Du national-populisme au nazisme

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Hannah Arendt et Martin Heidegger, histoire d'un amour, Antonia Grunenberg
Heidegger-ArendtLorsqu'on se replonge dans l'Allemagne pré-nazi et les débats philosophico-politiques de l'époque sur l'aliénation et les utopies communautaires ou communistes, on ne peut qu'être frappé de l'immense écart avec ce qui a suivi. Pour certains, ces massacres de masse n'auraient été qu'une parenthèse dans cette quête de l'absolu qu'il faudrait reprendre à notre compte comme si de rien n'était, comme si le réel n'en avait révélé le caractère non seulement illusoire mais criminel. Il est assez effarant de voir à quel point on se fait encore des idées aujourd'hui sur la politique et l'issue de la crise, comme s'il n'y avait jamais eu d'histoire avant nous et que notre situation était entièrement inédite.

Il est exact que notre entrée dans l'ère de l'information "change tout" mais il ne faut pas exagérer comme la "nouvelle économie" qui pouvait prétendre que les règles de la logique même avaient changé avant l'éclatement de la bulle internet qui a ramené ces spéculations hasardeuses à la dure réalité (de même que les gigantesques sommes injectées finiront bien par faire s'écrouler le château de cartes). Ce qui est vrai, c'est que le numérique apporte de nouvelles possibilités d'information et de mobilisation mais il rend aussi à peu près impossible le repli nationaliste.

Si l'histoire ne se répète jamais à l'identique, le contexte en étant toujours assez différent, il n'en reste pas moins qu'on peut y déceler des cycles qui reviennent comme les modes et qu'il est toujours instructif d'y retrouver des conjonctions étonnement semblables, notamment entre la crise de 1929 et la nôtre, caractéristiques de la fin d'un cycle de Kondratieff (fin de la déflation, krach de la dette et début d'un nouveau cycle d'inflation). Rien ne permet d'en prédire la suite, le pire n'est jamais sûr, les leçons du passé pouvant toujours servir, comme on l'a vu avec les réactions des banques centrales à l'opposée des années 1930, et c'est bien ce à quoi on peut participer en rappelant quelques faits.

L'occasion m'en est donné par le livre d'Antonia Grunenberg sur la relation entre Heidegger et Hannah Arendt qui évoque l'ambiance intellectuelle de l'entre-deux guerres où l'on retrouve le national-populisme (völkisch), sa xénophobie et son antisémitisme mais aussi la dénonciation du "système" déjà (marquée d'antisémitisme), et la panique de l'élite devant la massification de l'université et sa professionnalisation, défense affolée de la "véritable culture" menacée par les besoins de la production.

La plupart de ces tendances datent de la fin du XIXe même si on peut dater le pangermanisme des discours de Fichte sur l'éducation de la jeunesse allemande en réaction à l'Empire napoléonien (prétendument universel), avec son obsession de l'identité perdue (de son particularisme). Ce qui s'est passé, c'est que ces mouvements sont passés de pratiques marginales ou folkloriques à un emballement collectif. Alors qu'on a tendance a vouloir minimiser aujourd'hui l'enthousiasme guerrier de 1914 dont les fascismes sont pourtant sortis, il ne fait guère de doute qu'il était bien présent chez la jeunesse et les intellectuels au moins, tout comme l'adhésion au nazisme ensuite.

Le cours de Marbourg en 1924-1925, "Le Sophiste", commence ainsi, page 11, par un hommage à Natorp (pour qui penser c'est s'engager, juger, prendre parti) qui venait juste de mourir, associé au mouvement de jeunesse allemand, le Wandervogel, mouvement de retour aux racines allemandes aspirant à l'unité de la jeunesse en 1913, juste avant de partir gaiement à la guerre, et dont Heidegger célèbre le souvenir ému. L'unité allemande était encore assez récente, qui avait été rêvée depuis si longtemps, et l'enthousiasme de la jeunesse croyait redécouvrir leur vraie nature oubliée (avec un antisémitisme affirmé).

