Hegel et les extraterrestres

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A l'exemple de Kant dans son "Idée d'une histoire universelle", on va se servir ici des extraterrestres pour dépasser l'humanité comme espèce et l'universaliser, mais aussi pour insister sur la séparation de la pensée et de l'être, de l'Esprit et de la Nature qu'on ne peut unir qu'en reconnaissant leur contradiction. Dépasser cette contradiction n'est pas l'annuler comme on le croit trop souvent, mais implique une certaine négation de l'Esprit, science soumise à la discipline de l'expérience, à la Nature donc, à l'extériorité ainsi intériorisée (plus qu'intentionalité extériorisée).

S'il apparaît nécessaire, depuis Marx, de renverser l'idéalisme hégélien au profit de déterminations plus matérielles, on peut dire, comme l'avait d'ailleurs bien vu Lénine, que Hegel avait opéré lui-même ce renversement à la fin de sa Logique qui s'achève par "l'idée pratique", idée qui n'est plus abstraite mais part du possible actuel, "fait face au réel effectif en tant que réel effectif", et se comprend comme nécessité, où le subjectif renonce à son arbitraire et sa particularité pour s'unir à l'objectif. Il reste malgré tout chez Hegel (et ceux qui s'en réclament) un primat de la causalité logique et spirituelle à laquelle on doit opposer la prépondérance des causalités matérielles, ainsi que la temporalité de l'après-coup à la place du projet initial ou de l'incarnation d'un logos (jouissance divine supposée à la fin de l'Encyclopédie!).

Il reste aussi chez lui une certaine identification de l'Esprit à l'Homme, qu'on peut dire inévitable à son époque mais qui a pour conséquence de biologiser l'Esprit en quelque sorte. Or, le simple fait que des scientifiques se soient mis à la recherche de signes d'une civilisation extraterrestre suffit à faire vaciller une identité humaine biologisante (sans parler de l'Intelligence Artificielle et des Transhumanistes). Cela relativise aussi notre rôle dans l'histoire. L'existence hypothétique de civilisations extraterrestres implique en effet une vision de l'évolution cognitive largement indépendante de nous et de notre espèce. C'est tout-à-fait conforme à la conception hégélienne d'une action souterraine de la raison dans l'histoire, en dépit des passions humaines, mais la supposition d'autres civilisations technologiques renforce l'autonomie de l'histoire et de l'Esprit au détriment de la liberté de l'Homme - qui n'en est plus qu'un agent quelconque.

Une conception cosmologique de l'évolution cognitive, avec des lois scientifiques identiques dans tout l'univers, constitue un nouveau progrès dans l'universalité. Du coup, c'est l'Esprit qui apparaît d'abord radicalement indépendant de la Nature et purement nécessaire en soi, progrès scientifique et processus de civilisation. Mais si la Nature semble l'inessentiel dans ses particularités planétaires par rapport à la logique ou la physique, en même temps, cet Esprit apparaît comme le résultat nécessaire de l'évolution naturelle et de la sélection par le résultat, restant dès lors un degré de la Nature malgré tout, soumis à l'urgence (histoire subie et non conçue). Cet "Esprit vivant", qui agit dans le monde, reconstitue certes l'unité du concept et du réel mais pas sans leur douloureuse contradiction, Esprit qui se cogne à une Nature qui lui résiste et sur laquelle il doit se régler dans la pratique.

Pour autant en effet que l'Idée se pose comme unité absolue du pur concept et de sa réalité - et par là s'insère dans l'immédiateté de l'être - elle est, en tant que totalité dans cette forme, Nature. p392

En fait, la considération de possibles civilisations extraterrestres procure un point de vue éloigné assez semblable à celui de l'anthropologie ou de la préhistoire qui étudient l'évolution sur le très long terme, où les périodes sont désignées par leurs stades techniques, en une succession nécessaire (pierre taillée, polie, bronze, fer, etc). En effet, la technique incarne l'union de l'esprit et de la matière, ce qui relie "la théorie et la pratique, la pensée et l’action" (Kostas Axelos). Il serait absurde d'y nier la part de l'Esprit même si on doit maintenir la prédominance du réel de l'outil et de l'après-coup sélectif.

