Le travail fait la santé

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Pour une écologie du travail
travailsanteOn ne peut séparer l'écologie du social, comme le voudrait l'écologie libérale, pas plus qu'on ne peut séparer l'homme de son milieu. Ce sont bien les effets désastreux sur notre qualité de vie et notre santé qui nous alertent sur les problèmes écologiques, cependant les causes sont le plus souvent du côté de la production, des procédés et substances employées mais aussi du travail lui-même, responsable en grande partie de la dégradation de nos conditions de vie car s'il est avéré que "le travail, c'est la santé" quand c'est un travail valorisant, c'est loin d'être toujours le cas.

Une écologie du travail, attentive à l'amélioration des conditions de travail, devrait constituer une priorité de santé publique dès lors qu'une grande partie des maladies se révèlent être, à l'origine, des maladies du stress potentialisant les pollutions toxiques et les déséquilibres biologiques. On commence tout juste à s'en apercevoir devant les dégâts d'une gestion par le stress qui a révélé toute son inhumanité, seulement le problème est bien plus général que les "suicides au travail" qui n'en sont que les martyrs les plus visibles. La société, la citoyenneté démocratique et les droits de l'homme ne s'arrêtent pas à la porte de l'entreprise qui est au contraire un des principaux lieux de socialisation et de vie commune bien que ce soit de façon plus ou moins temporaire, à la différence des villages d'autrefois. C'est un territoire qu'il faut reconquérir et civiliser en s'opposant aux nouvelles barbaries comme les luttes ouvrières ont combattus les anciennes. On ne peut accepter l'extra-territorialité du travail qui est une bonne part de notre vie, aussi bien d'un point de vue politique que des répercussions écologiques ou sur notre santé. Il faut s'en persuader, la question du travail devrait constituer avec la relocalisation l'axe principal d'une véritable politique écologiste.

Le cercle est bouclé lorsqu'on se rend compte que le consommateur malade est aussi un travailleur, impliqué dans une production qui le rend malade. Le souci de la qualité de la vie se porte naturellement en premier lieu vers la famille comme lieu de consommation et de partage mais, y compris pour nos proches, étant donné le temps qu'on y passe, changer le travail, c'est changer la vie de façon bien plus radicale. Se soucier de notre vie au travail, c'est prendre le problème véritablement à sa racine, dans la production qui détermine largement nos consommations. L'écologie ne peut se réduire à corriger les effets les plus voyants de la dégradation de notre environnement alors qu'elle doit adopter un point de vue global et remonter aux causes. Les problèmes écologiques étant causés par nos productions, c'est donc bien la production qu'il faut changer. Pas seulement le contrôle de l'innocuité des produits mais le travail lui-même, c'est-à-dire l'homme (ou la femme), le travailleur dans sa quotidienneté, au-delà des exigences minimum d'hygiène et de sécurité, ce qui certes ne va pas de soi dans une économie fortement concurrentielle, encore moins pour des entreprises capitalistes motivés uniquement par le profit.

C'est bien parce qu'elle remonte aux causes économiques et sociales que l'écologie-politique ne se réduit pas à l'environnementalisme dans lequel on voudrait l'enfermer, ni à la préservation des équilibres naturels mais doit se soucier de la production et du travail. Cependant, c'est aussi de façon beaucoup plus immédiate que l'écologie doit se préoccuper des conditions de travail en tant qu'elles conditionnent la santé des populations, y compris leur santé mentale. On peut d'ailleurs rappeler que c'est le constat que les premiers prolétaires britanniques n'étaient plus en état de servir comme soldats qui a motivé les première lois sociales sans lesquelles les "lois du marché" n'assureraient pas la simple survie ni sa propre reproduction. Aujourd'hui on peut dire que la précarité et le stress sont de véritables armes de destruction massive, bien que ce soit de façon moins visible, ce qui devrait en faire une priorité politique. Enfin, il y a un lien incontestable entre les conditions de travail et la qualité des produits, tout comme l'aliénation au travail renforce l'aliénation du consommateur. Les dimensions économiques et sociales devraient donc bien faire partie intégrante d'une approche écologique globale qui doit comporter une écologie du travail et une écologie du stress, étant donnée leur incidence sur la santé et la dégradation du milieu (sans aller jusqu'à une "écologie mentale" plus problématique).

