Errare humanum est
Quand on se rend compte à quel point on a pu être con, on ferait mieux de se taire. C'est d'ailleurs ce que je fais en dehors de ce blog mais vraiment, je ne peux nier avoir avec ma génération collectionné les égarements. En commençant par la religion qui est la preuve massive de notre crédulité et à laquelle je croyais dur comme fer quand j'étais enfant, jusqu'à vouloir être curé ! Je me trouvais à l'époque bien moins crédule quand même que les païens adorateurs d'idoles, puis, je me suis cru beaucoup plus malin quand je n'y ai plus cru et que je me suis engagé dans les mouvements post-soixante-huitards, certain qu'on pouvait changer le monde avec quelques mots d'ordre simplistes et que notre génération allait tout reprendre à zéro (on a vu). Je n'étais quand même pas trotskiste, ni aussi con que les maoïstes casqués scandant de façon effrayante "Marx, Engels, Lénine, Staline, Mao" ! Avec le recul, la somme de bêtise et d'aveuglements de ces temps là semble considérable (y compris pour un Sartre!), vraiment pas de quoi s'en glorifier outre-mesure même si l'effet à long terme en est largement positif. Après je me suis cru obligé de vivre en communauté et d'aller voir ce qui restait des hippies en Californie. Malgré des côtés sympas, notamment les expériences psychédéliques, il fallait là aussi se traîner un paquet de stupidités plus ou moins mystiques avec la dénégation du surmoi collectif. L'École Freudienne de Paris, ensuite, c'était tout un poème avec Lacan en sujet supposé savoir qui suscitait bien malgré lui des attitudes quasi religieuses de croyants et provoquait une palanquée de délires imbitables trop chargés de signifiants. L'apport de Lacan est incontestable mais ce n'est pas dans les milieux intellectuels qu'il y a le moins de connerie, c'est sûr, et rien de pire que les disciples ! Il y a même quelques raisons de considérer les différentes philosophies en leur fond, et pour leurs adeptes au moins, comme des formes de la bêtise et de la religion (de Platon à Deleuze) bien qu'y échappant par l'argumentation publique[1]. Mon intervention à la création de la Cause Freudienne s'appelait déjà "l'institution ou le partage de la bêtise" mais je ne peux dire que j'en étais complètement indemne, ce qu'on voit bien une fois qu'on a pris ses distances. A mes débuts dans l'écologie, ce n'était guère mieux. J'avais encore, sans le savoir, une conception naïve de la démocratie et m'imaginais, comme les autres militants, que notre devoir était de dessiner une sorte de société plus ou moins idéale, sauf qu'il y en avait plusieurs et que ça faisait des tendances écolos qui s'affrontaient pour rien. Ce qui est curieux, c'est que nous étions nourris de sciences sociales et de déterminisme économique mais qu'on faisait comme si le politique pouvait s'en abstraire par la simple force d'une volonté générale inexistante. Surtout, la vie de parti démentait les belles paroles, la politique elle-même laissant peu d'espoir de changer les choses, réduite à la lutte des places gagnée forcément par les plus ambitieux, et les élections se révélant entièrement dépendantes de ses réseaux.
Ça fait déjà beaucoup. Ce n'est pas une raison pour ne plus rien faire ou espérer mais au moins nous amener à plus de modestie. Si je ne renie rien de mon parcours historique qui ne se résume pas à sa part d'aveuglement, il y a bien eu glissement d'une écologie révolutionnaire devenue désormais plus alternative et localiste. Je suis donc devenu finalement plus matérialiste et réaliste, avec une meilleure compréhension de notre entrée dans l'ère de l'information qui change toutes nos représentations. Comment croire pourtant que je ne me fais pas encore trop d'illusions ou que je ne serais pas encore à côté de la plaque d'une façon ou d'une autre étant donné le peu d'écho rencontré ? Comment croire que ce serait la fin de l'histoire et de notre propre évolution, qui n'a aucune raison de s'arrêter ? C'est paraît-il une illusion commune et fait partie de nos errements les moins évitables. De quoi, en effet, nous faire juger faussement de l'avenir à l'aune du présent alors que les temps changent et que les vérités de demain ne seront pas celles d'hier (ce dont témoignent notamment les sciences par leurs changements de paradigme mais il y a aussi les modes qui changent et des cycles idéologiques). Après une telle carrière, c'est en tout cas la prétention de dire le vrai qui ne peut plus être si assurée, avec la nécessité de maintenir le soupçon sur nos certitudes et une attitude critique, y compris envers la pensée critique - ce qui ne doit pas faire tomber pour autant dans un scepticisme dogmatique.
