Vers des villes vertes

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L'écologie comme "vie naturelle" peut difficilement s'appliquer aux grandes villes et pourtant, non seulement la majorité de la population mondiale vit maintenant dans des grandes villes mais c'est devenu écologiquement incontournable, réduisant les déplacements et l'impact sur l'environnement. Il n'y a pas d'alternative au moment où l'on va atteindre le pic de la population mondiale qui doit encore augmenter de 40%, ce qui n'est pas rien. Dans ce contexte, le retour à la terre ne sera possible que pour une toute petite minorité (qu'on peut certes encourager).

C'est bien là où l'écologie responsable se révèle incompatible avec des utopies écologistes complètement en dehors du temps alors qu'il faut bien s'affronter aux réalités de l'époque pour sauvegarder l'avenir. On ne choisit pas le monde dans lequel on naît et il ne fait aucun doute que le monde futur sera à la fois numérique et plus peuplé qu'aujourd'hui (sauf épidémie foudroyante toujours possible) avant d'entamer sa décroissance dans 50 ans peut-être ? Au lieu de rêver d'un déferlement des urbains sur les campagnes, l'enjeu actuel est donc plutôt de rendre les villes plus écologiques, d'amener la nature dans les villes plutôt que de bâtir des villes à la campagne.

A part un petit nombre de voyageurs impénitents qui n'ont pas de foyer, nous vivons tous quelque part, et le plus souvent dans des villes où les problèmes écologiques et sociaux aussi apparaissent concentrés. C'est certainement l'un des enjeux principaux des décennies à venir de parvenir à réhabiter les territoires urbains. Pour cela, un urbanisme vert ne pourra se limiter à l'occupation de l'espace et la circulation des flux mais devra inclure toutes les facettes de l'existence, notamment la vie démocratique et l'économie locale. On aurait besoin d'un grand mouvement autour d'un urbanisme écolo qui ne soit pas un urbanisme utopique redessinant les villes de leur plume souveraine mais un urbanisme pour les villes existantes dans leur diversité et un urbanisme démocratique qui soit la réappropriation de la ville, ou plutôt de ses quartiers, par leurs habitants, véritable projet politique local tenant compte des spécificités de chaque ville. On a besoin, en effet, d'un urbanisme majeur politiquement, qui ne tombe pas dans la planification autoritaire détruisant le tissus social mais soit plutôt correctif, fournissant un certain nombre d'aménagements, d'outils, de solutions.

Ce qu'on appelle ici les "villes vertes" n'est pas si éloigné de ce que les anglo-saxons appellent les "villes de transition", mouvement très intéressant de relocalisation auquel on peut reprocher cependant de se focaliser trop exclusivement sur la consommation d'énergie, ce qui se justifie dans une période effectivement de transition entre les énergies fossiles et les énergies renouvelables mais, une fois le problème énergétique résolu, il restera toujours aussi nécessaire de rendre nos villes plus écologiques et plus humaines. Il ne faut pas limiter la question écologique à celle de l'énergie. Pour l'écologie urbaine, on aurait besoin au contraire de ce qu'on pourrait appeler un "urbanisme unitaire" (bien qu'assez éloigné des modèles réduits d'un Constant) avec une approche résolument transdisciplinaire mais ce n'est pas une raison suffisante pour opposer des démarches presque identiques se différenciant surtout par le rapport au politique.

La culture dans les villes

La prise de conscience est assez récente, en tout cas pour moi, de l'intérêt écologique des villes même si Calthorpe, l'un des fondateurs du new urbanism, avait souligné dès 1985 que "La ville est la forme d’établissement humain la plus bénigne pour l’environnement. Chaque citadin consomme moins de terre, d’énergie, d’eau, et pollue moins que l’habitant de lieux de plus faible densité". Il est beaucoup plus facile et économique de fournir des services en ville, avec un impact écologique réduit. Cela ne veut pas dire que la vie en ville soit toujours satisfaisante, loin de là, mais que c'est un objectif vital de rendre les villes plus vivables et plus vertes.

Du fait que les villes minimisent l'occupation des sols et vivent depuis toujours sur leur campagne environnante, il peut paraître incongru de vouloir y introduire jardins et cultures vivrières, c'est pourtant le principal changement urbanistique qui doit transformer nos villes et qui a déjà commencé. En premier lieu, ce sont les toits qui sont transformés en serres avec l'avantage supplémentaire d'améliorer notablement l'isolation du bâtiment. Il ne s'agit évidemment pas de faire de la production agricole l'activité dominante en ville, l'objectif doit juste être d'utiliser le maximum d'espaces disponibles pour y mettre des cultures en jouant sur des incitations et l'initiative citoyenne plus que par décret. Il ne fait aucun doute que ce n'est pas l'intérêt économique le plus important dans la présence de jardins au coeur des villes mais le fait qu'ils structurent l'espace et entretiennent tout un biotope, fournissant de plus un loisir sain à une population urbaine vieillissante. Pour nourrir les citadins, il vaut mieux compter cependant sur ce qu'on appelle les "fermes verticales" qui sont des immeubles dédiés à la production alimentaire mais il n'est pas question de viser la suffisance alimentaire pour une ville qui ne peut absolument pas vivre en autarcie, il s'agit seulement de réduire un peu cette dépendance et surtout de raccourcir les circuits tout en augmentant la biodiversité urbaine et la qualité de la vie.

