Ne pas surestimer nos moyens

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Passée la période des élections et des espérances révolutionnaires les plus folles, nous voilà revenus au sol et la situation est encore plus catastrophique qu'on ne veut bien le dire. Tout semble perdu sur tous les fronts avec des marges de manoeuvres réduites à la portion congrue. Dream is over. Le plus grave, on ne le répétera jamais assez, ce sont les problèmes écologiques qui s'annoncent de plus en plus insolubles avec le développement des pays les plus peuplés (après Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud, qu'on désigne sous le nom de BRICS, voici venir les « Next eleven » dont l'économie décolle : Bangladesh, Égypte, Indonésie, Iran, Corée, Mexique, Nigeria, Pakistan, Philippines, Turquie, Vietnam...) alors qu'on se dirige vers un pic de population où la pression sur les ressources sera à son maximum. Dans l'immédiat, ce sont les problèmes économiques qui sont destinés à s'aggraver durablement en attendant le krach de la dette et le retour de l'inflation. La pression budgétaire se combine à la pression du développement des autres continents pour démanteler les protections sociales et mettre à mal notre "modèle européen".

Maintenant que les nouvelles institutions démocratiques se mettent en place dans les pays arabes et qu'on a donné ici tout pouvoir aux "socialistes", beaucoup tombent de haut. On se rend compte à quel point nos moyens sont limités, très loin des grandes envolées verbales qui enthousiasment les foules. Enfin, si, il reste des révolutionnaires convaincus de changer la vie et d'instaurer le paradis sur terre, ce sont les Salafistes qui témoignent du caractère religieux des idéologies politiques et qu'il n'y a qu'une seule manière, en effet, de rendre le monde conforme à nos fins et de faire régner la divine justice ici-bas, c'est la dictature la plus implacable. Le mouvement communiste n'aura été qu'une nouvelle version de ces dictatures théocratiques qui remontent peut-être aux Hittites. L'idée de dictature du prolétariat avait d'ailleurs de solides arguments pour elle (tout comme l'impossibilité du communisme dans un seul pays) mais l'expérience a démontré qu'on avait la dictature sans le prolétariat et que tout ce qu'on obtenait dans ces sociétés religieuses était le contraire de ce qu'on avait voulu au départ (l'amour, etc.). Il y a toujours eu des staliniens qui préféraient quand même le "socialisme réel" à nos sociétés marchandes, ce n'est pas mon cas, ni celui de la plus grande part de la population. On prétendait défendre un communisme démocratique, sauf que ça n'est pas plus réaliste qu'un islamisme vraiment démocratique. Si on veut imposer un nouvel ordre, il faut un pouvoir inflexible. Sinon, on a une société pluraliste et une économie ouverte, ce qui restreint largement les pouvoirs politiques, d'autant plus qu'on est intégré à des ensembles plus vastes et qu'on dépend de circuits vitaux de matières premières, de nourriture, d'énergie, de marchandises, d'informations...

D'une certaine façon, on est bien dans une sorte de fin de l'histoire mais d'une fin de l'Histoire seulement telle qu'on l'avait rêvée de 1848 à 1968. Ce qui se termine, c'est plutôt l'idée qu'il pourrait y avoir une fin de la supposée "préhistoire" humaine, une lutte finale, la fin de la lutte des classes. On ne peut pas casser l'histoire en deux, on ne peut pas tout changer et c'est ce qui est pour les révolutionnaires la fin de leur histoire. Sinon, l'histoire n'est certes pas finie de l'unification du monde, des péripéties politiques, des défis écologiques, des accidents technologiques voire des guerres. Nos sociétés se caractérisent cependant par un refus de la guerre, sur lequel on a construit l'Europe, et qui participe grandement à notre paralysie. La guerre a toujours été un instrument décisif du développement du capitalisme et de la résolution des crises financières. C'est ce qui rend la situation encore plus insoluble et ce pourquoi il ne faut pas trop se croire protégé d'une nouvelle montée aux extrêmes qui serait cataclysmique. On n'en est pas là encore mais il faut être conscient que c'est un facteur indéniable de notre soumission à nos créanciers de ne plus pouvoir leur faire rendre gorge.

Il ne manque pas de bonnes âmes qui prétendent le contraire. Et qu'il suffirait de sortir de l'Euro, fermer les frontières, nationaliser les usines et les banques, augmenter les impôts, etc., comme si on était sur la Lune, dans un monde qui ne compte pas et se développe cependant sans nous, avec un peuple rêvé en plus et des privilégiés qui se laisseraient dépouiller sans rien faire, autant dire dans une complète u-topie qui n'a rien à voir avec nos réalités terrestres et les lois d'ici bas. Un jour l'économie sera une science, peut-être, quand elle aura compris qu'elle n'en est pas une car elle fait abstraction de trop de phénomènes sociaux dont elle dépend. Dans la réalité vraie, c'est bien plus sordide, au point qu'on parle d'un blues des socialistes qui ont tous les postes mais savent qu'il ne peuvent rien en faire ou presque. Déjà obtenir des mesures symboliques, un début de taxe Tobin, un semblant de relance, c'est pratiquement mission impossible. On crie victoire pour des broutilles arrachées de haute lutte et prétendre qu'on pourrait faire plus, c'est juste témoigner qu'on n'occupe que le ministère de la parole. Dans les faits, il faut faire avec de multiples contraintes et les rapports de force effectifs, avec un système dont le fonctionnement est vital pour la plupart. S'il y a de bien meilleures politiques que d'autres, il n'y a absolument aucune martingale qui nous permettrait d'ignorer cet emballement planétaire, dans lequel nous allons être engloutis corps et biens, ni même qui pourrait nous éviter une rigueur qui, selon toute probabilité, devrait nous affecter durement et durablement (même si la croissance devrait reprendre après le krach de la dette, hélas peut-on dire au vu de ses conséquences écologiques dramatiques...).

On n'est pas les plus à plaindre, loin de là ! Nous faisons encore partie, pour quelques courts instants, des maîtres du monde ; mais ce ne sera plus bientôt qu'un vieux souvenir. Nous sommes comme un pays conquis, submergé non par des vagues d'immigrants mais par les marchandises du reste du monde qui sort de son sous-développement. L'Empire n'est déjà plus tout-à-fait celui des Etats-Unis qui n'en sont que le bras armé. Un peuple vaincu peut bien maudire son sort, il lui faudra s'y résoudre pourtant, il n'y a pas le choix. Le succès que rencontre le travail d'écolier du tout jeune La Boétie sur notre prétendue servitude volontaire est bien ridicule devant ces processus matériels de l'ordre de la dérive des continents. Il faudrait admettre notre peu de prise sur ces mouvements planétaires et la gravité de notre situation au lieu de se monter la tête avec des solutions imaginaires et des audaces purement verbales, en s'imaginant qu'on aurait trouvé le truc pour faire basculer le monde soudain alors qu'on ne témoigne ainsi que d'une grande naïveté qui n'a rien de positive.

Qu'est-ce qu'ont donc obtenu les militants les plus radicaux, les utopistes, les décroissants, en dehors de leur propre estime devant leur audace inouïe et leur grandeur d'âme ? Ils ont tout le monde contre eux et pourtant s'imaginent que le monde devrait être à eux, qu'il y a une erreur quelque part, qu'on ne les comprend pas, que le peuple ne reconnaît pas ses vrais amis, ses véritables intérêts, que le diable est à l'oeuvre par quelque complot ou propagande télévisuelle ayant transformé nos merveilleux semblables en infâmes traîtres.

Ils font appel à la démocratie qui pourtant les rejette, opposant la soi-disant souveraineté nationale à l'Europe notamment mais se trompant d'époque et faisant erreur sur la démocratie aussi, assimilant les règles démocratiquement choisies par les petits groupes homogènes avec une démocratie pluraliste, celle de la polis et de la politique qui est plutôt un espace de concertation et de compromis. Cette illusion démocratique a un nom, c'est le totalitarisme hérité de la terreur révolutionnaire mais c'est plus fondamentalement une erreur sur les valeurs (surévaluées) et sur un prétendu homme nouveau venu d'on ne sait où et qui nous délivrerait du mal. C'est une illusion sur ce qui constitue notre liberté politique, qui n'a jamais été de faire ce qui nous plaît ni de décider du monde dans lequel on vit encore moins de la nature humaine mais seulement de pouvoir participer aux deux grandes décisions d'un Etat démocratique ayant besoin de l'approbation des plus concernés : la guerre, quand elle était populaire, et les impôts. On a vu que pour la guerre, c'était cuit (et quand on attaque la Lybie on ne nous demande même pas notre avis). Ce pourrait être la même chose pour les impôts où l'on n'a plus tellement les moyens de se distinguer des autres à l'heure des réseaux numériques, au moins au niveau de l'Europe, ne pouvant s'isoler comme un petit pays quand on est la 6ème puissance mondiale en déclin mais tirant encore une part substantielle de sa richesse de son ancienne position dominante.

Je dois dire que je croyais encore possible de faire le coup de 1936 et de faire de la grève générale un heureux substitut à la guerre voire à la révolution. Seulement, les expériences récentes en Grèce notamment me font penser qu'une grève générale ne peut plus être aussi décisive qu'avant, et cela à cause encore de la mondialisation, à cause des importations de substitution qui sont un peu l'équivalent des jaunes briseurs de grève. La grève générale n'a plus l'impact d'un blocus ou d'un siège, seulement d'un acte de protestation massif, ce qui n'est déjà pas si mal mais exigerait pour aboutir de durer assez longtemps et donc mettre en jeu des intérêts vitaux. Là aussi, il ne faut pas rêver, ou plutôt cauchemarder.

C'est tout ? N'en jetez plus ! Vous voulez nous désespérer ou quoi ? On le sait, il ne faut pas désespérer Billancourt. Il faut pouvoir raconter de belles histoires pour encourager la lutte car seule la lutte paraît-il nous rend notre dignité perdue dans le travail et tout défaitisme encourage l'ennemi. Sauf qu'il ne sert à rien de brasser de l'air, ni même de réunir des millions de travailleurs dans les rues, incapables d'empêcher qu'on rogne sur nos protections sociales déjà moribondes. Non, la situation est grave, socialement à cause de la concurrence avec les plus pauvres du monde entier, et encore plus écologiquement après l'échec de Rio alors qu'on nous annonce un effondrement imminent (sur des siècles quand même). On peut tout-à-fait comprendre que devant tant d'impasses, les gens deviennent fous et veuillent croire à des solutions extrêmes ou purement imaginaires, cela relève entièrement de la situation de blocage dans laquelle nous nous sommes enfermés, exprimant l'impossibilité de résoudre ses contradictions tout autant que l'impossibilité de continuer. Au fond, la seule raison qui peut fait croire aux gens que le Front National pourrait améliorer leur sort, c'est juste qu'il n'a jamais été au pouvoir...

Après ce sombre tableau, il n'y aurait plus qu'à se foutre à l'eau ou alors à se pendre ? Non, reconnaître la gravité de la situation n'est pas encourager à ne rien faire mais à ne plus disperser ses forces ni à les employer en vain sur des combats perdus ou contre des moulins à vent. Je disais avec raison, au début de la crise, qu'on a les moyens de s'en sortir, c'est évident et même, ce qui produit tous les discours volontaristes nous promettant de régler la crise en trois coups de cuiller à pot avec un dirigeant à poigne. Seulement, c'est un peu la même chose quand on dit, devant l'évidence de nos richesses, qu'on a les moyens d'abolir la pauvreté et d'une paix universelle, c'est-à-dire de façon complètement abstraite, sans aucune effectivité (d'autres veulent abolir tout aussi vainement la prostitution ou les drogues, comme s'ils avaient été les premiers à y penser...).

Malgré son excès de richesse, la société civile n’est pas assez riche [...] pour remédier à l’excès de pauvreté qu'elle engendre dans la population.

Hegel, Principes de la philosophie du droit, § 243-245, p. 322-324.

