Newsletter 09/06

Temps de lecture : 49 minutes

Leonard de VinciRevue des sciences du mois de septembre 2006

  • L'auto-organisation au pays des criquets
  • Langage et organisation de l'action
  • Les exoplanètes
  • Un ARN qui sait corriger ses erreurs
  • Les limites de la préservation de la biodiversité
  • L'argent ne fait pas le bonheur
  • La population en 2025
  • Le Sahara et les changements climatiques
  • Faire pleuvoir à la demande !
  • Le travail du génie
  • Un gène-clé dans l'évolution du cerveau humain
  • Liaisons longue distance dans le cerveau
  • La molécule qui garde la mémoire à long terme
  • Lien entre allergies et Parkinson
  • Vers un traitement éclair de la dépression ?
  • Les dangers du café contaminé
  • Forcer au suicide les cellules cancéreuses
  • Cancer de la prostate et masturbation !
  • Une peau toujours jeune ?
  • Le sexe des organes !
  • Recherche de violations de la relativité
  • Médailles Fields (Werner, Perelman)
  • Menace d'éruption d'un supervolcan près de Naples !

SupervolcanoIl y a presque toujours des surprises dans les nouvelles des sciences, des bonnes comme des mauvaises. Les mauvaises sont inquiétantes puisqu'à part le risque confirmé de krach immobilier et de récession mondiale, il y a le réveil d'un "supervolcan", potentiellement bien plus destructeur que le Vésuve voisin puisqu'il pourrait déclencher une catastrophe planétaire et climatique, avec l'Europe en première ligne. On n'en est pas là, mais on peut dire tout de même qu'on danse sur un volcan ! De quoi nous rappeler la fragilité de notre existence au milieu de forces cosmiques qui nous dépassent et peuvent nous balayer en un souffle.

Les bonnes nouvelles ne sont pas négligeables pour autant. On peut y ranger la confirmation que "l'argent ne fait pas le bonheur", même si ce n'est pas vraiment une nouvelle, en tout cas on aurait bien raison de s'inspirer des Danois qui seraient le peuple le plus heureux de la Terre ! La découverte d'une "faille" dans le virus de la grippe aviaire est une très bonne nouvelle, à condition que cela puisse aboutir à des traitements avant l'épidémie proprement dite qui pourrait sinon avoir lieu dès cet hiver ! D'autres découvertes sont très prometteuses mais à confirmer (or, on sait que les promesses...) : c'est la découverte d'un traitement pour réactiver le suicide cellulaire dans les cellules cancéreuses qui y échappent, pouvant amener à une véritable guérison de certains cancers, ainsi qu'une méthode pour, au contraire, prolonger la division cellulaire malgré l'âge et qui pourrait permettre par exemple de garder une peau toujours jeune !

Sinon, le cerveau occupe de plus en plus de place dans une recherche dont on se rend compte à quel point elle ne fait que commencer et qu'il faudra beaucoup de temps pour en démêler toute la complexité. On peut d'ailleurs trouver la tonalité du mois assez morale, entre vertus du travail et vices de la richesse !

Enfin un nouveau projet pour "faire pleuvoir à la demande", que voudraient expérimenter les Israéliens, nous rappelle que le monothéisme de la Bible s'oppose aux religions païennes en revendiquant une désacralisation totale de la Nature, entièrement au service de l'homme et ouverte sans aucun complexe à toute démesure...


La Recherche no 400, 400 ans de science


La Recherche - L'auto-organisation au pays des criquets p16

L'auto-organisation existe, c'est un fait, en particulier chez les insectes sociaux mais aussi dans tout effet de masse ou de foule, de synchronisation, d'imitation, d'appartenance, enfin de communication d'une information commune qui traverse une communauté de proche en proche et oriente l'action de chacun. La découverte des phénomènes d'auto-organisation a été d'importance mais découvrir le fait n'implique absolument pas de l'ériger en valeur, dans la confusion entre être et devoir être, simple justification de l'ordre existant comme si on vivait dans le meilleur des mondes possibles ! La confusion entre valeur et fait n'est pas nouvelle, ni la tentation d'ériger en "paradigme" plus ou moins impérialiste toute nouvelle science, mais c'est bien cette idéologie de l'auto-organisation qu'il faut remettre en cause car on constate plutôt le caractère catastrophique des phénomènes de groupe "auto-organisés" que ce soient les mouvements de foule, les bulles spéculatives ou les nuages de criquets, dont la caractéristique est que personne ne les a voulu ! "Les relations qu'ils entretiennent entre eux sont, en fait, une subordination à des rapports qui existent indépendamment d'eux et surgissent du choc entre les individus indifférents les uns aux autres" (Marx, Grundisse I). Ces effets de masse sont si frustres qu'ils existent rarement à l'état naturel sans des correctifs puissants, sans une organisation complexe se substituant à la tendance "auto-organisatrice" pour y introduire une ligne directrice. Il y a loin des cellules osmotiques de Stéphane Leduc à la vie organique la plus simple qui est déjà tellement plus compliquée qu'un arrangement à l'aveuglette qu'il lui faut un code génétique très élaboré pour résister à l'entropie et à la mort. Il n'y a pas de vie qui ne soit organisée, pas d'organisation sans règles, sans régulation, sans mémoire collective et l'on sait que l'absence de "corps intermédiaires" caractérise les régimes totalitaires tout comme les sociétés de fourmis. Ainsi, il ne faut pas confondre auto-gestion et auto-organisation que tout oppose, comme l'Etat au marché et l'actif au passif. D'ailleurs, les entreprises sont toujours des organisations hiérarchiques même si on y ménage des zones d'autonomie, il n'y a pas d'entreprise auto-organisée, de même qu'il n'y a pas de liberté individuelle sans son organisation collective décidée ! Il ne s'agit donc pas de nier l'auto-organisation mais de s'en méfier au contraire, et de la canaliser au moins, de la borner. Ce qu'il faut valoriser c'est l'autonomie individuelle qui est une construction sociale.

Ce n'était qu'une digression personnelle avant d'aborder l'article proprement dit, qui concerne les criquets. Ceci dit, les criquets lorsqu'ils deviennent grégaires, se comportent effectivement comme un foule homogène, auto-organisée et sans beaucoup d'intelligence collective (l'auto-organisation ne semble efficace que lorsqu'il y a consensus, évidence, sans conflits ni véritable choix) ! Les criquets vivent d'ordinaire de façon indépendante mais à partir d'une certaine densité de population se transforment, y compris dans leurs caractéristiques physiques, en criquets grégaires qui perdent leur individualité comme les individus réunis en bandes, devenus aussi bêtes que des moutons de Panurge et aussi facilement manipulables que de misérables cafards.

L'expérimentation le confirme : les insectes sociaux n'adoptent un mouvement collectif ordonné qu'à la seule condition que leurs effectifs soient suffisants.

La théorie l'explique très bien. Pour constituer une troupe, les criquets, les fourmis, ou encore les poissons doivent chacun s'aligner et ajuster leur direction en fonction de celle du voisin.

