La blogosphère en panne

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C'est moi ou il y a un trou d'air dans la blogosphère depuis la rentrée ? Le thème de la fin des blogs est un marronnier et c'est peut-être juste rezo.net qui s'épuise mais, c'est un fait qu'il y a pas mal de blogueurs qui arrêtent ou lèvent le pied, et, surtout, qu'en dehors des sciences et techniques toujours aussi dynamiques, on n'a pas grand chose d'intéressant à se mettre sous la dent en ce moment.

Il y a un facteur d’obsolescence qui joue sans aucun doute, la perte de l'enthousiasme des débuts qui ne tient plus face au temps pris par le travail et les nécessités de la vie. Il est naturel qu'il y ait une certaine décrue des blogs et un retour au réalisme, comme on devrait le voir pour les réseaux sociaux en général avec une stabilisation à un niveau plus soutenable. Car, c'est la limite de la gratuité dans le système actuel, de ne pas assurer sa reproduction, introduisant une sélection darwinienne dans l'utopie numérique. Il est bien beau de se vouloir incorruptible mais à ne pas accepter d'être corrompu par des millions, on finit par déserter la place, quand ce n'est pas par se vendre pour quelques sous, dès lors qu'on n'a plus les moyens de vivre...

Cependant, il faut s'attendre à d'importantes variations en fonction des situations historiques. Le vide qui atteint surtout la blogosphère de gauche (le nationalisme se porte beaucoup mieux) ne ferait que refléter en direct le vide de la pensée et notre impuissance éprouvée face à une situation intenable. On ne sait si on sort de la crise, encore moins par quel miracle l'effondrement n'a pas eu lieu. Les injections continues de liquidité ne semblent pas produire de krach alors que c'est de l'argent aussi illusoire que celui des subprimes. L'avenir immédiat est on ne peut plus incertain dans un sens comme dans l'autre (sans compter les prévisions climatiques) et, à part le nationalisme qui a réponse à tout, les vieux discours sont usés semblant tourner à vide comme des ritournelles, qu'ils annoncent le meilleur comme le pire.

Ce n'est peut-être que la conséquence de ce beau temps tardif ou de mon ignorance de nouveaux blogs passionnants et je pourrais dès demain être démenti par un regain soudain d'activité mais du moins, avec les blogs comme pour le reste du numérique, on dispose d'un baromètre en temps réel et donc d'une réflexivité immédiate sur les fluctuations de la pensée elle-même. De quoi lui restituer sa dimension collective qui n'était pas si évidente avant et à laquelle on n'est sans doute pas encore assez habitué mais que ces moments de respiration rendent plus sensibles. Si "penser, c'est perdre le fil", ne pas savoir et se donner le temps de la réflexion, alors nous aurions dans ce passage à vide le témoignage même de la pensée comme d'un feu qui couve ?

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