Un revenu de base nécessaire mais pas suffisant

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revenu de baseCela fait plusieurs années que je n'interviens plus en public mais la situation est on ne peut plus mauvaise. Bien que les prévisions économiques restent toujours hasardeuses, le risque d'une nouvelle crise systémique pire que la précédente est loin d'être écarté (cela fait même un moment qu'elle aurait dû se produire). En dépit de l'indifférence générale et malgré les incertitudes du climat, il est encore plus certain hélas qu'on assiste, en Arctique notamment, à un emballement des dégagements de méthane qui s'annonce ingérable. A plus court terme, sans parler des guerres qui se rallument à nos portes, les perspectives politiques sont dramatiques, avec la montée de l'extrême-droite et du nationalisme. Sur tous ces fronts, il n'est certes plus temps de rêver...

Cela ne doit pas empêcher de porter la revendication d'un revenu de base dont le besoin se fait de plus en plus sentir mais devrait empêcher du moins tout optimisme excessif et de s'égarer sur son caractère supposé miraculeux. Qu'on ne puisse vivre sans revenu est une évidence qui tarde à s'imposer et dont c'est tout le mérite du revenu de base de la mettre au premier plan. Reste qu'il ne suffit pas de revendiquer un droit, fut-il vital, ni d'exiger des montants déraisonnables. On est bien obligé de tenir compte de sa faisabilité et de son acceptabilité. Surtout, un "revenu garanti" dans l'esprit du régime des intermittents (mieux qu'un simple revenu de base) ne peut éviter de s'inscrire dans un projet plus global, tenant compte des évolutions du travail et de la production, tout comme des enjeux écologiques et de la nécessité d'une relocalisation de l'économie.

Est-ce qu'un revenu de base est nécessaire depuis les débuts de l'économie monétaire et de la division du travail ? La réponse est à l'évidence, oui, appliqué peu ou prou dans l'espace domestique et principe de la simple humanité - ce qui n'empêche pas qu'il manque toujours. Est-ce qu'un revenu de base s'impose encore plus à l'ère du numérique ? La réponse est encore une fois oui et plutôt deux fois qu'une pour des raisons qui tiennent au caractère non linéaire du travail créatif ou complexe ainsi qu'à la gratuité numérique (reproduction à coût marginal nul). Est-ce que c'est une raison suffisante pour obtenir un revenu de base qui ne soit pas trop indigne ? Pour l'instant, du moins, la réponse est hélas négative. On verra ce qui se passe en Suisse mais il ne faut pas croire que ce serait simplement une question de rapport de force ou de démocratie, comme si une grève générale ou un référendum populaire allaient permettre de conquérir ce nouveau droit à l'existence sans se soucier un peu plus de ses conséquences, de sa soutenabilité, sa capacité à s'auto-entretenir.

Il ne faut pas se leurrer, il ne s'agit pas du tout de rêver d'une société idéale, comme si on était en position de refaire le monde, mais bien plutôt de traiter une urgence sociale. On ne peut se contenter d'incantations ou de raisonnements théoriques audacieux pour financer un revenu de base décent supposé sans contreparties productives, en s'imaginant par exemple qu'on pourrait créer l'argent ex nihilo. Pourquoi pas ? C'est d'ailleurs ce que font les banques centrales en ce moment et ce que devraient faire des monnaies locales quand il y a des capacités humaines inemployées mais ce n'est absolument pas une source durable de financement. Dans le contexte actuel, si quelque chose comme un revenu de base a des chances d'être adopté, il sera loin de pouvoir nous sortir de la précarité et plutôt de l'ordre du RSA actuel avec le risque d'aggraver la situation d'un certain nombre - si ce n'est l'occasion de baisser toutes les autres prestations sociales...

Si on peut se réjouir que l'idée de revenu de base gagne du terrain, ce dont témoignent ces journées, il faut être conscient que cela ne pourra déboucher en l'état que sur un revenu largement insuffisant, un nouveau droit de l'homme sans doute mais un droit à la misère tout au plus et qui servira d'abord à faire baisser les salaires - ce dont on ne peut d'ailleurs trop s'offusquer par rapport à la concurrence déloyale de pays pratiquant le dumping social, ou dépourvus de protections sociales, puisque que ce serait sans doute un moyen de faire baisser le chômage des moins qualifiés - mais on ne peut nier que cette conception libérale n'a pas grand chose de progressiste sauf à offrir par ailleurs une alternative au salariat et aux petits boulots sous-payés.

Il ne suffit pas en tout cas de prétendre que ce revenu de base devrait être "suffisant" comme le réclamait très justement André Gorz, ou même au niveau du SMIC comme le revendiquent d'autres avec d'excellentes raisons, il faudrait avoir une chance d'y arriver, ce qui n'est absolument pas le cas si on ne s'arrange pas pour en faire un "revenu productif" capable de s'auto-financer en grande partie au lieu de dépendre entièrement des impôts. En effet, ce qui est consommé doit être produit, d'une façon ou d'une autre et si le revenu de base est une charge trop lourde, il sera diminué à la première occasion. De toutes façons, le revenu de base ne peut être simplement destiné à la consommation de marchandises mais à encourager une production autonome et la sortie du productivisme. Au-delà de son montant, le point important qui n'est pas assez pris en compte, c'est qu'il serait illusoire d'attendre que les effets supposés positifs d'un revenu garanti se produisent spontanément et qu'on pourrait négliger, au nom de son inconditionnalité, de se préoccuper de donner les moyens qu'il soit assez productif pour être soutenable. C'est là qu'on aurait bien besoin de revenir à un matérialisme conséquent et faire preuve du plus grand réalisme en s'attachant à des dispositifs concrets au lieu de se contenter de défendre des valeurs morales, aussi estimables soient-elles.

Il faut être bien clair, ce n'est pas parce qu'un revenu de base est insuffisant qu'il ne serait pas indispensable pour autant et qu'on devrait se contenter des revendications salariales traditionnelles plus ou moins archaïques et vouées à l'échec, ceci dans l'illusion persistante du retour au plein emploi salarial au nom duquel on laisse honteusement des millions de gens dans la misère. Devant la montée de la précarité et la destruction de nos protections sociales, on aurait bien besoin d'une gauche plus audacieuse et alternative, tournée vers l'avenir plus que son glorieux passé, mais certainement pas non plus d'une gauche rêveuse ou utopique, encore moins bien sûr des conceptions fantasmées ou totalitaires d'une révolution supposée apporter le bonheur sur terre, voire d'une insurrection sans perspective appelant inévitablement le retour à un ordre musclé.

Même si le plein emploi salarial ne reviendra pas de sitôt, il est tout aussi stupide de prétendre que le travail disparaîtrait à cause des machines ou des robots, fantasme tellement loin de la réalité alors que le chômage de masse est un phénomène largement cyclique et dû à l'évidence à un défaut de la demande, à l'accaparation de la richesse par les plus riches, à une rigueur budgétaire imbécile, à la surévaluation de l'Euro et à la concurrence des pays les plus peuplés. On a incontestablement des chômeurs par millions, mais vous les avez vu où les robots jusqu'ici ? Ils arrivent, certes et remplaceront à l'avenir beaucoup d'emplois actuels mais prétendre comme Sismondi ou Dubouin lors des crises précédentes que le travail disparaîtrait à cause de "la grande relève par les machines" est une absurdité que la suite a largement réfutée à chaque fois, alors même que le travail agricole passait de 90% de la population à moins de 5% ! Il se passera sans doute de même pour l'emploi industriel grâce aux robots et l'automation mais ce n'est jamais le travail qui manque, seulement l'argent pour le rémunérer, qui lui ne disparaît pas, simplement confisqué par les fameux 1%, ce qui ne fait que nourrir la spéculation alors qu'il faudrait plus justement le redistribuer au profit de tous (le creusement des inégalités n'étant favorable à personne et sûrement pas à l'économie), ce à quoi un revenu de base participerait et non pas à cause des robots qui feraient tout le boulot à notre place !

C'est une pareille méprise de prétendre qu'on pourrait réduire encore le temps de travail (des intermittents?) et surtout que cela permettrait de travailler tous, comme si le travail était une quantité fixe depuis toujours et limité, tel que les tâches domestiques, à quelques besoins facilement identifiables (se nourrir, se loger, s’éduquer, s’habiller) qu'on peut se partager plus ou moins équitablement, alors que le travail est devenu de plus en plus immatériel et créatif, ne pouvant justement plus du tout se mesurer par le temps ni se séparer de la vie ! Loin de se réduire à un moyen de subsistance, le travail relève plus généralement d'une "inversion de l'entropie", tâche infinie, mais il sert surtout à la valorisation de nos compétences qui trouveront toujours à s'exercer. Réduire le temps de travail, en travaillant à mi-temps notamment, est certes encore possible dans un certain nombre de branches (pas toutes) mais cela ne peut se faire sans réduire d'autant les revenus. Il est certain qu'un revenu de base pourrait favoriser ces temps partiels choisis, qu'il faut encourager, ce n'est pas ce qui permettra pour autant de résoudre la crise de l'emploi salarié ni de s'adapter aux bouleversements de l'appareil productif.

En effet, en se limitant à la question du revenu, le problème essentiel n'est pas traité : celui des transformations du travail et de notre entrée dans l'ère du numérique, de l'écologie et du développement humain. Si on ne se contente pas de se faire plaisir en défendant de beaux principes ou des idées généreuses n'ayant aucune chance d'aboutir, ni d'un résultat symbolique n'améliorant pas significativement la situation par rapport au revenu minimum actuel, il faut prendre le problème par l'autre bout, non pas seulement le revenu mais bien la production elle-même, non pas la fin du travail mais travailler autrement. La question n'est pas simplement d'un droit à l'existence et à la simple survie, elle ne se réduit pas à celle d'un montant arbitraire, ni au choix entre universel ou suffisant, quand il s'agit de donner les moyens à tous d'un travail autonome, d'un travail choisi plus épanouissant et de pouvoir valoriser ses compétences personnelles, seule façon de ne pas se limiter à une somme dérisoire mais d'avoir un peu plus que le minimum, un revenu satisfaisant qui soit finançable en autre chose qu'en monnaie de singe.

Certes, le revenu "de base" est bien supposé pouvoir être complété par un revenu d'activité supplémentaire mais ce que je conteste, c'est que ce soit si facile, que l'autonomie soit une donnée de base. Il faut y aider. Ce n'est pas remettre en cause l'inconditionnalité d'un revenu de base que d'admettre, pour ceux qui sont dépourvus de capital, qu'il y a besoin de supports sociaux des individus, d'institutions leur donnant accès aux ressources dont ils ont besoin. Pas plus que les salariés ne peuvent se passer d'entreprises pour valoriser leur force de travail, les travailleurs autonomes ne peuvent se passer d'un soutien collectif et local. Il est absurde de s'imaginer qu'on puisse être une entreprise à soi tout seul. Les expériences positives de revenu de base dans les pays pauvres se sont appuyées presque toujours sur une vie communautaire préservée. Ce n'est pas une question marginale puisque c'est à la fois la condition de la viabilité d'un revenu garanti, d'une alternative au salariat et aux petits boulots de merde mais surtout l'indispensable adaptation aux évolutions du travail qui se généraliseront encore plus à l'avenir.

Notre monde a changé et c'est à cela qu'il faut répondre en s'adaptant à la nouvelle organisation productive, en se focalisant sur nos existences concrètes et sur l'aide dont nous avons tous besoin. La condition d'un revenu garanti suffisant, ce sont donc les institutions du travail autonome, l'assistance mutuelle et la formation permanente à l'ère du numérique. Il faut pour cela des institutions de proximité, locales, avec un soutien public et non pas livré au marché. C'est ce que j'appelle des coopératives municipales auxquelles il faut joindre des monnaies locales qui sont les instruments principaux d'une relocalisation de l'économie, assurant un débouché local et pouvant compléter un revenu de base trop faible. L'objectif, c'est de rendre le revenu de base assez productif pour être financé à un niveau convenable et surtout de donner accès à un véritable droit au travail tout aussi indispensable ("premier besoin de l'homme") à condition bien sûr que ce ne soit plus un travail forcé mais au contraire un travail choisi, travail passion si possible, en tout cas valorisant et donnant l'impression d'être utile à ses concitoyens d'une façon ou d'une autre.