Il y a un enjeu politique majeur à renverser l'idéalisme régnant et lui opposer un matérialisme écologique, économique et technique afin de contrer les dangereuses tendances aux volontarismes autoritaires. Pour autant, ce serait d'une bêtise effroyable de prétendre que tout est matière. Ce qu'il faut reconnaître, contre le spinozisme à la mode, c'est juste le dualisme originel de l'esprit et de la matière, où c'est la matière qui a le dernier mot. La question de fond est celle de la séparation de la pensée et de l'être. On peut l'illustrer par le dualisme de l'énergie et de l'information, du hardware et du software, sauf qu'il y a cette fois plutôt contradiction de nos idéaux avec une réalité qui y reste sourde, ainsi que souffrance de l'inadéquation de l'individu à l'universel, vie difficile qui doit se coltiner les coups du sort et endurer "le sérieux, la douleur, la patience et le travail du négatif". Quel rôle alors reste-t-il à l'esprit au milieu de ces contraintes matérielles ? Voilà ce que doit élaborer une lecture plus matérialiste de Hegel qui préserve la richesse de ce qu'a découvert sa dialectique négatrice ("les vérités qui tombent de Hegel comme la farine du moulin", Alain, p37).

Le marxisme avait prétendu le faire mais de façon très paradoxale puisque son matérialisme revendiqué n'a pas entamé son volontarisme constructiviste, avec une importance démesurée donnée à l'idéologie et sa supposée hégémonie (qui vient plutôt de l'infrastructure). S'ouvrir aux espaces infinis permet de sortir de la belle "histoire sainte" des philosophies de l'histoire, grands récits nous menant des temps primitifs à un avenir radieux, épanouissement de notre humanité libérée de toute négativité. Il y a plusieurs versions de cette fin de l'histoire : celle qui va de l'obscurantisme aux lumières de la raison, celle d'une démocratie libérale mondialisée ou celle qui déploierait notre essence humaine, triomphe de l'homo faber et de sa liberté créatrice. L'hypothèse extraterrestre permet d'interpréter l'histoire plutôt comme développement autonome de la technique dont la part de création doit être largement relativisée dans une évolution objective prédéterminée au moins dans ses grands axes. Notre époque témoigne bien cependant que la technique devient de plus en plus immatérielle, conceptuelle, mais ce n'est pas du tout de l'ordre de l'expression pour autant, plutôt de l'abstraction et de la négation de la négation (néguentropie).

Adopter cette position anti-humaniste en philosophie, du fait de ne plus mettre l'Homme au centre de l'histoire mais l'évolution cognitive et technique, ne signifie en aucun cas renier l'humanisme comme sentiment de sympathie et de souci de l'autre, ni se détourner du développement humain. Il n'y a de civilisation, de langage, d'esprit que s'il y a monde commun, solidarité, responsabilité et réciprocité. Ce n'est donc pas réservé à notre espèce, ni à notre planète. Il ne s'agit ainsi que d'élargir le concept d'humanité en y intégrant de possibles extraterrestres, humanité qui n'est pas réductible au corps, séparée du biologique (sans passer par la lutte à mort) mais étendue à tous les êtres parlants, ouvert à d'autres mondes. Simplement, cet humanisme n'a qu'un rôle second (pas forcément secondaire) dans l'histoire, ce qui s'exprime en disant qu'il ne faut pas confondre morale et politique qui sont deux mondes différents même s'ils ne sont pas sans aucun rapport.

