Ce qu'on va examiner ici, c'est en quoi il faut passer par l'aggravation de la crise qui n'est pas contingente mais inévitable car elle opère une simplification de la réalité nécessaire à la décision politique, pour déboucher ensuite sur une complexification des modèles, un peu plus robustes mais qui ne pourront jamais prévoir l'imprévisible dans leur confrontation au réel (et qui peuvent même nous mener au pire à mesure qu'ils paraissent plus infaillibles). C'est la condition post-moderne de l'action dans un monde incertain et qui doit prendre en compte ses conséquences négatives.
Au risque de se répéter, notre moment historique se caractérise en effet par une incertitude radicale, et une mise en cause des modèles, où se confrontent les opinions les plus opposées sans pouvoir trancher entre elles. C'est justement ce qui nous implique personnellement dans l'actualité et nous divise. On le voit notamment à propos du réchauffement climatique où les pessimistes sont accusés de catastrophisme si ce n'est de totalitarisme par les optimistes pour qui tout s'arrange déjà et que les pessimistes peuvent taxer d'aveuglement si ce n'est de négationnisme, chacun étant supposé vendu à l'ennemi, bien sûr...
C'est presque pareil à propos de la crise économique où, d'ailleurs, les modèles sont aussi mis en cause. Pourtant, si on est dubitatif sur la reprise, ce n'est vraiment pas qu'on souhaite le pire, qu'on serait dépressif ou risquophobe, mais qu'il y a des déséquilibres bien réels qui devront être résorbés d'une façon ou d'une autre et quelques emballements à craindre. Il n'y a là aucune invention, aucun fantasme. Ce qui est plutôt incompréhensible, c'est que des gens compétents puisse le nier comme lors de toute formation d'une bulle spéculative (dire qu'il va y avoir un krach est considéré comme un péché à cause des supposées prophéties auto-réalisatrices et la contagion de la panique qui s'en suivrait).
En fait, de quelque façon qu'on s'y prenne, les modèles ne peuvent pas par définition prendre vraiment en compte les effets non-linéaires qui dépendent de variables externes, ce qui n'empêche pas évidemment ceux-ci d'exister. Echec des modèles donc même si cela n'annule pas pour autant leur pertinence pour tout le domaine du prévisible. La difficulté est bien d'agir dans un monde incertain et de se prémunir de risques vitaux qui restent hypothétiques. Comme on ne peut pas se prémunir de tous les risques, il semble que seule l'expérience du réel peut trancher, ce qui est contradictoire avec leur caractère non-linéaire et justifie qu'on ait toujours une guerre de retard, occupés à se protéger d'une catastrophe qui a déjà eu lieu et ne se reproduira pas de sitôt alors qu'on est incapable de prendre la prochaine catastrophe au sérieux avant qu'elle ne se produise (impossible avant, inévitable après).
Il est certain, on l'a vu, qu'on aurait les moyens de s'en sortir, mais il semble qu'il faut pour cela être ébranlés dans notre être, que la menace systémique se fasse sentir pour réagir et pouvoir s'accorder sur ce qu'il faut faire, manifestant notre solidarité effective. En attendant, inutile de s'écharper, c'est la précipitation des événements qui opèrera une simplification brutale dans tous les débats qui nous traversent, certains surréalistes, mais il ne serait pas mal quand même d'avoir un plan B à disposition, de disposer d'un modèle un peu plus fiable plutôt que de faire n'importe quoi et répéter les erreurs du passé...
