Mais pourquoi donc les auteurs devraient-ils avoir des droits ?

Temps de lecture : 8 minutes

Comme on m'a demandé de participer à la réponse du Parti Pirate à un article de Laurent Joffrin sur le piratage, je me suis rendu compte que j'étais beaucoup plus radical qu'eux car opposé pour ma part au droit d'auteur, dans ma propre pratique, et peu soucieux de garantir les ressources des Majors. Position parfaitement "irresponsable" d'après le monsieur mais basée à la fois sur les capacités infinies de reproduction du numérique, sur la nécessité de partage du savoir ou de la culture, et sur les risques d'un contrôle totalitaire mais aussi sur le refus d'assimiler la création à un travail rémunérateur ou un investissement. Il n'y a en effet aucune raison que les auteurs aient des droits, pas plus que les artistes ne devraient absolument devenir riches quand ils ont du succès, eux qui ont toujours connu plutôt une vie de bohème. Si on veut gagner de l'argent, on fait autre chose.

Il n'y a d'ailleurs qu'une très petite minorité qui vit de son art et le plus souvent les droits d'auteur vont à des sociétés ou bien aux petits-fils de créateurs n'en ayant jamais vu la couleur. Les droits d'auteur ne sont pas un bon modèle de rémunération de la création se caractérisant par une bien trop grande imprévisibilité (non-linéarité). Il faut bien sûr se soucier de la précarité des auteurs mais pas au dépend du partage ni de nos libertés. Il semble qu'on serait prêt au contrôle totalitaire d'internet pour des raisons purement commerciales cette fois et non plus politiques, ce qui ne le rend pas moins inacceptable. Je ne prétends pas avoir un modèle définitif de rémunération des auteurs mais dans le cadre d'un revenu garanti, la plus grande partie de la question serait déjà réglée. Ensuite, on peut s'inspirer des scientifiques (avec des bourses, des subventions, des prix, du mécénat, des dons). Théoriciens comme expérimentateurs n'ont aucun droit sur leurs découvertes. Les idées n'appartiennent à personne. Le droit d'auteur était sans aucun doute un progrès à son époque et largement lié au livre, c'est le numérique qui le rend obsolète (il n'y a de gratuité que de la reproduction numérique). Sa remise en cause est bien sûr insupportable à ceux qui en vivent tant qu'un financement de substitution n'est pas assuré. L'aveuglement de Joffrin comme de toutes les générations vieillissantes, c'est de ne pas réussir à sortir du cadre ancien (une conquête de la Révolution, vous vous rendez compte !) ni de la marchandisation de la culture, pour imaginer un autre cadre plus adapté aux réalités techniques de l'ère du numérique. Vouloir s'y opposer est aussi vain que de vouloir faire un barrage contre le Pacifique ! Pas question en tout cas de déroger à l'accessibilité et la gratuité pour tous, ce qui n'est pas une question d'argent mais de communication, de "coût de transaction" et de bien public. J'avais trouvé extrêmement choquant lorsqu'on avait voulu publier des extraits d'Ivan Illich dans EcoRev' d'avoir à payer pour cela !

Le fait qu'un texte politique puisse être payant est absurde mais l'idée qu'une grande découverte ou qu'une grande oeuvre devrait vous rendre riche aurait pu être considérée comme insultante il y a peu. Une telle attitude ne fait que révéler à quel point on fait de l'argent la mesure de toutes choses alors qu'on sait très bien que le succès n'a que peu de rapport avec la qualité. En fait, tous ceux qui en touchent les dividendes se persuadent de le mériter amplement mais surévaluent ainsi leur apport qui n'est souvent pas grand chose. Je l'ai démontré même pour Newton et Einstein dans le génie du plagiat. La culture comme le langage appartiennent à tous et à personne. Cette sorte de brevetabilité des oeuvres d'art est une pure et simple usurpation, un déni du sens commun, de la réinterprétation et du style. On pouvait juger de son absurdité déjà lorsque Georges Harrison avait été accusé de plagiat pour My sweet Lord à cause d'une même suite d'accords qu'une chanson qui n'avait pourtant rien à voir (He's So Fine), comme si on brevetait des phrases, voire des mots ! Maintenant que ce n'est plus marginal mais touche l'ensemble de la société, il faut changer de modèle, malgré tout le baratin dont monsieur Joffrin nous fait studieusement la liste et qui en dit long sur nos capacités de refus du réel, à chercher toutes les raisons de faire comme si le monde n'avait pas déjà complètement changé, monde de l'information basé sur la reproduction (et l'inversion de l'entropie).

Il me semble incroyable qu'on puisse prédire un effondrement de la création si elle ne rapportait plus d'argent avec le culot de trouver indispensable une industrialisation de la musique qui ne produit que de la soupe. Ce qu'on veut défendre avec des droits de péage, ce ne sont que de grandes entreprises de décervelage (avec publicité et produits dérivés). Vraiment, jamais Big Brother n'avait eu autant de partisans alors même que les possibilités de libération n'ont jamais été aussi grandes. Nettoyer le paysage de tous ceux qui ne sont là que pour le fric ne mérite assurément aucune larme. Cela dégagerait le champ pour tous ceux qui ont désormais à portée de main des moyens de création comme on n'en a jamais eu (y compris pour faire des films), notamment par les capacités de reproduction et de détournement. C'est un changement de civilisation où ce n'est pas le manque de création qu'on peut craindre mais bien plutôt la saturation (déjà atteinte).