Si je raconte mon histoire, ce n'est pas que je me crois plus con qu'un autre mais que je ne crois pas être un cas particulier car c'est ce que chacun a pu vérifier dans sa vie, sauf à rester figé dans une position par fidélité excessive qu'on peut à juste titre qualifier de psychorigide. C'est aussi ce que les sciences expérimentent quotidiennement, où il n'y a pas tellement moins de connerie ou de tromperies qu'ailleurs mais où c'est l'expérience qui tranche et l'on est forcé par les nouvelles découvertes à remettre en cause en permanence nos anciennes croyances qui nous semblaient pourtant les plus certaines et rationnelles. La pratique de ma revue des sciences me le rappelle chaque mois mais, en fait, rien de mieux que la programmation pour toucher ses propres limites et se confronter à l'erreur comme ce qui est le plus humain et contre quoi il faut se prémunir sans cesse, seule façon de la surmonter (car surmonter nos erreurs, on ne fait que ça).
Il n'y a rien de nouveau là-dedans, que du bien connu, ce qu'on appelle désormais les biais cognitifs et que Bacon dénonçait déjà dans son Novum organum sous le nom d'idoles (idole de la tribu, de la caverne, de la place publique, du théâtre). On va voir toute la difficulté d'en faire la liste alors que c'est, en général, ce qu'on refuse d'admettre pourtant, à quel point on est bête et ignorant. Moi-même, il me faut me le rappeler régulièrement. Naturellement on se monte la tête à se croire qualifié pour déterminer comment le monde doit marcher (la monnaie, les banques, l'économie, les impôts, etc.). Le pire, c'est que moins on en sait et plus on croit savoir ce qu'il faut faire ! Certains croient même que ce serait le principe de la démocratie ! Il faut tout au contraire en savoir beaucoup pour savoir tout ce qu'on ignore encore. C'est ce qu'on appelle l'ignorance docte qui est tout l'opposé de l'ignorance crasse ou des préjugés du sens commun. C'est en s'approchant des phénomènes dans le détail qu'on peut constater tout ce qui nous échappe et qu'on n'imaginait pas de loin. Au contraire des démagogues qui flattent le savoir du peuple comme d'une assemblée inspirée par les dieux pour mieux l'endoctriner, c'est notre ignorance commune qui devrait nous rassembler et qui est bien plutôt le principe de la démocratie aussi bien chez Aristote que John-Stuart Mill. Répétons-le, il ne s'agit pas de tomber dans un scepticisme généralisé et la passivité d'un spectateur désabusé mais bien d'en rabattre sur nos prétentions et revenir à un peu plus d'humilité au lieu de prendre des airs de héros déchus ou d'anges vengeurs en se comportant comme des perroquets répétant de vieux discours depuis longtemps caducs. Aussi bien en politique qu'en économie, notre désorientation est manifeste et peut mener au pire. Il faudrait en prendre acte. Cependant, le constat sévère de son insuffisance est ce qui devrait rendre le travail intellectuel encore plus crucial et non pas du tout le disqualifier complètement.
Cela fait longtemps que j'explore les limites de notre rationalité, sur tous les plans, qui sont celles de notre monde dans son historicité, sa facticité, avec notre information imparfaite et notre débilité mentale, la partialité d'un point de vue particulier où voudraient se résumer toutes les forces de l'univers et les lois de la parole, mais qui font bien obstacle à une indispensable démocratie cognitive, que ce soit le frimeur, l’idiot et le vendu, chacun dans son rôle, le poids de l'imitation, les pièges de l'analogie ou des généralisations, tout cela aggravé au niveau collectif par une nécessaire simplification du message en fonction du nombre, tout simplement pour rester audible au niveau signal/bruit. Il faut faire non seulement avec nos capacités restreintes de réception, nos connaissances réduites, les paradigmes de l'époque, notre émotivité perturbatrice (peur, faim, fatigue, amour-haine, etc.), le poids de l'intérêt, le désir de reconnaissance, le formatage des discours, la pression du groupe, le refoulement, les rationalisations après-coup - de quoi déjà en rabattre largement sur nos prétentions - mais il faut compter aussi avec une logique trop dogmatique, capable de transformer une vérité en erreur en oubliant la vérité contraire (Pascal, IV.2.148), et surtout la puissance suggestive du récit qui nous humanise et nous fait sortir du biologique mais nous fait délirer tout autant. La connerie humaine va très au-delà d'un manque d'information ou d'une bêtise animale puisque ce qui nous distingue, c'est bien notre propension à délirer et d'habiter un monde presque entièrement fictif. Il n'y a de folie que d'homme. On peut dire que c'est l'envers de notre liberté mais c'est surtout le produit du langage narratif, ce qui n'est pas assez souligné. Il faut le savoir, nous sommes un animal dogmatique, toujours un peu "bornés", mais en plus, qui se raconte des histoires et finit par s'en persuader.
