Une rationalité décidément trop limitée

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rationalitéLa situation apparaît sans issue. C'est comme si nous avions atteint nos limites ! Il faut revenir en effet sur la raison profonde d'un échec patent, qui n'est pas seulement le mien, mais celui du mouvement social dans son ensemble, et même de la démocratie tout aussi bien que d'Internet dont l'irruption remarquée sur la scène politique a tout de même tournée court, manifestant sa volatilité extrême ! Il faut se persuader que cet échec ne trouve pas ses causes dans nos ennemis, dans la force de l'économie ou la puissance d'un patronat animé des plus mauvaises intentions, mais bien en nous-mêmes, puisqu'il relève en dernière instance d'un déficit intellectuel, déficit théorique et idéologique flagrant, responsable de la dispersion de nos forces et de l'absence de projet commun.

En effet, ce n'est pas tant un manque de solidarité ni même une passivité soumise devant le spectacle des marchandises qui sont responsables de notre défaite, alors même que les manifestations contre le CPE étaient apparemment "victorieuses". La responsabilité est bien politique, c'est le manque de perspective et d'accord programmatique, d'une alternative crédible et, finalement, un manque d'intelligence collective qui se heurte à notre inorganisation (où même ATTAC sombre), livrée à une rationalité décidément trop limitée et qui ne voit pas plus loin que le bout de son nez !

Certains trouveront insultant de le reconnaître car il faudrait faire confiance à l'intelligence de nos concitoyens et ne pas prendre les électeurs (ou les spectateurs) pour des cons ! Là où le bât blesse, ce n'est pas seulement qu'on feint d'ignorer de la sorte des effets de groupe aussi lamentables qu'indiscutables, mais on trahit surtout ainsi la très haute opinion qu'on peut avoir de sa propre intelligence, ignorant l'étendue de notre ignorance qui est bien ce que nous avons tous en partage alors que nos savoirs sont si différents d'un individu à l'autre mais toujours très limités. On peut même dire que, sans la reconnaissance de cette ignorance première qui nous est commune, aucune démocratie n'est pensable (ni aucune science, ni aucune parole même!). Il suffirait, en effet, d'un quelconque qui sait y faire pour le faire pour tous sans discussions (et c'est ce que font chacun dans leur tête les libertaires qui rêvent d'un monde futur à leur sauce!), alors que, de par notre ignorance commune, ce qu'il faut, c'est apprendre des autres et que les populations, dans toutes leurs composantes, participent à l'élaboration des mesures qui les concernent pour y apporter le témoignage de leur expérience concrète et décider de leur avenir. Il ne s'agit donc pas qu'un homme providentiel vienne nous sauver de notre ignorance ni de justifier le pouvoir d'une élite ou d'une technocratie tout aussi ignorantes. La démocratie c'est un pouvoir qui n'est pas un savoir mais un apprentissage et qui s'informe auprès de ses électeurs, un pouvoir qui ne s'impose pas d'en haut mais doit toujours apprendre de sa base. Il ne s'agit pas que n'importe qui fasse n'importe quoi ou décide pour les autres sans rien y connaître !

Devant la rupture anthropologique que nous vivons, passage de l'ère de l'ènergie à l'ère de l'information, l'enjeu du moment serait d'arriver à organiser une intelligence collective nous permettant de renouveler nos analyses et de les unifier dans un projet commun, préfigurant une nécessaire "démocratie cognitive". Il ne s'agit pas tant de "la construction de l'organisation" que de l'organisation du commun ouvert sur toute la société, la convergence de ce qui existe déjà, le dialogue des idées les plus actuelles, et la distribution de l'information enfin, sans occulter tous les conflits qui vont avec et l'existence d'une scission inévitable entre deux lignes opposées (les anciens et les modernes, les riches et les pauvres, les hommes et les femmes, etc.). Facile à dire ! Le problème, c'est que cela n'a rien d'évident du tout, on le voit bien. Il faudrait commencer d'abord par se rendre compte qu'on n'y arrive pas ! On n'en est même pas encore là, pourtant, chacun restant dans son petit train-train. Il faudra une défaite plus sévère sans doute, en tout cas rien n'incite à un quelconque optimisme pour les prochaines échéances...