Il faut s'entendre bien sûr sur cette notion de travail si controversée et qui avait déjà changé complètement de sens en passant du travail agricole ou artisanal au salariat industriel comme il change encore du tout au tout dans l'économie post-industrielle en devenant travail autonome, immatériel, engageant toute notre personnalité, où le plaisir lui-même est devenu facteur de production, travail devenu désirable (pour le chômeur notamment) bien plus que contraint. La palette des nouveaux métiers déborde aussi largement celle des métiers traditionnels puisqu'on doit y inclure désormais aussi bien les métiers artistiques que les jeux vidéos (avec lesquels on peut gagner de l'argent, négocier ses compétences, etc.) sans oublier l'action politique ou associative ainsi que les tâches domestiques et servitudes familiales (le care, soins aux enfants comme aux parents âgés), mais ces nouveaux métiers ne peuvent apporter la (relative) sécurité d'un salariat à vie et du déroulement d'une carrière prévisible, exposant à une bien plus grande précarité et diversité des parcours. C'est ce qui rend indispensable une garantie de revenu pour assurer un minimum de continuité et les conditions de reproduction des travailleurs, de la préservation et du développement de leurs compétences.

Cependant, et tout comme l'abolition de l'esclavage, cette véritable libération du travail de la subordination salariale ne se fera pas tant au nom d'un progrès moral et de nos valeurs humanistes que sous la pression matérielle de l'évolution technologique et de la nouvelle logique productive dans laquelle il faut inscrire la fonction d'un revenu de base. On l'a dit, il y a urgence, mais, tant qu'on restera dans l'abstraction d'un argent gratuit et d'une économie auto-organisée purement imaginaire - qui s'arrangerait toute seule à la perfection, et sans plus s'inquiéter des bouleversements en cours de notre système de production - on ne poursuivra que des chimères, avec une situation qui ne fera sans cesse qu'empirer...

Journées d'été du revenu de base le vendredi 22 août à 16h30

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87 réflexions au sujet de “Un revenu de base nécessaire mais pas suffisant”

    • abribat : il faut revenir à Lacan et sa belle personne et ses beaux habits, toujours dans les bons coup !! Le grand man de la ville si indiscipliné et dérangeant, il faut restaurer le Général dans cette époque arrogante et dure qui a dissout toute pensée stratégique : la tête doit à nouveau pulser dans la tête du psychotique lové dans les volutes bleues de son hip hop et le Kong fu de nos Esprits !! ..................................................................................................................oui abribat occupe une position étrange (je tenter de vivre sous son regard pour que pas trop mes pas ne s’égarent) : il a une anecdote avec Bourdieu qui lui avait signifié une fin de non recevoir lorsque en 1969 Bourdieu s'occupait de la fondation et du recrutement de paris 8 et qu'abribat voulais s'y produire !! abribat a aussi été très actif en 68 à bordeaux menant les foules au point de fusion , en percussion sur la ligne d'avantage ...
      http://www.dailymotion.com/video/x1c3mm_enfin-pris-extrait_creation
      MAIS PIERRE CARLES EST UN CON !! On ne va quand même pas refaire l'URSS avec son cinéma vérité staliniens et trotskyste : en zig zag sur cette triste ligne de crêtes, noire comme un ciel d'Irak !!
      Sous le regard du vieil abribat, cette figure bordelaise sympathique ..."la perversion de la clinique et la clinique de la perversion" ... le grand père le plus hallucinant de tout bordeaux !! Car on chante indépendance comme les grands pères et qu'on a tous crié BANZAÏ le jour de notre naissance, entre le cahier de rime et le bidon d'essence .....

      Un tournant dans sa pratique analytique fut sa rencontre avec David Cooper le chef de fil de l'antipsychiatrie américaine


      bbbbbbbbbbbbbrrrrrrrrrrrrrrrrrrraaaaaaaaaaaaaaaaaahhhhhhhhhhhhhhhhh !!!!!!!!!!!!!!! et son travail de confronter Foucault (tant celui de la généalogie des pouvoirs que celui de l'archéologie du sujet) à la pensée de Jacques Lacan qu'il a bien connu ... je pense sincèrement que c'est une bon psychanalyste, ce qui est très rare en aquitaine ...

  1. "D’ici une vingtaine d’années, l’automatisation va déferler sur tous les secteurs de l’économie mondiale et signer la mort définitive de l’emploi. Et si c’était une vraie bonne nouvelle ? Parce que l’emploi, cette activité privée de sens qui est sanctionnée par un salaire, a détruit le travail, explique le philosophe Bernard Stiegler. Et parce que la fin de l’emploi est l’occasion de réinventer le travail au cœur de nos sociétés du numérique, de construire une économie contributive en lieu et place de cette «économie de l’incurie» qui nous détruit à petit feu." http://splashurl.com/lophmk9

    • Des fois l'histoire s'écrie à coups de bâtons et des fois à coups de crayons !!

      ici ce genre d'initiatives (comme les journées sur le revenu de base) émergent pas mal (comme avec ses nombreuses fêtes de la (les) transition(s) avec le reste du temps de l'intelligence collective ) , et le revenu de base perce le mur de l'information même dans les grands médias ... en occident c'est trente ans de guerres perdues et des mouvements sociaux purement réactif , alors le mouvement pour le revenu de base , comme pour celui des villes en transitions, connaissent un succès , car ici enfin la lutte est positive : on ne se bat (malgré tout ce qu’on pourrait nous reprocher par la suite) pas trop contre la destruction des anciens droits et protections , mais pour en conquérir de nouveaux , plus adaptés au numérique , "changer les rapports de production pour continuer à développer les forces productive" * ( c'est le moment communiste du capital , que *Marx dans une prédiction , anticipe déjà au 19 ième siècle .... monnaies locales , revenu garanti (et à défaut au moins de base, pour avoir un revenu inconditionnel et compétitif) et coopératives municipales pour aimanter de nouvelles polarités relationnelles et existentielles !! il faut, à l'heure de notre rémanences et notre aura post moderne et post industriel , construire le communisme que le numérique exige (et tant mieux si c'est un peu ce que nous voulons) pour qu' existe notre devenir numérique dans le langage ( depuis Lascaux, et l'invention de l'écriture jusqu'à internet) ....

  2. Bonjour,
    tout d'abord je pense que personne ne s'attend à ce que le revenu de base puisse résoudre tous les problèmes. Il me semble qu'il y a un consensus chez ceux qui défendent le revenu de base pour dire que c'est un outil important, une partie de l'équation mais pas toute l'équation. Je distingue ici deux choses, la production de biens et de services qu'il faudrait encourager par une société productive contributive de type open-source et la production d'argent, c'est-à-dire la création monétaire et la production d'argent. J'ai développé un peu rapidement faute de temps et j'espère élaborer plus tard. Encore une fois, je pose des questions et je n'ai pas de réponse. Je sais que vous avez plus de connaissances dans ce domaine donc mon but est de tenter de trouver des contre-arguments pour que vous développiez les votres dans un grand respect pour tout le btravail considérable que vous avez fourni sur ce sujet, ce qui n'est pas mon cas.

    Pourriez-vous préciser votre pensée sur deux points:
    1. "On ne peut se contenter d'incantations ou de raisonnements théoriques audacieux pour financer un revenu de base décent supposé sans contreparties productives, en s'imaginant par exemple qu'on pourrait créer l'argent ex nihilo. Pourquoi pas ? C'est d'ailleurs ce que font les banques centrales en ce moment et ce que devraient faire des monnaies locales quand il y a des capacités humaines inemployées mais ce n'est absolument pas une source durable de financement. Dans le contexte actuel, si quelque chose comme un revenu de base a des chances d'être adopté, il sera loin de pouvoir nous sortir de la précarité et plutôt de l'ordre du RSA actuel avec le risque d'aggraver la situation d'un certain nombre - si ce n'est l'occasion de baisser toutes les autres prestations sociales..."

    Je suis désolé mais je n'ai pas compris votre raisonnement ici. Ne peut-on pas considérer le revenu de base comme une création monétaire publique et démocratique remplaçant la création monétaire privée et oligarchique (car réservée aux banques privées actionnaires des banques centrales)? Ce que je ne comprends pas dans votre raisonnement, c'est que d'un côté vous dîtes, pourquoi ne pas créer ex-nihilo puisque c'est ce que les banques font. D'ailleurs je ne vois pas comment l'argent serait créé autrement qu'ex-nihilo, surtout à l'époque informatique. A ce moment là il y aurait des revenus assez élevés par habitants. De l'autre côté vous dîtes que le revenu de base serait limité au RSA. Hors si le revenu de base est une création monétaire publique, rien n'empêche qu'il serait plus élevé que le RSA.

    Votre raisonnement au sujet de la fin du travail est le raisonnement classique qui consiste à dire que ça n'est pas arrivé, donc que ça n'arrivera pas. Mais aucun théorème économique ne dit cela. Il s'agit seulement d'un constat historique sur une période donnée, pas d'une loi fondamentale. Les chevaux auraient bien pu avoir ce type de raisonnement. N'y a t-il pas derrière un résidu philosophique consistant à penser que l'homme est un être à part, au centre du monde et que par conséquent le travail humain ne peut être remplacé (raisonnement déjà démenti par Copernic et Darwins)? Ne pourrait-on pas faire l'expérience de pensée suivante en imaginant une progression des intelligences artificielles remplaçant des tâches cognitives de qi de 50, puis 100, 150 et 200 jusqu'à ce que les machines dépassent tous les êtres humains? En quoi cela serait impossible? En quoi les activités dites créatives ne pourraient pas aussi être remplacées? Nous ne sommes pas des créatures spéciales.
    Vous dîtes que le travail existera toujours. Mais vous ne distinguez pas de quel travail il s'agit. Si le travail productif est remplacé par la machine, il se trouvera toujours des hommes pour prendre le pouvoir et imposer par le lobbying leur travail inutile. Le cas Aaron Swartz et de sa lutte contre tous les métiers inutiles et prédateurs des lobbys est éloquent à ce sujet. Le problème, c'est de développer non pas le travail (ce mot ne signifie rien) mais le travail productif et donc dans un premier temps de disposer de critères pour distinguer travail productif et travail de prédation (et même travail d'esclavage qui correspond au travail que le travailleur abandonne son travail dès qu'il a un revenu de base) et ensuite de trouver ds mesures politiques pour limiter le travail de prédation et développer le travail de production (le revenu de base étant une de ces mesures).

  3. Voici une réflexion complémentaire proposant une articulation du progrès technique, du travail productif, du travail prédateur et du travail d'esclavage. Peut-être que, même dans la réfutation de cette réflexion, cela créera des idées.

    Je crois en effet que les analyses à propos la prédation de Volle et celles de Graeber portant sur la bureaucratie sont complémentaires et il s'agit dans les deux cas de prédation dans le sens d'une activité essentiellement improductive qui capte la richesse produite par les activités essentiellement productives. Que la prédation soit libérale (wall street, lobbys,...) ou socialiste (administration, régulation,...), cela ne change rien au fait que le progrès technique ( Rifkin, Trenkle, McAfee, Ford, Lohoff ) entraîne le remplacement du travail productif par un travail improductif de prédation (souvent le service aux entreprises) ou d'esclavage (services à la personne des pauvres aux riches) dans une tendance historique à long terme puisque les activités dans le passé (agriculture et usine étaient essentiellement productives, ce qui n'est plus le cas). Toute cette transition étant bénie par le socialisme et le libéralisme au nom de l'idéologie du travail critiquée par Gorz et Ellul est devenue une fatalité. Il faut donc décoloniser l'imaginaire pour reprendre la célèbre expression mais aussi décoloniser le dictionnaire orwélien dans lequel nous vivons pour refuser d'utiliser le mot "travail" et lui préférer ds termes comme "travail productif", "travail prédateur", "travail d'esclave" avec un "degré de prédation" d'un travail prédateur ou d'un travail productif (il y a une continuité qui fait qu'un travail productif peut posséder 20% de prédation et inversement).

    Ainsi si dans une société simplifiée 1000 personnes vivent en construisant des maisons et que l'impression en 3D de maisons réduit cette force de travail à 100 personnes alors l'idéologie du travail et l'absence de redistribution des gains techniques agiront comme une pression à la prédation et à l'esclavage car sans travail, c'est tout simplement la rue. C'est alors que 100 personnes créeront d’autres innovations comme google après internet. Seulement une proportion d'environ 300 personnes plus douées pour la prédation imposeront via le lobbying des régulations dont elles fourniront la maîtrise en créant le problème en même temps que la solution. Ces trois cents personnes taxeront l'essentiel de la richesse créée par les 200 personnes productives et dépenseront leur argent en louant les services des 400 esclaves dans des services à la personne. Les 100 autres personnes constituent l’épouvantail social, le bâton du déclassement.

