Rien ne sert de faire la révolution, il faut savoir qu’en faire

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On peut s'étonner qu'Olivier Besancenot dise avoir vécu jusqu'ici dans un monde sans révolutions alors qu'il a dû connaître au moins le renversement des régimes communistes et les "révolutions de couleur", sans doute considérées par lui plutôt comme des contre-révolutions puisqu'elles n'étaient que des conversions au capitalo-parlementarisme mais c'est bien l'horizon de la "révolution de jasmin". L'autre hypothèse, rabâchée, celle de la révolution avortée du Caire, ce sont les frères musulmans mis pas pour rien au premier plan. En tout cas, rien ne laisse espérer, dans un cas comme dans l'autre, l'engagement dans un processus révolutionnaire comme en Amérique du sud. Certes, il faut soutenir le renversement des dictatures mais il ne suffit pas de renverser le tyran, il faut voir qui le remplace.

Le moment est propice à réfuter les conceptions les plus naïves de la révolution comme unité du peuple s'auto-organisant spontanément et se débarrassant du capitalisme en même temps que de l'Etat répressif. Ce qu'on voit est bien plus prosaïque. Le vide du pouvoir est immédiatement occupé par les forces organisées, les partis communistes auparavant, les islamistes aujourd'hui ou la démocratie de marché de la "communauté internationale". Il n'y a pas disparition miraculeuse des puissances d'argent et des divisions sociales, aucune garantie que ce ne soit pas pire encore. Plutôt que l'accès à une harmonie naturelle, ce qui se passe pourrait évoquer la disparition d'un prédateur qui avait malgré tout un rôle protecteur à défendre son territoire et qui laisse le champ libre à d'autres prédateurs plus féroces encore. En fait, le plus probable, c'est quand même une libéralisation de ces régimes qui constitue un grand progrès mais pourrait détruire les solidarités sociales et livrer ces pays à la compétition marchande comme dans les pays de l'Est, simple intégration au marché global (déjà bien avancée) de démocraties largement vidées de leur sens.

On devrait comprendre la bêtise de l'hypothèse insultante d'une servitude volontaire qui n'est qu'un manque trop réel d'alternative, de même que la vieille croyance reprise par Mélenchon que le système ne tiendrait que par la propagande des médias, la propagande n'étant qu'une tentative de stabiliser ce qui résulte de forces bien plus matérielles. Ce qui fait la force du système capitaliste, c'est sa productivité, ce n'est pas de spolier les salariés mais de faire baisser les prix et de distancer ceux qui n'entrent pas dans la course. On ne s'en débarrasse pas si facilement. Pour en sortir, il n'y a pas trente six mille solutions, il faut porter son attention sur la production plus que sur la consommation, faire du travail une fin en soi et non plus un moyen, travail choisi dont on puisse attendre l'épanouissement plus que dans la consommation passive, mais on est loin des préoccupations des émeutiers comme de nos politiciens qui croient au Père Noël et que tout s'arrangera quand "nous" aurons le pouvoir, avec cette autre illusion que lorsque le peuple aura la parole l'inouï surgira, comme si le peuple n'avait pas la parole désormais et qu'on ne savait très bien ce qu'il dit sur twitter. Une révolution sans programme ne fera que rejoindre les autres démocraties, ce qui, pour eux, est un progrès indéniable mais, pour nous, ne constitue en rien une révolution, on en conviendra. Il nous faudrait faire le pas suivant mais on n'improvise pas une alternative comme si la page était blanche et le territoire déserté de toute population ancrée dans l'histoire. Ce sont les plus forts qui imposent leur idéologie, il suffit de faire des élections en démocratie pour retrouver nos divisions et revenir à l'ordre. Dieu fasse que je sois démenti par l'improbable qu'on invoque avec ferveur mais je ne crois pas que les incantations suffiront.

La période des révolutions n'est cependant pas terminée, ce n'est qu'un début mais si je prédisais ce retour des révolutions au moment de la crise habituellement liée aux nouveaux cycles de Kondratieff, c'était lié à la fois au changement de génération et de technologie. C'est le point qui n'a pas été assez souligné, non pas tant l'importance du téléphone et d'internet dans les mobilisations, que l'émergence de la génération du numérique, ce qui m'avait persuadé qu'il y aurait probablement une "guerre des générations" plutôt qu'une guerre des civilisations. On ne peut raisonner selon les anciens schémas géopolitiques. C'est une jeunesse branchée qui prend le pouvoir, largement mondialisée et qui rattrape son retard sur nos pays vieillissants. Nous ne sommes pas à l'abri des révolutions pour autant mais en l'état, dans nos contrées, il n'y a pas grand chose d'autre que des tendances fascisantes. Il y aurait bien besoin pourtant d'un grand coup de balai mais rien ne sert de sortir les sortants si on n'a pas de véritable alternative et qu'on compte seulement sur nos bonnes intentions. Moi, je crois qu'une alternative écologiste est vitale de relocalisation de l'économie et de sortie du productivisme (avec revenu garanti, coopératives municipales et monnaies locales) mais ce n'est pas encore à l'ordre du jour à ce qu'il paraît, et pas plus chez les Verts, Europe écologie, etc. Ce n'est pas une question de volonté ou d'audace mais de savoir quoi faire au-delà de la nécessaire réduction des inégalités. Rien de neuf, pour l'instant que du vieux, des ringards...