Il n'y a pas seulement les possibilités matérielles et objectives, il y a aussi les conditions sociales et subjectives. Ce qui est avéré, ce n'est pas qu'on pourrait faire une Europe solidaire, devenue première puissance économique pour quelque temps, mais qu'on n'avance que pas à pas avec le couteau sous la gorge et personne ne pouvant décider d'aller plus vite et plus loin avec une ribambelle d'Etats aux intérêts divergents. De même, il ne suffit pas de prendre la richesse aux riches, ni de prendre les usines comme on pouvait le croire naïvement avant de voir avec l'expérience autogestionnaire de Lip que c'était loin de résoudre la question dans une économie dynamique où aucune position n'est acquise. Il y a bien sûr de bonnes mesures à prendre pour essayer de garder notre avance dans certains domaines, améliorer notre productivité, déjà très haute, infléchir la fiscalité vers plus de justice, se protéger d'une concurrence déloyale, investir dans les infrastructures, etc. Tout cela devrait rester cependant très marginal en dehors de l'urgence qui peut provoquer des avancées rapides mais que personne n'a vraiment voulues.

Nos possibilités réelles de renverser la situation sont donc infimes, c'est la triste réalité que même les révolutions n'ont pas changée. Il faut partir de là, revenir sur terre et crever la bulle spéculative d'une gauche imaginaire et d'une écologie infantile. Plutôt que s'imaginer une économie idyllique restaurée par quelques tours de passe passe (voire le sacrifice de boucs émissaires), c'est à une économie du désastre qu'il faut se préparer car c'est bien ce qui nous pend au nez si on continue comme cela. La question qu'il faut se poser est bien celle des moyens qu'il nous reste. Il y a tout un travail intellectuel à faire pour comprendre le réel, et non pas flatter les militants avec ce qu'ils veulent entendre. Il y a tout un travail artistique à relancer pour exprimer des vérités dures à dire, pas le politiquement correct pseudo-transgressif, et, bien sûr, il y a tout un travail politique à engager pour modifier les règles. Le parlement européen n'est pas tout-à-fait inutile à nous délivrer par exemple d'ACTA et dans plusieurs domaines écologiques mais la construction d'un droit social européen semble pour l'instant hors de portée (il faudrait arriver à en construire les conditions mais on en est loin).

Les protections sociales restent donc un enjeu national qui peut faire la différence mais pas à la mode syndicale de défense des droits acquis et de revendications purement quantitatives qui ne vont jamais bien loin. On peut dire que la question est très mal engagée puisqu'on confie à des représentants des salariés les plus protégés le sort de tous les précaires qui se multiplient. Idéologiquement, la gauche est restée coincée sur notre passé industriel révolu. Il faudrait reconstruire les protections sociales sur de toutes autres bases, plus individuelles et qui ne dépendent plus des entreprises qui nous embauchent, ce qui pose immédiatement la question d'un revenu garanti. Ce n'est pas du tout le chemin qui est pris et ce n'est pas moi qui pourrait convaincre ces syndicalistes patentés, et fort bien payés, qu'il faudrait mieux prendre en compte tous ceux qui ne sont pas salariés ou seulement par intermittences et, en tout cas, non syndiqués. C'est la pression des faits et du nombre qui finira par avoir raison de structures devenues archaïques mais je ne vois aucune force à gauche, sauf peut-être les Verts, et encore, qui aille dans la bonne direction. Pas beaucoup d'espoir de ce côté là, sinon que ce n'est pas la droite qu'il faut convaincre d'accepter des revendications purement quantitatives, c'est la gauche qu'il faudrait convaincre de changer de logiciel, d'avoir une véritable politique de gauche pour l'avenir, et non pour son glorieux passé !

De quelques façons que je considère la situation, je ne vois aucune autre voie qui nous reste ouverte que la voie communale. Si je croyais qu'on pouvait prendre le pouvoir sur le monde, pourquoi me soucierais-je de petites initiatives locales ? C'est qu'il n'y a de communisme que de la commune, dans cette démocratie de face à face où l'on sait bien qu'on ne peut décider de tout sans se soucier des voisins. Il ne fait aucun doute qu'engager une municipalité dans des expériences alternatives comme les monnaies locales et les coopératives municipales paraît tout aussi utopique. On peut du moins miser sur le nombre et le local fait partie en tout cas de notre rayon d'action. S'il faut agir et ne pas se laisser faire, que ce soit à ce niveau où l'on peut voir le résultat de nos actes au moins, et non en se réfugiant dans la nostalgie d'idéologies surannées ou en voulant reconstruire une France mythique. Là aussi, c'est l'urgence qui devrait être décisive.

Le local, c'est ce qui nous reste quand on a tout perdu et qu'on entre en économie de guerre ou que le système monétaire s'effondre comme en Argentine. Inutile de dire que personne ne s'intéresse à la relocalisation, même pas les Verts vraiment, alors que c'est la seule façon d'avoir une économie un peu plus soutenable (même si cela ne nous évitera pas les pénuries prévues et je dois avouer que j'ai moi-même beaucoup de mal à m'en convaincre). Non, on attend qu'une solution miracle nous sauve de tous les problèmes qui nous attendent, en s'impatientant qu'elle ne vienne pas. Je ne suis pas devin, je ne sais si l'effondrement sera rapide et soudain, nous permettant de rebondir, ou s'il ne sera qu'un long déclin accumulant les tensions, mais il ne faut pas surestimer nos moyens d'éviter l'aggravation de la situation écologique et sociale. Il vaudrait mieux se préparer au pire et prendre les mesures en conséquence pour organiser la résistance locale aux crises systémiques encore à venir. On ne fera rien cependant avant d'y être forcé par les faits, on le voit pour l'écologie comme pour l'Europe ou la régulation financière. Notre liberté est très limitée. On va être dans la merde et il va falloir s'en sortir ensemble, avec les gens du coin, tels qu'ils sont...

Article traduit en espagnol pour EcoPolítica par Elisa Santafe.

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103 réflexions au sujet de “Ne pas surestimer nos moyens”

  1. Merci pour cet article lucide, qui ne caresse pas dans le sens du poil. Je me reconnais dans beaucoup de descriptions. Un conseil de lecture, si vous ne l'avez pas déjà lu : "Le socialisme gourmand - Le Bien-vivre, un nouveau projet politique" de Paul Ariès qui va dans votre sens mais avec une vision un peu plus optimiste je dirais.

    • Je n’aime pas du tout le catastrophisme et j’avais été moins pessimiste lorsque la perspective d’une catastrophe climatique m’a semblé repoussée un peu et qu’il y avait un boom des énergies renouvelables avec un engagement des Etats dans la réduction des gaz à effet de serre. J’étais aussi plus optimiste quand j’annonçais le retour des révolutions qu’une fois qu’elles ont eu lieu. Mon optimisme est indexé sur la réalité des tendances actuelles qui me semblent très négatives. Justement, rien ne sert de rêver quand c’est le pire qui s’annonce. J’espère me tromper. Ce qui peut donner de l’espoir, c’est la capacité des Etats à réagir devant les catastrophes mais objectivement, je ne vois pas comment s’en sortir à l’horizon d’une vingtaine d’année. Il faudrait un changement radical d’attitude que rien ne laisse présager, inutile de vouloir s’en auto-persuader. On file un très mauvais coton.

      • De nouveau, il est vrai que ce XXI siècles ne s'annonce pas optimiste ni enchanteur. Nous devrions gérer une forme de forçage Vert subi ou non d'ici 2050 avec un risque de non préparation émotionnelle et intellectuelle de la plupart de nos populations occidentales gavées à la sacro sainte croissance économique "mortifère". Avec la micro-électronique, les réseaux sociaux et Internet, il devrait être possible d'envisager une forme de "Dictature" Verte et/ou la Belle Vie d'ici 40 ans. Espérons une abondance fruagle et/ou décroissance sereine la plus contrôlée possible, c'est clair loin d'être gagné.
        Espérance...

        • Mes recherches m'ont amené à la certitude qu'on avait les moyens matériels de passer le cap du pic de population et de se passer du pétrole mais on n'arrête pas d'en trouver et de faire passer l'économie devant l'écologie alors que les échéances s'approchent.

          Je ne crois pas qu'on va aller à la catastrophe absolue mais comme souvent aux limites du supportable, ne réagissant que sous la pression des événements.

          Pas de dictature verte à craindre, c'est encore l'illusion de prendre le pouvoir sur le monde, mais des dictatures certainement (comme il y en a toujours eu, un peu moins de nos jours). Je ne crois pas cependant qu'on pourra se passer de notre autonomie dans l'économie immatérielle et que donc les dictatures ne sont pas notre avenir.

  2. C'est bien de vouloir s'organiser au niveau local, mais est ce que cela ne relève-t-il pas également de l'utopie dans le sens ou l'état nation (plus exactement ceux qui sont à la tête de ces états) se battra (battront) sûrement pour garder ses prérogatives ?

    • Rien n'est gagné d'avance et il est possible que ce ne soit qu'une utopie de plus mais les dispositifs que je défends me semblent faisables dans le cadre actuel, en dehors du revenu garanti qui relève, lui, de l'Etat nation. Il peut y avoir des conflits sur les monnaies locales mais c'est l'Europe qui a financé en partie le projet Sol. Il ne faut pas partir battu d'avance dans toutes les batailles même si, là aussi, j'insiste pour ne pas rêver lorsque les conditions ne sont pas remplies. On peut au moins étudier un peu comment on pourrait faire pour avoir une solution clef en main lorsque la nécessité en sera ressentie par tous.

      • Oh mais je ne parts pas battu (« La lutte est vaine, mais il y a d’autres moyens de remporter la victoire » Obi Wan Kenobi. OK, OK, siter Obi Wan Kenobi ça ne fait pas très sérieux mais bon…) Tout comme vous soulignez la difficulté de s’opposé au capitalisme avec nos petits bras musclés, je ne fais que souligner que l’état nation existe et que en agissant à l’échelle locale pour « prendre les mesures (…) pour organiser la résistance locale aux crises systémiques encore à venir. », on reste, pour le moment contraint par le cadre national (le cadre européen est un peu différent car il est actuellement pensé comme un « cadre par dessus le cadre principal » qui reste la nation). Or, si les décisions principales restent national, s’organiser efficacement au niveau local devient très difficile.

        • Je n'ai jamais dit qu'il fallait se désintéresser du niveau national puisque je renvoie le revenu garanti au niveau national, seulement qu'il ne fallait pas trop attendre de ce niveau ayant perdu la plus grande part de sa souveraineté (avec la guerre) et notamment pas une alternative au capitalisme, qui ne serait qu'une étatisation, et que l'alternative se construit au niveau des communes, là où l'on vit.

          Le problème, c'est qu'au niveau national, il n'y a aucun parti de gauche qui défende la politique qu'il faudrait alors qu'au niveau local on peut trouver parfois (rarement hélas) de quoi agir immédiatement.

          • Je ne me désintéresse pas totalement non plus des niveaux "non locaux". Pour les idées comme le revenu garanti, une action « non locale » est souhaitable. Mais vous dites vous même qu'il n'y a pas au niveau national de partis qui défende la politique qu'il faudrait, et justement, ce que j’essaie de dire c’est que l’absence de défense de « la politique qu’il faudrait » au niveau national est un frein à « la politique qu’il faudrait » au niveau local qui doit se conformer aux directives nationales.

  3. Je n'ai pas suivi en détail ce qui s'est passé à Cochabamba mais ce n'est pas ce qui peut remplacer l'abandon de Kyoto. Pour le reste, l'Amérique latine est effectivement encourageante, notamment parce que ces pays reviennent de loin et gardent une marge de progrès importante par rapport à nous (ils nous font de plus en plus concurrence) mais ils devront faire face eux aussi aux pénuries dans une vingtaine d'années, le développement du Brésil notamment y participant (mais surtout la Chine, l'Inde, l'Indonésie, etc., encore plus peuplés). Si on s'y prenait maintenant pour réorienter le développement, on aurait sans doute les moyens de s'en sortir mais ce n'est pas le cas. Ce n'est pas forcément foutu pour toujours. Il suffit d'une bonne augmentation du baril de pétrole pour que ce soit la panique et qu'on change notre fusil d'épaule, mais pour l'instant, je trouve les perspectives bien sombres alors qu'on vit encore comme si de rien n'était.

    • Je n'ai pas accès à l'article lui-même donc je me trompe peut-être mais je crois que si on lit bien ce qui est dit, on devrait effectivement atteindre le point de non retour bientôt, situé à l'utilisation de 50% des surfaces disponibles. Ensuite l'effondrement devrait être rapide, mais rapide par rapport aux temps géologiques car il faut quand même du temps pour que la calotte glaciaire fonde.

      Il est certain que les 50 prochaines années sont décisives (basculement, pic de la population, pénurie de ressources) mais je ne crois pas que l'effondrement écologique puisse être aussi immédiat qu'un effondrement économique. Je me trompe peut-être.