    La prédation et l'esclavage sont alors les deux faces d'une même pièce et sont intrinsèquement liés car ils dérivent tous deux de la disparition du travail productif car le but de l’économie est d’augmenter les profits et donc de produire plus avec moins de coûts, c’est-à-dire avec moins de travailleurs et à ce sujet l’ouvrage récent de Trenkle et de Lohoff intitulé « la grande dévalorisation ». L'ironie étant que cette automatisation devrait être bénéfique pour tout le monde et pas seulement pour une faible proportion de la population mais le développement du travail productif ne pourrait se faire qu'en donnant aux gens à la fois le temps et l'argent d'acquérir des compétences productives et que ce temps de formation (avec les moyens open-source de l’économie distributive) n'est disponible qu'avec un revenu de base qui est à la fois une création monétaire publique et démocratique et une redistribution démocratique des gains apportés par la technique. Sans une telle mesure, la précarité amène les citoyens à accepter n'importe quel travail dans des conditions d’anxiété et donc de santé et de délinquance évidentes, sans parler d'une conscience citoyenne moindre due à des conditions de vie qui relèvent de la sous-vie plus que de la survie.

    Vous direz peut-être peut-être que la création de 100 emplois productifs suite à l'innovation pourrait être en réalité de 900 emplois ou même plus (immigration dans notre île de 1000 habitants) et qu'il existe une erreur dans le raisonnement. Mais d'une part cela n'enlève rien à l'argument du revenu de base puisque la création d'emplois productifs nécessite du temps, des moyens et une tranquillité d'esprit pour créer comme l'atteste le fait que les créateurs ne viennent généralement pas des citoyens des classes sociales défavorisées (Gates, Musk, Zusckerberg,...) trop occupés à survivre et donc à se précipiter sur les emplois de prédation parfois et généralement d'esclavage. D'autre part la tendance à l'automatisation pour augmenter les profits produit un déluge technologique qui monte sans cesse et seuls les individus les plus adaptés au darwinisme social de ce déluge parviennent à ce hisser sur les plus hautes montagnes pour échapper au déluge et récolter les fruits du progrès technologique. Il est ainsi avéré historiquement que de GM, à IBM, puis de Microsoft à Google et de Amazon à Facebook, les entreprises créent de plus en plus de richesses avec de moins en moins de travailleurs et cette logique ne s'arrête pas à l'informatique puisque l'automatisation envahit tous les domaines comme l'atteste par exemple la dernière entreprise automobile entrée sur le marché boursier, Tesla, dont les usines sont entièrement automatisées.

    Autre point, un travail n'est jamais à 100% prédateur ou à 100% productif mais un travail prédateur utilise justement un levier productif pour développer sa prédation. Par exemple, il y a une part de prédation plus forte en France qu'au Royaume-Uni dans le travail de pharmacien car les prix des médicaments sont plus élevés du fait du lobby pharmaceutique. C'est cette comparaison entre pays ou entre époques qui permet de déterminer un degré de prédation ou d'esclavage. Le degré d'esclavage pourrait lui être déterminé par la volonté de la personne d'abandonner son travail pour un revenu de base de 500 euros, 700 euros,... Ainsi, le terme orwélien de travail étant abandonné, uen partie de la confusion se dissipe pour réfléchir aux mesures politiques dont le but est l'augmentation du travail productif et la diminution du travail de prédation et d'esclavage. A noter que le revenu de base a alors des conséquences positives évidentes en termes de productivité (le travailleur productif dans un travail pénible et peu payé pourra faire pression pour augmenter son salaire en utilisant la possibilité de quitter son travail, ce que ne pourra pas faire le travailleur prédateur).

  4. Je ne peux pas répondre en détail mais si je n'ai pas de véritable objection à ce que dit Bernard Stiegler ici, j'ai de l'économie une conception bien plus matérialiste (et non pulsionnelle).

    Je ne me suis effectivement pas appesanti sur les raisons pour lesquelles la création monétaire n'est pas une solution, me contentant de la citer comme illusoire, du moins qui ne peut être durable, mais c'est que ces propositions sont basées sur des conceptions fantaisistes de la monnaie et de la création monétaire.

    Il traîne depuis un moment sur internet l'idée que les banques créeraient l'argent ex nihilo, ce qui est une absurdité (en dehors des banques centrales par périodes). On peut bien dire qu'elles créent de l'argent en ouvrant une ligne de crédit, ce qui peut se défendre d'un certain point de vue, mais elles ne font ainsi qu'accélérer sa circulation et quand elles doivent débourser de l'argent, il faut qu'elles le trouvent quelque part, l'empruntent, etc., ne pouvant absolument pas le créer à leur guise. Surtout, cet argent "créé" qui augmente la masse monétaire en circulation est destiné à être "détruit" par le remboursement du crédit. De même, l'injection de liquidité par les banques centrales n'est qu'un phénomène temporaire, cyclique, supposé être compensé par des mesures opposées lorsque l'économie repart, ou par une inflation qui rétablit le niveau global de monnaie à sa valeur antérieure. Ce n'est en aucun cas une ressource renouvelable, un moyen de financement, seulement un outil de régulation à court terme. La monnaie n'est pas du papier magique mais nécessite une gestion rigoureuse. Il est au moins évident qu'on ne peut espérer un revenu de base financé par création monétaire nationale, il n'y a aucune majorité pour cela, mais plus profondément, une conception matérialiste oblige à se préoccuper de l'équilibre entre production et consommation, y compris au niveau local où la création monétaire ne peut pas non plus financer un revenu sur la durée sans les rentrées correspondantes.

    Pour le travail, notion sur laquelle il y a tant de délires, il n'est pas vrai que je n'en donne pas de définition, définition qui vient simplement de la physique où le travail est le contraire de l'entropie mais j'en souligne surtout le rôle de valorisation de nos compétences (avec un feedback monétaire de notre travail). Plus généralement, loin d'imaginer que nous serions le centre de l'univers, je suis persuadé que nous subissons l'évolution technologique autant que l'évolution biologique que nous ne faisons que continuer, la fonction de la vie étant justement d'inverser l'entropie. Que les machines dépassent nos capacités, ce qui est le cas depuis longtemps, ne change rien au besoin de l'exercice de nos facultés, de même que la généralisation de l'automatisation ne crée pas le chômage, pas plus que la disparition des agriculteurs, mais seulement une mauvaise répartition de la masse monétaire qui en résulte, concentrée dans quelques mains. Je ne pense pas non plus pertinente la distinction entre travail productif et prédateur, etc., encore moins que ce serait une question de vocabulaire alors que c'est la logique d'un système de production très matériel qui s'impose "après-coup" et non par ses beaux ou horribles principes (ce que ne comprennent pas les idéologues de la critique de la valeur comme Trenkle et Lohoff). Quand à savoir si le revenu de base fera baisser ou augmenter les salaires, cela dépend s'il est suffisant ou non (et l'article montre qu'il sera insuffisant au cas où il serait adopté).

    Je ne dis évidemment pas que le revenu de base ne peut pas être financé car il ne serait pas productif mais seulement qu'il faut s'occuper de se donner les moyens qu'il soit productif pour qu'il reste finançable au lieu de se fier à ses vertus supposées sans s'en préoccuper concrètement (collectivement), ce qui mène aussi à s'éloigner des caractéristiques abstraites d'un revenu de base comme "idée" directrice au profit de ses incarnations concrètes et différenciées.

  5. Merci d'avoir pris la peine de donner des réponses détaillées. Je réponds un peu rapidement faute de temps et je développerai plus tard. J'insiste sur les deux points qui ne sont pas clairs pour moi: Au sujet de la création monétaire: je ne partage pas votre opinion et c'est un sujet compliqué que j'admets mal maîtriser même si j'ai passé pas mal de temps à l'étudier. Je n'ai pas envie de développer au sujet de la réserve fractionnaire,...Ce n'est pas seulement un sujet discuté sur des blogs plus ou moins complotistes mais un sujet sérieux. Graeber qui est à la mode a écrit un article récent dénonçant la création monétaire. Le livre creating new money de Robertson et Huber est aussi très bon. De toute manière, les actionnaires des banques centrales sont les banques privées et ce n'est pas à elles de gérer la création d'argent à mon avis, elles ne le feront jamais dans l'intérêt des citoyens. Vous dîtes: "une conception matérialiste oblige à se préoccuper de l'équilibre entre production et consommation, y compris au niveau local où la création monétaire". C'est à mon avis pour cette raison qu'il faut dissocier le travail productif du travail de prédation, pour rémunérer en fonction de la contribution et non en fonction de la caste, du lobby auquel l'acteur économique appartient (lobby des pharmacies, des banques,...). Sans cette distinction, il n'y a plus aucune corrélation entre la "néguentropie" d'un travail (pour reprendre, j'espère ne pas me tromper, votre terminologie) et sa rémunération et donc plus de lien, d'équilibre entre production et consommation. Au sujet du mot travail, la distinction entre le travail productif et le travail improductif date d'Adam Smith. Je pense au contraire que si l'on veut créer une société productive, il est important de distinguer les deux. L'utilisation d'un même concept pour exprimer des réalités si différentes (néo-esclavage, prédation, production, épanouissement, peine,...) rend les débats confus à mon avis. Peu importe les termes et l'on peut employer par exemple votre vocabulaire plus scientifique et rigoureux de néguentropie mais on ne peut pas appeler par le même mot des aspects aussi importants et différents de la vie sociale, surtout quand la valeur travail est sans cesse utilisée dans le champ politique. Je ne suis pas d'accord quand vous dites que les machines dépassent nos capacités depuis bien longtemps. C'est vrai sur le plan physique et dans certains domaines cognitifs (jeu d'échecs,...) mais si les machines avaient dépassé nos capacités alors elles seraient en train de programmer de nouveaux logicielles elle-mêmes à notre place, elles vaincraient une équipe de football, elles obtiendraient sans l'aide de l'homme des prix nobels,.. Plus simplement, le célèbre turing test n'a pas été passé. Il y a quant même un élément nouveau dans le remplacement des tâches cognitives par les machines. Le problème, c'est que beaucoup de métiers vont disparaître et qu'il faudra faire en sorte qu'il soient remplacés par des métiers productifs et non pas par des métiers de prédation pour faire baisser de manière absurde le chômage. Aujourd'hui, il n'existe pas de feedback juste du travail parce qu'il n'existe pas de distinction entre le travail productif et le travail de prédation.

    • Il y a effectivement pas mal de monde qui dit des conneries sur la monnaie (entre autres) et notamment depuis le trop fameux "argent-dette", d'autant plus difficile à réfuter que c'est exactement ce que beaucoup veulent entendre. C'est tout-à-fait comme les théories du complot ou les climato-sceptiques qui ont l'impression d'avoir étudié la question à fond et d'avoir découvert le secret du monde, en tirant des conclusions absurdes (ce n'est pas parce qu'une banque prête plusieurs fois son capital qu'elle peut débourser plus qu'elle n'a dans ses coffres, raison pour laquelle les banques n'arrêtent pas de s'emprunter entre elles, ne pouvant créer la monnaie. La création monétaire peut être décentralisée avec des monnaies locales mais sans qu'on puisse en faire n'importe quoi non plus).

      Si on ne remonte pas jusqu'à Locke qui lui considérait productif l'exploitation prédatrice des "épaves" laissées à l'abandon, ce sont les physiocrates, dont se moquait Voltaire, qui ont les premiers voulu distinguer le travail productif (censé être seulement celui de la terre) et le travail improductif (commerce, artisanat, domestiques, etc.). Du côté des marxistes, y compris Gorz, le seul travail productif était celui produisant de la plus-value (salarial) alors que pour les libéraux c'est uniquement le travail marchandisé qui est considéré comme productif (pas le travail domestique, etc.). Tout cela n'est qu'idéologie très loin des évolutions actuelles du travail et surtout sans perspectives concrètes sauf dans la tête de ces théoriciens alors que je prends la question du côté du travailleur lui-même et de la valorisation de ses compétences, valorisation qui ne peut être décidée par un quelconque planificateur ou théoricien mais seulement de trouver à s'employer, même considéré comme "prédateur" (par exemple exploitant les ressources gratuites d'internet). Savoir si la création artistique ou les jeux vidéos sont productifs est indécidable dans l'absolu tout comme la juste rétribution du travail. Le seul travail réellement improductif, c'est celui qui est raté (construire un mur qui s'écroule).