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50 réflexions au sujet de “Rien ne sert de faire la révolution, il faut savoir qu’en faire”

  1. Je n'ai pas dit qu'il n'y avait nulle part du neuf mais, que je sache, ni dans les révolutions en cours, ni du côté de "nos" révolutionnaires, c'est surtout le NPA et Mélenchon qui sont visés ici, avec quelques autres spontanéistes béats qui comptent un peu trop sur l'improbable. C'est un appel à "continuer le débat" pour que des mouvements sociaux puissent déboucher sur autre chose car l'après dépend du point où on est parvenu avant. Ainsi, sur la création monétaire je suis assez critique avec un certain nombres d'orientations, je suis pour des monnaies locales, pas pour des monnaies libres mais c'est ce genre de débat qui peut être décisif.

  2. C'est sûr qu'on n'est pas à l'aise à faire le rabat-joie, le pisse-froid au milieu de la liesse populaire ! Ce serait d'ailleurs injustifiable si ce n'était pour en tirer des leçons positives pour l'avenir, pour sortir des visions trop idéalistes des révolutions et dessiner des perspectives radicales plus réalistes et adaptées à notre temps.

    On a quand même toujours le même désaccord de fond sur l'auto-organisation alors que je montre au contraire qu'il faut s'organiser si on veut peser contre les autres forces organisées, organisation qui doit s'appuyer sur le local mais ne sera pas spontanée, ni en "pair-à-pair", ce que les révolutions actuelles manifestent malgré les moyens numériques à leur disposition.

  3. Dans ce cas là, tout est auto-organisation. Moi, je crois qu'on ne peut parler d'auto-organisation qu'au commencement, à la constitution du "groupe en fusion", ensuite, on est dans l'organisation même s'il reste des zones d'auto-organisation adaptative. Il ne s'agit pas de retomber dans les vieux systèmes hiérarchiques et plutôt des modèles fédératifs mais, en tout cas, ce n'est pas du P2P, ce qui est sensible au niveau local bien que beaucoup moins dans les grandes villes..

  4. Pour moi, il y a auto-organisation quand il n'y a pas de commandement central. Cela ne veut pas dire que la façon de s'organiser n'a pas été pensée avant (et même de manière centralisée). Les piétons dans les rues s'auto-organisent en ce sens que personne ne me dit où je dois aller ni sur quel trottoir je dois marcher... et pourtant on ne se rentre pas sans cesse dedans, même dans les mégalopoles. Les trottoirs et autres systèmes de guidage fixent les règles de l'auto-organisation.

  5. @tcrouzet
    Vous dites sur votre blogue : « Une révolte des connecteurs… Mais les partis ressurgissent comme des vautours autour d’une charogne…Ils n’ont joué aucun rôle dans la révolution mais ils entendent la récupérer. » Etc dans les conneries et les fausses illusions qui croient changer le monde en cliquant confortablement sur son ordinateur portatif, dans son salon confortable, par le miracle d’une machine à mettre en communication.
    Où étaient l’opposition politique organisée en partis pendant la dictature, monsieur Crouzet ? ? En exil, ou en prison !. Et qu’est-ce qui a noué les liens qui soudainement libèrent ? Les morts de la répression policière ! Qui a produit l’information déclenchante ? Des sacrifices, et pas un clic digital ! Pas une machine à communiquer auto- organisant des masses jusqu’ici moutonnières ! Car il n’y a rien de plus moutonnier que d’y aller pour suivre une chaîne des connections ! Engageons-nous politiquement, avec toutes nos imperfections, y compris les faiblesses comme les avantages éventuels de la communication par la machine. Mais sur le long terme, en nous défiant du spontanéisme. Lire éventuellement sur : http://agora.qc.ca/francophonie.nsf...
    Démocratie ex machina

    « L'expression Deus ex machina nous vient du théâtre. Le dieu qui intervenait dans une pièce, grecque ou française, tel le Commandeur dans le Don Juan de Molière, était introduit sur la scène par une machine. L'enthousiasme avec lequel on a souligné l'importance du rôle des médias sociaux dans les soulèvements récents en Tunisie et en Égypte donne à penser que la démocratie peut s'instaurer par la seule action de machines de communication, lesquelles sont ainsi élevées au rang de causes du bien. C'est une illusion, en ce sens du moins que les outils en question peuvent servir aussi bien la cause de l'oppression que celle de la liberté. Cette illusion est d'autant plus dangereuse qu'elle incite les gens à penser qu'ils peuvent faire l'économie de la vertu *dans leur marche vers la justice, (nous ne pensons pas aux Égyptiens ici, mais à nous tous qui nous sommes engagés dans leur combat en tant que spectateurs). D'où la nécessité d'opposer la démocratie ex virtute à la démocratie ex machina, comme le fait, en s'inspirant de Kierkegaard, Evgeny Morosov, dans un livre que la réalité rendait nécessaire: The Net Delusion. (Jacques Dufresnes encyclopédie de l’agora. Québec)

    • A la place de « la vertu » ( valeur trop moraliste), je crois plutôt à « l’engagement »physique , avec tous nos défauts.
  6. moi ce que je pige pas c'est que vous trouviez hyper bien la nouvelle génération. je les côtoie tous les jours à l'univ cette "génération branchée" et elle est à se taper la gueule dans le mur de conneries ! elle en tient une couche toute aussi épaisse que leurs parents ! au mieux la couche de conneries est différente, mais elle est très loin d'être mieux : plus consumériste, plus hédoniste. franchement je les vois, je leur parle chaque jour, leurs questions existentielles, pour la plupart, c'est plutôt "quel genre de sac / portable / vêtement me définit en tant que personne ?" bref une génération qui a prit au pied de la lettre le postulat de Keynes et autres connards déguisés : l'homme se réalise par la consommation !

    je comprends pas que ça vous fasse espérer, moi je n'espère que pendant les vacances, quand je les vois plus. (pour infos j'ai fréquenté 3 grands univs parisiennes)

  7. @tcrouzet : C'est ce que j'appelle des zones d'auto-organisation. Dans une usine aussi les ouvriers circulent "librement", mais l'essentiel, c'est l'organisation productive. Tous les piétons qu'on croise par le plus grand des hasards font partie d'organisations (entreprises, associations, partis, religions) qui organisent leurs déplacements la plupart du temps. La question théorique n'est d'ailleurs d'aucun intérêt, c'est dans la pratique qu'on a besoin d'organisation (à laquelle je répugne moi-même plus que tout autre!).