Quelle est donc la situation ? Sur le front climatique les modèles sont effectivement très critiquables de ne pas prendre en compte les risques d'emballement et les phénomènes non-linéaires de changement de régime, ils gomment aussi semble-t-il l'effet retard de notre CO2 qui ne produit son effet maximum qu'au bout de 50 ans, minimisant de plus des phénomènes aussi dangereux que le dégazage du méthane gelé, sans parler de nombreuses autres incertitudes (nuages hauts ou bas, etc.). On ne peut certes croire qu'ils prédisent le climat sur un siècle ou plus, seulement constater qu'il y a de quoi s'inquiéter très sérieusement tant les extinctions massives précédentes en montrent la dangerosité potentielle sur le long terme (il ne s'agit pas de l'été prochain). Les raisons données pour réfuter ces risques paraissent bien légères, les modèles invoqués étant encore plus défectueux ! Le Giec est certes tout aussi critiquable, balbutiements de l'intelligence collective soumise aux pesanteurs humaines, cela ne donne en aucune façon raison à n'importe quelle théorie marginale comme les élucubrations des "climatosceptiques". Résultat, ce qu'on fait est très loin des enjeux réels, jusqu'à ce qu'une catastrophe de plus grande ampleur frappe les esprits, même si cela n'a pas un réel rapport avec le climat (il suffit de constater qu'une "petite" augmentation de température n'est pas si bénigne qu'on veut nous le faire croire en s'abritant derrière des moyennes).
Pour le pétrole, ce serait presque comique car ce n'est pas l'énergie qui manque, on peut dire qu'on manque de tout sauf d'énergie puisqu'on en reçoit plus qu'il ne faut du soleil. Le pic de production pétrolière n'a rien d'une surprise, annoncé depuis longtemps, certes avec une échéance fluctuante. Et pourtant, on n'a rien fait ou presque depuis la première crise du pétrole. Avec l'explosion de la consommation de pétrole de pays comme la Chine et l'inflation qui va s'en suivre, le développement des énergies alternatives devrait se généraliser rapidement mais il faut la pression des marchés pour s'y mettre, quitte à passer par une période de relative pénurie. Encore un domaine où la prévision est en échec, partagée entre optimisme béat, de l'ordre de la foi qu'on ne saurait jamais manquer de rien, et un catastrophisme sans nuance qui nous prédit l'apocalypse comme si on devait être privé brutalement de toute énergie...
Les modèles mathématiques ont été accusés, un peu à la légère il faut bien le dire, d'avoir causé la crise économique qu'ils n'avaient pas vu venir, mais ils ont repris du service aussitôt. Il est certes illusoire de prétendre supprimer le risque en le diluant, surtout que les risques financiers ne sont pas des risques qu'on peut assurer puisque les risques sont concentrés dans les moments de crise et non pas distribués statistiquement. Pour le reste, un peu comme pour la météo, les modèles sont assez fiables sur le court-terme et en dehors d'événements exceptionnels. Peut-on se fier pour autant aux mêmes économistes qui nous annoncent une reprise imminente avec une moisson d'indicateurs moins mauvais que prévu alors que d'autres, attentifs aux déséquilibres monstrueux financiers et sociaux, prédisent un effondrement à relativement court terme. Effectivement, on ne voit pas comment les montagnes de dettes accumulées pourraient être soutenables, comment on pourrait éviter leur destruction par inflation et dévaluations. L'argument des optimistes est celui de toutes les bulles : pour l'instant, non seulement il n'y a pas d'effondrement mais ça remonte... jusqu'au prochain krach qu'on s'étonnera de ne pas avoir vu venir, mais tant que ça dure, ce sont bien les optimistes qui semblent avoir raison (il y a création de richesses effectives) !
On nous fait donc miroiter un retour à la normale alors qu'on est dans un monde en surfusion où tout semble figé mais où tout peut basculer très vite (le dollar, l'euro) peut-être même dans un conflit généralisé tant il semble qu'on s'engage sur des chemins glissants. L'Europe en a pris un coup, l'Allemagne refusant la solidarité avec la Grèce. Ce n'est sans doute rien à côté de ce qui menace les USA (certains scénarios parlent d'une guerre civile de 25 ans!). Ce n'est certes pas le plus probable, sans être tout-à-fait impossible pourtant, tout est là. Il ne s'agit pas de se faire peur. Le pire n'est pas toujours sûr mais il ne faut pas croire non plus au Père Noël. La question est de savoir si la crise que nous avons connue était une crise énorme, comparable à celle de 1929 si l'on en croit les chiffres, ou bien si elle serait déjà terminée (comme on voulait le croire tout au long des années 1930) ? C'est la même chose pour le réchauffement : sera-t-il dramatique ou bien gérable ? Il faut bien dire que l'évaluation des risques est encore plus difficile pour les risques écologiques à long terme que pour l'économie. Pour l'énergie, entre catastrophisme et insouciance, il me semble plus raisonnable de penser qu'on aura juste une transition difficile. C'est une position très minoritaire mais la transition, c'est maintenant et la crise pétrolière va s'ajouter à la crise de la dette.