Il ne faut pas rêver, si ce n'était qu'un objectif de santé publique, cela ne serait certainement pas assez convaincant pour émouvoir les puissances économiques mais, aussi étonnant que cela puisse paraître, c'est aussi ce qu'exigent les transformations du travail, les nouvelles forces productives immatérielles à l'ère de l'écologie, de l'information et du développement humain où la gestion des ressources humaines et la valorisation des compétences deviennent le coeur de l'entreprise et le moteur de l'économie. L'automatisation rend de plus en plus inutile la "force de travail", le travail non qualifié, et de plus en plus indispensable compétence, adaptabilité, communication voire empathie, toutes qualités humaines dont les machines sont dépourvues. Ce pourquoi le développement humain devient le coeur de l'économie, développement humain qu'il faut entendre au sens d'Amartya Sen, du développement des capacités de chacun (capabilities), de son autonomie et de ses compétences. C'est désormais l'autonomie du travailleur qui est mobilisée, en effet, dans l'activité productive pour la "résolution de problèmes" comme dans le relationnel, ce qui constitue une véritable inversion des logiques : "des sociétés de contrainte aux sociétés de contrôle", du temps de subordination au contrat d'objectif avec une évaluation après-coup. Cela comporte de nouvelles souffrances quand on est remis en cause dans notre être mais devrait logiquement entraîner le passage du travail forcé au travail choisi qui ne concerne encore que les plus qualifiés pourtant, alors que c'est à tous qu'il faudrait en donner les moyens. L'universalisation à un rythme absolument inédit des technologies numériques exige une reconfiguration complète de notre système de production et des protections sociales... faute de quoi, c'est la précarité qui s'étend avec des conséquences dramatiques sur la santé et une destruction de ressources humaines on ne peut plus contre-productive. Les répercussions finales sur la santé ne sont comme souvent que des symptômes de l'inadaptation des institutions aux réalités nouvelles et des rapports de production aux nouvelles forces productives.

Il faudrait également revoir complétement les conditions de travail si l'on veut s'adapter aux évolutions démographiques en donnant la possibilité aux salariés de prendre leur retraite le plus tard possible alors que la santé est plus fragile, avec une productivité qui baisse à partir de 53-55 ans le plus souvent. Il ne s'agit pas de remettre en cause la retraite à 60 ans pour ceux qui le veulent ou n'en peuvent plus, mais de donner vraiment la possibilité de continuer à travailler pour ceux qui le souhaitent et ne veulent pas être mis à la porte, sachant qu'il est d'autant plus recommandé de continuer à travailler qu'il s'agit de travail immatériel entretenant nos capacités cognitives. S'il faut défendre le droit de choisir, c'est à condition que ce soit un libre choix. Il faut donc défendre bec et ongle le droit à la retraite sans se croire obligé de réduire la vie à l'inactivité ni aux sinistres croisières du troisième âge. Il faut là aussi prendre la question par l'autre bout, par le renforcement des protections sociales et de nos libertés au lieu de les réduire au risque d'aggraver les problèmes de santé et de financement. Mais le préalable serait des conditions de travail adaptées, il faudrait un autre travail, un travail désirable...

Les discussions sur le travail sont impossibles et mensongères d'une façon trop générale car on ne peut mettre sur le même plan toutes les professions. Il y a travail et travail, travail épanouissant et travail humiliant ou harassant. Comme le soulignait Galbraith, à rebours des postulats de l'économie libérale, c'est bien le travail le plus pénible qui est le moins payé alors que c'est le plus gratifiant qui est le mieux rémunéré ! On sait que les inégalités dans le travail se traduisent par des inégalités non seulement dans les salaires mais aussi dans la santé et l'espérance de vie. C'est là qu'on voit clairement que le travail fait la santé, ce qu'on devrait prendre beaucoup plus au sérieux. Il n'y a pas que la pénibilité physique, les accidents du travail, les maladies professionnelles, les troubles musculo-squelettiques et l'usure des corps. On pourrait citer de nombreuses études, notamment les recherches de Christophe Dejours ("Souffrances en France") mais il y en a bien d'autres, qui établissent les répercussions dramatiques sur la santé mentale de mauvaises relations de travail. Ainsi, au moins 20% des problèmes de santé au travail seraient liés aux "risques psychosociaux". Le besoin de reconnaissance dans son travail comme dans tout groupe humain, se révèle être absolument vital.

Un travail sans perspective de carrière et avec beaucoup de stress est le meilleur moyen d'être malheureux et de mourir prématurément.