      Enfin, ce n'est pas d'hier que les ordinateurs se substituent au travail cognitif comme à toutes sortes d'autres métiers. Si on considère que les machines (dont les performances sont toujours supérieures aux nôtres) prendront notre place quand les robots seront des hommes améliorés, c'est une espèce de tautologie mais on en est très loin encore et ce n'est guère qu'un fantasme pour l'instant même si un jour cela pourra être le cas mais il ne faut pas prendre la science-fiction pour la réalité, toujours très éloignée de nos projections, plus les robots font de choses et plus notre subjectivité et humanité sont sollicitées tout au contraire d'une obsolescence de homme. De plus, l'argent qu'on ne verse plus aux médecins, etc., se retrouve disponible pour payer d'autres services. Qu'on remplace les médecins par des programmes d'IA est un progrès qui ne supprimera pas tous les médecins, le problème n'étant pas de remplacer les consultations à la chaîne par un travail productif et de se concocter sa petite utopie mais de tenir compte des évolutions matérielles et donner les moyens à tous d'une activité valorisante (artisanale, artistique, sociale, politique, etc.).

  6. Bonjour, merci pour ses réponses.

    Au sujet de la création monétaire, trouvez-vous normal (ça l'est peut-être) que la création monétaire soit réalisée par les banques privées puisque celle-ci sont les actionnaires des banques centrales (données officielles wikipédia, banques centrales,..)? Je pose la question car pour moi c'est un point qui me semble anormal et il me semble qu'un retour à la création monétaire du temps de De Gaulle par l'état et sans intérêt serait dans l'intérêt des citoyens. Après peu importe les gens qui défendent ces idées, la question est seulement de savoir si c'est à l'état ou aux banques privées de créer l'argent. Les monnaie locales, que je connais peu, pourraient-elles résoudre ce problème? Encore une fois, peut-être que je me trompe mais poser la question permet de mieux comprendre et parfois, il faut même répéter la réponse dans plusieurs contexte pour que l'autre comprenne donc ne soyez pas trop impatient.
    Ce n'est pas parce que j'aurais tord à ce sujet que je serais forcément dans l'idéologie ou l'utopie et je peux très bien être simplement dans l'erreur. Je vous invite à lire l'ouvrage disponible en ligne de Michel Volle intitulé "prédation et prédateurs". Je pense que la prédation par le lobbying existe et que c'est un danger, ce n'est pas une idéologie. Le combat d'Aaron Swartz illustre bien le pouvoir des lobbys. Comme le définit Volle, la prédation consiste à s'accaparer le bien d'autrui. Il n'y a donc selon cette définition que je partage aucune prédation dans le domaine artistique tout à fait productif. En prenant un exemple concret, les médicaments sont plus chers en France qu'au Royaume-Uni (jusqu'à cinq fois plus chers) du fait du lobby pharmaceutique français (les médicaments étant donné aux doses strictes dans des supermarchés par des pharmaciens au Royaume Uni). En s'accaparant une plus grande partie de la richesse nationale par ce lobbying, les pharmaciens s'accaparent une plus grande partie des biens et services équivalents à cette richesse nationale. Quand Aarn Swartz essaie de rendre publique la recherche scientifique ( ce qu'il a rendu publique a permis entre autres un nouveau diagnostic rapide du cancer du pancréas) qui est confisquée par un lobby juridique qi privatise la recherche scientifique pour en faire payer l'accès aux chercheurs ou aux citoyens (c'est un citoyen de 14 ans qui a fait la découverte du diagnostic), c'est de la prédation qui est non seulement improductive mais néfaste. Encore une fois, le raissonnement est peut-être faux mais ce n'est pas parce qu'on se trompe que l'on est forcément dans l'idéologie et dans l'utopie, j'essaie de comprendre. En tout cas le reportage au sujet de Swartz est de grande qualité et le livre de Volle aussi donc je vous invite à les consulter, au moins si vous avez dépassé mon argumentation dans votre cheminement de pensée depuis longtemps (ce qui est possible), vous trouverez je pense un intérêt à ces documents.
    Par rapport au progrès technique, vous m'avez là convaincu et je crois que j'écrivais plus pour exprimer des doutes que pour réellement défendre la thèse de la fin du travail. Le seul point sur lequel je ne suis pas convaincu est le point 2, à savoir que sans distinction entre la nature des activités, le progrès technique pourrait être ralenti si les métiers productifs étaient remplacés par des métiers de prédation. Et ce n'est pas parce que la distinction entre les métiers productifs et de prédation est graduelle et complexe qu'elle est impossible. Il suffit par exemple de comparer et de voir par exemple que si il y a besoin d'avocats aux USA pur la moindre activité et pas en France, c'est que les lobbys d'avocats exercent de la prédation en imposant un travail qui est inutile car les choses fonctionnent en France sans ce travail. Encore une fois, vous pouvez très bien démontrer que ce raisonnement est faux et je serais prêt à l'admettre comme pour le raisonnement de la fin de l'emploi mais ne dîtes pas qu'il est idéologique ou utopiste s'il est seulement faux. Si vous partez du principe implicitement que je suis dans l'utopie ou l'idéologie alors cela implique que je ne peux pas tenter de 'élever au-dessus de l'idéologie et que le débat est impossible. De toute manière, par définition, dans les sujets politiques, c'est toujours l'autre qui est dans l'utopie et l'idéologie. Merci encore pour avoir pris le temps de répondre.

    • Ce ne sont pas les banques privées qui créent de la monnaie mais la banque centrale qui a un objectif de stabilisation économique et qui s'est imposée en Europe pour une monnaie commune à plusieurs Etats. Je ne crois pas possible une déconnexion de la monnaie et du politique ni la focalisation de la BCE sur l'inflation mais les intérêts sont tellement bas en ce moment que cela ne fait pas une grande différence avec une banque qui prêterait à l'Etat sans intérêts. Je ne suis pas pour le statu quo mais les moyens d'agir sur ce plan sont très réduits et je compte plutôt sur la pression des faits.

      Enfin, l'économie de prédation a toujours existé depuis le néolithique, les empires, la colonisation, etc. C'est une question de rapport de force pas de justice, y compris par rapport aux labos pharmaceutiques. Si on peut s'y opposer, il faut s'y opposer (il ne faut pas croire que les gouvernements ne font rien en ce sens, aussi vendus soient-ils) mais il ne faut pas surestimer nos moyens et c'est de toutes façons le résultat après-coup qui décide qui est le plus fort (la gratuité numérique et les logiciels libres s'imposent par leur efficacité plus que par de beaux principes). Les dispositifs que je défends vont bien sûr du côté des biens communs et pas du tout d'une prédation destructrice.

      Pas le temps de continuer de répondre aux commentaires...

      • J'ai noté que vous n'avez pas le temps de répondre plus longuement. Je voudrais seulement apporter un seul fait à cette réflexion. Les actionnaires des banques centrales sont les banques privées. Donc si la banque centrale crée de la monnaie, ce sont les banques privées qui créent la monnaie. Voici l'actionnariat de la BCE (c'est la même chose pour la FED):http://fr.wikipedia.org/wiki/Banque_centrale_europ%C3%A9enne#Actionnaires.

        Mon raisonnement est peut-être faux mais en attendant que l'on me démontre mon erreur, je suis bien obligé de m'en tenir là. Je n'aime pas discuter de ce sujet parce que l'on passe pour un complotiste ou pire quand on en parle.

        • Bonjour Oscar, bonjour Jean,

          Concernant la création monétaire, je pense qu'on peut considérer l'émission de monnaie par les banques privées sous forme de crédit comme de la création monétaire. La monnaie n'est pas que fiduciaire, elle est surtout massivement numérique et virtuelle et quand un banquier vous crédite 100 000 euros pour acheter un immeuble, la majorité de cette somme n'est pas retirée en billets ou en pièces mais reste sur les comptes des banques privées. (et si c'était le cas on se rendrait justement compte de l'arnaque).

          Le problème de cette façon de mettre de la monnaie à disposition est double :
          - il ne permet pas à cette quantité de monnaie de continuer à circuler dans l'économie puisqu'elle est détruite quand elle est remboursée (problème que les monnaies locales peuvent résoudre)
          - les intérêts pèsent sur les finances des individus, des entreprises, des collectivités et des Etats alors qu'on s'en passerait bien, surtout en temps de crise (or c'est justement en tant de crise qu'ils augmentent les intérêts jusqu'à 18% pour la Grèce au moment où ils ont décider de piller tous les services publics...)

          Je ne vois pas ce qu'il y aurait de fantaisiste à revendiquer une réappropriation de la monnaie au service du bien commun. Le fait de mettre cette monnaie en circulation directement sous forme de revenu de base n'ayant jamais été essayé, j'attend qu'on me démontre que cela est innefficace sur le plan économique.

          Je renvoie évidemment les lecteurs vers les travaux de Gérard Foucher en france qui a écrit Les secrets de la monnaie - changer la monnaie pour changer le monde et aussi Manifeste des économistes déterrés où il reprend justement les travaux d'économistes plus anciens pour aboutir à la proposition de Quantitative Easing (planche à billets) For People (par revenu de base).

          Je suis désolé Jean de n'avoir pas pu te croiser à Perigueux. J'étais parti défendre le revenu de base du côté du parti de gauche à Grenoble où j'étais invité pour présenter mon film.

          As-tu pu le voir ?

          Michael

          • Friedman avait proposé d'épandre de la monnaie avec des hélicoptères. C'est une vision stochastique de la monnaie. Perso j'y crois pas, la monnaie est un outil et ne s'emploie pas à tort et à travers pour la simple raison qu'il ne s'agit pas d'un paramètre purement quantitatif, mais qu'il est surtout qualitatif, à employer de façon chirurgicale. Ce pourquoi l'état, malgré ses incuries, a son mot à dire.

            C'est un peu invraisemblable que des adeptes de nouvelles approches moins consuméristes préconisent de bombarder de la monnaie avec des B52. C'est franchement bourrin comme approche.

          • Dans la même veine, les abrutis libéraux qui gueulent contre l'impression monétaire ne trouvent rien d'autre que de créer leurs monnaies digitales comme le bitcoin, de la pure spéculation et impression monétaire.

            Ces mêmes crétins fustigent l'inflation au profit de la déflation qui protégerait leur épargne. Pour compléter Keynes, la déflation est tout autant susceptible d'euthanasier les rentiers que l'inflation, car la déflation effondre l'activité économique, augmente les risques de défaut, et effondre les rendements des prêts au point qu'il faudra payer pour stocker son épargne.

            C'est comme en hydrodynamique, la monnaie est un flux soumis à des lois de seuils d'écoulement, rien de linéaire hors cet intervalle de seuils.

          • Salut Michael,

            Je n'ai pas pu voir le film (il faut dire que j'étais pris quasiment à temps complet) mais vraiment, ces théories monétaires sont absurdes, c'est de la pensée magique, le genre de croyance qu'on se demande comment on a pu y croire quand on n'y croit plus. Soit on dit que cela n'a jamais été tenté et que c'est une raison pour le faire, comme si on avait trouvé la pierre philosophale qui supprime le réel alors que les problèmes sont tout autres (et d'autres comme Law ou les assignats avaient déjà cru trouver le Graal, on sait comment ça s'est fini), soit on dit que c'était comme ça avant, et alors, il n'y a vraiment aucune raison de tant vouloir y revenir car cela ne marchait pas tellement mieux ! La monnaie est un bien commun mais on n'en fait certainement pas ce qu'on en veut (ni les banquiers, ni les Etats), imposant plutôt sa propre loi.

            Le problème n'est pas les taux d'intérêts (ils sont proches de zéro), ni la "création monétaire" du crédit (par les banques ou les Etats), ni son remboursement (indispensable), mais tout cela dépend du moment du cycle d'inflation. Il ne s'agit pas de dire que la création monétaire n'est pas possible puisque la planche à billet tourne à plein régime, simplement ce n'est pas durable car dans les périodes d'inflation, on ne peut plus se permettre cette fuite en avant. Ce n'est donc sûrement pas une façon pérenne de financer un revenu de base qui doit se révéler "productif" au niveau global et donc s'auto-financer en partie, une autre relevant de la solidarité fiscale.

            Même s'il peut y avoir création monétaire au lancement, aucune formule magique ne pourra lever ces contraintes, aucune corne d'abondance soudain découverte et qui n'attendait que nous ! Ce qui est désolant avec ces délires, c'est de détourner des véritables questions posés par le financement d'un revenu de base suffisant pour poursuivre des chimères (certes plus gratifiantes), éloignant de sa réalisation effective.