Comment est-ce possible de faire des diagnostics aussi différents et de s'insulter réciproquement des pires qualificatifs, choqués d'être traités de vendus quand on accuse pourtant bien les autres de l'être ? C'est qu'il y a à la fois des intérêts immenses et une incertitude radicale. Cette incertitude est fondamentalement liée à la complexité du réel qui dépasse nos capacités. On ne sait pas assez que la complexité naturelle est un gage de robustesse face aux perturbations au lieu de renforcer sa fragilité comme c'est le cas des constructions artificielles que ce soit un programme ou un empire qui peut s'écrouler soudain comme l'URSS. On assiste alors à un effondrement de la complexité, une brutale simplification de la société en luttes tribales. Il n'empêche que dans le domaine de la vie et de l'information, de la civilisation et des techniques, au contraire de l'entropie qui dégrade tout, il y a une accumulation des savoirs, un progrès qui est une complexification. Il n'y a pas effondrement des savoirs, il ne faut pas tout réapprendre, la catastrophe n'étant en général qu'un moment de régression plus ou moins long avant le passage à une complexification supérieure supposée résister un peu mieux aux catastrophes. La simplification est sans doute inévitable mais elle n'est que momentanée, prélude à une reconstruction, ce qui veut dire que le monde futur sera pluriel et diversifié en même temps qu'il sera plus unifié après ce passage obligé par la fin du vieux monde pour que le nouveau puisse naître (du réseau global et de la relocalisation).
Il ne faut pas se monter la tête à croire que le monde nouveau pourrait être aux couleurs de nos rêves alors que c'est seulement l'ancien monde qui est vermoulu et ne tient plus sur ses bases trop étroites. Il ne faut pas surestimer notre pouvoir de changer la société et les gens, notre seul pouvoir comme toujours, c'est de faire ce qu'on doit faire, mais la difficulté, c'est justement de savoir quoi faire ! La question qui se pose à nous est de savoir comment agir dans un monde complexe sans pouvoir être assuré de rien ? Il y a bien "le principe de la variété requise" de Ross Ashby qui prétend qu'on ne peut contrôler un système qu'en ayant un degré de complexité supérieur. C'est un principe qui est proche de celui d'Hayek, de l'impossibilité d'une information parfaite, en ce qu'ils mènent l'un et l'autre au laisser-faire et l'inaction, en faisant la confusion entre le fait de ne pas tout savoir et ne rien savoir du tout, ce qui a toujours été l'arnaque du scepticisme beaucoup plus réaliste en affaire pourtant. Mais c'est faux bien sûr qu'on ne puisse s'attaquer à plus complexe que soi puisqu'on peut faire des modèles tout-à-fait opérationnels, on ne fait même que ça, c'est le principe de l'apprentissage. Certes, ce sont des modèles imparfaits, économiques ou climatiques, mais ce sont des outils d'aide à la décision relativement efficaces, en tout cas indispensables et qui valent bien mieux que de ne rien faire ou de se satisfaire de ses propres projections dans l'avenir et de simplement prolonger les courbes. Opposer les modèles à l'absence de modèle est absurde, on oppose toujours un modèle à d'autres modèles (même le chaos se modélise).