Il ne s'agit pas de tomber dans l'excès inverse et faire de nous des idiots complets alors qu'on surpasse incontestablement en intelligence tout le règne animal mais cela ne fait pas de nous des dieux pour autant (seulement des croyants!). Il ne s'agit pas de nier non plus une intelligence collective qui se manifeste juste un peu trop rarement au regard de la folie ordinaire des mouvements de foule. Reconnaître notre bêtise originelle est la seule façon d'espérer la dépasser alors que la démagogie qui voudrait nous faire croire que n'importe qui est capable de décider de tout est une impasse. Le savoir ne nous a pas été donné en héritage, il faut l'apprendre, un par un, ce qui n'est pas dénigrer le savoir de chacun ni son intelligence. C'est difficile à faire entendre mais sans un minimum de dialectique, on ne peut dire que des bêtises. La connerie humaine n'est bien sûr que l'envers de son intelligence qu'on ne peut pas plus nier, évidemment. Pour être tous un peu cons, nous n'en sommes pas moins hommes, avec toutes leurs réalisations extraordinaires, tous leurs côtés merveilleux et touchants, mais sans pouvoir compter sur une lucidité qui se révèle fluctuante et sous influence, y compris chez les plus grands...
Christian Morel, l'auteur des "Décisions absurdes" s'est essayé à une sociologie des erreurs radicales et persistantes (fautes de raisonnement, perte de vue de l’objectif, mauvaise communication), posant la question de comment peut-on à ce point se tromper et persévérer ? Il pense désormais en avoir trouvé le facteur principal dans l'illusion de l'unanimité (qu'on trouve dans presque tous les mouvements politiques). "Pour tous ceux qui sont convaincus de la supériorité de la décision collective sur l’autocratie, le livre vient rappeler que la démocratie n’est pas seulement une affaire de justice mais aussi d’intelligence". Effectivement, si les sciences comme discours public et savoir accessible à tous sont inséparables de la démocratie, elles vont le plus souvent contre les préjugés majoritaires (des scientifiques eux-mêmes), les bonnes théories n'étant pas départagées par vote démocratique mais par l'expérience. Il est amusant de remarquer que c'est justement ce sur quoi s’appuient climato-sceptiques et théories du complot pour nous refiler leurs pauvres certitudes. Se distinguer de l'opinion majoritaire n'est bien sûr en rien la preuve qu'on serait dans le vrai et qu'on ne délirerait pas plutôt. Ce n'est pas non plus la preuve qu'on ne serait pas sous influence du groupe alors qu'on s'abreuve aux sources renforçant ses opinions. Il ne suffit certes pas d'avoir un point de vue critique et dire le contraire des autres, ce serait trop facile, le contraire d'une erreur n'étant souvent qu'une autre erreur, principe de base de la logique (ex falso sequitur quodlibet) et l'anticonformisme ou la position contestataire ne voyant que le mal partout ne vaut pas mieux que le conformisme béat dans son automatisme. Il n'empêche que la pensée de groupe nous renforce dans l'égarement et la bêtise par ses codes, son langage, ses traditions.
Le concept de dissonance cognitive élaboré par Leon Festinger en 1956 montrait déjà toute la difficulté qu'on pouvait avoir à changer ses croyances confrontées à leur démenti (quand on prévoyait la fin du monde, l'écroulement du capitalisme, l'épuisement du pétrole et que tout continue comme avant!). Il faut une grande capacité à refouler ce qui nous contredit et juste chercher à renforcer ses convictions (l'intentionalité qui donne toute sa valeur à l'information, sa pertinence, est aussi ce qui peut la rendre inaudible par son impertinence supposée). Depuis son "prix Nobel d'économie", c'est Daniel Kahneman qu'on crédite d'une approche scientifique plus systématique de la psychologie de la décision et de ce qui nous écarte de la rationalité économique supposée. C'est ce qu'il appelle "biais cognitifs" dont la difficulté est de les dénombrer tant ils semblent pouvoir se multiplier même s'il y a quelques grands axes.