  7. Mea culpa. Je dois finalement être complotiste car j'étais persuadé que les banques comme société générale,... étaient les actionnaires de la BCE. Je pensais avoir lu cela sur wikipédia. Comme quoi effectivement un biais idéologique et même complotiste m'a induit en erreur. Au moins je dormirais un peu moins idiot ce soir. Malheureusement juste un peu. Bonne semaine à vous.

    • La Banque de France était avant 1945 un organisme privé, ce qui est toujours le cas de la banque centrale américaine (Fed) mais cela ne change pas fondamentalement les choses contrairement à ce qu'on imagine, la Federal Reserve ayant une politique économique plus dynamique et sociale que la BCE - d'ailleurs déterminée malgré tout par le Congrès (mais ils sont en position dominante avec le dollar, ce qui risque de se terminer).

  8. Postulats pour les sciences économiques ou la Troisième Voie

    Nous allons vous proposer un article qui présente des considérations portant sur les fondements d'une science économique qui aurait à sa base des postulats en tant que principes aussi bien économiques que moraux. Nous affirmons que la Troisième Voie de développement économique et social de l'Humanité que même si elle est souhaitée par beaucoup N'EXISTE PAS (encore), mais elle s'impose comme une NECESSITE.
    Quelque chose qui s'impose donc comme une nécessité peut ne pas être reçu par ceux que ces questions concernent et parfois nous pensons même que nous sommes pas encore prêts pour cette Troisième Voie, plus précisément nous pensons que l'humanité n'est pas encore prête pour recevoir les axiomes que je propose, même si je suis convaincu que sans leur adoption elle va disparaître d'une façon ou d'une autre, pas forcement d'une manière totalemais très certainement en tant que civilisation, tel que c'est présenté dans des divers films fantastiques et apocalyptiques.
    J'ai préparé un court énoncé avec lequel je vais conclure, avec la présentation du desiderata social le plus profond, et ont peut prouver que c'est grâce à son application que le développement positif de notre civilisation à eu lieu.
    Ceci apparaît de manière plus explicite au cours du XVIIIe siècle au Etats-Unis chez ses pères fondateurs, qui comme Philip Mazzei ont affirmé « Tous les hommes sont créés égaux » pour mieux légiférer cette proposition dans l'introduction de la Déclaration d'Indépendance des Etats-Unis d'Amériques, écrite par Thomas Jefferson en 1776, qui dit textuellement :
    « Tous les hommes sont créés égaux; ils sont doués par le Créateur de certains droits inaliénables ; parmi ces droits se trouvent la vie, la liberté et la recherche du bonheur ».
    Par la suite les textes devient plus précis et plus proches d'une formulation juridique : « Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits » et « Tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits. Ils sont doués de raison et de conscience et doivent agir les uns envers les autres dans un esprit de fraternité ».
    Ces mots figurent au frontispice de deux plus grands textes de l'humanité, la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen, 26 août 1789 et la Déclaration universelle des droits de l'homme, adoptée par l´Assemblée générale des Nations unies dans sa résolution du 10 décembre 1948.
    Nous soutenons que même si ces mots restent au stade de desiderata, le développement positif de la civilisation a dépendu du degré d'application de ces principes et il est évident que cet état de fait à été maximal à l'endroit où ces idées ont vu le jours, c'est-à-dire au Etats-Unis et dans l'occident européen.
    Les sciences économiques n'ont pas réussi encore à fonder ces desideratas de la raison et du coeur des hommes, même si c'est tellement simple de les fonder de manière économique, ainsi tout devient à notre sens comme l'oeuf de Colomb.
    Donc, les axiomes qui doivent fonder de manière économique et juridique le desiderata exposé ci-dessus en posant les fondations du développement des sciences économiques, que nous allons appeler la Troisième Voie de développement de l'Humanité, sont :
    Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits car il naissent et restent jusqu'à leur mort, et ceci de manière inaliénable, propriétaires de leur force de travail et propriétaires à parts égales des ressources naturelles dans les composantes non touchés par l'exploitation et la transformation de l'homme.
    Bien entendu, c'est à la charge des spécialistes des sciences économiques d'appliquer de tels axiomes, s'ils les acceptent, car un axiome n'a pas besoin d'être démontré, il nous suffit de l'accepter et l'appliquer, en créant par la même occasion les bases théoriques d'implémentation sociale de la Troisième Voie, visage humain de la globalisation opposé au rictus mauvais de l'hypocrisie diabolique destructive.
    Dans les lignes qui vont suivre je vais faire une incursion dans l'histoire du développement de la civilisation en rapport avec le respect des axiomes que nous proposons.
    L'Âge de la pierre : la propriété de l'individu portait sur sa propre personne et ses outils, nous avons donc une liberté individuelle et une propriété commune des ressources naturelles qui étaient dans une relative abondance et dépendaient uniquement de la capacité technique de transformation à côté du marché libre et l'action de la loi de la valeur.
    L'Esclavage : pour l'homme libre, la propriété privée sur les facteurs de production, certaines ressources sur le régime privé d'autres en propriété commune et l'esclave tel une bête de somme donc dépourvu de toute forme de propriété, mais aussi le marché libre et la loi de la valeur.
    Le despotisme asiatique : l'esclavage est porté ici à la limite, les hommes ne sont pas propriétaires mais simplement les esclaves d'un « dieu » représenté par un chef, un marché libre pour la zone qui ne tombait pas dans le périmètre de l'intérêt de ce chef pour qu'il ne porte pas tous ces soucis relatifs à son organisation, et une loi de la valeur déformée par l'intervention même du despote.
    Le Capitalisme : dans lequel tous les hommes redeviennent libres comme dans l'âge de la pierre, les moyens de production (ressources naturelles, matières premières et les outils) sont propriété privé motif qui induit selon Marx l'exploitation de l'ouvrier ne possède que la force de travail par le capitaliste qui lui possède les moyens de production. Le marché est libre dans ce cadre théorique et a à sa base la loi de la valeur.
    Le Socialisme, avec son évolution obligatoire vers le communisme, dans lequel théoriquement le travail reste libre comme dans le capitalisme et les moyens de production deviennent propriété commune motif qui fait que le gouvernement a une tendance intrinsèque de devenir comme dans le despotisme asiatique et le travail rémunéré comme dans ce même système. Le marché inexistant, celle qui semble être, étant juste un simulacre basé par
    ailleurs sur des alignements purement formels par rapport aux marché libres existantes dans les économies capitalistes.
    La Troisième Voie : le travail libre soit la propriété privée de la force de travail, des moyens de productions et des matières premières (les objets du travail qui résultent d'un procès de travail), les ressources naturelles sont en principe sous le régime de la propriété commune (pour ajuster le modèle de marché et non pas pour un qui soit effectif) et le libre marché, le plus libre possible.
    Les effets de la tendance humaine de devenir propriétaire des ressources naturelles sont celles qui conduisent à la guerre de même que les tendances du propriétaire une fois établit de restreindre l'accès des autres aux ressources, de cette façon nous entrons dans la zone correctement décrite par von Mises quant il adressait la question de la propriété sur les ressources et quand dans son ouvre « Marxism Unmasked: From Delusion to Destruction » il écrit : « est-il juste qu'un pays qui possède des ressources dont elle n'a pas la capacité de les exploiter de priver celui qui peut les exploiter de faire ceci et de prétendre de lui respecter ce droit qui en définitive devient un droit qui concerne la paix ou la guerre, cas où nous emmène la ressource pétrole ? ». Il est évident que la réponse est non mai en même temps ni la réponse à ce comportement qui à été la création du système colonial et qui part de l'idée qu'un pays doit à tout prix conquérir certaines ressources pour disposer d'elle selon son bon vouloir, c'est-à-dire en devenant propriétaire de ces ressources, en les sortant de la propriété commune ou des autres, n'est pas correct.
    En effet nous voyons dans ces deux exemples la limite et le caractère
    problématique, en fait infertile, de la propriété privé ou de groupe sur les ressources qui fait que « homo homini lupus » et qui fait que des groupes humains, aujourd'hui des états, puissent recevoir ce même proverbe romain, reprit un peu plus proche de nous par Thomas Hobbes, ceci ne serait plus le cas si nous reconnaissions que les ressources naturelles sont un cadeau fait par la nature à l'homme et non pas à un homme seul ou à un groupe d'hommes, mais à tous les hommes qui sont tous propriétaire en indivision dès leurs naissance et jusqu'à leur mort, propriété qui ne peut être transmise par héritage mais revient à tous et chacun sut la base de la simple naissance.
    Si ce principe est d'une manière évidente juste et fertile il est inopérant sur le plan effectif car nous ne sommes pas à l'Âge de la pierre à l'époque des chasseurs nomades quand nous utilisions la ressource pour ensuite la laisser derrière.
    Aujourd'hui les ressources doivent être traitée sur le plan pratique comme juste qu'ici, c'est-à-dire en continuant à simuler la propriété, exactement comme si elles étaient sous la propriété privé, mais les relations de production doivent acceptent ce postulat de même que les calculs économiques dérivées, qui en réalisent la correction nécessaire.
    Prenons un exemple empirique. Si nous poursuivons donc le système économique capitaliste le plus développé, soit celui où nous soutenons qu'il enfreigne le moins les postulats proposés, nous voyons que c'est là où est introduite la plus grande indemnisation de chômage, de laquelle le fameux économiste américain John Galbraith disait qu'elle est l'un des pilons fondamentaux de l'économie capitaliste moderne car elle limite aussi bien l'exploitation que l'autoexploitation.
    Il n'a expliqué que par les conséquences cette grande importance car il est évident qu'un ouvrier qui a un minimum de moyens de subsistance est beaucoup plus libre presque réellement libre et égal quant à la liberté devant le travail, qui dévient ainsi vraiment un droit.

    Nous affirmons que le motif de cette nécessité de l'assurance chômage est qu'une personne sans travail vu qu'elle n'a pas accès par ce motif à sa côte part des ressources qui lui reviendrait théoriquement de la dote de l'humanité, est en droit d'exiger de la part de ceux qui la travaillent une redevance.
    Le montant de cette redevance doit être discuté et négocié dans le cadre d'une nouvelle science économique, mais le simple fait de son existence, même si les questions du montant et de la période dont on peut bénéficier et en tout cas la part reçue comme dans un système d'assurances pour lequel on cotise tant que on travaille, doit être regardé séparément par rapport à cette redevance.
    En conclusion nous croyons que nous avons tracé les jalons minimaux et nous ajoutons que c'est ni facile ni impossible qu'une nouvelle science économique soit possible dans le respect des postulats de la Troisième Voie et bien entendu que les économistes peuvent la développer.
    J'ajoute quelques exemples plus récents dans lesquels toujours de manière empirique on a essayé des mesures qui sont fondées sur le plan scientifique sur les postulats proposés ici, mais comme dans le cas de Galbraith étant inconnues elle apparaissent seulement comme intuitions ou desideratas remarquables.
    Ainsi, nous allons rappeler une proposition de Jean Marc Ferry qui dans son ouvrage « L'allocation universelle » (1995) propose, une « allocation universelle » de citoyenneté, qu'il définit comme un revenu social primaire distribué de manière égalitaire, non conditionnelle comme vrai revenu de citoyenneté. Si une telle initiative venait à être adoptée, selon, Ferry, le droit au travail cesserait d'être une hypocrisie.
    L'idée qui manque encore de fondement théorique est appréciée favorablement et a été reprise à l'échelle européenne en 2013 sous la forme d'un projet sous le nom de Revenu Minimum Garanti (UBI). Ceux qui ont initié le projet, sollicitent une loi européenne qui devrait stipuler que chaque personne, indépendamment son age, ancêtres, domicile ou lieu de résidence, profession etc., ait le droit à une allocation de manière inconditionnelle.
    Selon eux, ce revenu de base est un droit de l'homme qui ne doit pas dépendre d'aucune condition préalable quelle qu'elle soit. Ce revenu de base ne sera pas conditionné par d'autres revenus, économies ou propriétés.
    C'est exactement la conséquence de l'application sur le plan pratique des principes proposées qui visent la « liberté égale » par la reconnaissance du droit égal de propriété sur les ressources naturelles pour chaque être humain.
    Pour que cette proposition de projet puisse être prise en compte en commission au sein de l'union européenne (prise en compte et non encore adoptée) il faut requérir un million des signatures dans les pays de l'UE.
    Malheureusement, que trois-cent-mille signatures ont pu être totalisées, mais peut-être en réessayant ultérieurement en ajoutant un meilleur fondement théorique le projet recueillera d'avantage de signatures.
    C'est pour ceci que nous considérons que si ce projet venait à être fondé de manière scientifique sur le plan théorique, et non exclusivement sur des considérations de morale et d'altruisme social, mais bien sur une théorie comme celle décrite ci-dessus, pour être fondée scientifiquement et non pas seulement éthiquement ou égalitariste socialiste ,le projet augmentera ses chances de succès.