Lorsque les institutions sont en retard sur les évolutions matérielles, cela se traduit par un surcroit de souffrances et de précarité. Ce n'est donc pas un bon moment à vivre, ni pour les artistes qui touchent des droits en diminution, ni pour ceux qui acceptent la gratuité numérique mais ne peuvent vivre de leur art. C'est ceux-là qu'il faudrait soutenir pas les grandes vedettes. En tout cas pour ma part, et contre mes intérêts, j'ai réussi à imposer le copyleft y compris à mes éditeurs mais c'est tout juste si je ne passe pas pour un fou à chaque fois alors que c'est juste un état de fait. Je ne suis pas sûr qu'avoir cédé sur les droits m'aurait rapporté beaucoup plus mais contrairement à ceux qui mettent cela au niveau du vol misérable d'un DVD, il s'agit de questions fondamentales, d'une vérité commune et de nos libertés les plus essentielles.

Ma position peut être considérée comme simpliste mais elle est surtout incontournable à long terme. L'abolition des droits d'auteurs et des brevets n'est certainement pas d'actualité, y aller par étapes est sans doute plus raisonnable et on peut trouver des formules provisoires assurant la transition (MegaUpload a montré qu'on pouvait produire de la rémunération avec du gratuit), mais la démultiplication des auteurs devrait en dévaluer assez les droits pour qu'on ne prenne pas le risque de tout contrôler juste pour gagner quelques sous. Ce n'est pas un combat dérisoire par rapport à la lutte contre la pauvreté et les inégalités que de se battre pour défendre nos libertés et l'espace public numérique. Défendre le piratage, c'est défendre la liberté de communication. Ceux qui défendent leurs droits d'auteur au prix de nos libertés se disent responsables, leur responsabilité est effectivement immense et ils devront en répondre.

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38 réflexions au sujet de “Mais pourquoi donc les auteurs devraient-ils avoir des droits ?”

  1. On dirait une utopie!
    Vous croyez vraiment que la culture est gratuite... l'état et surtout les régions subventionne les accès à la culture. Il faut des infrastructures pour pouvoir lire un livre numérique, voir une pièce de théâtre ou écouter une musique. Le support de la culture est matériel et cette matière et cette structure, il faut la payer.
    Prélever tout l'argent dans une seule taxe unilatérale serait contraire à la pratique que peuvent en faire ces personnes. Nous ne disposons pas tous du même temps pour en profiter.

    Les droits d'auteur, c'est autre chose. De même qu'il existe une propriété industrielle qui valorise celui qui trouve le premier comment produire technologiquement une solution, l'auteur se doit d'être protégé. Protéger de par son nom et une exploitation de son travail. Son travail produit de la culture et comme expliqué avant, la culture n'est pas gratuite.

    Je ne prétends pas avoir de solution, mais protéger le travail d'un auteur me paraît légitime.

  2. Il y a très probablement et nécessairement d'autres moyens de rémunérer les auteurs, encore faut il les imaginer.

    Concernant les brevets, je ne suis pas bien clair sur le sujet, d'un côté il y a de l'abus, trop de brevets proches à une virgule près les uns des autres, d'un autre côté il y a certaines réelles innovations brevetées qui ont demandé beaucoup de temps et d'argent pour aboutir...

    Par ailleurs, les brevets sont issus à 95 % de salariés qui en France ne perçoivent rien de plus, la plupart du temps, de l'exploitation de ces brevets, contrairement aux salariés d'autres pays, comme la Chine.

  3. Concernant les découvertes scientifiques, non brevetables, elles sont le fait de la recherche publique le plus souvent où il y a une meilleure sécurité de l'emploi et la reconnaissance de la communauté scientifique permettant diverses promotions, prix...alors que pour le salarié inventeur, ça sera une poignée de figues et la précarité, en France.

  4. Bonsoir,

    La difficulté n'est pas de trouver de quoi rémunérer les artistes; mais la redistribution.

    On fait payer un % sur les cd, les photocopies... Cette forme de rémunération existe déjà et on peut l'appliquer à internet! Le patron de MegaUpload partait d'ailleurs sur une nouvelle forme de youtube avec rémunération sans passer par la pub... Juste avant de se faire arrêter! (c'est pas un saint donateur non plus!)

    Moi j'opterais plutôt vers une forme de rémunération comme les photocopie; un % des abonnements à internet redistribué aux créateurs de contenant!

    Maintenant qui va dire qui est artiste et mérite rémunération? C'est là que c'est embêtant pour la liberté d'expression.
    Mais être payer par des majors qui dépendent aussi de la publicité c'est embêtant aussi!

    Bref avec les droit d'auteur on a progresser; parce que les artistes on pu vivre de leur travail, et c'est un net progrès par rapport à réclamer l'aumône aux puissants.
    Ici on assiste à une perversion du système; trop d'intervenants qui pèse sur la création pour faire la même soupe "vendable"!

    Un retour aux sources, moins d'intervenants en tenant compte aussi que pour faire par exemple un film il faut des techniciens de qualité; pareil pour faire un disque... Il y a toute une sphère de gens qui ne sont pas artistes et qui vivent de droit d'auteurs! Le travail de qualité c'est pas gratuit.