Le rôle du stress a été sous-estimé jusqu'ici dans la détérioration de la santé, de même qu'il a été surestimé dans ses côtés positifs. Il ne fait aucun doute qu'on a besoin d'un minimum de stress, au niveau simplement biologique, car la vie est un processus d'adaptation qui s'ossifie, perd ses capacités d'adaptation et son caractère de vivant en l'absence de toute agression ou déficit. On soupçonne ainsi que l'augmentation des maladies auto-immunes puisse être liée à un excès d'hygiène (c'est ce qu'on appelle l'hypothèse hygiéniste). Il faut entretenir le système immunitaire comme il faut entretenir le système nerveux qui est son prolongement. Au niveau du vécu, cela se traduit par un insupportable ennui quand il ne se passe rien et qu'on n'a pas besoin de travailler. C'est même une des raisons pour lesquelles il vaut mieux avoir un travail. Les études montrent toutes que plus on travaille vieux, plus on vit vieux. C'est un fait statistique au moins. Encore faut-il pouvoir, que ce ne soit pas un travail trop fatiguant et stressant. Car il est tout aussi certain que trop de stress tue (y compris des chefs d'entreprise, ce qui n'est pas toujours une si bonne position de ce point de vue). Les dernières études montrent que même un stress modéré continuel est plus pathogène qu'un stress faible. Il ne fait pas de doute qu'on ne saurait se passer de compétitions mais la concurrence ne doit pas être exacerbée comme elle l'est sur le marché du travail et dans les grandes entreprises. On connaît les ravages du burn out, surmenage qui mène tout droit à la dépression, mais le stress peut déclencher toutes sortes de maladies physiologiques, inflammations, cancers, infarctus, etc., avec même des répercussions génétiques ! Le coût humain de "techniques de management" barbares est exorbitant, vies gâchées, vies perdues, mais cela se traduit aussi en coûts financiers en terme de santé publique. Faire la paix dans les entreprises et refaire équipe ensemble au lieu d'y faire régner la terreur serait un gain pour l'entreprise comme pour la société. Il y a d'ailleurs quelques rares patrons qui ont compris l'importance du plaisir au travail et de relations pacifiées, ce qui n'est certes pas la philosophie des golden boys aux dents longues et de leur stupide idéologie "risquophile" un peu trop cocaïnée. Il y a du boulot !

Une fois admis la nécessité d'une écologie du travail et d'une écologie du stress, quelle est donc la stratégie à adopter ? Sûrement pas la voie adoptée par les 35h où la réduction du temps de travail supposée donner plus de temps pour vivre s'est trop souvent traduite par une intensification du stress et la déstructuration de la vie familiale par l'introduction de la flexibilité. Prendre en compte la santé au travail, c'est inverser le point de vue sur le travail, de l'exploitation esclavagiste à une sorte d'ergothérapie, du travail forcé au travail supposé épanouissant. Au lieu de fuir le travail comme le mal, arriver à en faire un travail désirable, sacré challenge mais qui peut faire l'axe d'une politique. Je ne veux pas trop insister sur la nécessité d'une alternative au salariat comme temps de subordination en donnant les moyens à tous d'un travail autonome par un revenu garanti et les institutions du développement humain, car, il ne s'agit en aucun cas de s'occuper uniquement de l'alternative alors que les conditions de travail doivent être améliorées partout et au plus vite. Il n'empêche qu'il faudra bien sortir du salariat productiviste et passer au travail autonome, ce qui pourrait se traduire cependant par un stress supplémentaire insupportable comme on le constate déjà et ce pourquoi ce n'est pas viable sans des protections sociales renforcées contre la précarité (notamment un revenu garanti). C'est seulement en changeant le travail qu'on peut vraiment changer les consommations, c'est seulement quand le travail n'est plus une souffrance qu'il n'a plus besoin d'être compensé par des consommations factices, c'est seulement quand on n'est plus subordonné mais autonome qu'on peut être responsable de ses productions et de leur qualité.

