Quel chômage technologique ?

Temps de lecture : 9 minutes

Il est indéniable qu'il serait nécessaire de se préparer aux évolutions futures et pouvoir planifier la transition au lieu de laisser faire et d'en subir violemment la sauvagerie. Seulement, pour cela, il faudrait s'entendre sur notre futur, ce qui est loin d'être le cas. Le problème cognitif est primordial car il conditionne nos capacités de réactions. Il ne suffit pas de courir sur tous les plateaux pour inciter à l'action si on ne porte pas le bon diagnostic, notamment sur ce sujet central, qui agite la société, des transformations du travail.

Comme à chaque grande crise on nous prédit la fin du travail (Keynes, Duboin après 1929), vieille rengaine qui croyait pouvoir s'appuyer sur une étude de chercheurs d’Oxford (Carl Frey et Michael Osborne) concluant que 47% des emplois étaient « à risque » aux Etats-Unis au cours des dix à vingt prochaines années. C'est ce que l'OCDE (pdf) tente de réfuter en montrant que ce n'est pas si simple et ramenant ce taux à 9%, soit quand même 2 millions de chômeurs ! Il n'y a aucune garantie que ce soit l'OCDE qui ait raison, le nombre de créations d'emplois par poste de haute technologie est surévalué (et ce sont souvent des petits boulots) mais ses arguments méritent d'être discutés. Des innovations comme les camions autonomes peuvent affecter gravement toute une profession plus qu'ils ne pensent. Il devrait y avoir un impact social fort qu'il ne faut pas minimiser, pas plus que la tendance à sortir du salariat, mais ce n'est pas la même chose qu'une "fin du travail". Il est crucial en tout cas de faire les bonnes évaluations.

J'ai déjà rappelé que dans la crise actuelle, "Non, les robots ne sont pas la cause du chômage" et que, de toutes façons, ce n'est pas le travail qui manque, c'est l'argent pour le payer, mais les transformations du travail posent de grands problèmes, exigeant notamment une refondation des protections sociales. Il est intéressant de voir que la nécessité d'un revenu de base est de plus en plus reprise comme moyen de compenser la baisse des revenus (et déjà presque mis en place avec la prime d'activité). Par contre je suis un peu étonné que la réduction du temps de travail soit évoquée, qui me semble ne pouvoir être appliquée qu'à un petit nombre d'emplois salariés. Ce qui est encore plus étonnant, c'est qu'ils supposent qu'une réduction du temps de travail compense les suppressions de poste, ce qui est l'argument de ceux qui voudraient lutter contre le chômage par la RTT et qui s'est avéré faux (sauf éventuellement au niveau d'une entreprise voire d'une branche). Je ne peux qu'encourager la réduction du temps de travail partout où c'est possible, jusqu'au mi-temps lorsqu'il n'y a pas de contrainte de continuité de service (ce qui est rare), mais il y a déjà trop de contrats ultra-courts et je ne comprends pas qu'on puisse croire encore que cela pourrait être efficace globalement, sauf un peu sur le court-terme et sans commune mesure avec les millions de chômeurs (de toutes façons malgré les 35h, les salariés travaillent toujours 39h, quand ils ne continuent pas à la maison avec leur portable). Il est encore plus incompréhensible qu'on s'imagine qu'il y aurait une chance que cela se fasse (en dehors d'un certain nombre d'usines ou de services) ! On est là dans le pur théorique si ce n'est dans la simple posture.

Des estimations basées sur l’évaluation des compétences des adultes (PIAAC) montrent que 9% des emplois en moyenne présentent un risque élevé d’automatisation alors que pour 25% d’autres emplois, 50% des tâches seront considérablement modifiées par l’automatisation.

L’idée de « chômage technologique » a déjà été mise en avant par Keynes dans son essai sur les « Perspectives économiques pour nos petits-enfants » (Keynes, 1931). L’histoire économique laisse à penser que les innovations majeures, telles que la machine à vapeur, l’électricité et la chaîne de montage, ont bien été des innovations de rupture. Elles ont pu entraîner des pertes d’emploi considérables à court terme mais ces dernières ont été plus que compensées à long terme par la création d’emplois plus productifs et gratifiants, associés à des améliorations majeures du niveau de vie (p. ex. Mokyr, Vickers et Ziebarth, 2015 ; OCDE, 2015b). Toutefois, les leçons du passé ne sont pas toujours valables pour l’avenir.