On comprend que la rationalité est l'exception plus que la règle, ce qui est peut-être exagéré car c'est la raison qui finit par l'emporter à la fin et le progrès des droits même s'il y a des moments de régression. Il faut se garder en tout cas des conceptions kantiennes d'une représentation séparée de la chose-en-soi, comme si on pouvait plaquer n'importe quelle fiction arbitrairement sur le réel. Cet idéalisme est très répandu en politique alors qu'il faut être attentif plutôt au processus et considérer, de façon plus hégélienne, que la représentation elle-même est produite par la situation dans une dialectique entre sujet et objet, théorie et pratique. Les réalisations de la raison sont massives, le négatif n'efface pas le positif, toute négation étant partielle. Notre part de bêtise a beau être massive elle aussi, elle nous entrave mais ne nous empêche pas d'avancer. Ce n'est pas la bêtise qui peut gagner car elle se cogne inévitablement au réel.
Il faut simplement ne pas en faire trop, ne pas trop s'y croire et se monter du col car nous ne sommes pas seulement des nains sur des épaules de géants, nourris des plus grandes intelligences des temps passés, mais nous n'avons pas la comprenette si facile et souvent obstinés dans l'erreur (lui-même se le cache et dans cette aliénation de soi-même, il se sent fier et plein de joie. Hegel). Il y a du travail d'information et de réflexion à faire. En tout cas, notre désorientation se manifeste dans les domaines les plus vitaux, que ce soit sur le climat, les énergies, l'économie, la politique, c'est assez dramatique. Il faut bien l'admettre plutôt que s'imaginer que nous serions entièrement rationnels et parfaitement informés !
Tout cela doit nous rendre un peu plus méfiants, non seulement sur le fait que ce ne sont pas les meilleurs qui sont élus et nous trompent mais que même les meilleurs peuvent toujours se tromper et que l'histoire montre qu'on n'échappe pas à l'esprit du temps. On peut tenter d'y remédier par des procédures de contrôle ou de validation voire des incitations, mais il vaut toujours mieux des systèmes à tolérance de panne que s'imaginer être immunisé contre l'échec ou les dérives plus ou moins totalitaires. Partir de la bêtise est une bonne base, ce pourquoi il peut être utile de faire état de cette liste des biais cognitifs sans pouvoir s'étendre : Biais d'attention, biais émotionnel, biais mnésique, biais de jugement, biais de raisonnement, biais culturel, biais linguistique. On verra qu'on passe de la statistique à la temporalité puis l'inertie cognitive pour finir en storytelling ou de la simple paresse aux complaisances narcissiques. Norbert Elias donne un exemple saisissant de ce biais identitaire, dans "Logiques de l'exclusion" où les nouveaux arrivants étaient jugés à leurs plus mauvais ressortissants alors qu'on s'identifie soi-même aux meilleurs de son clan.
Le biais cognitif est, selon les cas, exclusivement dû à l'individu, ou lié à la pression sociale sur cet individu. Certaines techniques de persuasion, propagande et manipulation mentale cherchent à exploiter ce travers.
- La représentativité consiste à plaquer des stéréotypes ou même des statistiques sur un individu singulier. On peut identifier ce biais de représentativité à ce qu'on appelle l'effet Barnum : accepter une vague description de la personnalité comme s'appliquant spécifiquement à soi-même.
- La négligence du taux de base, c'est par exemple donner trop d'importance à l'augmentation d'une probabilité qui reste pourtant très petite (catastrophisme). C'est la même chose que l'illusion monétaire, confusion entre variation du niveau général des prix et variation des prix relatifs.
- La loi des petits nombres, c'est quand l'échantillon est trop petit ou qu'on juge du long terme par le court terme (du climat par la météo). Illusion des séries qui fait percevoir à tort des coïncidences dans des données au hasard.
- La régression vers la moyenne : c'est un peu pareil puisque c'est prendre une variation (cyclique ou aléatoire) pour une tendance.
- La disponibilité en mémoire, très proche aussi, c'est se protéger de ses derniers déboires pas des prochains et donner plus d'importance à ce qui nous est arrivé récemment.
- L'ancrage est un truc de vendeur, importance de la première impression, le premier prix donné fixant l'écart de variation acceptable, la norme supposée. On peut le rapprocher de l'effet de simple exposition (avoir préalablement été exposé à quelqu'un ou à une situation le/la rend plus positive) comme au simple effet de primauté (mieux se souvenir des premiers éléments d'une liste mémorisée). L'ancrage peut servir aussi d'effet de leurre.