Les révolutionnaires de l'esprit partaient à la guerre dans l'allégresse. Ils attendaient d'elle l'élan nécessaire au renouvellement spirituel de l'Allemagne et de l'Europe qu'ils désiraient si ardemment. Max Scheler publia en 1915 "Le Génie de la guerre et la guerre de l'Allemagne". Paul Natorp sortit la même année "Le jour des Allemands" et présenta en 1918 un ouvrage en deux tomes intitulé "La Vocation mondiale de l'Allemagne". Pour Heidegger comme pour la plupart des Allemands, la guerre allait de soi. Comme de nombreux artistes, poètes et penseurs de cette époque, il attendait des suites de cette guerre une transformation profonde de l'existence humaine et sociale. La philosophie elle aussi devait être affectée par ce changement. (p48)

La guerre devint ainsi un événement abstrait, pour ne pas dire une événement envoyé par la providence divine [...] De nombreux philosophes se retrouvèrent désarmés intellectuellement lorsqu'ils furent brusquement soumis aux feux de la propagande nationaliste. Ils n'avaient pas développé une capacité de jugement indépendante. Ils prenaient pour une vocation ce qui n'était qu'ânonnement de la propagande nationaliste. Ils pensaient vraiment que cette guerre était un moyen d'éduquer la nation et qu'ils étaient les éducateurs. (p49)

"Seule encore la jeunesse nous sauvera - et laissera un Esprit Nouveau prendre forme dans le monde de manière créatrice - Quoi qu'il advienne, la foi en l'esprit doit être en nous vivante avec une certitude et une confiance telles que nous soyons capables de construire - construire peut-être dans une misère et un dénuement extrêmes - en connaissant bien les obstacles - mais toujours, c'est seulement en de telles périodes que s'éveillèrent des heures de naissance de l'esprit - nous nous sommes égarés dans une culture et une vie terrifiantes de fausseté - toutes les racines nous reliant aux sources fondamentales d'une vie véritable se sont sclérosées chez la plupart des hommes - ce qui domine, c'est une existence superficielle, mais elle n'en est que plus hardie, pressante et ambitieuse - il nous manque le grand enthousiasme de l'âme et de l'esprit pour une vie véritable et l'expérience véritable des mondes précieux - et par conséquent aux hommes qui sont au front aujourd'hui la conscience d'un but à atteindre qui les ébranle véritablement - après quatre ans de souffrance il faut là faire preuve d'une très grande maturité d'esprit et connaître une révélation radicale qui pousse au sacrifice pour des biens véritables. Au lieu de cela, les hommes sont systématiquement dégoûtés des lubies pangermaniques et comme, de surcroît, les moyens de les réaliser échouent pour le moment, ils se trouvent confrontés à un manque béant d'objectifs - ils ne sont pas dominés par la conscience d'appartenir à un peuple, par la conscience d'un amour et d'une serviabilité véritables - mais par l'idée qu'ils sont trompés et abusés pour satisfaire aux ambitions égoïstes de groupes d'influence intellectuellement égarés, voire totalement arriérés et étrangers aux choses de l'esprit. Lors des dernières décennies, et même pendant tout le siècle dernier, nous sommes trop peu et plus guère préoccupés de l'être humain qui vit en nous et en notre prochain. Des valeurs comme l'âme ou l'esprit n'existaient pas, on ne pouvait plus éprouver le contenu de leur signification [...] Je reconnais moi-même de manière de plus en plus pressante la nécessité de guides - seul l'individu est créatif (même en tant que guide), la masse jamais."
(Heidegger, 29 ans, lettre du 17/10/1918, p50-51)

"Les universités sombraient toujours plus depuis des années sous l'influence des Ecoles supérieures, ce qui signifiait que l'enseignement professionnel devenait de plus en plus prépondérant. Les question de l'enseignement technique, de la gestion technique et des salaires occupaient le devant de la scène. Le spirituel n'était abordé lui aussi que de façon occasionnelle". (Heidegger, p200)

Dès les années 1920, des corporations d'étudiants et des membres du corps enseignant avaient commencé leur combat contre le "système". (p170)

"Je pouvais constater que suivre le mouvement était pour ainsi dire la règle parmi les intellectuels [...] on n'a jamais reproché à un homme de suivre le mouvement parce qu'il avait une femme et des enfants à charge. Ce qui fut bien pire, c'est que certains y ont vraiment cru !" (Arendt, p186)

Face au mouvement national-socialiste qui drainait tout dans sa marche - mouvements de jeunesse et de femmes, étudiants, professeurs, intellectuels, classes moyennes, pensées publiques et privées -, cette excitation ne cessait d'augmenter en lui jusqu'à déborder et à commencer à chercher satisfaction. C'est ce que révèle le télégramme à Hitler tout comme l'interventionnisme provocateur de Heidegger dans sa gestion de l'université pendant les quelques mois où il fut recteur. (p223)