L’automatisation a conduit au remplacement d’une part considérable des emplois répétitifs, quel que soit le niveau de compétences (OCDE, 2013). Dans le même temps, la demande de main-d’oeuvre pour les emplois hautement qualifiés non répétitifs a considérablement augmenté. Ces emplois nécessitent souvent de travailler sur la base d’informations nouvelles, et impliquent des compétences interpersonnelles et la résolution de problèmes non structurés. On assiste également à une hausse de la demande de main-d’oeuvre pour les emplois non répétitifs peu qualifiés dans des secteurs comme les services aux personnes, qui sont difficiles à automatiser.

Une grande part des emplois ont un faible risque d’automatisation complète, mais ils comportent une proportion importante (entre 50% et 70%) de tâches automatisables. Ces emplois ne disparaitront pas totalement, mais une large part de ces tâches pourrait transformer radicalement la façon dont ces emplois sont effectués.

Le risque de chômage technologique massif peut être écarté pour plusieurs raisons. Tout d’abord, bien que le nombre de nouveaux emplois directement créés par le secteur des TIC ne permette pas forcément de compenser complètement les emplois supprimés par ailleurs (Berger et Frey, 2016 ; OCDE, 2015b), de nouveaux emplois sont susceptibles d’apparaître parallèlement au développement des applications technologiques et à l’expansion d’autres secteurs, dans le sillage de la baisse des coûts et de la hausse des revenus et du patrimoine, même si ces deux facteurs prennent du temps à se matérialiser. En effet, selon certaines estimations, chaque emploi créé par le secteur de la haute technologie entraîne la création d’environ cinq emplois complémentaires (Moretti, 2010 ; Goos, Konings et Vandeweyer, 2015).

Enfin, même si le besoin de main-d’oeuvre est moindre dans un pays en particulier, cela peut se traduire par une réduction du nombre d’heures travaillées, et pas nécessairement par une baisse du nombre d’emplois, comme l’ont constaté de nombreux pays européens au cours des dernières décennies (Spiezia et Vivarelli, 2000).

La polarisation de la structure des professions autour des emplois non répétitifs hautement et faiblement qualifiés et entre l'emploi à durée indéterminée et diverses formes d'emplois atypiques pourrait renforcer la polarisation de la structure des salaires en emplois fortement et faiblement rémunérés.

Dans ce contexte, il faudra adapter les systèmes de prélèvements et de prestations afin de garantir que le travail, même faiblement rémunéré, apporte un revenu suffisant pour échapper à la pauvreté.

Il est amusant de constater comme l'étude qui avait effrayé tout le monde en faisant craindre la disparition de la moitié des emplois avait bêtement supposé que tous les emplois étaient identiques au sein d’une profession et dans tous les pays. C'est comme cela qu'on simplifie tout et qu'on s'emballe en escamotant le facteur temps. Ce n'est pas si rare. Suivre les nouvelles scientifiques fait découvrir comme certaines annonces sont prématurées et comportent des biais importants.

Ce qui m'étonne quand même, c'est la relative minimisation du travail indépendant par l'OCDE, bien que en hausse (mais la disparition des agriculteurs fait baisser cette progression). Il se peut que les choses prennent plus de temps que je ne le pensais mais c'est une tendance lourde. Les institutions du travail autonome risquent donc d'attendre que le nombre d'indépendants atteigne une masse critique...

Il faut quand même citer Brynjolfsson et McAfee, auteurs en 2011 de "Race Against the Machine" qui voient un "grand découplage" depuis 2000 (aux USA) entre productivité et emplois qui serait imputable au moins à la rapidité de l'automatisation même si cela ne diminue pas forcément le nombre d'emplois à long terme (mais la cause pourrait être due à l'environnement économique plus qu'à la technologie ?). Par contre pour George Mason, auteur de "The Great Stagnation" en 2011 aussi, c'est plutôt le ralentissement des progrès de la productivité (surtout depuis 2004) qui serait responsable de la perte d'emplois...

3 287 vues

28 réflexions au sujet de “Quel chômage technologique ?”