  8. L'essentiel ! J'évite de parler d'essentiel. Dans un système complexe, tu peux pas mettre l'organisation qui induit l'auto-organisation avant ou même après. Le fait est qu'il y a bien des zones d'auto-organisation et des zones d'organisation qui s'interpénètrent. Je suis pour la réduction des organisations coercitives... ce qui ne veut pas dire de toutes les organisations... et c'est ce qui m'éloignent des collectivistes.

  9. @Jean Zin "Je n'ai pas dit qu'il n'y avait nulle part du neuf mais, que je sache"; si si CF. la dernière phrase du post 😉

    Plus sérieusement, à propos d'(auto)organisation, il y a deux manières d'en produire : soit à partir de "centres", soit à partir de "codes". En dernier ressort, c'est le "code" qui prédomine car il transcende les catégories d'espace et de temps. Et le "code" majeur, c'est la monnaie !

    Cf. mes investigations sur cette question:
    http://perspective-numerique.net

  10. Le code n'est-il pas produit par un centre ? Ok, il peut résulter d'un processus évolutif aussi, mais les codes monétaires sont produits par quelques individus... même si en réseau, c'est relativement centralisé. C'est après, une fois le code exécuté, qu'il est réellement décentralisé.

  11. @Flyer : Je n'idéalise pas du tout la génération du numérique dont je pense aussi qu'elle aspire surtout à intégrer le marché mondial mais je n'idéalise pas du tout la génération précédente qui ne valait pas mieux, les années 80 et les années fric, c'était plutôt avant, je ne parle pas des années 60 ! La bêtise n'est pas nouvelle, celle de la religion en premier lieu.

    Si je pense qu'il faut détourner la consommation sur l'épanouissement dans la production, c'est bien que la réalité actuelle est celle de la société de consommation, les jeunes comme les autres n'y étant pas pour grand chose. Il est ridicule de vouloir juger les autres et prendre de haut la jeunesse, il serait bien de leur donner une alternative plutôt que se croire supérieur à son temps.

    Je ne dis pas que je supporterais les jeunes, je ne supporte personne, seulement, même si le numérique à donner la parole à tout le monde donne l'occasion à la bêtise de s'exprimer bien plus qu'avant, c'est quand même une ouverture, une alphabétisation qui devrait aller vers le mieux surtout en rencontrant les problèmes écologiques qui se posent à cette génération justement. Rien de merveilleux mais ils ne feront pas pire que le XXème siècle...

  12. Je suis plutôt d'accord pour dire que l'auto-organisation c'est de l'organisation, donc le terme "auto-organisation" correspond plus à une mode et à des groupes qui veulent surtout, dans leur organisation propre, dire qu'ils ne s'organise pas selon les formes dominantes du marketing, de l'économie, des affaires, etc... mais c'est une distinction qui a son importance aujourd'hui, il faut lui reconnaitre ça. Le besoin de faire soi-même sans passer par "les grilles".

    Le plus génant c'est quand on demande aux autres de "s'auto-organiser"...

    Par ailleurs je ne dirais pas que les piétons s'auto-organisent, je dirais qu'ils improvisent sur une grille effectivement constituée des marquages et mobiliers urbains, et encore, le terme improvisation renvoie au jeu alors qu'il s'agit surtout de continuer son chemin ou de traverser la rivière... et dans ce cas spontanéité et organisation s'excluent l'un l'autre, je traverse spontanément (j'ai un accident "spontané"...) alors que j'organise un déplacement à venir...

  13. Oui le "code" nait bien quelque part, mais ensuite il se diffuse et évolue (ou pas) suivant qu'il est reconnu comme "légitime" (ou pas) selon trois aspects :

    - Légitimité procédurale (ça doit marcher)
    - Légitimité par impartialité (A doit être traité comme B, y compris les auteurs et/ou mainteneurs du code)
    - Légitimité substantielle (le code doit répondre à un mythe fondateur admis par l'expérience humaine).

