La fin de la guerre

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Il est à l'évidence trop tôt pour déclarer la fin de la guerre, avec le risque d'être démenti aussitôt, mais les derniers événements me semblent avoir opéré un retournement surprenant de la situation, non seulement en Ukraine mais dans le monde. D'abord, sur le plan militaire, la redoutable efficacité des armes de précision alliées aux drones de reconnaissance rend très vulnérables aussi bien les tanks que les navires ou les avions beaucoup plus onéreux, démonstration qui a pu décourager les Chinois de profiter de la guerre en Ukraine pour attaquer Taïwan. Si les succès de la contre-offensive ukrainienne paraissent décisifs à ce stade, ils confortent surtout la suprématie occidentale (américaine), c'est-à-dire, très logiquement, des économies les plus avancées. On ne peut exclure une riposte des Russes arrivant à renverser le rapport de force mais on ne voit pas comment - la menace du nucléaire brandie en vain ne pouvant être acceptée notamment par la Chine dont Poutine a besoin.

L'événement le plus important a effectivement eu lieu le 16 septembre, au sommet de l'OCS (Organisation de la Coopération de Shanghai) à Samarcande où l'on a vu un Poutine très affaibli et n'obtenant de Xi Jinping qu'un soutien verbal, au nom d'un monde multipolaire opposé à l'hégémonie américaine, mais aucune mesure concrète. Le dirigeant chinois manifestait même un mépris visible envers le perdant et l'état de son armée, les "explications" promises par Poutine sur son opération aventureuse ne pouvant aller bien loin, alors que l'engagement pris devant Narendra Modi de terminer vite la guerre prenait plutôt un air de défaite.

Tout est encore possible sans doute, la guerre est encore loin d'être gagnée mais l'essentiel, c'est la position défendue par la Chine et l'Inde de garantir la stabilité internationale et la primauté de l'économie, ce qui rend la guerre obsolète dans ce monde globalisé. L'expérience actuelle le fait assez sentir aussi bien pour l'énergie et les céréales d'un côté que les composants électroniques de l'autre. Cette séquence pourrait donc annoncer une véritable fin de la guerre dans un monde unifié ? Il ne faut pas aller trop vite, ce n'est pas pour tout de suite. On n'en a pas fini avec les guerres en Afrique ou au Moyen-Orient, entre autres, mais si on assistait au renoncement à une troisième guerre mondiale évitée de justesse, ce serait un (non-)événement extraordinaire, certes avec moins de fracas qu'une déclaration de guerre mais qui mérite qu'on le célèbre.

Il y a tant d'inconnues qu'on ne peut prédire la suite, Poutine pourrait être renversé, Erdogan ne pas être réélu, Biden perdre les élections, bien qu'il ait considérablement renforcé la puissance américaine, l'Europe même pourrait se fasciser. Du moins plus le temps passe et plus l'unification planétaire deviendra prépondérante sur tous les plans (écologique, épidémique, économique, technologique, médiatique, démographique) malgré les résistances de toutes sortes et la montée de la xénophobie anti-immigrés qui est le chant du cygne d'une époque révolue. Dans la course entre les enjeux planétaires et les forces contraires, on aurait ainsi gagné une nouvelle partie et donc gagné du temps, ce qui n'est pas rien même s'il faut le redire, on n'est pas à l'abri d'un coup de folie trop humaine. Dire qu'il n'est pas impossible que l'après-guerre soit donc assez joyeux, temps de reconstruction et de reconversion écologique, paraîtra bien ridicule si les choses tournent mal, cela n'en fait pas moins partie des réels possibles à cette date.

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40 réflexions au sujet de “La fin de la guerre”

  1. ***** ils confortent surtout la suprématie occidentale (américaine)*****

    Ceci mérite au minimum une note de bas de page : les Etats-Unis ont un budget militaire considérablement plus important que celui de la Russie. Surtout si l'on considère en plus les efforts des larbins à détruire la Russie (en sacrifiant les ukrainiens).
    Faire la guerre dans ces conditions de sentiment de domination absolue rend fou.