Au-delà de 75 criquets par mètre carré, le déplacement de chaque groupe s'homogénéise, et l'ensemble adopte un mouvement monodirectionnel. Or, c'est précisément ce que prédisaient les modèles théoriques; "Ce qui laisse penser que d'autres prédictions sur les mouvements de groupes d'animaux puissent être valides (...) L'une d'elles dit notamment qu'un groupuscule de quelques individus bien informés suffit à entraîner toute une communauté lorsqu'il existe une conflit dans la direction à adopter".

- Langage et organisation de l'action p20

langage de signes Nos actions se décomposent en fonctions élémentaires agencées hiérarchiquement. Ainsi pour aller quelque part il faut marcher jusqu'au but et la meilleure façon de marcher, c'est de mettre un pied devant l'autre et de recommencer... Cette organisation de l'action, semblable à une programmation, serait non seulement identique à l'organisation du langage, sa double articulation, sa grammaire et l'emboîtement hiérarchique entre lettres, mots, phrases, texte, oeuvre, mais ce seraient les "mêmes structures cérébrales qui contrôlent l'organisation hiérarchique de nos comportements moteurs", "l'aire de Broca, une zone du cortex préfrontal gauche connue pour contrôler les aspects hiérarchiques du langage", sauf que le contrôle de l'action implique aussi l'aire homologue du cerveau droit, ce qui n'est pas le cas du langage, manifestant son détachement du corps, détachement du mot et de l'émotion.

Les régions prémotrices, situées à l'arrière des cortex préfrontaux, s'activent au début et à la fin de chaque acte élémentaire (presser un bouton) ; les régions médianes n'interviennent qu'au début ou à la fin des séquences d'actes élémentaires, enfin les zones antérieures des aires explorées ne s'activent que lorsqu'il faut commencer ou finir une combinaison de niveau hiérarchique supérieur. En outre, le temps de réponse s'allonge avec le niveau hiérarchique de la tâche à accomplir.

L'article suivant insiste sur notre "rationalité limitée" qui ne se traduit pas facilement en calculs probabilistes, bien incapable de fournir une théorie unifiée alternative qui devrait prendre en compte nos capacités de traitement, le poids de l'incertitude, le rôle indispensable des émotions, et, au fond toute la société et l'histoire humaine qui lui donne sens... L'alternative à cet homo oeconomicus utilitariste, c'est l'anthropologie, la littérature, l'amour, l'honneur, les religions, le sacrifice, le devoir, la responsabilité de l'avenir et l'ordre du discours.

- Les cellules osmotiques de Stéphane Leduc, p90

cellule osmotique Un bel article nous montre les "jardins chimiques", curieuses formes d'allures végétales, "cellules osmotiques" qui semblaient capables de croître et se reproduire et que Stéphane Leduc obtenait de simples réactions chimiques, décrites dans son livre "Théorie physico-chimique de la vie et génération spontanée" de 1910, croyant ainsi avoir créé une vie artificielle alors qu'il ne faisait guère plus que des bulles ! On était bien loin de compte (on y est toujours), reste l'exubérance des formes.

Il n'y a, je crois, aucun spectacle plus extraordinaire et plus éclairant que celui d'une croissance osmotique.


Pour la Science no 347, Exoplanètes


Pour la Science

- Exoplanètes

Sommes-nous seuls dans l'Univers ? Peut-être, mais plus les années passent, moins cela paraît vraisemblable. Il y a à peine une vingtaine d'années, nombreux étaient ceux qui doutaient de l'existence de planètes en orbite autour d'autres étoiles que la nôtre, le Soleil. Or depuis 1995 et jusqu'à ce jour, les astronomes en ont découvert plus de 180 ! De plus, les observations ont révélé il y a moins d'un an une première exoplanète tellurique, c'est-à-dire une planète extrasolaire rocheuse, donc de même catégorie que la Terre. Et la moisson est loin d'être terminée.

Il semble donc que la revue prenne le contrepied de mon article Seuls sur la Terre? mais, à la lecture on se rend compte que ce n'est pas vraiment le cas, car les planètes découvertes sont surtout des géantes gazeuses (les plus faciles à détecter pour l'instant), l'étonnement étant qu'elles se trouvent plus près de leur étoile qu'on ne pouvait le supposer. Qu'il existe de très nombreuses planètes comparables à la Terre et qu'on devrait découvrir bientôt, personne n'en doute mais avec un environnement aussi favorable que la Terre pendant les milliards d'années nécessaires à l'évolution de la vie vers la complexité, c'est déjà beaucoup moins probable... (pas impossible du tout pour autant bien sûr!). En tout cas, on est encore en pleine spéculation car si "on espère avec DARWIN détecter des premières signatures de vie sur des analogues de la Terre", on n'en est pas encore là, la seule planète tellurique (solide) découverte pour l'instant ne devrait pas avoir une température supérieure à -220°, ce qui est bien peu propice à la vie...

- Un ARN qui sait corriger ses erreurs de reproduction p28

transcription La correction d'erreur est le principe de l'information, de la reproduction et donc de la vie, c'est ce qui permet de s'opposer à l'entropie naturelle. Le numérique aussi permet des copies exactes, sans perte (contrairement à la copie analogique), ce que seule la correction d'erreur rend possible.

Nikolay Zenkin, de l'Université Rutgers, a montré que l'ARN polymérase dont la fonction est de transcrire l'information génétique de l'ADN "participe à sa propre correction quand une erreur s'est glissée dans la copie", en revenant sur ses pas. "Ce retour résulterait d'une déformation (qui reste à déterminer) de la molécule lorsque le nucléotide incorporé est incorrect" (n'est pas le complémentaire de l'ADN).

Ces résultats, qui montrent que l'ARN participe à sa propre correction, sont un argument de plus pour les tenants du 'monde à ARN' pour qui le premier acide nucléique sur la Terre fut l'ARN (sans ADN).

- Les limites de la préservation de la biodiversité p8

panda En perturbant les milieux naturels, l'homme provoque une érosion certaine de la biodiversité. Comme le souligne le biologiste Hervé Le Guyader, il nous faut bien connaître et comprendre la biodiversité pour évaluer l'ampleur de la menace et agir de façon appropriée.