  14. Bon bah moi je suis au PG, donc forcement j'ai beaucoup de sympathie pour Mélenchon. Maintenant sa stratégie est ce qu'elle est et si elle a eu du bon au début, c'est en train de se retourner contre lui. Si les médias ne sont pas responsables de tous les maux, ils sont de bons chiens de garde du système. L'opinion ça se fabrique. A force de taper sur les médias, et particulièrement sur les stagiaires en journalisme (dont je suis pas fan, même si elles peuvent être fort charmantes) il devient une caricature (le mélenchon). Mais concernant les soulèvements en Tunisie et en Egypte: se sont de soulèvements populaires, pas des révolutions, Mélenchon me semble t'il n'a pas fait de déclarations naïves à ce sujet. Ce qui ne l'empêche pas de simplifier d'autres situations lorsqu'il s'adresse à la presse, à la radio (bordel la bourde sur Cuba) ou a la télévision. Son blog montre qu'il peut être un peu plus précis, moins réducteur. Le problème c'est que les médias sont la seule façon pour l'électeur de connaitre les idées générales de la personne pour qui il vote. Je vote depuis avril 2007. Je refusais de voter avant. Pour toutes ces raisons: le rôle trop important des médias dans les élections, le pouvoir des oligarques et surtout parce que depuis mes séjours à l'école je voyais bien qu'il y avait déjà une orientation particuliere dans les programmes scolaires pour pousser les gosses à penser de façon manichéenne: il y a les bons du monde libre l'occident et la démocratie capitaliste et les méchants (les communistes, puis les "islamistes). Mieux en grandissant, en ayant l'age de voter et en voyant mes camarades le faire, j'ai pu m'apercevoir que personne ne lisaient les programmes électoraux et ne se basaient que sur l'héritage politique familiale, ce qu'ils avaient appris à l'école et surtout sur les performances télévisuelles des candidats. C'est pourquoi ensuite des proches ont été déçu de voir que les socialistes ont appliqués une politique pas du tout socialiste (mais leur programme ne l'étaient pas, il suffisait de le lire) et encore plus déçu de subir Chirac appliquant une politique de droite extreme (dont un couvre feu!) alors qu'il a été élu par un électorat républicain et social démocrate. (mais en même temps, qu'il mene une politique de droite extreme était finalement assez normal, le FN était au second tour, pas les socialistes.). En 2007, voyant que la politique de droite extreme de Chirac avait été soutenu par les médias et la presse de gauche, j'ai bien vu que Sarkozy avait des chances d'être élu alors que son programme reprenait 70% du programme du FN. J'ai vu des proches qui avaient voté socialiste en 2002 voter Sarkozy en 2007. ça pas parce qu'ils trouvaient la société de consommation vachement bien, mais parce qu'ils n'avaient pas le temps de lire le programme, qu'ils lisaient Libération ou Le Monde et que dans ces journaux la ligne politique était assez floue et que certaines idées développées par Sarkozy était plutôt appréciées par ces journaux. Et puis il y a la télévision. Ce sont des exemples, mais ces proches (qui ne le sont plus après cet évenement) ont été influencés par les médias. Bref le risque de Sarkozy m'a fait prendre le risque (mesuré) de voir une Segolene Royal cocaïnée se hisser à la tête de l'Etat. Le programme du PS était pourtant encore plus à droite qu'en 2002. Mais à la différence de Le Pen qui n'avait aucune chance d'être élu (c'est pourquoi je suis toujours scandalisé que 83% des français aient crachés sur la démocratie) Sarkozy était clairement un danger. Sarkozy au pouvoir, on voit juste que les haines se sont attisés, que le PS est toujours autant capitaliste (et non socialiste) et que les tensions avec lesquels le président jouent sont si forte qu'en cas de soulèvement populaire le risque de la guerre civile est plus fort que l'espoir d'une révolution. Pacifiste je me résous donc a soutenir le programme qui me parait le plus socialiste c'est à dire celui qui a été pensé par les communistes et les véritables socialistes du front de gauche.
    Ce qui ne m'empêche pas d'être tout à fait d'accord avec votre texte qui est tres juste.

  15. @Gael> Par rapport à la justification du vote j'ai l'impression que les choses changent. D'ailleurs ce n'est pas pour rien que le "bobo", consommateur versatile par excellence, est diabolisé par tous les partis: il ne respecte pas les héritages familiaux ou les légitimités de classe. Les médias veulent fabriquer des affrontements entre des camps bien délimités, parce qu'ils sont dans le spectacle, certes, mais dans le spectacle à peu de frais surtout. Nous nous retrouvons avec un choc générationnel qui va se faire de plus en plus violent, car qu'on le veuille ou non les "jeunes" sont de moins en moins soumis à la programmation de leur consommation, la fabrication du spectacle à laquelle ils se réfèrent est celle d'hollywood, des "mèmes" du web et des séries téléchargées. C'est à dire que la versatilité de la consommation et la complexité des rapports sociaux vont forcément un jour structurer la société. On est obligé de constater des dynamiques aussi dans ce cadre, si la production française se limite à des niaiseries, du débat du second tour de la présidentielle à Plus belle la vie, l'usager lui ne s'y limite pas du tout et il consomme ces bouses à l'intérieur d'un espace culturel beaucoup plus large. Peut-être que c'est aussi superficiel que la lol-politique ou le like de facebook, mais la virilité qui nous sert de référence plus ou moins consciente n'est pas plus intéressante que la frivolité que je vois dans tout ça et qui nous servira justement sans aucun doute à dépasser les limites actuelles de notre société en perte d'efficacité. Ségolène Royal, ou alternative comparable, me semble plus intéressante dans sa dimension révolutionnaire et surtout, finalement, plus probable que la projection par continuité de la tendance actuelle du Sarkozysme qui nous ferait nous retrouver avec Richard Virenque (ou Sophie Marceau comme alternative de gauche) président de la République en 2017... je n'y crois guère quand bien même ça semblerait aujourd'hui totalement logique.

  16. @ gael et ropib
    Ropib a écrit: "l'usager consomme ces bouses ( médiatiques) à l'intérieur d'un espace culturel beaucoup plus large". Bien d'accord,. De même les sympathisant du mouvement Utopia sont en interrelation ( tout l'opposé d"une connexion, dure ou douce à la Tcrouzet) avec plusieurs partis comme dans le Front de Gauche, chez EE les Verts, au PS, avec un programme très proche des proposions concrètes de Jean Zin, lequel refuse de se connecter à toute forme partisane que ce soit. Ainsi un chemin se fait peu à peu, en marchant?