Au lieu de matérialisme, il vaudrait bien mieux parler d'une pensée de l'extériorité mais d'une extériorité qui est en évolution et n'est pas dépourvue de pensée puisqu'elle est aussi progrès logique, progrès des connaissances et progrès technique qui marquent l'époque où nous sommes venus à l'existence. Garder à l'extériorité (de l'Être) la place de cause première, de la création du monde, empêche de faire reposer l'évolution technique sur la conscience de soi qui n'en est plus qu'un opérateur. D'ailleurs, dans la Logique, elle n'est plus qu'un moment de la connaissance théorique. Ce dont la logique dialectique témoigne, c'est au contraire d'une évolution automate, ce que Hegel appelle un auto-mouvement, processus infini d'élaboration (à partir de l'acquis), de complexification (différenciations), d'intériorisation enfin... qu'on retrouve justement dans l'Apprentissage Automatique (Deep learning).

La Vérité elle-même pâlit sans doute face au réel extérieur déterminant et à l'efficacité pratique (il n'y a pas de vérité en science) mais la question de la vérité découle bien de la séparation de la pensée et de l'être, possibilité de l'errance, de l'erreur et du mensonge. En effet, elle reste surtout une fonction essentielle du langage et du désir de reconnaissance, sinon de l'amour et du symptôme (qui a la vérité comme cause). Le subjectif expulsé de l'évolution extérieure reste au coeur du rapport à l'autre comme désir de désir, désir de reconnaissance du parlêtre mis en cause dans son être par la vérité de la parole, qui peut nous faire perdre la face (il n'y a que la vérité qui blesse). On est là dans une toute autre dimension que l'évolution technique ou le cognitif, celle de la narration (du sens) et de la loi morale. Que le subjectif ne soit pas la détermination première de l'histoire objective (ce dont il n'arrête pas de se plaindre) ne l'empêche certes pas d'exister. Là encore, on peut se servir de nos extraterrestres pour universaliser cette subjectivité. Pourra-t-on aimer un extraterrestre ? Sans doute. Et une intelligence artificielle ?

En tout cas, pour ce point de vue cosmologique "matérialiste", l'histoire ne peut plus être la réalisation de la philosophie (notion hégélo-marxiste plus qu'hégélienne), ni le développement d'une essence mais seulement le moment d'une réalité spirituelle objective : Science, Technique, Droit, opinion. Car l'opinion aussi s'explique par ses causes objectives (historiques, économiques, politiques). Simplement, l'idéologie n'est pas déterminante en dernière instance, sur le long terme. L'Esprit est bien omniprésent, et n'est certes pas sans effets massifs, mais il ne cause pas autant qu'il croit car il ne devient effectif qu'à se plier aux contraintes du réel. Il ne s'agit pas de glorifier l'existant (Tout ce qui apparaît est bon) - comme s'il n'y avait pas une insupportable contradiction entre la pensée et l'être - mais de faire avec, contraint et forcé. L'Esprit doit reculer pour accomplir son saut. Ne plus mettre le subjectif à l'origine comporte surtout l'avantage de pouvoir se situer dans l'après-coup, et juger aux résultats l'enfer des bonnes intentions. Ce n'est pas le plan dans la tête qui importe mais le bâtiment construit (respectant les lois physiques), l'expérience comprise (le feedback). Les sciences démontrent qu'il n'y a jamais nulle invention (la part de l'homme est celle de l'erreur) mais simples formulations, émergences, sérendipité. Il n'est pas plus justifié de prétendre que notre monde serait celui des travailleurs qui l'ont fait, comme s'ils l'avaient voulu et n'en étaient pas les exécutants anonymes. Non, ce monde n'est pas notre monde, ce n'est pas le monde de l'Homme malgré tous nos efforts pour l'humaniser, il nous reste étranger, inquiétant, décevant, cruel.

