Définitions

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Quelques tentatives de (courtes) définitions :

  • L'écologie-politique
  • L'ère de l'information
  • Décroissance
  • Revenu Garanti
  • Monnaies locales
  • Coopératives municipales

(à suivre...)

  • Ecologie-Politique

L'écologie-politique correspond au stade cognitif d'une modernité réflexive, c'est-à-dire d'une (post-)modernité qui intègre la durée et parvient à se critiquer elle-même, prise de conscience des limites du progrès technico-économique et de son coût écologique, ainsi que de son caractère totalitaire et des dangers d'une puissance démesurée qu'on ne maîtriserait plus. L'écologie-politique est donc la négation de la séparation des sphères technologiques, écologiques, économiques, politiques et sociales malgré leur autonomie relative.

Plutôt qu'une "éthique de responsabilité", c'est une "politique de responsabilité collective" envers les générations futures et les conséquences de nos actions, en premier lieu la prise en compte du négatif de notre industrie (pollutions, externalités négatives, épuisement des ressources) ainsi que la perturbation des équilibres écologiques qu'elle engendre (réchauffement climatique, déforestation, perte de la biodiversité, OGM, etc.).

L'écologie-politique vise à réguler ces équilibres écologiques et vitaux, ce qui implique de sortir du productivisme capitaliste et du laisser-faire libéral qui les ont perturbés, tout en préservant l'autonomie individuelle aussi bien que la solidarité sociale. La devise écologiste : "Autonomie, solidarité, responsabilité", donne un sens plus concret à celle de la République : "Liberté, égalité, fraternité".

Sur la façon de sortir du productivisme et de construire un système de production plus durable, les avis et les analyses sont partagés mais l'écologie-politique devrait signifier aussi une façon plus écologique (post-totalitaire) de faire de la politique : une démocratie des minorités, ancrée dans le local, à l'opposée de toute dictature majoritaire, et pouvant constituer une véritable démocratie cognitive en interaction entre agir local et pensée globale. Inutile de préciser qu'on en est loin !

  • L'ère de l'information

L'ère de l'information, c'est l'ère de l'immatériel, du numérique, de l'informatique, de la communication et des réseaux, qui succède à l'ère de l'énergie, du pétrole ou de l'électricité, de l'industrie, du machinisme, du capitalisme et du marché.

L'ère de l'information s'oppose point par point à l'ère de l'énergie, tout comme l'information s'oppose à l'énergie. En effet, l'énergie est rare et s'épuise, soumise à une entropie inexorable, son effet est proportionnel à la quantité employée, et donc prévisible. On est dans le domaine des causes et du calcul. Au contraire l'information est surabondante, au point de saturer nos capacités de réception. Elle se partage sans se perdre (on dit que c'est une ressource "non rivale") et peut se reproduire sans perte grâce à la correction d'erreur qui lui permet d'échapper à l'entropie universelle. Surtout, la valeur de l'information est dans son improbabilité, son effet est donc imprévisible, non-linéaire, sans commune mesure avec l'énergie mise en jeu. Une seule information peut tout faire basculer. On est alors dans le domaine du qualitatif, des finalités, du vivant et de la coopération des savoirs.

Notre entrée dans l'ère de l'information change jusqu'aux bases de la valeur (gratuité numérique, logiciels libres) et transforme l'ancienne "économie de production" de masse en "économie de la demande" réglée par l'information client et donc plus flexible, de plus on passe de la "force de travail" à la "résolution de problèmes" (ou la correction d'erreurs), et de la subordination salariale, qui se mesure par le temps passé, à un travail plus autonome, quand il n'est pas "externalisé", qui se juge au résultat (direction par objectifs), abolissant la séparation du travailleur et de son produit. Dès lors, de nouveaux rapports de production et une refondation de nos institutions sont devenus indispensables (droits de propriété immatérielle, distribution des revenus, protections sociales) afin de s'adapter aux nouvelles forces productives immatérielles et passer du travail forcé à la valorisation de ses capacités, de la sécurité sociale au développement humain, permettant, du même coup, de sortir d'un productivisme devenu insoutenable. En effet, l'ère de l'information c'est aussi l'ère de l'écologie et du développement humain.

  • Décroissance

La décroissance s'oppose d'abord à une croissance économique qui ne peut être infinie et proclame la nécessité écologique de réduire nos consommations matérielles et donc de sortir du productivisme et de la société de consommation. C'est un mot d'ordre nécessaire de rupture avec une écologie de gestion du système actuel.