  17. J'ai quand même participé à un livre d'Utopia qui doit sortir ces jours-ci. Il y a pas mal de gens avec qui j'ai été assez proche qui sont au PG, y compris Martine Billard même si elle ne reprend pas mes propositions et n'a pas tellement écologisé le PG qui reste vieille gauche et défense du salariat. Mélenchon est un clown sympathique qui fait partie du spectacle mais il n'est pas né de la dernière pluie et il entretient des illusions, y compris l'illusion des élections présidentielles (il ne peut être élu son jeu se limitant à jouer contre ses frères ennemis). Moi, j'ai découvert la comédie des élections quand les verts m'avaient présenté aux élections législatives, c'est là que j'ai compris qu'on ne jouait pas à armes égales et que ce n'était pas la faute aux médias et aux journalistes (qui méritent bien notre détestation). Depuis, je ne vote plus (sauf au referendum contre la constitution européenne). Je suis persuadé que le pouvoir corrompt, que l'élection éloigne des électeurs (c'est la loi d'airain de l'oligarchie) et que la reconquête doit commencer par le bas, le local, les municipalités.

    Plutôt qu'auto-organisation ou démocratie directe, je pense qu'il vaut mieux parler d'autogestion, injustement tombée en désuétude.

  18. Oui, j'ai pensé aussi que j'aurais dû parler de l'armée comme organisation qui occupait la place du pouvoir mais cela me semblait évident. D'ailleurs aucune révolution ne peut être victorieuse si elle n'a pas de soutiens dans l'armée (voir les phénomènes révolutionnaires), comme elle est financée par les Etats-Unis on peut penser qu'elle favorisera un régime libéral et non pas islamique mais je ne crois pas que ce soit l'armée qui puisse décider et l'article n'est pas sur l'Egypte, seulement sur les difficultés d'une révolution et le manque d'alternative.

    C'est effectivement le processus de prise de décision qu'il est important de reconnaître pour pouvoir le critiquer et lui opposer des contre-pouvoirs. La différence entre l'autogestion et l'auto-organisation, c'est bien qu'avec l'auto-organisation comme avec le marché personne n'est responsable, personne ne décide, il n'y a pas de réflexivité, pas d'utilité sociale qui intervient. Le tout est plus (et moins) que la somme de ses composants, il a son mode d'existence propre, de même que les individus ont leur mode d'existence propre irréductible à leur communauté, le local et le global sont à la fois reliés, interdépendants, et bien distincts. Ce que nous apprennent les organismes complexes, c'est qu'il faut laisser le maximum d'autonomie aux différents niveaux mais qu'il faut s'organiser en organes spécialisés et optimiser la circulation de l'information.

    Auto-organisation et autogestion se complètent plutôt qu'ils ne s'opposent dans la production de notre auto-nomie, comme l'Etat et le marché. Louis Dumont montre que l'indépendance des hommes donnée par les sociétés de marché par rapport aux systèmes hiérarchique se paie d'une dépendance plus grande des choses (et de l'argent). Pour se ménager un peu plus d'autonomie il faut jouer l'un contre l'autre et ne pas foncer tête baissée dans la sécurité étatique pas plus que dans la précarité marchande par aveuglement idéologique. Ni collectivisme, ni libéralisme, une écologie-politique contradictoire et adaptative, attentive à la diversité comme à la complexité, combinant bottom-up et top-down !

  19. Pas un petit mot sur le rôle possible de l'armée Egyptienne en tant que force organisée pour la suite des opérations?

    Auto-organisation; autogestion; domination; etc... on peut tout résumer concrètement par "qui décide quoi et comment?" C'est que tout groupe a des décisions à prendre.

  20. @Jean> Hier, par accident sans doute, je ne vois que ça comme explication, je me suis retrouvé à regarder l'émission politique de Fr2 dont je ne me souviens plus le nom. Védrine, que j'apprécie assez, parlait justement d'un choc de génération, répondant à Finkielkraut perdu (c'est comme ça que je le vois: une sorte de pensée qui tourne en dehors des engrenages) dans son choc des cultures. Étrangement personne n'a rebondi sur ce thème qui me semble en effet des plus importants.
    @Michel MARTIN> J'étais fortement surpris de la réaction de l'armée en Tunisie. Depuis j'ai réalisé qu'il y avait des générations aussi au sein des militaires. Le mur de Berlin (puisque c'est une image qui a été récupérée) n'a pas fini de tomber à mon avis, là-bas comme ailleurs. Car s'il n'est plus là physiquement depuis quelques temps c'est toute une génération qui s'est construite avec cette référence. Or l'armée est obligée de s'adapter à la réalité, et si elle ne fera pas la révolution de Jean Zin, pas encore, elle pourrait être une ressource pour ne pas se jeter dans les fantasmes à la mode de chez nous. Encore faut-il que la rupture existe dans ces armées (tunisienne, égyptienne) mais ce n'est pas certain. Un matin de la semaine dernière j'ai sursauté en entendant l'ex général Desportes parler quasiment de décroissance et de repenser l'industrie. Je crois que de toutes façons c'est la réalité qui travaille à partir d'un moment...