    C'est le moment idoine de se rappeler à l'histoire de la peau de l'ours ...

  2. "Fin de la guerre dans un monde globalisé", et remplacement par des "interventions spéciales" qui voudraient ne pas s'étendre. Ces IS sont pratiquées par les USA depuis qq décennies déjà, mais amenant aussi à une généralisation des conflits localisés amenant des tensions économiques (matérielles) et politiques (volontarismes) qui elles ne sont pas localisées…
    La bonne vieille guerre n'est pas souhaitable (elle n'est pas bonne empiriquement) mais on a tendance à la voir comme ayant mené à la paix. C'est cette paix qui me parait très relative dans le monde changé que vous décrivez, où la guerre se joue ailleurs, dans la gestion du comportement humain. Les états mènent une guerre contre leur population, pour leur bien. Ils ne la mènent pas volontairement, ils ne savent pas faire autrement : gérer des données. Cela m'interroge sur vos textes récents portant sur l'homme de science : oui la science c'est ce à quoi prétendent nos gouvernants, mais elle est tournée en gouvernement par la statistique, les chiffres. La guerre au nom des valeurs (religion, nation) a t'elle vraiment plus de pouvoir destructeur que la guerre économique? Ce ne sont pas les mêmes choses qui y sont détruites.

    • On ne peut pas dire que je n'étais pas conscient du caractère risqué d'annoncer prématurément une fin de la guerre qui risquait d'être démentie aussitôt mais on sait que je n'ai pas peur du ridicule.

      En fait, cela faisait 3 jours que je pensais à cet article et que je le repoussais pour son côté précipité et d'apparence utopique, voire son manque d'intérêt, mais comme j'y pensais constamment depuis j'ai préféré l'écrire quand même car le (non)événement du 16 septembre, au sommet de l'OCS me semblait considérable et trop peu commenté.

      Certes, la réaction de Poutine d'intensification de la guerre (s'il en a les moyens) semble me contredire mais c'est quand même pour arrêter la guerre en réduisant explicitement ses objectifs initiaux aux territoires déjà conquis. Le pire est toujours possible mais pas probable pour autant à cause justement de la Chine, si ce n'est des Russes eux-mêmes, la position de Poutine étant indéniablement fragilisée (il manque une alternative).

      Je ne crois pas pour ma part que la guerre soit due à la folie des hommes ni à celle de Poutine mais à des raisons objectives, la guerre étant le père de toutes choses selon Héraclite. Plutôt que de folie, il faut parler d'erreurs d'appréciations, de fausses informations, de bêtise même, mais les puissances se mesurent dans la guerre (entre quantité et qualité).

      Certes, ce n'est pas la première fois qu'on rêve à la fin de la guerre, à la der des ders, mais la situation était très différente, il n'y avait pas notre actuelle globalisation. Depuis toujours, ce sont les empires qui apportaient la paix intérieure en soumettant les royaumes combattants même si, comme le remarque Franz, la Pax Romana, effective, n'empêchait pas les Romains d'être toujours en guerre quelque part mais la plupart du temps seulement aux marges de l'empire.

      A cause de la prise de position de la Chine pour la stabilité, puis la décision de renoncer à la guerre pour la réunification de Taïwan, je pense encore que la fin de la guerre est crédible dans notre monde, ce qui n'est pas la fin des conflits, ni des guérillas. Ce sont à la fois les nouveaux types d'armes et l'imbrication économique qui le rend sans doute incontournable, ce que la réalité peut contredire mais qui me semble encore assez probable.

      • J'aimerais avoir votre optimisme.

        A court terme un Poutine acculé ne me semble pas un signal allant vers une fin de la guerre. Quel que soit le résultat dans les mois ou années qui viennent, une revanche, quelle que soit sa forme, me semble possible. La propagande russe des vingt dernières années me semble constituer un bon terreau.