Je tiens la lettre de Heidegger pour un document indispensable sur les fondements de son existentialisme (c'est une des raisons de cet article) en même temps qu'on voit bien comme il était prédestiné à devenir nazi mais on voit surtout qu'on est loin de la fable d'un nazisme imposé à un "peuple" allemand qui en a bien été complice, pas seulement les chômeurs ou des attardés mentaux mais y compris ses plus grands intellectuels malgré l'indigence de l'idéologie hitlérienne, témoignant de la force aveuglante de ces aspirations en temps de crise. L'analyse économique de la crise de 1929 a été plus approfondie que ses conséquences idéologiques, raison sans doute pour laquelle on voit resurgir (pas en Allemagne cette fois) des pans entiers de ce passé honni, populiste, nationaliste, xénophobe, raciste, antisémite, complotiste qui prétend briser tous les tabous et contre lequel il faut organiser la riposte même s'il ne peut sans doute être aussi dangereux.

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20 réflexions au sujet de “Du national-populisme au nazisme”

  1. Ce qui change la donne dans la répétition de l'histoire des guerres, ce sont les dégâts de deux guerres mondiales plus la dissuasion nucléaire. Ce genre de phénomènes s'engramme dans les têtes et refroidi les velléités de guerres frontales.

    • Cet article se situe bien dans la continuité du précédent "le jeu de la guerre" mais aussi des textes précédents sur l'existentialisme et sur le fascisme. Ce n'est pas que je crois qu'il y aurait un risque de guerre effectivement peu probable dans la configuration actuelle. Ce qui est significatif, c'est que cela n'empêche pas la répétition des mêmes tendances idéologiques nationalistes pourtant vidées de leur substance par le renoncement à la guerre justement, soulignant le déterminisme économique sous-jacent (et le désir de guerre malgré tout).

      Comme je l'ai rajouté à la fin, je ne crois pas qu'on puisse aller aux mêmes extrémités ni que la nationalisme ira très loin, cela n'empêche pas que ce soient des impasses pouvant nous faire passer de sales quarts d'heure, ne facilitant pas en tout cas une sortie civilisée de la crise et qu'il faut dénoncer par ce retour sur le passé.

  2. Avez-vous pris connaissance avec le dernier livre d'Alain Touraine, La fin des sociétés. Il contient de nombreux points de convergences avec vos analyses. Notre époque serait foncièrement différente de celle de la crise de 29 parce que l'ordre politique se serait dilué, c'est à dire que l'emprise politique d'un état sur lui-même lui échapperait de plus en plus. Il en conclut deux points:
    1)pas de réforme, pas de réinstitutionnalisation valable qui ne repose sur le renforcement de droits universels (la reprise de la formule de A Arendt sur l'homme qui a le droit d'avoir des droits).
    2)les réformes prioritaires doivent concourir à produire des acteurs, c'est à dire des individus ou des groupes qui, au nom de droits universels, augmentent leur capacité d'agir, cad leur autonomie.

    • J'avais feuilleté le livre sans l'acheter car je pensais qu'il identifiait trop la société avec la nation ou un supposé peuple alors que les premières cités-Etat étaient déjà multiculturelles et devant gérer une pluralité de peuples. Le fait qu'il ne pourrait plus y avoir que des droits universels me semble pas nouveau et exagéré mais surtout se situant au niveau des valeurs alors que je suis persuadé qu'il faut s'appuyer sur des dynamiques matérielles (enfin pas forcément "matérielles" mais effectives - écologiques, économiques, sociales, politiques, idéologiques - on pourrait dire l'Être s'il n'avait été perverti par Heidegger et la théologie). Enfin on sait que je ne surévalue pas autant la figure de l'acteur ni du supposé créateur (si la causalité vient de l'extérieur par l'information, la liberté et la démocratie ne servent qu'à mieux faire ce qui est nécessaire aussi bien pour l'écologie que pour l'économie). Cependant, on se retrouve sur la nécessité de lui procurer plus d'autonomie et sur la référence à Amartya Sen. Il dit effectivement pas mal de choses que je dis moi aussi, ce que j'ai la faiblesse de mettre sur le compte du fait qu'on décrit bien la réalité d'aujourd'hui mais je donne plus d'importance au numérique (pas seulement à la fin de l'industrie) dans la structuration de nos sociétés et la constitution d'un Etat universel qui n'empêche pas une revalorisation du local. C'est la nation guerrière comme acteur de l'histoire qui disparaît, pas les divisions sociales ni la démocratie locale ni l'opinion globale relayée par tous les réseaux.