Tout cela peut paraître marginal par rapport à des plans grandioses de transformation du monde mais ne devrait pas être négligé pour autant. C'est d'ailleurs sans doute ce qui transformera le plus le paysage urbain mais ce n'est bien sûr pas la seule chose à faire. Sans parler de l'architecture qu'on voudrait plus inventive et moins impersonnelle, l'organisation de circuits courts ne peut se limiter à la ville elle-même et doit s'étendre à sa périphérie. Parmi les priorités écologiques, il y a aussi, par exemple, l'isolation des bâtiments, à laquelle les cultures en terrasse participent, mais c'est moins visible. Il ne s'agit pas de faire la même chose partout ni de tout changer comme s'il n'y avait pas déjà des quartiers agréables, réussis, conviviaux, seulement d'améliorer ce qui peut l'être et d'y faire pousser plus de verdure. Même en ville, la transformation du monde doit d'abord être locale, modifiant radicalement notre environnement immédiat.

La production en ville

Une fois planté le décor de villes vertes assez différentes des mégapoles actuelles, les villes restent des villes et, s'il faut favoriser aussi l'artisanat local dont on a un réel besoin, l'essentiel des activités urbaines resteront les services, notamment ceux liés au numérique. Il ne s'agit pas de faire comme si nous n'étions pas intégrés à des réseaux globaux ou qu'on devrait tous redevenir des cultivateurs. Les villes du futur sont des villes numériques, ce qui ne veut pas dire qu'elles seraient complètement déterritorialisées, qu'elles ne seraient plus des villes car, contrairement à ce qu'on croit, il n'y a rien de plus local que la ville puisque c'est bien la proximité qui constitue les "externalités positives" des villes. Si le problème des petites villes de campagne, c'est de ne pouvoir trouver ni valoriser toute sorte de compétences, l'intérêt des grandes villes, c'est de mettre plus facilement en relation l'offre et la demande. Il y a donc bien une économie locale à entretenir malgré la dépendance globale aux industries rejetées en périphérie. L'ouverture aux marchés extérieurs ne doit pas empêcher de favoriser les échanges locaux, de fausser les marchés en faveur des résidents. Pour cela, comme je l'ai assez martelé, une monnaie locale me semble le bon outil mais son périmètre devrait changer selon les endroits, de la ville à l'arrondissement ou même au quartier (il peut y avoir deux monnaies locales superposées), sans viser le moins du monde, là encore, une autarcie qui n'aurait aucun sens.

Dans un monde en réseau, le travail à distance aura inévitablement une place de plus en plus grande. La relocalisation ne peut consister à nier la globalisation alors qu'elle doit l'équilibrer, la contenir, lui donner une assise locale viable. La relocalisation a donc bien un sens, même dans une mégapole. C'est le travailleur qui habite en ville, c'est son lieu de vie même s'il travaille au loin ou bien en réseau avec des collègues de tous pays. Cependant, la relocalisation ne doit pas être simplement un capitalisme plus décentralisé mais, dans un souci écologique, elle devrait permettre de se soustraire à la pression des marchés et de la course à la productivité. Pour une production plus écologique, y compris en ville, il faudrait d'abord donner à tous les moyens de sortir du salariat productiviste, non pas se limiter aux échanges de proximité, qui restent essentiels, mais donner à tous les "citoyens" les moyens du travail autonome et de valoriser leurs compétences, y compris sur le réseau. C'est le soutien aux travailleurs autonomes (la production libre) qui est local plus que la production elle-même, le plus souvent dématérialisée. On a la chance que le développement humain et l'accès au travail choisi ne soient pas seulement désirables en eux-mêmes et que, désormais, ce soit ce qu'on exige des travailleurs du savoir à l'ère du numérique, mais il faut pour cela en donner les moyens, moyens que les grandes villes possèdent en général, y compris d'assurer une forme de revenu garanti.

Comme institution du travail autonome je défends depuis longtemps des "coopératives municipales" dont l'idée vient de Bookchin et que j'ai combinée avec l'idée de Gorz d'alternatives locales. A l'évidence, le concept s'applique mal à de trop grandes municipalités et doit être adapté en fonction de la taille de l'agglomération. On l'a dit, selon l'endroit le niveau pertinent peut être l'arrondissement ou le quartier mais il faut noter aussi que les coopératives municipales recouvrent un ensemble de fonctionnalités qui peuvent être éclatées et remplies par des structures différenciées car tout ne peut être compartimenté par arrondissement dans une grande ville.

