Le petit manuel de la transition d’ATTAC

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transitionAprès avoir beaucoup travaillé ces derniers temps à revenir à une forme de matérialisme historique rénové contre les illusions de la politique, les dangers du volontarisme, de l'extrémisme, de l'idéalisme et du moralisme, le temps est venu des travaux pratiques et de porter la critique sur les propositions qui se donnent comme alternatives, puisqu'il ne s'agit pas seulement de comprendre la transformation du monde mais bien d'essayer de le changer réellement pour mieux s'y adapter.

On ne parlera pas ici de tous ceux pour qui l'alternative se limite au retour du nationalisme, du protectionnisme, des nationalisations, à la sortie de l'Euro, au rejet des immigrés, à la fermeture des frontières pour pouvoir s'isoler du reste du monde et se retrouver "entre-nous" (fantasme d'Emmanuel Todd qui en connaît pourtant les disparités familiales et alors même que 50% des salariés travaillent pour des multinationales) ! Les interventions africaines actuelles nous rappellent comme cette Nation tant vantée avait une dimension coloniale, d'où viennent les immigrés d'aujourd'hui (comme les Pakistanais vont en Angleterre). La mondialisation nous l'avons faite les armes à la main. On ne parlera pas non plus de ceux qui rêvent de l'expropriation des capitalistes et de la collectivisation de l'économie comme au bon vieux temps. Tant qu'à faire, autant s'attaquer à ceux qui se présentent comme altermondialistes, et dont j'ai été le plus proche, en regardant ce qu'ils proposent comme "Petit manuel de la transition" pour toutes celles et ceux qui aimeraient mais doutent qu'un autre monde soit possible !

Beaucoup d'espoirs avaient été mis dans ATTAC à sa création mais il faut bien dire que l'essentiel de son intérêt, en dehors de la taxe Tobin elle-même, venait de René Passet plus que de son organisation en réseau comme on le croyait à l'époque. On l'a bien vu lorsqu'il est parti, l'organisation dégénérant très vite, reprise en main par des marxistes plus ou moins orthodoxes. On m'avait demandé de participer à des discussions sur le revenu garanti opposé alors à la réduction du temps de travail mais je n'étais pas du tout dans la ligne de Michel Husson qui avait la haute main sur l'économie dans le "conseil scientifique" d'ATTAC : considérant que nos positions étaient trop éloignées pour donner lieu à une discussion constructive, il dissout donc tout simplement le groupe de réflexion ! Il est d'autant plus étonnant que malgré tous ces doctrinaires, cela aboutisse à des propositions si inconsistantes, pas vraiment alternatives et bien peu matérialistes, où, comme le dit Denis Clerc, "les auteurs confondent souvent envisageable et possible". On a donc plus un catalogue de bonnes intentions même si, pour se prouver le contraire, chaque chapitre comporte de très artificielles sections "c'est possible dès demain" (décret gouvernemental) et "nous pouvons le faire sans attendre" (actions militantes).

Il y a six grands thèmes :
1. Mettre au pas la finance.
2. Refuser la menace de la dette, l’austérité et la
compé­­titivité.
3. Engager la transition écologique.
4. Relocaliser !
5. Aller vers la justice sociale et l’égalité réelle.
6. En finir avec l’oligarchie, étendre et approfondir la
démocratie.

1. Mettre au pas la finance.

C'est l'objet même d'ATTAC et le sujet sur lequel ils sont le plus légitimes puisque cette taxe Tobin sur laquelle l'association s'est fondée va commencer à être appliquée. Cela montre qu'il n'est pas inutile de défendre des idées justes mais devrait aussi faire prendre conscience du temps qu'il faut pour accoucher de ce qui n'est encore qu'un premier pas très insuffisant.

Dire que la crise serait due à la finance me semble trop partiel et pour tout dire faux si l'on se réfère aux cycles de Kondratieff, reproduisant les mêmes mécanismes que ceux de 1929. Il n'en reste pas moins qu'on est dans une phase où la finance doit être de nouveau régulée après les excès de la dérégulation. Là-dessus on peut faire plein de recommandations raisonnables (comme l'interdiction des paris sur les prix défendue par Paul Jorion) mais on devrait savoir qu'il ne suffit pas de bonnes raisons, surtout au niveau international où l'on n'avance que forcé par les faits devant des risques systémiques mettant tout le monde d'accord dans l'urgence. Faire croire que notre militantisme pourrait accélérer les choses sur ce point me semble tromper les gens et qu'on ferait mieux de se concentrer sur ce qui empêche de prendre des décisions indispensables, prendre en compte les rapports de force au lieu d'en faire une question morale de cupidité ou de complicité des élites "soumises aux marchés", voire de simple croyance à "ces divinités colériques", au lieu de chercher des coupables enfin (avec d'incroyables "tribunaux pour fauteurs de crise" prétendument humoristiques) pour ce qui relève d'un fonctionnement global. Evidemment, ce serait plus facile s'il suffisait de faire tomber quelques têtes et rien d'autre à changer. De toutes façons, ces régulations financières n'ont rien de révolutionnaires, ne faisant que stabiliser le système, ce qui les imposera plus que nos maigres protestations. Sinon, je suis bien d'accord sur ce qu'il faudrait faire si on était les maîtres du monde (taxer les transactions financières, éradiquer les paradis fiscaux, interdire la titrisation et la spéculation sur les produits agricoles, démanteler le banques systémiques, séparer banques de dépôts et banques d'affaires, créer des banques publiques finançant les Etats et même des monnaies locales) ! La question est de savoir comment imposer ces mesures en reconnaissant d'abord tout ce qui s'y oppose (et qui n'est pas simplement moral).