      Sinon, j'aime bien le fait de sembler tout reprendre à zéro à chaque fois et son côté professoral d'initiation à la sociologie (puisque c'est la sociologie qui est menacée par la disparition des sociétés ou plutôt des anciennes catégories sociologiques du monde industriel). Barbara Cassin est à côté de la plaque en voulant déconstruire la référence de Touraine au mouvement des femmes. Il est certain que le mouvement des femmes est l'élément le plus révolutionnaire au niveau mondial, empêchant notamment tout retour à la vie traditionnelle et donc facteur de modernisation qu'on le veuille ou non (effet pervers?). Il est tout aussi certain que ce bouleversement anthropologique produit des bouleversements idéologiques et qu'il n'est pas besoin de vouloir assigner les femmes à leur féminité ni prétendre que l'attitude politique des femmes serait très différente de celle des hommes pour que les valeurs féminines deviennent plus dominantes et que les représentations sexuées changent en même temps que la place réelle des femmes change (on pourrait dire "du tout au tout" sauf que non, il en reste une part biologique malgré tout et qui n'est pas aussi négligeable que le prétendent les culturalistes même si elle est seulement statistique alors que la norme est bien culturelle).

      • Touraine avait cru percevoir que son acteur (pour lui, l'acteur est aussi bien un individu qu'un groupe d'individus en interaction, mais on peut se demander comment, dans son esprit, un groupe s'organise pour limiter ou même éradiquer les relations de dominations, la pensée de groupe, le communautarisme, parce que le groupe auquel il pense est bien dénué de tous ces problèmes. Il me semble qu'il ne s'est jamais avancé sur ce terrain des architectures organisationnelles et des procédures de décision pour définir ses groupes qui sont pourtant une figure récurrente de ses textes) exerçait une pression tendant à faire émerger la démocratie (dans son livre "Qu'est-ce que la démocratie?"). A cette époque, il continuait à réfléchir dans le cadre de nations et il me semble qu'il était encore assez ouvert au multiculturalisme, ce qui ne me semble plus le cas. Dans son dernier bouquin, il va un peu plus loin dans son concept d'universalité et de modernité (par exemple il trouve ridicule de parler des modernités, ce qui serait en phase avec une vision multiculturaliste). Il me semble que Touraine s'appuie bien sur une observation des dynamiques matérielles (du moins ce qu'il croit en percevoir!) et non sur des valeurs.
        Pour ce qui est de l'évolution des relations hommes femmes et de la place des femmes révolutionnante, je garde en tête les thèses de Nancy Huston qui exploite le fait que les femmes portent les enfants à la différence des hommes, ce qui fait une grande différence (avec les différences biologiques qui consolident cette situation physique et psychologique). Elle aurait sans doute été une meilleure interlocutrice sur ce sujet.

  3. Jorion affirme dans sa vidéo de ce vendredi que le revenu de base ne pourra être suffisant sans modifier le statut de la propriété, puisque c'est ce statut qui conditionne la distribution des revenus du capital. Pour ce qui est du travail, il pense que celui-ci va disparaître, du moins dans sa forme actuelle, ce qui semble à première vue incompatible avec vos thèses, mais peut-être pas si on considère une transformation du travail (et non une disparition) vers le travail choisi, comme ce que vous proposez avec les coopératives municipales.

    • Je suis en complet désaccord avec Paul Jorion qui ne comprend pas que le chômage est monétaire, rien d'autre, dû actuellement à la crise et non pas causé par "la grande relève par la machine" dont Duboin était déjà persuadé dans les années 1930. Le problème n'est pas que les machines peuvent faire les choses les plus complexes et pourront remplacer les médecins ou les professeurs, il y aura toujours quelque chose à faire pour s'opposer à l'entropie ou faire preuve d'humanité, il suffit de pouvoir le financer. Parler de disparition du travail ne veut rien dire d'autre que ne pas s'occuper de ce qui viendrait à la place, or c'est de cela qu'il faut s'occuper, de la transformation du travail pas de sa prétendue disparition.