        Par ailleurs la doctrine de suprématie de la chine qui rêve d'accomplir la suprématie mondiale d'ici 2049 ne pourra probablement pas se faire qu'économiquement. Quelques détails dans cet article à partir de documents chinois qui n'ont été traduits que récemment :
        https://www.japantimes.co.jp/opinion/2022/09/16/commentary/world-commentary/xi-jinping-communist-vision/

        Maintenant il me semble que la Chine n'a jamais fait de Guerre en dehors de son territoire. Est ce un signe encourageant ? Ont ils envie de le faire, au moins les généraux. ? Le feront ils à travers des états vassaux comme la Corée du nord ? Je ne sais pas.

        Il y a beaucoup d'endroits ou des choses pourraient éclater. Quand vous allez à Séoul et que l'on vous explique que vous êtes à portée des canons Nord Coréens installés à la frontière, cela refroidit un peu. Un coup d’œil sur une carte voire des images satellites le confirme rapidement.

        La guerre justifiée par des raisons objectives, je ne suis pas certain et je ne vois pas quelles raisons sont objectives. Je pense que vous avez vu passé cette étude :
        https://phys.org/news/2022-09-presidential-narcissism-linked-longer-wars.html
        Peut on dire que le narcissisme est une raison objective ?

        Si tous les pays étaient des démocraties, la guerre serait peut être derrière nous, je crois qu'il n'y a eu qu'une ou deux guerre entre des démocraties. Mais comme vous le signalez dans vos remarques : "l'Europe même pourrait se fasciser", à partir de là tout est possible.

        En résumé je ne sais pas si vous avez raison ou pas.
        Discuter des moyens pour arriver à une paix durable au niveau mondial me semble utile même si à court terme je ne vois pas beaucoup d'axes possibles pour améliorer la situation. Avez vous des pistes ?

        • Je ne suis pas un optimiste de nature et avant de pouvoir pousser un grand Ouf, j'ai eu la peur de ma vie. Bien sûr le pire est toujours possible mais la leçon que je tire du 16 septembre, c'est qu'il est devenu beaucoup plus improbable et, à l'évidence, suicidaire ayant perdu le soutien de la Chine. Je ne prétends pas lire l'avenir, seulement rendre compte de l'événement.

          Il est vrai que, plus que leur début, la fin des guerres peut être liée à la psychologie du chef, au narcissisme, à la dissonance cognitive, à la paranoïa mais il n'est pas sûr que les Russes veuillent se suicider et laissent faire. Poutine n'a plus rien à perdre, ce n'est pas le cas de tout le monde. Encore une fois, cela ne veut pas dire pour autant que la menace n'est pas réelle puisqu'elle est matériellement possible.

          Je n'ai pas de pistes pour arrêter la guerre, je ne prétends à rien d'autre qu'à en faire le constat (au moment où la guerre gronde), constat d'un possible avenir qui ne sera peut-être plus possible demain mais l'était à cette date plus qu'avant.

  3. il y a quand même un bémol à mettre à cette supposée fin de la guerre (mondiale). A supposer que Poutine ne nous entraîne pas aux extrêmes et qu'une issue soit trouvée (qu'on ne voit pas encore en dehors d'un renversement du tsar), cet affaiblissement de la Russie et de son empire peut ordinairement produire une multiplication des conflits entre voisins comme après le démantèlement de la Yougoslavie. Si les empires contiennent les guerres, leur affaiblissement les ravive. Les institutions internationales devront s'y substituer par un force militaire qui ne soit pas seulement américaine et impériale. Comme pour le reste, la fin n'est pas un événement ponctuel, traversant encore de nombreuses péripéties.

    Sinon, cela n'a rien à voir, sauf peut-être avec une trop faible encore révolte des Russes mobilisés, mais la remarquable révolte des femmes en Iran suscite un grand espoir qui peut finir en grand massacre mais montre qu'il y a des révolutions possibles, des libérations nécessaires, des enthousiasmes justifiés, un progrès de l'histoire et notamment de la libération des femmes.