L'érosion actuelle de la biodiversité n'est un secret pour personne, et l'on peut donner quelques chiffres qui mesurent sa gravité. La liste officielle des espèces animales et végétales menacées compte aujourd?hui 40 177 espèces ; parmi elles, 784 sont officiellement éteintes et 64 ne survivent que dans des zoos ou des jardins botaniques. Cela peut sembler dérisoire par rapport au total de l?ordre de 1,8 million d?espèces connues (y compris les bactéries et les organismes unicellulaires), mais d?autres chiffres montrent que la situation est très préoccupante. Environ 12 pour cent des quelque 10 000 espèces d?oiseaux sont en voie d?extinction ; le chiffre est d?environ 24 pour cent pour les mammifères, 30 pour cent pour les poissons. Un élément encore plus important est la vitesse d?extinction des espèces. D?après le World Conservation Monitoring Center du programme des Nations unies pour l?environnement, le rythme actuel d?extinction est 260 fois plus élevé que le taux naturel d?extinction, évalué d?après les données paléontologiques. On estime que la durée moyenne de vie des espèces actuelles est de l?ordre de 10 000 ans, soit 100 à 1 000 fois inférieure à celle des espèces décrites par les paléontologues. Si ce rythme d?extinction persiste, les conséquences en seraient catastrophiques. Par exemple, en supposant un taux moyen d?extinction de 40 espèces animales par jour, 96 pour cent des espèces animales auront disparu dans 16 000 ans. Il reste qu?à l?échelle géologique, l?érosion de la biodiversité a démarré il y a très peu de temps : la situation n?est donc pas désespérée.

A noter tout de même que, par rapport aux crises du Crétacé-Tertiaire et surtout celle du Permien qui a vu la disparition de 90% des espèces animales, "la crise actuelle n'est en rien comparable aux extinctions massives décrites par les paléontologues, bien que les changements actuels se produisent à une échelle extrêmement rapide comparée à l'échelle des temps géologiques". De plus, la plus grande partie de la diversité du vivant est constituée par des animaux petits et invertébrés, mais pour sauvegarder les grands mammifères par exemple il faut sauvegarder la totalité de leur environnement.

- L'argent ne fait pas le bonheur p20 Carte du bonheur

Des enquêtes confirment ce que d'autres études avaient établi, les plus riches ne semblent pas tellement plus heureux, et les Français sont seulement 62e sur cette échelle du bonheur !

"L?argent ne fait pas le bonheur". Qui croit encore aujourd?hui à ce dicton ? Chacun admettra que l?on est probablement plus heureux quand on est plus aisé. Mais Daniel Kahneman de l?Université de Princeton et ses collègues ont montré que ce n?est qu?une illusion : une augmentation de salaire ne correspond pas à plus de bonheur. Ils ont notamment demandé à plus de 1 100 Américains vivant au-dessus du seuil de pauvreté : "Êtes-vous très heureux, plutôt heureux ou pas très heureux ces jours-ci ?" Les résultats ont été sans appel !

Ne sont "pas très heureux" :
- 13% de ceux qui ont un revenu familial compris entre 15 000 et 45 000 euros par an
- 7,7% de ceux gagnant entre 45 000 et 80 000 euros
- 5,3% de ceux gagnant plus encore

"Plutôt heureux" :
- 56,8%
- 50,3%
- 51,8%

"Très heureux" :
- 30,2 % des personnes de la fourchette 15 000-45 000
- 41,9 % des 45 000-80 000
- 42,9 % des plus riches.

Quel que soit le salaire, la proportion de personnes plus ou moins heureuses est donc à peu près la même.

Pourquoi plus d?argent ne rend-il pas plus heureux ? Les personnes qui ont le plus de revenus consacrent moins de temps aux loisirs, travaillent plus et sont davantage stressés. En outre, chaque personne s?adapte au niveau de vie qu?elle a acquis, et la consommation de biens a peu d?effet à long terme sur le bonheur général.

Mais cela n?est valable qu?au-delà d?un certain niveau de vie. Ainsi, pour la partie de la population qui vit au-dessous du seuil de pauvreté, D. Kahneman et ses collègues ont trouvé que seulement 22,2% sont "très heureux", tandis que 17,2% ne sont "pas très heureux".

Ces résultats sont à rapprocher de ceux d?une synthèse réalisée par Adrian White, de l?Université de Leicester en Grande-Bretagne. Ce psychosociologue a analysé les données provenant de plus d?une centaine d?études effectuées par divers organismes et englobant 80 000 personnes interrogées dans le monde. Il a ainsi dressé une carte mondiale du bonheur, les 178 différents pays considérés étant classés selon leur niveau de bonheur subjectif moyen (voir la carte). Le Danemark est le pays le plus "heureux", le Burundi le plus "malheureux". Dans les dix premiers pays, on trouve les pays scandinaves, hormis la Norvège qui est au 19e rang, mais aussi la Suisse, l?Autriche, les Bahamas, le Bhoutan et le Brunei. Les États-Unis sont au 23e rang, l?Allemagne au 35e, la Grande-Bretagne au 41e. La France n?est qu?en 62e position.

Les analyses d?A. White montrent que le bonheur subjectif à l?échelle d?un pays est fortement corrélé avec la santé, ainsi qu?avec le niveau de vie et l?éducation. En revanche, l?existence d?un fort sentiment d?identité collective ne semble pas déterminante, comme l?illustrent la Chine (82e rang), le Japon (90e rang) ou l?Inde (125e rang). On remarque aussi que de nombreux pays à forte population ont de piètres performances en matière de bonheur (la Russie est ainsi au 167e rang). Bref, cette étude fait un classement, mais ne permet pas de préciser ce qui fait le bonheur d?un individu ou d?une communauté d?individus?

Certes, l'argent ne rend pas plus malheureux (quoiqu'il y ait beaucoup de dépressions dans les classes supérieures), mais même si l'Amérique du Nord et l'Australie ne sont pas si mal placés, l'exemple du Danemark (ou du Kérala) montre bien que le sentiment de bonheur est fortement corrélé à un faible niveau d'inégalités et une forte solidarité sociale, ce qu'on retrouve plutôt dans les petits pays. Pour la France il faudrait expliquer aussi sa morosité sans doute exagérée par le sentiment de dégradation par rapport à une situation antérieure plus solidaire et par l'écart des idéaux affichés dans de beaux discours avec une réalité qui empire. D'autres études ont montré que l'accentuation des inégalités augmentait le stress des plus riches aussi et détériorait leur qualité de vie ainsi que leur santé. Il n'y a donc pas opposition entre un égoïsme intelligent et la solidarité sociale alors qu'un individualisme agressif pourrit la vie de tout le monde et que trop d'inégalités détruit la société. Il faut savoir garder la mesure et une certaine décroissance alliée à un peu plus de solidarité serait bien bénéfique à tous malgré ce que craignent les libéraux et les accrocs à la consommation (qui sont très minoritaires contrairement à ce qu'on croit) !


- La population en 2025

2025

Dans une vingtaine d?années, la Terre comptera de 7,5 à 8,3 milliards d?humains, et les démographes précisent la répartition de la future population mondiale (cliquer sur le lien ci-dessus pour la carte et des précisions). L'Europe de l'Est devrait se dépeupler alors que la population devrait augmenter dans les pays pauvres, sauf en Afrique subsaharienne et en Amérique centrale.

- Evolution et répartition de la pauvreté

Evolution (interactive) du développement humain (rapport 2005) ou plutôt de la baisse de la pauvreté mesurée en dollars de 38% en 1970 (1,4 Milliards sur 3,7) à 26% en 1990 (1,4 Milliards sur 5,3) et à 19% en 2000 (1,2 Milliards sur 6,1). Idéal pour une réunion publique sur la pauvreté mais on ne peut accélérer la lecture, il faut donc prendre le temps de suivre les animations et l'éclatement statistique, très bien fait.