A notre stade de développement, la santé devient le bien le plus précieux (et le plus cher!), raison de plus pour ne pas la gaspiller dans des tensions professionnelles mortifères pas plus qu'en manipulant des produits dangereux. Il vaut toujours mieux jouer la prévention. Les illuminés du transhumanisme imagineraient bien un homme augmenté aux performances décuplées, laissant loin derrière des compétiteurs arriérés. Notre intérêt serait plutôt de baisser la pression, d'opérer la même conversion que les anciens seigneurs passant du pillage à la gestion de leur domaine, aux "politiques du care" déjà, prenant soin des populations et des richesses locales, prise en compte de ce qu'on appelle des externalités par rapports aux productions immédiates alors qu'elles en sont la condition, tout comme la fertilité des sols qu'il faut entretenir. Loin d'être un luxe qu'on ne pourrait plus se permettre, jamais les protections sociales et le développement humain n'ont été aussi nécessaires et productives. Pour la même raison que le fordisme doit son succès au fait de s'être donné les moyens de sa reproduction, on peut faire le pari que la prise en considération de la santé et de notre simple humanité devrait s'imposer de plus en plus dans le travail comme dans les affaires. Cela ne se fera pas tout seul, il faudra comme toujours de fortes mobilisations sociales mais les conquêtes sociales se consolident d'autant mieux que le gain est collectif et que tout le monde en profite finalement...

Si le bonheur des peuples a un sens en politique, c'est de faciliter le travail et la vie de tous. Le simple souci de la santé, d'arrêter la guerre contre la vie, doit nous mener à l'écologie du travail, au passage de l'exploitation à l'ergothérapie, au travail comme premier besoin de l'homme, mais on a vu aussi qu'on serait dans l'utopie si l'ère de l'écologie ne se révélait aussi l'ère de l'information et du développement humain exigeant des transformations radicales pour tenir compte du nouveau monde qui s'ouvre à nous. Ce n'est pas le lieu d'en aborder les modalités pratiques mais on voudrait juste insister sur le point de vue écologique global qui permet de lier le travail à ses produits et les conditions de travail à la santé, bouclant le circuit entre questions écologiques, économiques et sociales.

Il ne s'agit pas cependant de prendre ses désirs pour des réalités en ignorant les contraintes économiques mais bien de se concentrer sur le travail lui-même, l'acte productif et sa relocalisation plutôt que sur les consommations et une illusoire planification des besoins avec ses relents totalitaires (en tout cas de travail asservi). Au lieu d'ajouter des contraintes écologiques aux contraintes économiques, il vaudrait mieux parier sur l'autonomie de l'individu et la valorisation de ses compétences, libérer le travail et se libérer de la subordination salariale tout comme d'une pression excessive, non pas prendre la question du côté des pollutions seulement et du résultat mais des causes, de l'activité, du système et de son productivisme. La liberté dans le travail exige cependant la liberté de ne pas travailler et de se libérer du travail, c'est la difficulté et le point sur lequel il ne faut pas céder pour que ce soit un travail choisi dans lequel on puisse s'investir.

A quand des syndicats écologistes pour changer le travail salarié ? Il faudrait en effet combiner la voie de l'alternative locale à la pacification des entreprises. Même si ce ne sont pas des gains financiers, les gains d'une telle libération du travail coopératif seraient immédiats, et non dans un lointain futur, sur notre quotidien, notre santé, nos relations sociales comme sur nos consommations et nos modes de vie. Ce serait surtout un changement complet de point de vue sur le travail. Bien sûr, le plaisir au travail reste une utopie pour beaucoup mais sa revendication est devenue légitime. De mauvaises conditions de travail sont devenues inacceptables. On ne gagnera rien à continuer à rendre les gens malades. Il ne suffit pas de le dire, il faudrait du moins commencer par le dire pour une véritable écologie et politique de santé qui prenne en compte toute notre vie, travail compris.

(article pour EcoRev' no 36 Ecologie et santé)

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38 réflexions au sujet de “Le travail fait la santé”

  1. Défendre une écologie du travail voilà un véritable chantier et un débat aujourd'hui soigneusement occulté, et pourtant ce ne serait pas de la charité que de s'en soucier. Ce serait un véritable projet de société et comme vous le dites doublement rentable que se soit du point de vue santé publique ou productif. Mais après la pensée unique néolibérale qui sait encore compter? simplement compter? et qui sait ce qu'est le profit autre que bêtement et purement financier? Le profit existe aussi du point de vue societal et il serait bon de se le rappeller.

  2. le travail restera une corvée tant qu'il n'aura comme seule finalité que la nécessité de survivre . Je fais partie des "esclaves rémunéré" juste ce qu'il faut pour que tous mes espaces de réflexion s'inscrivent dans un effort perpétuel pour pouvoir répondre aux pressions incessantes d'un système basé sur votre capacité à fournir de l'argent pour bénéficier de la santé, de l'éducation et de la justice (et je n'exagère pas).
    Alors à quand l'abolition du "travail salarié" ! là est le "véritable projet de société " !