2. Refuser la menace de la dette, l’austérité et la compé­­titivité.

Cette fois, les coupables sont le néolibéralisme, l'Euro et l'Allemagne qui imposent leur volonté à toute l'Europe, on ne sait comment sinon par la dette publique qui "dépossède les peuples de leur souveraineté". L'histoire se résumerait à des patrons qui se gavent en pressurisant le petit peuple, comme au Moyen-Âge. Il faudrait se demander quels patrons grecs profitent du désastre de leur économie, ils ne doivent pas être si nombreux, mais c'est une explication qui a l'avantage de la simplicité et d'être facilement comprise...

Je suis bien d'accord, comme tout le monde, que l'austérité est une connerie ne faisant qu'augmenter la dette, qu'on ne peut tondre un oeuf et qu'on a toujours dans l'histoire annulé des dettes irremboursables mais cela ne veut pas dire que ce soit facile à faire pour autant, il faut là aussi que ce soit imposé par l'urgence. Pour revenir aux cycles de Kondratieff, la solution la plus durable est d'entrer dans un nouveau cycle d'inflation (maîtrisée autant que faire se peut) érodant mécaniquement les dettes. Par contre l'idée d'un audit de la dette me semble assez irréaliste. Appeler à un big bang fiscal l'est encore plus. On y est avec la remise à plat de toute la fiscalité mais ce n'est pas ce qui va créer de nouvelles ressources, ce n'est pas comme si on avait un montant faible de prélèvement alors qu'on est proche des records mondiaux. La marge de manoeuvre est quasi nulle et prétendre le contraire, c'est juste dire n'importe quoi. Il faut bien sûr peser autant qu'on peut sur un retour aux impositions plus progressives de l'après-guerre mais il n'est pas sûr qu'on puisse se passer de guerre pour obtenir de tels taux. C'est certainement un sujet qui dépend des mobilisations et constitue le coeur de la démocratie depuis Solon, le partage entre les riches et les pauvres, mais quand on part de si haut, il ne faut pas croire au Père Noël, le difficile sera surtout de ne pas trop perdre, plutôt sur la défensive (sauf à passer à un big bang social en repensant les protections sociales autour d'un revenu garanti). Actuellement, quel est le potentiel de mobilisations de masse pour l'augmentation des impôts, sérieusement ? En tout cas, on peut bien parler de révolution fiscale, je ne m'attends à rien de révolutionnaire sur ce plan. Passons sur le fait de vouloir baisser la TVA, ce qui est une connerie dans un marché mondialisé et qu'il vaudrait mieux compenser par une augmentation du pouvoir d'achat par un autre biais (monnaies locales, revenu de base). Quant à la lutte contre l'évasion fiscale qui est aussi un dada d'Halimi, c'est sans doute plus facile à dire qu'à faire.

Pour l'Euro, la question me semble relativement simple puisqu'il s'agit de savoir si l'Allemagne veut bien restituer aux autres pays européens la richesse que l'Europe lui apporte, sinon l'Allemagne devrait sortir de l'Euro mais elle ne le fera pas et ne pourra s'y décider, aux yeux de ses concitoyens, que lorsque cela créera des tensions extrêmes. C'est de renoncer à se faire la guerre qui oblige à s'entendre mais jusque là chacun tente de prendre le dessus sur l'autre et le dominant ne cède pas facilement sur sa position de force. Je suis bien d'accord comme presque tout le monde là aussi qu'il faudrait changer les statuts de la BCE, changer les traités européens mais il faut bien reconnaître que cela dépend assez peu de nous. Il est louable de ne pas tomber dans la xénophobie et le nationalisme anti-européen, mais on ne peut surestimer ainsi notre pouvoir de changer l'Europe à court terme au moins. La construction de mobilisations sociales européennes est une nécessité, pas encore une réalité, hélas.

3. Engager la transition écologique.

Il est assez désespérant de croire pouvoir opposer à la liste des menaces que le productivisme fait peser sur la planète la dénonciation de "l'imaginaire consumériste", "véhiculé par les mass media aux ordres" et qui serait juste un "conditionnement mental". Ce prêchi-prêcha de nantis est assez insupportable et surtout complètement inefficient. C'est le système de production qu'il faut changer, pas notre imaginaire ni un désir normalisé, ni un homme nouveau moralement correct et bien rééduqué. La conséquence assez effrayante de cette manipulation mentale supposée, c'est de vouloir s'approprier les médias et remplacer la publicité par la propagande (l'expression du vrai peuple). Moi, je serais pour l'interdiction de la publicité au nom du fait qu'il s'agit presque toujours de publicité trompeuse en plus d'être polluante mais je ne vois pas une chance qu'on y arrive pour l'instant dans cette société de la communication.

