qui peuvent en émerger) et aussi l’impact positif que peut avoir la participation.
        J’ai rdv à Lyon avec un conseiller régional front de gauche qui va peut être, je l’espère -affaire à suivre – soutenir et prolonger politiquement mes démarches judiciaires en cours dont la finalité est de faire respecter la loi Voynet et les règlements régionaux qui ô miracle ont encadrés clairement et intelligemment. J’ai obtenu du tribunal la mise en demeure de la région et du syndicat mixte local pour qu’ils fournissent leurs mémoires, ce qu’ils n’ont pas fait ; et pour cause , il est difficile d’expliquer qu’on respecte la loi quand manifestement ce n’est pas le cas.
        Mais cette lutte judiciaire me laisse un goût d’amertume, parce que même si je gagne les procédures, il est difficile de faire boire un âne qui n’a pas soif.

      • Privé d'accès internet cause changement de serveur depuis une dizaine de jours ,je reprends mes habitudes ...et merci Olaf pour la vidéo .
        La démocratie est comme une automobile qui ne fonctionne pas s'il manque une roue , ou le moteur ,ou l'essence , ou la route , autant d'éléments nécessaires et non suffisant. Arrive un carrefour , une voie à droite , une à gauche , tout droit c'est la falaise , le précipice ...les passagers ont délégué la décision au chauffeur qui prend à droite et derrière ça discute ferme et certains revendiquent pour la gauche , mais la voiture avance ;au contraire une autre voiture fonctionne avec la décision prise par tous , directement ; au carrefour elle va droit dans le précipice ..les discussions s'arrêtent en bas.
        Cela ne signifie aucunement qu'il n'y ait pas de possibilité démocratique ; il faut simplement tenir compte du réel et ne négliger aucun des éléments nécessaires sans en faire une suffisance et donner un cadre légal à cette organisation .
        Il est aussi stupide de dire que ,ici bas , point de démocratie , que ,ici bas en faisant ceci ou cela , la démocratie sera.
        Il est profondément exact de dire que l'élection (un élément ) n'est pas la démocratie ; mais il ne faut pas s'arrêter au constat ; il y a encore en ce domaine de quoi faire et c'est un domaine essentiel parce que amont et aval se tiennent par la barbichette et que rien ne peut changer en aval si l'amont reste ce qu'il est .

        • Actuellement nous élisons des députés nationaux et européens qui sont nos représentants; leur mission est de légiférer et contrôler l'exécutif ; ce qui me semble complètement délirant c'est qu'apparemment l'activité de représentation n'est pas encadrée légalement ; c'est à dire qu'ils sont libres de s'organiser et faire comme ils veulent pendant 5 ans ; le mouvement de va et vient entre le représentant et les représentés n'a aucun cadre légal ; c'est de mon point de vue le défaut majeur du système : il devrait y avoir un cadre légal obligatoire contraignant les représentants à nous représenter ! c'est à dire un cadre permettant l'échange concret , le rendu et la consultation directement .

          • Il y a actuellement en matière électorale au moins deux écueils. le premier, celui que vous signalez est l'absence de cadre légal de rapport entre élu et électeurs, le seul contrôle des électeurs étant la reconduction ou non du mandat.
            Résultat un certain clientélisme qui ne correspond pas à une délégation. L'élu ne devient que le représentant de ceux qui l'on élu. Peu à peu la population de ceux qui ne sont pas représentés gonfle de façon alarmante et entraîne une montée de l'abstention.
            Le deuxième écueil est celui de la non représentativité de la classe politique comme image de la société. Et un système qui fait que un citoyen n'égale pas une voix avec une surreprésentation des zones rurales.

        • La vidéo est effectivement intéressante mais s'il faut une société plus démocratique, où les pauvres ont plus de pouvoir, cela ne justifie pas de trop attendre d'une société plus démocratique comme si cela réglait tous les problèmes. Ce que l'auteur néglige trop, c'est le lien de la démocratie à la guerre. C'est la nécessité d'avoir le soutien des marins dans les guerres qui motivait la démocratie athénienne qui est une démocratie de guerriers tout comme dans les pays germaniques, la démocratie était celle du peuple assemblé en arme. La démocratie servait surtout à décider de la guerre et des impôts, les impôts étant la contrepartie de la guerre. De nos jours, ce qui justifie la démocratie serait plutôt le feed-back des populations. La seule véritable démocratie est celle de face à face mais qui ne va pas très loin non plus, ne modifiant pas les rapports de force ni les processus matériels.

