Brèves (revues scientifiques)

Temps de lecture : 7 minutes

Quelques nouvelles des revues scientifiques du mois de février :

  • progrès dans les nanotechnologies ?
  • le gène de la drogue qui nous distingue du chimpanzé !
  • la catastrophique production de méthane des forêts.
  • la corrélation entre inégalités et destruction des sociétés.
  • l'origine extraterrestre de la vie beaucoup plus probable depuis qu'on a réussi à contaminer Mars !

science et vie- Science et vie no 1061, titré Climat, l'équilibre est rompu évoquant la menace réelle d'emballement du réchauffement climatique, fait état p17 d'une molécule à 6 pattes capable d'aspirer un à un des atomes métalliques, de les transporter le long de la surface d'un métal, puis de les larguer avec la précision de positionnement inférieure au dixième de nanomètre. Je dois dire que je suis sceptique à ce niveau quantique, il faut donc vérifier ce que dit ce mensuel grand public mais cela pourrait être un démenti à Laughlin.

- p21 La surexpression d'un gène pourrait être à l'origine de l'homme : Un gène impliqué dans la perception et la dépendance aux drogues est surexprimé chez les humains par rapport aux grands singes. Et cette différence distinguerait notre espèce des autres primates!. Cela expliquerait qu'il n'y ait pas de société humaine sans drogues et sans doute le rôle du chamanisme et le développement de l'imaginaire mais il faudrait aller voir de plus près puisqu'ils parlent d'un gène codant pour la prodynorphine, une protéine de la famille des opioïdes. Son gène est 20% plus actif chez l'humain que chez le chimpanzé. Cela pourrait concerner aussi l'attachement ou le système de récompense (et d'apprentissage), une plus grande dépendance ouvrant comme souvent vers une plus grande autonomie. C'est peut-être aussi ce qui permet de parcourir de plus grandes distances (on connaît l'euphorie des marathoniens, imputables aux endorphines), en tout cas ce n'est sans doute qu'une des différenciations entre écosystèmes mais cela ne fait que confirmer ce qu'on savait par ailleurs sur la caractérisation de notre espèce (où le rôle des drogues dans la guerre est bien connu, le soma des guerriers qui leur fait aimer la mort, sorte de neuro-transmetteur social qui n'a pu qu'en renforcer la pression sélective). D'autre part, p35 on annonce qu' un nouvel antidépresseur dope le cannabis du cerveau, l'URB597 !, nouveau type d'antidépresseur pour les réfractaires aux produits actuels.

- Science et avenir no 708 souligne l'information publiée dans le monde: La production de méthane des forêts serait beaucoup plus importante qu'on ne le croyait puisque cela représenterait 30% de la production de méthane (100 Millions de tonnes contre 145 pour les terres humides et 93 pour les ruminants). Or le méthane est 20 fois plus nocif que le co2 même s'il dure moins longtemps. Du coup la constitution de "puits de carbone" par reboisement est remis en cause. Ce n'est pas une bonne nouvelle car cela réduit beaucoup notre capacité de régulation et témoigne de l'étendue de notre ignorance malgré tout le savoir accumulé (qu'il faut pouvoir relier).

- p85 L'histoire se cherche d'autres modèles rend compte de plusieurs recherches de modèles mathématiques, de corrélations historiques, de ce qui pourrait être une loi de l'histoire. Bien sûr comme le disait déjà Montesquieu les lois de l'histoire ne sont pas mécaniques, ce ne sont que des corrélations probables, des processus éprouvés. Les modèles ne sont pas tellement différents entre eux d'ailleurs, faisant ressortir le rôle de la cohésion sociale dans la force d'un peuple (coincé entre deux empires) et des inégalités dans sa désagrégation. C'est ce qu'ils appellent le principe de Matthieu : Les riches deviendront toujours plus riches et les pauvres toujours plus pauvres. Le principe de Matthieu explique bien l'apparition des inégalités sociales et aussi pourquoi la croissance n'est pas infinie. L'inégalité sociale finirait toujours par briser la croissance (...) Le principe de Matthieu sape la cohésion sociale au bas comme au sommet de la société. Car c'est cela qu'il faut souligner, plus d'inégalités c'est aussi plus de tensions entre les riches, une détérioration générale des relations sociales et de la qualité de la vie (de la santé). Il faudrait pourtant relativiser car il faut savoir si le développement actuel des inégalités est durable ou le symptôme d'une période dépressive qui s'achève (dans le fracas?). Il n'est pas si facile de juger de la portée des événements mais il reste indispensable de méditer sur des régularités historiques.

- La Recherche du mois est décevante mais fait état p23 de la découverte étonnante que l'os contient des récepteurs au cannabis qui pourraient consolider les os et lutter contre l'ostéoporose (à confirmer). On peut aussi signaler p19 l'étude de la métamémoire, du fait qu'on sait qu'on sait (sans trouver forcément tout de suite).

- Ce qui mérite le plus la réflexion peut-être ce mois-ci, c'est le renouvellement des débats sur l'hypothèse d'une origine extraterrestre de la vie dans Pour la Science no 340, p66. C'est là qu'il faudrait lire l'article pour en comprendre la portée car, dans un premier temps, ce n'était qu'un raté : les sondes spatiales avaient contaminé Mars avec des bactéries terrestres, ce qui était amèrement reproché aux scientifiques. Dans un deuxième temps, l'expérience permettait de prouver que les bactéries peuvent survivre dans l'espace et donc se transmettre de planète en planète au gré de petites météorites. Cela semble impliquer qu'après un temps à l'échelle de durées astronomiques la vie puisse se répandre dans tout l'univers et unifier ainsi l'aventure du vivant à l'aventure cosmique.

Je n'ai jamais été pour ma part un partisan des théories de la panspermie, de l'origine extraterrestre de la vie. Cela me semblait une hypothèse superflue considérant plutôt, comme Christian de Duve, que la vie se développe dès qu'elle peut, dès qu'une chimie sélective se met en jeu (voir L'origine de la vie). Il n'empêche qu'il faut prendre en compte le fait qu'elle puisse aussi se transmettre. C'est une question de rapport entre le temps qu'il faut pour que la vie se forme "spontanément" et le temps qu'il faut pour qu'elle soit contaminée par les planètes environnantes (Mars en l'occasion qui nous précède en maturation avant de nous précéder dans la mort de l'astre). Or la vie est apparue très tôt sur Terre semble-t-il, à peine refroidie...

856 vues

Laisser un commentaire