    • Il est certainement impossible de réfréner la prétention de refaire le monde à sa sauce et le faire savoir sur tous les sites en s'imaginant que la vérité nous est apparue comme la sainte vierge pour éclairer l'humanité et rester dans les livres d'histoire comme son sauveur mais ce baratin interminable prouve seulement la vanité d'un idéalisme basé sur des axiomes supposés donner forme au réel et en plus pouvoir faire l'objet d'une "science" économique alors que les déterminations sont matérielles et que les sciences se contentent d'en découvrir les lois et contraintes qui s'imposent à nous quelque soient nos beaux principes, dans l'après-coup du résultat et des inégalités de puissance qui en découlent, subissant beaucoup plus l'évolution que nous n'en décidons.

      Tout au contraire, il faut tenir compte des évolutions technologiques et de la production pour s'y adapter, les questions de propriété (notamment intellectuelle pour les brevets, les logiciels libres, etc.) tout comme l'autonomie du travailleurs étant déterminées par les nouvelles forces productives et non par l'idéologie de quelques militants, croyants ou illuminés aussi désolant cela nous paraisse-t-il, dévalorisant notre rôle d'acteur de l'histoire (la disparition de l'esclavage étant due à la victoire du Nord industriel sur le Sud agricole plus qu'aux bons chrétiens). Hélas, le matérialisme est devenu aussi décrié que dans les sociétés théocratiques, raison de notre impuissance...

      • ........................................................

        LUI - Ta poitrine sur ma poitrine,
        Hein ? nous irions,
        Ayant de l'air plein la narine,
        Aux frais rayons

        Du bon matin bleu, qui vous baigne
        Du vin de jour ?...
        Quand tout le bois frissonnant saigne
        Muet d'amour

        De chaque branche, gouttes vertes,
        Des bourgeons clairs,
        On sent dans les choses ouvertes
        Frémir des chairs :

        Tu plongerais dans la luzerne
        Ton blanc peignoir,
        Rosant à l'air ce bleu qui cerne
        Ton grand oeil noir,

        Amoureuse de la campagne,
        Semant partout,
        Comme une mousse de champagne,
        Ton rire fou :

        Riant à moi, brutal d'ivresse,
        Qui te prendrais
        Comme cela, - la belle tresse,
        Oh ! - qui boirais

        Ton goût de framboise et de fraise,
        O chair de fleur !
        Riant au vent vif qui te baise
        Comme un voleur ;

        Au rose, églantier qui t'embête
        Aimablement :
        Riant surtout, ô folle tête,
        À ton amant !....

        ........................................................

        Ta poitrine sur ma poitrine,
        Mêlant nos voix,
        Lents, nous gagnerions la ravine,
        Puis les grands bois !...

        Puis, comme une petite morte,
        Le coeur pâmé,
        Tu me dirais que je te porte,
        L'oeil mi-fermé...

        Je te porterais, palpitante,
        Dans le sentier :
        L'oiseau filerait son andante
        Au Noisetier...

        Je te parlerais dans ta bouche..
        J'irais, pressant
        Ton corps, comme une enfant qu'on couche,
        Ivre du sang

        Qui coule, bleu, sous ta peau blanche
        Aux tons rosés :
        Et te parlant la langue franche - .....
        Tiens !... - que tu sais...

        Nos grands bois sentiraient la sève,
        Et le soleil
        Sablerait d'or fin leur grand rêve
        Vert et vermeil

        ........................................................

        Le soir ?... Nous reprendrons la route
        Blanche qui court
        Flânant, comme un troupeau qui broute,
        Tout à l'entour

        Les bons vergers à l'herbe bleue,
        Aux pommiers tors !
        Comme on les sent tout une lieue
        Leurs parfums forts !

        Nous regagnerons le village
        Au ciel mi-noir ;
        Et ça sentira le laitage
        Dans l'air du soir ;

        Ca sentira l'étable, pleine
        De fumiers chauds,
        Pleine d'un lent rythme d'haleine,
        Et de grands dos

        Blanchissant sous quelque lumière ;
        Et, tout là-bas,
        Une vache fientera, fière,
        À chaque pas...

        Les lunettes de la grand-mère
        Et son nez long
        Dans son missel ; le pot de bière
        Cerclé de plomb,

        Moussant entre les larges pipes
        Qui, crânement,
        Fument : les effroyables lippes
        Qui, tout fumant,

        Happent le jambon aux fourchettes
        Tant, tant et plus :
        Le feu qui claire les couchettes
        Et les bahuts :

        Les fesses luisantes et grasses
        Du gros enfant
        Qui fourre, à genoux, dans les tasses,
        Son museau blanc

        Frôlé par un mufle qui gronde
        D'un ton gentil,
        Et pourlèche la face ronde
        Du cher petit.....

        Que de choses verrons-nous, chère,
        Dans ces taudis,
        Quand la flamme illumine, claire,
        Les carreaux gris !...

        Puis, petite et toute nichée,
        Dans les lilas
        Noirs et frais : la vitre cachée,
        Qui rit là-bas....

        Tu viendras, tu viendras, je t'aime !
        Ce sera beau.
        Tu viendras, n'est-ce pas, et même...

        Jean Zin - Et mon bureau ?

        Arthur Rimbaud Di girolamo

  9. Ça c'est très bien passé, notamment sur le plan de la santé puisque j'ai bien tenu le coup (il était quand même sage que je rentre). Les gens était très sympathiques. J'ai surtout été avec Agnès Malliard (Monolecte), que j'ai été bien content de connaître depuis tout le temps que je la lis, et Etienne Chouard qui m'étonne par sa naïveté de croire vraiment que si on rédige "nous-mêmes" la constitution on aura une vraie démocratie comme il n'y en a jamais eu !! Il suscite facilement l'enthousiasme des foules en prétendant que "yes we can" comme si personne ne l'avait prétendu avant ! Il a supporté mes critiques mais n'en a pas tenu compte pour autant, comme il est de règle...

    Sinon j'ai fait un atelier le samedi après-midi où il y avait relativement peu de monde (une trentaine ? Je n'ai pas compté) et qui s'est bien passé mais on a fini avant l'heure ! En fait le dimanche a été plus intéressant avec la plénière de convergence à laquelle j'ai participé et qui était précédée d'une réunion préparatoire entre les intervenants. J'ai fait ensuite une petite vidéo de 25 minutes interviewé par Stanislas Jourdan.

    On peut déjà voir la plénière à laquelle j'ai participé (le son n'est pas très bon) : https://www.youtube.com/watch?v=fJxRNh5U9pA

    On peut voir les autres vidéos sur le facebook du mouvement : https://www.facebook.com/RevenudeBase

    (la vidéo indiquée de la plénière à laquelle j'ai participé est une mauvaise version où l'on ne voit que l'installation avant que ça commence, j'ai donné la bonne vidéo plus haut)

    Pour suivre en streaming (puisque cela continue aujourd'hui) : http://live.revenudebase.info/ https://www.youtube.com/user/revenudebaseFr

    ainsi que là : https://storify.com/revenudebase/rdb2014

    Yoland Bresson qui devait participer à cette première université d'été du revenu de base vient de mourir, juste pendant qu'elles avaient lieu, d'un cancer du foie foudroyant ! C'était un pionnier du revenu d'existence, dans une version libérale et insuffisante que j'ai combattu (ainsi que ses théories sur le temps) mais qui a eu un rôle important en France et en Belgique. Je l'ai un peu connu et il était très aimable, soutenant malgré tout mon travail sur le sujet.

  10. Assez sympathique l'ambiance (https://www.youtube.com/watch?v=fJxRNh5U9pA
    J'ai apprécié le "bâton ,aide à la marche , qui quand on en fait un bâton magique devient le bâton merdeux " :
    revenu de bases, création monétaire , écriture de la constitution etc autant de bâtons de marche , autant d'élément d'une politique à définir , à beaucoup et longtemps réfléchir d'abord ; mais aussi je partage la remarque du voisin ingénieur de Jean , cette réflexion collective ça ne peut pas se faire en laissant , l'institution , les élus , en dehors du coup , avec d'un côté un état , et de l'autre une société civile .
    Pour moi la convergence des divers mouvements de la société civile se brise sur ce défaut de convergence entre état et société civile . Le travail sur le bien commun ne peut se faire dans un cadre lobbyiste,
    ça ne suffit pas les convergences sirupeuses entre les divers mouvements civiles et des élus du FDG ou de EELV , il faut penser une convergence et donc une recherche au sein de l'institution.

    • Vous dites " il est bien vrai que les banques créent de la monnaie en octroyant des crédits, grand secret révélé par le film, même si c'est la seule chose qui soit vraie là dedans" et ensuite plus récemment que les banques ne créent pas de monnaie...

      Il me semble qu'effectivement les banques ne créent pas de monnaie pour des raisons d'écriture comptable du bilan. Elles ne peuvent que prêter ce qu'elles ont ou emprunté ailleurs. Pas de quoi révolutionner la finance avec cette assertion. En revanche, les banques ont le rôle d'arbitrage dans les allocations de prêt et quand ça se passe mal, souvent créant ou révélant l'insolvabilité des paris, les BC viennent essuyer les plâtres avec de la liquidité, racheter des créances... et augmenter leur bilan, appelé création monétaire. Sauf qu'un état ou une BC ne crée pas de monnaie ex-nihilo non plus, son capital confiance s'erode à ce petit jeu, agences de notation, marchés. Le buzz de Jorion et de ses contradicteurs tourne à vide en boucle sur cette question qui ne relève que de la validité des informations sur une zone économique donnée. La monnaie n'est qu'une mesure parmi d'autres de l'économie et non isolable, pas plus que la pression serait isolable de la température, de la géométrie spatiale, de la quantité de molécules dans un système thermodynamique. C'est peu l'équivalent du rapport monothéisme et polythéisme.

      La seule question qui vaille est qui fait les bons arbitrages de crédits, allocations, et personne n'a la réponse, car ça dépend du contexte. Alors certains libéraux illuminés sont aussi naïfs que certains collectivistes. Aucun n'a la réponse pour tous les cas de figure, et tous sont frustrés de se voir privés de la formule magique. C'est encore la cour maternelle...

      • Les délires se construisent effectivement sur des ambiguïtés, des formulations fautives. Il n'est pas faux de dire que les banques créent de la monnaie du fait qu'elles augmentent la masse monétaire en circulation en prêtant plus que leur capital ou que leurs réserves fractionnaires mais il est faux qu'elles créent de la monnaie au sens où elles ne peuvent sortir de leurs coffres plus qu'elles n'y ont, la différence entre les deux "créations" tient au fait que tout crédit n'est pas dépensé immédiatement et surtout qu'on échange des titres, des engagements, plus que de la monnaie qu'il n'y a besoin d'ajuster qu'aux marges (parfois importantes, voire pouvant mener à un bank run mais obligeant plus ordinairement à emprunter à une autre banque).

        La réalité est complexe alors que les conclusions qu'en tirent les monétarismes sont d'un simplisme désarmant, notamment de s'imaginer qu'on pourrait financer le revenu de base par de la fausse monnaie ou qu'il faudrait créer de la monnaie pour payer les intérêts qui sont prélevés pourtant théoriquement sur les gains permis par le crédit...

        • Intrinsèquement dans l'immédiat, les prêts n'augmentent pas la masse monétaire car gagés sur des titres de créances ou autres collatéraux, sorte s'affacturage ou factoring.

          C'est le défaut, comme le trébuchement du réel inévitable, qui nécessite la "création" monétaire, qui ne crée rien du tout contrairement à son appellation, mais ne fait qu'arbitrer en dernier ressort les pertes et gains. Les BC ne sont que des tribunaux monétaires, économiques et politiques de dernier ressort pour liquider les faillites récurrentes.

          Un de mes oncles était une géniale crapule du factoring, il interpelait au titre de leur insolvabilité avec une carte fausse nantie du drapeau tricolore pour racketter des petits commerçants maghrébins et verser le tout dans une caisse noire à son profit. Affilié au PS, il n'a jamais été inquiété par le fisc, pourtant il avait de surcroit enfreint un paquet de règles fiscales du droit salarial. Mais bon, ça s'est bien passé pour lui, des propriétés et des Mercedes, jusqu'au jour où un truand futé lui a fait une partie des poches.