Connais-toi toi-même

Il serait temps de sortir des naïvetés d'une démocratie libérale réduite au marché ainsi que d'une conception idéalisée de l'homme et du citoyen, du spontanéisme des mobilisations de masse ou de la supposée sagesse des peuples, si ce n'est des marchés financiers, qui n'ont pas fini de nous décevoir les uns comme les autres si on "laisse-faire". En effet, devant le résultat actuel, il n'y a pas de quoi être tellement fier de notre prétendue étincelle de divinité, qui ne nous aide en rien, pas de quoi se donner en modèle, encore moins de promettre la Lune ! Je ne parle pas là d'une mythique "communauté internationale" et de son impuissance à réguler la violence, mais bien de notre impuissance à nous, celle des altermondialistes comme celle des diverses résistances locales au néolibéralisme.

Devant l'absence d'alternative crédible, la première chose à faire serait de reconnaître notre échec complet et notre part de bêtise indécrottable qui n'est pas créée par la télévision ou Internet, y trouvant juste un nouveau terrain d'expression, s'ils n'en guérissent pas, c'est certain ! On peut voir sur les divers forums à quel point la bêtise s'y déchaîne si facilement, toujours prête à bondir à la première occasion. Rien de vraiment nouveau mais il faut faire avec. Cela ne fait que mettre, de façon insupportable pour nos idéaux, cette réalité massive un peu plus devant notre nez : voilà ce que nous sommes ! Pas seulement certes, mais pas de quoi rêver à une démocratie pacifiée et consensuelle, de quoi plutôt déchoir de tous nos idéaux.

Pas d'hymne à notre humanité, donc, à notre intelligence supérieure qui ne serait pas beaucoup plus que celle d'un singe bien éduqué si nous ne parlions pas et ne pouvions lire tous les livres du passé. En tout cas, si je suis sûrement aussi bête que les autres, pris en masse, c'est encore bien pire ! Ce n'est pas qu'on soit de mauvais bougres ni qu'on pourrait rabaisser ainsi la dignité de chacun, car on est loin d'être complètement idiots, du moins pris un par un, et parfois même admirables. Notre puissance technique est sans doute impressionnante et nos sentiments touchants, mais cela n'empêche pas que notre esprit est lent, lourd même, et un peu trop court, surtout au niveau d'une conscience collective qui n'avance guère que péniblement et par secousses... Plus on veut progresser, et plus on éprouve la fragilité de nos raisons et l'inévitable force d'inertie du sens commun. La question du revenu garanti est un exemple de ce qui s'impose dans la pratique à ceux qui étudient la question, comme Loïc Wacquant maintenant (dans son dernier livre : "Les parias urbains"), mais qui rencontre une considérable résistance idéologique car obligeant à une complète réorganisation de nos valeurs, tout comme la gratuité dans le domaine numérique. Chaque pas a dû être durement gagné contre le conformisme et la bêtise régnante. Ce n'est jamais facile, chaque nouvelle vérité devant se faire sa place au milieu des savoirs qu'elle dérange, ou dément parfois, sans jamais pouvoir être tout-à-fait certaine de ne pas se tromper, sûre même plutôt qu'elle sera dépassée...

La physique ici devrait avoir valeur de démonstration, qui étonnera toujours notre sens commun en contredisant les théories apparemment les mieux fondés et les évidences les plus évidentes comme le fait que le Soleil tourne autour de la Terre ! Il y a bien d'autres exemples célèbres entre relativité et physique quantique, débouchant sur une science de plus en plus spéculative et bien difficile à comprendre. Il faut se méfier des raisonnements abstraits, trop logiques et généralisants qui sont démentis par les faits tellement plus complexes. Notre foi n'est la preuve d'aucune existence réelle, seule l'expérience décide de celui qui a raison. Le caractère indécidable et hypothétique du réel pour notre pauvre raison se retrouve naturellement décuplé en économie et en politique où des vérités contraires se contredisent impunément dans une guerre des religions dont aucune n'est vraie...