  3. Oui, il faut sortir du salariat, c'est à quoi devraient servir le revenu garanti et les institutions du travail autonome mais d'une part, on n'en sortira pas tous d'un coup, il faudra du temps et donc, en attendant, il faudra améliorer les conditions de travail des salariés. D'autre part, il y a travail et travail. Il ne faut pas croire que tous les emplois salariés sont insupportables. Plus de la moitié des salariés aiment leur travail et leur vie. Cela rend sans doute plus inadmissible encore que subsistent un pourcentage élevé de salariés exploités et de souffrance au travail mais on doit pouvoir améliorer leur situation. Il serait plus important d'être plus heureux au travail que de gagner un peu plus ou de prendre se retraite un peu plus tôt (ce qui n'empêche que dans la situation actuelle il ne faut pas lâcher la proie pour l'ombre). Ceci dit, même un travail choisi reste une corvée souvent. Il n'y a pas de miracle ! On peut juste améliorer la situation et notre santé, gagner en autonomie et réduire les inégalités. C'est déjà pas si mal.

  4. 50% des jeunes ont des "dépressions"

    Quel avenir il y a t'il ?

    Concernant l'intelligence artificielle forte, très forte : elle arrive.

    Elle arrive très vite.

    Google est dessus.

    Tous les états sont dessus, on peut citer les états unis, la chine, la france, l'allemagne. ( et c'est devenu plus sérieux pour la france il y a peu ).

    Mais peut être qu'il n'y a pas besoin d'autant de puissance de calcul qu'on le croit.

    Et oui il faudra accepter qu'une machine peut être supérieur dans le domaine de l'empathie ou des émotions.

    Jetons les dès.

  5. C'est par ailleurs notre seul chance de survie si l'on crée une intelligence artificielle forte , et on le fera soyez en sur, il faudra d'abord qu'on soit amicale ( et donc pas si mauvais que cela , et c'est LE PLUS DIFFICILE) et qu'elle soit amicale, avec des valeurs

  6. C'est amusant car on peut dire que c'est la même erreur naïve de penser que l'intelligence soit seulement du calcul et de penser que l'humanité ne mériterait pas de vivre comme si on était Dieu le Père pour en juger alors que la question, c'est qu'on est engagé dans l'histoire et que la vérité n'est pas donnée, seuls nos errements nous la révèlent. La prise en compte des émotions est une chose, assez triviale, l'intelligence c'est une autre histoire !

    C'est d'ailleurs une position assez commune d'être tellement persuadé de connaître le vérité et de savoir ce qu'il faut faire qui permet de condamner l'humanité entière aux gémonies et de désespérer complétement de l'avenir alors qu'à comprendre qu'on découvre le monde, on sait que la vérité aura toujours le dernier mot mais j'essaie d'écrire un texte sur "l'optimisme de la raison", pas sûr que j'ose aller au bout...

  7. C'est facile , c'est du discours.

    Vous me répondez toujours les mêmes choses sur les sujets auquel vous ne prêtez pas assez de crédibilité ou d'attention : et vous croyez que je suis un autoproclamé : mais je ne suis qu'un noeud du réseau qui analyse le temps présent.

    Il y a très peu de chose que je suis le seul a dire, vous ne l'avez pas encore compris ... donc ne vous trompez pas quand vous parlez de vérité : il ne s'agit pas de discours.

    Comme ci il n'y avait que vous qui ayez le droit de proclamer et définir des modèles : je ne suis pas en concurrence.

    Il faut prendre les questions de l'intelligence artificielle au sérieux également pour peut être diriger vers la bonne voie ( ou au moins essayer ), comme l'ont fait les chercheurs de la bombe atomique après l'horreur de leur hécatombe.

    Cette fois ci, il faut s'y prendre avant ( et non 2 ans après ) et des personnes et fondations y travaillent : mais étant donné la difficulté moindre des clés de la création d'une IA comparé au matériel atomique nécessaire pour la création d'une bombe : il faut en parler , il faut informer, et il faut un consensus scientifique.