  1. Sujet à la mode, j'en discutais par ailleurs.
    La grande crainte la robotisation est :
    trouver des filières qui en étaient relativement à l'abri, on est allé vers les fondamentaux :
    * nourriture,
    * toit (planque à capital, qui va tenir combien de temps encore si tout se précarise ?),
    * cul(tout gratuit plus possible),
    * crédit (en france c'est grillé les banques ont verrouillé, attali fait des trucs mais chez les indiens)

    à l'abri :
    * et pourquoi pas bosser dans l'automatisation ?
    * faire une spécialité dans les processus ?
    * en indépendant c'est pas possible ?
    * j'imagine qu'en france il faille s'abriter dans une structure genre ESN SSII trailleuse de pauvres cerveaux qui ne voient que peu la production de leur richesse ...

    -> nouvelles informations, avec compétences interpersonnelles et la résolution de problèmes non structurés

    en gros la démerde tout en essayant de structurer quand même

    parier sur un effet second tour ou les prolos de l'automatisation seraient à même par leurs richesses d'initier une boucle d'enrichissement collective, j'attends bien pour voir

  2. "...ce n'est pas le travail qui manque, c'est l'argent pour le payer..." et peut-être aussi le talent pour que ce travail reçoive une quelconque validation sociale. Les alternatives monétaires permises par les NTIC peuvent contribuer à combler ce manque d'argent, dans la mesure où elles ne seront pas à leur tour l'objet des effets de polarisation concentration/pénurie de l'argent dominant actuel. Faudrait-il que l'état abandonne son droit exclusif à frapper monnaie et qu'il permette à des municipalités, des territoires, de frapper monnaie? La seule solution technique actuelle est la monnaie privée (qui n'est pas tout à fait une monnaie de ce fait), y compris pour les municipalités. Mais dans la mesure où aucun membre d'une municipalité n'est empêché de devenir membre de l'association gestionnaire de la monnaie locale, ça revient au même, qu'elle soit publique ou privée.
    Il me semble qu'un parti en phase avec notre temps devrait promouvoir les monnaies locales, devenir expert, apporter toute la logistique pour aider à la mise en place de ces monnaies d'une part et de l'autre œuvrer à développer un droit qui y soit favorable.

  3. Vraiment pas d'accord avec Jean, qui n'en reste pas moins le blogueur le plus sympa qui soit ! Il est vrai que les tenants de l'antithèse, (l'automatisation "détruit" les emplois), ne l'ont pas vraiment démontrée, et que leurs adversaires ont pour eux des exemples historiques. Donc, Jean écrit que "ce n'est pas le travail qui manque, c'est l'argent pour le payer", ce qui réduit le phénomène à un moment des cycles économiques. A mon sens, cet argument est à côté de la plaque. Pourquoi ? Parce que le travail, avant d'être quelque chose qui relève de l'économie, est d'abord quelque chose de physique. Il faut donc considérer "comment ça se passe physiquement", avant d'étudier si l'économie peut se permettre ou non de payer le travail.

    Or, physiquement, l'on constate qu'il ne diminue pas en quantité dès lors qu'on estime celle-ci en nombre d'opérations par unité à produire. (Il faut planter 1 graine par plant, monter 1 moteur par voiture, construire 1 toit par maison,...) On constate par ailleurs que l'automatisation a permis, d'une part et grâce aux machines, que la quantité de travail augmente de façon vertigineuse en volume, (nombre d'opérations effectuées), d'autre part et à cause des mêmes machines, que la part des opérations dévolues aux humains ne cesse de diminuer.

    Donc, la théorie selon laquelle l'automatisation n'est pas une cause de chômage suppose qu'il est toujours possible d'inventer en quantités suffisantes de nouvelles opérations dévolues aux humains. Cela s'est avéré vrai dans le passé mais : 1) au prix d'une dégradation du travail, (travail à la chaîne, disparition des artisans et paysans,...); 2) sans garantie aucune que ce sera toujours vrai; 3) c'est en contradiction flagrante avec le principe-même de l'automatisation qui consiste, rappelons-le, à faire travailler des machines à la place des humains.