Je suis, bien sûr, pour l'extension des biens communs et de la gratuité (défendus aussi par Halimi) mais les voies pour y arriver ne sont pas si évidentes et il faudrait surtout bien distinguer ressources matérielles, services publics et numérique, seul ce dernier étant par nature gratuit (sa reproductibilité obligeant à de lourdes procédures pour échapper à cette gratuité numérique). En fait, leur truc, c'est la gratuité d'un minimum de base, pour l'eau, le gaz, l'électricité, et un tarif progressif au-delà, ce qui n'est pas si simple (les plus pauvres sont les moins bien isolés qui consomment le plus en chauffage). L'isolation pour tous est une bien meilleure idée (créant pas mal d'emplois) ainsi que le développement des énergies renouvelables et de l'agriculture bio (quoi qu'il vaudrait mieux promouvoir une agroécologie sans doute). Il n'y a rien là d'audacieux.

4. Relocaliser !

On peut trouver douteux de vouloir nier la concurrence avec les pays les plus peuplés qui ne serait due qu'aux délocalisations ! Vouloir rééquilibrer nos rapports avec le reste du monde, c'est tout simplement perdre notre ancienne position dominante. Je ne crois pas qu'on s'en tirera par une taxe kilométrique progressive, nouvelle sorte de droits de douanes, mais par une réorganisation de la production et des circuits marchands (si on ne crée pas de nouvelles filières, on ne fait que détruire l'existant).

A la fin, on cite AMAP, SEL et monnaies complémentaires, mais sans vision d'ensemble, laissant ces initiatives locales à leur côté anecdotique sans voir que la relocalisation implique des actions locales, une reconstruction par le bas avec une logique cohérente entre production, revenu, échange. C'est aussi à ce niveau local seulement qu'il peut y avoir un renouveau démocratique. Le vide de la réflexion et des proprositions frappe sur ce sujet.

5. Aller vers la justice sociale et l’égalité réelle.

Sur les droits sociaux qui seraient menacés par le méchant néolibéralisme qui nous veut décidément du mal et sert d'alibi commode pour des causalités plus matérielles et moins faciles à balayer de la main, ce n'est guère mieux. On aimerait bien effectivement augmenter les retraites et baisser l'âge de la retraite ("Les retraites permettront aux retraité(e)es de mener une vie longue, digne, libérée du joug salarial, en s'adonnant librement à leurs activités") ! La RTT me semble avoir atteint son seuil et représenter une impasse, appliquée indistinctement à tous les métiers, à l'ère d'un travail immatériel qui ne se mesure plus par le temps. Quand même, apparaît là aussi nominalement la seule revendication nouvelle et réellement progressiste du revenu garanti mais il faut voir comme ils ont dû tourner cela, manifestant surtout leur embarras sur la question :

Un débat existe dans le mouvement social et dans Attac, concernant la proposition d'un revenu garanti inconditionnel destiné à assurer l'autonomie de chacun(e). Mais la nécessité d'un revenu garanti décent ne fait pas débat.

On pourrait s'en satisfaire, sauf qu'on évacue plutôt ainsi la radicalité d'une telle proposition pour se rabattre en fait sur des revendications plus conservatrices (et illusoires) comme l'interdiction des licenciements et des délocalisations, la réindustrialisation ou bien une "sécurité sociale professionnelle" voulant fonder la garantie du revenu sur le diplôme (on est bien en France), un peu comme dans les conventions collectives d'après-guerre mais bien peu adaptée aux nouvelles conditions de production.

6. En finir avec l’oligarchie, étendre et approfondir la démocratie.

Mais sans attendre que nos élus le décident, nous pouvons organiser nous-mêmes des votations citoyennes, des conventions de citoyens, des assemblées populaires dans les quartiers et les lieux de travail, pour débattre ensemble de nos affaires et décider d'actions collectives.

Ce chapitre témoigne d'une conception bien naïve de la démocratie, comme si l'expérience historique ne comptait pas et qu'il suffisait d'appeler à des assemblées citoyennes comme on le fait sans arrêt au moins depuis Mai68. J'aime bien rappeler que, ce que Robert Michels appelait "la loi d'airain de l'oligarchie" s'appliquait d'abord aux partis politiques eux-mêmes et que je sache, il ne semble pas qu'ATTAC pratique "la rotation des responsabilités" trustées toujours par les mêmes.