Quelle place laisser alors à la liberté dans ces grandes fresques qui contemplent l'histoire du point de vue de Sirius ? Eh bien, il n'est sans doute pas mauvais de la délester elle aussi de sa réalisation dans l'histoire. L'idéologie de la liberté et la critique de l'aliénation sont devenues aliénantes elles-mêmes avec l'idéal délirant d'un homme total, totalement libre alors que notre liberté est toujours située et active, l'exception plus que la règle. Revenir à plus de modestie sera assurément salutaire à notre époque confrontée notamment aux limites de la liberté après la libération sexuelle. Il n'y a pas que la négation (critique) mais encore, la négation de la négation (critique de la critique), toute négation étant partielle (conservant ce qu'elle nie). Une liberté n'est effective qu'à faire le nécessaire, ce qui ne diminue en rien l'exigence de liberté et d'autonomie, de ne pas être esclave ni soumis à la volonté d'un autre. Pas plus que l'esprit, la liberté ne disparaît au milieu des contraintes logiques et matérielles, c'est qu'elle n'est pas de cet ordre, et, tout comme la vérité, ne prend sens que dans notre rapport aux autres. Ici aussi, on a effectivement tendance à identifier la liberté avec notre humanité, ce qu'il faudrait donc étendre aux civilisés d'autres planètes car on y retrouve simplement une caractéristique de l'être parlant, qui n'est liée ni à l'espèce ni à des capacités particulières, assez libéré de l'animal pour faire son devoir universel, très loin là aussi du cognitif. La parole est libre, c'est comme être libre et responsable qu'elle veut être reconnue, affaire privée de rapport à l'autre ou principe de la Loi, sans tenir compte de nos déterminations sociales, biologiques ou familiales. Entre l'évolution cognitive et nous, il y a le langage et un monde social, avec toutes les histoires qu'on se raconte depuis la nuit des temps.

Pour la liberté politique, sans arrêt mise en avant, elle est à l'évidence bien plus illusoire dans l'empire galactique que le siècle des idéologies avait voulu nous le faire croire. Car c'est bien là que l'esprit doit se plier aux rapports de force et aux opportunités du moment, très loin de l'idéal. Evidemment, c'est embêtant si le sens de l'évolution et de la vie nous échappe, car notre liberté personnelle qui s'incarne dans nos projets est entièrement dépendante de l'histoire collective à venir. Mais qu'on se rêve en héros de l'histoire n'entraîne aucunement qu'on le soit, même à occuper la scène. La promesse de réconciliation finale du système englobant tout l'univers est une promesse intenable de clôture du savoir et de disparition du réel. L'idée à vrai dire impensable d'une fin des temps, évoquée par Hegel dans les dernières pages de la Phénoménologie, a même failli le rendre fou. Qu'il n'y ait pas de fin nous livre sans doute à ce qu'il appelait le mauvais infini, interrompu seulement par quelque catastrophe cosmique, car si le réel ne disparaît pas ("Je suis forcé d'admettre que tout continue"), c'est qu'il reste extérieur au savoir, que c'est lui qui cause (dans sa contingence) et que c'est même ce que nous avons de commun avec d'hypothétiques êtres parlants d'autres planètes.

Après ce détour par l'espace réduisant la place du sujet dans l'histoire, devenu l'inessentiel malgré son côté actif, et prenant nos distances avec ce qui peut rester de religieux ou biologisant dans la lecture totalisante de son système qui n'est plus qu'un moment à dépasser, on peut revenir à Hegel et la fin de la Logique où l'unité dernière du connaître et du faire se fonde d'abord sur la reconnaissance de "l'opposition suprême" du sujet et de l'objet, de la finalité et des causes matérielles, du devoir-être et de l'être - sur n'importe quelle planète - le subjectif ne pouvant "dépasser" la contradiction qu'à se nier comme subjectif pour se ramener à chaque fois à l'objectif, au possible effectif, à l'idée devenue pratique "qui se détermine comme idée extérieure", processus en cours et action nécessaire. On peut toujours dire que c'est leur contradiction qui unit le subjectif à l'objectif, l'Idée absolue en tant que totalité concrète devant être comprise en effet comme activité, plus précisément comme méthode contradictoire, comme le processus dialectique lui-même de confrontation (infinie? §242 ou p386-387 cyclique) du subjectif à l'objectif (du théorique et du pratique); mais c'est bien le subjectif qui doit se soumettre à l'extériorité, en bonne méthode scientifique réfutant les préjugés dogmatiques tout comme l'intuition sensible. Puisqu'il faudrait qu'il y ait une fin, la supposée réconciliation finale (à la fin de l'Encyclopédie ou de la Phénoménologie) qui nous identifie à la pensée de Dieu vient recouvrir abusivement cette prééminence de l'extériorité, cette défaite de la pensée et l'échec de nos idéaux, sous prétexte que le réel est rationnel.

