Ce qu'on appelle la conscience se confond peu ou prou avec l'intentionalité, c'est à dire avec le désir et la projection dans le futur, cause finale qui n'est pas le propre de l'homme mais du moins de ses oeuvres, du travail humain comme réalisation d'un plan préconçu. Il est donc on ne peut plus naturel qu'à prendre conscience de l'histoire, on veuille l'orienter vers nos fins, passer de l'histoire subie à l'histoire conçue - mais il n'est sans doute possible que de passer d'un processus particulier subi à un processus corrigé, amélioré, domestiqué. Prétendre plier l'ensemble de l'histoire à notre volonté est tout aussi impossible que de supprimer l'universelle entropie, ce qui ne peut jamais se faire que ponctuellement, travail de correction d'erreur qui est à la base de la vie mais n'en fait pas un processus d'auto-création, de sculpture de soi quand c'est plutôt l'extériorité qu'on intériorise ainsi.
En renonçant au volontarisme utopique et à l'arbitraire subjectif, le marxisme a ouvert une autre voie, celle de nager dans le sens du courant supposé hâter la venue du communisme. L'histoire a montré justement que c'était un peu plus compliqué et que ce qui arrive n'est pas ce qui était espéré. Beaucoup en tirent la conclusion précipitée qu'on ne pourrait rien faire ni rien prévoir (c'est ce qui fait du libéralisme un scepticisme) mais il n'y a rien de plus faux. Ce n'est pas parce qu'on ne peut pas tout qu'on ne peut rien du tout, c'est juste qu'il faut prendre les problèmes un par un et "diviser chacune des difficultés en autant de parcelles qu’il se pourrait, et qu’il serait requis pour les mieux résoudre" (Discours de la méthode). Ce qui ne marche pas, c'est l'idéalisme, bien qu'il continue à séduire les foules, et notre action reste incontestablement très limitée au regard de la totalité, plus emportée par le mouvement que le dirigeant, même si on agit toujours contre ses dérives. Il n'est pas question pour autant de se laisser faire, de rester passifs. Non seulement notre action a le plus souvent un résultat positif mais elle est même vitale, action concrète, efficiente, loin du pouvoir magique de l'idée ou d'une simple force de conviction (qui participe cependant au rapport de force).
On devrait, dès lors, abandonner la poursuite d'un "sens de l'histoire" qui serait un sens unique alors qu'il y a différentes temporalités, qui ne se totalisent pas dans un présent où elles ne font que se croiser, et différents processus à l'oeuvre très hétérogènes, certains cycliques, d'autres éphémères, d'autres permanents ou presque. Ainsi, l'entropie constitue le sens de l'histoire le plus englobant menant le cosmos à la mort thermique sans doute mais la lutte contre l'entropie est, pour cela même, ce qui englobe tous les êtres vivants depuis la première cellule jusqu'à nos techniques de pointe. L'évolution, c'est toujours "un se divise en deux" (processus de spéciation). Il n'y a pas de conscience pour unifier l'univers, pas plus qu'il n'y a d'ensemble de tous les ensembles mais il y a bien une multitude de totalités effectives sur lesquelles on peut agir de notre place, qui dépendent de nous (dans notre rayon d'action).
Il ne pourrait y avoir une téléologie de l'histoire que si c'était une histoire sainte, création divine existant déjà dans l'esprit du créateur et dont on connaît la fin à l'avance, mais abandonner une téléologie de l'histoire menant forcément au communisme ne peut signifier ignorer l'histoire et ses leçons, tout au contraire. Il est assez comique de voir comme ceux qui défendent l'histoire ne font souvent que la nier, ne voulant voir dans le passé qu'un pays sans histoire, restant toujours le même au travers de toutes ses péripéties historiques. Ce besoin de garder son identité menacée et de défendre ses traditions (contre les autres) est bien une négation de l'histoire et de l'apprentissage historique. Cette peur de l'histoire comme devenir se traduit par la peur de perdre son humanité avec sa culture, sa religion, son rang. Défendre sa race, c'est n'avoir rien d'autre à défendre que son origine. On peut s'identifier plutôt à une trajectoire, un développement voire une mission, un destin comme dirait Heidegger, mais qui implique de choisir parmi les événements pour en faire un narratif complètement imaginaire où l'essence originaire serait miraculeusement préservée jusqu'ici, ne pouvant que se maintenir identique à elle-même ou disparaître, alors qu'il y a eu déjà tant des transformations et de mélanges depuis, modifiant l'origine aussi bien que les finalités. C'est un comble de se faire accuser de refuser l'histoire par ceux qui se font de la nation une histoire complètement mythifiée (et très sélective), réduite en fait à une expansion/régression du même.