          Partiellement rongé de remords et d'excès de consommations diverses, il est mort, pas trop dans la misère matérielle quand même...

          Il était souvent sympa, mais certains se souviendront qu'il était un requin incroyable.

          Il faut avoir connu de genre de bonhomme pour comprendre la nature humaine. Ses enfants, mes cousins, le vénèrent comme un saint.

          Évidemment, vu le pognon qu'il leur a versé pour s'établir.

          • La monnaie c'est comme un amortisseur, ça amortit tant qu'on a pas atteint la butée. Une politique monétaire expansive serait utile en Europe pour préparer la transition énergétique, baisse des importations d'énergie fossile, isolation... Ca créerait des emplois, mais après disons 10 ans d'investissements, on retombe sur le même problème de l'emploi rémunéré qui est aussi en transition.

          • De plus, la monnaie n'est qu'un curseur parmi d'autres comme la politique fiscale. Dans la zone Euro, la politique fiscale différenciée et en coordination aurait permis de compenser la perte de souplesse liée à une seule monnaie. Par exemple, l'emballement de l'économie espagnole avant crise aurait été contenue par une fiscalité plus forte. Par ailleurs, même une commune et non unique promue par Sapir ou Lordon, des prétendus souverainistes, nécessite de toute façon une politique économique coordonnée des pays participants, donc des règles de calcul pour les négociations affranchies du marché. Donc de toute façon une forme de fédéralisation des règles et de la gouvernance économique. Sapir n'est pas souverainiste finalement, car il n'est plus possible de l'être, si tant est qu'il fut possible de l'être.

  11. Il est ridicule de croire que ce sont les banques ou la monnaie qui dirigent le monde et sont responsables de la croissance alors que les causes sont très matérielles et systémiques, liées à un système de production basé sur l'augmentation de la productivité par des machines, l'innovation et l'investissement. Le monétarisme prend la partie pour le tout et le fantasme d'une monnaie pleine supposée tout régler comme si la situation était tellement merveilleuse dans les temps anciens ne consiste qu'à vouloir limiter le crédit, ce qui en soi n'est pas une mauvaise chose mais se révèlerait très récessif dans le système actuel. Cela fait partie des croyances simplistes détournant des véritables problèmes et d'un changement du système de production pour l'adapter aux nouvelles forces productives au lieu de s'imaginer qu'il suffirait de changer la monnaie sans rien changer d'autre !

  12. Je n’ai pas vu dans cette initiative Suisse d’analyse sur la croissance, qui effectivement est multifactorielle.

    Le message se restreint apparemment au processus autonome de création d’argent électronique par les banques qui jouiraient de cette liberté pour s’enrichir sur les marchés financiers ; ce qui aurait un effet négatif de sur gonflement de la masse monétaire et donc d’apparition de crises cycliques pesant sur les Etats, les citoyens et l’économie réelle.
    Il s’agirait donc de supprimer ce droit aux banques privées, ce qui aurait pour effet un assainissement financier favorable à l’intérêt général.
    ?

    • La pression de la croissance: Le point de départ de la circulation monétaire, ce sont les entreprises, ce qui conduit à une économie orientée vers l'offre, aux dépens de l'environnement. La production excessive d'argent impose à l'économie de croître sans cesse.

      De même que le chômage dans un système salarial, la réduction du crédit monétaire dans un système basé sur la croissance (où les banques jouent un rôle essentiel, déterminé plus que déterminant) ne peut pas du tout être "favorable à l’intérêt général" si l'on n'a pas au préalable donné une alternative (revenu garanti, travail autonome, coopératives, monnaies locales).

  13. Cette fois ci, c'est l'Ecole d'économie de Paris, loin d'être de gauche, qui se met à défendre une allocation universelle européenne :

    http://www.latribune.fr/opinions/tribunes/20140827tribf44e00996/l-allocation-universelle-europeenne-une-idee-pas-si-saugrenue.html

    L'article n'est pas très intéressant, ne voyant l'allocation universelle que comme un stabilisateur économique mais c'est la perspective de pouvoir baisser les salaires (le coût du travail) qui devrait convaincre les libéraux de soutenir cette mesure plus positive que la baisse des charges sociales.

  14. Gouvernance, le management totalitaire : http://alireailleurs.tumblr.com/post/95982951996/gouvernance-le-management-totalitaire

    Le cœur de la démonstration de Deneault est que la gouvernance, et ses corolaires comme la démocratie participative, enterreraient le contrat social pour proposer une solution de contractualisation plurielle et de délibération perpétuelle. Dans les faits un tel type d’organisation serait tronqué par nature. Si sur le papier, la chose est séduisante, dans les faits, la gouvernance ne vise pas la chose commune mais des choses circonscrites aux intérêts respectifs de quelques uns. On se réunit dans un programme de gouvernance pour servir un intérêt identifié et édicter les normes capables d’atteindre un objectif visé. Toute voix contraire, empêchant d’atteindre cet objectif, ne pratique pas « la bonne » gouvernance et s’exclue donc d’elle même. Ceux restants autour de la table de la gouvernance, étant les experts en toute chose, ne travaillent pas à avoir raison, puisqu’ils sont dépositaires de la raison. Raison leur permettant de poser des règles de gouvernance et d’élaborer les normes appuyant leur propre raison, raison appuyée sur une somme d’intérêts fédérés et non communs. Ainsi le premier problème de fond de la gouvernance est que : « C’est toujours d’emblée en fonction de structures arrêtées de pouvoir qu’on définit ce que dialoguer veut dire ». Le pouvoir étant généralement du côté de l’optimisation économique, toute partie prenante préfèrera participer à un consensus que de risquer d’être simplement exclue.

    • Eh bien il ne s'agit pas que de comprendre la monnaie mais ce qu'est un consensus. Par exemple, des souverainistes comme Lordon ou Sapir préconisent une monnaie commune, sauf qu'une monnaie commune implique un accord concernant ses règles de gestion et de révision de ses parités internes, ce qui nécessite un accord des pays parties prenantes. Ce qui est au moins aussi délicat à établir que de réviser les statuts de la BCE.

      Sinon, la monnaie n'est qu'un signal régulateur avec effet de contre réaction. Ce sont les déterminations des temporalités cycliques de son amplitude et les canaux de sa transmission qui permettent de l'utiliser au mieux.

    • La baisse du QI est minime et ne tient pas compte du numérique qui modifie les compétences en externalisant certaines mais surtout, comme je le redis dans la revue des sciences, ce n'est pas parce qu'on a un QI supérieur aux autres animaux qu'on ne serait pas très con.

      Il faut quand même être sacrément crédule pour croire ceux qui prétendent 1) qu'ils vont nous révéler le secret caché de la monnaie depuis les origines du monde 2) qu'avec eux il n'y aurait plus de problème créant des richesses à foison à partir de rien (comme dit Frédéric Bosqué : la monnaie, ça ne se mange pas) !

      • Est ce que c'est idiot de penser qu'en fait on peut (et donc que certains font ) faire n'importe quoi avec la monnaie , et que comme pour tout le reste , le principe de réalité est payé d'une part par les autres (ceux qui ne font pas n'importe quoi ) d'autre part en différé , cette fois ci par tout le monde ; c'est comme pour l'écologie ; je sais pas pourquoi je pense beaucoup aux USA dans les deux cas .

        • Il y a des manipulations monétaires mais il ne faut pas croire que les USA font "ce qu'ils veulent", à chaque fois ils font ce qu'ils sont obligés de faire et si cela peut être au détriment des autres, c'est juste la conséquence de leur domination réelle (et ce n'est pas toujours défavorable aux autres loin de là, leur création monétaire ayant profité au Brésil notamment mais à toute l'économie en général).

      • Je ne suis pas spécialiste de la chose, loin de là, mais je ne me sens pas crédule pour autant. J'ai du mal à comprendre qqchose Jean, tu sembles considérer le système monétaire actuel comme indépassable, du moins comme acceptable. Il n'y aurait rien à faire car le problème n'est pas là.

        Je veux bien considérer que le problème de notre civilisation ne se concentre pas uniquement sur cet aspect monétaire mais c'est quand même un gros caillou dans la chaussure de tous ceux et toutes celles qui veulent prendre des initiatives comme créer une entreprise (il faut être suffisamment rentable et faire du bénéfice pour rembourser les intérêts) ou acheter une terre pour de l'habitat coopératif ou du maraichage (idem, il faut s'endetter et participer à un système monétaire spéculatif auquel nous sommes liés de part leur monopole de mise à disposition de la monnaie pour des projets).

        Que la monnaie ne se mange pas c'est une chose, mais qu'elle conditionne et empêche la liberté d'entreprise en faveur d'un monde plus serein et plus doux pour les humains et la planète c'est autre chose. Ce n'est pas parce que la monnaie ne se mange pas qu'il ne faudrai pas se préoccuper de la façon dont elle fonctionne. De fait nous l'utilisons tous les jours...

        Je pense aussi aux familles sans aucun patrimoine, qui naissent, génération après génération, sans rien du tout pour démarrer une vie en se posant la question du sens de la vie. Dans ce système où les pauvres s'appauvrissent et les riches s'enrichissent, mécaniquement, ceux et celles qui n'ont rien sont maintenus consciemment dans la dépendance vis à vis du système d'allocations et stigmatisés.

        Une création monétaire qui profiterait à chaque individu en étant émise par le bas et non par le haut, sans augmenter la quantité générale de monnaie dans l'économie (les banques commerciales ne pourraient plus être renflouées par la BCE mais par ailleurs l'argent des individus serait déposés sur les comptes bancaires, assurant une capacité de gestion d'épargne plus grande et surtout moins hasardeuse).

        Ces idées sont-elles réellement fantaisistes ? La difficulté de leur mise en oeuvre suffit-elle à les disqualifier ?

        • Je ne crois pas du tout le système monétaire indépassable mais seulement qu'il dépend du système de production dont il n'est qu'un élément. La "difficulté de la mise en oeuvre", c'est tout simplement la réalité de la production et des rapports de force. Bien sûr personne ne se croit crédule mais d'autant plus intelligent qu'on défend des choses incroyables et trop belles pour être vraies ! Pour y croire, il faut avoir lu quelques bons auteurs et avoir "étudié la question" comme on le croit. Il y en a pour qui ce n'est même pas la monnaie qui suffirait à tout régler mais juste de changer de mots ou de rétablir leur sens...

          Je ne dis pas du tout qu'il ne faut pas se préoccuper de la monnaie puisque je défends des monnaies locales et des structures permettant d'entreprendre quand on est dépourvu du capital mais je prends la question globalement sans que la monnaie soit un instrument magique ne nécessitant pas de changer tout le reste et dont on pourrait faire ce qu'on veut (en créer sans augmenter sa masse!). Que le système dans lequel on vit ne nous convienne pas ne veut pas dire qu'on pourrait s'en défaire facilement, encore moins que ce serait juste à cause de la création monétaire. Une alternative, ici comme ailleurs, ne peut être qu'imposée par une nouvelle situation (nouvelles forces productives).

          Les inégalités sociales et la propriété ne viennent pas du tout de la monnaie lui préexistant dans la préhistoire déjà, y compris l'esclavage pour dettes, et les intérêts sont supposés payés par le gain apporté par l'investissement. Ces théories de la monnaie sont vraiment délirantes, de l'ordre des théories du complot voire de l'antisémitisme (pouvoir des banques, cf. Moishe Postone) dès lors qu'on ne comprend pas les raisons matérielles de la domination du système de production capitaliste, raisons auxquelles on substitue des causes formelles simplistes et purement circonstancielles, en construisant des modèles abstraits n'ayant aucun rapport avec les contraintes effectives et les forces en présence. Qu'on en soit là est un symptôme de notre impuissance qui ne fait que la renforcer.

        • La monnaie c'est purement de l'information, créer de la monnaie c'est produire une information, mais ça ne crée aucune richesse directement, ça fait seulement partie des politiques incitatives, qui passent aussi par la fiscalité, les revenus sociaux...

  15. Imaginons qu'un revenu de base inconditionnel de 400 Euro soit mis en place. Une grande partie de la population n'en a pas besoin. Est-ce que le fléchage de ces revenus vers ceux qui en ont besoin ne pourrait pas se dessiner? Par exemple, vous pourriez solliciter certains de vos lecteurs à vous céder leur revenu de base.
    Il serait possible d'encourager ces cessions pour des projets labellisés (coopératives municipales?).
    D'une certaine façon, le revenu de base inconditionnel se muterait en revenu conditionnel avec une forme d'étayage institutionnel light.