          • La référence à la "démocratie Athénienne" me semble une erreur. elle ne concernait que les citoyens libres.
            Il est possible de souhaiter une vraie démocratie, tout en sachant qu'elle sera toujours en construction car une "société parfaite" suppose des "citoyens parfaits".
            C'est à dire des citoyens qui acceptent que tous les autres citoyens aient les mêmes droits que lui et qui travaillent au bien commun.
            Cette transformation sociétale passe par une transformation personnelle.
            Elle passe par une transformation des conflits d'intérêts en une recherche de l'intérêt général et donc de donner priorité à la négociation sur le conflit. Mais pas n'importe quelle négociation : celle de la recherche de l'intérêt général, ce qui suppose, à mon avis, l'existence d'un cadre de référence acceptable par tous. (Pour moi celui de l'égalité en droits de tous les humains dans l'espace et le temps)

          • Il est évident que la démocratie est le reflet des rapports de forces ; il n'empêche qu'il faut savoir s'il est plus utile de s'inscrire dans un rapport de force ou dans le combat pour l'égalité en amont dans une démocratie réelle; les deux sans doute ,mais bien les deux ! et dans ce duo on sait qui a la préférence et prédomine : c'est le rapport de force ; la vraie fausse démocratie électoraliste crée un espace de neutralité fictif : l'état qui a pour mission de maintenir l'ordre des rapports de force est lui même une force qui se dissimule ; ce type de régime , le nôtre , fait qu'on ne pose jamais les problème de fond ; on reste dans le cyclique avec les "plus jamais ça" qui reviennent en boucle.
            il me semble qu'aujourd'hui , au vu des enjeux de l'évolution humaine , le rapport de force devrait s'inscrire dans la revendication démocratique .Tous les mouvements progressistes de changement se font piéger par un système politique qui structurellement fait s'exprimer les rapports de forces en contre pouvoir sans aucun pouvoir réel.

  3. Que n'avez-vous acheté des bitcoins en Avril dernier. Celui-ci caracole désormais autour de 800€ / unité. Vous ne semblez pas y croire, mais une économie bitcoin se développe (black friday) et sa solidité est réelle (il a résisté à plusieurs paniques de petits porteurs).

    Le seul point de doute que j'ai c'est sur la destruction avec le temps des bitcoins : on sait que le système perdra régulièrement des unités (personnes qui jettent leurs disques durs, qui oublient leur mot de passe, etc) et que le nombre final d'unités produites est fini. Sur une période suffisamment longue, on peut penser que le nombre d'unité diminuera... impact ?

    • Non, le Bitcoin est déjà à plus de 1000$ et je ne crois pas qu'une monnaie dont la valeur se multiplie par 10 en 1 an soit viable, contrairement à ce laisse penser Jean-Paul Delahaye dans Pour la Science. Voilà ce que j'en dis là-dessus dans mon brouillon de revue des sciences privée :

      L'évolution délirante de la valeur du Bitcoin ne me semble pas témoigner de sa viabilité, passant de fin octobre à fin novembre de 200$ à plus de 1000$, confortée notamment par un discours de Ben Bernanke lui ayant donné un peu légèrement sa caution. Il faudrait effectivement une monnaie électronique fiable (d'autres se créent) mais qui devrait être adossée à une banque centrale permettant de la gérer alors que, de ne pouvoir créer des Bitcoins rend leur rareté absolue avec un effet "déflationniste" (inflation de la monnaie elle-même) catastrophique. De plus, une faille dans Bitcoin, permettrait d'en générer dans son coin. L'échec de cette expérience pourrait donc rendre plus manifeste encore la dimension politique (économique) de la monnaie.

      • Je ne suis pas sûr de saisir l'utilité de l'adosser à une banque : pour contrôler quoi ? Les unités sont produites par la puissance de calcul de nos cpu / cartes graphiques. Dans le meilleur des cas, une banque central disposerait d'un super-calculateur qui augmenterait indéfiniment la difficulté et dont le rendement baisserait. Une banque ne pourrait pas en garantir la valeur, sauf à se donner une situation de monopole et à créer d'insurmontable mur de vente et d'achat : on en reviendrait alors au même problème, notre dépendance à des institutions parasites.
        Il y a des modèles non limité (peercoin et primecoin par exemple) qui vise à terme un taux d'inflation annuel de 1% maximum. Mais l'intérêt des crypto-devises réside justement dans le fait que nous n'ayons plus besoin de banque et d'intermédiaire : j'achète ma pizza à New-York avec mes btc sans subir le préjudice du taux de change et des commissions. Je transfère de l'argent sur un marché à Taïwan sans frais de commission à une institution parasite.