Certains vont jusqu'à s'imaginer que si les sociétés évoluent et ne sont pas immobiles, s'il y a de l'histoire, ce serait parce qu'il y a des hommes qui croient au progrès, bête question de croyances néfastes ! Il est vrai que, pendant des millénaires, la préoccupation des sociétés tribales était de garantir la stabilité et de revenir à l'origine (notamment par des sacrifices), assurant ainsi la transmission des pratiques. Seulement, nous ne sommes pas maîtres du temps mais sous la pression extérieure accélérant le mouvement, pris dans des processus matériels bien plus que spirituels (qui ne font que suivre). Ce sont les changements dans l'infrastructure qui produisent des changements dans la superstructure bien qu'on ait l'impression de l'inverse. Les "épistémés", paradigmes, préjugés, changent selon les époques mais ne sont pas aussi déterminants qu'on le croit, même s'ils ont une réelle influence (dé)formatrice. Dans la réalité, on est plus proche de la théorie de l'évolution que d'un développement autonome de l'Esprit, plutôt guidé par l'extériorité, au moins dévié par un réel qui lui échappe (véritablement transcendant). Qu'il y ait des vérités éternelles (mathématiques) n'empêche pas l'historicité indépassable de nos représentations, nous obligeant à vivre non pas dans un présent perpétuel encore moins dans l'éternité immobile mais dans des temporalités limitées (ainsi des projections au-delà de 2050 deviennent très hasardeuses).
Il ne s'agit donc pas du tout de nier l'histoire, au contraire, mais de ne pas la réduire à un récit auto-justificatif et totalisant, examiner différentes histoires avec leurs propres modalités (processus cumulatif, cyclique ou simple survivance du passé). S'il faut savoir d'où l'on vient et connaître l'histoire au lieu de l'idéaliser, c'est pour ne pas en reproduire les erreurs et mieux s'adapter aux transformations en cours, non pour garder des traditions dépassées et des croyances archaïques. Pour une philosophie de l'information et ce que Foucault appelait "la pensée du dehors", ce qui importe, ce sont bien les déterminations extérieures, les puissances matérielles, le milieu actuel. Même s'il y a tout un matériel hérité (langue, culture, religion, famille) son sens change en fonction de l'environnement présent. L'islamisme en est l'illustration, innovation qui se croit fidèle à la tradition et prend plutôt la place de la guérilla communiste. C'est aussi la crise économique et financière, avec ses millions de chômeurs qui provoque la même fascisation des esprits qu'après la crise de 1929 (notre situation est très différente mais le mécanisme est bien le même).
L'histoire n'est donc pas prévisible car elle ne contient pas son principe en elle-même, dans son origine, et consiste en ruptures plus qu'en continuité, ne pouvant par définition intégrer l'après-coup à l'avance ni les découvertes futures ni les retournements dialectiques. Cela n'empêche pas qu'il y a une certaine inertie sociale (ce que Schelling appelle ralentissement), une grande difficulté à abandonner les anciennes idéologies et représentations, ce qui complique un structuralisme voulant intégrer l'histoire mais se trouvant ainsi en constant décalage dans nos sociétés historiques (trop "chaudes"). Si nous ne sommes pas condamnés par nos origines et notre généalogie, plutôt façonnés par notre milieu et notre temps, cela n'empêche pas que nous ne sommes jamais tout-à-fait nos contemporains, à la page, toujours en retard sur l'événement, englués dans notre passé. Nous ne sommes pas non plus libres de toute attache comme venus de nulle part et si l'origine (de classe) ne détermine pas mécaniquement la suite elle n'est quand même pas sans aucune importance, au moins de l'ordre de ce qu'on appelle "dépendance de chemin" (path dependence), avec tout de même une tendance à s'effacer dans un processus d'universalisation (l'accélération technologique favorise l'unité d'une génération, contemporains des mêmes innovations, face aux autres générations, au-delà des différences sociales).