Les revendications là non plus ne brillent pas spécialement par leur originalité que ce soit l'interdiction du cumul des mandats, la parité, le droit de vote des résidents étrangers ou le référendum d'initiative citoyenne, qu'il faut certes soutenir mais qui ne sont pas aussi miraculeuses qu'on l'imagine. On fait comme si ces progrès démocratiques allaient tout changer et inverser les rapports de force, comme si la majorité était constituée de gauchistes ou de militants d'ATTAC, ce qui est loin d'être le cas, ayant plus de chance de déboucher sur des positions xénophobes que de modifier quoi que ce soit à des processus économiques et matériels sur lesquels la "volonté populaire" n'a pas tant de prise qu'on voudrait s'en persuader (il y a ce qui marche et ce qui ne marche pas). Il est aussi ridicule de trop attendre d'une cogestion des entreprises avec les syndicats, ce qui ne concerne de toutes façons que de grandes entreprises dont la plupart sont des multinationales.

Là encore, en passant, on ne peut dire que les coopératives ne soient pas citées mais sans leur donner aucune portée. Pour la convention européenne, on y arrivera sans doute un jour mais ce ne sera pas non plus la révolution. La seule véritable démocratie est la démocratie de face à face comme disait Bookchin, et donc la démocratie locale vidée la plupart du temps de sa substance, hélas. C'est seulement à ce niveau que cela peut donner "la possibilité de choix alternatifs d'organisation sociale" dès lors que l'étatisation n'est plus de mode. Aux niveaux supérieurs, jusqu'à l'ONU, la démocratie n'est plus qu'un régime de la discussion publique régie par des procédures formelles de votes majoritaires, peut-être le pire des systèmes à l'exclusion de tous les autres mais certainement pas la mythologie républicaine (et guerrière) de la volonté générale éclairée d'un peuple uni et solidaire.

 

On ne peut dire que cette petite brochure ait rempli son rôle de manuel de transition ni levé le doute sur le fait qu'un autre monde soit possible, tout au contraire témoignant de l'absence d'alternative et de vieux discours qui tournent à vide avec seulement en arrière plan, à peine audible derrière les mégaphones, les nouvelles idées émergentes comme le revenu garanti, qui insistent malgré tout sous toutes sortes de formes plus ou moins irréalistes (comme pour Halimi, la version de Friot d'un salaire universel ou le revenu de base pour le manifeste convivialiste qui reprend lui aussi les monnaies locales mais pas Halimi). On comprend qu'on mette tous ses espoirs dans une sorte de miracle, une catastrophe ou un soulèvement salvateur, car ce ne sont pas ces petits programmes concurrents qui peuvent nous promettre des jours meilleurs. Si on n'arrive pas à s'entendre sur une alternative, elle n'a aucune chance de voir le jour et de convaincre la terre entière de nous suivre mais on est consterné de voir comme en politique on se paie de mots et qu'on se croit l'expression unanime quand on ne représente que soi. En tout cas l'état de nos forces et la panne de la pensée de gauche depuis tant de temps n'ont rien de réjouissant. Il faudrait au moins en prendre acte.

Au lieu de se prendre pour les maîtres du monde et prétendre pouvoir le changer par la force de notre foi et de notre indignation, on ne peut sans doute qu'essayer tout au plus de construire un altermonde en son sein, localement, une alternative qui se construit par le bas avec des coopératives municipales et des monnaies locales et non pas dans l'imagination de quelques militants. Cet ancrage dans le local était d'ailleurs le fondement de l'altermondialisme et de son opposition à la mondialisation marchande.

Ce n'est pas ce petit opuscule, où je ne crois pas qu'on parle du numérique une seule fois, qui peut nous convaincre qu'il y aurait d'autres solutions à portée de main et qui tienne compte de la nouvelle donne depuis notre entrée dans l'ère de l'information qui commence à peine mais bouleverse déjà complètement nos vies et le travail aussi. Il y aurait plutôt de quoi désespérer. On attend à la fois plus d'audace dans les propositions et plus de réalisme dans leur mise en oeuvre.

Je vais poursuivre cette exploration des alternatives proposées avec le livre "Vivement 2050! Programme pour une économie soutenable et désirable".

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49 réflexions au sujet de “Le petit manuel de la transition d’ATTAC”

    • Cela doit s'expliquer par le besoin de maintenir la surévaluation des cours et témoigne effectivement d'un déséquilibre sans doute cyclique qui devrait se corriger d'une façon ou d'une autre. Il est certain que cela renchérit le coût du capital mais comme l'argent est gratuit pour les banques, cela ne pèse peut-être pas tant que ça.

      Le scandale est quand même plutôt du côté du sort qui est fait aux pauvres, avec tous ces salauds comme Wauquiez qui trouvent qu'ils sont trop assistés, cette démagogie étant réellement criminelle. Le site dedefensa.org qui ne fait pas dans la dentelle parle même de tendance génocidaire, ce qui est sûr, c'est que la baisse des aides sociales fait des morts. On aurait besoin plus que jamais d'une gauche combattive.

      http://www.dedefensa.org/article-ue_la_tendance_g_nocidaire_en_action_10_12_2013.html

  1. "l'agriculture bio (quoi qu'il vaudrait mieux promouvoir une agroécologie sans doute)". Le terme et la pratique d'agriculture de conservation me semble être le meilleur et le plus nécessaire, parce que la première urgence est l'érosion des sols arables. D'autant que les pratiques d'agriculture de conservation convergent avec l'écologie. Alors que le bio peut être assez médiocre sur le plan de la conservation des sols.