        Je dois être un peu idéaliste (et j'ai surtout gagné au jeu), mais j'aime mieux cet article : http://h16free.com/2013/11/28/27544-regardons-au-dela-de-la-bulle-bitcoin

        • Je crois tout au contraire que Bitcoin montre que ce système n'est pas viable. Personne n'a besoin d'une monnaie dont la valeur est si instable (et qui va donc au crash), démontrant qu'il faut une gestion politique de la monnaie au contraire de tout ce qui est dit là comme soi-disant preuve qu'on peut s'en passer. Par contre, on a effectivement besoin d'une monnaie électronique immédiate et sans frais, voire anonyme, mais pas d'un tel algorithme qui a démontré à la fois sa puissance et ses impasses. Une monnaie électronique avec banque centrale serait donc bien différente. L'idée libertarienne que les institutions seraient parasitaires est une connerie, les institutions étant nécessaires à notre autonomie et à la paix sociale. Ce n'est pas de l'idéalisme, mais juste de la stupidité. Au bon temps des subprimes aussi, c'était Noël tous les jours et beaucoup y ont gagné jusqu'au krach, là, c'est pareil. Gagner de l'argent à rien faire n'est jamais durable.

        • H 16 est un peu givré, mais rigolo comme clown à roulettes avec ses pitreries. Il renifle un peu la secte, lui le gourou...

          Sinon :

          Le système bitcoin est admirable (et fascinant), mais le problème avec nos monnaies actuelles n’est pas qu’elles dépendent de l’État. L’État peut en abuser, mais affranchir la monnaie de l’État crée d’autres difficultés. Le système Bitcoin en résout certaines très astucieusement, mais ses vulnérabilités augmenteraient exponentiellement s’il devenait vraiment un moyen d’échange généralisé. Et il y a fort à parier que l’État (ou les États) serait vite invité à s’en mêler.

          http://frogonomics.wordpress.com/2013/04/19/o-la-jolie-bulle-ou-laffaire-bitcoin/

    • L'hyperinflation tend à accélérer les achats, avant que les prix ne montent. La rareté de Bitcoin par rapport à son succès produit l'effet inverse : comme la valeur de mon bitcoin est vouée à monter, je ne l'utilise pas pour faire des achats et je le garde. Plus le bitcoin a de succès, moins il est utile pour faire des transactions, par construction même.

      http://blog.francetvinfo.fr/classe-eco/2013/12/10/une-poignee-de-bitcoins.html

  4. Levi Strauss n'est pas d'accord.

    La construction des Etats modernes s'est d'ailleurs accompagnée des plus grandes guerres et des plus grands massacres que l'histoire ait vu. Quant à la paix sociale, je ne m'aventurerai pas à regarder nos sociétés hyper-violentes et pourtant sclérosées par les institutions en tout genre.

    Quant à la bulle, tout le monde est à peu près d'accord. Le bitcoin en est à ses débuts et connaît de violentes fluctuations. Ce n'est qu'à terme qu'on pourra espérer un peu de stabiliser. Toute la question est : "à quel niveau va-t'il se stabiliser ?"

    Enfin le cours du btc n'est pas moins stable que celui de l'or, qui connaît des variations brutales de plusieurs milliers d'euros :
    http://goldratefortoday.org/images/10yeargoldkilo.png

    Pour les acheteurs d'or aussi, c'est Noël, et personne ne parle de pyramide de ponzi ou de système qui va s'écraser... l'or a la valeur qu'on lui prête ! le btc, c'est pareil. Tiens mais d'ailleurs, l'or aussi est un "objet" en quantité limité.