- L'effet de halo consiste dans une perception sélective d'informations allant dans le sens d'une première impression que l'on cherche à confirmer ou de nos convictions profondes. Effet de renforcement favorisé par l'effet de groupe.
- Pour le biais de statu quo, la nouveauté est vue comme apportant plus de risques que d'avantages possibles et amène une résistance au changement.
- L'aversion pour la perte consiste à donner plus d'importance aux pertes qu'aux gains et, pour ne pas perdre, perdre encore plus. Cette aversion à la dépossession se retrouve dans la tendance à donner plus de valeur à un bien ou un service lorsque celui-ci est sa propriété
- Le cadrage, c'est le récit qu'on en fait, la façon de poser la question qui influence la réponse et peut mener à plus de morts pour en sauver quelques uns. C'est une version plus générale et symbolique de l'ancrage qu'on peut rapprocher du biais narratif. De même le biais d'appariement amène à se focaliser sur les éléments contenus dans l'énoncé d'un problème au lieu du problème lui-même.
On peut en citer bien d'autres. La première liste concerne ce qui détourne de chercher des informations complémentaires :
- Biais rétrospectif ou l'effet « je le savais depuis le début »
- Effet d'ambiguïté — tendance à éviter les options pour lesquelles on manque d'information
- Biais de disponibilité — ne pas chercher d'autres informations que celles immédiatement disponibles
- Tache aveugle à l’égard des préjugés - tendance à donner plus de poids aux données introspectivement accessibles qu'aux données externes. C'est ce qu'on peut appeler également l'illusion de savoir et se traduit là aussi par ne pas chercher à recueillir d'autres informations
- Conformisme (appelé aussi effet Bandwagon) — chercher à ressembler à la majorité. A noter l'identité de ce biais cognitif avec l'anticonformisme qui prend le contrepied de la majorité.
- Réification du savoir — considérer les connaissances comme des objets immuables et extérieurs
Celle-ci est plutôt centrée sur l'égocentrisme :
- Biais d'immunité à l'erreur — ne pas voir ses propres erreurs
- Effet Dunning-Kruger — les moins compétents dans un domaine surestiment leur compétence, alors que les plus compétents ont tendance à sous-estimer leur compétence
- Biais égocentrique — se juger sous un meilleur jour qu'en réalité
- Biais d'autocomplaisance — se croire à l'origine de ses réussites mais pas de ses échecs
- Biais d'attribution — façon d'attribuer la responsabilité d'une situation à soi ou aux autres
D'autres présentations :
On est loin d'en avoir fait le tour et il y a des bêtises qui ne sont pas forcément de simples "biais cognitifs" comme la "stupidité fonctionnelle" ou bêtise systémique, qui n'a rien de cognitif justement, ou les attitudes paranoïaques personnalisant des idées abstraites (que ce soit la France, la Nature, le Capitalisme, la Technique, etc.) et leur prêtant des intentions, ce qui relève plutôt du délire cette fois. Cela donne une idée quand même de l'étendue du problème, obstacle de taille d'autant plus qu'on le sous-estime, car, ce qui est sûr, c'est qu'il faut faire avec...
Notes
[1] Il serait éminemment utile d'étudier la bêtise des grands philosophes qui ne sont pas les derniers à nous faire croire au pouvoir des mots et surévaluer notre part de liberté. Il ne s'agit pas de relever d'éventuelles bêtises qu'ils auraient dites mais bien du noyau de leur philosophie, leur profondeur feinte, leur inconcevable mystère, leurs promesses trompeuses au nom de quoi ils philosophent (sans que cela rende leur philosophie moins nécessaire). Cela n'a rien d'anecdotique quand la bêtise d'un Heidegger a pu aller jusqu'au nazisme, obligeant à se réinterroger sur les grands mots qu'il emploie comme l'authenticité ou l'Être en majuscule. La critique de l'homme aliéné, c'est l'extermination. On a longtemps résisté à admettre son rôle dans le nazisme alors qu'il est évident que c'est ce qu'il faut penser et qui nous éclaire sur les errements de la pensée tout comme la prétendue réalisation de la philosophie du côté marxiste, encore imprégné de religiosité, reprise d'ailleurs par l'islamisme depuis l'effondrement du communisme.
La situation s'aggravant, il m'a fallu admettre finalement qu'on est bien trop cons...

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