Du bon usage du dictionnaire de synonymes

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Comme tout le monde, j'utilise beaucoup le dictionnaire de synonymes de l'université de Caen. N'y voyant qu'un seul synonyme de l'expression "pour le moment" je leur ai suggéré "jusque là", suggestion qu'ils prendront sans doute en compte mais ils ont d'abord contesté que ces expressions soient équivalentes. Ce à quoi j'ai répondu que, bien sûr, elles n'étaient pas toujours synonymes mais seulement parfois, raison suffisante pour l'indiquer.

Cela m'a fait réfléchir à l'usage que j'avais du dictionnaire de synonyme et qui va bien au-delà du souci de ne pas répéter le même mot, ce qui est certes une contrainte forte de l'écriture, en français au moins. Dans ce cas, on cherche un simple substitut mais cet usage purement technique n'a pas grand intérêt alors qu'on peut rechercher des synonymes plutôt pour trouver le mot juste. Parfois, on peut avoir une véritable illumination, un déblocage de la pensée en visualisant les différents contextes où une expression peut être employée. L'emploi d'un synonyme plus adapté, plus précis peut véritablement ajouter une dimension supplémentaire qui change le sens initial.

Il me semble que cela permet d'éprouver à la fois comme on s'enferme dans un horizon limité, emporté par la mécanique du texte ou les formules toutes-faites, et comme notre mémoire linguistique s'organise autour de la synonymie plus que du son. Cela veut dire aussi qu'il y a sans doute très peu de véritables équivalences entre synonymes qui se différencient de quelque façon selon les contextes, et que c'est cela le travail de l'écriture ou de la langue, de trouver le mot juste au milieu de cette myriade. Ne pas se servir du dictionnaire ne serait donc qu'une faute de réflexion au lieu d'une garantie d'authenticité.

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14 réflexions au sujet de “Du bon usage du dictionnaire de synonymes”

  1. Un autre point pour simplifier, c'est que le sens des mots d'une langue vivante varie. Les différentes facettes du sens d'un mot jouent les unes par rapport aux autres au cours du temps.
    Pour le français, j'ai trouvé très stimulant de m'amuser à lire des textes en italien alors que je ne le parle pas. En prenant le temps, on arrive a comprendre le sens et (re)découvrir certains aspects du sens de mots français qui sont demeurés ou devenus minoritaires dans l'emploi actuel. Par exemple travail se dit lavoro en italien, ce qui est cousin proche de labeur etc...

  2. Dans mon cas, dans l'apprentissage de l'allemand, le plus difficile était d'accumuler du vocabulaire. Pour l'anglais, beaucoup de mots sont proches du français, c'est nettement moins le cas pour l'allemand. J'ai mis du temps à trouver l'astuce pour mémoriser les mots allemands à partir de mots anglais proches que je connais, comme par exemple müssen et must.

    L'anglais est issu du dialecte d'une région allemande dont les habitants ont émigré en GB, puis avec la noblesse anglaise du moyen âge qui parlait français l'anglais s'est francisé.

    • C'est un peu toujours la même chose. Je n'aime pas du tout cet ésotérisme de pacotille qui se réclame de Planète et ne crois pas qu'il y ait un bien suprême, que c'est même une notion contradictoire, ce pourquoi il n'y a pas de sagesse mais seulement philo-sophie. "L'éveil, c'est qu'il n'y a pas d'éveil", la vie, c'est être sujet de la souffrance et du désir. On peut s'en échapper, c'est même assez facile par la religion, les drogues ou une quelconque voie de sagesse. On ne peut dire que ce ne soit pas efficace, j'en ai connu de ces hébétés, y compris chez des psychanalystes persuadés d'avoir rencontré leur vérité dans l'analyse. On est content pour eux tellement ils sont convaincus de leur bonheur et de leur rayonnement cosmique. C'est pareil que la prétendue authenticité chez Heidegger et qui n'est qu'un redoublement de l'aliénation, une identification tellement intériorisée, un rôle joué tellement à la perfection qu'on se persuade que c'est notre moi le plus vrai (celui qui nous plait), le plus profond, voire le soi lui-même prétendu délivré de tout narcissisme (le mystique met en acte des discours dogmatiques dont il a été endoctriné alors qu'il croit faire l'expérience singulière de la divinité ou d'un combat avec le diable - choses que j'ai moi-même éprouvé dans mon enfance religieuse).

      Plutôt que cette identification au maître ou à une connaissance du 3ème genre désincarnée supposée donner accès à un réel sans voile et qui n'est que pur discours, mieux vaut connaître notre division intérieure, diabolique en effet, savoir qu'on reste aliénés, pris dans la maya et toutes sortes d'illusions dues à notre position dans l'espace et dans le temps comme à notre histoire personnelle, notre monde est provisoire, en évolution, c'est celui de la finitude des corps et de la vie. Le besoin d'absolu est une maladie du langage dont ce serait encore trompeur de se croire délivré mais dont il faut sans arrêt se défaire pour avancer dans la pensée comme pour réaliser ses projets.