    Parenthèse :

    Thousands of people have dropped out of the monetary economy onto organic farms, but that simple, pastoral lifestyle is not to everyone's taste. Post-scarcity will not come about until it is possible to live a life of abundance and leisure outside of the economic system without making sacrifices in their quality of life.

    http://www.adciv.org/Post-scarcity

    Une qualité de vie retrouvé pourrait signifier l'autonomie, et la non existence du travail salarié

  8. J'ai lu récemment une étude qui disait que plus il y a de discussion ( entre scientifique ) moins il y a de chance pour arriver a un consensus

    La société a de plus en plus de brouhaha, a ne plus s'entendre parler : devenons nous tous sourd ?

  9. J'essaie de ne pas répéter ce que tout le monde dit mais de me renseigner sur les questions dont je parle (effectivement bien plus seul que tous ceux qui répètent des conneries, être un "noeud de réseau", c'est n'être qu'un perroquet, ce qu'on appelle un répétiteur).

    J'ai travaillé sur l'intelligence artificielle dans les années 1980 et j'ai lu Hegel ce qui n'est pas le cas de la plupart qui ne peuvent comprendre le progrès des savoirs, de même que les cognitivistes ont pataugé de ne pas avoir lu Husserl (ça s'est un peu arrangé). Depuis ce temps, à part une période de fort repli, on n'a pas arrêté de nous promettre des progrès considérables qu'on attend toujours, en particulier pour la compréhension du langage et la traduction automatique qui reste si mauvaise, très loin de nos capacités bien qu'on ne fasse pas le poids au niveau du calcul et de la masse de données. La prise en compte des émotions n'est qu'un détail même si c'est intéressant. Une programmation inspirée de la logique de Hegel serait déjà un peu plus performante mais on ne pourra jamais aller au-delà de son temps, on ne pourra supprimer le temps. La singularité c'est une bonne blague, nouvelle version du paradis pour les croyants de la technologie, un passage à l'absolu délirant.

    Je ne contredis personne par plaisir mais parce qu'il y a des raisons de contredire, parce que la vérité est en question, et donc la politique aussi, parce que c'est vital. Le brouhaha est notre milieu originel, ce n'est pas un accident et les délires genre venus project sont excitant mais ajoutent à la confusion. Il y a une continuité entre réformisme trop mou, alternatives concrètes et utopies simplistes même si ça va dans la même direction mais la bonne mesure n'est pas donnée d'avance.

  10. J'ai juste l'impression que la cognitivité humaine fonctionne par bulles, autrement dit, par enthousiasmes spiritueux. Il lui faut sa dope d'essences, même si ça merdouille, elle continue ainsi pour que ça continue pareil, some fast down and followed by a little lower down.

  11. moi j'avais cru comprendre que le management par la peur c'est très efficace , les gens étant étonnament productifs. peut être qu'il ne s'agit que d'une perception à court terme , et qu'à long terme on voit baisser la productivité avec l'apparition des premières maladies du stress. si le travail salarié rend malade je confirme qu'un travail plaisant peu tout aussi rendre fou , où il n'y a plus d'autres ennemis que nous même et où on peut être encore davantage déconsidéré que l'on fait quelque chose où on mets beaucoup de soi. cela dit réintroduire la question de la santé dans le travail ( humanisé) , ( comme il me semble le proposaient les verts il y quelques temps pour réduire le trop de la sécu) , c'est toujours la même difficulté pour la politique qui consiste à faire entrer le long terme en politique ( comme pour la question climatique).

    enfin merci pour ce petit texte d'actualité qui fait le lien avec la question du travail ( réforme des retraites ) et celle de la santé ( réforme de la sécu) .

  12. D'après La Tribune, Malgré le stress, deux Français sur trois se disent heureux au travail. La proportion est étonnante, tout comme le fait que plus de 80% des gens se disent heureux dans leur vie, ce qui ne semble pas correspondre à notre expérience mais tout dépend de ce qu'on appelle satisfaisant, sans parler de la pression de la pensée positive qui nous pousse à nous dire heureux. Il y a quand même très peu de "très satisfaits" (6%).

    Ce qui est intéressant, c'est d'une part que 45% estiment qu'il y a eu dégradation dans les 6 derniers mois, mais surtout que les politiques des entreprises pour gérer le stress et améliorer les conditions de travail sont couronnées de succès puisque 86% des salariés de ces entreprises sont satisfaits.

  13. Sinon, je trouve étrange de stopper les coms sur des billets, mais d'en mettre en tant que maitre des lieux.

    Je parle de celui du stress au travail. Je suppose que l'effet de la pensée positive minimise les dégâts visibles. La puissance du refoulement me parait colossale. C'est bien de là que viendront d'autres souffles incongrus, brutaux et intempestifs, dans un mouvement de recul qui avance, un Bewegung inattendu.