    Sa c'est pour le côté artistique. Pour tous ce qui est brevet, franchement cela aurait du rester dans la sphère publique.

  5. j'ai découvert le don, concernant les blogs et je trouve cela particulièrement intéressant dans la mesure où c'est le "consommateur" qui décide... Cela me plaît...
    Mais cela pose problème, imaginez, les "visiteurs" et plus, ont estimé le travail de JZ à 10€ pour le mois de janvier... Est-ce bien raisonnable? On ne doit pas être trop loin du salaire chinois... La question que je me posais c'était : "le philosophe est-il pauvre, radin ou distrait "... affaire à suivre...

  6. Une analyse très intéressante. Le Crowdfunding nous semble une bonne solution pour assurer une rémunération équitable aux créateurs et auteurs, tout en permettant une distribution numérique sans entraves. Après tout, de la même manière qu'un artisan qui a été payé pour son travail en amont lors d'une commande, on pourrait imaginer que l'artiste une fois pré-payé par le public, libère les droits sur son oeuvre et en assure ainsi la pérennité et la diffusion, à l'heure de la reproduction numérique sans coûts. A méditer.

  7. @Sylviane :

    "Pour tous ce qui est brevet, franchement cela aurait du rester dans la sphère publique."

    Le problème c'est que parfois ça coûte très cher l'innovation, essais en tous genres, et qu'on ne retrouve parfois pas ses comptes à la fin. Donc si une innovation privée tombe immédiatement dans le public, qui va dépenser pour innover, se risquer ?

    Sans compter, qu'une innovation peut faire un bide pendant des années. D'où l'attitude attentiste des copieurs qui se mettent dans le sillage de l'entreprise innovante, sans en supporter les coûts.

    Comme c'est mon job, je joue sur les 2 tableaux, innovation ou copiage, en respectant les lois. J'ai pas envie de me faire virer ou de me faire condamner au tribunal. Pour cela, il faut faire appel à des juristes, très bien payés. Ce sont d'ailleurs eux qui sont parmi les principaux bénéficiaires. Une étude préalable un peu sérieuse, c'est 15000 euros minimum le ticket d'entrée dans un domaine industriel de masse, si dépôt de brevet c'est plus, si contentieux, ça monte à des sommes en millions d'euros.

  8. Super réflexion, j'avais jamais remis en question ... trop dans le moule.
    Plus de la moitié des brevets ne servent pas à l'innovation mais à empêcher le développement du concurrent. C'est un gros fein à l'innovation.
    Il suffit de jeter un oeil sur ce qu'il se fait du côté libre (GPL) et on voit qu'avec le peu de moyen le développement est exponentiel.
    D'ailleurs les société privées s'inspirent des idées GPL pour développer des logiciels payants qu'ils n'auraient pas pu inventer.

    J'ai assisté à des conférences sur le brevet, il y avait plus de la moitié des participants qui étaient des chercheurs dans le public. Ils voulaient "protéger" leur travaux ??? Ils cherchaient un moyen de se faire du fric de leurs trouvailles financées par l'état, et d'après mon voisin avaient des offres de boites américaines pour les financer.

    La licence GPL est pas mal dans le sens où si l'original ne se fait pas de blé alors la copie encore moins.
    Reste à motiver les créateurs à partager leurs connaissances.
    Il faudrait créer des prix des meilleurs créations libres

  9. @cadre en bois :

    "Plus de la moitié des brevets ne servent pas à l'innovation mais à empêcher le développement du concurrent."

    C'est en partie vrai, car le droit des brevets est trop tolérant. D'un autre côté, si on y met les moyens, il est souvent possible de contourner ou de faire annuler un brevet quand celui ci est sans apport réel.

    Mais comme beaucoup se laissent impressionner, ne creusent pas le sujet et n'y comprennent pas grand chose, ils font marche arrière comme face au dragon de proue des drakkars.

  10. Je ne parlais pas des brevets, la question exigeant de différencier les brevets matériels et immatériels. C'est une vraie question, les brevets étant désormais un obstacle à l'innovation et non une aide à leur diffusion comme ils étaient sensés l'être (les procès se multiplient pour des brevets qui ne sont que l'appropriation de purs concepts, leur confiscation privée, ce n'est pas le premier qui l'a trouvé mais le premier qui a mis la main dessus). Pour une réflexion plus poussée sur le sujet, je renvoie à Philippe Aigrain.

    Mon billet est plus un billet d'humeur et de principe ne touchant que le droit d'auteur dont je conteste les fondements. Le Crowdfunding ne me semble pas la solution, ni les micro-paiements supposant déjà une popularité importante et immédiate. Un auteur innovant ou difficile a de grandes chances d'être un auteur maudit longtemps avant de rencontrer le succès. Les dons par paypal ne nourrissent également que quelques célébrités du moment comme Paul Jorion mais on n'écrit pas pour gagner de l'argent. Il est évident que mon "travail" n'est pas rémunéré à sa valeur (toujours contestable). Je le paye d'une grande précarité mais il y a eu quand même quelques "mécènes" (dépourvus de toute fortune) m'ayant sauvé la vie plusieurs fois (plutôt des sommes relativement importantes par quelques uns que des petites sommes par beaucoup). Le revenu garanti me semble la seule véritable solution mais le fait que les auteurs soient pauvres me semble une bonne chose pour partager la vie de la population. Il est indigne de devenir riche par sa plume ou sa musique mais c'est qu'être riche est une idiotie, un piège, une faute, une anomalie, une insupportable inégalité. Il faut sortir de ces représentations néolibérales qui prétendent que les artistes tout comme les sportifs devraient toucher autant qu'ils rapportent (et qui peut être considérable quand on touche des masses de gens). Si les intellectuels et les artistes sont fascinés par l'argent comment le reste de la société ne le serait-elle pas ?