    • Je ne suis pas du tout satisfait de mon commentaire. Il n'apporte aucun argument solide dans un sens ni dans l'autre. En effet, dans les sociétés pauvres où les machines sont quasi inexistantes, il y a toujours des plus pauvres que tous les autres, c'est-à-dire des gens qui n'ont pas de travail ou pas la possibilité d'effectuer le travail qui se présente. L'idée de Jean, (il manque l'argent pour payer le travail), est certes intéressante, de même que celle des cycles économiques auxquels elle renvoie, il faudrait que j'étudie cela de plus près mais j'ai la flemme.

    • L'idée qu'il y aurait une quantité de travail et de besoins donnée est naturelle mais elle est évidemment fausse. La meilleure définition du travail, c'est la lutte anti-entropie qui est sans fin mais il n'y a pas que le travail matériel. Le spectacle a un chiffre d'affaire supérieur à l'automobile. Il y a eu bien sûr des sociétés stationnaires mais nous sommes pris dans l'évolution naturelle qui poursuit sa fonction anti-entropique et nous découvre de nouveaux besoins (ne serait-ce que de lutter contre l'entropie d'origine anthropique).

      A l'évidence notre chômage actuel, en France n'a rien à voir avec l'automatisation et plus avec la globalisation (la concurrence des pays les plus peuplés et l'achat de matériels, notamment numériques, produits hors de France). Dire que le travail ne fait que se dégrader est complètement faux, au moins par rapport au XIXè et début du XXè (c'est l'erreur de la théorie critique de prolonger bêtement le passé). Certains emplois sont horribles mais en général ils sont de meilleure qualité qu'avant (et on peut toujours prendre l'exemple des bons artisans d'antan ou de paysans épanouis, ce n'était vraiment pas la majorité).

      Bien sûr, tout travail sera de plus en plus automatisé (utilisant des robots pour faire le travail à notre place) mais c'est la signification du travail pour nous qui change et devient la valorisation de nos compétences.

      Le vrai problème, c'est la rapidité des changements par rapport au temps d'adaptation nécessaire (alors qu'on freine des 4 fers). Il y aura donc de la casse, une extension de la précarité et des travailleurs pauvres, sans doute atténué par un revenu de base (ou l'impôt négatif) pour que ce ne soit pas dramatique (une culture de la pauvreté peut être positive) mais je vois bien que les dispositifs que je préconise pour faire face aux transformations du travail sont encore loin d'être mises en place.

      (pas le temps de trop répondre, je suis en retard sur tout et déjà dans la revue des sciences)

    • Je pense qu'il n'y a pas tant d'emplois qui demandent beaucoup de virtuosité, donc hors considérations RTT. En revanche, il y a beaucoup d'emplois pas si qualifiés mais supportant stress physique ou/et psychique. 6 heures/jour sont productives et ensuite la 7ème est moins productive que les précédentes, la 8ème moins que la 7ème...

      Dans le contexte actuel qui privilégie une restriction de la masse salariale et des commandes, alors la RTT a du sens.

      Il en serait tout autrement si la politique éco européenne décidait de créer des bonds d'investissement, green bonds, dans la transition énergétique, numérique... comme le proposent Aglietta et bien d'autres avec divers montages financiers à base de BCE, investisseurs privés et BEI, mais ca bloque toujours du côté allemand.

      Donc on continue avec RTT, Kurzarbeit et la pénurie d'emplois.

      A moyen long terme, la tendance peut s'inverser, l'Allemagne se rendant compte que son modèle mercantiliste est obsolète avec une Chine recentrant sa production sur sa consommation et important moins de produits-machines allemands.

      La RTT n'est que le ticket de rationnement permettant de générer la pénurie d'argent orienté vers le travail néguentopique indispensable. Une politique du moins pire en attendant du mieux qui se perd dans les atermoiements politiciens.

      • Comme je le répète à chaque fois, je suis POUR la RTT... quand c'est possible ! Le problème de la France, c'est qu'on veut en faire une loi applicable à tous pour en avoir une réduction immédiate du chômage, toutes choses trop exagérées. Il y a pas mal d'emplois qui ne peuvent ni réduire leur temps de travail, ni remplacer un emploi par 2 mi-temps, et, pour les petits salaires, la réduction du revenu est trop pénalisante. Ce qui ne va pas, c'est l'approche nationale (nourrie de nationalisme), sinon un certain nombre d'entreprises constatent effectivement que, dans leur domaine, la RTT est productive, c'est l'avantage de l'entreprise, pas une contrainte pour soi-disant réduire le chômage. Ces entreprises ne dégradent pas les conditions de travail mais trouvent leur intérêt à les améliorer ! Ainsi, j'en avais déjà parlé, des entreprises suédoises passent aux 6h au lieu de 8 (ce qui ne crée pas d'emplois supplémentaires et n'a rien à voir avec travailler 8h et prendre ensuite des jours de RTT).