On ne peut se cacher à quel point notre rationalité peut être limitée par l'imitation et toutes sortes de raccourcis, d'analogies, de généralisations. Le pire, c'est que ce ne sont pas des défauts dont on pourrait se passer puisque ce sont les instruments même de la connaissance, d'une connaissance toujours approximative, un bricolage cognitif souvent, aggravé au niveau collectif par une nécessaire simplification du message en fonction du nombre, tout simplement pour rester audible au niveau signal/bruit. L'étonnant, c'est que ça marche, et qu'on aille tous du même pas, pour le Mondial du foot par exemple... De sorte que la suggestion d'Amartya Sen d'élargir notre base d'information et d'introduire d'autres dimensions que l'économique est toujours bonne à prendre mais trouve très vite sa limite aussi.

rationalité limitée

Qu'on s'entende bien. Ce qu'il faut comprendre, c'est que nos limitations n'ont rien de marginales par rapport à une rationalité qui serait aussi bien partagée que le bon sens, nous dit-on. Mais, que les croyants de toutes les religions pensent donc aux autres religions pour mesurer à quel point on peut vivre dans l'imaginaire ! De toutes façons, on n'a aucun accès direct au réel, reconstruit à partir des informations de nos sens ou d'ailleurs. L'information étant toujours imparfaite, il est impossible de tout savoir, de tout enregistrer, de tout lire... La saturation de nos capacités de traitement, d'attention ou de transmission, est le phénomène central d'un monde de l'information qui émerge du bruit ambiant. On s'est offusqué de l'aveu du président d'une télévision commerciale : "Ce que nous vendons à Coca-Cola, c?est du temps de cerveau humain disponible" mais l'important ici n'est pas la marque commerciale, c'est le caractère limité de nos capacités de réception et de disponibilité à l'information. Cela implique non seulement qu'on ne peut tout voir, tout lire, tout savoir, mais qu'il ne peut y avoir de croissance immatérielle car, après la période de démarrage, on se trouve toujours à la limite de la saturation avec une publicité qui doit rivaliser d'audace. La concurrence féroce qui en résulte pour capter l'attention mène inévitablement à la concentration de la diffusion (sa gratuité aussi) et l'appauvrissement des sources (y compris pour les minoritaires). Il vaut mieux le savoir, c'est notre champ d'action à l'ère de l'information.

Il n'y a pas que les limitations de nos capacités, telles qu'énoncées par Herbert Simon, que ce soient nos capacités restreintes de réception, nos connaissances réduites, notre émotivité perturbatrice, notre expérience passée, il y a bien d'autres contraintes "discursives" ou dogmatiques limitant les réponses possibles. C'est ce que Michel Foucault a montré dans "L'ordre du discours" et que Lacan a repris dans ses "4 discours", mais en fait les limites de la rationalité ne sont pas autres que celles de notre monde dans son historicité, sa facticité, la partialité d'un point de vue particulier où voudrait se résumer toutes les forces de l'univers et les lois de la parole ! Chacun n'est pas pour autant enfermé dans sa bulle car nous parlons et nous nous adressons aux autres, au nom même de notre ignorance première, depuis le cri poussé dans l'angoisse de l'inconnu, question posée à qui pourrait y répondre peut-être...

Notre esprit est toujours ensorcelé, que ce soit par l'amour ou par les dieux, c'est-à-dire par les mots et par les autres. Il faudrait admettre au moins qu'on est toujours dans l'idéologie (les libéraux comme les altermondialistes), si ce n'est même dans la religion ou la propagande de guerre, en tout cas dans un "effet de groupe", une conception du monde plus ou moins commune mais complètement imaginaire, fantasmatique et simplificatrice, grille de lecture préconçue à travers laquelle nous parvient la rumeur du monde et qui lui donne sens pour nous. On colle au sens, on n'en sort pas (sinon par éclairs peut-être) perdus dans nos pensées, dans une projection idéalisée abstraite, avant d'être ramené au sol d'une réalité bien plus riche et complexe, dans sa diversité mais aussi, sa durable dureté. Le dogmatisme de l'idéologie est un terrible obstacle surtout lorsqu'on vit une rupture anthropologique, une révolution des forces productives qui obligent à changer toutes nos façons de penser !

On peut s'apercevoir pourtant qu'on change de sens et de pensées avec le temps, que nos certitudes vacillent soudain devant un nouvel éclairage qui les dissipe comme un mirage (qu'il y a-t-il de commun entre un amoureux et celui qui ne l'est plus? entre un croyant et celui qui n'y croit plus?). Un raisonnement qui se construit, comme toute recherche, fait l'expérience d'une série d'arguments décisifs, d'épreuves successives qui peuvent faire changer complètement d'avis à chaque fois. Le difficile alors, c'est de ne pas sombrer au nom de notre rationalité limitée dans un scepticisme excessif qui éloigne encore plus d'une réalité concrète dont il faudrait se rapprocher au contraire, notamment en organisant un peu mieux notre intelligence collective avec la coopération de tous, si c'est possible...