Redonnons les principales fonctions d'une coopérative municipale tel que je les avais dégagées :

  • Développement local, dynamisation des échanges locaux (relocalisation de l'économie)
  • Protections sociales contre la précarité (revenu garanti) et services d'assistance ou de formation
  • Valorisation des compétences, aide à l'autonomie et recherche des synergies (coopérations)
  • Production alternative non marchande et nouvelles forces productives immatérielles et coopératives

Il faut donc imaginer une pluralité de structures, sans doute moins "municipalisées" que dans les villes plus petites, à partir d'associations locales plus que par l'action de la Mairie, toute cette diversité devant être encouragée mais aussi fédérée dans des lieux publics et des institutions communes. S'il faut s'appuyer sur les capacités d'auto-organisation et d'auto-gestion, l'idée principale du dispositif, tout comme du développement humain selon Amartya Sen, c'est que l'autonomie n'est pas si naturelle et doit être produite socialement. Il ne faut pas se régler sur les plus débrouillards mais tenir compte des plus faibles et du fait qu'on a tous besoin d'assistance et de coopération pour valoriser nos compétences et nos divers talents, qu'on a tous nos qualités et nos défauts, ne pouvant être une entreprise à soi tout seul ni se réduire à un homo economicus calculateur.

Que la ville ne soit pas seulement plus verte mais qu'elle permette à chacun de mieux vivre, voilà ce qu'on appelle changer la vie et mériterait bien qu'on parle de ville écologique. Bien plus que les néo-ruraux, l'accès pour chacun au travail autonome grâce au revenu garanti et aux ateliers communaux devrait avoir un impact écologique positif, constituant la précondition pour sortir d'une société de croissance condamnée à plus ou moins long terme. Pour cela, il faut des moyens, moyens d'existence et moyens de production. Une des fonctions principales des coopératives municipales consiste à mettre différents instruments et machines à disposition des travailleurs autonomes. On parle plutôt de fab labs aujourd'hui qui seront, à n'en pas douter, des éléments essentiels du dispositif et que les villes devraient encourager pour le moins. Il ne s'agit pas d'en mettre partout mais plutôt de susciter leur création par les gens intéressés sous des formes diverses, là aussi. La forme juridique n'est pas l'essentiel mais que les différentes fonctions soient remplies avec un fonctionnement démocratique. Dans ce cadre, il se peut que les imprimantes 3D prennent de l'importance jusqu'à réduire une part de la production industrielle au profit d'une fabrication sur place de toutes sortes d'objets ou de pièces détachées. Pour les objets de plus grande taille, il peut y avoir aussi des machines plus imposantes mais permettant de rapatrier une partie de la production à la demande au coeur même de la ville. S'il faut profiter de ces nouvelles potentialités, je serais plus réservé sur l'idéologie qui va en général avec, nous enjoignant de faire tout par soi-même. Au lieu de cette religion du do it yourself, il me semble préférable de pouvoir profiter, grâce à une coopérative, du savoir-faire des autres comme des artisans du coin...

La démocratie dans les grandes villes

Ce qui singularise la "coopérative municipale", c'est 2 choses. D'abord le fait d'être une institution publique, dont l'existence ne dépend pas du marché, qui n'est pas sous la pression de la concurrence, ce que l'octroie de subventions à des associations peut remplacer en partie. L'autre aspect, c'est l'aspect plus politique de prise en charge par la commune, de mise en commun qui ne soit pas cloisonnée par communautés, classes ou clans mais rassemble tous les habitants. La dimension politique est essentielle et liée au territoire de vie regroupant toutes sortes de populations, ce qui fait toute la différence avec des réseaux affinitaires mais les mégapoles constituent un cas très particulier de démocratie qu'on peut dire largement hors sol, beaucoup plus "politisée" et pour laquelle il faudrait des procédures particulières.

Il semble bien que les tentatives de indignés espagnols de décentraliser leur mouvement dans les quartiers ait relativement échoué, ce qui montre qu'on a besoin de points de rassemblement. La difficulté de la démocratie dans les grandes villes tient à la fois au nombre et à la mobilité des habitants. On ne peut véritablement parler dans ce cas de "démocratie de face à face". Il n'y a pas de dispositif miracle mais c'est sans doute là que les expériences de "démocratie participative" peuvent prendre le plus de sens à condition de n'être pas trop manipulées par les élus... Ce sont malgré tout les mouvements spontanés de citoyens qui restent certainement un des meilleurs modes d'expression dans les grandes villes, témoignant de leur vitalité démocratique. Le caractère municipal de la gestion des coopératives a sans doute moins d'importance dans ce cadre que son caractère public évitant un communautarisme trop étroit mais c'est une réflexion à continuer, en fonction des situations locales.

C'est un peu court, j'en conviens, mais il ne faudrait pas donner l'illusion qu'on saurait très bien ce qu'il faut faire, que tout est écrit dans un livre et qu'il suffirait juste d'une volonté décidée. Il y a simplement des objectifs à atteindre qui doivent être pris en charge localement par les populations (que chaque ville construise son projet). Retrouver une marge de manoeuvre et une dynamique démocratique locale, voilà tout l'enjeu car notre rayon d'action dépasse rarement notre environnement proche et l'alternative se construit par le bas (on ne relocalise pas d'en haut) même si on dépend d'une ambiance générale. Ce ne sont ici que quelques propos préliminaires sur l'importance des grandes villes pour l'écologie, programme pour un travail à venir sur ce qui importe vraiment, plus que les grands mots et les grands principes, mais qui nécessite à chaque fois tout un travail collectif pour faire de nos villes des villes plus vertes et un peu plus autonomes, ce dont nous pourrions avoir besoin plus vite qu'on ne croit....