        https://francais.rt.com/economie/7657-suede-passe-journee-travail-6-heures-efficace-bien-etre-employes

        • Je reconnais qu'une loi monolithique n'est pas satisfaisante et par ailleurs le patronat n'est pas si souvent lucide pour proposer des modalités de travail satisfaisant son intérêt et celui de son salarié.

          La loi générale ou locale de l'entreprise sont souvent aveugles concernant les spécificités de chaque emploi. Dans chaque cas, on veut rentrer tout le monde dans le même moule, zéro souplesse et adaptabilité.

        • Quelles sont vos propositions ?

          Sur le plan macro, la RTT, aussi imparfaite soit elle, a généré 2 fois plus d'emplois francais en début 2000 que dans les autres pays.

          La solution idéale du type peer to peer libérale n'existe pas actuellement. A vouloir l'idéal, on perd le viable.

          C'est comme l'inversion des normes de la loi Khomeri, une illusion de démocratie locale qui feint d'ignorer tout le contexte des rapports de force locaux, globaux et légaux.

    • Le mauvais infini, c'est de juste prolonger les courbes et passer tout de suite à l'infini sans tenir compte du facteur temps ni des inversions de tendance.

      Contrairement à ce qui est dit, rien de mieux que les maths pour gagner de l'argent dans le monde à venir (Google, Finance, IA, Big Data, etc.) mais gagner de l'argent n'est pas si désirable. Avoir un travail qui nous plait est bien plus important même à crever la dalle comme un artiste.

      La prospective est très difficile et laisse l'avenir incertain mais chacun a son opinion et croit très bien savoir de quoi demain sera fait...

      • Le problème, c'est qu'en France les salaires me concernant sont faibles comparés à bien d'autres pays. J'ai concédé 30% de baisse de pouvoir d'achat pour revenir en France, mais en plus les conditions de travail : organisation, mentalité, ambiance, rigueur de raisonnement, management sont épouvantables.

        C'est sidérant !

        De nombreux jeunes bac +5 ou 7 en arrivent à s'expatrier, lassés des stages, CDD ou CDI sous payés par rapport à d'autres pays. La recherche publique française se porte tout aussi mal, faisant plus de bureaucratie pour avoir des sous que de recherche scientifique.

        L'administration française est assez consternante aussi et quand elle se met à l'informatique, c'est bugs sur conceptions obsolètes. On attend toujours l'IA pour fluidifier les administrations, on en est loin.

        Le nucléaire francais est devenu une gigantesque gabegie, et l'énarchie pourrit tout ce qu'elle touche.

        Il va falloir remettre pas mal de choses à jour pour que ce pays fonctionne mieux, sinon c'est FN au programme.

        • Pour exemple, la dernière boite française où j'étais avait des bureaux archi-bruyants, un management incohérent, des investigations techniques superficielles et mal documentées, un système documentaire qualité sur réaliste que même le réseau informatique n'arrivait à gérer.

          4 ingénieurs japonais de la multinationale finançant la start up étaient présents depuis 2 ans et m'avaient dès le début exprimé leur scepticisme concernant la façon dont étaient menées les affaires par la partie française. J'avais pensé qu'ils exagéraient, mais en fait pas du tout.

          J'ai constaté rapidement qu'ils avaient raison et que c'était encore pire que ce qu'ils disaient pudiquement, un bordel complet...

          Un an auparavant, j'avais effectué une mission dans une filiale française de la boite allemande où je travaillais. Même constat, baratineurs incompétents et sans aucune rigueur technique au pouvoir. Tous les compétents exfiltrés et une gabegie de pognon invraisemblable.