Surmonter nos divisions

On ne peut prétendre dépasser nos limitations cognitives (la demande de simplisme, les contraintes de communication, le besoin d'identification, la répétition du passé, les effets de groupe), sinon à en tenir compte, ce qui voudrait dire ne pas se contenter d'un démocratisme de façade et de ses beaux discours flattant notre intelligence mais redonner la parole aux faits et aux opprimés pour alléger le poids de notre bêtise collective et sortir de l'impasse. On n'en prend pas le chemin. Il se pourrait que cela soit pourtant une condition vitale de notre survie et de notre capacité d'adaptation aux problèmes "écologiques" que nous créons nous mêmes ! C'est bien sûr une question d'organisation, plus que de communication, de pratique plus que d'idéologie et ce sont nos pratiques qu'il faut changer (tirer les leçons de l'échec de la forme parti, tout comme de l'échec des réseaux comme ATTAC). Mais pour transformer le monde et s'adapter à ses transformations, il faut d'abord essayer de le comprendre, dans toutes ses dimensions, et ce n'est guère facile !

Ordinairement, la pensée savante ou informée ne peut faire beaucoup plus que fournir une caution, un soutien, une arme à la protestation sociale. Qu'on sache, contre la propagande du pouvoir, qu'il y a écrit quelque part qu'on a raison de se révolter et que cet ordre injuste doit être renversé. Parfois sa fonction peut être beaucoup plus décisive, et dans le moment actuel, on voit bien que c'est le côté qui flanche, le point sur lequel il faudrait porter toutes nos forces : l'élaboration d'alternatives à la globalisation marchande et leur appropriation par la résistance au néolibéralisme. On pourrait penser que reconnaître notre défaite ainsi que toute la part négative du mouvement social actuel, ses archaïsmes, ses divisions, sa désorientation, ce serait saper le moral des troupes, travailler contre l'union et l'esprit de résistance, alors que c'est au contraire l'indispensable préalable à la construction d'une intelligence collective capable de remédier à ce défaitisme de la pensée comme à la désunion. La priorité, on le voit bien, c'est l'organisation d'une intelligence collective à partir de la constatation de son absence et de notre rationalité très limitée. La priorité, c'est de reconnaître l'impasse dans laquelle on se trouve plutôt que de vouloir compter ses voix.

Le problème, c'est qu'il ne suffit pas d'un devoir pour le remplir. Ce n'est pas gagné, c'est le moins qu'on puisse dire, et le pire est à craindre. Les chances d'une intelligence de la complexité sont bien minces, pratiquement inexistantes et il n'y a pas d'autre voie ! La bonne volonté s'empressera de souscrire à cette prise de conscience salutaire, sauf que de salut, il n'est pas vraiment question quand il est question de complexité, et c'est à coup sûr la plus grande faute politique de ne pas vouloir vendre des rêves ! Dernière limitation cognitive, donc, mais radicale celle-là. En effet, il semble bien qu'on se heurte ainsi à un impossible dans la société du spectacle et de la communication, on ne voit guère comment on pourra s'en sortir. Qui voudrait d'une pensée modeste, provisoire et tâtonnante ? On repassera quand on aura quelque chose de plus assuré à dire !

Mais justement, la seule chose assurée, le seul savoir absolu, ce sont les limites de notre rationalité, c'est le caractère subjectif et donc limité de tout savoir, simple moment d'une dialectique, d'un apprentissage progressif qui procède par négations (partielles) successives, par une vérification infinie de notre savoir, travail du scepticisme qui se confronte à l'expérience, extérieure aussi bien qu'intérieure, sans reculer à se contredire s'il le faut ou faire sa si difficile autocritique. Il ne s'agit pas de tomber pour autant dans un scepticisme généralisé ou le marché de la com ni de prétendre qu'on ne sait rien, mais bien de prendre conscience de la part d'ignorance au coeur de tout savoir, de son caractère imparfait et insuffisant qui doit nous mener à sa vérification dans la pratique et sa rectification continuelle, sa correction, sa complexification, et sa diffusion enfin.