Il ne faut pas s'étonner que le subjectif ainsi renié (ou identifié par Marx au développement des forces productives) ait resurgi dans l'existentialisme, mais avec le sentiment cette fois tout au contraire de son aliénation par l'histoire et le progrès technique. A l'exception notable du premier Sartre, l'erreur dans cette tentative de retrouver la subjectivité a été alors de croire à l'unité perdue, à une essence humaine, une existence authentique originaire, à l'identité enfin, qui n'est pourtant que différence (structure) et alors que nous ne coïncidons jamais avec nous-mêmes (Sartre avec Lacan), n'étant pas dans l'existence comme un poisson dans l'eau mais pris par le mouvement extérieur qui nous déstabilise sans cesse. L'existentialisme fera preuve aussi des pires égarements dans la prétention de sa traduction politique qui témoigne encore une fois de son impossibilité et d'une confusion des registres.

Nous devons apprendre à vivre dans ce monde incertain qui n'est pas le nôtre mais dont nous restons responsables malgré tout, en tant qu'êtres parlants, et même du climat à l'ère planétaire (techno-marchande) - sans en avoir vraiment les moyens pourtant, nous condamnant à être toujours sur le qui-vive, en toute conscience et lucidité d'une pensée stratégique confrontée à l'extériorité et corrigeant ses erreurs après-coup, négation de l'Idée préconçue dans une dialectique qui ne s'arrête pas avec un savoir absolu indépassable mais évolution qui continue, au même titre que le progrès des sciences et des techniques. Tenter de repérer notre position dans le temps et l'espace est tout sauf un pur jeu spéculatif, ayant quelques implications dans la pratique, pour notre petite planète.

Dans ses outils (instruments), l'homme possède le pouvoir sur la nature extérieure, bien que dans ses fins il lui soit plutôt soumis. p263

Le non-accomplissement des fins (de l'activité humaine) a pour fondement le fait que le réel est pris pour rien, qu'on ne reconnaît pas son effectivité objective. p364

L'idée se déprend elle-même librement, absolument sûre d'elle [...] Dans la mesure où l'immédiateté abstraite de l'être se trouve saisie par la conscience, elle est comme simple objectivité et vie extérieure ; mais dans l'idée elle demeure en et pour soi la totalité du concept, et la science dans la relation du connaître divin à la nature. Cette décision prochaine de l’idée pure de se déterminer comme idée extérieure [pratique] pose en même temps la médiation à partir de laquelle le concept s’élève comme existence libre venue à soi à partir de l’extériorité [...]. p393 (fin)

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4 réflexions au sujet de “Hegel et les extraterrestres”

    • Il n'est certes pas question de prétendre que la pensée et l'être seraient sans aucune relation, convoquer Hegel serait alors complètement inutile. Il s'agit juste de dire qu'il n'y a pas de synthèse finale qui abolirait leur séparation. La synthèse finale ne peut être que de reconnaître cette séparation au contraire, qu'il faut que la pensée se plie au réel sans pouvoir y trouver sa satisfaction, que la pensée ne peut englober le réel qui lui reste extérieur. Vivre dans la nature extérieure implique d'innombrables relations avec la nature, qui nous reste extérieure. La dialectique ne peut supprimer la contradiction de même que l'enfant ne supprime pas la différence sexuelle de ses parents. Mon souci comme d'habitude est surtout politique, justification du matérialisme contre l'idéologie et le constat dramatique de notre impuissance écologique.

      PS : comme souvent, je retravaille un peu les textes après leur publication, notamment ici les 3 derniers paragraphes.

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