Pris à la lettre, ce mot d'ordre a l'inconvénient pourtant d'être purement négatif et quantitatif, entretenant l'illusion qu'il suffirait de réduire temps de travail et consommations alors qu'il faut changer de circuits de distribution et construire une alternative au productivisme, pas seulement le brider. On peut regretter aussi que le théoricien de référence de la décroissance soit Georgescu-Roegen dont le point de vue est trop étroitement thermodynamique, basé sur une conception assez dogmatique de l'entropie qui ne tient pas compte de la révolution informationnelle. D'ailleurs on peut remarquer que dans une économie de l'information la croissance est encore plus problématique que dans le domaine matériel car on atteint assez rapidement le seuil de la saturation.

Le mouvement pour la décroissance est très diversifié, regroupant la plupart des écologistes radicaux mais il ne se réduit ni au journal "La décroissance", ni au nouveau parti qui s'en réclame.

  • Revenu Garanti (sortie du salariat productiviste)

Le revenu garanti s'impose à l'ère de l'information, conséquence de la déconnexion effective entre travail et revenu, du caractère de plus en plus intermittent, précaire et flexible de l'emploi tout comme de la productivité non-linéaire du travail immatériel et de la gratuité de la reproduction numérique. Le revenu garanti se caractérise par le fait qu'il peut être cumulé (dégressivement) avec un revenu d'activité, qu'il encourage donc.

Il ne doit pas être confondu avec le "revenu d'existence" libéral car celui-ci, versé à tous mais très insuffisant tire les salaires vers le bas et oblige à prendre n'importe quel petit boulot complémentaire alors qu'un revenu garanti suffisant tire les salaires vers le haut et doit permettre d'échapper au salariat en servant de subvention aux activités autonomes et créatives qui ne sont pas immédiatement rentables, supprimant du même coup la dépendance de la consommation et du productivisme d'une société de consommation qui ne craint rien tant que la surproduction !

  • Monnaies locales (relocalisation)

Une monnaie locale est une monnaie "interne", créée par une association ou une municipalité pour servir dans les échanges locaux de biens et services, sur le modèle des SEL (Systèmes d'Echanges Locaux). Ce sont en général des monnaies non convertibles et "fondantes", c'est-à-dire qu'elles perdent leur valeur avec le temps (tout comme les Tickets restaurants ou les bons de réduction des grandes surfaces ont une validité limitée) et ne peuvent se thésauriser. La monnaie locale la plus simple est le "time-dollar" ou échange de temps mais qui ne peut se généraliser (car ne tenant pas compte des différences de qualification ni du fait que le travail ne se mesure plus par le temps passé).

La monnaie est l'énergie du monde de l'information, sa face quantitative qui est non seulement toujours contestable mais qui ne peut augmenter car toute inflation diminue sa valeur, sorte de taxe sur les dettes, le passé et l'argent qui dort, ce qui est d'ailleurs utile car une inflation raisonnable (plus de 3% et moins de 10%) encourage l'activité contrairement au dogme central de l'Euro. Une grande partie du chômage est "keynésien", c'est-à-dire conséquence d'un manque de liquidités pour financer des emplois, en général à cause de la lutte contre l'inflation et d'un manque de politique keynésienne justement. C'est notamment le cas dans la zone Euro mais on a vu aussi comme la crise monétaire en Argentine avait pu provoquer un chômage de masse immédiat. Les monnaies locales peuvent donc réduire le chômage mais peuvent aussi créer de l'inflation, exigeant une gestion politique fine, comme toute monnaie.

Leur rôle est principalement de permettre une relocalisation de l'économie en favorisant les échanges locaux sans dresser de nouvelles barrières douanières. En plus de fournir des ressources nouvelles pour valoriser la production locale, les monnaies locales permettent aussi d'échapper à certaines taxes comme la TVA, ce qui fausse la concurrence au profit des prestations locales (la TVA devenant un droit de douane local).

  • Coopératives municipales (développement humain)

Les coopératives municipales sont des centres de ressources et des lieux d'échange, structures municipales destinées au soutien de la production locale et des activités autonomes, au développement de la coopération et la valorisation des compétences disponibles en organisant les échanges locaux ainsi qu'en fournissant moyens, assistance et formation (développement humain).

Le caractère municipal de ces coopératives permet à la fois de garantir leur pérennité, de sortir de la pression du marché concurrentiel et d'avoir une gestion politique, dans une démocratie de face à face chère à Bookchin à l'origine de ce concept de coopératives municipales (et du "municipalisme libertaire"). Les coopératives municipales s'articulent aux monnaies locales, sur le modèle des SEL, ainsi qu'au revenu garanti permettant de passer du travail subi au travail choisi (en sortant du salariat productiviste).

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