  11. à Jean ZIN
    Peut-on parler argent ?
    Le revenu garanti, dans votre cas, vous l’estimeriez à combien à ce jour?
    On est riche à partir de quel montant pour vous ?

    Sinon, pour pratiquer mon activité d’éditeur musical, j’ai versé à la sdrm pendant une trentaine d’années des droits pour rémunérer auteurs, compositeurs et arrangeurs ; j’ai trouvé cela pertinent à condition que tout ce petit monde s’y retrouve… Pour la plupart, je ne crois pas que l’on puisse à proprement parler de « nantis », juste une rémunération suite à un « travail ». Pour finir, bon nombre d’œuvres sont libres de droit (domaine public après 60 ans, artiste inconnu, œuvre non protégée, etc…).

    Enfin, en la matière, je me garderais bien de préjuger de ce qui relève de la « soupe » ou non, de ce qui « mérite » ou non… Je trouve juste que parfois les gens ont des goûts de chiottes, mais il me faut faire avec…

  12. Clap, clap, clap 🙂

    Bon, c'est carrément de l'utopie, vu la façon dont la Société fonctionne ;->

    Mais c'est carrément choquant que les petits-enfants d'un artiste ayant vécu dans la dèche puissent s'en mettre plein les fouilles sans rien faire…

    Ç'a des relents d'Ancien Régime ;->

  13. Oui, cela paraît aussi utopique que la disparition des privilèges de la noblesse mais c'est une réalité déjà vécue par pas mal de créateurs (copyleft, logiciels libres) et cela devrait s'imposer à plus long terme dans une société de la connaissance. Dans l'immédiat, il faut trouver des systèmes hybrides genre licence globale.

    Je ne prétends ni juger de la qualité des oeuvres (mais pas perdre ma liberté à cause de blockbusters) ni déterminer les montants d'un revenu maximum, il s'agit plutôt de raviver une culture beatnik si l'on veut, et la vie d'artiste. Mon avis n'est donc pas déterminant mais je peux dire que le montant minimum d'un revenu garanti en France actuellement me semble celui donné par Villepin (850€) ce qui n'est pourtant pas vraiment assez pour vivre (mais qui peut être complété par d'autres sources) et peut évoluer avec le temps. Un revenu normal est autour de 1500€-2000€ (Paul Jorion plafonne les dons à 2000€) et je trouve qu'au-delà de 5000€, c'est n'importe quoi et décolle de la réalité commune (il n'y a qu'un tout petit pourcentage qui gagne plus). Ceci dit, la richesse est plutôt un capital qu'un revenu.

    Il est bien sûr normal de profiter du droit d'auteur tant qu'il n'y a pas d'autre financement mais je ne crois pas que ce soit un système juste qui rétribue un travail, c'est juste une façon d'entretenir la machine et qui est datée.

  14. Merci pour cet article. Musicien moi-même, je me heurte souvent à ces droits "d'auteurs" qui aboutissent à des situation parfaitement absurdes limitant précisément la diffusion des auteurs d'aujourd'hui...
    Le souci est que l'on cherche absolument à sauver les anciens modes de création : postulat qui bloque toute tentative de faire évoluer les choses (bien sûr que faire un film coûte cher : mais pourquoi devrait-on faire des films de cette manière jusqu'à la nuit des temps ?) Naturellement, ces modes de création changeront aussi, et s'exprimeront par des moyens aujourd'hui insoupçonnés (et, précisément, insoupçonnables dans le système actuel) ; l'expression de la culture humaine évolue parallèlement aux évolutions sociétales. Je crois même que certaines formes d'expressions deviennent tellement pauvres qu'il faut y voir la conséquence de cette législation anachronique ("l'auteur qui cherche à vendre", pour simplifier). Il faut revenir aux fondamentaux : l'auteur crée avant tout parce qu'il le désire... Sinon, ce qu'il crée n'aura vraisemblablement que peu de valeur.
    Le droit patrimonial d'auteur est un système complètement artificiel inventé au XVIIIe siècle (mais je ne saisis pas le rapport avec la Révolution ?) pour protéger les auteurs contre... leurs producteurs (éditeurs, etc.). Rien ne justifie, philosophiquement parlant, une rémunération sur la reproduction des supports matériels, ni le principe d'une rémunération proportionnelle (on aurait pu, par exemple, décider d'une rémunération logarithmique : vous vendez 10 fois plus, vous touchez 2 fois plus...) Ce système pragmatique, sans justification de sens, répondait à une urgence d'il y a 250 ans... Bien des choses ont évolué depuis !!
    Et puis, quand on voit que la plupart des pouvoirs sont liés à l'accumulation de richesses permise par le dévoiement du "droit d'auteur" (comment Apple serait-il devenu plus riche que bien des Etats, si la contrefaçon avait été libre ?)... on comprend pourquoi "ils" ont si peur d'un autre modèle économique que commencent à suggérer les pratiques liées aux "nouvelles" technologies.