- Signes de récession aux États-Unis et risque de ralentissement économique mondial

La crise semble commencée, mais qui sait combien de temps cela prendra pour que la bulle immobilière éclate vraiment et que le déficit américain fasse s'effondrer le Dollar, ouvrant une nouvelle ère d'inflation et d'instabilité monétaire ?


- Le Sahara et les changements climatiques p 68 Sahara

Depuis 10 000 ans, le Sahara fut au moins à deux reprises une savane foisonnante de vie. Les investigations, guidées par satellite, révèlent les variations du climat et comment les hommes s?y sont adaptés.

Les sédiments remués contiennent quantité de minuscules coquilles d?escargot, ainsi que de racines pétrifiées d?arbres et de buissons chassés depuis longtemps par la sécheresse, qui a commencé à toucher la région il y a quelque 5 000 ans. Autour, des détritus trahissent une occupation humaine très ancienne : foyers, outils abandonnés (des petits cailloux grossièrement taillés jusqu?aux pointes de flèche finement ouvragées), ou encore monticules marquant la dernière demeure des Sahariens de la Préhistoire.

Pourquoi ces objets sont-ils si nombreux en ce lieu aride et désolé ? Parce que vous êtes au fond d?un lac, un ancien lac comme le Nord de l?Afrique en comptait beaucoup il y a quelques milliers d?années. Le plus emblématique, le méga-lac Tchad, dont l?existence a été récemment prouvée, notamment par l?équipe de Mathieu Schuster, de l?Université de Brest, couvrait 350 000 kilomètres carrés, une surface presque égale à celle de la mer Caspienne ! Aujourd?hui, il est réduit à la portion congrue.

Le Sahara n'a donc pas toujours été un désert : il a connu une succession de climats arides et humides, chauds et froids (transcription approximative) :

  • -20.000 : le Sahara est un désert aride,
  • -12.000 : la limite sud-est actuelle remonte à hauteur du tropique du Cancer,
  • -11.000 : c'est la limite sud-ouest qui remonte, la surface désertique est alors moitié moindre que l'actuelle,
  • -9.500 : le radoucissement du climat continue; le Sahara est couvert de steppe et de savane,
  • -6.000 : bien que le réchauffement s'amorce de -7.000 à -5.000, le Sahara est encore humide,
  • -5.000 : nouvelle phase très humide
  • -3.000 : le désert acquiert son climat aride actuel achevé en -500 av JC.

Dans ces temps anciens, le Sahara offrait des espaces de verdure propices à l'élevage. On y a retrouvé des sites néolithiques remontant à 9.000 ans avant notre ère. Les régions du Sud libyen, Fezzan et Akakus, furent ensuite occupées par le peuple des Garamantes (dont Hérodote parle dans ses Enquêtes) qui développèrent une brillante civilisation agricole, avant que la désertification ne les fasse disparaître vers 500 ans avant notre ère.

Je remarque que les phases humides correspondent aux périodes de réchauffement climatique associées à une augmentation des précipitations (déluges). Il ne serait donc pas impossible que le Sahara reverdisse à l'avenir...


- Réchauffement climatique

méthane Le Méthane a sans doute été le principal responsable de réchauffements catastrophiques par augmentation de l'effet de serre dans le passé. Il se pourrait qu'il ait un rôle plus grand qu'on ne croit actuellement. Une partie pourrait être reliée aux mouvements des plaques terrestres qui libèrent le méthane marin. Jérôme Chappellaz défendait une thèse contraire, le débat n'est pas clos...

Une autre étude souligne le rôle des émissions de mercure des feux de forêts dans les changements climatiques.

Certains n'hésitent pas à vouloir prédire le climat des deux siècles à venir !, ce qui est bien téméraire pour des modèles climatiques incapables de prédire le temps qu'il fera dans 7 jours, qui se trompent si souvent et qui ne savent pas prendre en compte l'évaporation et la formation des nuages dans leurs modèles !!!

Enfin, on peut suivre en direct la déforestation en Amazonie vue de l'espace ! Ce n'est pas l'information qui manque.

- The Geshem Project: faire pleuvoir à la demande !

Geshem Project

Une équipe de recherche israélienne de l'université Ben Gourion dans le Néguev, qui fait partie d'une équipe composée d'américains et de belges, espère transformer le mythe du contrôle du temps et des intempéries en réalité. Ce projet se nomme "the Geshem Project" ("Geshem" qui signifie "pluie" en hébreu).

La technique (un peu simplifiée) consiste à étaler une grande surface noire qui absorbe l'énergie solaire sur plusieurs kilomètres carrés. Cette énergie ainsi absorbée est ensuite réémise dans l'air afin d'augmenter la température de l'atmosphère. Cet air chaud entraîne alors une condensation d'eau suffisante pour former des nuages et produire des pluies à la demande !

Etendre ce dispositif sur 9 kilomètres carrés devrait apporter de la pluie sur une région qui s'étendrait de 40 à 100 kilomètres carrés. Les estimations sont surprenantes: une région avec 150 mm de précipitation par an pourrait atteindre jusqu'à 700 mm par an. De même, un scientifique de l'université Ben Gourion estime que cette technique pourrait augmenter de 40% le rendement d'une culture. Le prix de l'installation est de 80 millions d'euros (prix d'une usine de dessalement). Néanmoins, elle fonctionne à l'énergie solaire qui, elle, est gratuite. Un projet de simulation réelle est prévu très prochainement dans le désert du Néguev en Israël.

Le schéma ci-dessus en hébreu est un peu mystérieux mais c'est la seule illustration que j'ai trouvée. En tout cas, on peut s'attendre à ce qu'il y ait loin des prétentions à la réalité, et que l'action de l'homme sur le climat ne soit source de conflits plutôt que de régler ainsi le problème de la faim...


cerveau - Le travail du génie p84

On le dit souvent mais personne ne le croit : "le talent n'est rien, le travail est tout". Les estimations diffèrent, entre Einstein qui aurait dit que "le succès c'est 10% de génie et 90% de sueur" ou Thomas Edison pour qui c'est "1% d'inspiration et 99% de transpiration". La part innée de la Nature n'est sans doute pas négligeable mais, l'acquis est plus déterminant encore, car Pascal avait bien raison : "l'habitude est une seconde nature" (Pascal). En tout cas, l'étude de différents experts, en particulier des grands maîtres du jeu d'échecs, prouve que "rien ne vaut l'entraînement", ce qui expliquerait aussi la progression des compétences et de l'intelligence tout au long de l'histoire...

H. Simon a élaboré une loi psychologique - la règle des dix ans -, selon laquelle il faut environ une décennie de travail intensif pour devenir expert en quelque domaine que ce soit. Même des enfants prodiges comme Gauss en mathématiques, Mozart en musique ou Bobby Fischer aux échecs, ont dû fournir un effort équivalent, peut-être en commençant plus tôt et en travaillant plus dur que les autres.