On fait donc des modèles assez précis pour être utiles, mais ce n'est pas une raison pour confondre la carte et le territoire, la théorie et la pratique. Cela veut dire notamment qu'une action engagée sur des informations imparfaites se révèle toujours inadéquate par certains côtés. Ainsi, les 35h qui faisaient l'objet d'un véritable débat théologique à l'époque ont rencontré des problèmes tout-à-fait imprévus, se retournant même parfois contre les salariés au nom d'une flexibilité renforcée qui ne faisait pas partie du tout de nos discussions initiales. L'action politique se cogne au réel, comme toute action. L'épreuve de l'expérience produit une simplification brutale des enjeux qu'il faut prendre en compte que ça plaise ou non. La seule façon de limiter la casse, c'est d'être assez réactif au feedback pour en arrêter les dérives et corriger ses erreurs. C'est le principe de la cybernétique tant décriée car basée sur le contrôle après-coup mais qui découle simplement des limites de notre pouvoir et de notre savoir, seule façon de rendre nos finalités effectives. C'est bien sûr très mal vu des religions et de leur conception de la liberté car juger au résultat, c'est le contraire des bonnes intentions supposées nous sauver (alors qu'on sait que notre enfer en est pavé!).
S'il suffisait de tenir compte des faits et des données objectives, ce serait somme toute assez facile, seulement il y a des obstacles cognitifs insurmontables. On se focalise sur les phénomènes de panique mais si la cause des krachs est plutôt l'euphorie irrationnelle précédente, on devrait plutôt s'inquiéter des phénomènes de mode et de renforcement. La "pensée unique" est toujours en reconstitution, nouvelle orthodoxie qui se construit à partir de sa propre critique. L'étonnant, en effet, c'est la facilité avec laquelle des théories cohérentes semblent rendre compte exactement du réel, aveuglées par une logique trop convaincante. Et ce sont des trésors d'intelligence qu'on dépense alors pour dire des conneries ! Le plus caricatural, sous prétexte d'être contre la pensée unique, c'est de croire dur comme fer à une quelconque théorie du complot ou bien aux utopies les plus fantasques, mais il y a des versions plus savantes qui ne valent guère mieux. Ainsi, on peut invoquer Galilée et la persécution des innovateurs pour dire n'importe quoi sur le climat, identifiant l'Eglise de l'inquisition à la communauté scientifique !
D'autres peuvent se référer à Marx pour ne pas voir les nouvelles réalités d'aujourd'hui et cultiver une nostalgie mal placée du salariat. N'est-il pas étonnant que les "néo-cons" si bien nommés et dont nous avons quelques exemplaires gratinés en France, viennent de la gauche souvent ? On voit même les discours les plus conservateurs ou élitistes se réclamer de Debord ou de la théorie critique (et des psychanalystes compromettre Freud et Lacan dans leurs appels à la normalisation oedipienne). Aux yeux de certains, il peut apparaître audacieux, émancipateur même, de s'en prendre au principe de précaution, etc.
Tout cela montre qu'on ne peut s'appuyer sur le fait qu'un discours se prétende critique pour qu'il ne soit pas au service des pétroliers et des pouvoirs établis. On doit bien admettre aussi qu'il y a des écologistes extrémistes, totalitaires ou simplement idiots. Ce n'est pas de la bonne science d'en conclure qu'on serait obligé d'être un crétin pour prendre au sérieux les risques écologiques. Ce qu'il faut admettre par contre, c'est que l'évaluation de ces risques est non seulement difficile, elle est l'objet de controverses. La vérité reste l'enjeu de luttes indécises dès lors qu'il n'y a pas de garant, personne pour nous départager. Il faut éprouver quelle théorie, quel modèle, résiste aux assauts. C'est pour cela qu'on va au clash et qu'il faut que le désastre soit complet pour se mettre d'accord. Il n'y a pas de simulation possible car nous sommes nous-mêmes les sujets de l'expérience, nous sommes parti-prenantes bien que sans avoir toutes les cartes en main. De toutes façons, ce n'est pas nous qui décidons en dernier recours, ce sont les maux qui ont le dernier mot, le réel qui dicte sa loi (c'est ce qu'on appelle la causalité descendante) !