  15. Je voudrais juste signaler une chose : avant que le droit d'auteur n'existe, les seuls "artistes" étaient des nantis qui avaient le temps pour pouvoir créer sans s'inquiéter de leur subsistance. Il a presque fallu attendre la fin du XIXe-début du XXe siècle pour que la création se démocratise dans toutes les couches de la société (le savoir devenant plus accessible). Si les fils de prolo ou d'ouvrier peuvent créer aujourd'hui au lieu d'aller pointer pour se nourrir, c'est grâce aux droits d'auteur. Aussi, je n'ai absolument pas envie d'un tel recul dans la diversité culturelle, je veux que les fils de "pauvres" m'offrent eux aussi des créations, parce qu'ils peuvent en vivre. La culture, ça n'est pas que la musique ou le cinéma. Cela n'est pas que des grosses majors ou des éditeurs sans scrupules. C'est aussi plein d'intervenants plus ou moins importants qui travaillent à plein temps. Et je vous avoue, de façon assez surprenante, je trouve que tout travaille mérite salaire. Et je ne vois pas pourquoi les artistes seraient les seuls à ne pas en mériter...

  16. La conclusion de votre réflexion est le contraire de votre argumentaire.
    Il faut être riche pour consacrer son temps à autre chose que du" travail alimentaire".
    Ici il n'est pas question de ne pas "rémunérer les artistes" d'ailleurs un salaire minimum est évoqué pour tout le monde.
    Il est question de rendre accessible à tous la création de chacun.
    Actuellement, une création ne peut être exploiter que par ceux qui en ont les moyens. Les "ouvriers" comme vous dîtes sont en majorité freiner par la barrière économique renforcée par une législation mise en place par les riches.

  17. Je ne parle que de droits d'auteurs pas d'un travail ou d'une prestation qui bien sûr méritent salaire (ou la recette de la salle) mais cela n'a rien à voir avec des droits d'auteur (sans aucun travail), sauf qu'on se sert parfois des droits d'auteur pour ne pas rémunérer un travail justement. Je serais bien curieux de savoir le nombre d'artistes qui vivent de leurs droits d'auteur alors que je me préoccupe bien sûr que les artistes aient les moyens de vivre, comme tout le monde (il faut bien sûr une rémunération de substitution) mais non, ce n'est pas un travail comme un autre que la création intellectuelle ou artistique, il ne faut pas que ce soit pareil. Comme dit Rimbaud, la main à plume vaut la main à charrue mais si cela peut avoir un sens, l'injonction "ne travaillez jamais", c'est de ne pas faire de son art un travail, ne pas compromettre son art, ne pas contaminer la vérité par l'intérêt. C'est bien sûr scandaleux pour notre monde marchand.

  18. La résistance à la contamination des stars par l'intérêt.

    Si les intellectuels et les artistes sont fascinés par l'argent comment le reste de la société ne le serait-elle pas ?
    Comme dit Rimbaud, la main à plume vaut la main à charrue mais si cela peut avoir un sens, l'injonction "ne travaillez jamais", c'est de ne pas faire de son art un travail, ne pas compromettre son art, ne pas contaminer la vérité par l'intérêt. C'est bien sûr scandaleux pour notre monde marchand.

    D'accord avec ces opinions, mais comment empêcher que la capital symbolique soit transmuté en espèces sonnantes?
    Tiens, je vais relire "Les stars" du bon Edgar Morin. Y'a comme un truc entre les artistes, la question de la contamination de la vérité par l'intérêt et notre recherche de dieux, ou de semi-dieux. Il faut croire que les stars (du moins leurs images) sont particulièrement immunisées contre la corruption de cette image par l'argent (l'intérêt) vu le très bon ménage que leur image fait avec la pub.
    L'immunité remarquable de l'image des stars vis à vis du gluant pognon en dit long sur notre besoin de divin. JZ, vous êtes vraiment atypique sur ce point du fait de votre égophobie qui vous fait fuir toute starification.

  19. Si ce n'était que mon avis personnel et qui tiendrait à ma névrose, cela n'aurait absolument aucune importance mais mon point de vue n'est pas moral ni normatif. Pour les droits d'auteur, c'est l'oeuvre d'art qui change au temps de la reproduction numérique, que cela nous plaise ou non. Pour la fin de la course à la richesse et au bling-bling, c'est d'une part une question de cycle (lié au cycle économique) et d'autre part un simple fait connu depuis toujours, au moins depuis les critiques de Socrate contre les sophistes (sans parler du chameau qui devrait passer par le trou d'une aiguille). Le caractère décomplexé de l'art par rapport à l'argent est très récent, beaucoup d'artistes ayant été révolutionnaires ou communistes au XXè siècle, en tout cas intègres (comme Brel ou Brassens, etc.). Ce billet n'est pas vraiment une position politique, voulant convaincre, et plutôt culturelle, voulant déconsidérer les évidences actuelles et pariant sur l'avenir.