          • La culture autocratique/bureaucratique/anarchique qui domine dans les entreprises françaises est à l'opposé de ce dont nous aurions besoin pour nous adapter. Les mécanismes de sélection finiront bien par faire disparaître ce trait culturel fâcheux, mais c'est peu probable que ce soient les entreprises en place qui se transforment, ce sera plutôt avec les nouvelles entreprises. Je crois que des gens comme J-F Noubel, ou Yves Caseau sont à diffuser (même si Noubel est énervant et Caseau encore trop attaché au manager). Développer le savoir faire en intelligence collective me semble très utile aujourd'hui.

          • Un bouquin récent sur le sujet: Intelligence collective, co-créons le monde de demain. Ecrit en utilisant les principes qui y sont soutenus.
            Il faut tout de même noter que la transformation vient par les entreprises, parce que du côté des partis politiques c'est bien pire. C'est assez compréhensible parce que les entreprises ont beaucoup plus d'échanges sortant du cadre national que les partis.

  4. Quel futur pour l'‪#‎emploi‬ et le salariat? Yann Moulier-Boutang propose des solutions http://bit.ly/1VkbwnT
    Voici la deuxième partie de l'article sur la crise de l'emploi et du salariat et la 4° révolution industrielle.
    A compléter absolument pour ce qui est du revenu d'existence ou de pollinisation par le dossier du numéro 63 de Multitudes à paraître vers le 20 juin Le nom du dossier est : Les nouvelles frontières du revenu de base

    • La taxation à 5% des transactions financières est complètement utopique dans une économie ouverte !

      On peut se réjouir de voir tout le monde (comme la fondation Jean-Jaurès) se rallier à l'idée d'un revenu de base mais je suis revenu de l'espoir qu'il puisse être suffisant. Comme toujours, on aura une réforme minimale qui pourra même être une régression sociale pour certains et il faudra se battre ensuite pour l'augmenter afin d'améliorer sa productivité (le développement des capacités de chacun, en passant de la sécurité sociale au développement humain pour répondre aux besoins de la nouvelle économie, ce qui exige des dispositifs complémentaires, pas seulement un revenu minimal).

      • HÉLAS ??

        on est trop laisse de devoir attrapper le semblable au lassot avec un regard agard sur le petit blanc .... sisi wesh la famille !! ma parole !! ivre de ciments de vérités et de formol , on cherche et des fois on trouve la clé et la formule ...

        hélas ça veut dire qu'on regrette qu'on aurait aimé tellement (et follement) autre chose mais que ce n'est pas le cas , hélas , pour marquer sa déception pour rythmer son aveu (souvent d'impuissance!!) ...

        En arabe c'est ya hasratah!!

        mais je veux moi aussi me racrocher à un truc dont on pourrait massivement débattre comme le revenu de base même compétitif , qui bien sur ne suffit jamais

        on sait jamais trop ce qu'on fait ... mais quand je regarde chez moi ou sur le facebook d'antyphon , il y a des images et des écriture ( le petit commentaire écrit à la volée est un peu mon fond de commerce .. mais après c'est vrai ça ne dit pas grand chose , il y a d'un côté des pompiers et de l'autre des francs tireurs ; des pyromanes , j'en suis car c'est à la vérité autant que possible que j'apporte ma dévotion ...

        https://www.youtube.com/watch?time_continue=275&v=byIrfuspOfM

        le grand jeu c'est l’œuvre d'un poseur de bombes !! rémouleur des idées des hors d’œuvre à visiter !! et viens à bordeaux II victoire qu'on t’entraîne dans la ronde ! ramène matelas duvets et guitares : on ira déféquer sur leurs ondes ...
        tombes à la mer , il faut en vieux loup d' mer de la gravité et ne pas rouler sur la bouteille car il est plus que temps de pourparlers !!
        Fin de la conversation

        amours et révoltes !! sisi :"...ce n'est pas le travail qui manque, c'est l'argent pour le payer..." ghetto nomad punk intellect !!

      • il manque la fin de cette phrase : "Le financement d’un revenu d’existence à un niveau équivalent à celui du smic ne peut pas être assuré par les impôts directs actuels (système Beveridgien) ou par les cotisations sociales (système bismarckien ou mixte à la française) ne constituent pas la solution quand bien même il serait partiellement remplacé par un impôt sur."

