La drôle de guerre

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Le pire s'annonce sur tous les fronts, celui du climat, de la biodiversité, des pandémies à répétition, de la famine, de la fascisation qui gagne même les États-Unis et bien sûr le spectre d'une troisième guerre mondiale opposant les régimes autoritaires aux démocraties libérales. Les canicules se succèdent, la guerre fait rage depuis plusieurs mois à nos portes, l'inflation s'accélère, l'énergie et le blé devraient manquer, entre autres et surtout aux plus pauvres, jamais l'effondrement du système mondial n'a paru aussi imminent mais pour l'instant rien ne trouble encore un quotidien habituel dans l'insouciance d'un été précoce et de grandes vacances précipitées entre deux pics de la pandémie.

Ce faux calme avant la tempête n'est pas sans évoquer le temps de la drôle de guerre de 1939 avant que cela ne devienne beaucoup moins drôle et la véritable guerre, mais le contraste actuel entre les belles journées de juin-juillet et les menaces qui s'amoncellent produit une semblable dissonance cognitive et un effet déréalisant dont le réveil sera brutal.

Ceci, d'autant plus qu'à ce jour il semble bien que, sur tous les plans, on pourrait avoir déjà perdu la guerre, que ce soit pour le climat ou l'émancipation. Tout ce à quoi on avait cru et ce qu'on croyait acquis est remis en cause. Certes, un sursaut est probable contre ces tendances mortifères mais cela peut prendre des années. De même, les démocraties libérales sont toujours assez faibles au premier abord face aux régimes autoritaires mais peuvent trouver dans un second temps des ressources supérieures. Tout est une question temporalité et de rapidité d'exécution mais ce qui finit par l'emporter normalement, c'est la puissance économique.

En attendant, le risque c'est de se trouver avec un axe Russie-Chine auquel pourraient s'agglutiner d'autres dictatures ou théocraties opposant leur souveraineté à l'autorité de l'ONU comme à l'hégémonie occidentale (la Turquie y serait plus logiquement que dans l'OTAN). La confrontation est de l'ordre de l'inimaginable, on ne voit pas comment cela pourrait se passer bien et nous épargner mais on ne voit pas non plus comment cette confrontation pourrait ne pas avoir lieu (au moins de façon larvée) entre conceptions de l'ordre mondial et puissances militaires - avec un risque nucléaire non nul bien qu'encore très improbable.

Ce retour d'une dialectique impitoyable devrait nous rappeler "la douleur, la patience et le travail du négatif" tout ce qu'on croyait dépassé mais, que dire ? jusqu'ici, tout va bien...

Allez, je retourne me dorer au soleil.

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