Le prix Nobel décerné aux IA génératives est incontestablement justifié tant elles vont tout envahir et nous obligent à repenser tout ce qu'on croyait savoir de l'esprit et du langage, rendant obsolètes la plupart des philosophies. On peut cependant s'étonner que ce soit un prix Nobel de "physique", ce que justifient les analogies du Deep learning avec la thermodynamique et les réseaux de spin, mais il est regrettable que cela occulte la véritable révolution en physique que provoque actuellement le Télescope James Webb (JWST), révolution qui n'atteint pas encore le public alors qu'il nous donne une nouvelle vision de l'univers, nous obligeant à repenser notre récit des origines qui faisait tout débuter par un supposé Big Bang et son inflation énigmatique alors que d'autres univers nous précéderaient dans un espace sans doute infini.
On oublie trop souvent que les progrès scientifiques viennent plus du progrès des instruments que des progrès cognitifs qu'elles induisent car le réel qu'on découvre est toujours très différent et plus complexe que ce qu'on pouvait imaginer avant, horizon qui recule à mesure qu'on avance. La première expérience est celle de l'observation sans laquelle il n'y aurait pas de faits ni de vérification possible, la précision des informations apportée par le progrès technique du JWST est donc primordiale mais il faut aussi avoir la capacité de les traiter. C'est là que l'Intelligence Artificielle et l'informatique en général décuplent ces capacités mais il faut souligner que les LLM (Large Language Model) ont pu accéder à une maîtrise du langage, qui semblait hors d'atteinte, dès que la masse d'écrits amassées sur les réseaux ainsi que les capacités de traitement ont permis d'intégrer une gigantesque base de données linguistiques et qu'un seuil a été soudain franchi à l'étonnement de tous (sans doute comme les milliards de connexions de notre cerveau avec des groupes humains plus nombreux qui nous ont fait accéder au langage et à la culture vers 60 000 ans?).
Les agents conversationnels ouvrent donc une ère radicalement nouvelle qui vont changer le monde et - s'ils ne tombent pas dans de mauvaises mains précipitant la fin - pourraient nous sauver de la connerie humaine qui s'étale partout et nous mène au pire. Pas sûr cependant que cela suffise à éviter la catastrophe annoncée qui vient et dont nous subissons déjà les premiers dérèglements. Il est d'autant moins sûr qu'on évite la fin du monde que cette fin pourrait venir d'ailleurs. C'est du moins ce que suggèrent quelques physiciens médiatiques (Brian Cox, Neil de Grasse Tyson, Michio Kaku) annonçant pour les semaines qui viennent l'explosion en supernova de l'étoile Bételgeuse, géante rouge assez proche puisque située à 500 années-lumière de la Terre. Il semble certain que Bételgeuse est bien en fin de vie, sauf qu'au niveau des temps astronomiques, cela peut prendre encore des centaines voire des milliers d'années. Ce qui fait craindre pourtant une explosion imminente, c'est une soudaine augmentation de la luminosité de l'étoile qui serait annonciatrice de son effondrement - sauf qu'une étude a soutenu en août l'hypothèse que Bételgeuse aurait été mal observée jusqu'ici et serait en fait un système binaire avec une étoile plus petite, difficile à distinguer, orbitant autour de la géante rouge, ce qui expliquerait les différences rapides de luminosité...
Je ne suis pas compétent pour juger de cette publication trop récente mais il semble que cela n'ait pas convaincu ceux qui annonçaient une explosion dans les jours prochains et maintiennent jusqu'ici leur prédiction que la plupart des astrophysiciens n'endossent pas. On verra bien, et JWST devrait pouvoir trancher la question, mais ce qui m'étonne n'est pas que ces scientifiques soulignent l'incertitude liée aux plages de temps astronomiques considérables, ce qui est raisonnable, indépendamment de savoir si le dernier stade de l'étoile a déjà commencé (d'ailleurs une autre étoile, T Coronae Borealis, 5 fois plus éloignée, aurait dû déjà exploser comme elle le fait tous les 80 ans mais on attend toujours). Non, ce qui m'étonne, c'est qu'ils minimisent beaucoup trop les conséquences que cela pourrait avoir sur notre planète, ce qui relève cette fois d'un excès de volonté de rassurer les populations et ne pas passer pour des prophètes de malheur (un peu comme les climatologues minimisaient les prévisions catastrophiques au début).