  21. Pour ma part j'ai toujours trouvé très bête cette idée que l'automatisation supprimerait le travail, idée partagée par André Gorz et Jacques Robin ! On voit bien pourtant avec la crise que le chômage a des raisons économiques et monétaires plus que technologiques. C'est bien Keynes qui a raison. L'idée qu'il n'y aurait plus de travail est absurde si on définit le travail comme la lutte contre l'entropie. Ce n'est pas parce que l'agriculture employait 90% de la population et n'en emploie plus que 3% qu'il y a 80% de la population au chômage. Que l'industrie n'emploie plus que 5% des travailleurs n'aura pas plus de conséquences (sinon localement pour ceux qui perdent leur emploi en effet). La fin du travail de force a certes pour effet de rendre le travail non qualifié "inemployable", posant toutes sortes de problèmes mais certainement pas la "fin du travail". L'essentiel, c'est qu'il y ait des ressources pour rémunérer les nouvelles activités. Le danger étant que se développe une nouvelle domesticité. Il faut certes de nouvelles institutions, tel celles que je propose pour un travail choisi et la valorisation de ses compétences, pas les petits boulots sous-payés qui sont tout ce que peut offrir cette vision absurde de l'automatisation de la production. Les idées fausses ont la vie dure, un peu comme les raisonnements stupides de Malthus aussi convaincants que faux !

  22. @Jean Zin :
    L'armée peut jouer un rôle politique actif ou bien assurer une certaine neutralité ou favoriser tel ou tel option politique. Par exemple, en algérie, c'est elle qui mène le jeu en sous-main. Dans les cas Tunisien et Egyptien on a extrêmement peu d'informations sur l'armée, son idéologie dominante s'il y en a une ou les idéologies qui s'y combattent, est-elle noyautée par les Frères musulmans? Penche-t'elle du côté de la république ? etc...

    Pour les questions d'organisation, un autre critère me semble déterminant pour définir ce qui est possible, ce qui est viable: c'est la question de l'exigence réelle de mobilité ou de réactivité. On ne peut pas demander à un groupe de pompiers de s'organiser comme une association de randonnée pédestre ou une coopérative municipale. Inévitablement, plus les décisions à prendre ne peuvent souffrir de délai et plus la coordination est essentielle et plus les organisations seront hiérarchisées.

    Témoignage: il m'est arrivé à plusieurs reprises de travailler avec des labos CNRS. J'ai pu constater que des broutilles, des petits différents entre chercheurs pouvaient conduire à un pourissement de plus en plus grand de leurs relations et en fin de compte du fonctionnement des labos du fait que personne ne peut résoudre les conflits dans le labo. La résolution de conflits est aussi un des points d'achoppement, un impensé des idéologies "auto".

  23. @Jean Zin : Je n’ai pas lu l’ouvrage de Martin Ford faisant l’objet de la recension publiée par dedefensa. Mais il semble bien que l’auteur y expose les mêmes risques que ceux que vous soulevez : non pas la « fin du travail », mais la possible émergence d’une très nombreuse sous-classe dépourvue de formation et de qualification. Phénomène déjà observable. On en revient toujours aux mêmes interrogations : la « science » économique s’intéresse à la création et à la répartition des richesses. Notre espèce semble consacrer une ingéniosité remarquable à la création, et réduire la répartition à la portion congrue…

  24. Le capitalisme a toujours eu besoin de "surpopulation" et de créer de la misère pour peser sur les salaires mais contrairement à ce que croyait Marx, il n'a pas intérêt à la paupérisation des travailleurs. Il ne fait pas de doute qu'un revenu garanti s'impose dans ce nouveau contexte, l'enjeu étant qu'il ne soit pas trop faible et qu'il soit complété par les institutions du travail autonome et la relocalisation de l'économie, où l'on verra que ce n'est pas le travail qui manque...

  25. Le monde bouge et vous ne voyez rien !

    LES PREMISSES D'UN COMITÉ DE SAGES....
    Aussi incroyable que cela puisse paraître, une véritable révolution démocratique et anticapitaliste a lieu en Islande en ce moment même, et personne n’en parle, aucun média ne relaie l’information, vous n’en trouverez presque pas trace sur « google »: bref, le black-out total … Pourtant, la nature des événements en cours en Islande est sidérante : un Peuple qui chasse la droite au pouvoir en assiégeant pacifiquement le palais présidentiel, une « gauche » libérale de remplacement elle aussi évincée des « responsabilités » parce qu’elle entendait mener la même politique que la droite, un référendum imposé par le Peuple pour déterminer s’il fallait rembourser ou pas les banques capitalistes qui ont plongé par leur irresponsabilité le pays dans la crise, une victoire à 93% imposant le non-remboursement des banques, une nationalisation des banques, et, point d’orgue de ce processus par bien des aspects « révolutionnaire » : l’élection d’une assemblée constituante le 27 novembre 2010, chargée d’écrire les nouvelles lois fondamentales qui traduiront dorénavant la colère populaire contre le capitalisme, et les aspirations du Peuple à une autre société. Alors que gronde dans l’Europe entière la colère des Peuples pris à la gorge par le rouleau-compresseur capitaliste, l’actualité nous dévoile un autre possible, une histoire en marche susceptible de briser bien des certitudes, et surtout de donner aux luttes qui enflamment l’Europe une perspective : la reconquête démocratique et populaire du pouvoir, au service de la population.

    http://www.cadtm.org/Quand-l-Island...
    http://www.parisseveille.info/quand...

    Arrêtez de vous imaginer qu'il ne se passera rien sans vos théories! C'est vous qui devenez ringard et aigri !