L'origine est liée au vivant et la génération (la reproduction) où elle joue un rôle central avec la conservation de certains mécanismes de base mais cela n'a pas empêché l'adaptation à tous les milieux, se libérant dès les premiers multicellulaires de ces limitations initiales pour mieux épouser son environnement, comme les lois de l'aérodynamique ont sculpté les ailes pour le vol. Contrairement à ce qu'on s'imagine, l'évolution ne se fait pas du tout en ligne droite mais avec des retours en arrière, des extinctions massives, des impasses, etc. Un mammifère peut devenir un animal marin et prendre l'aspect d'un poisson, phénomène de convergence qui confirme la prépondérance du milieu. En fait, on peut dire qu'à examiner de près l'évolution, on a la preuve vivante qu'il n'y a aucun plan préétabli, aucune intervention ni création divine dans un processus aveugle d'essais-erreurs et de sélection par le résultat. Ce qui est sûr, c'est qu'il n'y avait pas tout au départ, déjà donné. Le monde de la vie n'est pas le fruit d'une volonté, d'un ordre, mais d'interactions en cascade qui rétroagissent sur le vivant par sa reproduction/sélection. Il n'y a pas eu non plus une poussée spontanée de la créativité humaine qui nous aurait fait évoluer mais une succession de changements climatiques favorisant l'adaptabilité plus que l'adaptation. Une narration linéaire ne rend pas du tout compte de cette évolution erratique même s'il y a aussi des évolutions linéaires, à certaines échelles de temps du moins.
Que le vivant se détache de l'origine, comme la science des conditions de ses découvertes, n'empêche pas qu'il peut y avoir des processus déterminés par leur origine (le premier pas est le dernier pas). De même, ce n'est pas parce que le communisme n'était pas l'avenir de l'homme qu'on ne pourrait déceler absolument aucune téléologie, non plus à partir de l'origine ou d'un créateur mais vers un attracteur cette fois (comme le Dieu d'Aristote, premier moteur immobile). Il y a incontestablement des tendances lourdes à long terme comme l'histoire des sciences et techniques qui est cumulative - bien qu'avec des changements de paradigme imprévisibles. De façon moins assurée, on ne peut nier que le langage narratif, la parole et l'agir communicationnel imposent leurs règles à la longue, qu'il y a un certain progrès de la raison dans l'histoire (passage de l'énonciation dans l'énoncé, de la vérité dans le savoir, de la liberté dans la Loi) mais sur un mode plus contradictoire et contestable. On ne peut trop s'y fier sans que ce soit complètement illusoire puisque, là aussi, le milieu dicte sa loi.
Pour la philosophie, c'est une autre histoire et si l'on peut dire qu'il y a progrès sur certains plans, ce n'est pas sans produire de nouvelles illusions, comme on le constate déjà avec Platon et sa théorie des idées qui vient boucher immédiatement la révélation socratique de notre ignorance et de nos préjugés. D'autres voudront nous guérir de la conscience de la mort ou nous faire adopter un point de vue divin (du troisième genre). Toujours idéaliste par quelque côté, chaque philosophie semble faire du vrai un moment du faux, ne s'appuyant sur la vérité que pour la dénier finalement par quelque tour de passe-passe supposé nous aider à vivre, voire nous donner accès au Bien suprême. La fonction thérapeutique de la philosophie, sa promesse de bonheur, s'oppose frontalement à sa passion de la vérité (qui blesse) mais la succession des philosophies, en opposition avec les précédentes, est peut-être ce qui illustre le mieux ce mouvement dialectique qui va d'une erreur à l'erreur contraire tout en se rapprochant de son objet. Le parallèle avec la politique s'impose, promettant toujours plus qu'elle ne peut tenir et s'il y a progrès généralement, cela n'exclut pas des revirements ni même un progrès vers le pire...