      • Un article intéressant sur agriculture et environnement qui met en cause la notion de "biens commun" remplacé par "inconnu commun" !

        http://www.sad.inra.fr/Toutes-les-actualites/Agriculture-et-environnement-ouvrir-le-champ-des-possibles

        Dans un agro-écosystème, il existe de multiples ressources à préserver, pour lesquelles les intérêts des acteurs peuvent varier. On ne peut donc pas parler de biens communs pour les agro-écosystèmes mais plutôt d’"inconnu commun", une expression issue des travaux de Le Masson et Weil (2013). Engager une démarche collective de conception innovante de l’agro-écosystème sans considérer les options de gestion comme connues à l’avance ré-ouvre le champ des possibles et permet d’initier une action collective alors même qu’il n’y a pas de bien commun identifié a priori.

        • "l'inconnu commun " est une excellente expression parce que "le bien commun " est toujours le bien commun de quelqu'un et pas d'un autre . En faire un inconnu ouvre effectivement les portes de l'innovation ; l'innovation elle même devant rester inconnue pour être réellement innovante et non prédéfinie.
          Plutôt qu'agro système ,on peut parler plus largement de société humaine dans son milieu ; et donc de politique ; la méthodologie transversale faisant que tous les acteurs s'expriment serait la démocratie, régime politique ouvrant le champ des possibles . Moins évident que faire pousser la luzerne.

          • ....D'autant qu'effectivement la matérialité des innovations techniques modifie souvent la donne et donc les planifications politiques qui deviennent obsolètes : le développement d'internet et du co-voiturage est devenu un concurrent redoutable pour le TGV devenu bien trop cher ; c'est ainsi que planifier des politiques ferrées pour le bien commun , reste un inconnu !.....
            C'est ainsi que La grande Motte , univers de béton avantgardiste à destination d'un tourisme populaire, est devenue une vraie ville de résidents à l'année, avec les écoles , les services allant avec.
            Il n'empêche qu'au travers de ces évolutions imprévisibles restent des constantes concernant "le bien commun" et que méthodologiquement l'innovation et le champs de possibles sont mieux servis par la réflexion collective que par la volonté de quelques uns ou le laissez aller d'une évolution subie.

  2. "la loi d'airain de l'oligarchie" s'appliquait d'abord aux partis politiques eux-mêmes et que je sache, il ne semble pas qu'ATTAC pratique "la rotation des responsabilités" trustés toujours par les mêmes.
    S'il y a un type d'organisation pour lequel je militerait pour la sociocratie, c'est bien pour les partis politiques. Je promets d'ailleurs de prendre une carte au premier parti qui serait organisé selon les principes de la sociocratie d'Endenburg.

  3. "notre entrée dans l'ère de l'information qui commence à peine mais bouleverse déjà complètement nos vies et le travail aussi."
    Il me semble que ce qu'on nomme les plafonds de verre des organisations sont en train de subir de fortes transformations sous la poussée du numérique, puisque ces plafonds de verre tiennent leur solidité du blocage d'informations pertinentes, ou au maintien de contre-vérités (la terre plate par exemple) pour la conduite de l'organisation, blocage qui sert à l'appropriation du pouvoir par quelques uns. Ces plafonds de verre vont-ils se dissoudre sous cette poussée ou bien muter? à suivre.

  4. ATTAC patauge pas mal ....mais... comme tout le monde !
    Les évolutions en cours et leur complexité et le fait qu'on soit effectivement pas en capacité de maîtriser et orienter le mouvement , devrait bien plus nous inciter au questionnement collectif qu'aux propositions , programmes , mesures.
    Un des effets pervers fort d'un système politique reposant seulement sur l'élection est que d'une manière ou d'une autre il est impératif de savoir et de proclamer son savoir , impératif de proposer des solutions ; le doute est interdit : qui voterait pour un représentant qui douterait , s'interrogerait ?
    Nous vivons au royaume des sachant dans un monde dont l'avenir n'est pas garanti.

  5. "Les interventions africaines actuelles nous rappellent comme cette Nation tant vantée avait une dimension coloniale"

    Certains viennent y faire des études puis repartent dans leur pays comme un pote de Bangui avec qui j'avais fait des études en France.

    Il est fonctionnaire moyen et les salaires étaient versés souvent avec plusieurs mois de retard, coupures quotidiennes d'électricité, en temps de paix...sorciers payés pour nuire au voisin un peu plus riche.

    Là c'est un peu plus que le bordel, qu'il résume laconiquement par moments critiques.

    Je suis toujours en contact avec lui.