      Est-ce sagesse que de connaître sa folie ? Je ne crois pas, tout au plus prudence peut-être mais qui s'apprend de ses erreurs et ne s'enseigne pas, n'a rien à promettre, rien de désirable sinon d'être la vie même quand elle n'est pas nostalgie du néant ou jalouse d'une jouissance de l'Autre supposée. Qu'y a-t-il de moins sage que l'amour qui déchire et nous rend dépendants, nous ensorcelle et nous illusionne tant, enivrés d'hormones autant que de mots ? Et vaudrait-il de vivre sans amours ou de ce seul amour aseptisé prétendu universel ? Certains le pensent mais ce n'est pas si raisonnable de le penser.

      L'éveil se veut une interruption des processus et de la projection dans l'à venir pour retrouver une présence originelle aux choses comme aux gens mais c'est la grande illusion de croire que les choses subsistent en elles-mêmes comme de croire qu'elles ne tiennent qu'à nous alors qu'il n'y a que processus qui continuent leur chemin sans égard pour le processus interruptif d'une attention excessive à une présence insaisissable quand ce n'est pas à un dieu absent.

      Quand on déprime, bien sûr, on voudrait bien que ça s'arrête mais, contrairement à tout le monde, je trouve un avantage à se soigner par des procédés chimiques plutôt que spirituels ou même philosophiques car au moins on n'attribue pas de vérité excessive à nos illusions. Il ne s'agit pas de croire ce qui nous arrange (pari stupide de Pascal qui n'a rien à voir d'ailleurs avec son illumination à lui dont il ne s'est jamais remis). Il y a à l'évidence des avantages à se barder de certitudes, comme celle du cogito ou d'une quelconque révélation, mais une philosophie de l'information et du récit en dénonce le caractère artificiel alors que nous vivons dans un monde fondamentalement incertain. L'admettre est sans doute trop déprimant, on préférera toujours les contes pour enfants.

      • D'une certaine façon, c'est chez moi un jeu répétitif et que ponctuellement ça me distrait de regarder des nouvelles versions Eveil 2.0 comme celle là, tel un spectacle. Mais mon fond sceptique indécrottable ne me permet pas d'y adhérer tout à fait y repérant des contradictions selon ma "logique".

        J'en ai aussi rencontré des hagards du Nord ou de l'Est et ils avaient la pêche du flottant sur un nuage, mais ça m'a un peu fait froid dans le dos, plus hermétiques qu'ésotériques.

        La vie me parait plus une descente en canoé qui est dans le courant, observer tout autour et donner quelques coups de pagaie à droite ou à gauche pour éviter tel ou tel rocher, mais ça ne va pas bien plus loin et le canoé ne peut pas s'arrêter, effectivement...

        • Je vois pas trop le rapport. Une créance en cellule de dégriserie ?

          Les artiss commencent à me gonfler sérieux. Des vraies putes narcissiques prêtes à toutes les saloperies sous prétexte de leur indépendance de génie au dessus des contingences pour monnayer leurs barbouillages d’analphabètes.

          Tous ces cons d'artiss me font de plus en plus gerber.

          • bonjour olaf c'était une réflexion sur le com de jean et pas du tiens ...

            "Quand on déprime, bien sûr, on voudrait bien que ça s'arrête mais, contrairement à tout le monde, je trouve un avantage à se soigner par des procédés chimiques plutôt que spirituels ou même philosophiques car au moins on n'attribue pas de vérité excessive à nos illusions. Il ne s'agit pas de croire ce qui nous arrange (pari stupide de Pascal qui n'a rien à voir d'ailleurs avec son illumination à lui dont il ne s'est jamais remis). Il y a à l'évidence des avantages à se barder de certitudes, comme celle du cogito ou d'une quelconque révélation, mais une philosophie de l'information et du récit en dénonce le caractère artificiel alors que nous vivons dans un monde fondamentalement incertain. L'admettre est sans doute trop déprimant, on préférera toujours les contes pour enfants."

            le narcissisme qui est peut être une maladie n'a pas que des mauvais côtés quand il fait en sorte que tu sois le premier à te révolter .. au plaisir l'ami ..

          • Pour la déprime, en général je fais une longue marche dans la campagne, la première demi-heure n'est pas agréable, mais ensuite l'échauffement prend le dessus.

            Pas de philo, pas de religion, seulement la physico-chimie du corps en marche.

          • Oui, l'exercice est le meilleur traitement encore faut-il ne pas être trop déprimé pour se bouger. Il y a justement une nouvelle que j'ai eu la flemme de reprendre qui dit que lorsqu'on court, on produit des endocannabinoïdes. En fait, ce n'est pas vraiment une découverte, ce qui l'est, c'est qu'on en produit plus que d'autres mammifères, façon de nous pousser à courir (ce serait pareil pour le chien).

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