Pour ce qui nous intéresse, l'histoire de l'émancipation, il semble que l'essentiel est acquis mais que nous sommes malgré tout confrontés à un grave moment de régression. Il ne faut pas être trop assuré de la victoire finale, ce n'est pas encore joué, mais surtout, il faut y voir le signe que c'est l'émancipation elle-même qui doit passer par sa propre critique et ne peut s'en sortir indemne. Il y a deux modèles principaux d'émancipation : la libération de l'esclavage et la sortie de la religion, libération du corps et de l'esprit. On peut dire que c'est ce que Mai68 voulait achever et qui s'incarnera notamment dans le féminisme et la libération sexuelle (droits des femmes et des homosexuels). Au moins la légitimité de la domination a été complètement déconsidérée même si dans les faits elle s'exerce par des moyens détournés. La hiérarchie est parfois devenue invisible, ce qui ne l'empêche pas d'exister. C'est là où l'idéologie se heurte à la réalité, qu'elle masque, provoquant en retour une réaction inverse. La question ne peut plus se limiter à la pure négation des hiérarchies, qu'il faut reconnaître au contraire pour y opposer des contre-pouvoirs. De même, c'est le moment où il faut bien reconnaître ce que la lutte contre l'aliénation pouvait avoir d'aliénante parfois, devenue injonction moralisante, quand elle ne devenait pas pure frime et simple identification au maître, à sa jouissance souveraine, tout cela sous le masque grimaçant d'une authenticité qui se donne en spectacle. Que l'émancipation trouve ainsi sa limite ne diminue pas sa nécessité mais on est bien obligé de reconnaître que l'abolition de l'esclavage n'a pas donné aux anciens esclaves un bonheur paradisiaque, leurs conditions de travail pouvaient même empirer. De même, se délivrer des consolations de la religion n'a aucune raison de mener au bonheur parfait, comme si la religion était simplement une manipulation des dominants pour nous cacher notre bonheur naturel, nous empêcher de jouir, et non pour supporter notre malheur. Ce n'est pas pour rien qu'on assiste à un regain du religieux. Non, il n'y a pas de fin de l'aliénation qui nous rendrait à notre état originaire d'harmonie avec la nature. "La nature n'est pas bonne à l'homme" affirmait très justement André Gorz, on s'en abrite autant que possible. La vie reste difficile et tragique, on peut juste essayer de la rendre plus douce, au moins ne pas en rajouter.
Notre moment historique est donc celui d'une critique de la critique indispensable, à condition de rester du côté de la critique et ne pas tomber dans la réaction comme on voit nombre d'anciens intellectuels de gauche y sombrer, atteints d'un gâtisme haineux envers ce qu'ils avaient été et démontrant à quel point la haute culture est surévaluée, pur marqueur de classe et facteur d'ignorance plutôt (la bêtise savante est la pire). Ils ne font ainsi que répéter une histoire qu'ils dénient et qu'il nous faut rappeler dans cette atmosphère de montée des nationalismes et de droitisation des esprits (refuser de voir les ressemblances avec les années trente malgré les différences évidentes est bien un refus de l'histoire - que le fleuve du temps continue à couler n'empêche pas que c'est le même fleuve, que ce sont les mêmes tourbillons qui nous entraînent dans les mêmes précipices). S'il faut donc vouloir continuer malgré tout l'émancipation et défendre nos libertés, c'est sans plus espérer d'en être délivré des dures réalités et des nécessités de l'existence mais en y intégrant l'échec, la négativité, partir des difficultés pour les surmonter pratiquement (ainsi, c'est l'échec des coopératives qui justifie des coopératives municipales et non l'idéologie). Notre époque est celle qui a inventé la tyrannie de l'absence de structure, la dictature libérale et l'autonomie subie, manifestant que la liberté n'est pas tant une exigence intérieure (d'essence divine) qu'une propriété du vivant comme de l'économie, exigée notamment par la société numérique. Cela pourrait aller dans notre sens, base matérielle sur laquelle on peut s'appuyer, mais n'a pas que des bons côté, sans des mesures adaptées, et, dans l'immédiat, ce sont les menaces sur nos libertés qui s'accumulent, que ce soit la surveillance d'internet, le retour de la religion ou la fascisation des esprits (sans parler de la destruction des protections sociales). On ne s'en défendra pas en revenant en arrière à un progressisme béat mais en intégrant aux luttes d'émancipation l'échec de la liberté, ses limites, ses contradictions.