    • Un bémol, mais aussi des espoirs pour le long terme.
      Cette guerre montre à nouveau que le droit de veto au conseil de sécurité est une entrave à son fonctionnement. C'est un vieux serpent de mer, mais tout ce qui peut militer pour une modification de ce droit de véto me semble positif.

      La SDN puis l'ONU sont nées après des guerres majeures, si nous pouvions avoir une évolution majeure de l'ONU, voire une nouvelle organisation, sans guerre mondiale ce serait un pas en avant et cela pourrait aider à gérer de nombreux conflits.

      Tout cela en attendant bien sûr la suppression des frontières.

  4. Jusqu'à présent l'armée russe a ménagé les structures essentielles de l'Ukraine. Le dernier pipeline en fonctionnement passe par l'Ukraine. L'Ukraine est alimentée en électricité par la centrale atomique qu'ils bombardent. Les infrastructures ferroviaires sont intactes, en particulier les tunnels. Les missiles subsoniques capables de détruire tout cela n'ont été utilisés, à ma connaissance, qu'une seule fois. La Russie maintient sa doctrine d'une "opération spéciale" c'est-à-dire d'une opération limitée du type de celle de la France au Mali. Mais l'implication de plus en plus directe des USA dans la guerre risque de la faire passer à un stade supérieur comme Poutine l'a dit. Le sabotage des pipelines Nordstream 1 et 2 aggrave encore cela et rend inévitable une vraie guerre. Nous sommes donc loin, très loin de la paix. Sauf si l'Europe se réveille. En effet, l'Europe (Allemagne tête) est la grande perdante de cette affaire. Les USA sont gagnants et ont tout à gagner à une prolongation du conflit. Donc qui vivra verra !

  5. il est evident que poutine va utiliser sous peu des armes tres dissuasives de courte portée (nucleaire, biologique...). il est acculé.

    avec un biden qui ne se souviendrait meme des codes nucleaires...

    en cas de defaite russe, les chinois se sentiraient tres menacés.

    • Il est certain que le risque est au maximum et que la Russie a les moyens de détruire la terre entière mais on ne voit pas ce qu'ils y gagneraient. Cela paraît trop disproportionné et suicidaire. Il est certain aussi que les Chinois s'opposent à l'utilisation d'armes nucléaires y compris tactiques à cause de la déstabilisation que cela provoquerait.

      Cela n'empêche pas d'en parler mais devrait empêcher de passer aux actes, espérons-le car, bien sûr, le facteur humain est toujours relativement imprévisible et il est souvent nécessaire hélas de passer par le pire.

      • Il est évident que Poutine ne veut pas détruire la terre, il n'est pas encore assez désespéré pour cela.
        Pour faire l'apocalypse que Biden utilise comme menace, il faut une réponse globale. Ce n'est pas une seule ou deux bombes (nucléaire/Bactério/Chimique) sur la planète qui le provoquerait mais bien la folie de nos dirigeants.

        Il y a qu'une volonté de va-t-en-guerre par les américains suivis par des toutous corrompus pour provoquer cette apocalypse. Et non le contraire.

        Les peuples sont entraînés dans les conflits par une poignée de personnes cupides et folles. La suprématie occidentale est terminée, c'est le chant du cygne...

        La guerre, c'est un malheur oui. Les occidentaux ne sont que l’hôpital qui se fout de la charité. La France ne devrait pas fournir d'arme, mais bien un accueil pour les refugiés et une aide humanitaire pour les civils en Ukraine. Le reste ce ne sont malheureusement pas nos affaires.