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32 réflexions au sujet de “Vers des villes vertes”

  1. je suis totalement d'accord avec ce programme de travail et suis prêt à échanger la dessus. Je crois que si nous arrivons en à amorcer des actions concrêtes sur les territoire, nous permettrons au mouvement de s'accrocher à la transformation des réalités.

  2. Bonsoir,
    j'aimerai une précision sur la dernière partie : qu'est-ce qui vous fait dire que les indignés espagnols ont échoué à décentraliser (disons dé-placer) leur mouvement ? Ce n'est pas ce que j'ai pu constater a Madrid et dans sa proche banlieue où, au contraire, les gens qui participaient aux assemblées, même dans des zones traditionnellement bourgeoises voire franchement ancrées à droite, étaient tous surpris de la vivacité, de la densité des échanges et des propositions. Franchement, une expérience de démocratie directe de cette ampleur, ca a quand même une autre gueule que la soupe participative qu'on nous sert en France, vous savez : celle qui nous permet, une fois toutes les décisions prises, de choisir la couleur du faire-part...

  3. Disons que la bonne nouvelle n'était pas venue jusqu'à moi et qu'on en perçoit mal pour l'instant les suites, je voulais surtout dire qu'il faut garder une certaine centralité même si on décentralise mais je suis bien d'accord sur les critiques de la démocratie participative, qui peuvent cependant être un progrès. Je souligne aussi à quel point les mouvements spontanés de citoyens sont préférables mais il faut avouer qu'ils sont plutôt rares...

  4. Assez dubitatif sur le concept de villes vertes et de leur justification par réalisme , même si effectivement les très grandes villes sont une réalité du moment et une tendance lourde pour l'avenir immédiat. L'imagination doit pouvoir encore s'exprimer et d'autres manière d'aménager les territoires et d'aborder les concepts villes campagnes s'exprimer ; même si ce n'est pas le cas pour l'instant ;
    assez dubitatif aussi sur l'idée de villes écologique par emplilement des populations qui dévorent ainsi moins d'espaces ; ne pas oublier que la ville est un élément d'un tout et que son pendant est centralisation industriellle , transports , concentrations animales et végétales etc
    Et que LA question est bien de savoir si ce tout est durable en terme de projet et d'organisation .
    Assez critique sur la définition de démocratie participative en opposition à une citoyenneté spontanée : la démocratie participative n'est pas une démocratie directe ; c'est une démocratie représentative organisée pour que les citoyens et leurs représentants collaborent à la gestion de la cité et au choix des fondamentaux (projet de société)
    Ce concept est fondamental : aujourd'hui les questions ne portent que sur la gestion et les représentants font leur petite soupe entre eux , préoccupés non des fondamentaux mais de leurs carrières ; il manque une vraie démocratie qui pose les questions du sens , du projet et qui permette et organise l'expression de tous .

  5. je pense qu'il faut être simple et fondamental. On s'aperçoit qu'il y a beaucoup de gens qui ont envie de faire des choses ensembles dans la proximité et qui sont confusément conscients que tout est relié sur la planète, qu'il faut partager. je crois qu'en travaillant à donner du sens aux espaces en faisant de l'agriculture urbaines par exemple, pour essayer de faire des logements économe et économiques, en partageant la voiture, le velo, en créant des services de proximités, en recyclant des objets etc ... On peut avancer

  6. Je comprends bien les doutes car j'étais moi-même très dubitatif et j'ai mis du temps à me résoudre à considérer les grandes villes comme enjeu principal de l'écologie, jusqu'à penser que les coopératives municipales et l'alternative écologiste ne concernaient pas ce qui était pourtant la majorité de la population ! Pas facile non plus d'admettre que ma vie à la campagne n'était pas si écologique que ça, obligeant à faire des trajets en voiture d'autant plus longs qu'on est loin de tout. C'est bien la fin de l'utopie écolo mais je suis persuadé désormais que, s'il y a une utopie réalisable, elle est en ville et que c'est là qu'il faudrait revenir plutôt que se sauver tout seul. Bien sûr les villes actuelles ne sont pas durables et il faut les transformer en profondeur, s'il y a besoin d'imagination, c'est dans cette transformation. Bien sûr, les villes ont toujours vécu sur leur campagne environnante, c'est bien un tout qu'il faut envisager mais les jardins des villes et les fab labs déconcentrent justement agriculture et industrie (qui devront aussi être transformés et devenir plus écologiques).