Pour ce que j'en sais (fort peu), il semble bien, en effet, que l'explosion d'une supernova si proche pourrait avoir des conséquences dramatiques puisqu'on attribue aux rayons gamma produits par un tel événement notamment l'extinction du Cambrien-Ordovicien (450-440 Ma). Certes, pour en être affectés, il faudrait que les jets d'énergie de la supernova soient dirigés vers notre planète, probabilité qui reste faible mais absolument pas impossible. Il est incompréhensible de prétendre que Bételgeuse serait trop éloignée pour nous nuire alors qu'elle n'est qu'à un peu pus de 500 années-lumière et que les sursauts gamma peuvent perturber des planètes dix fois plus éloignées. A cette distance, cependant, les conséquences ne sont pas forcément aussi extrêmes qu'une extinction de masse (déjà en cours par notre faute de toutes façons) mais pourraient se traduire quand même par un appauvrissement de la couche d'ozone et l'augmentation délétère qui en résulte des rayons ultra-violets, ce qui pourrait provoquer ensuite, à l'instar de l'épisode précédent, un refroidissement global à cause de la séquestration du carbone par dépôt d'algues mortes dans les fonds marins ! Comme on le voit, les catastrophes ne s'additionnent pas et l'une, surtout si elle est plus terrible, peut atténuer l'autre (l'effet de serre du CO2).
Après avoir perdu notre supériorité intellectuelle au profit des Intelligences Artificielles, même au cas où nous ne serions pas sévèrement touchés par les rayons gamma (ce qui est probable), et au cas où l'explosion se produirait à brève échéance (ce qui est douteux) se contentant d'illuminer le firmament pendant quelques semaines, cela devrait malgré tout modifier notre position dans l'univers, plus sensibles à notre solidarité de terriens et à la fragilité de l'existence dans un espace qui n'est ni immobile, ni éternel (loin des délires religieux ou métaphysiques).
Tout cela devrait nous persuader en effet que nous sommes toujours à la merci de catastrophes cosmiques même si elles nous ont largement épargnés jusqu'ici. C'est ce qui a permis une évolution pendant 4 milliards d'années, cela grâce à notre position excentrée par rapport à notre galaxie, et située au milieu d'un relatif vide cosmique de 2 milliards d'années-lumière (vide KBC) nous protégeant ainsi des explosions continuelles du centre de la galaxie qui auraient sinon rapidement détruit notre biosphère. C'est d'ailleurs ce par quoi on peut expliquer la rareté de civilisations extra-terrestres détruites par ce décret du ciel avant de pouvoir prospérer, mais pourquoi il serait finalement plus probable d'en trouver dans notre "vide" et que suggère la détection de "lumière artificielle" sur une planète de Proxima B, très proche à 4 années lumière seulement. C'est difficile à croire et demande une improbable confirmation mais ce serait incontestablement une révélation sensationnelle. Ce vide n'est cependant pas total et nous ne profiterons pas toujours de cette chance anormale, restants menacés par les quelques astres qui nous entourent et ont fini de brûler leur énergie. De quoi nous rappeler que non seulement les civilisations sont mortelles mais les étoiles et planètes aussi, notre temps nous est toujours compté et il n'y a aucune garantie qu'il nous laissera tout repenser et reconstruire sur notre petite planète perdue dans l'infini, avant de mettre un terme à notre absurde et triste histoire pleine de folies, de bruits et de fureurs.