    • Je pense , et en cela je rejoins Jean ? , que rien n'est en soi une solution et qu'il faut raisonner global ; ce qui dans le cas du revenu de base doit faire qu'on intègre ce revenu dans le cadre d'une politique avec des objectifs ; ça ne peut être un fourre tout magique qui va tout résoudre.
      Je serais favorable d'une part à un regroupement des aides sociales pour les plus défavorisés avec donc une simplification administrative importante et une revalorisation suffisante.
      Et d'autre part un autre revenu de base conditionné par la participation de l'intéressé à des politiques publiques ( formations, relocalisation...) Encore faut il que l'état lance des politiques publiques et sorte du fil de l'eau !

      • oui, j'essaie aussi d'imaginer des évolutions qui prennent en compte la dimension de système et je ne suis pas sur une longueur d'onde de solution magique qui résoudrait tout. La question que je me pose, c'est si on injecte un revenu inconditionnel dans le système, est-ce qu'au bout il n'aura pas tendance à générer une conditionnalité par un jeu de transfert?

    • Le Revenu de Base est repris d'une façon ou d'une autre par l'impôt pour ceux qui n'en ont pas besoin, ils ne peuvent donc le redistribuer à d'autres, le seul intérêt de l'opération étant sa simplicité. Le rendre conditionnel, c'est ne plus en faire un revenu de base mais on peut accepter une "inconditionnalité faible" (genre pouvoir ne pas le toucher pour ne pas avoir à le rembourser quand on n'en a pas besoin) et, tant qu'il n'existe pas, on peut essayer de donner un revenu garanti à ceux qui participent à une coopérative municipale (conditionnel) mais ce n'est plus un revenu de base.

  16. Imaginons la structuration d'un parti politique comportant 3 niveaux hiérarchiques, un niveau national, un niveau régional et un niveau local (disons un bassin de vie). Imaginons que ce parti opte pour un mode de gestion très subsidiariste (on ne décide au niveau n+1 que ce qu'on ne peut pas décider au niveau n, sorte de structuration comme une pieuvre mais avec 3 niveaux de cerveaux au lieu de 2). Imaginons que la préoccupation principale de ce parti soit de s'impliquer dans les actions collectives (les campagnes n'étant alors qu'un champ d'action minoritaire). Quelles seraient les périmètres d'action (les compétences) propres à chaque niveau?
    Pour le niveau local, je vois une implication dans les monnaies locales et les structures comme les coopératives municipales. Pour le niveau national, je vois la fonction législative, comme c'est le cas actuellement. Pour le niveau régional, je vois une fonction de collecte et synthèse d'informations provenant du niveau local, et aussi des coordinations et des arbitrages, comme par exemple pour les conflits de monnaies locales qui se chevaucheraient.
    C'est un premier jet rapide comportant de nombreuses lacunes. Avis à ceux que cette démarche intéresserait.

        • Les fonctions sont institutionnellement structurées comme ça, à peu près... ce qui fait contrepoids aux machines électorales de prise de pouvoir. Je ne vois pas ce que ta proposition, pétition de principe, pourrais changer quoique ce soit de l'existant.

          Ce qui est extrêmement humoristique, c'est que les révolutionnaires "réformateurs" s'avancent sur des domaines institutionnels et juridiques comme voie royale de la révolution tactique qu'ils s'imaginent, alors qu'ils en méconnaissent tous les pièges. Comment ne pas sourire d'une telle crédulité ?

    • La dernière mise à jour du 5 septembre d'Ubuntu trusty rend mon netbook presque inutilisable, devant passer par la "recovery" pour marcher un peu mais avec l'écran qui s'éteint !

      J'ai quand même mis à jour la page intervention publique.

      Pour la théorie de Yoland Bresson, je n'ai pas trouvé où j'en ai fait la critique (c'était il y a très longtemps) mais presque tout le monde l'a critiquée, c'est un peu le genre d'idée géniale comme en ont les illuminés qui trollent sur les autres blogs (comme le Ion Adrian plus haut).

      Le fond du problème, c'est de se situer dans une théorie de la justice, forcément arbitraire puisque l'éthique est relative au discours comme le montrent bien Thévenot et Boltanski dans "De la justification". Justement, la justice en économie n'est pas la justice sociale et la valeur n'est pas un choix moral. Ce qui impose matériellement la valeur, c'est sa reproduction matérielle, ce pourquoi la valeur-temps a un sens dans la production mais non pas comme temps de vie (de consommation) mais seulement par le temps qu'il faut pour (re)produire une marchandise, ce qui fait qu'on va acheter le produit le moins cher et pas par des considérations métaphysiques.

      Un revenu de base peut se défendre par un devoir de solidarité sociale mais d'autres dispositifs pourraient mieux y répondre sans doute et ce ne sera pas en tout cas suffisant pour l'imposer. La seule raison qui peut faire adopter ce revenu de base et qu'il se généralise à d'autres, c'est son caractère productif, d'être indispensable à la reproduction des compétences et à la continuité de la production à l'ère du numérique, sinon il restera un objet de débat exotique. Si on n'y est pas forcé, on ne le fera pas, tout comme pour le climat ou l'écologie...

  17. J'ai toujours été hostile au revenu de base qui n'est qu'une illusion ne changeant fondamentalement rien au système d'organisation économique ayant pour seul but le profit et pour contrainte la "satisfaction" des salariés et des consommateurs et se foutant complètement de l'environnement....
    Par contre, connaissez vous le salaire à vie?
    Ca c'est vraiment intéressant http://www.reseau-salariat.info/d1033769d224a54ef639361d312767b4?lang=fr 😉

    • Grille indiciaire de qualification, clé de voûte de ce salariat à vie, comment dire... ? Ça me fait penser à l'URSS, j'imagine une grosse bureaucratie avec des comités d'évaluation bien ronronnants utilisant un jeu de Tarot pour déterminer l'indice de qualification de tout un chacun.

    • Oui, on connaît la petite secte de Friot depuis très longtemps et son utopie de collectivisation par la cotisation qui paraît merveilleuse sur le papier comme toute utopie illusoire mais peu importe ce qu'on préfère, les causalités sont matérielles, pas idéologiques.

      Je défendais pour ma part avec Gorz un revenu garanti suffisant qui n'a aucune chance de voir le jour mais le salaire à vie en a encore beaucoup moins, fantasme franco-français qui pousse à l'absurde la logique des conventions collectives qui étaient bien adaptées à la production industrielle de l'après-guerre mais pas du tout à l'économie post-industrielle actuelle, pas la peine de s'appesantir sur sa critique groupusculaire.

      Il n'est pas certain qu'un revenu de base insuffisant s'impose mais c'est quand même plus probable, participant d'un mouvement mondial et motivé par les évolutions de la production. Si vous aviez lu mon texte vous sauriez qu'effectivement, il ne peut être qu'un élément d'un ensemble pour constituer un nouveau système de production basé non sur le salariat (qui est l'envers du capitalisme) mais sur le travail autonome et la relocalisation de l'économie, participant à l'adaptation des rapports de production aux nouvelles forces productives auxquelles le salariat se révèle complètement inadapté.

      Bien sûr, rien n'est gagné, le plus probable étant que la précarité continue à s'étendre, les forces progressistes étant plus faibles et divisées que jamais alors que l'extrême-droite triomphe...

      • merci pour la réponse. J'ai lu votre texte, j'y ai aussi lu que vous considérez le revenu de base comme insuffisant, en cela nous sommes en accord.

        Pour ce qui est de votre objection, je ne vois pas en quoi le travail autonome pourrait poser problème ou justifier une adaptation quelconque du salaire à vie...

        Merci, au passage de me reconnaître comme utopiste, je reçois ce qualificatif avec grand plaisir lorsque je vois ce dont sont capables "les sérieux" pour sortir du capitalisme 😉

        • La plupart des gens préfèrent effectivement se réfugier dans l'illusion. Je ne peux pas dire que j'ai fait exception mais au bout d'un certain temps que cela ne mène à rien, on préfère s'attacher aux possibilités réelles, certes sujettes à discussion mais ce n'est certainement pas en étant maximaliste qu'on sert à quelque chose. De toutes façons la situation est dramatique, il n'y a rien de bon à attendre des prochaines années, plutôt le pire...

  18. The primary economic function of a basic income in the near term would not be to replace work, but to increase the bargaining power of low income workers as a class. A basic income is the neoliberal alternative to unionization — inferior in some respects (workers remain atomized), superior in others (individuals have more control over the terms that they negotiate) — but much more feasible going forward, in my opinion.

    http://www.interfluidity.com/v2/5589.html

    • Effectivement, le revenu de base n'est pas si utopique qu'on le prétend, sauf sous une forme complètement universelle ou bien sûr avec un montant "suffisant". Je ne sais pas trop ce que veut dire qu'il serait une mesure "néolibérale" (parce qu'il baisse le salaire minimum ?) mais il correspond certainement à la situation actuelle de concurrence avec les pays les plus peuplés à coût du travail faible et protections sociales minimales.

      On n'a pas remarqué que les dernières mesures réclamées par le Medef incluaient un revenu de base (ou un impôt négatif revalorisé) puisque proposant que la baisse du smic soit compensée par des allocations. L'idée pénètre plus les esprits qu'on ne croit, notamment des dirigeants, pas besoin pour cela d'un mouvement social.

      Il me semble probable qu'on finisse par s'engager dans cette voie qui n'a rien de progressiste en soi, comme je le souligne dans l'article, mais qui pourrait quand même faire baisser le chômage. Il n'est pas sûr qu'une telle mesure puisse bénéficier au travail autonome (si le complément n'est accordé qu'à un salaire inférieur au smic), la revendication devant être alors de ne pas le réserver aux salariés (ce qui est déjà le cas de l'impôt négatif), permettant d'exploiter cette subvention pour des activités qui ne seraient pas viables sinon, en faire, peut-être, un outil de transformation sociale qu'il n'est pas du tout dans l'esprit des patrons. Pour l'instant on joue plutôt sur la défensive.

  19. "Je ne sais pas trop ce que veut dire qu'il serait une mesure "néolibérale" "

    Dans le sens qu'elle redonne à celui qui cherche un travail un pouvoir de négociation à l'embauche, il est moins acculé à devoir accepter un travail dont certaines conditions ne lui conviennent pas.

    Sinon, Rifkin fait une extrapolation assez échevelée de l'évolution du coût marginal, intéressant de le voir pousser si loin le concept :

    http://www.telerama.fr/idees/jeremy-rifkin-ce-qui-a-permis-le-succes-inoui-du-capitalisme-va-se-retourner-contre-lui,117006.php

    • Il y a un souhait de plus d'autonomie dans une société française ou soit on rêve d'être fonctionnaire, soit d'un CDI dans une CAC 40, dans le cadre d'un management assez autoritaire, avec l'emprise cooptative des grandes écoles brahmaniques françaises et d'une administration de plus en plus brazilienne, les chercheurs du public peuvent en témoigner aussi. Il s'agit donc du symptôme d'un malaise qui fait rêver à l'autonomie, mais le rêve ne change pas les causes du malaise, au plus il les soulage temporairement. La plupart des boites qui se créent se plantent au bout de 2 ans en France, pire que des start up techno qui tiennent 5 ans malgré les risques technos.

      L'autonomie et l'entreprise c'est bien, mais si c'est pour avoir une durée de vie proche de celle du grenadier voltigeur comme en 14...

      • Tous ces sermons font furieusement penser aux stratégies du Général Nivelle envoyant à la boucherie les poilus avec une somme conséquente d'incitations symboliques de signal. Désolé, mais je connais un peu comment ça se passe en France, j'ai vu aussi comment mon père a créé des emplois bien rémunérés et s'est fait étrillé par l'Ursaff et les tribunaux de commerce limite mafieux des notables locaux.

  20. "Ce qu'il faut dire, c'est ce qui manque, l'expression du négatif et la fragilité de nos raisons mais pour construire,"

    http://jeanzin.fr/2006/04/26/qu-est-ce-que-la-philosophie/#comment-326

    Ce qu'il pourrait se dire c'est aussi ce qui est de trop. L'expression du positif, la fragilité de nos "forces" présentées." ainsi dans une affirmation in fine autodéréalisatrice.

    Nos manques sont probablement l'expression de nos forces, et symétriquement dans une topologie systémique à l'orée du bois de la dérision.

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