  20. @Kitrie :

    "les seuls "artistes" étaient des nantis qui avaient le temps pour pouvoir créer sans s'inquiéter de leur subsistance"

    Avant les droits d'auteur, les artistes rentraient par la petite porte, forme d'apprentissage dans l'atelier du peintre par exemple, donc pas originaires de l'aristocratie. Ensuite, ils bénéficiaient de leur renommée, le financement venant du prince qui avait une forme d'intérêt à trouver les bons artistes servant son image.

  21. @Jean Zin :
    Je n'ai pas voulu discréditer pour raisons personnelles votre argumentaire que je trouve très bon sur les questions de l'art et de la révision des principes de droits d'auteurs du fait des NTIC, juste voulu souligner que l'image des stars, y compris des auteurs, n'était pas affaiblie par leur compromission avec l'argent.

    Vive le CopyHeart
    Mais la rémunération de substitution reste une question importante non résolue, comme vous le soulignez.

  22. @Kitri. Vous écrivez :
    "Je voudrais juste signaler une chose : avant que le droit d'auteur n'existe, les seuls "artistes" étaient des nantis qui avaient le temps pour pouvoir créer sans s'inquiéter de leur subsistance."
    C'est généralement faux. La plupart du temps, mis à part le cas de quelques nobles grattant la plume dans leurs temps libres, bon nombre de créateurs étaient employés comme domestiques (cas des musiciens ou des chroniqueurs), ou pensionnés par un puissant (ce qui n'est pas très différent du système actuel de subvention).

    Par ailleurs, il ne s'agit nullement, dans la question fondamentale soulevée ici, de ne pas payer aux artistes le salaire qu'il méritent (quoique pas plus non plus !), mais de remettre en cause un système artificiel qui a largement fait son temps et est aujourd'hui complètement détourné de son objectif.
    Et n'oublions pas que ceux qui sont visés sont avant tout les ayant-droits qui accaparent la plus grosse part du gâteau, non les véritables créateurs.

  23. Très bon billet. Très convainquant, très bien écrit, optimiste, même si c'est à plus ou moins long terme, mais qui donne envie d'avancer. De la richesse des possibles...
    Ce qui est drôle pour moi c'est que j'ai justement lu le billet "Eloge du plagiat" qui date un peu... la semaine dernière! Excellent billet aussi...
    Bon vent!

  24. @Mirabo :

    Hegel de même a eu une position de valet pour subsister.

    Un de mes ancêtres n'a vécu, chichement, 11 enfants, que de ses très modestes revenus de fonctionnaire enseignant, jamais des droits d'auteur de ses nombreuses productions.

    Il aurait presque pu en composant une musique de film américain, mais avec la guerre le projet est tombé à l'eau.

    Le compositeur de la musique du Grand Bleu lui a d'ailleurs chipé des lignes mélodiques par la suite, pourquoi pas, après tout...

  25. Qui est en face? Il y a une industrie des droits d'auteur multinationale: un lobby juridique, des éditeurs, quelques auteurs qui vivent de leur plume et l'oligarchie des Big Brothers fascisants qui veulent criminaliser la liberté d'expression..
    Liberté, égalité, fraternité. Je préfère le parti du partage au parti des pirates. Mais les auteurs ne sont pas généralement membres des oligarchies financières. Il s'agit d'une contradiction au sein du peuple.
    Que faire?
    1- Réduire le droit d'auteur de 60 ans environ pour la grande majorité des textes écrits à 2 ans compte tenu de la mondialisation et d'Internet et doubler les droits d'auteur au bout de deux ans grace à un impôt très modique sur Internet.

    2-Faire le bilan de ce qui se passe ailleurs.

    "Les hollandais viennent d'ailleurs de libérer la réutilisation d'extraits d'oeuvres protégées dans de nouvelles oeuvres :"

    http://www.technologyreview.com/blo...

    3- Attention à la Droite qui veut faire de la toile un nouveau Big Brother. Devoir n° 1: virer la Droite
    4- Si vous voulez populariser ce combat pourquoi n'essaierez vous pas de traduire les termes anglophones que vous utilisez?
    5- Une langue internationale facile, efficace, neutre qui existe et a fait ses preuves depuis 125 ans l'esperanto est la langue pont la plus précise pour la traduction. Il suffirait qu'il y ait un pays dans le monde qui soit plus libre pour contourner les lois liberticides.

  26. Toutes oeuvres de l'esprit est domaine public.

    Mais avant cela, le choix peut être donné.

    Un revenu de vie basé sur la richesse nationnale
    une protection du droit et de la gauche d'auteur.

    L'argent public supprime la protection du droit d'auteur et impose la gauche d'auteur.

    l'argent de l'impôt n'est pas là pour garantir un revenu à un auteur mais permettre son expression. L'oeuvre réalisée avec l'argent public doit rendre l'oeuvre libre de droit. Et cela n'empêchera pas son interprétation et la rémunération de son interprétation (théatre cinéma etc...).

    le même modèle que pour le logiciel libre ou pas.

    la libre contribution est un modele qui se développe avec internet et en 2010, les morceaux de musique les plus vendu etaient de la libre contribution, comme le fond de nombreux auteurs aujourd'hui sans passer par des majors comme Louie CK, Nine Inch Nail, radiohead...

  27. Il y a actuellement un scandale qui met en cause Gallimard et montre que les droits d'auteur sont bien illégitimes, n'étant qu'un obstacle à la création (à la traduction ici).