Ce ne serait pas l'expérience en tant que telle qui importerait, mais l'entraînement, "apprentissage laborieux", qui suppose d'affronter sans cesse des défis situés un peu plus au-delà de ses compétences.

Une fois qu'ils ont atteint un niveau acceptable, la plupart des gens cessent de faire des efforts. Leur exécution devient automatique, et les progrès s'arrêtent. Au contraire, les spécialistes restent sans cesse en alerte, inspectent, critiquent et augmentent leur savoir, se rapprochant de celui des experts en leur domaine. progressivement, le niveau des performances progresse de génération en génération.

Ainsi, dans le développement de l'expertise, la motivation semble jouer un rôle bien plus important que la capacité innée (...) De plus, le succès engendre le succès, car chaque réussite renforce la motivation.

Les professeurs de sport, de musique ou d'autres disciplines ont tendance à croire que le talent compte pour beaucoup, et qu'ils le détectent facilement. En fait, ils semblent confondre capacité et précocité.

Une subtile combinaison de motivation, d'amour de son art, de talent inné, d'entraînement intensif et d'un environnement favorable aide le grand maître ou l'expert à se réaliser.


- Découverte d'un gène-clé dans l'évolution du cerveau humain

WASHINGTON (AP) - Des scientifiques américains croient avoir découvert un gène-clé qui pourrait, selon eux, expliquer l'évolution du cerveau humain. Leurs travaux sont publiés jeudi dans le journal Nature.

En quelques millions d'années seulement, une région du génome humain semble avoir évolué près de 70 fois plus vite que le reste de notre code génétique. La taille du cortex cérébral, la partie déterminante du cerveau, a ainsi été multipliée par trois.

Coauteur de l'étude, David Haussler, directeur du centre de science et du génie biomoléculaires de l'Université de Californie, à Santa-Cruz, a déclaré détenir des preuves solides, bien qu'indirectes du rôle joué par le gène HAR1F. D'après lui, l'existence de ce gène pourrait fournir une réponse importante à la question: "Qu'est-ce qui rend les humains plus intelligents que les autres primates?". Le cerveau humain est en effet trois fois plus grand que celui des chimpanzés.

Toutefois, le gène a changé si vite qu'Andrew Clark a du mal à le croire, sauf si un élément inhabituel apparaissait au cours d'une mutation. Il ne s'agit pas d'une évolution normale, a-t-il observé. Selon David Haussler, ce changement serait dû au stress d'un homme qui descend de l'arbre et se met à marcher sur ses deux pieds.

Outre le fait que le gène a beaucoup changé, il y a sa contribution à la formation du cortex cérébral, responsable des fonctions les plus complexes, notamment le langage et le stockage des informations.

Les scientifiques ne connaissent pas précisément les effets du gène. Mais ils savent qu'il se met en marche dans le foetus humain sept semaines après la conception, et qu'il s'éteint à 19 semaines, souligne David Haussler. AP

Ce qui est intéressant, c'est la rapidité d'évolution. On peut penser que ce serait dû à une sélection culturelle plutôt qu'à la pression du milieu, l'importance grandissante de la culture ne permettant pas de se reproduire à ceux qui ne maîtrisent pas le langage, ne "savent pas parler aux filles" !

- Liaisons longue distance dans le cerveau

Une étude de l?Université de Newcastle et de l?Université Internationale de Bremen (Allemagne) remet en question la théorie dominante selon laquelle le système nerveux est principalement composé de très courtes connexions de fibres nerveuses entre cellules nerveuses, ou neurones, afin de fonctionner de manière aussi efficace que possible. En lieu et place de cette conception, l?étude suggère que, pour le fonctionnement général du cerveau, les longues connexions de fibres nerveuses sont aussi importantes que les courtes.

Selon la nouvelle étude, les fibres longues sont importantes car elles peuvent envoyer des messages rapidement sur de longues distances, comparativement à ce qui se passerait si le même message était envoyé, sur la même distance, par la biais de nombreuses fibres courtes. Elle a aussi mis en évidence le fait que de longues fibres sont plus sûres pour la transmission de messages sur de longues distances.

On avait déjà constaté des transmissions à longue portée par les astrocytes. La prise en compte d'autres liaisons longues montre à quel point la localisation des fonctions cérébrales est bien insuffisante pour comprendre le fonctionnement du cerveau qui s'éloigne d'un modèle Bottom-Up au profit d'un système fortement organisé.

- La molécule qui garde la mémoire à long terme

Des scientifiques du centre médical de l'université de New York ont découvert un mécanisme moléculaire qui entretient la mémorisation des souvenirs dans le cerveau. Dans un article paru dans la revue Science, ils démontrent comment, en inhibant l'action d'une molécule particulière, ils ont réussi à effacer des souvenirs à long terme, un peu comme on peut effacer le disque dur d'un ordinateur.

Selon les chercheurs, une molécule d'enzyme appelée "protéine kinase M zêta" entretient la mémorisation à long terme en renforçant constamment les connexions synaptiques entre les neurones. En inhibant cette enzyme, les scientifiques ont pu effacer des souvenirs enregistrés durant un jour, jusqu'à un mois. Ils ont montré que cette fonction de stockage est spécifique à cette enzyme, l'inhibition d'autres molécules associées ne perturbant la mémoire.

Déjà au début de cette année, des scientifiques de la même université avaient annoncé que PKM zêta était liée aux troubles de la maladie d'Alzheimer, peut-être donc due en partie au blocage de sa fonctionnalité de stockage de la mémoire.

rhinite - Lien entre allergies et Parkinson

Une étude montre que les personnes souffrant de rhinites allergiques sont trois fois plus exposées au risque de développer un jour la maladie de Parkinson.

Des chercheurs de la Mayo Clinic de Rochester (Minnesota) viennent d'établir un lien statistique entre la survenue de certaines allergies de type hypersensibilité immédiate (des rhinites allergiques ou rhume des foins) et l'apparition de maladies de Parkinson. Attention, il ne s'agit pas d'un lien de cause à effet, mais les millions d'allergiques aux poils, poussières et spores doivent le savoir : ils ont un risque relatif multiplié par trois de développer plus tard dans leur existence une maladie de Parkinson typique.

Si la cause ultime de la mort des neurones corticaux observée dans la maladie de Parkinson reste encore très mystérieuse, de nombreux travaux expérimentaux et d'observation clinique font penser aux spécialistes que l'inflammation peut jouer un rôle. Des productions de substances cérébrales de l'inflammation ont été notées dans les cerveaux touchés, et deux études cliniques montrent le rôle bénéfique que peuvent jouer les médicaments anti-inflammatoires pour retarder ou prévenir l'apparition de cette maladie. Qui dit allergie dit processus inflammatoire.