    Sur la démocratie participative, j'ai rajouté un lien dans le texte car, effectivement, il ne faut pas trop croire à une démocratie directe qui connaît des moments de grâce absolument essentiels en toute révolution mais devient vite un enjeu objet de toutes les manipulations de groupes organisés ou d'ambitieux démagogues. La démocratie participative tente de surmonter ce problème et on en a vraiment besoin mais les critiques contre la démocratie participatives sont tout aussi justifiées, une grande partie de ce qui a été fait en son nom ne vaut pas grand chose, la manipulation venant cette fois des élus. Je ne crois pas qu'il y aurait une solution définitive mais qu'on doit passer d'un mode de démocratie à l'autre en fonction des circonstances, démocratie directe pendant les mouvements sociaux (qui sont essentiels, ce sont eux qui donnent sens et fondent nos solidarités, mais sur des périodes courtes) et démocratie participative le reste du temps. C'est toujours l'opposition entre Castoriadis et Lefort, révolution et démocratie formelle qui alternent et se corrigent mutuellement de leurs inévitables dérives. L'idée d'une révolution permanente est folle, le destin d'une révolution, c'est de fonder de nouvelles institutions et donc de s'institutionnaliser, jusqu'à la nouvelle période révolutionnaire.

    Tout le monde admet que l'écologie implique la diversité mais la base du vivant et de l'écologie, c'est la différence des temporalités pas seulement avec les saisons. C'est bien d'ailleurs ce sur quoi René Passet insiste dans son dernier livre en mettant au premier plan les destructions créatrices, ce qui est vraiment prendre les utopies complètement à revers et nous ramener à notre finitude, notre inhabileté fatale nous obligeant à remettre 100 fois sur le métier notre ouvrage, corrigeant sans cesse nos dérives (toujours les mêmes) et perdant souvent d'un côté ce qu'on gagne de l'autre. Ce n'est pas du tout un argument pour ne rien faire mais pour ne pas baisser la garde, rester réactif et regarder la réalité en face. Ceci dit, la situation en France n'a pour l'instant rien de révolutionnaire, les élections présidentielles faisant écran mais c'est la crise qui décidera quand il faudra se mobiliser...

  7. L' article est assez judicieux sur l'évolution verte des villes à l'avenir.

    Il est aussi utile de souligner les alternatives écologiques qui partent du réseau numérique aux petites structures de jardins potagers qui pourraient être utiles à l'occasion. La remarque d'éviter de tomber dans la religion du do it yourself est pertinente et permettrait de revenir aux modes des commerçants ambulants à vélo, en bateau, ou autre là où cela s'avère possible.
  8. J'aime beaucoup la vision apaisée, raisonnable et enthousiasmante de la transformation urbaine que vous nous proposez. Moi qui suis agnostique, je vais faire une prière pour que nous allions dans cette direction. Je ne proposerais qu'un seul élément touchant à l'organisation de la vie en commun, il s'agit de la construction d'identités qui se sachent cognitives par opposition aux identités (meurtrières) qui se croient essentielles.

  9. Je suis exactement dans cette réflexion en ce moment, en constatant que l'idée d'un éclatement de la ville ne tient pas, qu'il y a des logiques de regroupement qui sont encore trop puissantes. Peut-être un jour nous nous retrouverons avec des dynamiques sociales qui iront dans un autre sens, mais nous ne vivons actuellement pas cette rupture là.
    Je suis totalement urbain, je n'ai aucune culture de la campagne (ni de la "nature" en général). J'ai noté des différences de comportements avec mes petits cousins qui eux ont grandi au milieu d'un territoire exploité par l'agriculture. Ils étaient totalement détendus par rapport aux champs qu'ils considéraient comme espaces plus ou moins libres à condition de respecter le travail de l'agriculteur tandis que je considérais une sorte d'enclos imaginaire (il n'y en avait matériellement aucun) et une interdiction totale d'y poser ne serait-ce que le pied. Peu importe la loi ici, je ne saurais dire qui a raison. La question que je me pose c'est, dans une relation au paysage, l'exploitation matérielle de la terre ne peut-elle pas être combinée avec une exploitation symbolique ; en d'autres termes, question naïve, est-il vraiment impossible de fusionner le champs et le jardin (-parc) ?

  10. Il n'y a pas d'interdit, pas de positions uniques, c'est à chaque commune de dessiner son destin, à partir de sa situation actuelle, de son histoire et de ses ressources propres. Il ne s'agit pas de décider pour les autres mais pour sa ville ou son quartier ce qu'on peut faire.

    Sinon, ce qui est contestable dans le texte de Michel Martin, c'est de croire résoudre une question purement intellectuellement. Il est vrai que c'est le langage et notre ignorance commune qui constitue notre humanité et nous rassemble au delà de nos différences culturelles mais cela n'empêche pas les communautarismes d'exister dont il est toujours difficile de s'extirper. C'est à cela que servent les villes d'ailleurs, à sortir de la dépendance communautaire ou simplement familiale, l'anonymat des villes n'étant pas seulement inhumain, il est aussi libérateur.

  11. @Jean Zin :
    ce qui est contestable dans le texte de Michel Martin, c'est de croire résoudre une question purement intellectuellement.
    Oui, ce texte n'est qu'un élément intellectuel, mais il me conforte dans une direction et je m'active dans ma sphère d'activité à une mise en place pratique qui va se révéler très probablement semée d'embuches pratiques, je m'y attends.