      Je ne veux pas en tout cas noircir un tableau qui me semble déjà assez sombre au regard de notre impuissance à changer la donne. Lorsque je me suis intéressé au climat j'ai eu tendance à en faire trop avant de m'apercevoir que le pire sera tout de même selon toute probabilité au-delà du siècle même si on aura des problèmes avant (dès maintenant). Le pic de la population, par contre, c'est avant la fin du siècle, la temporalité n'est pas la même que pour le climat ou même l'effondrement des écosystèmes qui commenceront alors que la population devrait commencer à décroître.

      Tout cela reste très hypothétique, notre capacité à prédire l'avenir restant trop aléatoire pour s'imposer aux politiques, c'est le problème et il est cognitif. Heureusement, on progresse dans la connaissance des désastres que nous produisons nous-mêmes...

  4. Et si on essayait quand même de fonder un nouveau communisme, démocratique celui-là, basé par exemple sur l'exemple de la Commune de Paris, la démocratie directe.

    http://www.archyves.net/html/Blog/wp-content/uploads/2012/07/Expulsion-ruedeChantilly10juillet-6-archyves.jpg

    "Ils ne savaient pas que c'était impossible, alors ils l'ont fait" (Mark Twain)

    Ils nous faut sortir du capitalisme au plus vite, c'est une simple question de survie de l'humanité. Toute structure faite par l'Homme (l'espèce, pas la mâle humain) peut être d"faite par l'Homme et remplacée par une autre.

    Se recroqueviller sur le local ne servira à rien car, après l'effondrement, il y aura pillages, massacres, guerres civiles et bain de sang généralisé, et les urbains affamés viendront voir si dans ce qui reste des campagnes il n'y a pas quelque chose à becqueter.

    Sortir du capitalisme est notre seule chance, car sinon, il n'y aura plus qu'à se pendre quand le monde sera trop moche.

    • Voilà l'exemple même de parler pour ne rien dire et faire comme si on n'avait aucune expérience depuis la commune de Paris (qui était d'ailleurs un communalisme fédéraliste). Pour sortir du capitalisme, c'est la porte au fond à droite et vous pouvez être sûr que tous les peuples du monde entier vont vous suivre dans ce remake passé de mode, surtout les anciens pays communistes (les Chinois auront du mal, ils sont encore communistes paraît-il). Ce que dit mon article, c'est qu'il faut arrêter avec ces conneries et croire que l'impossible n'existe pas parce qu'on est tellement plus fort que la réalité alors qu'en réalité on ne représente rien du tout et on est si faible que même le possible est hors de notre portée. L'idée aussi que toute structure faite par l'homme peut être défaite par l'homme fait partie des illusions que pouvait avoir Marx mais qui est absolument fausse comme l'expérience l'a démontré. Il y a des contraintes matérielles et sociales qu'on ne peut ignorer (depuis le temps quand même, ce n'est pas la première génération qui croit à ces conneries). Non, on n'y arrivera pas, sauf peut-être au moment de la catastrophe car il ne suffit pas que notre survie soit en jeu, il faut qu'on n'ait plus le choix. Plutôt que de continuer à rêver ainsi, il faut s'attendre au pire comme en Grèce (ils sont cons, ces Grecs, pourquoi ils ne votent pas communiste?).

      Il ne s'agit pas de se recroqueviller sur le local mais d'assurer nos bases. La relocalisation est un projet global. Si cela n'a lieu que dans un petit village, c'est complètement inutile sauf aux habitants du village mais je sais bien que ce n'est guère convaincant et qu'on préfère croire au paradis et gonfler ses muscles (le capitalisme n'a qu'à bien se tenir!). Il y a quand même un tout petit peu plus de chances de changer le monde par le bas, petit à petit, par contagion que de voir le monde entier se convertir à un tout autre système, mais il ne s'agit pas la non plus de fanfaronner. Nos moyens sont disproportionnées au problème, nous ne sommes pas les maîtres du monde, il vaut mieux organiser localement la survie car, de toutes façons, la nécessaire relocalisation ne peut se décider d'en haut, on ne peut négliger l'échelon local en invoquant un deus ex machina qui ne viendra pas...

      Evidemment, ça fait chier de dire tout cela. Moi aussi je préférerais croire que tout va s'arranger. J'ai même du mal à me convaincre du contraire mais les nouvelles ne sont pas bonnes du tout et ne vont absolument pas dans le sens d'une sortie du capitalisme ou d'une simplicité volontaire à laquelle tous les pauvres de la terre qui aspirent à une vie meilleure se convertiraient soudain, car ce n'est pas ici le coeur du problème mais principalement en Asie et en Afrique. J'ai cru qu'on pourrait s'en sortir mais on n'en prend absolument pas le chemin et le pic de la population n'est plus si loin qu'on aurait le temps de voir venir.

  5. Plutôt qu'une révolution se traduisant par un "grand soir" je verrais davantage des changements suivant le principe de percolation. Des changements au niveau local qui se développent un peu partout "dans l'ombre" de la société marchande et qui petit à petit vont s'étendre et, passé un effet seuil, devenir majoritaires. Il y a très peu de choses écrites sur la percolation, je vous conseille cet article http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/de-l-utopie-a-la-realisation-98046
    Depuis que je l'ai lu j'ai cette idée en tête, et au fur et à mesure que j'avance dans ma réflexion je trouve que c'est ce qu'il y a de plus vraisemblable pour construire un autre monde.

    • Je suis assez d'accord avec l'idée de percolation bien que cela reste une notion floue et un peu magique. Le rôle du local ici n'est pas seulement l'idée de partir de la base mais qu'il faut relocaliser pour équilibrer la globalisation (il me faut renvoyer ici à mes propositions : revenu garanti, coopératives municipales et monnaies locales). C'est sûr que le seul intérêt, c'est que se généralise un nouveau système de production, ce que je compare aux villes franches du Moyen-Âge à partir desquelles le système marchand a pris le pas sur le féodalisme. Ce n'est pas par pure sympathie cependant qu'une telle contagion peut se produire mais parce que ça marche, qu'il y a une dynamique interne.

      Olivier ci-dessous a raison sur un point, il ne semble pas qu'on ait le temps pour cela, mais cela reste je crois la seule chose à faire, non pas pour sauver le monde, on n'en a pas les moyens, mais pour atténuer localement les effets dévastateurs d'une crise globale.

  6. Franchement, changer le monde petit à petit, en commençant par le local, il faudrait des siècles pour y arriver, si ça marche ! Le capitalisme sait très bien s’accommoder d'alternatives locales et underground, ça fait des dizaines d'années que des communautés "en-dehors" existent, sans problème pour le système en place. Ça peut durer longtemps comme ça, mais nous n'avons plus le temps d'attendre, vingt ou trente ans peut-être avant que tous les caps de non-retour ne soient franchis. La destruction physique des éco-systèmes et des équilibres planétaires est trop rapide et, si on continue comme ça, l'humanité n'existera plus à la fin de CE siècle.

    Vous êtes au moins aussi utopiste que moi monsieur Zin.

    Merci aussi de rester poli, dire aux gens qui prennent la peine d'intervenir sur votre article (ce qui est un signe d'intérêt) qu'ils parlent pour ne rien dire, c'est insultant.

    Le capitalisme, depuis les années 1980 (et sa phase "ultra"), a entamé une guerre totale d'extermination de tout ce qui bouge (nous compris) pour que l'oligarchie cumule le max de fric possible. Hors de question de les laisser nous génocider sans réagir.

    Les luttes que l'on ne mène pas sont perdues d'avance.

    La résignation est un suicide quotidien.

    Si je suis votre démarche, je me jette du haut d'une falaise oi je me pends à un réverbère. Désolé, je vais essayer de me battre avant.

    • D'abord, une des raisons pour lesquelles je me suis éloigné de tous les cercles intellectuels, c'est que, oui, tout désaccord intellectuel revient à traiter l'autre d'imbécile, même avec ceux qui prônent les "désaccords féconds". C'est insupportable mais c'est comme ça et ce pourquoi on préfère en général être avec des gens qui pensent comme soi (moi comme personne ne pense comme moi je suis tout seul!). Sur mon blog je pense pouvoir traiter d'imbécile la terre entière sans que cela ne nuise à personne mais, bien sûr, je m'excuse de blesser quiconque par ce que j'écris dans mon coin.

      Je maintiens, donc, que parler de sortir du capitalisme, ce n'est que de la parlote. Moi, j'ai essayé de travailler la question pendant assez longtemps et je suis arrivé à des dispositifs concrets qui sont destinés à une véritable sortie du capitalisme qui ne soit pas juste un capitalisme d'Etat mais j'avoue qu'on n'a effectivement pas le temps et que ce n'est pas ce qui nous sauvera de la catastrophe écologique car rien ne nous en sauvera. Y croire me semble aberrant devant la simple réalité. Je me demande comment on peut s'aveugler à ce point mais je sais que j'y ai cru moi-même (tout comme je croyais en Dieu quand j'étais petit).

      Il ne sert absolument à rien de s'agiter. C'est ce que je dénonce dans l'article. Cela ne changera absolument rien, surtout à s'imaginer refaire la Commune. Les raisons pour y croire sont nulles sauf à croire à des explications simplistes où il suffirait de couper quelques têtes. Je ne crois pas du tout pour ma part que ce qui nous arrive soit la faute d'une oligarchie (bien qu'on soit dans une oligarchie) mais d'un système sur lequel on a peu de prise alors même qu'on y participe activement. Certes, on peut vouloir se suicider à ne pouvoir atteindre notre impossible idéal mais je crois plutôt que le suicide est une affaire hormonale et que même dans les pires situations on peut toujours profiter du temps qu'il nous reste. Il a fallu survivre dans les camps comme dans la résistance et ce n'était pas parce que la situation n'était pas désespérée, si on n'acceptait de vivre qu'au paradis, on ne serait pas là !

      Si on n'a rien de mieux à faire que se battre contre des moulins, pourquoi pas mais je crois que construire des alternatives locales est quand même plus intéressant, même si cela ne nous sauve pas ni ne réalise le paradis sur terre. Ce n'est certes pas ce qui pourra effrayer le capitalisme et les marchés financiers, rien ne le pourra, mais je ne défend pas du tout un exil hors de la société dans des communautés alternatives (j'ai connu). Je défends des alternatives municipales, ce qui est plus utopique mais peut être un peu moins vain, en tout cas plus politique et universalisable mais au vu des tendances actuelles, je suis bien d'accord que ce n'est pas ce qui va nous sauver alors que tout ce joue dans les 50 ans à venir. Je suis par contre absolument certain qu'aucun groupuscule gauchiste ne nous sauvera non plus, pas plus qu'un dieu, un César ou quelque héros révolutionnaire. Et je redis que ça me fait chier de ne pas voir d'issue, ce sont les nouvelles qui ne sont pas bonnes, j'en espèrerais de meilleures...

    • "Désolé, je vais essayer de me battre avant."
      Olivier, je comprends votre point de vue que je partage en partie. Mais concrètement, comment on se bat ? Comment on agit pour changer les choses à grande échelle ? Vous, comment vous vous y prenez ? (je ne juge pas hein, je demande)
      Moi aussi je voudrais croire que le monde puisse changer radicalement rapidement. Je veux me battre autant que possible. Mais malheureusement comme le dit Jean Zin les nouvelles ne sont pas bonnes. Alors essayer de faire quelque chose au niveau local, pourquoi pas ? Ça n'empêche pas de se battre à de plus grandes échelles, et ça ne veut pas dire s'enfermer dans son coin. C'est réaliser dès aujourd'hui des "petits bouts de socialisme" comme dit Paul Ariès. Qui puissent faire école. Et si ça se propage, ce serait effectivement comme le dit Jean Zin dans sa réponse à mon commentaire sur la percolation, parce que ça marche, parce qu'il y a une dynamique interne.
      Je me dis que gagner la bataille des idées c'est important et c'est bien. Mais une fois qu'on a convaincu les gens, on fait quoi ? Et si on montrait vraiment comment ça pourrait marcher ? J'ai espoir dans ces initiatives qui commencent à fleurir, elles montrent le chemin. Lorsque les dinosaures ont disparu, ceux qui ont survécu ce sont les petits mammifères, qui s'étaient développés discrètement, dans l'ombre des dinosaures. Espérons que, si le système s’effondre, tout le réseau d'initiatives qui se sera développé dans son ombre fasse germer un nouveau monde.
      Et regardons attentivement ce qui se passe en Amérique Latine.
      Je vous mets un lien : http://www.les-elections-presidentielles-2012.com/VideoDetail/xrzl3h--Hugo-Chavez-Ce-monde-est-a-l-envers-ton-monde-celui-auquel-tu-appartiens

      • Bonsoir Emmanuelle,

        Je n'ai pas "la" solution évidemment, je soutiens les initiatives locales et concrètes, mais elles ne suffiront pas, et au final, quand la planète sera un désert à la fin de ce siècle et l'humanité disparue, ça n'aura servi à rien, et nous n'aurons même pas essayé de sortir de l'impasse. Croire en l'impasse indépassable du capitalisme, c'est concrétiser l'impasse indépassable, c'est une prophétie auto-réalisatrice comme on dit.