    • Levi-Strauss n'a rien à voir là-dedans, il ne nie certainement pas le rôle des institutions humaines dans la société ! Il est évident que les Etats, pas seulement modernes, se sont construits par la violence mais malgré les massacres par millions, nos sociétés sont moins violentes que la plupart des sociétés primitives gangrénées par les dettes de sang et les violences privées (la très grande majorité des assassinats se produisent d'ailleurs toujours en famille). Evidemment, la paix sociale est toujours relative mais ce n'est quand même pas comparable à la Centrafrique où il n'y a plus d'institutions. Les institutions bien sûr sont loin d'êtres parfaites, sont des instruments de domination et connaissent la corruption mais restent essentielles pour l'état de droit. La mythologie libertarienne n'est basée que sur de fausses évidences.

      Il y a toujours eu des bulles mais lorsqu'elles touchent la monnaie cela bloque l'économie. On comprend bien la bulle de l'or car le dollar peut se dévaluer brusquement, il le devrait, mais en général on essaie d'avoir des dévaluations en bon ordre, sinon c'est le désastre. Si l'or fluctue tellement, c'est bien parce que ce n'est plus une monnaie commerciale, et ce n'est pas Noël pour les acheteurs, qui peuvent perdre énormément dans l'affaire aux cours actuels, mais pour les vendeurs. L'or est très pratique mais il n'était pas aussi limité que le Bitcoin les périodes de ruée vers l'or qui augmentaient la monnaie étaient des périodes de forte croissance. Par construction, le bitcoin n'est pas fait pour durer, ni pour servir de monnaie commerciale mondiale, et moi, si j'avais des bitcoins, je les vendrais même s'ils peuvent encore décupler leur valeur car ils peuvent aussi être réduits à rien (ce qui n'est pas le cas d'une monnaie nationale ni de l'or).

      Il ne s'agit pas de morale. Moi je trouve minable ce genre de gains mais j'avais testé le programme au début et si j'en avais gagné je les vendrais. Il ne s'agit même pas de dire que ce serait une mauvaise affaire à court terme (sans doute pas mais on ne sait pas combien de temps), il s'agit de constater que ça ne peut pas marcher car il n'y a pas de contrefeux à ses effets pervers et qu'on ne peut se passer de la dimension politique de la monnaie pour résister aux crises (et ce sont bien des déclarations politiques qui ont fait s'envoler le bitcoin dernièrement), mais les idéologues ont une grande capacité à nier les faits (on appelle ça la dissonance cognitive. En fait, dans les bulles, c'est plutôt que ceux qui y gagnent veulent se persuader que ça durera, qu'on est entré dans une nouvelle économie, etc. On cherche toujours des raisons aux krachs alors que c'est toujours la bulle qui a précédé).

      Je répète qu'il faut une monnaie électronique, il n'est pas sûr qu'elle puisse ne pas être plurielle et adaptée aux différences entre les économies, mais qui devra être garantie par les gouvernements et gérée comme on a toujours géré la monnaie (souvent mal). Cela n'empêchera pas toutes autres sortes de monnaies, de bulles, de krachs mais y apportera un peu plus de stabilité malgré l'incertitude politique qu'on peut légitimement mettre en cause, sauf que c'est pire encore à vouloir détacher la monnaie du politique (raison pour laquelle je défends des monnaies municipales et non pas privées). La monnaie en elle-même n'est rien, elle n'est qu'un instrument de l'économie. Tout ce qui décolle de l'économie finit par retomber par terre et une monnaie qui devient spéculative est foutue.

  5. Ca ne va même pas dans le sens de Hayek :

    De plus, l'algorithme de création des nouveaux Bitcoins a été programmé afin que le nombre de Bitcoin ne dépasse jamais les 21 millions. La masse monétaire est donc limité, ce qui pourrait rapprocher le Bitcoin de la pensée de l'école autrichienne d'économie, mais avec tout de même pas mal de différences car cette masse monétaire limitée implique nécessairement une déflation des biens exprimés en Bitcoin à long-terme (et n'est donc pas une "good money" au sens de Hayek) et que l'école autrichienne plaide en effet pour une création monétaire décentralisée, mais suppose un secteur privé compétitif en charge de l'émission d'une monnaie (ayant donc intérêt à émettre une monnaie stable et de qualité), et non pas un quasi-monopole comme dans le cas de Bitcoin ("first-mover advantage" et risques que comportent un monopole - source du graphique : BCE).

    http://www.captaineconomics.fr/theorie-economique/item/380-bitcoin-monnaie-virtuelle-avantage-risque

  6. Un article de Christophe Fourel & Françoise Gollain : André Gorz, penseur de l’émancipation

    http://www.laviedesidees.fr/Andre-Gorz-penseur-de-l.html

    on verra toute la distance avec mes propres positions sur l'aliénation et l'autonomie (qui pour moi est produite socialement et historiquement notamment par la technique, ce qui n'empêche pas la discordance entre l'individu et le social mais ne situe pas pour autant la vérité du côté du sujet et de son monde vécu, ni donc du politique par rapport à l'évolution technique et l'après-coup d'une sélection par le résultat).