La limite de cet exercice épidémiologique : les autres allergies recherchées comme le lupus, l'asthme, l'anémie pernicieuse ou la polyarthrite rhumatoïde, ne sont pas plus fréquentes chez les futurs malades parkinsoniens que dans le groupe "contrôle". Mais il est vrai qu'elles sont moins fréquentes dans la population générale que les rhinites. Pour James Bower, "les allergiques qui ont une rhinite saisonnière ou persistante, déclenchent une réponse immunitaire contre leur allergie, et ils sont peut-être plus portés à déclencher aussi une attaque immunitaire dans le cerveau, ce qui déclenche un processus inflammatoire. En cascade, cela libère des substances neurotoxiques qui tuent par inadvertance les neurones corticaux, ce que l'on voit dans la maladie de Parkinson". A ce jour aucune prévention de la maladie n'est possible.

A noter que, dans La Recherche, p24, la maladie de Parkinson est attribuée à un blocage par le corps de Lewy du transport des protéines dans l'appareil de Golgi, causant leur accumulation, ce qui permettrait d'espérer un traitement génique, surexprimant certains gènes protecteurs. Tout ceci restant à confirmer !

Les protéines fabriquées s'accumulent, ce qui altère le fonctionnement cellulaire. Le phénomène concerne toutes les cellules nerveuses mais les neurones dopaminergiques compensent sans doute moins bien ce phénomène que les autres.

Ketamine - La Kétamine (anesthésique animal classé comme stupéfiant) pourrait constituer un traitement éclair de la dépression !

Selon une étude (à prendre avec des pincettes) du Dr Carlos A. Zarate Jr. du National Institute of Mental Health à Bethesda, publié par les Archives of General Psychiatry :

71% des patients ayant reçu de la kétamine ont montré une amélioration significative de leur état 110 minutes après l?administration du médicament et 35% des patients ayant reçu la kétamine en ressentaient toujours les bénéfices après 7 jours.

Cependant, si les résultats ont été spectaculaires ils estiment que cette molécule ne pourra pas être un traitement clinique largement utilisé pour soigner la dépression à cause de ses effets secondaires potentiels (incluant des hallucinations et des euphories selon les doses et les patients), même si, selon les chercheurs, aucun des patients de l'étude n'a eut d'effets secondaires sérieux. En effet, La kétamine est classée comme stupéfiant (arrêté du 8 août 1997).

Malgré le manque de recul et le nombre réduit de la cohorte, les auteurs de l?étude croient que cette essai est peut être le premier pas vers le développement d'une nouvelle classe de médicaments actifs à effets rapides et de plus de longue durée.

En fait, on voit mal comment on pourrait se passer du délai traditionnel de 3 semaines nécessaire à la reconstitution des neurones perdus mais du moins, on pourrait associer un traitement immédiat à des anti-dépresseurs efficaces à plus long terme ?


- Grippe aviaire : découverte du talon d'Achille du virus H5N1

H5N1 La découverte d'un point faible du virus de la grippe aviaire fait espérer un traitement à brève échéance. Sinon Le Figaro du 31/08 fait état du projet de traiter les patients atteints, par la transfusion "des sérums sanguins de malades ayant réchappé à la grippe aviaire", transmettant ainsi la résistance au virus.

- Les dangers du café contaminé

Café Rien n'est sans dangers et l'on sait bien que le café n'a pas que de bonnes propriétés (surtout au-delà de 3 tasses par jour). Cette fois, ce nouveau danger signalé devrait être bientôt écarté puisque, aussitôt connu, le risque a été combattu, mais ce n'est pas encore gagné malgré tout car les intérêts en jeu sont considérables, et pour ceux qui ont bu beaucoup de café jusqu'ici, ils pourraient bien avoir un plus grand risque de cancer du rein, par exemple, à cause de sa contamination par des moisissures.

Après le pétrole et peut-être le caoutchouc, les grains de café engendrent un chiffre d'affaires plus élevé que toute autre denrée échangée légalement. La consommation mondiale de café est estimée à plus de six millions de tonnes par an et les ventes au détail, essentiellement en Europe, aux Etats-Unis et au Japon, à quelque 70 milliards de dollars par an. Les pays en développement qui produisent la matière première reçoivent environ 6 milliards de dollars.

La plupart des buveurs de café n'ont probablement jamais entendu parler d'ochratoxine A (ou OTA). C'est un poison naturel fortement toxique pour les reins et pouvant être cancérogène, qui est produit par une moisissure que l'on trouve parfois sur les fèves de café brutes ou "vertes", - et qui n'est pas complètement éliminé lors de la torréfaction.

La présence d'ochratoxine A dans le café a été découverte dès 1988. Peu après, l'Union européenne a lancé un programme visant à harmoniser les réglementations sur les mycotoxines dans les denrées alimentaires - y compris les seuils maximum d'OTA dans le café. Cette perspective a fait trembler le secteur mondial du café qui vaut 70 milliards de dollars par an: une étude commanditée par la Fédération européenne du café - représentant les importateurs de café vert, les torréfacteurs et les producteurs de café soluble - a révélé qu'une limite d'OTA de 5 parties pour milliard (ppb) pouvait se traduire par le rejet de 7% des importations de café vert et que tous les pays exportateurs de café seraient concernés.

- Forcer au suicide les cellules cancéreuses

Récemment, des chercheurs ont annoncé dans la revue Nature Chemical Biology avoir trouvé un moyen de réactiver le processus d'apoptose (de mort cellulaire) perturbé dans la plupart des cancers, et donc de "forcer" les cellules cancéreuses à se suicider. Le procédé pouvant être adapté à chaque individu permettrait des guérisons totales, notamment du cancer du rein et du poumon, s'il se confirmait qu'il était aussi efficace chez l'homme sans poser trop de problèmes...

apoptose

prostate - Cancer de la prostate et masturbation, prendre sa santé en main !

Ce n'est pas vraiment nouveau mais c'est si étonnant que je vous livre l'information : il semblerait que la masturbation, surtout entre 20 et 40 ans, protégerait du cancer de la prostate ! Ce serait de ne pas laisser stagner les spermatozoïdes dans la prostate qui la préserverait de ses composés les plus réactifs à l'origine sans doute du développement de cancers de la prostate. Le fait de multiplier les partenaires ne serait pas aussi bénéfique, car pouvant multiplier les infections, ce qui augmente aussi le risque de cancer. Rappelons toutefois que vivre seul réduit l'espérance de vie. En tout cas le pire, sans doute, serait l'abstinence (de "ronger son frein"), sorte d'auto-dissolution, de fermentation interne...

- Une peau toujours jeune ? (Science et Vie, no 1068, p20)

jeune

Des Coréens ont identifié une molécule de synthèse capable de prolonger la vie d?une cellule, en la forçant à se diviser.

Science et Vie se penche ainsi sur les travaux de Jaejoon Won, de l?Institut de biotechnologie de Daejoo, en Corée du Sud, sur cette molécule de synthèse (CGK733), qui, "en inhibant deux protéines, (...) fait croire à la cellule en début de sénescence qu?elle peut encore se multiplier".