La question de l'attribution à la pensée humaine d'une vérité objective n'est pas une question de théorie, mais une question pratique. (K. Marx, 2ème thèse sur Feuerbach)

On est loin avec cela d'un mot d'ordre entraînant ou d'opposer une certitude à d'autres certitudes, et contrairement aux marxistes qui croyaient à la réconciliation finale avec la fin de l'histoire, nous ne voyons pas le bout du chemin et ne pouvons plus être si sûrs de nous après les ravages du communisme. Reconnaître notre part de bêtise et notre "inhabileté fatale", n'est pas promettre de nous délivrer de notre voile d'ignorance pour revenir à une pureté originelle et indicible. Nous sommes des êtres de parole les uns pour les autres, dés lors il n'y a pas d'aliénation d'une nature idéale qu'on pourrait retrouver, il y a plutôt construction de toute une dialectique du rapport à la nature et au passé perdu. Il ne s'agit pas plus d'atteindre un paradis ni d'attendre le messie, ce qu'il faut c'est bricoler dans son coin et tous ensemble en faisant ce qu'on peut pour améliorer un peu les choses, prendre conscience des effets négatifs de notre action pour les corriger autant que faire se peut ! Ce n'est pas une petite affaire puisqu'il faudrait ne pas se laisser aveugler par le dogmatisme sans faire n'importe quoi pour autant, ce qui devrait aller jusqu'à reconnaître le positif du négatif tout autant que le négatif du positif !

Pas de véritable bonne nouvelle donc, sauf que ce serait une bonne nouvelle de devenir un peu plus prudent et méfiant envers les idéologies, de tenir compte de notre rationalité limitée assez pour construire une véritable démocratie cognitive, pas parfaite non, mais juste moins mauvaise. Ce serait une bonne nouvelle sans aucun doute, mais qu'en dire ? sinon qu'on n'en est pas là encore ! Il faudrait d'abord prendre conscience du fait qu'on est très loin d'y arriver et d'être des citoyens modèles, de purs esprits sachant tout et prenant les décisions appropriées après un calcul rationnel !

Les divers groupuscules qui s'agitent devraient plutôt prendre conscience de leur complet ridicule et de leurs archaïsmes. Il faudrait rendre la honte un peu plus honteuse de ne pas arriver à faire un peu mieux que ça. Hélas, il ne faut pas se faire d'illusions, on n'y arrive pas. De plus, défendre notre faiblesse, voilà qui ne peut que décevoir l'ardeur militante. La tâche semble décidément très au-delà de nos forces ! Il faut bien le dire et, sauf surprise qui n'est jamais impossible en ces affaires, il y a bien peu de chances dans ces conditions qu'on s'en sorte et qu'on n'aille pas au pire...

La période des présidentielles où chacun fait assaut de démagogie, et qui prennent de plus en plus des allures américaines, n'est de toutes façons guère favorable à la réflexion ni à l'union, si ce n'est que s'y pose la question préalable, la seule qui compte sans doute, et qui est de retrouver une véritable solidarité sociale, la volonté de refaire société, de vivre ensemble et de sauvegarder notre avenir commun. Quelque chose pourrait donc prendre forme, au-delà des partis, on peut toujours l'espérer. Seulement, ce n'est pas contre les autres que nous devons nous battre mais contre nous-mêmes, ce n'est pas la droite la menace principale mais l'inconsistance de la gauche incapable d'y opposer une quelconque alternative, sans parler des écologistes (la maison brûle mais ils regardent ailleurs) !

Plutôt que de vouloir rendre des idéologies opposées compatibles en négociant entre organisations, l'objectif devrait se réduire sans doute à regrouper tous les militants au niveau local, pour élaborer ensuite un projet commun sur de nouvelles bases, évolutives, et dans un nouveau langage. Notre projet devrait se limiter dans un premier temps à rassembler, refaire du commun, sortir de nos organisations pour en créer de nouvelles. Tout est à reconstruire, depuis le 21 avril, depuis le 29 mai, depuis que la banlieue s'est enflammée, depuis la lutte contre le CPE. Il faudrait un Big Bang de toute la gauche pour éviter la débandade et le chacun pour soi ! Pourtant, rien ne semble bouger encore, et c'est à désespérer de notre intelligence collective comme de celle de chacun...

10-15/09/06

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