  14. C'est pas que c'est étrange (on est pas en démocratie, on CHEZ Jean Zin, quand je vois ce que ça donne chez Jorion...mais là bas y'a de la rémunération), c'est juste pas pratique, puisqu'on se retrouve à faire du hors-sujet.
    Faudrait ré-ouvrir momentanément quand le tôlier a du nouveau.

    Pour ce qui est de la satisfaction au travail, à mon (humble) avis, c'est moins du refoulement que de la "satisfaction" à ne pas être au chômage (par les temps qui courent). C'est une situation encore plus stressante : moins ou pas de sous, moins de vie sociale, et pire encore, fréquenter pôle emploi (ça c'est une vraie torture).

    Spéculation : en situation de plein emplois (années 60), les gens étaient (osaient être ?) moins satisfaits de leur boulot parce que justement ils pouvaient en changer !

  15. J'ai transféré les commentaires ici et j'ai réouvert les commentaires temporairement sur cet article. On n'est effectivement pas chez Paul Jorion et je fais ce que je peux en fonction de mon temps disponible. Lorsque les commentaires sont fermés, il suffit de m'envoyer un courrier avec la page contact pour que je mette un nouveau commentaire comme celui que je vais mettre après et que j'ai reçu cette nuit.

  16. Nouvelles conditions de travail : satisfaction ou résignation ?

    "Car il existe un paradoxe. Si les travaux présentés dans ce numéro montrent une dégradation des conditions de travail, d’autres recherches, mobilisant les données individuelles des enquêtes européennes sur les conditions de travail, concluent sans ambiguïté que l’existence des nouvelles pratiques professionnelles (en particulier l’autonomie et la flexibilité) est corrélée à une plus grande satisfaction au travail dans la plupart des pays de l’Union européenne (Bauer [2004]). Cette satisfaction peut s’appuyer sur de nouvelles opportunités salariales ou de promotion et renvoyer à des déterminants non monétaires de la motivation, comme le respect, le statut ou des interactions sociales plus riches. La taxonomie de la qualité d’un emploi étudiée par Clark [2004], à partir des données de l’issp, inclut le salaire, le temps de travail, la difficulté de la tâche, le contenu de l’emploi, les perspectives offertes par l’emploi et les relations sociales. Ce sont le salaire et le temps de travail qui sont considérés par les salariés comme les caractéristiques les moins importantes pour définir la qualité de leur emploi, alors que la sécurité de l’emploi, l’intérêt du travail et l’autonomie sont considérés comme des dimension fondamentales. Des régressions montrent de manière surprenante que le coefficient associé à la variable « travail difficile » a le plus faible impact sur la satisfaction globale au travail. Dès lors il convient de progresser dans la compréhension de l’articulation entre intensification et satisfaction, par exemple en analysant comment l’autonomie peut être à la fois perçue comme un déterminant important de la satisfaction au travail et un facteur d’intensification source de dégradation des conditions de travail."

    http://www.cairn.info/revue-economi...

  17. le sondage comme outil d'information est à prendre avec beaucoup de précaution. Il peut être utile dans le contexte d'une étude très fine, le problème est que les médias le diffuse comme une information générale de masse, avec une analyse réductrice commentée par une directrice d'un grand groupe de recrutement de cadres qui se fait sa pub.

  18. Intéressants ces articles.

    En voici un autre, qui confirme ce que j'ai pu constater à mon niveau personnel, extrait :

    "C’est en France que les relations avec la direction sont les plus mauvaises : seulement 52 % des salariés français estiment que leur relation avec la direction est « bonne », alors que cette proportion atteint plus de 60 % dans tous les autres pays de l’UE 15 et près de 80 % en Allemagne. L’origine de cette méfiance s’expliquerait par la concentration du pouvoir de décision à des niveaux hiérarchiques élevés, sans consultation des principaux intéressés. De même les salariés français s’estiment moins autonomes dans leur travail que ceux des pays nordiques."

    http://clesdusocial.com/mois-social...

  19. Un article intéressant de Mona Cholet sur le revenu garanti s'appelle "Et vous, quel travail feriez-vous si votre revenu était assuré ?", ce qui montre bien qu'on a besoin d'un travail choisi, véritable justification du revenu garanti.