Cette molécule a pour l?instant été testée sur différentes cellules, dont celles de la peau.

Si son action s?avère efficace et inoffensive, elle pourrait, notamment, permettre la mise au point de produits innovants dans la lutte contre le vieillissement cutané.

Ce pourrait être un véritable "élixir de jeunesse" mais ce qu'on peut craindre, c'est qu'on déclenche ainsi des cancers puisqu'on favorise la reproduction de cellules dont l'ADN est dégradé...

- Le sexe des organes !

Science et Vie fait état aussi, p22, des différences génétiques, selon le sexe, pour les organes suivants :

  • 72% de différences pour le foie
  • 68% pour les tissus adipeux
  • 50% pour les muscles
  • 13% pour le cerveau

Kostelecky - Recherche de violations de la relativité restreinte

Lorentz Science et Vie fait grand tapage enfin autour des travaux d'Alan Kostelecky qui cherche à trouver des subtiles violations de la relativité restreinte à échelle quantique, c'est à dire à trouver éventuellement une orientation à l'espace-temps (résultats légèrement différents selon la direction). Ces recherches ont l'avantage de vouloir redonner une base expérimentale à une physique devenue trop spéculative mais elle n'est en rien vérifiée pour l'instant, ce qui voudrait dire remettre en cause une des bases de la relativité galiléenne : le fait que les lois de la physique sont identiques quelque soit notre position et notre vitesse. En effet la relativité restreinte est basée sur 4 principes fondamentaux, bien résumés ici, et qui suffisent à déduire l'existence d'une vitesse limite C :

  1. Le premier est celui de relativité : il stipule que les lois de la physique seront les mêmes dans tous les référentiels inertiels (en mouvement rectiligne et uniforme).
  2. Deuxième principe, l'homogénéité : les lois physiques ne dépendent ni de l'endroit ni du moment auquel elles s'expriment.
  3. Troisième principe, l'isotropie : elles ne varient pas non plus en fonction d'une direction spatiale.
  4. Quatrième principe, la causalité : la cause précède toujours l'effet !

- Médaille Fields (Werner et Perelman)

Médaille Fields Werner

Il y a 4 lauréats pour ce prix "Nobel" des mathématiques 2006 (qui n'est pas un Nobel car il n'y a pas de Nobel de mathématique, et qui n'est donné qu'aux moins de 40 ans, ce qui fait une grande différence !).

Le français, Wendelin Werner, a été récompensé pour ses travaux sur les chemins aléatoires, ou auto-évitants, (mouvements browniens par exemple). On peut lire une présentation de ses recherches ou son article de Pour la Science n° 286, qui date d'août 2001 :

On nomme des chemins qui ne repassent pas plusieurs fois par les mêmes points, des chemins auto-évitants. La nature nous en donne de nombreux exemples : rivières, contours de continents...

Les chemins auto-évitants, aussi simple soit leur construction, cachent, du point de vue de la physique théorique et du point de vue mathématique, des problèmes profonds dont les solutions utilisent des arguments assez élaborés issus de domaines aussi variés que la théorie des transitions de phase, la gravité quantique ou encore la théorie conforme des champs.

Perelman Grisha Perelman, autre lauréat, c'est le niveau au-dessus mais sa démonstration de la conjoncture de Poincaré est inaccessible à la plupart :

La question est de savoir si toute variété de dimension 3 fermée, simplement connexe et sans bord est homéomorphe à une sphère. Autrement dit, "Tout volume sans trou peut être ramené à une sphère".

Sa personnalité est aussi intéressante que son génie mathématique : il a refusé la récompense de 1 million de dollars pour cette démonstration ainsi que la médaille Fields qui vient de lui être attribuée et qu'il considère "sans intérêt", estimant que "les jurys n'étaient pas suffisamment qualifiés pour évaluer la portée de ses travaux".


Autres liens à consulter :

- L'Univers serait plus vieux de deux milliards d'années

De nouvelles observations obligent à reculer le Big Bang de 2 milliards d'années. Quand on discute des premières secondes, on est donc bien téméraire !

- Découverte de la première preuve directe de la matière noire

Enfin, ce sont des calculs, des indices, une anomalie qu'on relie à l'hypothétique matière noire dont on ne sait toujours rien sinon qu'elle représente une masse gravitationnelle qu'on ne voit pas...

- Jets saisonniers à la surface de Mars

Spectaculaire, des geysers de gaz carbonique liquéfié !

- De nouvelles molécules organiques complexes interstellaires

Les composés organiques sont plus diversifiés qu'on ne le croyait dans l'espace, pouvant ainsi fournir les première briques de la vie et renforçant l'hypothèse du caractère universel de sa base carbonée.

- Vers un Tableau périodique des Nanoparticules

Le domaine des nanoparticules s'organise. On en est à classer les molécules construites selon leurs formes.

- Une pile à combustible moins volumineuse

Une pile à combustible bientôt dans votre téléphone mobile (l'hydrogène remplacera avantageusement les piles plus que le pétrole).

- Le basculement du monde

La Terre aurait basculée il y a 800 millions d'années à cause de l'émergence d'un supervolcan qui l'a déséquilibrée, jusqu'à ce qu'il se retrouve à l'équateur, comme le veut la cinétique.

Basculement du monde

- Un forage pétrolier serait à l?origine de l'éruption d'un volcan de boue sur l'île de Java

Voilà bien l'exemple de catastrophes que nous provoquons par une puissance démesurée et mal contrôlée. Plus la puissance technique augmente, plus le danger s'accroît...

- Menace d'éruption d'un supervolcan près de Naples !

C'est la nouvelle la plus inquiétante du mois, même si ce n'est pas une menace imminente. Rien de plus dangereux que l'éruption d'un supervolcan (supervolcano en anglais !), bien qu'assez exceptionnelle pour que je n'en fasse qu'à peine mention dans la liste des catastrophes qui nous attendaient dans les années qui viennent... Or, un soulèvement des "champs phlégréens" (campi flegrei) aux alentours du Vésuve (à l'ouest de Naples) indique le réveil de ce "supervolcan", du moins la pression du magma qui augmente (2,8 cm entre 2005 et 2006, 2m depuis 1970, surtout en 82-85). La "Solfatara" qui en fait partie était considérée par les romains comme la porte des enfers ! Certes, les dernières éruptions de 1198 et 1538 ne furent pas si terribles, pas de quoi s'affoler sauf bien sûr pour le Napolitains, mais cela pourrait être bien pire s'il y avait une véritable explosion (comme il y a 15000, 39000, 60000 ans), beaucoup plus destructrice et sans comparaison avec le Vésuve voisin, avec des répercussions mondiales sur le climat au moins. On est encore loin de pouvoir la prévoir encore, ce qui n'a absolument rien de rassurant...