    J'avais songé aller en RCA en vacances, mais la flemme, les vaccins et autres médicaments contre les maladies tropicales.

    La situation, au delà d'une forme de néocolonialisme, c'est que toutes les chancelleries européennes sont dans la panique face à la recrudescence des mouvements islamistes qui pullulent d'un bout à l'autre du continent africain. C'est plus complexe que les intérêts économiques directs ces affaires diplomatico-militaires.

  6. Michel Martin peut-il préciser ce qu’il entend par « la terre plate » comme exemple de contre-vérité maintenue? Car ce n’est pas le maintien d’une fausse vérité que propose par exemple le livre de Tom Friedman « La terre est plate » : c'est-à-dire que dans notre espace intérieur de représentation de l’extérieur, par la globalité rendue effective des échanges à l’ère de la numérisation, s’ opère actuellement une remise à plat. Dans le même esprit un autre livre de cet auteur s' intitule « La terre perd la boule »..

    • "la terre plate" se réfère au pouvoir religieux chrétien dont un des dogmes était que la terre était un disque plat. Au 16ème siècle Copernic démontre le contraire, ce qui heurte le dogme, c'est à dire le plafond de verre du pouvoir religieux. Giordano Bruno s'est vu condamné à mort pour avoir attaqué ce plafond de verre du pouvoir religieux et contesté le dogme par des arguments scientifiques. La terre plate m'a donc servi à illustrer ce que pouvait être un plafond de verre, c'est à dire un pouvoir qui écarte certaines informations pour maintenir ses privilèges.

      • J'utilise l'expression plafond de verre d'une façon un peu libre, parce qu'à l'origine le plafond de verre concerne l'accès (ou plutôt le non accès) au pouvoir de certaines catégories de personne. Mais en définitive, ce sont bien certaines informations qui seraient pourtant utile à la conduite du groupe qui sont écartées. En travaillant sur la circulation des informations, on travaille donc à la fragilisation des plafonds de verre des organisations.

  7. C'est le système de production qu'il faut changer, pas notre imaginaire ni un désir normalisé, ni un homme nouveau moralement correct et bien rééduqué.

    D'autant que notre système économique repose entièrement sur les ressources naturelles, dont les énergies fossiles, et qu'il bute déjà sur la contrainte pétrolière....

    "Le prix du pétrole gouverne-t-il l'économie ?"
    http://www.manicore.com/documentation/petrole/petrole_economie.html

    • bordeaux : même à notre insu on hisse plus haut le drapeau , on dérange plus fort , le troupeau !une putain de baffe de fond depuis les bas fonds du marathonien en slam de fond ... .............................................................................................................................................................................................. farceur malhabile dans l'un-bévue de nos existences comme dans le film de coluche , " la vengeance du serpent à plumes " le slam par ma plume est là pour trouver patiemment le lieu et la formule : quand on sort ivre de la nuit et du formol !! ?? !! !! c'est le capitaine solo qui sort des glaces éternelles comme nos sombres ruelles et milite pour le retour du jeddi , en sortant le parapluies au moment opportun car pour le principe c'est important !!olé 🙂 !!

  8. Le retable fermé du Jardin des Délices de Jérôme Bosch n'est pas révélateur d'un "dogme catholique de la terre plate": N'est représenté comme plan horizontal que l'ensemble continental habitable, dans une biosphère qui ne nous est tellement étrangère, sinon que l'hémisphère sud est essentiellement maritime. Au-delà du plafond de verre qui sert d'épiderme à la planète seul Dieu est présent en haut à gauche pour informer sur la conduite de sa Création, sphérique...

  9. Les gens d'ATTAC sont sympas mais on en connait assez peu qui sont dans des tentatives de constructions locales. Face a une situation locale concrète ils tiennent souvent un discours très général qui leur donnent un coté "donneur de leçons" parfois agaçant. Je suis plus a l'aise avec ceux qui construisent en travaillant dur des systèmes bricolés pour s'en sortir dans un esprit solidaire et coopératif même si c'est fragile. Ca apprend plus de choses.

    • bien d'accord !

      je trouve quand même que le la bel utopia et les alternatifs dans une campagne électorale (municipale) , ça fait du bien , ce n'est pas que l'enfer ... donner de la place et faire durer !! sainte cyprine !! 🙂 !!

      bordeaux : même à notre insu on hisse plus haut le drapeau , on dérange plus fort , le troupeau !une putain de baffe de fond depuis les bas fonds du marathonien en slam de fond ... .............................................................................................................................................................................................. farceur malhabile dans l'un-bévue de nos existences comme dans le film de coluche , " la vengeance du serpent à plumes " le slam par ma plume est là pour trouver patiemment le lieu et la formule : quand on sort ivre de la nuit et du formol !! ?? !! !! c'est le capitaine solo qui sort des glaces éternelles comme nos sombres ruelles et milite pour le retour du jeddi , en sortant le parapluies au moment opportun car pour le principe c'est important !!olé 🙂 !!