    Paul Jorion est resté archaïque sur ce point, comme si le travail n'avait pas changé depuis le XIXè, faisant référence à Hegel pour dire que ce serait inacceptable pour la société civile !

    Je trouve très bien qu'on n'ait plus besoin de me citer sur ce sujet du droit au revenu où j'étais incontournable au début mais je considère désormais que cela ne doit pas être une mesure isolée des institutions du travail autonome. Refuser le travail forcé ne peut vouloir dire se désintéresser de la production, du travail, d'en donner les moyens concrets au lieu de laisser les gens se débrouiller tout seuls mais l'essentiel, dans tous les cas, c'est bien  les conditions de travail qui sont la plus grande part de la vie.

  20. @Jean Zin :

    "On pourrait dire qu'être heureux au travail, c'est ne pas avoir envie de changer de travail ?" oui peut être pour certains...

    Personnellement, il m'est impossible d'accoler "heureux " et "travail forcé". Tant que le travail sera lié au fait de pourvoir aux besoins qui permettent de subsister, je le percevrais comme un enfermement.
    Je crois aussi que la vie collective (ambiance, échanges) sur le lieu de travail est un facteur essentiel pour le bien être et peut être un élément de motivation pour ceux qui effectuent un travail "non choisi" ou ressenti comme "subi".

  21. Le travail affecte négativement la santé de 25 % des travailleurs européens
    http://voila-le-travail.fr/2010/12/...

    84 % des travailleurs de l’Europe des 27 se déclarent satisfaits voire très satisfaits de leurs conditions de travail - soit 2 % de plus qu’en 2000 et 2005. Pourtant, un travailleur européen sur quatre considère que son travail affecte négativement sa santé.

    Toujours aussi étonnant, le pourcentage élevé de satisfaction tout comme le pourcentage relativement faible de ceux pour qui le travail affecte la santé. De quoi comprendre au moins qu'il n'y ait pas plus de revendications syndicales...

  22. On peut peut être s'interroger sur la perception subjective des travailleurs (es)
    d'après Gollac et Volkoff : "il est d'ailleurs impossible de définir les conditions de travail de manière entièrement objective, indépendamment des caractéristiques physiques et mentales du travailleur qui les subit. Par contre, il est possible d'examiner le lien fait par les personnes entre leurs conditions de travail et leur santé,...."
    Même la mise en place de la baisse de la prise en charge des arrêts maladie et de la maternité n'a soulevé aucune revendication syndicales.......

  23. La vraie raison pour laquelle il ne faut pas travailler trop, c'est que c'est contre-productif, au moins à l'ère de l'information où le hors travail fait partie du travail (de formation, information, relationnel) ! Cela concerne surtout les cadres mais pas seulement. Travailler trop, c'est se ruiner la santé pour rien et nuire aux autres. Cela fait longtemps que je disais aux programmeurs de ne pas continuer à travailler le soir quand ils butaient sur un bug car il était bien plus efficace de dormir dessus alors que s'acharner n'était que perdre son temps.

  24. Le psychiatre suisse Davor Komplita, spécialiste du burn out, explique les enjeux et dérives de ce qui pourrait bien être "la maladie du siècle".

    Le deuxième constat est quantitatif : un tiers de nos consultations spécialisées sont en lien avec la souffrance au travail. Et la moitié des arrêts maladie à Genève en découlent. On ne peut donc plus parler d'un élément anecdotique. Depuis quelques années les « burn out » sont de plus en plus nombreux et fréquents.

    La relation au travail a ceci de différent avec la relation intime qu'elle se situe dans le « faire ensemble » et non dans « l'être ensemble ». L'objectif est de mettre en place une écologie du travail en récompensant les travailleurs par de la considération et du temps.

  25. Une bonne ambiance au travail allonge l'espérance de vie.

    Cette récente recherche n'a donc pas regardé la manière dont les gens voyaient leur tâche, mais les relations entre collègues. En simple, ce serait le développement d'un réseau solide et efficace qui permettrait aux gens de vivre longtemps, grâce au soutien social. Il faut bien voir que pour pas mal d'entre-nous, nous passons plus de temps avec nos collègues qu'avec notre famille.

    L'étude a montré que les gens de 38 à 43 ans étaient les plus susceptibles de tirer des bénéfices d'un soutien social au travail. Ce groupe d'âge montrait la plus haute réduction dans le risque de mortalité prématurée.

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