  5. Concernant le droit du travail :

    "Mais l’autorité n’est plus ce qu’elle était. Pour faire travailler en particulier un travailleur du savoir, il faut désormais son adhésion et non plus la simple obéissance. D’où la remise en cause de la subordination juridique permanente liée au salariat, excellente pour reproduire un modèle, la Ford T noire de 1908, mais contre-productive en termes de réactivité et surtout de créativité. Comment faire travailler efficacement un travailleur du savoir sans un minimum d’autonomie ?"

    http://www.lenouveleconomiste.fr/jean-emmanuel-ray-universite-de-paris-i-sorbonne-la-loi-travail-opere-un-bon-equilibre-entre-droit-du-travail-et-droit-a-lemploi-mais-passe-un-peu-vite-sur-les-effets-du-tsunami-numeriq-30308/

  6. Il est significatif de voir qu'on parle de plus en plus à la fois du revenu de base et des monnaies locales, même si à chaque fois on conclut que ce ne sera pas faisable, comme si ces idées s'imposaient en dépit de toutes les objections.

    Là, des monnaies locales sont proposées pour aider les migrants tout en profitant à l'économie locale :

    https://blogs.mediapart.fr/les-economistes-atterres/blog/100616/migrants-developpement-local-et-transition-les-monnaies-locales-utiles

    L'article du MIT surtout est intéressant car il montre que l'idée d'un revenu de base a resurgi à de nombreuses reprises aux USA, sans jamais aboutir (sinon à l'impôt négatif). C'est une histoire que je connaissais mal et qui pourrait montrer qu'elle ressort à chaque crise, façon de la déconsidérer tout comme de la justifier par une fin du travail à cause de l'automatisation qui est loin d'être effective alors que la véritable raison est les transformations du travail et notamment la précarité du travail autonome (on peut y ajouter la subvention aux travailleurs pauvres en concurrence avec les pays en développement). Les critiques de cette mesure ont sans doute raison d'en pointer les dangers ou insuffisances mais c'est, selon moi, un argument pour la compléter avec d'autres dispositifs de développement humain, pas de ne rien faire comme si la situation actuelle était satisfaisante et qu'il n'y avait pas développement de la précarité et de la misère :

    https://www.technologyreview.com/s/601499/basic-income-a-sellout-of-the-american-dream/

    • Un article sur la proposition d'Anthony Atkinson qui s'appelle "revenu participatif" car il montre avec raison que le revenu ne peut être absolument universel ni sans aucune conditionnalité. J'ai toujours su gré à Alain Caillé de son concept "d'inconditionnalité faible" qui me semble pouvoir être opérationnel. Je rappelle que je ne défends pas un "revenu d'existence", ni un "revenu universel" et ne soutiens pas vraiment un "revenu de base" (quoique j'approuve le de base, complété par un revenu du travail) mais un "revenu garanti". Toutes ces nuances n'ont aucune importance par rapport aux opportunités (on prend les propositions qui s'imposent dans le débat). La proposition d'Anthony Atkinson a d'ailleurs peu de chance de voir le jour car elle implique, comme la plupart des projets de RdB une modification radicale de la fiscalité qui ne se fait pas en un jour.

      L'important, pour l'instant, c'est que la nécessité d'un revenu minimum pour l'économie à venir devient une évidence et que des expérimentations soient tentées même si je crains leur échec car personne ne tient compte de la nécessité de compléter un revenu de base par les institutions du travail autonome et du développement humain.

      https://blogs.mediapart.fr/tiptop/blog/130616/crise-du-travail-un-revenu-de-base-pour-tous

  7. Une étude de McKinsey tente d'affiner les prévisions d'automatisation :

    http://www.paristechreview.com/2016/07/17/machines-remplacer-les-humains/

    Le potentiel technique à l’automatisation ne suffit pas en lui-même pour évaluer s’il sera effectivement adaptable à une activité donnée. Le potentiel réel d’automatisation d’un secteur ou d’une activité dépend aussi de l’interaction entre le potentiel technique, les avantages et les coûts (dans le cas d’une entreprise), les dynamiques de l’offre et de la demande (en termes de main-d’œuvre), et d’autres facteurs aussi divers que la réglementation ou les aspects sociétaux, notamment liés à l’acceptabilité.

    Pour France Stratégie, l'automatisation devrait même créer des emplois...

    http://www.latribune.fr/economie/france/l-industrie-du-futur-detruira-t-elle-vraiment-des-emplois-587437.html

Laisser un commentaire