      Que le travail devienne travail choisi et donc qu'il soit pris à revers du côté du travailleur et non de sa production empêche de considérer que cela ne soit pas un véritable travail même si la logique en est inversée et que ce n'est plus du salariat (on peut parler de fin du salariat ou plutôt de sortie progressive). Dès lors, si on relie le revenu garanti au travail autonome, il devient productif et donc finançable, mais à part moi, personne ne semble raisonner ainsi.

      De mon point de vue, tout le monde dit des conneries (Jorion, les partisans d'un revenu d'existence soit trop faible soit infinançable, etc.) mais comme ce que je propose ne semble pas plus réaliste et que cela n'intéresse pas grand monde, je dois dire des conneries moi aussi sans doute...

    • Jorion, c'est bien le gars qui se dit keynésien et qui tresse des couronnes à Jens Weidmann ?

      Quand à sa proposition de modifier le statut de la propriété privée, ça reste une coquille vide tant qu'il ne dit pas comment et qui relève de la fiscalité j'imagine.

      • Quand on voit que l'imposition du revenu virtuel immobilier des propriétaires habitant leur propriété lève tant de boucliers en France, alors que c'est pratiqué aux USA, Hollande, Suisse...

        Il y a encore du chemin. Car là il s'agit d'une réelle taxation de la propriété privée, donc du capital immobilier.

        • En gros, tout le monde veut la révolution, mais not in my back yard. C'est exactement ce que je constate avec des membres de ma famille qui se réclament de gauche, mais ne veulent pas du tout changer les règles d'urbanisme de leur quartier qui pourraient créer des logements sociaux.

          La révolution, d'accord, mais à côté.

          • C'est quelque chose de bien naturel ; moi le premier étant paysan je suis au fil du temps devenu propriétaire de terrains et de biens immobiliers que j'ai construit.
            Pour mettre mes discours en cohérence avec cette réalité il me faut un cadre politique clair qui me permette en confiance d'aller dans le sens d'un partage ou d'une organisation alternative.
            Il est suicidaire dans un monde où le chacun pour soi est promu au rang de système de faire le premier pas .
            Ce problème du not in my back yard ne peut s'aborder que collectivement au niveau d'un projet politique clair allant dans le sens de l'intérêt général; dans notre mode de fonctionnement et nos objectifs sociétaux ce phénomène est cultivé et ne peut que pousser avec un tel engrais ; on en revient à la constitution d'un collectif humain à bâtir qui s'il est d'abord local , est un local ouvert sur le monde.

    • Disons que dans mon cas, mon boulot dans l'état actuel des connaissances est absolument inautomatisable.

      Pour de multiples raisons qui relèvent de la complexité des logiciels qu'il faudrait mettre en œuvre, des relations humaines, de la complexité géométrique des situations et du droit.

      Depuis tout gamin, je me suis posé la question d'automatiser ce que je fais.

      Ce qui me rend très critique concernant les logiciels actuels qui sont quand même souvent à côté de la plaque.

  4. C'est vrai qu'il y a toujours quelque chose à faire ; mais le lien entre le chômage et le machinisme n'est pas un lien en soi seulement entre ces deux éléments ; nous sommes dans une société qui place le critère économique de rentabilité en leader et de ce fait le machinisme dans ce système fait qu'on obtient plus de rentabilité en remplaçant dix personnes par une machine. De même il vaut mieux regrouper les parcelles agricoles , les aplanir et enlever haies et fossés , arriver à un ensemble rentable et concurrentiel par beaucoup plus de surface et mécanisation ; où 100 familles vivaient et travaillaient , 5 ou six personnes suffisent pour produire des volumes . Il y a un lien indéniable entre machinisme et travail mais ce n'est pas la mécanisation qui explique le chômage mais un système qui fait que le seul paramètre recherché est compétitivité ,croissance , rentabilité . De ce fait , l'accumulation qui est un élément structurel et structurant de ce système produit aussi le chômage : l'accès aux ressources productives est capté par un nombre limité d'hommes et entreprises et de ce fait, prive de cet accès des millions d'hommes et femmes qui n'ont plus accès à la production et la créativité d'un travail autonome ;
    Dans ce système , la monnaie qui est théoriquement un moyen d'échange et de production devient aussi un simple élément de rentabilité ; du coup elle manque à l'économie réelle et cela crée du chômage .
    Cela ne se voit pas tant qu'on peut créer beaucoup de richesses (souvent sur le dos d'autres qui sont géographiquement loin ) mais la pression écologique pèse sur le paradigme même du système de croissance ; de même certaines réalités émergentes qui sont justement l'émergence d'autre pays que nous dans la course à la rentabilité et croissance pèsent aussi sur le chômage .
    Il y a une pression multifactorielle qui fait que .
    A partir de là si ,pour préserver tous ceux qui malgré et grâce au système vivent bien , on en reste là et bien ......"on est dans la merde" http://www.dailymotion.com/video/x1533vh_le-rechauffement-climatique-s-accelere_fun