        Si on veut trouver une porte de sortie, encore faut-il la chercher.

        Ne pas cracher sur les expériences passées comme un ado de 15 ans, elles sont à re-situer dans leur contexte historique, mais elles ont encore une part toujours d'actualité.

        Alors oui, Commune, 1917, Front pop', grèves générales, tout n'est pas à jeter et il y a sûrement, espérons le, aussi un peu de notre avenir là-dedans, sinon, nous n'aurons comme perspective qu'une avalanche de misères et de sang car l'extinction de l'espèce humaine en quelques dizaines d'années ne se passera pas proprement, les heures les plus monstrueuses de l'histoire sont potentiellement devant-nous.

        Alors basta la résignation, envisager la possibilité sérieuse et concrète de sortir du capitalisme, c'est déjà le commencer.

        • On ne peut vraiment pas dire que je n'ai pas cherché comment concrètement "sortir du capîtalisme" comme s'appelle cet article :
          http://jeanzin.fr/2010/01/26/sortir-du-capitalisme/

          J'en ai écrit une ribambelle sur le sujet, car il faut comprendre ce qu'est un système de production, mais on ne peut pas faire comme si le communisme n'avait pas échoué partout après avoir dominé le monde. Je revendique une tradition révolutionnaire dont on est les héritiers mais pas comme si l'histoire ne nous avait rien appris. Il me semble normal d'avoir cru au communisme et à la collectivisation des moyens de production. il ne me semble pas normal d'y croire encore expérience faite. Ce qui est d'actualité, c'est l'horreur que cela a produit. On n'est effectivement plus au temps de la Commune ou de 1917 et les circonstances ont effectivement une grande importance, notamment la guerre sans lesquelles ces événements n'auraient pas eu lieu. Ces grands mouvements sont aussi liés à l'industrie qui n'est plus qu'un souvenir. C'est bien d'être fidèle à son passé mais il faut quand même évoluer un peu. C'est d'ailleurs la base du matérialisme marxiste, la transformation des forces productives et leur contradiction avec les rapports de production. Reprendre de vieux catéchismes n'a aucun sens. L'écologie apporte en politique plusieurs nouveautés dont la décentralisation et la diversité à l'opposé du centralisme "démocratique".

          Il faut être réaliste dans les solutions comme dans les diagnostics et ne pas aller aux extrêmes en prétendant que l'humanité disparaîtrait alors que ce ne sont que des populations qui disparaîtront mais si on peut aller sur Mars, on peut vivre sur la Terre la plus pourrie. Le plus dangereux sans doute, mais qui règlerait d'une certain façon la question, ce sont les biotechnologies qui me semblent la plus grande menace sur le monde.

          Parler de tout cela, c'est déjà parler pour ne rien dire car nos soucis sont plus immédiats de défense de notre pouvoir d'achat et des services publics, du prix de l'essence et des impôts, de la dette européenne et des prestations sociales, etc. Pour le grand soir, on peut repasser, et heureusement !

          Il n'y a aucune résignation dans ce que je dis, tout au plus de la stratégie. Ceux qui veulent affronter un ennemi infiniment supérieur et offrir leur poitrine aux canons ne font pas de vieux os et ne servent tout simplement à rien qu'à gâcher une énergie qui serait plus utile ailleurs.

  7. Que conseillez-vous alors ? Le gaz ? Problème : on risque de faire sauter les voisins. La pendaison ? Aïe, ça fait mal. Sauter dans le vide ? Ça fait mal aussi ! Avaler des litrons de pinard + une bonne pilule et s'endormir tranquillement sans se réveiller ? Puisque tout est foutu, en quelle année franchir le grand pas ? Suicide individuel tout seul dans son coin ? Pourquoi pas un suicide collectif ? Médiatisé ou non ?

    • J'ai répondu très précisément à la question. Certains se sont suicidés lors de la montée du nazisme, il y avait des raisons (comme lorsque la Commune s'est fait écraser) mais cela ne servait à rien. Les alternatives locales ne vont pas changer le monde d'un seul coup (pas plus que la sécurité sociale ou la retraite) mais c'est quand même plus exaltant que de se suicider, même si le monde devient de plus en plus difficile à vivre (mais avec plus de solidarité locale). On en a vu d'autres (si on a évolué, c'est qu'on a failli disparaître plusieurs fois, ne restant qu'un tout petit nombre). Que le monde aille à sa perte n'est pas un argument pour précipiter notre propre disparition, ni pour s'imaginer qu'on l'empêchera à soi tout seul ou à un petit groupe de fanatiques. Bien sûr, s'il y a une opportunité d'éviter le pire, il faut sauter dessus mais c'est quand même mieux d'être lucide et de ne pas se raconter d'histoires.

  8. "je crois plutôt que le suicide est une affaire hormonale"

    Qu'est ce qu'une affaire hormonale, si vous pouviez en dire plus. Origines, causes, pas que l’ADN, ça éviterait de voir un serpent se mordre la queue sans fin. AMH une affaire hormonale n'est pas isolée en tant qu'affaire de cause ultime.

  9. "Il y a tout un travail intellectuel à faire pour comprendre le réel, et non pas flatter les militants avec ce qu’ils veulent entendre"
    Vous faites allusion à la philosophie de l'information, j’imagine?
    Vous touchez là à un des ressorts principaux qui ont sans doute concouru à notre survie, celui d'être capable de faire corps, notre aptitude au parti-pris, à se relier organiquement qui se retrouve aussi dans la religion (religere, relier). Pour avancer dans une philosophie de l'information, il me semble indispensable de ne pas oublier notre besoin impérieux d'avoir une place dans le groupe, de ne pas se faire exclure. L'acceptation profonde de s'engager sur le chemin d'une philosophie de l'information requiert au préalable un minimum de sécurité concernant notre place dans le collectif. Il nous faut être rassuré que nous ne suivrons pas le sort du poète qui dit la vérité, comme dit la chanson.
    Si Endenburg a pu un tant soit peu favoriser une pratique de l'information, c'est qu'il a pensé à protéger l'objecteur et même à ritualiser de façon positive l'objection.

    • Je suis tout-à-fait d'accord sur l'importance de la pensée de groupe et du besoin de reconnaissance comme d'appartenance à une tradition mais justement, religion ne vient pas de religere, invention des chrétiens, mais de relegere, une religion à l'époque romaine n'étant qu'une tradition, légitime en tant que telle, ce dont on a hérité (qu'on n'a pas inventé) et qu'on ne se permet pas de remettre en question mais dont on exécute religieusement les rites, ce qui donne une haute idée de notre merveilleuse intelligence... On peut d'ailleurs faire remonter la tradition révolutionnaire aux premiers juifs et premiers chrétiens.

      • La forme de cohésion bornée est celle à laquelle on s'expose faute d'avoir pensé à protéger l'objecteur. Le pouvoir s'arrange très bien avec ce type de cohésion. On a facilement un renforcement entre le pouvoir et le besoin de sécurité individuel. Donc combiner la nécessité du groupe avec une philosophie de l'information ne s'improvise pas. L'intelligence est aussi une question de permission.

      • Dans le série, comment protéger la parole iconoclaste dans un groupe,
        Christian Morel qui publie "Les décisions absurdes, comment les éviter":
        http://christian.morel5.perso.sfr.fr/
        apporte sa contribution à une meilleure prise en compte de l'information qui conditionne les prises de décisions contraintes par le groupe.
        Une des façons de limiter les décisions absurdes: la figure protégée de l'avocat du diable ou du fou du roi.

  10. Je ne vois vraiment pas ce qui pourrait empêcher un gouvernement qui le voudrait réellement de mener une politique au service du plus grand nombre, c'est à dire des travailleurs. Quelles que puissent être les difficultés à surmonter, s'il est possible à un tout petit nombre de mener le monde selon ses intérêts immédiats, il devrait être possible à un grand nombre de le faire avec moins d'opposition.

    Pourquoi opposer des caricatures plutôt que d'envisager cette chose simple et d'ailleurs à terme quasiment inévitable. Ce n'est pas parce que la démocratie est réduite aujourd'hui à un système représentatif faussé qui permet le maintien d'une oligarchie, qu'elle n'est pas possible.

    Personnellement je suis optimiste. Plus çà va mal, plus l'humanité aura fait l'expérience de toutes les erreurs possibles, plus elle approchera d'une solution démocratique et d'un développement durable. C'est une question de temps, mais le temps de l'histoire c'est celui des décennies et plus encore des siècles. Ce n'est pas celui de la vie humaine et encore moins celui de nos impatiences.

    • Je suis assez d'accord sur le dernier paragraphe. En bon hégélien, je suis un optimiste du long terme mais on n'a pas tout le temps, c'est la différence avec le point de vue divin. C'est une caricature de prétendre que je ne laisserais aucun espoir d'en déplacer seulement le niveau. Ce n'est pas parce qu'on ne peut pas tout qu'on ne peut rien mais croire qu'on peut plus que ce qui est possible ne mène à rien. Il faut apprendre de l'histoire, ne pas s'acharner à persister dans l'échec, mais il faut surtout apprendre à changer de point de vue.

      Ainsi, on se trompe sur la démocratie de même qu'on se trompe sur ce qui serait une politique favorable au plus grand nombre. Ce n'est pas sans forte raison que "la loi d'airain de l'oligarchie" se vérifie à chaque fois, c'est parce que lorsque la politique est trop favorable au grand nombre comme en 1968, cela produit l'effet inverse, la stagflation puis la réaction néolibérale dont les excès provoquent la réaction contraire. Il y a des cycles et non pas le passage de l'enfer au paradis.

      Il n'y a pas non plus une volonté générale de la population, un grand nombre qui saurait où est son intérêt, la vérité n'est pas si transparente, nous ne sommes pas si intelligents, nous n'avons pas assez d'informations pour décider en toute connaissance de cause.

      L'économie et ses processus matériels ne sont pas si facilement domptables. Tout cela s'analyse, tout comme les raisons de l'échec du communisme et son impossibilité d'être démocratique (sauf au Kérala avant mais ce n'était pas vraiment du communisme et sûrement le mieux qu'on peut). En fait, on pourrait comparer aux vérités scientifiques qui restent éternelles, en un sens, mais changent de signification avec les changements de paradigme scientifique.

      Toutes ces questions sont très fumeuses et pétries d'idéologie alors que ramener la question au local et à nos rapports avec nos voisins permet de revenir à plus de modestie. On peut incontestablement améliorer les choses mais il n'y a pas de quoi rêver. Au niveau national, je suis persuadé de la nécessité d'un revenu garanti et qu'il finira par s'imposer mais c'est hélas un fait qu'il n'a aucune chance de s'imposer à court terme n'ayant aucun soutien dans les partis et encore moins dans la population, comme toujours, on se trompe de guerre en croyant refaire la dernière, jusqu'à s'imaginer désirable de revenir à l'ère industrielle ! La vérité finit toujours par gagner mais seulement une fois qu'on a épuisé toutes les erreurs possibles, toutes les facilités qui permettaient de nous éviter de changer et de renoncer à nos fantasmes infantins...

  11. Excusez-moi mais rien ne m’agace plus que le repli sur la communauté, les voisins et plus encore les « minorités ». Le rapport de Terra nova qui prône de cette façon le contournement des questions de classe montre bien que cela sert la social-démocratie. On est alors d’autant plus offensif sur les questions sociétales qu’on renonce à toute remise en cause des dominations économiques. C’est tout le secret de cette urgence actuelle à lutter contre des discriminations plus ou moins imaginaires et pour une égalité sans contenu (par exemple celle du mariage homosexuel dont il est devenu criminel de rire !) alors que par ailleurs les inégalités réelles (les inégalités de classes) se creusent comme jamais.