Une catastrophe d'ampleur planétaire est assez peu probable. La plus récente des éruptions de ce niveau (niveau 8), qui fait l'objet du téléfilm "supervolcano", serait celle du Lac Toba, à Sumatra, qui s'est produite il y a environ 73500 ans, plongeant la Terre dans un hiver volcanique. Une théorie récente d'anthropologistes américain dont le professeur Stanley H. Ambrose de l'université de l'Illinois pense d'ailleurs que cette catastrophe est à l'origine d'une baisse drastique (goulot d'étranglement) de la population humaine puis une renaissance expliquant le patrimoine génétique unique de l'humanité. Cette théorie est connue sous le nom de théorie de la catastrophe de Toba. D'autres estimations situent l'extinction de masse à laquelle seuls 2000 individus auraient survécus (selon les généticiens) vers 60000 ans ce qui correspondrait alors à une éruption des "champs phlégréens" sans doute...

Sans aller jusque là, il y a eu des éruptions très destructrices plus localement, en l'an 200 (Lac Taupo, Nouvelle-Zélande) et même en 1994 (Papouasie). L'éruption du Pinatubo qui a eu lieu en 1991 n'était que de niveau 6, ce qui n'a pas empêché qu'elle a eu quand même des conséquences climatiques sensibles en voilant le soleil pendant plusieurs mois. Le volcanisme reste un phénomène qui nous dépasse, et l'un des plus menaçants. Malgré sa très faible probabilité, voilà en tout cas, une menace qu'il faudra surveiller de près, comme Yellowstone en Amérique.

champs phlégréens Vesuve

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7 réflexions au sujet de “Newsletter 09/06”

  1. Vous avez tout à fait raison de ne pas oublier l'Etat du Kérala dans la partie "L'argent ne fait pas le bonheur".
    Dans une très bonne interview l'économiste Jacques Weber déclare: "L'un des Etats les plus pauvres du monde est le Kerala, en Inde. Mais on parle de pauvreté au sens monétaire du terme. Cet Etat a été comparé avec celui de l'Alagoas au Brésil. Ecologiquement semblable au Kerala, l'Alagoas est beaucoup plus riche du point de vue du PIB par tête. Mais, surprise : les indicateurs sociaux de ce dernier ressemblent à ceux d'un pays du tiers-monde. La mortalité y est élevée, les inégalités fortes... En revanche, le Kerala a des indicateurs sociaux proches de ceux des pays les plus développés. (...) Le Kerala lutte contre les insécurités, même lorsqu'elles sont liées à l'accès aux ressources naturelles. Il s'agit des insécurités au sens d'Amartya Sen. Au Kerala, l'accès à l'eau ou à la terre n'est pas un problème... On est dans un écosystème où ça fonctionne, grâce à une bonne gouvernance qui fait en sorte que les enfants soient scolarisés, que la démocratie vive... La pauvreté c'est l'insécurité, l'angoisse, l'absence d'assurance."
    Amartya Sen qui a beaucoup étudié l'expérience (il n'aimait pas le mot "modèle") du Kérala écrit: "Si on parle de l'Etat du Kerala en Inde, qui combine politique de gauche et démocratie locale, l'espérance de vie est de 76 ans, loin devant la Chine. Sans parler d'une mortalité infantile de 10 pour 1 000 contre 30 pour 1 000 en Chine ! Le manque de démocratie est toujours pénalisant. L’Etat indien le plus avancé socialement est aussi celui qui enregistre la plus forte réduction de la fertilité, liée à la reconnaissance de la fonction d’agent des femmes. Alors que le taux de fertilité reste supérieur à 3, pour l’ensemble de l’Inde, il se situe à 1,7 au Kerala, un chiffre inférieur au « seuil de remplacement » (que l’on situe à 2, et qui correspond, en termes simples, à deux enfants par couple), inférieur aussi au taux de 1,9 que connaît la Chine. L’accès généralisé des femmes à l’éducation, jusqu’à un haut niveau, explique pour une bonne part cette baisse, intervenue à un rythme soutenu. Notons encore que la fonction d’agent des femmes et leur alphabétisation ayant aussi des effets sur le taux de mortalité, cela constitue une autre voie d’explication, moins directe, il est vrai, de la baisse de la natalité, dans la mesure où la réduction du taux de mortalité - et de la mortalité infantile en particulier - exerce, comme on le sait, une influence sur le taux de fertilité. D’autres caractéristiques propres à l’Etat du Kerala ont aussi favorisé la prise en compte des droits des femmes et leur rôle d’agent, telle que la reconnaissance du droit de propriété pour une partie considérable d’entre elles."
    Il est dommage qu'en France, on parle rarement de l'expérience du Kerala!

  2. Effectivement en 1957, le Kérala a été le premier Etat du monde à élire un gouvernement communiste dans un cadre démocratique. C'est aussi le premier Etat et le seul (avec plus tard l'Etat du Bengale Occidentale, lui aussi avec un gouvernement communiste) à aplliquer une véritable réforme agraire.

    http://www.peuples-solidaires.or...

    Avec une population de plus de 32 millions d'habitants, le Kérala a mis en place une démocratie participative ("People's Campaign for Decentralised Planning") à l'échelle de tout l'Etat avec une véritable décentralisation des pouvoirs et des finances nécessaires pour son succés. L'équivalent du budget participatif de Porto Alegre mais en plus grand.
    Il est interessant de noter l'existence de 1.576 publications (journaux et magazines) avec certains journaux vendant plus d'un million d'exemplaires.
    71% de la population lit au moins un journal ou un magazine. Dans les coopératves de production, on voit souvent une ouvrière ou un ouvrier lire le journal à ses collègues qui travaillent, écoutent et commentent en même temps!

  3. Bonjour
    Outre un exercice physique régulier, mettez-vous aux jus de fruits et légumes pour éviter la maladie d'Alzheimer: selon une étude américaine (projet Kame) publiée dans « The American Journal of Medicine » de septembre et citée par le Quotidien du Médecin, les personnes qui boivent au moins trois jus de fruits ou de légumes par semaine ont une réduction de 76 % du risque de développer une maladie d'Alzheimer. Le bénéfice est apparu particulièrement marqué chez les personnes porteuses de l'allèle epsilon 4 de l'apoE, un marqueur génétique lié à une maladie d'Alzheimer à début tardif. Cet effet ne serait pas dû aux vitamines aritioxydantes A, C et E mais aux polyphénols: des travaux in vitro et chez l'animal ont suggéré le pouvoir neuroprotecteur de ces derniers.

  4. A propos de l'eruption d'un volcan de boue en indonesie, il est dit partout qu'il s'agit d'un accident de forage, l'eruption eut lieu en effet a moins de 500 m d'un puits. Mais, c'est aller vite ne besogne, de dire que le forage en est la cause, surtout qu'on sait que l'eruption de ce volcan de boue a eu lieu deux jours apres le seisme de Java du 27 mai 2006 de magnitude 6,4. Et il est tres frequent d'observer des eruptions de volcan de boue provoques directement par des tremblements de terre! Il faudrait certes des etudes scientifiques plus pousses, mais je ne vois aucune raison pour l'instant de privilegier la these antropogenique a celle de la catastrophe naturelle.

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