    • Le chômage et la pauvreté font la richesse des riches étant ouvertement voulus pour réduire l'inflation (NAIRU) dont les rentiers ont peur plus que tout ou pour augmenter la compétitivité avec le pays pauvres (un job à 2 marks est compétitif).

      L'innovation technique est bien cause d'une part du chômage, ce qu'on appelle le chômage frictionnel d'autant plus important que l'évolution technologique s'accélère, l'automatisation mettant au chômage des ouvriers devenus obsolètes dont les compétences sont inadaptées aux nouveaux emplois. Le temps d'adaptation peut créer un volant de chômage loin d'être négligeable mais le gros du chômage lors d'une crise comme la nôtre est keynésien, budgétaire, monétaire et n'a rien à voir avec une fin du travail (sinon que cela montre qu'on peut se passer du travail d'une partie de la population qu'on appelait justement surpopulation au XIXè). La concurrence des pays les plus peuplés provoque aussi ce qu'on appelle un chômage classique par différence des coûts de main-d'oeuvre et provoque la fuite de monnaie à l'importation, créateur donc de chômage.

      Seul le capitalisme accélère à ce point l'innovation du fait de tirer une plus-value immédiate de l'augmentation de la productivité (ou diminution du temps de travail). C'est ce que j'opposais à Ellul qui ne voyant pas de différence avec l'URSS disait que la technique se développait de façon autonome, le capitalisme n'y étant pour rien. Il avait tort de ne pas faire du capitalisme la cause efficiente mais il faut admettre que sur le long terme et après-coup, c'est bien la technique qui s'impose à tous (y compris donc à l'URSS). Sauf, qu'au-dessus de la technique, il y a effectivement les contraintes écologiques dont les effets sont encore plus impitoyables de sélection "naturelle".

      Ce qui me frappe, c'est à quel point on trouve supportable de plonger des gens dans la misère et de vouloir encore aggraver leur sort en réduisant les allocations chômages ou les aides sociales. Plutôt que de partir dans des délires sur la fin du travail, c'est sur ce point qu'il faudrait faire honte aux possédants mais on préférerait éliminer physiquement les pauvres, ce qui ne semble pas impossible quand il s'agit d'immigrés au moins mais ne change absolument rien aux logiques économiques produisant du chômage de masse !

      • L'épargne n'est pas réservée aux riches, beaucoup en dessous des 1 et même des 10% épargnent pour compléter leur faible retraite par participation, formant ainsi les troupes électorales qui honnissent l'inflation.

        Le cas extrême étant celui de l'Allemagne avec une démographie vieillissante et déclinante qui tient à son épargne comme à la prunelle de ses yeux, ceci renforcé par l'ordo-libéralisme monétaire issu d'une peur d'un état fort en raison du nazisme, qui avait de fait appliqué une politique économique interventionniste keynésienne.

        Dialectique de l'histoire, un régime épouvantable avait mené une politique économique recommandable et réussie.

        La couche supplémentaire de logiciel du problème allemand est que la chancelière et le président( du SPD ) sont issus des ex-PECO communistes où le communisme a aussi complètement discrédité l'état interventionniste, d'où la naïveté de ces dirigeants allemands actuels face au libéralisme intégral.
        Ce qu'a connu la Russie lors de la période Eltsine.

        Les cicatrices de l'histoire amenuisent sérieusement les capacités de raisonnement...

        Le Sonderweg allemand résonne malheureusement avec sombre chemin solitaire programmé par l'histoire.

        Finalement, l'Allemagne en voulant "sauver" l'Euro, avec son obsession monétaire tendance déflationniste, et l'épargne des allemands est sur la voie de perdre les deux. Et sera en bonus accusée dans l'histoire d'avoir foutu le merdier une fois de plus...

        L'histoire se répète plus que deux fois avec des variantes, mais il n'y a pas de quoi rigoler, versus « L’histoire se répète toujours deux fois : la première fois comme une tragédie, la seconde fois comme une comédie »

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