  6. Où voyez-vous que Poutine est acculé ?
    Tout d'abord contrairement à ce que répète sans arrêt la propagande occidentale, Poutine est loin d'être un autocrate. Ce n'est pas lui qui a présenté à la Douma le projet de loi de reconnaissance des provinces du Donbass qui a permis l'intervention russe. C'est la parti communiste. Ce parti faisait campagne pour cette reconnaissance depuis près de 8 ans. Poutine n'a fait que reconnaitre l'inévitabilité de cette intervention.
    C'est encore le parti communiste PKREF qui faisait campagne pour la mobilisation générale.
    Les reculs actuels sont tout relatifs. L'armée russe et ses alliés se replient sur des positions sûres tandis que l'armée ukrainienne avance au prix d'énormes pertes. Elle en est à mobiliser les retraités. Le nombre de citoyens mobilisables qui sont parti est énorme, bien plus important que celui des russes.
    Ce qui est dangereux pour la Russie c'est l'arrivée massive de mercenaires de l'OTAN qui sont à la fois bien équipés et bien formés. Mais cette arrivée devrait se tarir.
    Quant à l'usage de la bombe atomique c'est Zelenski qui la réclame à grands cris. A tel point que la presse allemande commence à évoquer la nécessité de l'écarter du pouvoir. Cela risque de très mal finir pour lui car il a dans le dos les milices nazies et devant lui une OTAN qui commence à le trouver encombrant.

  7. communiqué d'une agence de presse russe :

    11.50 Les lecteurs de la publication allemande Die Welt ont critiqué M. Zelensky pour ses affirmations selon lesquelles l’OTAN devrait lancer des frappes nucléaires “préventives” contre la Russie :

    “Zelensky est un danger pour l’Europe. J’espère que de plus en plus de gens s’en rendent compte” (Ralph K).

    “Il est dangereux, mais nos politiciens ne le réalisent pas” (Kai B).

    “Zelenski devrait être isolé” (Really now).

    “C’est un acteur et il pense qu’il joue le rôle d’une vie” (cooking).

    “S’il vous plaît, s’il vous plaît, gardez ce pays hors de l’UE, et surtout de l’OTAN” (Nicole K).

  8. La guerre n'a jamais été l'affaire des peuples mais de causes matérielles ou objectives suscitant plus ou moins d'enthousiasme et qui a une valeur de vérité sur les puissances en présence. Cette fois, c'est la puissance russe qui s'est dégonflée, qui était surestimée malgré l'état du pays (certes mieux qu'avec Eltsine). Ce qui a été montré jusqu'ici, c'est justement que la suprématie occidentale n'est pas terminée. Il n'est bien sûr pas sain que l'universel soit mis au service du particulier et cette suprématie ne peut durer dans une planète unifiée mais on l'avait enterrée un peu trop tôt.

    Il est ridicule de dénier la réalité d'une débandade que même les Russes reconnaissent. Il faudra bien trouver une porte de sortie mais si Poutine reste au pouvoir cela aura un prix exorbitant pour la Russie. Poutine est un autocrate et surtout un mafieux corrompu mais cela n'empêche pas qu'il a (avait) un soutien massif de sa population ayant redressé le pays au début au moins. Il a fait une erreur colossale en ayant voulu attaquer Kiev et les erreurs se payent. Derrière ce jugement de l'histoire, il faut y voir aussi la défaite de son idéologie régressive qui en fait clairement un ennemi.

    Sinon, effectivement Zelenski est devenu très dangereux, son appel à des frappes préventives délirant mais, heureusement, il n'a pas vraiment le pouvoir, il n'en est que le porte-parole et je crois que personne ne va s'y laisser aller mais il est effarant qu'on en soit à brandir ainsi l'arme nucléaire, on sait bien que cela peut déraper pour des raisons techniques ou humaines. La sortie de la guerre ne se fera pas aux conditions de Zelenski (plutôt au plan de Musk ?) mais il faudra bien que les Russes admettent leur défaite. De toutes façons, cela ne dépend pas de nous, de ce qu'on en pense, c'est le réel matériel qui décide pour nous.