Lorsque le fonctionnement du système économique est routinier, les modèles mettent tout le monde d'accord par leurs performances à court terme mais quand il faut changer de modèle, comment voulez-vous qu'on s'entende ? Non seulement on n'est pas d'accord sur le diagnostic mais encore moins sur les solutions. Il n'y a pas de gouvernements qui sauraient très bien ce qu'il faut faire. De l'autre côté, ce que défendent les syndicats est au moins très insuffisant, si ce n'est carrément à côté de la plaque. Les partis socialistes se sont vidés de toute substance. Les partis écologistes ne font guère mieux, complètement inconsistants. Il ne suffit donc pas de se mettre autour d'une table, ni d'hommes de bonne volonté...
On peut le déplorer mais il faut bien constater qu'il n'y a pas d'autre solution que de se faire dicter les mesures à prendre par les faits eux-mêmes. Sur ce point, l'attitude de Mme Merkel est un cas d'école puisqu'elle n'a fait depuis le début de la crise que dire non à chaque proposition d'intervention avant de s'y résoudre (le lendemain parfois!) devant la pression des faits. Les autres dirigeants s'étaient simplement rendus à l'évidence un peu plus tôt, mais eux aussi se faisaient dicter leur politique par l'urgence. On doit bien convenir qu'il faut que la réalité simplifie les alternatives, l'intervention des peuples pouvant d'ailleurs être l'élément déterminant. D'une certaine façon les crises sont un peu l'équivalent de l'expérience scientifique, de l'intrusion du réel dans les modèles et dans le fonctionnement du système. En ce sens, on peut dire qu'on est toujours en crise, puisqu'on est sans arrêt en prise avec un réel qui appelle une réaction urgente, mais cette crise systémique fait apparaître les forces en jeu une à une et de façon massive, chacune faisant valoir ses droits sur ce drôle de théâtre : les banques, puis les Etats, avant que les peuples n'interviennent pour refuser le poids qu'on veut leur faire porter, avec la menace d'un krach social et politique cette fois.
On ne peut éviter de passer par le pire, semble-t-il, justement parce qu'on n'y croit pas assez, simplification nécessaire à la décision politique mais qui doit permettre une reconstruction et une complexification supérieure. La question que cela pose, tout de même, c'est de savoir si on peut faire entrer le long terme en politique, renforçant ainsi les risques de se tromper, ou si on est condamné à subir notre avenir sans rien avoir à y redire ? Question subsidiaire, il faudrait s'entendre sur ce que nous voulons sauver de ce monde en perdition : Qu'est-ce qui vaut de perdurer dans l'être et justifier tous nos efforts conjugués ? A entendre certains, on se dit d'ailleurs que si ce monde disparaissait, ce ne serait pas une grosse perte, ni ces ombres d'hommes torchés à la six-quatre-deux. Apparemment, rien à sauver ! Bien sûr, on oublie toutes ces bêtises dans la catastrophe quand il faut qu'on se porte secours et qu'on peut éprouver notre solidarité réelle. Ce qu'il faut sauver, ce sont, à n'en pas douter, nos conditions matérielles d'existence mais là encore, les opinions divergent avant. Est-ce qu'il y a vraiment urgence, est-ce qu'il faut tout changer, est-ce que tout est possible ? Aucune autorité incontestable pour nous en assurer. On ne peut désamorcer le débat, faire que plus rien n'ait d'importance, qu'il n'y ait plus d'enjeu collectif et seulement des individus, de la pure réciprocité sans conséquences. Ce n'est pas que notre avis soit vraiment décisif, ni que nos préférences aient beaucoup d'importance. La vérité reste l'objet de luttes et de recherches où c'est le réel qui finit toujours par trancher à la longue mais si notre rôle actif demeure essentiel, nous ne partons pas de rien. Pas de page blanche ni de table rase, même si tout s'effondre autour de nous, les modèles s'améliorent et nous avons un monde à reconstruire, qui sera aussi la conservation de l'ancien dans toute sa complexité (individuel et collectif, local et global).
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