    Ce qui est à souligner aussi, c'est une violence de ceux qui défendent les droits d'auteur (leur revenu) n'hésitant pas à se faire les défenseurs de la marchandisation à un point qu'on oserait plus ailleurs. Il y a effectivement un saut conceptuel impossible à faire (du matériel à l'immatériel) comme en tout changement de paradigme (comme dit Planck, on ne convainc pas les gens mais ils meurent et les suivants n'ont plus les mêmes préjugés).

    http://blogs.mediapart.fr/blog/andr...

  28. Il ne faut pas lire que le titre ! Bien sûr que les écrivains devraient pouvoir vivre de leur plume mais pas par des droits d'auteur. Je pense que pas mal d'auteurs ou de chanteurs méritent notre gratitude éternelle qui nous ont parfois sauvé la vie. C'est une honte de laisser tant d'artistes dans la précarité. Il faut trouver autre chose que les droits d'auteur. Je répète que les scientifiques ne sont pas payés pour leurs découvertes mais ils ont besoins bien sûr de moyens et de revenu (tout comme les programmeurs de logiciels libres, etc.), c'est une évidence, une priorité que les droits d'auteur ne permettent pas de remplir.

  29. La semaine dernière, j'ai publié sur mob blog l'article qui suit et qui va dans le sens de Jean Zin.

    voir http://www.thebingbangblog.be

    Le téléchargement illégal ne réduit pas la créativité des musiciens
    Victor Ginsburgh

    Le téléchargement, surtout lorsqu’il est illégal, réduirait la créativité des compositeurs et des musiciens puisque leurs créations ne sont plus rémunérées par le droit d’auteur. Donc à quoi bon créer ? C’est en tout cas ce que veulent nous faire croire les grands producteurs de CDs et de DVDs (Universal Music Group, Sony Music Entertainment, EMI Group et Warner Music Group, les quatre « majors » (1)) ainsi que, ne les oublions surtout pas dans nos prières, les sociétés d’auteurs, SABAM, SACEM et consorts.

    En outre, disent aussi les producteurs américains, les lois contre le piratage sont censées leur assurer (aux producteurs, pas aux autres !) des revenus suffisants (2) pour leur permettre d’investir dans de nouveaux groupes musicaux et enregistrements. Le « vol » que constitue le piratage a, précisent-ils, mis au chômage des milliers d’artistes et a rendu plus difficile la signature de contrats par les producteurs (3).

    Il n’y a aucun doute que l’internet et l’affaiblissement du droit d’auteur ont largement pénalisé les majors. Mais ceci a été le cas lors de chaque révolution technologique ou musicale :l’industrie n’a jamais été capable de voir venir les chocs, ou a préféré les ignorer, pour se plaindre par la suite (4). Dans les années 1920, les majors de l’époque ont ignoré la radio, le jazz et le blues. Durant les années 1950, elles se sont laissées surprendre par les 45 et 33 tours et la musique rock qui a fait le bonheur de petites firmes nouvellement créées. Durant les années 1990, préoccupées par la mode des fusions et acquisitions, elles ont omis de s’intéresser à l’internet, et ont finalement compris en 1999, avec l’arrivée de Napster, que quelque chose se passait qui n’allait pas vraiment leur convenir.

    Mais ce qui nous intéresse ici ce ne sont pas les heurs ou malheurs de l’industrie ou des sociétés d’auteurs, mais bien l’effet présumé négatif de l’affaiblissement du droit d’auteur sur la créativité. Parce qu’une réduction de la créativité des musiciens les affecte bien sûr eux-mêmes, mais elle affecte aussi les consommateurs dont les choix, et donc le bien-être, s’en trouvent réduits. Une récente étude d’un des spécialistes de la question, Joel Waldfogel (5), montre qu’il n’en est rien.

    Waldfogel démontre en effet que l’offre musicale définie de façon très subtile, parce que le nombre de titres ne rend pas suffisamment compte de l’offre et de sa diversité : un titre qui ne se vend pas n’augmente pas la diversité— ne s’est pas réduite après l’apparition de Napster. Il attribue cette apparente contradiction avec les larmes de désespoir versées par les majors, au fait que de nombreux nouveaux producteurs,indépendamment des majors,se sont emparés d’une plus grande part du marché qui est passée de 50% dans les années 1990 à 60% par la suite (6). Cette augmentation est due :

    (a) à une baisse substantielle des coûts de production des enregistrementsavec l’arrivée du digital : on peut transformer un PC en petit studio d’enregistrement avec un software Pro Tools qui coûte quelque 500 euros (7) ;¬

    (b) et à une baisse tout aussi substantielle des coûts de distribution due à l’internet : on peut distribuer une chanson (un « single ») en payant $9,99 dollars à Tune Core (8).

    Il n’est donc plus nécessaire de passer par une des quatre majors pour lancer une chanson.

    Un document du 30 novembre 2011 (9) du Département fédéral de justice et police de la Confédération suisse va exactement dans la même direction. Il indique que les nouvelles habitudes de consommation dues à l’internet « ne devraient pas avoir de conséquences négatives sur la création culturelle et que le cadre juridique actuel permet de répondre de manière adéquate au problème des utilisations illicites d’œuvres ». Ce sont, dit le rapport, les grandes sociétés de production qui pâtissent de ces nouvelles habitudes de consommation, et elles doivent s’y adapter.