    L’urgence pour moi, c’est de prendre le contre-pied de tout cela et d’utiliser les gros mots, ceux qui fâchent, les mots que les gens biens taxent de populistes : comme les mots de « classe », de « travailleurs » de «bourgeois » de capitalistes, d’exploiteurs, de monopoles capitalistes etc.

  12. On sent la pensée carrée qui ne s'encombre pas de subtilités ni des évolutions de la production mais il n'y a rien de sociétal dans ce que je dis et je critique moi aussi la réduction de la gauche au sociétal, ce qui témoigne simplement de son impuissance économique. Les classes existent toujours, cela dépend des définitions qu'on leur donne, mais au sens marxiste c'est très précisément le salariat industriel contre les capitalistes propriétaires de moyens de production. Or le salariat est appelé à disparaître avec la disparition de l'industrie, les questions se posant de toute autre manière dans le travail immatériel et les services. Je ne peux reprendre ici toutes les analyses sur l'avenir du travail qu'on trouvera ailleurs sur ce blog (j'en ai même fait un livre pdf) mais il ne suffit pas de gros mots ni d'invoquer les travailleurs avec des trémolos dans la voix ou fustiger les méchants capitalistes.

    Contrairement à Terra Nova, je fais des plus pauvres dépourvus de tout (prolétaires) la priorité d'une politique de gauche, notamment par un revenu garanti à tous, et des questions économiques et sociales une priorité sur les questions sociétales (qui sont importantes aussi mais moins discriminantes entre la droite libérale et la gauche), simplement je suis aussi écologiste et ne réduit pas cela à une question quantitative mais à l'accès à l'autonomie réelle pour les travailleurs et la sortie du salariat au lieu d'entretenir le capitalisme dans une guéguerre des salariés contre ceux qui les emploient (ce à quoi on est contraint pour l'instant, ce qui n'est pas une raison pour le valoriser, travailler pour des capitalistes - et être licencié quand ça les arrange - est idiot quand on n'y est pas obligé). Il s'agit de construire par la base un nouveau système de production pas de gagner quelques points et continuer à participer au productivisme capitaliste.

    Je ne prône bien sûr aucun repli sur la communauté, tout au contraire je défends une démarche politique et municipale, c'est même ce qui me différencie le plus sans doute, et aucun repli sur le local mais seulement l'organisation de l'économie locale et de la vie commune, notre vie quotidienne. C'est justement parce que ce n'est pas un repli communautaire mais une politique municipale qu'il faut faire avec les habitants de la commune tels qu'ils sont, et donc nos voisins qu'on n'a pas choisi et avec lesquels il faut vivre, ce qui ramène sur terre les utopies abstraites.

    Le point sur lequel notre désaccord est sans doute le plus grand, c'est que je suis absolument opposé à la démocratie majoritaire et considère comme vital de penser la démocratie comme une démocratie des minorités qui ne sont pas obligés de vivre ni de penser pareil. Bien sûr, cela détruit l'illusion d'une majorité qui saurait très bien où est son intérêt qui serait de distribuer l'argent des riches au pauvre et de faire une politique qui soit favorable au grand nombre supposé avoir les mêmes intérêts, sauf que ce qu'on récolte, ce sont des démagogues qui continuent d'enrichir les riches. C'est un des principaux apports de l'écologie en politique, je le répète, de valoriser la diversité. Il n'y a pas seulement 2 classes, les exploiteurs et les exploités, ce serait si simple en effet, à ne pas comprendre pourquoi le monde est si différent et compliqué...

  13. "Je ne prône bien sûr aucun repli sur la communauté, tout au contraire je défends une démarche politique et municipale, c’est même ce qui me différencie le plus sans doute, et aucun repli sur le local mais seulement l’organisation de l’économie locale et de la vie commune, notre vie quotidienne. C’est justement parce que ce n’est pas un repli communautaire mais une politique municipale qu’il faut faire avec les habitants de la commune tels qu’ils sont, et donc nos voisins qu’on n’a pas choisi et avec lesquels il faut vivre, ce qui ramène sur terre les utopies abstraites."
    Je suis exactement sur cette longueur d'onde et ça ne date pas d'aujourd'hui, mais du début des années 90, bien avant que je fasse votre découverte:
    http://solidariteliberale.hautetfort.com/historique-de-l-etat-providence-participatif.html
    Quand bien même mes premiers textes sur le sujet étaient très naïfs, il n’empêche qu'ils ont directement été centrés sur cette démarche que vous défendez: du local appuyé par des institutions (au sens large, cad une co-élaboration, une validation et une consolidation légale des règles du jeu).
    Je n'ai pas abouti exactement à votre proposition municipale, mais elle s'inscrit naturellement dans le cadre politique que j'ai tenté de définir:
    http://solidariteliberale.hautetfort.com/archive/2005/04/29/le-contrat-de-travail-mixte-co.html
    J'attire l'attention sur un petit point de divergence. Votre coopérative municipale peut devenir stigmatisante, les bons dans le marché et les nuls dans la coopérative municipale. De ce point de vue, je crois avoir évité cet écueil, sans doute au prix d'autres inconvénients.

  14. Parvenir à un ressenti proche de ce que dit Jean ZIN est sans doute l'étape indispensable permettant de motiver pour relocaliser.Ne plus se faire d'illusions.Percevoir clairement qu'il n'y aura pas de solutions , que le système est condamné et que même s'il est nécessaire d'assumer le quotidien en gérant ce qui nous arrive , la seule opportunité restante est de rebâtir au local selon une méthodologie participative démocratique.

    L'échelon local .pourrait s'aborder dans le cadre des politiques régionales d'aménagement et développement des territoires ; il s'agirait de lancer et soutenir des expérimentations impliquant les acteurs locaux d'un territoire donné ,dans un processus d'expérimentation de relocalisation.Le caractère expérimental permet une approche non partisanne , assez neutre pour fédérer des acteurs divers. Le processus serait piloté par une communauté de communes ou un syndicat Mixte de pays , ce comité de pilotage étant largement ouvert à la participation et mobilisation de la société civile , des divers acteurs locaux et d'autres associés ; le cadre et les actions s'autoconstruisant d'en bas ; la reconnaissance officielle , le fait que les élus locaux et régionaux soient partie prenante de l'expérimentation ,lui donnerait des moyens et une dimension significative.( les régions et l'Europe peuvent financer ces processus)

    Ce qui coince pour l'instant c'est que la population tout comme les élus n'ont pas du tout intégré cette conception de citoyenneté active ne se contentant pas de voter . Les élus notamment ont pris de très mauvaises habitiude oligarchique et voient d'un très mauvais oeil de se trouver à égalité avec la société civile ; il est plus confortable , plus valorisant , plus payant d'être en représentation et de délivrer la bonne parole que de travailler d'égal à égal avec les citoyens. Côté citoyen c'est beaucoup plus facile de voter et critiquer , que devenir soi même acteur. Il faudra donc bien tout le ressenti de Jean Zin pour motiver à un effort collectif d'imagination.

    La tâche est hardue mais pas complètement utopiste ; il suffit que le processsus s'enclanche ici où là et se labelise en quelque sorte pour que par effet boule de neige , si la situation générale s'empire , ce type de démarche se généralise.

    Les élus régionaux , du moins une partie d'entre eux commencent à voir la nécessité de telles démarches .

  15. La démocratie territoriale au sens de la réunion des acteurs d'un même territoire identifié pour l'aménager et le développer en prenant en compte les enjeux globaux , est un anti système ; anti système politique puisque qu'il ne s'agit pas de gérer en oligarchie mais d'analyser et planifier ensemble, anti système économique puisque c'est le territoire global et ses acteurs qui est considéré comme une ressource.
    Mécaniquement les réflexions et actions qui sortiront de ces travaux utiliseront les outils coopératifs,les monnaies locales et un revenu individuel permettant la rupture avec la compétitivité.

  16. Il s'agit bien d'un territoire ,c'est à dire une entité complète rurale /urbaine permettant des marges de manoeuvres globales et non d'une grande ville ou d'un quartier ; l'urbanisation empêche toute approche globale parce que la ville n'a pas de ressources alimentaires , pas de ressources forestières etc et reste entièrement dépendante du système global , en quelque sorte son aboutissement.Le champ d'action reste donc limité et assez contraint.

  17. Comme la majorité de la population mondiale est dans les grandes villes, il serait absurde de les exclure de la relocalisation qui y est aussi nécessaire et même plus facilement car en plus concentré.

    Reste que je ne conteste pas à Lemoine l'importance de la lutte des classes et que c'est une illusion de croire faire du local le lieu d'un consensus alors que les intérêts s'y opposent comme ailleurs. La démocratie est conflictuelle et dépend de rapports de force. Ce qui n'est pas un argument pour négliger cet échelon local qui est vital et privilégier des luttes nationales pourtant pas aussi décisives qu'on le prétend bien qu'elles soient plus massives.

  18. Dans mon esprit l'aménagement des territoires comprend un volet de repeuplement nourri par des habitants de très grandes villes en situation de sans issue ; il ne s'agit pas d'exclure ; reconnaître le fait urbain n'est pas forcémment reconnaître son bien fondé ; la ville au sens moderne du terme est le résultat de la délocalisation , vouloir y expérimenter une relocalisation me semble paradoxal ; tout comme l'histoire des jardins , abeilles et éoliennes urbaines .

    Le rural n'est pas synonyme d'apaisement et concensus : "les intérêts s’y opposent comme ailleurs" ;

  19. La ville, c'est la civilisation et je suis un altermondialiste plus qu'antimondialiste, la relocalisation étant nécessaire pour équilibrer la globalisation mais je n'ai aucun goût pour les querelles de clocher et ne supporterais pas d'avoir un horizon limité à mon petit village (où c'est pas triste les histoires de voisinage justement). Je ne suis pas pour un retour à l'époque agraire et une écologie tournée vers le passé mais pour un dépassement du productivisme industriel dans l'ère du numérique, une écologie tournée vers notre avenir effectif.

    Je ne peux pas dire que je sois insensible au retour à la terre puisque je suis parti à la campagne (mais pas pour travailler la terre, pour faire de l'informatique!). En tout cas, si je croyais moi aussi qu'il serait souhaitable pour une vie plus saine que les habitants des villes viennent vivre à la campagne, il semble que ce soit devenu impossible, nous sommes trop nombreux et les villes optimisent les services et réduisent les nuisances (paraît-il, cela dépend où j'imagine, d'autres mettent sur le dos des gigapoles les pires nuisances écologiques, il y a évidemment accumulation locale mais nous sommes devenus aussi très nombreux). Je trouvais tout aussi absurde de produire de la nourriture en ville avant d'étudier la question d'un peu plus près. Il n'est pas si absurde qu'une chose soit pénétrée de son contraire, qu'il y ait un peu de campagne en ville comme il y a un peu de ville à la campagne. En écologie, comme dans le local, il ne s'agit pas d'idées abstraites mais des réalités locales. Il faut partir du réel pour l'améliorer et de l'avenir tel qu'il se dessine pas tel qu'on le rêve. L'écologie, ce n'est pas construire un monde artificiel, c'est prendre soin de l'existant et multiplier les façons de faire (que cent fleurs s'épanouissent) mais de faire avec ce qu'il y a (et les gens tels qu'ils sont).

  20. « Il faut partir du réel pour l’améliorer »
    C’est un peu antinomique avec votre article ….. Le « réel » tel qu’il se construit nous mène , quand même ! Dans le mur …Et la difficulté qu’on a c’est justement de s’en dépêtrer !
    La relocalisation ne peut pas s’appuyer sur la ville au sens moderne du terme qui est un produit de la délocalisation. Je ne suis pas anti villes mais dans la mesure où elles reposent sur un bassin de vie pouvant les irriguer en nourriture , énergie , matériaux etc qu’elles forment un territoire ; la très /trop grande ville est bâtie sur l’industrie et la concentration , ce qui justement risque de décroître dans l’avenir …Le monde des diversités que vous défendez n’est pas celui des immenses cités , mais ne peut se bâtir que dans un milieu urbain /rural inventant un autre mode de vie , de production….
    Je suis persuadé que le réaménagement des territoires et la déconcentration urbaine est vers où il serait utile d’aller .
    Il faut prendre « les gens tels qu’ils sont » certes ! Comment faire autrement ! Quoique parfois c’est loin d’être évident ! Et la réalité telle qu’elle est , bien sûr ! Mais si cette réalité nous mène dans le mur ?
    S’ « il ne faut pas surestimer nos moyens » , il n’est pas interdit de faire l’analyse de la situation et de proposer des expériences « alter» ; moi aussi je ne suis pas anti mais alter , pour un monde des diversités ; les très / trop grandes villes ne sont pas l’avenir de l’homme. En tous cas pas le mien .

