Le capitalisme de réseau

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Le capitalisme numérique n'a rien à voir avec le capitalisme industriel, on peut même dire que c'est le contraire puisque dans l'industrie, le capital est un préalable à l'investissement dont la réussite est sanctionnée après-coup par le marché alors que dans le numérique l'argent vient après, pour amplifier une réussite et consolider son monopole. Effectivement, dans un monde connecté, "l'effet de réseau" favorise les monopoles car la valeur d'un réseau, pour un utilisateur augmente avec le nombre d'utilisateurs en ligne. Du coup, c'est le premier qui rafle tout et la valeur des "licornes" explose créant des fortunes immenses presque du jour au lendemain.

Un article de décembre (que je ne découvre qu'aujourd'hui) montre comme la blockchain associée au crowdfunding pourrait exploiter cette propriété des réseaux pour le capital-risque en permettant de distribuer aux premiers investisseurs des "jetons" destinés à prendre de la valeur avec le développement de la start-up. C'est ce qu'on appelle ICO (Initial Coin Offering) :

Il s’agit d’une forme très particulière de crowdfunding, appelée crowdsale. Concrètement, c’est une forme de financement participatif qui consiste à pré-acheter non pas un produit, comme c’est parfois le cas dans le crowdfunding classique, mais des actifs digitaux (intitulés « tokens », ou jetons, dans le monde de la blockchain). Les jetons créés sont achetables en échange d’un montant en cryptomonnaie ; ensuite, s’il existe suffisamment de demande, les plateformes d’échange de monnaies virtuelles vont créer un marché pour permettre le trading de ces jetons.

Comment réussir, malgré l'effet de réseau, à inciter les internautes à rejoindre un nouveau réseau ? En donnant à chacun une partie de la propriété du réseau. Tout comme le capital dans une startup, il est plus intéressant de rejoindre le réseau tôt puisque vous avez plus de parts dedans. Les applications décentralisées rendent cette idée possible en payant leurs contributeurs avec leur tokens ; et ces tokens, qui constituent une partie du réseau, pourront valoir plus cher à l’avenir.

-Les tokens constituent la monnaie qui est ensuite utilisée dans l’application elle-même.
-Ceux qui ont contribué au développement de l’application sont payés directement en token pour leurs contributions.
-Ces tokens sont convertissables facilement dans n’importe quelle monnaie locale puisqu’ils reposent sur la blockchain.

Pour Fred Ehrsam, « c’est là où le phénomène va bien au-delà d’une simple nouvelle façon de lever de l’argent. Ces projets créent leur propre écosystème économique. Ce sont des business models entièrement nouveaux, essayés pour la 1ere fois. Dans ce modèle décentralisé, il n’y a aucune autorité centrale, et les contributions et la propriété sont réparties entre toutes les parties prenantes ».

Ainsi, si les blockchains ont d’abord permis l’émergence de « l’Internet de l’argent », désormais elles ouvrent la voie à « l’Internet des actifs ».

Cela reste pour l'instant assez risqué, pas assez mûr et trop spéculatif (sans contrôle) mais c'est bien un système qui devrait se développer à l'avenir selon toute probabilité (à rapprocher de la nouvelle monnaie virtuelle Bilur garantie par des stocks de pétrole).

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