  26. On est bien sûr de tout coeur avec les Islandais et on espère que l'esprit descendra sur cette sympathique assemblée, qu'il en sortira une démocratie renouvelée mais je ne vois pas ce qui peut motiver un tel enthousiasme à ce stade où l'on n'en sait effectivement pas beaucoup. Il est au moins prématuré d'y voir déjà une nouvelle nuit du 4 août.

    Tout le monde se réjouira s'il y a des avancées mais je n'ai jamais dit qu'il ne se passerait rien, au contraire je dis que l'époque est révolutionnaire même si pour l'instant on ne voit pas grand chose venir et qu'on manque de théories (qui ne sont pas les miennes, que je n'ai fait que reprendre). Les critiques que je fais ne visent pas à démoraliser les révolutionnaires mais à sortir de l'impasse actuelle où l'intervention des peuples est absolument indispensable, l'Islande est effectivement exemplaire sur ce point par rapport à la Grèce par exemple, mais on n'est pas encore à la fin de l'histoire.

  27. De la pratique à la théorie il peut effectivement y avoir un fossé et ceci que se soit dans domaines aussi différents que la révolution ou l'organisation.
    Par contre je ne sais si le XXIème siècle sera spirituel ou pas, une chose me semble désormais sûre c'est qu'il ne sera pas aussi politiquement occidental que le précedent!
    Ceci dit je me demande si l'ère de l'information et du numérique n'est pas un peu celle des organisateurs chère à James Burnham et peut-être pour répondre à pch que si tout n'est pas à attendre des machines, elles peuvent quand même beaucoup.

  28. Loïc a écrit:« Répondre à pch que si tout n’est pas à attendre des machines elles peuvent tout de même beaucoup »
    Le lien avec un texte sur l’illusion théâtrale (sur le deus ex machina) ne signifiait pas une défiance à l’égard de la machine technique, mais du machin, de tout le machinal dans l’ action , et du risque de machination.

  29. Un article que j'ai trouvé très éclairant d'Olivier Roy :
    http://www.lemonde.fr/idees/article...

    Ce qui est fascinant c'est la dialectique d'une radicalisation islamique qui s'exile perdant tout enracinement, s'excluant elle-même, alors que la réislamisation de la société lui fait perdre sa dimension politique.

    On pourrait rapprocher cette dialectique des écologistes les plus radicaux qui laissent la place aux plus modérés en restant entre-eux, de même que l'écologie perd son caractère politique à mesure qu'elle gagne l'hégémonie, y compris à droite.

  30. @ Jean Zin
    Vous voyez bien, on en arrive toujours, quelque soit le sujet, à buter sur l'islam, comme vous y arrivez vous-même, tant c'est devenu inéluctable et incontournable.
    L'article d'Olivier Roy est très intéressant, objectif, documenté. Mais il est relatif au monde arabo-musulman, qui change, comme toute société humaine, et notre vision à nous occidentaux devra en prendre acte.
    Mais tout ce qui est dit concerne le monde arabo-musulman. Nous, nous ne vivons pas dans un monde arabo-musulman et nous n'avons pas à le devenir.
    En théorie, vos idées se tiennent, mais concrètement, dans la pratique, comment les réalisez-vous?
    Un revenu minimum pour tout le monde? Fort bienvenu. Mais puisque vous avez l'air de trouver cette immigration de peuplement normale et utile dans une Europe "vieillissante", vous l'imaginez vraiment, vous une France de 100 millions d'habitants? Une Europe avec le double de population? Vous trouvez vraiment qu'on doive vivre tassés les uns sur les autres comme en Chine? Vous trouvez que nos pays ne sont pas suffisamment bétonnés (parce qu'il faudra bien les loger, 100 millions d'habitants)? Et nous allons manger quoi, avec notre petit revenu minimum et produit où et comment, si les terres sont bétonnées pour en faire de la surface habitable?

    Et vous allez les faire cohabiter harmonieusement comment dans vos sites relocalisés, vos habitants? En hallalisant systématiquement les cantines scolaires? Vous pensez y envoyer de nouveaux "hussards de la république" sous formes d'unités psychologiques formées par des élèves d'Esther Benbassa pour sensibiliser à la culture de l'Autre? Il y aura aussi des cours "facultatifs obligatoires" dans les entreprises et durant les loisirs? Et si on ne veut pas y participer, on sera "discriminé"?

  31. Bien sûr que l'islamisme est un problème, je ne suis pas prêt à me laisser-faire par des islamistes mais ce n'est pas du tout d'actualité. Pas de panique.

    La vie est dure, elle n'a rien d'idéal. L'Europe c'est la guerre, alors nos petits idéaux de vie tranquille et chrétienne, c'est de la daube. Le désir de vivre ne vient pas de la beauté de la vie mais de nos hormones. Je suis assez suicidaire pour le savoir mais je vis dans un endroit presque désert, ce qu'on peut encore faire.

    Je ne jurerais pas que ce soit toujours possible. On ne passera pas à 9 milliards sans inconvénients mais ce ne sont pas les musulmans qui seront le problème, ils sont bientôt aussi finis que les catholiques et resteront chez eux quand ils seront plus développés.

    Il y a ce qui dépend de nous et ce qui ne dépend pas de nous (les techniques, l'immigration, etc.). L'harmonie est hors de portée et je n'ai pas de solutions pour tout, juste une proposition de relocalisation mais on peut vivre encore dans la nature et faire des choses. J'ai été quand même plus déprimé dans les années 80-90 tellement nullardes.