    • Il faut prendre « les gens tels qu’ils sont » certes ! Comment faire autrement ! Quoique parfois c’est loin d’être évident ! Et la réalité telle qu’elle est , bien sûr ! Mais si cette réalité nous mène dans le mur ?

      Le blème, c'est que la réalité nous nous la cachons souvent entre 2 chocs. Tout comme les gens, la réalité ne nous mène pas dans le mur, c'est l'ignorance, le refus de cette réalité qui fait bobo. Pourtant, la réalité est là présente à tous moments, telle une limace que l'on touche.

    • Mais oui, la réalité, c'est qu'on va dans le mur et qu'on n'a pas les moyens de l'éviter, tout comme on n'avait pas les moyens en 1939 d'éviter la guerre. Ceux qui l'ont cru, les pacifistes d'alors comme Paulhan ont reconnu leur erreur fatale. Il faut donc se préparer au pire et faire ce qu'on peut avec ce qu'on a.

      J'espère bien me tromper complètement, ce n'est pas une conviction personnelle, ce sont les nouvelles telles qu'elles m'apparaissent à ce jour mais il ne suffit pas de trouver cela intolérable pour que ce ne soit pas. Il faudrait certes se poser plus la question de ce que peut le politique et comment, de ce que peut l'intellectuel et sur quelle temporalité. Encore une fois, je ne dis absolument pas qu'on ne peut rien, ni même que la catastrophe ultime serait inévitable, je crois à la capacité de réaction devant l'urgence. Il y a sûrement des actions utiles à mener à l'ONU, entre autres, mais à notre niveau, on pourrait faire au niveau local. Sauf, que ça aussi c'est très difficile et presque partout impossible, pas partout...

      Il y a une diversité des quartiers des villes, il y a une poésie des villes à laquelle Debord notamment était très sensible. Il est vrai qu'il n'en reste pas grand chose, mais quand-même. Il faut de toutes façons se battre sur tous les fronts. Je n'ai aucun goût pour les trop grandes villes mais trouvant Paris à ma mesure de l'avoir bien connu et prenant les choses comme elles sont (on ne rase pas des bidonvilles avec déportation de leur population, on les rend viables). Le monde et les gens ne sont certainement pas à notre convenance !

      Ce sont des questions sur lesquelles il n'y a aucun débat possible malgré tous ceux qui voudraient pouvoir choisir dans quel paradis vivre. Croire pouvoir passer au-dessus de telles réalités massives, c'est juste se soûler de mots mais certainement rien changer au réel et aux forces matérielles qui le façonnent alors que prendre en compte les faits laisse une marge de manoeuvre et d'amélioration qui n'est pas forcément négligeable. J'ai cru pouvoir déduire de quelques dispositifs concrets la possibilité de sortir du capitalisme mais certes, trop tard sans doute, si on trouvait une baguette magique, un anneau de pouvoir, il faudrait s'en servir urgemment...

  21. Bonjour . Sans porter un jugement sur Nicolas Hulot j'ai apprécié ses propos dans une conférence du CHEDD Bretagne ayant pour thème " les chemins de la transitions", à re situer je trouve dans le contexte des derniers commentaires. Il a dit que ce qui pour les gens est essentiel n'est pas en phase avec l'urgence ( telle que pourtant elle se manifeste dans le réel). Et aussi il donne acte à cette difficulté majeure " les générations futures n'ont pas de représentants dans la démocratie".

  22. J'apprécie le "Sans porter un jugement sur Nicolas Hulot" ...qui en est déjà un ! (sourire)

    "ce qui pour les gens est essentiel n’est pas en phase avec l’urgence"

    J'allais conseiller ( nouveau sourire) à Jean Zin d'aller jouer aux boules avec ses voisins , ceux dont il parle parfois en général , et de ne plus allumer l'ordinateur quelques jours : s'immerger dans le vécu quotidien des parties de pétanque ; C'est radical comme changement de regard sur la monde . Et très curatif. Sérieusement , je pense qu'il faut aussi savoir se distancier du processus de réflexion .

    "les générations futures n’ont pas de représentants dans la démocratie" pourquoi les générations futures ? Disons que ceux qui essaient de réfléchir un peu plus loin que le bout de leur nez n'ont pas de représentants et auraient du mal à représenter quelqu'un d'autre qu'eux mêmes.
    Nous vivons dans des sociétés du présent .

  23. Il est certain que je ne plaide pas du tout pour ne rien faire. Il est quand même curieux que dire qu'on ne peut pas tout (abolir le capitalisme et la misère sur le terre entière) voudrait dire qu'on ne peut rien du tout (alors même que je défends la construction d'alternatives). Il y a des combats à mener, à tous les niveaux mais surtout au niveau local (c'est le point sur lequel j'insiste car il est le plus difficile à admettre).

    Il y a des héros décisifs dans les combats mais le cas de Mandela est un bon exemple du temps qu'il a fallu et de la persévérance, des soutiens externes trouvés, des rapports de force institués pour finir par aboutir après des années de défaites mais aussi d'évolution du reste du monde non pas à un quelconque paradis mais seulement à ce minimum de supprimer l'apartheid. L'élection d'Obama a été aussi un grand moment mais son "yes we can" a fondu au soleil pour ne donner qu'une loi minimale assez critiquable. Il faut absolument vouloir aller au maximum des possibilités de l'époque mais ne pas se tromper sur le possible justement ni confondre maximum et extrémisme stérile. Quand les moments difficiles s'annoncent ils faut s'y préparer plutôt que de s'imaginer qu'on repoussera l'inévitable par nos prières. C'est ça le plus étrange, cette façon de se persuader que "là où il y a une volonté il y a un chemin", pire que ce serait à cause d'un manque de volonté de notre part qu'on n'arriverait pas à éviter les catastrophes, véritable péché de tiédeur dénoncé déjà par l'apocalypse (Jésus vomit les tièdes) et qui favorise plutôt les individus exaltés alors que ce qu'il faut, c'est un objectif concret, une stratégie à plus ou moins long terme et la construction d'un rapport de force en trouvant des alliés. Il y a des moments plus favorables et d'autres où l'ennemi nous submerge mais je reste persuadé que la véritable cause de l'échec des politiques de gauche ou autres utopies, c'est de se tromper sur toute la ligne, de ne pas avoir les bonnes revendications, de croire à des solutions trop simplistes mais impossibles à mettre en oeuvre, etc.

    A part ça, moi je n'accable pas Nicolas Hulot qui revient de loin (il était bien plus con avant) et qui a un rôle positif dans la sensibilisation à l'écologie. Ma partie est plutôt dans les alternatives, ce qui est le plus faible chez lui, mais on a incontestablement besoin de porte-paroles médiatiques. Par contre l'histoire des représentants des générations futures, c'est de la blague, c'est encore l'erreur sur la démocratie à croire qu'on déciderait ce qu'on veut et qu'il n'y aurait pas de conflits d'intérêts ni de forces matérielles. Le court terme est forcément prépondérant car le court terme, c'est le réel (temps réel), c'est le monde réellement existant, celui où l'on vit et respire mais aussi où les forces matérielles pèsent de tout leur poids.

    Enfin, ici on joue assez peu aux boules sauf lors de concours et il est vrai que je suis trop solitaire mais on ne peut pas dire qu'actuellement je sois dans un excès de réflexion à perdre tout mon temps dans la mise au point du site (ça se termine) !

  24. Moi. je sais pas, mais ça fait des décennies qu'on nous saoule avec l'Europe des bricolos sans jamais proposer une Europe fédérale et un peu cohérente. Le fait réel est que les politiques n'ont jamais lâché le morceau, pour conserver une part de leur part de marché local national. Donc on aura une conflictuasition des échanges commerciaux.

    Tous ces cons qui nous ont vendu Maastricht et consorts abracadabrants d'inefficacité et de complexité tordue autant qu'illisible tout autant que ceux de la finance qui ne comprennent même plus ce qu'ils font.

    • Respire un coup, Olaf, ça détend 🙂
      Je ne sais pas toi, mais moi ça ne me dérangerais pas d'être plus européen. La monnaie commune a bien été acceptée dans l'ensemble, c'est quand même un signal fort venant de la population qu'on est prêts a aller vers plus de fédéralisme si on ne souffle pas trop sur les petites braises nationalistes qui couvent toujours sous la cendre. Erasmus a plutôt été un succès aussi. T'as sans doute raison quand tu dis que ce sont les politiques qui freinent.

      • Les gens ont accepté l'Euro parce que 99,99 % n'y connaissaient rien en théorie monétaire et qu'ils se sont dit que ça serait pratique pour aller bronzer pendant les vacances dans les pays du sud sans avoir à changer leur monnaie.

        Ils sont en train de découvrir le revers de la médaille en chocolat bien moins reluisant.

        En qui me concerne, se sentir français ou européen, ça relève de l'abstrait du document administratif, il me semble qu'on est terrien.

        Les US ont fait une fédération avec des textes simples et abordables par ses habitants à une époque où ils étaient peu nombreux.

        • Hem, sujet sensible on dirait. Je voulais juste pointer qu'il y a sans doute un petit décalage entre les politiques et la population, comme c'est souvent le cas. L'épisode de l'Euro est un contre-exemple où les politiques ont sans doute été un peu en avance sur la population.

          Pas de raison d'opposer une identité à une autre, personnellement, j'ai une foule d'identités plus ou moins marquées qui vont du plus local au plus large (cf "Les identités meurtrières d'Amin Maalouf"). Il arrive qu'on soit contraint de choisir un camp. Ce qui me rappelle l'épisode de la déchirure de Camus qui ne voulait pas choisir et qui s'est fait inévitablement traîner dans la boue par les deux parties. C'est quand les identités qui me semblent surtout cognitives basculent dans un mode de représentation essentiel et exclusif. C'est sans doute indispensable pour pouvoir se battre les uns contre les autres.

          • Les politiques qui prétendent sauver l'Europe font exactement ce qu'il faut pour la faire rejeter par les populations. Maintient de la monnaie unique, faire payer par les populations les erreurs des banques, accentuer l'austérité. C'est un vrai cas d'école.

            La sortie de la monnaie unique ne remettrait pas en cause la construction de l'UE et permettrait d'avancer dans ce sens.

      • "Respire un coup, Olaf, ça détend"

        Ca part d'un bon sentiment, mais c'est cette sorte d'injonction de bon aloi qui m'horripile et ne me détend surtout pas. La respiration n'en a pas grand chose à faire de ce qu'on lui dise de respirer un grand coup. Elle voudrait, la pauvre, qu'on lui fiche la paix et travailler en paix sans les conseilleurs non payeurs des conséquences de leurs injonctions néfastes qui ne rapportent qu'un bénéfice microscopique vite évaporé à ces conseilleurs.

        Tous ceux qui conseillent autrui devraient se taire, pour mieux se conseiller eux même. C'est le principe de la réflexivité, si je ne m'abuse...

    • Comme dirait l'autre, s'il y avait un bon dieu, il n'y aurait pas de quoi être fier mais justement il n'y a pas de bon dieu et pas plus les politiciens dont encore une fois on surestime le pouvoir comme s'ils pouvaient s'autonomiser de leur parti, leurs soutiens, leurs électeurs, leur histoire, devenus soudain de purs représentants de l'universel et détachés de leurs intérêts terrestres.

      Comme nous-mêmes dans notre vie, il faut de fortes raisons pour tout chambouler, c'est le principe d'inertie appliqué aux sociétés. Les Etats-Unis ont résolu le problème par la guerre du nord contre le sud résultant là aussi d'un enchaînement de circonstances plus que d'une volonté préalable, l'abolition de l'esclavage s'imposant au cours même de la guerre dont elle n'était pas du tout la raison première.