  12. Intégrer des activités agricoles et écologiques dans les villes avec des cadres coopératifs locaux va dans le sens d'une complexification cognitive qui demande beaucoup d'efforts d'ingéniosité. C'est le sens du vivant d'aller vers plus de complexité qui est assez contre intuitif pour ceux qui rêvent de simplicité bucolique.

  13. Il a fallu beaucoup d'ingéniosité à Détroit (USA) pour arriver à l'agriculture en s'ingéniant d'abord à faire perdurer une activité industrielle non durable ; il lui faudra beaucoup d'ingéniosité pour que les petits agriculteurs urbains qui ont fleurit dans la ville abandonnée et ruinée ne soit pas dévorés tout cru par des hommes d'affaires ayant senti le vent et s'appropriant les terres en friches pour les cumuler, bien loin de l'esprit coopératif ; beaucoup d'ingéniosité aussi pour faire découvrir et aimer cette agriculture urbaine aux jeunes qui sont nés dans la ville et s'intéressent à tout autre chose , et portent leurs valeurs vers tout autre chose . ( voir documentaire sur Détroit)
    Il faut aussi ,en plus de l'ingéniosité , beaucoup d'imagination pour trouver bucolique les grands élevages industriels qui nourissent nos villes.

    Reste le fait que le thème des très grandes cités est un thème essentiel à la réflexion politique ; il faut l'aborder au delà de l'état de fait (sinon pas de politique ) et le mettre en lien avec tous les enjeux majeurs : économique , démocratique , climatique , social , énergétique etc On a par exemple eu en 2003 une petite idée de la résistance des villes à la canicule ; en cas de crise économique majeure qu'en sera t- il de la sécurité , de l'approvisionnement des populations ? Quel sont les effets à longs terme sur l'homme d'une coupure radicale avec le milieu " naturel"?
    Le bucolique et la simplification se trouve de quel côté ?

    De toutes les manières le ressenti est que les choses ne peuvent rester en l'état et qu'elles vont changer . Est il souhaitable et durable de concentrer ? De laisser 300 000 agriculteurs nourirent des millions de personnes ?
    La raréfaction pétrolière ( même si on va tout retourner pour presser les dernières gouttes du précieux liquide) va t'elle dans le sens du maintien de 95% des populations en ville ?

    Dubitatif je le suis et trouve "un peu court" ce verdissement urbain .

  14. Franchement, je crois qu'il ne faut pas opposer ville verte et campagne. Je suis de Saint Etienne et on travaillent pour mettre de l'agriculture en ville, de l'Apiculture sur les toits. On avance un peu. Et puis il y a tout le rapport ville campagne à reconstruire , les circuits courts pour approvisionner les quartiers , la restauration collective. On peut penser qu' il y a là de la construction d'autonomie, d'emplois non délocalisables, des modèles économiques à trouver. Avez vous réfléchi la dessus ?

  15. Ma réflexion là-dessus se réduit à ce que j'en dis depuis plus de 10 ans et la combinaison de monnaies locales et de coopératives municipales, tout ce qu'on peut ajouter, c'est que les coopératives ne sont pas forcément municipales et que les monnaies ne sont pas forcément locales pouvant être des monnaies de réseau, ce que fait très bien le Sol. Si je n'ai retenu que ces dispositifs, c'est que je n'en ai pas vu d'autres qui soit convaincant mais je ne prétends pas avoir un modèle tout fait prêt à l'emploi, ni même que je le trouve moi-même assez convaincant exigeant des circonstances exceptionnelles pour se mettre en place alors qu'on risque sinon d'être dans l'anecdotique à n'utiliser qu'une facette de ces dispositifs. J'espère que les circonstances forceront les choses, en attendant il s'agit surtout de tâter le terrain. Je ne me prends pas pour un sauveur et évite avec constance la position de leader, me bornant à indiquer des objectifs et des dispositifs qui permettent de les atteindre, n'étant absolument pas sûr d'avoir raison mais attendant la sanction de l'expérience.

    Je suis bien d'accord qu'on ne peut opposer ville et campagne qui forment un tout depuis les premières cités néolithiques. Il y a aussi quelque chose de trompeur à voir la question à partir de la France dont la densité de population reste plus faible que la plupart des autres pays. Il y a de la place pour un retour à la terre dans des campagnes dépeuplées. On ne peut que l'encourager, mais la situation est différente en Chine, en Inde, en Afrique, au Brésil, etc. Il ne s'agit pas d'encourager les paysans à s'entasser dans des bidonvilles, c'est ce qui se passe et les villes de transition prennent justement argument de la raréfaction du pétrole alors que des études montrent que les néoruraux utilisent plus leur voiture que les urbains. La question qui se pose est de savoir si les mégapoles peuvent disparaître, ce qui semble impossible dans les décennies à venir, dès lors il faut les transformer car c'est là que vit la majorité de la population mondiale.