  9. Oui Michel
    ça fait plaisir dans cet univers sous propagande , et décisions prises sans nous , d'abord le covid puis aujourd'hui la guerre, de voir qu'il existe encore des tentatives de penser librement le monde. (qu'on soit d'accord ou non sur les sujets )
    Mais tous les dangers restent ouverts et au bout du compte n'y aurait il pas par en dessous , bien tapis dans l'inconscient collectif , l'échec global et mondial de nos civilisations qui ont ouvert la boîte de pandore écologique qui ne dépend plus même de nos choix et efforts et qui va faire son oeuvre , terrible et destructrice
    De ce côté là la Russie et l'Ukraine avec leurs terres à blé et leur position cilmatique sont beaucoup mieux placées que les USA, la Chine et nous mêmes pour tenir plus longtemps sur le plan de la simple survie alimentaire.

  10. Non, moi je ne trouve pas ça intéressant les pensées alternatives et prétentions de penser par soi-même. Bien sûr, je reconnais que c'est tentant, notre pente naturelle comme je le soulignais dans "En avant", mais il faut y résister en acceptant notre ignorance.

    C'est comme pour la pandémie et les vaccins, sous prétexte d'échapper à la propagande gouvernementale on croit n'importe qui disant autre chose sans avoir aucune compétence et on constate à chaque fois que le mensonge, le déni, les fausses nouvelles viennent de l'extrême-droite et de leur merveilleux courage à dire des "vérités" abjectes contre la bien-pensance. Certes les bons sentiments de la gauche ne valent pas beaucoup mieux, il ne sert à rien d'appeler à la fin de la guerre (Diderot raconte l'histoire d'un abbé voulant s'interposer entre deux armées un crucifix à la main et qui fut vite écarté).

    Il faut s'en tenir aux faits, sur le terrain, ce qu'on en sait, si possible recoupé avec des Russes bien qu'ils essaient de camoufler le désastre et que Poutine est un menteur professionnel mais la Russie n'a plus la puissance de l'URSS et son armée a été durablement affaiblie.

    Il y a incontestablement de la propagande du côté américain. Il y a plein de vidéos à la gloire des ukrainiens et qui crient victoire à chaque fois, un simplisme idéologique de la guerre du Bien contre le Mal (ce ne sont pas les seuls), mais pour ce que j'ai pu voir, rarement de fausses nouvelles alors que de l'autre côté il n'y a presque que cela, là aussi promettant chaque matin d'écraser l'ennemi de toute la puissance de l'ancienne Russie.

    La vérité, c'est que la résistance ukrainienne a surpris tout le monde et que l'armée russe a subi une lourde défaite. Cela ne préjuge pas de la fin, Poutine est un adversaire coriace qui n'est pas à court de rebondissements et tant de choses pouvant se passer (une réélection de Trump? peu probable quand même), ce qui est sûr, c'est que cela ne dépend pas de nous et que les américains non plus ne sont pas tout puissants et ne manipulent pas autant qu'on le dit les Ukrainiens qui sans eux seraient effectivement vaincus (et devront s'en remettre aux conditions de leur fournisseur ou de leur vainqueur).

    L'Ukraine était très bordélique avant et avec une composante russe importante mais une majorité des Ukrainiens n'ont pas voulu être russes et cela a suffi pour déstabiliser le monde entier, un ordre mondial qui ne peut plus cautionner la conquête de territoires par les armes.

    • Je ne connais pas d'autre méthode pour vivre mon ignorance ( réalité qui ne prend corps que si on cherche à la combler) que de m'informer et me méfier comme la peste de ceux qui savent sans vous et qui plus est décident sans vous (ni les doses de vaccins ni la guerre( nous sommes en guerre) n'ont été soumis à la réflexion des représentés que nous sommes ni même à celle de nos représentants. On se trouve embarqués et qui plus est on subi un matraquage incessant ; les médecins ou scientifiques d'un autre avis sont immédiatement censurés dénigrés classés dans les complotistes... RT France est immédiatement fermée.... Et si on essaie de promouvoir une diplomatie - négociation de paix ( AVANT la guerre et maintenant ) on devient traitre à la patrie.

      Cerise sur le gâteau on m'explique aujourd'hui que ces grands enjeux ne sont en fait que le combat droite gauche et que je dois m'en tenir aux faits sur le terrain , ne pas céder à ma pente naturelle de savoir et comprendre et accepter ainsi une ignorance qui de fait, fait de moi un sous citoyen soumis ...qui va continuer à voter.