      Les députés se la pètent à se prendre pour les rois du monde, fort bien payés, alors que ce ne sont que des techniciens qui peuvent tout juste améliorer un texte et faire de beaux discours. Cette impuissance à bousculer l'ordre établi est compensé par le pouvoir bien réel celui-là de nomination faisant des partis politiques des sortes de mafias. Il ne faut pas oublier que "la loi d'airain de l'oligarchie" s'applique aux partis avant les Etats, y compris aux partis de gauche, et même à toute sorte d'association sauf au moment de leur création (c'était la force du parti de gauche jusqu'ici d'être tout neuf et sans l'inertie d'un parti installé). Il faut comprendre comment ces mécanismes s'imposent par renforcement et élimination de ceux qui ne rentrent pas dans ces jeux de pouvoir qui n'ont aucun rapport avec une puissance d'agir.

      Pour l'Europe, il est certain au contraire que les élites y ont presque toujours été favorables mais ce sont les pauvres des pays riches à qui on fait payer la concurrence déloyale avec des pays beaucoup plus pauvres, c'est le problème. La solution serait de tirer vers le haut les protections sociales mais c'est ce qu'empêche le développement des pays les plus peuplés et la crise de la dette. Il n'y a donc pas beaucoup de raisons de vouloir cette Europe pour les plus précaires, mais c'est malgré tout ce que nous aurons dans la logique de la crise actuelle car il n'y a pas de solution de repli sur la Nation, sauf pour une courte période et encore, nous rendant au contraire plus dépendants de la concurrence européenne et mondiale.

      • Nous sommes embarqués ; sans possibilité réelle de changer le sens du mouvement ; ceux qui poussent vers cette europe là ou ceux qui poussent vers la nation ne nous sortent pas du processus en cours ; la solution est autre , mais cette alterité est elle même pour des raisons matérielles et culturelles impossible à mettre en place; nous cheminons lentement relativement à notre regard et très rapidemment au regard de l'histoire vers des dénouements funestes .
        Ce ressenti est sans doute à relativiser parce qu'il ne prend pas en compte des diversités ici et là qui échappent à son observation.
        Je ne vois pas d'autre solution que celle pour l'instant impossible , improbable, inimaginable , de changer collectivement de paradigme , de renoncer à une relation d'exploitation pour une relation d'aménagement ,d'organisation.

  25. Je comprends assez bien l'énervement de Jean Zin. J'ai été longtemps (trop?) adhérent du pcf. Pour des raisons familiales j'ai été très impliqué dans les batailles énormes pour sauvez l'emploi dans la région stéphanoise. (manufrance entre autre si ça vous dit quelque chose. L'arrivée de la gauche en 81 avait créer des espoirs énormes (personnellement, je n'avais pas confiance en Miterrand, mais ça ne change rie au problème). Echec total, humain, économique, tout ce qu'on veut. Je suis donc, et pas seul, très remonté contre ceux qui comme Mélanchon propose de réactiver tout ce qui n'a pas marché, et avec des forces militantes beaucoup plus considérables, populaires et déterminées, avec même chez certains un courage physique hors du commun.

    Je crois même que ce n'est pas honnête intellectuellement de chercher à faire croire qu'on remettre ça. D'ailleurs j'ai beaucoup de copains ouvriers qui ne s'y trompent pas.

    Il faut dire qu'ils ont été en première ligne eux. J'ai beaucoup de respect pour eux, ils ont perdus, mais ne votent pas pour le FN. Ils ne veulent plus qu'on les "prennent pour des cons". Il faut travailler sur d'autres voies, locales, réalistes et fondamentales. Les indications de Gorz (que les syndicats et la gauche traditionnelle et moi personnellement ont rejeté en l'accusant de renoncer à ce battre ) sont réalistes. Son dernier texte sur l'emploi salarié en disparition est ce que j'ai lu de plus pertinent ces dernières années. Mais il n'y a plus de maitre à penser, il faut inventer la suite.
    Ce qui me rend un peu optimiste, c'est que des jeunes gens qualifies prennent leur vie en main, en intervenant sur leur propre paysage , en coopérant, en ré inventant leurs métiers, avec ceux qui veulent, avec des objectifs à la fois très réalistes et ambitieux sur les valeurs.

  26. Les pauvres ont toujours subis défaites sur défaites. C'est ça la réalité de la lutte des classes qui a fait l'histoire mais qui n'a pas empêché un progrès relativement régulier de leurs acquis malgré des retours en arrière brutaux. A côté de nos rêves inutiles et de nos combats héroïques qui nous laissent un souvenir ému, il y a toujours eu des raisons d'espérer pourtant.

    Je crois cependant qu'on ne donne pas assez d'importance à nos limites cognitives. C'est là que Marx servait de bouchon, clouant le bec sur la clairvoyance supposée et la cohérence du projet, autrement convaincant il faut bien l'avouer que de se rabattre sur le local avec toutes ses limitations qu'on ne peut ignorer cette fois.

    Il ne s'agit pas d'abandonner tout projet d'ensemble à lui donner une assise locale mais pour aboutir à une effectivité notable écologiquement parlant il faut arriver à passer aux niveaux supérieurs une fois l'expérimentation faite du moins. C'est bien le plus difficile. On peut compter sur le réseau pour répandre les solutions qui marchent mais il vaut mieux là aussi ne pas partir trop confiant. Il faut réfléchir à des stratégies lorsqu'on n'a pas la force du nombre. Ce qui peut donner de l'espoir, c'est que l'enjeu étant cognitif, la communication et l'expression artistique y ont le premier rôle et ça aussi, c'est à notre portée, mais cela devrait être tout le contraire d'un prêche religieux, l'apprentissage d'une pensée critique beaucoup plus absente qu'on ne croit dès lors qu'on critique l'existant.

    S'il faut partir de notre impuissance pour la surmonter, c'est qu'il faut d'abord reconnaître notre part de bêtise et notre rationalité limitée pour être plus attentifs aux réalités matérielles et aux évolution du monde ou de la production. Il y a sûrement de grandes choses qu'on pourra faire en profitant de l'occasion et nouant des alliances de circonstance mais pas dans la simple dénégation des faits. Il y a un contraste saisissant entre ce que l'époque rend possible et nécessaire, un revenu garanti pour tous, et les revendications syndicales s'illusionnant sur la défense de l'industrie. Il y a des combats, difficiles, qui peuvent être gagnés (pas sûr) et des combats qui sont sûr d'être perdus quelque soit la combattivité de ceux qui défendent leur emploi (alors que tant d'autres en sont exclus).

  27. Je suis d'accord sur la question des limites cognitives. D'un autre coté, j'ai l'impression (c'est le constat que je fait dans notre ville "post industrielle"comme on dit quand on ne sait pas comment qualifier ces territoires qui ont beaucoup mieux survécu que prévu, par un mélange de débrouillardise, d'imagination, de solidarité de proximité etc.. a la débâcle industrielle en moins 20 ans ) le nombre de ceux qui sont bien armé intellectuellement pour inventé, communiquer à grande échelle et qui place la qualité des relations entre eux bien loin devant le gain augmente sensiblement.

    Mais peut être que je surestime ...

  28. Le fait que notre rationalité soit limitée est un universel (c'est même le savoir absolu, tout savoir étant celui d'un sujet, d'un apprentissage forcément limité), ce qui implique qu'elle soit distribuée et pas forcément plus grande en haut qu'en bas, en tout cas pas meilleure concentrée que décentralisée.

    Les universitaires et grands intellectuels ont plus que leur part de bêtise qu'ils partagent en général avec leur époque (voir le Sartre maoïste ou Foucault pas seulement les Finkielkraut, BHL, etc.). On trouve donc autant d'intelligence et d'à propos chez des ouvriers ou paysans mais pas plus quand ils sont en groupe !

    Heureusement les modes changent et ceux qui auraient pu vouloir être trader il y a juste quelques années, retournent désormais à des finalités plus positives. Reste que j'ai du mal à être optimiste en ce moment. Les nouvelles sont de moins en moins bonnes mais il faudrait effectivement d'autant plus apprendre à devenir des territoires résilients et il y a sur ce plan de grandes inégalités entre régions ou départements.

    • Ce qui va dans le sens de vos analyses concernant la situation actuelle c'est que l'accès à l'information se démocratise et permet aux lambdas moyens, quand ils s'en donnent la peine et la motivation, de mieux appréhender les évènements, contre balançant ainsi les asymétries de pouvoir.

      Je me rends compte à quel point ce que sur le plan professionnel et personnel internet a pu m'apporter. L'apprentissage de ce nouveau moyen prend du temps, mais c'est certain qu'il y a des conséquences positives. Donc, sans être très optimiste, je ne crois plus au père Noel, je pense que cette avancée relève de dynamiques très non linéaires dans ses effets, accentuant l'imprévisibilité des bons où mauvais évènements à venir.

  29. "...il faudrait effectivement d’autant plus apprendre à devenir des territoires résilients..."
    La lutte du Larzac me semble être un exemple à suivre, peut-être pas dans toutes ses dimensions, mais un bon exemple quand même.
    http://fr.wikipedia.org/wiki/Lutte_du_Larzac
    Les conditions sont rarement réunies pour que ce type de lutte puisse se produire et si Mitterrand n'était pas venu signer le traité de paix et donner la victoire aux désobéissants civils, elle n'aurait peut-être jamais débouché.

    • La SCTL, une relation très particulière à la propriété (tiré de Wikipedia du Larzac:
      "La SCTL est une société ayant pour objet la gestion du patrimoine bâti et non bâti de l'État français sur le plateau du Larzac. Ce patrimoine provient des achats et expropriations réalisés en vue de l'extension du camp militaire. Ce projet d'extension ayant été annulé en mai 1981 sous la pression des agriculteurs du Larzac et d'une partie de l'opinion publique, l'État est devenu propriétaire de 63 km2 de terres agricoles et de divers immeubles. Les agriculteurs, soucieux de poursuivre l'exploitation agricole des terres, initient en février 1982, la création d'une commission intercantonale pour l'aménagement foncier du Larzac (CIAF) et d'une commission communale d'aménagement foncier (CCAF) dans chacune des douze communes concernées. Dès décembre 1982, ils recherchent un outil de gestion des terres qui soit indépendant de l'État. C'est ainsi qu'est créée la Société Civile des Terres du Larzac qui reçoit, par bail emphytéotique, les 63 km2 de terres. Ainsi, les exploitants ne sont pas propriétaires de leur terre mais simplement preneurs, qu'ils n'ont donc pas à acheter, mais ils doivent quitter leur ferme dès qu'ils cessent leur activité qui sera reprise par une nouvelle personne."
      Il me semble que le bail est gratuit en contrepartie du maintien en bon état de l'outil de travail (bâtiments+terres).

  30. Je pense que le foncier est un problème clé de la société ; l'accumulation des terres et l'urbanisation consécutives aux évolutions matérielles et économiques n'est pas une fin en soi et déhumanise ; pour réinvestir une relation différente avec la terre , il faudra nécessairement poser le problème du foncier pour le rendre à nouveau acessible et partagé ; une loi générale serait trop difficile à faire comprendre mais des expérimentations sur certains territoires peuvent utilement être lancées.
    Si à certains moments le rêve a été la voiture , la tv , le salariat et les vacances , et que ce rêve a agit comme un stimulant , aujourd'hui le bonheur peut sans doute prendre d'autres formes ; c'est ces portes qu'il faut ouvrir.
    http://www.dailymotion.com/video/xs3utf_decroissance-et-autogestion-paul-aries-foire-autogestion-montreuil-24-06-12_news?start=0

    • A mon avis cette idée de décroissance se fonde sur un indicateur périmé, donc l'idée est d'emblée périmée. Le calcul économétrique du PIB, en termes désagréables, nécessite une remise en cause, peut être infaisable...

      Il me semble qu'il y a une possibilité de croissance dématérialisée, le qualitatif l'emportant
      sur le quantitatif des consommations de ressources non renouvelables ou tout du moins à long terme. Ca me fait penser à l'espace des nombres complexes avec sa partie imaginaire i, un autre axe souvent ignoré, la partie réelle faisant le réquisition de toutes les attentions.

    • J'ai pas mal de désaccords avec Paul Ariès, notamment sur le désir ou l'utopie auxquels j'oppose l'information et la raison, sur "la joie" à laquelle j'oppose le négatif mais sûrement moins que ce qui nous rapproche. En tout cas on voit bien là ce qu'il doit à son combat anti-sectes et ça ne donne pas envie de participer à ces réunions somnolentes que j'ai tant connues.

      Ce n'est pas d'hier que j'opposais l'alternative à la décroissance (produire moins ou autrement).