  16. Je reste dubitatif moi aussi sur l’avenir de la « ville verte’ telle qu’elle se donnerait à entrevoir ici. Un critère à prendre en compte, c’est que les humains ne sont pas attirés positivement vers les mégapoles telles qu’elles se développent ; mais ils s’agglutinent à elles par défaut, fuyant la désertification économique de l’ancien milieu ( un équilibre naturel- culturel) d’où nous venons très majoritairement, et encore vivant ici il y a seulement 50 ans ( H. Kempf écrit qu’en France la surface moyenne d’un département est construit, goudronné ou bétonné chaque décennie). Tendance lourde en effet de conséquences pour les générations qui viennent.
    Mais vous voulez ici montrer que les trois propositions concrètes que vous soutenez sur ce site peuvent s’appliquer dans la ville « verte » telle qu’elle s’annonce, et pas exclusivement dans une conception écolo de retour nostalgique aux mondes des campagnes. En cela je vous approuve tout à fait
    Démocratie représentative ou citoyenneté spontanée ? Une démocratie participative, organisée, peut faire autant d’erreurs que les expériences conduites par des cabinets d’urbanistes professionnels planifiant les « villes nouvelles » du XXeme siècles. ( Unité d’habitation de Firminy inhabitée, muséïfiée, Cité de l’Arlequin à Grenoble ghettoïsée, pourtant géniales en tant qu’idées qui se voulaient des modèles dans ma jeunesse) La spontanéité d’adaptation subjective à l’existant tel qu’on le rencontre est un correctif indispensable à la rationalité conceptuelle trop pure Quand bien m^me, au lieu d’être imposée d’en haut par une minorité dominante, un nouveau concept semblerait s’imposer logiquement à une base majoritaire d’usagers. Les trois utopies concrètes soutenues sur ce site ( revenu garanti, coopératives, monnaies locales) sont donc un gage de diversité, de créativité, de possibilité de réintroduire du contingent dans les décisions, donc moins de cette lourdeur durable dans les externalités, propre au siècle antérieur, et où les erreurs faites ne sont visibles qu’après coup,dans les conséquences postérieures.
    La question grave qui se pose c’est la capacité actuelle de bousculer très vite l’héritage des siècles d’histoire, en quelques décennies, par de grands travaux mécanisés, et à partir de programmes prétentieux, par de vastes mouvements dérégulateurs .Soit qu’une oligarchie ait pour finalité le profit, soit que des élus se croient désignés pour disposer d’une trame urbaine ou rurale elle-même constituées sur la très longue durée. Au fond, c’est comme pour la spéculation financière : des opérations à la micro- seconde y sont appliquées par l’informatique, en fonction d’algorithmes théoriques, sans plus aucun lien avec une économie réelle que le cerveau humain examine normalement (rentabilité d’une innovation par exemple) sur des mois ou des années d’exercice, après coup. Barbarie technicienne. Nous ne savons plus vivre les problèmes de notre activité générationnelle, dans et sur la nature, en harmonie avec la très longue durée, qui est nécessaire aux équilibres du vivant.

    La ville est une mémoire collective installée en un lieu, toujours en risque d’une barbarie de l’abstraction conceptuelle, faisant table rase du critère de la « la longue durée". Ce site propose une boîte à outils intellectuels concrets que tous les conservateurs institutionnalistes refusent, parce qu’ils permettraient une déconstruction des constructions idéologiques dominantes (soit des croyances illusoires, soit une rationalité qui n’admet pas ses limites)
  17. Il ne faut pas sous-estimer l'attrait de la ville, y compris pour les immigrés et malgré tout ce qu'elle peut avoir de déceptive et de foire aux illusions, c'est le lieu de la liberté et de la civilisation. A la campagne, la démocratie de face à face, c'est aussi la vie sous le regard des autres dont le conformisme peut être pesant. L'homme dépasse l'homme, il l'excède et ne se suffit pas d'une vie naturelle malgré tous ses attraits. Cela fait très longtemps que les villes nous ont formés à une vie artificielle et il ne faut pas retenir que le mauvais côté. Il y a des villes vivantes, ce qu'il faut supprimer ce sont les banlieues blêmes et ces villes nouvelles bétonnées mais il y a ville et ville...

  18. En somme le communiste qui est en vous ne choisira JAMAIS de défendre enfin l'individu ? Et il vous est impossible d'imaginer ou de seulement accepter ou déssiner une société en démocratie plus directe ...

    Vous gardez vos présomptions sur l'humanité par rapport a ce que vous avez connu, mais de nouvelles données peuvent tout changer: comme la nanorobotique ou encore le totalitarisme le retour de l'esclavage et le meurtre DIRECT des sous classes ( et il n'y a plus de classe moyenne ) et dans cette nouvelle économie des ressources naturelle et le controle total matériel et immatériel des individus, les retraités, c'est à dire les seules personnes avec encore de l'argent peuvent être également touchés, virés, on coupe le jus ( c'est fait dans des régions de russie )

    vous savez les super riches n'ont pas ce problème d'organisation, ils sont en réseau, en démocratie "directe", et savent réagir rapidement

    les autres eux ... ca fait 80 ans que l'on attend ... et le dernier reliquat de mouvement de classe marxiste que sont la sncf ou les fonctionnaires éducateurs vont faire leurs dernières grèves ... plus besoin pour le système de faire de fausses greves

    alors tout se joue,

  19. L'idée est intéressante pour des banques locales (un peu comme les Cigales ou la Nef) mais on ne transformera pas la BNP en CIC !