    Seul et amer regret, la disparition des disquaires. Et sans doute, dans peu de temps, des libraires.

    (1) Dont il n’en reste plus que trois—ce qui augmente encore leur pouvoir—puisque EMI vient d’être racheté par Universal et Sony. Voir le New York Times 11 novembre 2011.
    http://www.nytimes.com/2011/11/12/b...

    (2) Les sociétés de production ont évidemment perdu pas mal de rentrées. Entre 1999 et 2008, leur revenu annuel est passé de 12,8 milliards de dollars en 1999 à 5,5 milliards en 2008 aux Etats-Unis et de 37 milliards en 1999 à 25 milliards en 2007 dans le monde. Il faut reconnaître que c’est raide!

    (3) Voir http://www.riaa.com/physicalpiracy....
    (4) Voir à ce sujet P. Tschmuck (2006), Creativity and Innovation in the Music Industry, Dordrecht : Springer.
    (5) J. Waldfogel (2011), Bye, bye Miss America Pie ? The supply of new recorded music since Napster, NBER Working Paper 16882.
    (6) Voir par example Nate Chinen, Despite the odds, a jazz label finds a way to thrive, The New York Times, 17 August 2011, http://www.nytimes.com/2011/08/17/a...
    (7) http://www.avid.com/FR/products/fam... (publicité non payée).
    (8) http://www.tunecore.com/ (encore une pub non payée).
    (9) http://www.ejpd.admin.ch/content/ej...

  30. Je me permet de placer ici ce lien vers une vidéo dénonçant, suivant un éclairage intéressant, les abus actuels de la propriété intellectuelle :
    http://www.universalsubtitles.org/f...

    N'hésitez pas à consulter aussi les 3 premières vidéos de cette série "Everything is a remix".

    Trouver une alternative aux droits d'auteur serait, je pense, un premier pas salvateur vers l'élargissement d'une sphère publique de plus en plus menacée.
    Il faut croire en effet que certains aimeraient que notre devise redevienne "liberté, égalité, propriété"...

  31. Il y a des auteurs pour qui écrire n'est qu'un métier :
    http://www.culture2012.org/le-metie...

    mais, ce que je trouve très curieux, c'est qu'on s'obstine à penser que ne pas reconnaître de droits aux auteurs serait ne pas vouloir qu'ils puissent vivre de leur plume alors qu'il s'agit au contraire de trouver un autre système qui ne profite pas qu'à un tout petit nombre (certes prêts à le défendre bec et ongle). Le système actuel est à la fois inefficace et pervers. Il n'a que le mérite d'exister quand il n'y a rien d'autre, ce n'est pas une raison pour considérer que ce soit une situation durable à l'ère du numérique mais on ne veut pas la mort des auteurs, pas plus que des chercheurs ou scientifiques, tout au contraire !

  32. @32 Victor Ginsburgh :
    « Durant les années 1950, elles se sont laissées surprendre par les 45 et 33 tours et la musique rock qui a fait le bonheur de petites firmes nouvellement créées. Durant les années 1990, préoccupées par la mode des fusions et acquisitions, elles ont omis de s’intéresser à l’internet, et ont finalement compris en 1999, avec l’arrivée de Napster, que quelque chose se passait qui n’allait pas vraiment leur convenir. »

    Sans oublier les K7 dans les années 80-90, qui étaent déjà une forme de peer-to-peer de cour de récré/cercle familial étendu (avec les amis de la famille) et permettaient massivement d'avoir un accès à bas coût à la musique (notons qu'internet n'est pas gratuit : il faut un abonnement et un ordinateur pour en profiter).

    @Jean Zin :

    Tout à fait d'accord avec le fond de votre article : le droit d'auteur est simplement le droit de (mal) croûter dans un système donné. Un seul bémol toutefois : tous les éditeurs ne sont pas de gros requins pour qui la littérature moderne n'est qu'une courbe de graphique (de même dans la musique) ; pour eux qui ont une structure à faire tourner et jouent un vrai rôle auprès des auteurs, la fragilité est encore plus grande. Bref, l'antagonisme éditeur/auteur n'est pas aussi structurel que cela, je pense (il n'y a pas toujours un rapport de force objectif où l'un est en mesure d'exploiter l'autre).

    Reste que les années qui viennent avec la numérisation de la littérature nous promettent de jolis moments de mauvaise foi venant de l'industrie. J'entends déjà les Gallimard et consorts pleurer sur le tort que le piratage causera à leur création, glissant sous le tapis plus d"une décennie de crise de l'édition pré-numérique qu'ils ne doivent qu'à eux-mêmes.

  33. Un vrai travail d'édition est une chose précieuse, un travail d'artiste (ou d'artisan) presque autant que celui d'auteur. Il ne s'agit pas de dresser les uns contre les autres mais uniquement de changer de modèle en fonction des nouvelles conditions de production à l'ère du numérique. Je répète que je pense que tous ces talents doivent pouvoir vivre et s'exprimer, ce que ne permet pas le droit d'auteur sauf pour une petite minorité. En attendant, il n'y a pas à culpabiliser ceux qui fonctionnent dans ce système. Je reconnais que ma position est peu défendable dans son extrémisme qui n'est qu'un pari sur l'avenir.

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