      • ?? Il a écrit sur le vieillissement mais lui qui voulait se (re)construire complètement une identité à partir de rien ne semble pas s'être effectivement interrogé sur son sexe, mais c'est peut-être mon ignorance...

        Il y a de mon point de vue un délire sur la liberté qui dénie les déterminismes matériels ou biologiques, ce qui n'empêche pas de justes critiques de l'aliénation de nos libertés notamment dans le travail.

        Alors que Gorz ne semble pas s'être intéressé à Debord, je vois de nombreuses convergences entre l'existentialisme et les situationnistes (Sartre publiait ses articles sous le titre de "Situations") dans l'exaltation d'une liberté sans borne largement fantasmatique et ne débouchant sur rien (mais effectivement exaltante). Le contraste est frappant, je trouve, lorsque Gorz s'attache au concret du travail. En tout cas, ni Debord, ni Gorz ne se sont interrogés sur leur sexe, leur liberté ne va pas jusqu'au transexualisme ni au transhumanisme (on se demande pourquoi si l'homme n'est qu'auto-création ?).

        • Au-delà d'être homme ou feme, le fait même d'habiter tel ou tel corps en lien avec la liberté est un sujet qui travaille tous les ados et quand la vieillesse arrive et aussi les handicapés toute leur vie. Le témoignage de Jollien me touche beaucoup par sa combativité à tirer le meilleur parti de ce qu'il a, d'exercer sa liberté sur le plein du verre plutôt que sur le vide avec lequel on ne peut rien faire.

  7. J'ai noté à plusieurs reprises que vous disiez que les régimes autoritaires étaient minés de l'intérieur par les NTIC. Les "plafonds de verre" des entreprises me semblent être en passe de subir le même sort. D'où un regain d'intérêt pour les méthodes de gouvernance partcicipatives, l'autogestion, les entreprises libérées (du plafond de verre), les méthodes Agile, la sociocratie etc... L'appropriation par quelques uns des collectifs ne tient que par ce plafond de verre dont un des rôles principaux est d'empêcher la circulation d'informations dont certaines sont pourtant pertinentes pour la conduite du système. Dès lors que les NTIC accroissent mécaniquement la circulation de ces informations sensibles, le plafond de verre se trouve fragilisé, d'autant que les groupes qui s'en sont affranchis ont de bonnes chances d'y gagner un avantage compétitif (meilleure qualité d'information, plus d'implications des acteurs). De mon point de vue, elles y gagneront d'autant qu'elles auront su conserver une hiérarchisation fonctionnelle.

  8. "Une bonne part de ces discussions quasi théologiques tournent autour du concept de travail, objet de toutes les confusions dont, à mon avis, on pourrait sortir à le définir par l'inversion de l'entropie, ce qui ne semble hélas ni assez anthropologique ni assez philosophique, puisqu'on voudrait en faire l'essence de l'homme et un processus d'auto-création !"

    Une approche théologique fondée sur le mystère d'un Dieu Incarné en la personne de Jésus-Christet ressuscité pour marquer l'amour de Dieu pour tous les êtres humains sans distinction et une invitation à partager son oeuvre créatrice : Le monde des béatitudes.
    Une forme d'affirmation sur à la fois la sacralisation de l'individu, mais aussi sa dépendance vis à vis des autres (ses égaux).
    La religion a détourné la notion de travail pour en faire une sorte de "châtiment", alors qu'au contraire l'activité est une forme de renaissance sans cesse renouvelée. Et le problème apparaît dans cette sorte de mise au ban de la société des chômeurs ou des personnes dont l'activité est réduite du fait du handicap ou de la vieillesse.
    Le travail est abordé avec un instrument de mesure “financier" lié à la loi de l'offre et de la demande. Alors qu'il devrait être apprécié selon sa valeur sociale de participation au bien être commun.

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