      comme une diagonale de sample pour illuminer nos soirées ! code bar zélé , postures attentistes !! attends toi à c'qu' la norme, j'lui fasse un feast !! quand on est trop souvent sommer de subir son sort sans ressentiment !! il faut libérer la bête , et ne niez même pas les misères que vous lui faites , elle n'a pas d'autres tort que d'avoir une autre tête ... l'humanité c'est humanisée quand un groupe d'hominidés c'est arrêté pour attendre les trainards et les gueules cassées et cabossées : il faut que ne soit pas trop barbare notre idéal de redressement , de ce qui est tordu chez l'autre .. voilà pourquoi à attac et sa petite noblesse d'état légitime , c'est la merde !!! on préférera toujours arpenter les chenins ivres comme des arsouilles et pisser notre bière sur toutes les salopes de la terre !!

  10. Concernant la TVA qui est une dévaluation fiscale, je n'ai jamais lu d'arguments convaincants de sa nocivité et n'ai jamais compris la gauche qui la qualifie d'injuste sans pour autant jamais demander sa suppression...

    Je n'ai pas trouvé d'étude montrant un début de corrélation entre inégalité et taux de TVA, le Danemark avec 25% de TVA n'apparait pas particulièrement très inégalitaire en raison d'un processus de redistribution des gains de la TVA. Évidemment, augmenter la TVA sans contrepartie fiscale progressive pour les bas revenus est idiot, mais ce n'est pas ce qui est préconisé par ceux qui défendent l'utilité de cette taxe.

    Cette gauche française reste tellement à la surface des choses que c'en est désolant.

  11. Il n’y a pas de travailleur producteur libre sous le capitalisme qu’il soit a dominante industriel ou cognitif.

    Les contraintes et servitudes face a la société capitaliste marchande sont aussi le lot des artistes,createurs ,autoentrepreneurs etc; l’illusion de la “liberté” et d’un statut different des salariés ,est une division de plus....dans travail autonome il y a le terme travail qui est une pure realité capitaliste presente partout.

    Nous sommes tous a subir le commandement du capital dont la derniere directive visant a accelerer la circulation monétaire et a intensifier le travail cognitif de ceux qui l’assurent, s’impose a tous :

    SEPA echeance 1.2.2014 :

    Le virement et le prélèvement SEPA nécessitent l’utilisation de nouvelles coordonnées bancaires harmonisées à l’échelle européenne : l’IBAN et le BIC. Celles-ci figurent depuis 2001 sur les relevés d’identité bancaire (RIB).

    L’identifiant du compte bancaire est l’IBAN, composé de 27 caractères pour les comptes tenus en France et 34 au maximum pour les comptes tenus dans les autres pays européens. Il comprend le code pays (FR pour la France), la clé de contrôle et l’identifiant du compte national.

    L’identifiant de la banque est le BIC, qui se compose de 8 ou 11 caractères.

    L’espace SEPA couvre les 28 pays de l’Union Européenne ainsi que l’Islande, le Liechtenstein, Monaco, la Norvège et la Suisse. La migration au 1er février 2014 concerne les 18 pays dont la monnaie est l’euro à cette date, les autres disposant d’un délai supplémentaire jusqu’au 31 octobre 2016 pour migrer...

    https://www.banque-france.fr/urgence-sepa/

    Nous verrons si cette echeance sera ou pas le pretexte d’incidents multiples de virements.....

      • Le problème, c'est que ces délires deviennent dominants, cela va de Soral et de tous les complotistes jusqu'à PMO et les nouveaux réactionnaires (Finkielkraut, Michéa, Encyclopédie des nuisances, etc.), avec des discours aussi formatés que celui des trotskistes, vérifiant que la psychose est un excès de logique (recouvrant la réalité).

        Je ne suis pas sûr pour autant de ne pas en avoir été moi-même la victime, dans mes jeunes années au moins...

  12. Comme le thème du replis est assez présent et pesant sur tous les débats politiques, je voudrais souligner le caractère central de l'échange à tous les niveaux de la société, du niveau individuel au niveau international. L'échange a un caractère central si on souhaite développer une philosophie de l'information. L'échange présuppose des capacités d'échange, ainsi qu'une pratique, avec feedback et réajustement bien sûr. Qu'est-ce qui concourt à réduire nos capacités d'échange? Je vois un premier point très important qui est notre aliénation commune à notre identité. Nous sommes tous plus ou moins soumis à notre identité, mélange de notre histoire personnelle, de traits collectifs et de la pensée de groupe. Comment limiter les effets de ces petites prisons pour tendre à restaurer nos capacités d'échange? Il me semble que la très grande réussite de Mandela a été en premier de devenir beaucoup plus libre que ses geoliers. Il a su se faire entendre dans son message qui disait aux noirs, vous n'êtes pas des sous-hommes et aux blancs, vous n'êtes pas des surhommes et ainsi les libérer de leurs prisons respectives.