        • Ah oui! "Faites vos propres recherches" est un mantra du groupe Qanon (parmis d'autres) , bien vu par Wu Ming 1 dans Q comme Qomplot. Faire ses propres recherches amène inévitablement sur internet en circuit fermé (plus il est ouvert plus il est fermé, paradoxe). À part lire des livres d'historiens rattachés aux institutions ou de longues enquêtes de journalistes, ou carrément des ouvrages techniques ou scientifiques, je ne vois pas comment faire ses propres recherches, sinon aller dans les archives. Cela me rappelle l'approche d'Henri Lefebvre qui mettait en parallèle l'œuvre et l'institution et qui défendait l'idée que toute œuvre (personnelle, ou de groupe) devait s'instituer pour compter vraiment (in Le Cybernanthrope). Il y a forcément un rapport entre information et institution (constitution?).

      • Le problème de l'ignorance, on le sait depuis Socrate, c'est qu'on croit trop facilement y échapper avec des idées claires et distinctes qui ne sont que faux savoirs. On s'y croit un peu trop et le texte suivant sur Hegel montre que l'individu n'a pas de véritable prise sur l'histoire (sauf à participer à une révolution comme en Iran mais l'individu ne fait que s'y agréger). Il est donc certain qu'on est tous des sous-citoyens par rapport à une démocratie idéale que l'extrême-droite souverainiste prétend incarner.

        J'ai déjà beaucoup écrit sur le sujet d'une démocratie qui ne peut être que locale (au mieux) et pour le reste (guerre, crises) ne dépend pas de nous mais de niveaux supérieurs (et je m'abstiens souvent de voter). Propager des mythes sur une véritable démocratie souveraine ne mène qu'à la dictature d'une volonté claire et unique.

        La bêtise est quand même phénoménale de s'imaginer découvrir qu'on est dirigé secrètement par le complot des "banquiers cosmopolites" (QUI?) et qu'on subit une insupportable domination des USA vendus aux "banquiers" et que ce sont la Russie et la Chine (et l'Iran) avec leurs idéologies rétrogrades qui vont nous délivrer de la domination !!! Tout cela contre une mondialisation qui est pourtant matérielle, effective, et au nom du souverainisme que ces belles dictatures veulent justement pouvoir enfreindre par la guerre à leurs voisins ! Cerise sur le gâteau de ce retour des fachos au nom de la démocratie, on nous ressort les corporations...

      • Ayant dû de nouveau censurer une facho, il doit être bien clair que je combats (sans illusions) l'extrême-droite, le souverainisme et la connerie donc ma liste noire est infinie de ce côté et leur censure sera toujours implacable. Il est bien triste de constater qu'une fois tombé dans une bulle de tarés on n'en sort plus, sans même soupçonner ce qu'il pourrait y avoir de problématique dans ces délires simplistes et dans les positions politiques auxquelles cela mène. Dommage.

    • La question de penser n'était pas au coeur de mes préoccupations, bien que penser soit inévitable, chacun avec ses moyens, ses influences.... C'est plutôt l'accès à l'information qui me semble primordial. L'article de Jean Zin est extrêmement pauvre en informations, c'est plutôt un article d'opinion avec des affirmations dont on a peine à trouver sur quoi elles s'appuient. J'étais habitué à beaucoup mieux.

    • Pour ma part, j'ai toujours combattu les interprétations psychologiques de la prétendue folie de Poutine, tout comme celles qui veulent nous faire croire que tout est manipulé par les USA. En 2014 j'ai parlé d'un engrenage fatal que personne n'a vraiment voulu. Il y avait depuis des raisons objectives d'arrêter la guerre du Donbass mais si les causes de la guerre étaient "matérielles" avant d'être idéologiques, la débâcle russe est aussi matérielle révélant la faiblesse d'une armée russe surévaluée. L'erreur, je le répète, a été d'avoir voulu attaquer Kiev, ceci non par folie mais à cause de très mauvais renseignements en aussi mauvais états que le reste de l'armée. Il faut reconnaître que la résistance des Ukrainiens a étonné tout le monde, y compris les USA et les européens qui n'ont parié qu'après-coup sur une victoire ukrainienne (pas acquise encore).