  32. @Floréale> Je ne vois pas bien pourquoi on ne peut pas cohabiter avec des musulmans (je cohabite bien, parfois avec difficulté, avec des chrétiens tout aussi débiles), et en ce qui concerne le hallal c'est un peu comme pour toute pratique religieuse contraignante: celui qui se contraint n'est pas obligé de contraindre les autres, et dans un cadre où la négociation est la norme ce principe est partagé par une très très grande majorité. Pour se sensibiliser à la culture de l'autre il n'y a pas besoin d'unité psychologique, autour de moi ceux qui ne veulent pas se mélanger sont simplement dans des situations (sociales ou géographiques) qui font qu'ils n'ont pas la possibilité de se mélanger. D'ailleurs je ne vois pas en quoi la religion serait le clivage culturel majeur de notre époque, je vois plus un choc des générations qu'un choc des cultures, n'en déplaise à Finkielkraut qui n'est pas le plus jeune et qui se sent peut-être justement remis en cause sans avoir bien remarqué par qui (mais c'est toute l'histoire de sa vie).

  33. Je suis bien d'accord qu'une monnaie unique pour des économies disparates est absurde, renforçant les plus forts, ce pourquoi je suis contre une monnaie mondiale comme le bancor défendu par Paul Jorion par exemple (un panel de monnaies pour les règlements internationaux serait préférable). Recréer une monnaie nationale pourrait être un progrès mais ce n'est quand même pas très révolutionnaire, moins en tout cas que des monnaies locales, car il y a aussi de très grandes disparités entre régions, voire entre villes.

  34. @Jean> Il me semble que le bancor ne peut se concevoir qu'avec des monnaies plus ou moins locales. On pourrait mettre en place, au sein de l'Europe pour commencer, ou d'un groupe de pays à l'intérieur de l'Europe, un bancor transnational qui entraînerait nécessairement l'instauration de critères de convergence sociale, et des monnaies locales à des régions (tout aussi transnationales, et définies sur des territoires relatifs à des projets de collaboration plutôt que par des concurrences envers des altérités). L'idée d'employer un bancor transnational à un niveau local ne me semble être soutenue par personne. Et dans les faits il est tout à fait possible de définir le bancor par rapport à un pannel de monnaies plus ou moins locales plutôt que, comme c'était l'idée de départ, par rapport à l'or.
    Par rapport à la monnaie locale, géographiquement définie, pertinente, je continue de soutenir l'idée d'une monnaie locale aux usages. D'ailleurs la notion de localité est relative aux usages. J'avais entendu Jorion parler de quelque chose se rapprochant du ticket de rationnement relativement à certains usages, ça correspond approximativement à ce que je conçois. Je pense que ce serait assez facile d'expérimenter l'idée à partir des tickets restaurant, en les généralisant à l'alimentation et en les restreignant à une zone géographique, mais aussi en en libéralisant quelque peu l'usage (possibilité d'en utiliser plusieurs à la fois, donner aux employeurs la possibilité d'en donner plus avec des valeurs faciales moins élevées) et à partir de là seulement en empêcher toute transformation en argent réel (il est toujours possible de se les faire rembourser par l'employeur aujourd'hui, ce qui me semble obligatoire tant leur usage est encore restreint).

  35. Certes la révolution numérique. Mais qui se cache réellement derrière les claviers de ces révolutionnaires de l'internet?

    N'y-a-til pas ici__ "un glaive__" bis comme celui que l'on a connu lors de l'existence du bloc de l'est? Je crois que de ne pas y songer est assez naïf...

  36. Et puis curieusement pas un mot dans nos médias ou chez les intellectuels bien pensants "des jésuites de l'islam", les missionnaires de Fethullah Gülen- exilé notamment aux USA en 1999 pour s'y faire soigner.

    Réseau musulman le plus puissant du monde, les missionnaires de Fethullah ont fait de l'Afrique une priorité , de Dakar à Zanzibar.

    En 1998, Fethullah Gülen était reçu par le pape jean - paul ll au Vatican. Aux états unis, il a établi de solides contacts avec les communautés juives et chrétiennes. Le père jésuite Thomas Michel préface régulièrement ses ouvrages. Fethullah Gülen s'est rendu à Jérusalem devant le mur des lamentations, ce qui lui vaut une haine farouche des islamistes radicaux.

    Il puise son inspiration dans les traditions anatoliennes et dans le soufisme pacifique de Rumi , fondateur de l'ordre des derviches tourneurs.

    Trois millions de membres en Turquie qui ont inféchi à plusieurs reprises la politique d'Erdogan par leur journal le Zaman par exemple lors de l'éventualité du port du foulard dans les universités.

    En Turquie - pays qui va voir son rôle renforcé au plan international et qui aurait dû être accepté dans l'union européenne si nos politiques avaient été un peu moins cons - des centaines d'établissements sont estampillés Gülen - collèges, lycées, une université à Istanbul - . On en trouve dans 110 pays, du Chili à la Papouasie- Nouvelle- Guinée en passant par le Nigéria, la Norvège , la Chine ou l'Australie . Seule la Russie fait exception.

    En 2007, une dizaine d'établissements ont été fermés à Saint-Pétersbourg. L'éducation est au coeur du système, l'intellectuel Gülen qui ne veut pas construire de mosquées, y a gagné un surnom: le maître d'école de L'islam, son mot d'ordre " la priorité, c'est l'éducation ".

    On nous rebat les oreilles à longueur de journées avec l'islam radical afin de justifier les guerres à faire; mais jamais un mot, jamais sur cet autre islam plus constructif.

    Rosette , laïque , athé, social libertaire.

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