    • Il y a un retour vers des formes de mythologies du travail qui sont le signe d'une perte d'autonomie dans la bureaucratisation :

      «Je ne crois pas du tout que cette opposition soit pertinente. Le vrai problème, aujourd'hui, est de redonner du sens au travail quel qu'il soit, manuel ou intellectuel. Il faut le débureaucratiser, simplifier des organisations inutilement complexes, redondantes, hiérarchisées. Redonner le sens de l'autonomie aux travailleurs. C'est un problème de management, qui n'est pas lié au contenu du travail lui-même...»

      http://www.marianne.net/Le-blues-des-intellos-precaires_a234423.html

      • Il y en a qui sont passés au-delà du "il faut", par exemple les entreprises libérées.
        Les méthodes Agile dans le milieu du logiciel, Toyota aussi avec son lean management. La raison plus profonde de cette mutation qui semble vouloir se dessiner pourrait tenir à la révolution numérique où le contrôle devient moins productif, voire contreproductif. Dans ce cadre nouveau, les entreprises les plus efficaces sauraient organiser la délégation (la subsidiarité).

        • La délégation c'est de voir quelle valeur ajoutée peut apporter quelqu'un, pas si simple, ça demande du flair et pas des procédures rigides ex ante. J'ai longtemps fait mon expérience dans du laboratoire, c'est ce qui me permet de ne plus avoir à y passer du temps, je vois et anticipe assez bien mon domaine où sont les questions, points d'interrogation, pour n'y faire que de rapides incursions et résoudre les problèmes car je vois assez rapidement où ça peut bloquer. Ensuite la partie intendance suit, protos, tests, budgets...à la limite je ne m'en occupe plus, chacun sait y faire pas si mal, seules quelques corrections d'évaluation parfois sont nécessaires, mais en général il n'y a pas grand chose à faire, le cours des choses résout pas si mal les problèmes quand les infos de base sont correctement produites initialement, ce que je j'essaye de faire, pas si mal finalement, en n'en foutant pas grand chose d'un point de vue purement temps de travail objectif, mais peut être beaucoup plus sur d'autres plans indirects.

          • Il y a des choses intéressantes, notamment sur la vulnérabilité mais la morale en politique est de peu d'efficience, l'autonomie, c'est surtout ce qu'on peut faire et, pour les animaux, à vivre avec eux, je ne crois pas qu'on puisse en avoir une morale rationnelle, obligés à l'arbitraire de choisir entre ceux dont on prend soin et ceux qu'on condamne à souffrir. Les animaux nous mettent en position divine, ce dont nous connaissons l'imposture...

          • "Les animaux nous mettent en position divine, ce dont nous connaissons l'imposture."
            Suivant les cosmologie (naturaliste, analogiste, animiste, totémiste), ce nousest assez différent. Les animistes et les totémistes se voient plutôt comme des frères des animaux, alors que les naturalistes et les analogistes se voient plutôt différents et supérieurs. Ce qui peut expliquer que pour tuer des animaux, les animistes et les totémistes passent par des rituels compliqués pour conjurer une sorte d'anthropophagie, alors que les analogistes et les naturalistes les tuent sans rituel.
            Je dirais réciproquement que les rituels pour tuer des animaux révèlent une culture qui se voit assez proche d'eux.

    • Je voudrais juste mettre un bémol à l'éloge de l'échange qui a sa pertinence sauf que ce n'est pas tout ou rien, il n'y a pas de vie sans échange avec son milieu, mais il n'y a pas non plus de vie sans membrane et donc sans échange régulé pour maintenir l'homéostasie. Les questions ne se posent pas dans la pensée (identité, etc.) mais matériellement. Les échanges sont destructeurs, pas seulement gagnant gagnant, facteur entropique auquel on peut essayer de résister (crispation identitaire qui fait tomber dans la xénophobie) tout étant une question d'équilibre entre ces deux faces, ne pas tomber dans la démesure d'une vérité qui ignore la vérité contraire.

      Pas de vie sans échange, donc, qu'il faut susciter et organiser, mais pas de vie sans résistance à l'intrusion. On ne peut se passer de dialectique, on ne peut se passer d'être antilibéral face à un libéralisme destructeur, pas plus qu'on ne peut se passer de défendre le libéralisme face à un pouvoir autoritaire.

      • Oui, cet éloge de l'échange est surtout un éloge des capacités d'échange, ce qui implique en effet un minimum de stabilité des entités si on se place dans une représentation entité/relation. Parmi les textes sur les "membranes", Régis Debray qu'on n'attendait pas vraiment sur ce thème, a écrit un "Eloge des frontières" qui prend acte de leur nécessité.
        Théodore Zeldin a, de son côté écrit un "De la conversation" qui milite à sa façon pour une philosophie pratique de l'information. Il explore ce qui inhibe les capacités d'échange et ce qui les favorise.
        Si les entités ont besoin de stabilité, il n'en demeure pas moins que les noeuds paradoxaux sont comme des cages qui induisent une fragilité et des limites nocives aux échanges, à la prise en compte d'informations utiles pour développer les connaissances et les facultés adaptatives.

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