      La guerre n'est qu'une confrontation de puissances mais ce qui est sanctionné par l'issu du conflit, ce sont bien les régimes eux-mêmes et donc leur idéologie, leur organisation, notamment la faiblesse des régimes autoritaires qui sont déconnectés par structure des réalités effectives en étouffant toute expression. C'est la démonstration que, contrairement à ce dont Poutine était persuadé, les idéologies régressives, le patriarcat et la répression des minorités sexuelles (aggravée ces jours-ci) ne sont pas les conditions de la puissance face à un occident décadent, comme on le voit aussi en Iran. Les réactionnaires et traditionalistes ne sont pas notre avenir comme les fachos le prétendent et donc finalement, c'est bien la guerre entre les démocraties libérales et les dictatures corrompues, en écho à la seconde guerre mondiale.

      Il ne fait aucun doute que Poutine est un autocrate mafieux s'appuyant sur une église orthodoxe tout aussi corrompue et se mettant en scène en mâle dominant (comme Mussolini). C'est incontestablement un adversaire avec lequel on peut d'autant moins s'arranger que c'est un menteur professionnel avec l'aplomb des espions. Après l'échec de son plan il est encore plus dangereux même s'il n'est pas fou (et il y a plus extrémiste que lui dans son entourage). Il est inadmissible que la menace nucléaire soit brandie à ce point.

      Il n'y a pour autant aucun mystère sur le soutien de la population Russe à Poutine qui a quand même redressé le pays après un Eltsine plus démocrate qui l'avait détruit, ceci qui commence à dater mais appuyé sur une propagande intensive et le contrôle des médias. Il sera très difficile de faire la paix avec Poutine mais s'il est remplacé, ce ne sera pas forcément mieux (une nouvelle Yougoslavie). En tout cas, ce sont les événements qui vont décider de la suite, ni notre avis sous influence, ni même les "décideurs", mais la logique de la guerre qui est le père de toutes choses encore même si il reste probable qu'après ce monumental échec ce soit la fin de la guerre dans l'empire universel ?

  11. Jeux de menteurs???
    Qui ment dans l'accord sur les céréales? Pourquoi la Russie aurait attaqué un des navires qui assurent la sécurité du transport des céréales?
    Centrale nucléaire de Zaporije. Pourquoi les russes bombarderaient une centrale qu'ils contrôlent, alors qu'ils ne feraient rien à l'encontre des centrales nucléaires contrôlées par les ukrainiens?
    Qui a saboté les gazoducs? Pourquoi les russes le feraient-ils?
    Etc...

    • Les Ukrainiens ne sont certainement pas des anges et ils mentent sûrement dans certaines circonstances, peut-être celles-là, la première victime de la guerre c'est la vérité mais ce n'est quand même rien par rapport à l'énormité des mensonges de Poutine (y compris à l'ONU) qu'il faut être aveugle pour ne pas voir, depuis les simples manoeuvres du début aux attaques de cibles civiles, etc.

  12. Hélène Carrère d'Encausse fait de la Pologne la principale responsable de la situation, de la non intégration de la Russie à l'Europe et d'une hostilité maintenue à l'égard des Russes (autoréalisatrice).

    https://youtu.be/iiz1xYfUVgo

    On ne refait pas l'histoire mais cela n'explique pas la débâcle russe qui relève, elle, de la faiblesse des autocraties (du volontarisme fasciste) et de leurs idéologies rétrogrades (de plus en plus délirantes) dont la mondialisation doit se débarrasser, mondialisation qui n'est pas un mode de vie occidental mais une uniformisation du monde renvoyant les traditions locales au folklore (la Pologne n'y est pas encore, faisant partie des rétrogrades).

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