      On avait déjà parlé de cette question du foncier qui devrait effectivement devenir plus cruciale avec la relocalisation et une économie locale communalisée.

  31. Le désastre auquel je faisais allusion est très comparable à ce qu'a connu l'Argentine, une panne des institutions financières bloquant les échanges, mais combiné avec ce que connaissent les Grecs d'une brusque chute de leur pouvoir d'achat et de l'emploi. Tout cela devant être pris en charge localement.

    J'en profite pour signaler la sortie du premier numéro de la revue the Journal of Peer Production (JoPP) avec "la première traduction en anglais" d'un de mes articles de 2009, "Changer de système de production".

    http://peerproduction.net/issues/issue-1/invited-comments/changing-the-system-of-production/

  32. oui cela parait bien difficile localement . il m'a semblé un temps que les monnaies locales émergeaient un peu et que les initiatives se multipliaient ( je ne sais ce qu'il en est aujourd'hui ? ), mais où je suis en zone rurale cela semble complètement infaisable . et inaudible . pour le moment peut être ...

  33. On parle effectivement d'un boom des monnaies locales mais tout cela reste infinitésimal pour l'instant et il est effectivement très difficile de convaincre des communes de s'y mettre. Je n'ai moi-même eu aucun écho à Figeac où ce serait très adapté (il y a en plus un hôtel de la monnaie avec une tradition de monnaie locale). Comme je le répète souvent, il ne sert à rien la plupart du temps de vouloir brusquer les choses, il faut malheureusement attendre que la pression des faits l'impose et que l'avantage apparaisse supérieur aux risques d'échec ou à l'investissement initial.

    Là aussi la justesse d'analyse est plus importante que le volontarisme mais il est tout aussi vrai que la ténacité et l'énergie mise pour convaincre peuvent être déterminantes si on ne les applique pas dans des situations perdues d'avance. Il y a des temps où l'on ne peut rien faire (sinon la théorie, l'élaboration, la recherche, l'expression) et d'autres où ce sont les circonstances qui nous poussent à l'action mais, entre les deux, il y a quelques occasions qu'on peut exploiter.

    Les analyses peuvent cependant diverger et là où je n'aurais vu aucune ouverture un autre réussir par sa détermination, mais c'est que j'aurais mal analysé, que j'aurais eu tort et été trop ignorant, pas que l'autre aurait transformé l'eau en vin. C'est toute la question de la stratégie qui est un art plus qu'une science car on manque toujours d'informations dans le cours de l'action mais dont la réussite dépend d'une juste évaluation des forces en présence plus que de l’héroïsme supposé des troupes ou une force de foi qui ne serait rien d'autre qu'aveuglement volontaire.

    Je pense l'atmosphère intellectuelle plus respirable qu'avant mais c'est l'atmosphère terrestre qui pourrait devenir irrespirable (ce n'est quand même pas pour tout de suite). On pourrait comparer au fait qu'il est plus positif de vivre dans une résistance minoritaire malgré toutes les difficultés matérielles que d'assister avec effarement à la montée du nazisme. En tout cas rien ne me semble bon ni dans la suite de la crise, ni dans l'accélération du développement des pays les plus peuplés avec un pic de population qu’on devra affronter dans les décennies à venir.

    Reconnaître notre impuissance face à un délai qui se rapproche est un préalable. Il faut ensuite essayer de voir sur quels moyens s'appuyer, et il n'y en a pas autant qu'on croit. Pour l'instant, on a perdu la guerre. Ce n'est pas pour toujours (et l'humanité ne disparaîtra pas). Les catastrophes écologiques peuvent faire basculer l'opinion mondiale. L'ONU peut redevenir le fer de lance de l'écologie mais on n'évitera pas toutes les pénuries et catastrophes écologiques. Il ne faut pas en tout cas prendre ses désirs pour la réalité mais au contraire prendre bien conscience de la pauvreté de nos moyens même s'ils ne sont pas nuls (et internet en fait partie même s'il ne faut pas en surestimer la portée comme en témoigne ce blog même).

    De mon point de vue, ce sont les analyses et propositions de la gauche qui sont mauvaises, anachroniques et ne peuvent mener à rien. Il y a donc du travail sur la planche même si les mouvements sociaux les plus massifs ne débouchent sur rien à cause de cela. L'urgence reste donc bien d'ordre idéologique et cognitive (c'est bien là où la responsabilité du parti de gauche est grande de tirer les militants vers le passé alors que les différentes composantes rassemblées auraient pu en faire le lieu de l'innovation dont la gauche a besoin).

      • Lietaer est bien plus compétent que moi sur ce sujet mais je n'approuve pas trop ses propositions. Il réduit la monnaie locale à sa fonction civique d'impôt et non à la dynamisation des échanges locaux. C'est cependant sans doute une bonne idée de faire une partie des impôts locaux en monnaie locale car on sait que l'économie monétaire s'est développée par l'impôt mais ce n'est qu'une façon d'accélérer l'utilisation de monnaie locale afin de favoriser les échanges de proximité. Je privilégie plus que lui les monnaies locales par rapport aux monnaies alternatives, ce qu'a bien compris l'éditorial de la revue américaine qui m'a traduit, mais bien sûr, cela n'exclue pas d'autres types de monnaies, nationales ou internationales, privées ou publiques.

    • "...forme de propriété ",
      je trouve très utile de ne pas employer LA propriété seule, qui ferait croire par un tour de passe passe dénotant de violence symbolique, qu'il n'y a qu'un type de propriété. "Forme de propriété" ouvre tout de suite des horizons à une possible discussion et des choix de la forme de propriété qu'on veut se donner.

  34. Bonjour,

    A mon avis, le front de Gauche ne peut pas et ne pourra pas être l'outil dont la gauche à besoin pour repenser ses objectifs. Il y a dedans trop de gens, (qu'on peut trouver sympas par ailleurs) qui se réfère au modèle des années 60 70 en pensant qu'il a été mal appliqué, ou trahi par les dirigeants.

  35. Oui, du moins, c'est la tendance Mélenchon et qui est largement dominante renforcée par son score. C'est hélas ce qu'on peut dire aussi des Alternatifs qui m'avaient semblé avoir le nom et le programme qu'il fallait mais qui n'étaient que de vieux militants on ne peut plus sympathiques vivant complètement dans le passé. C'est sans espoir. Il n'y a vraiment aucune force réellement alternative. On a l'impression qu'il faudrait pouvoir appliquer le programme de la gauche archaïque pour en montrer toute l'inanité et les impasses et qu'on passe à autre chose mais comme ce n'est pas d'actualité, impossible de se débarrasser de ces faux espoirs de retour en arrière pour saisir les nouvelles chances offertes par les évolutions en cours, ou alors il faudra la pression de l'urgence. En tout cas, je ne vois pas bien d'issue sur ce plan, ce qui pourrait avoir une influence positive sur ces stratégies d'échec.

  36. Ce matin, j'ai vu Pierre Moscovici qui parlait à la télé de la crise Européenne : chez moi, on dit "il parle pour rien dire". En suite, je vois "C dans l'air" ou 4 types échangent sur la crise. Il y avait Bernard Maris : il change d'avis sans arrêt. Ce matin, il disait que finalement les français ne devait pas payer les folies des espagnoles. Après il parlait de la solidarité européenne. Au final, contrairement aux 3 autres, il est assez optimiste pour la france, même si ça risque d'être dur.

    On sent clairement que les économistes ne peuvent plus analyser les problèmes, les comprendre et bien sur proposer des pistes de solutions.
    Du coup, je me souvient du propos qu'avait tenu un directeur départemental de l'équipement de la Loire (un type très bon) il a 5 ou 6 ans sur saint Etienne à un colloque d'économistes universitaire ou j'étais (je ne suis pas économiste) : " quand je regarde cette ville sur 20 ans, le nombre d'entreprises, le nombre d'emploi, de services de commerces, de paysans péri urbains qui ont disparus, la ville d'après mes ratios ne devrait plus exister ! Et pourtant, ça vit, c'est sympa, il y a plein de créativité, donc, il faut être clair, on ne dispose pas des instruments qui permettent de comprendre d'intervenir sur le cours des choses". Il avait pas mal énervé les participants qui attendaient autre chose d'un planificateur.

  37. L'économie est plus proche de la théorie des jeux que d'une science, c'est ce qui rend si difficile de comprendre et encore plus de prévoir. Ainsi, on était encore au bord du gouffre où l'on reparlait de quitter la zone Euro pour l'Espagne comme pour la Grèce mais comme la BCE du coup a promis qu'elle mettrait le paquet tout s'est restabilisé pour 15jours ou 1 mois... Le plus étonnant, c'est que les sommes gigantesques injectées ne produisent pas d'inflation pour l'instant et l'on voit les économistes (y compris François Leclerc) tenter de faire une nouvelle théorie où l'inflation ne dépendrait plus de la quantité de monnaie, ce qui est absurde et me rappelle les spéculations sur la nouvelle économie avant le krach. Il est vrai qu'il n'y a pas seulement la quantité mais aussi la vitesse de circulation de la monnaie et celle-ci est au point mort mais le jour où l'inflation se déclenchera, cela devrait être hors de contrôle (mais rééquilibrer le différentiel avec la Chine notamment). La difficulté des sciences sociales, c'est l'inertie de la société et le délai parfois considérable entre une cause et ses conséquences.

    Bernard Maris me cite pas mal dans son anti-manuel d'économie (volume 2), ce qui me le rend très sympathique mais je trouve aussi que depuis qu'il est à la Banque de France il a plus de mal à se désolidariser des croyances de la finance, ou alors il se croit obligé d'être dans la communication positive. J'ai constaté moi-même comme on devient plus compréhensif avec ceux qu'on fréquente. Il ne fait aucun doute que les atouts de la France sont considérables mais il est difficile de croire qu'ils ne sont pas en diminution pour autant et le drame, c'est que ceux qui payent ces ajustements, ce sont les plus fragiles à chaque fois, en bonne logique darwinienne. Même pendant la crise de 1929 toutes les fortunes n'ont pas disparu ni les bonnes affaires. En dehors de quelques financiers imprudents, ce sont les ouvriers qui faisaient la queue aux bureaux d'embauche comme aux soupes populaires. Les taux de chômage en Grèce comme en Espagne sont déjà à des sommets, ce qui n'empêche pas une bonne partie de la classe bourgeoise de vivre comme avant, incitant certainement à l'optimisme mais pas pour tout le monde ! On se demande comment cela pourrait être pire pour ces pays là mais ça va l'être et pour nous aussi, bien qu'on ait les moyens (très) théoriques de s'en sortir...

  38. *Di Girolamo....J'aimerais bien t'entendre plus longuement sur le foncier et les autres qui veulent bien s'y joindre.  Il y a bien les fiducies foncières communautaires (Community Land Trusts aux États-Unis) qui sont une alternative.  Pour ma part, j'ai tendance à y voir une certaine promesse de changement dans l'univers cognitif favorable à une démocratie participative avec aussi des aptitudes à résilience communautaire.

  39. Il y a les exemples bien connus de Marinaleda et du Larzac mais il est difficile de collectiviser des terres (on peut le faire notamment par appropriation collective de grands propriétaires terriens). La maîtrise du foncier est certainement un des points clefs d'une relocalisation, cela pourrait se faire cependant plus facilement par des contraintes administratives comme en Sicile.

  40. Avec le nouveau système je ne m'étais pas rendu compte qu'il y en avait tant. Il y a bien des commentaires inutiles mais dans l'ensemble je ne me plains pas. Les trolls se sont découragés, mon audience ne valant pas la chandelle et, pour ma part en tout cas, je trouve que ce n'est pas aussi vain qu'avant la plupart du temps. Il y a inévitablement quelques dérapages, c'est la vie et ce n'est pas grave quand ça ne prend pas toute la place.

  41. Je crois que ce n'est pas tout à fait par hasard que votre texte a suscité beaucoup de commentaires. Le ps  tient l'ensemble des positions institutionnelles, le front de gauche a perdu finalement la moitié de ses élus, les verts  ont bidouillé un truc un peu tiré par les cheveux (j'ai entendu leur nouveau secrétaire l'autre jour, il disait des choses assez modestes et réfléchis, par exemple qu'il fallait beaucoup travailler et réfléchir ..) et on a l'impression que personne n'attend grand chose de tout ça. Le nombre de ceux qui ont envie de trouver de nouveaux chemins peut croître.

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