    Le crédit coopératif est pas mal aussi, le problème c'est que d'être vertueux condamne à rester petit alors que ceux qui jouent à la finance casino engrangent vite de quoi grossir au-delà du raisonnable. Beaucoup de cet argent facile vient d'une fonction d'équilibre entre marchés connectés, jouant sur de petits différentiels en fonction des lieux ou du temps (mesuré parfois en microsecondes) pour les égaliser en empochant la marge au passage. Je ne crois pas que cette ressource devrait être laissée aux spéculateurs mais elle devrait être nationalisée, ramenant à la communauté ce qui vient de notre mise en commun, ressource globale venant du système comme système global et qui ne devrait pas être privatisé mais redistribué.

  20. Je reviens sur démocratie participative. Il est vrai que ce qu'on peut voir dans la plupart des conseils de quartier n'est pas terrible.

    Je crois malgré tout qu'il ne faut pas les snober de trop. Il s'agit d'une instance nouvelle, locale. Il faut plutôt agir pour en faire des espaces ou les projets des citoyens soient présentés, débattus, légitimés et obtiennent du financement.

    Ils peuvent jouer un rôle de redistribution.

  21. Oui, il faut utiliser des procédures imparfaites pour les améliorer. Contrairement à une certaine naïveté révolutionnaire, il n'y a pas de solutions parfaites comme la prétendue "démocratie directe" le plus souvent très minoritaire (les AG ne regroupant que les plus actifs). Les critiques de la démocratie participative sont absolument justifiées et nécessaires justement pour faire mieux. Je redonne le lien que j'ai mis dans l'article sur le sujet :

    http://jeanzin.fr/20...

    Il n'y a jamais rien de parfait mais plutôt que se fixer sur une procédure ou l'autre, ce qui compte, c'est d'avoir une réelle volonté de démocratisation et de tenir compte y compris de ceux qui ne s'expriment pas. La démocratie n'est pas un état de fait, un état de nature, mais ne peut être qu'un processus continuel de démocratisation qui, sinon, sombre dans le formalisme, la manipulation, l'usurpation. Il faut se rappeler que le régime "soviétique" était supposé basé sur la démocratie la plus directe, celle des soviets, ce qui ne veut pas dire que la démocratie directe n'est jamais légitime et qu'il ne faut pas constituer de soviets mais qu'il faut à chaque fois avoir conscience des limites de chaque procédure pour ne pas qu'elles soient détournées. C'est la même chose pour démocratie représentative et participative qui ne sont à chaque fois que des parcelles très imparfaites de l'expression démocratique. Le tirage au sort est aussi une technique nécessaire sans pouvoir être une panacée.

    Il faut rajouter qu'on ne peut faire comme si tous les hommes étaient raisonnables et bien intentionnés. Il y a toujours à peu près le même nombre de gens près de leurs sous, serviteurs des puissants ou même fascisants même si cela s'exprime différemment selon les périodes, plus ou moins encouragé par les circonstances. Il faut faire avec toutes sortes de fanatismes plus ou moins religieux, de besoins de reconnaissance narcissiques, de volonté de pouvoir, etc. On est loin d'une rationalité communicationnelle à la Habermas, la politique reste un lieu d'affrontements, de rapports de force, de compromis même s'il peut y avoir des moments de grâce, de l'inventivité. On avance plutôt par tâtonnements...

  22. Je reviens quand même un petit coup sur l'article de Jean. Je crois moi aussi que l'enjeu des villes est très important . En plus, je crois vraiment qu'il possible d'avancer concrètement la dessus.

    Les élus locaux commencent à comprendre que le surétalement urbain est un désastre, que les zones d'activités commerciales à tous les rond points sont extrêmement couteuses et destructrices d'emploi et de services locaux etc...

    En même temps, pas mal de citoyens éprouvent le besoin d'intervenir sur les espaces publics, de transformer leurs maisons, d'apprendre à cultiver etc...

    Donc il y a dans quelques facteurs d'optimiste raisonnable .

  23. @olaf
    L’article très intéressant que vous donnez en référence m’a conduit à signaler sur le même site celui-ci :
    http://alternatives-economiques.fr/...

    qui dresse les statistiques selon l’INSEE du phénomène dont traite le billet actuel de Jean, et porte à notre connaissance la nécessaire redéfinition des structures administratives, pour prendre acte du reversement opéré au 20ème siècle entre milieu urbain et milieu rural. Heureusement, tant qu’on n’a pas fait encore table rase des différents niveaux hérités dans les collectivités territoriales, les chances sont meilleures de préserver la diversité des lieux de vie, et la participation citoyenne à l’adaptation nécessaire aux changements de technologies.

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