En attendant, avec cette crise cyclique, ce sont les forces réactionnaires qui ont le vent en poupe, le camp progressiste étant en bien piètre posture, éclaté en partis ennemis et incapable de se tourner vers l'avenir, témoignant qu'il a fait son temps. L'histoire n'est pas finie mais l'époque ne nous est pas favorable sinon par les réseaux numériques qui unifient le monde, formation d'une pensée globale qui donne sens à l'action locale et pourrait contrer la nostalgie d'un pouvoir autoritaire. Cependant, ne sont pas les imprécations qui y feront quoi que ce soit, il y faut des dispositifs concrets, les infrastructures matérielles du développement humain à l'ère du numérique, conditions sociales de la liberté individuelle, de l'égale liberté que devraient poursuivre les démocraties, ainsi que d'une relocalisation indispensable écologiquement. C'est tout l'enjeu de notre actualité, de changer d'ère.
La tyrannie de l'absence de structures, formule issue du texte en anglais de Jo Freeman de 1970 The tyranny of structurelessness.
Il me semble aussi, ainsi que vous le soulignez, que c'est une des raisons de l'échec des coopératives qui ont négligé ou au moins sous-estimé ce point. Les coopératives municipales entendent améliorer la structuration, mais je ne saisis pas si elles répondent complètement aux 7 conditions avancées par Jo Freeman pour prétendre mettre en place une structure (conditions qui sont elles-mêmes sans doute aussi critiquables).
Pour Bookchin, l'échec des coopératives est avant tout dû à la pression du marché (et au manque de soutien financier), raison pour les abriter dans une structure municipale. Une coopérative municipale n'est cependant pas une entreprise, plutôt une pépinière d'entreprises en tant qu'institution du travail autonome, les coopérations se structurant dans son sein peuvent prendre différentes formes mais il est certain qu'il faut des structures et même des hiérarchies fonctionnelles, bien qu'égalitaires.
Remarque formelle: je trouve assez dommage que vous ne publiez pas l'ensemble - ou tout au moins une partie - de vos textes, sous un format papier. Pour ma part, j'ai l'impression que la lecture d'un texte sur papier permet de méditer davantage les idées, que le format numérique.
J'en ai parlé ces jours-ci avec un visiteur étranger mais je n'ai effectivement pas de véritable désir d'être publié, mes textes étant disponibles sur le blog et il y en a beaucoup trop. Il y avait déjà eu une tentative qui n'a débouché sur rien, en grande partie par manque de motivation de ma part. Par contre, je ne suis pas du tout opposé à ce qu'on les publie mais il vaut mieux que ce soit un désir de l'éditeur et son choix de textes plus que le mien. Sinon, il ne manque pas de livres en pdf déjà, qu'on peut télécharger et imprimer. Il est vrai qu'il faudrait que j'en fasse de nouveaux avec les textes plus récents mais je m'intéresse plus au prochain texte qu'aux anciens !
Il se peut que cet article soit un peu énigmatique du fait qu'il est en grande partie une réponse à un texte que j'avais reçu même si j'ai essayé d'en faire un écrit en soi.
Les réseaux numériques pour le moment présentent deux faces: l'une est celle d'individus sérialisés et isolés (du moins qui se vivent comme tels), et l'autre celle de l'émergence de la pensée globale que vous évoquez. La première face est parfaitement adaptée à celle de l'intégration globale du Capitalisme (transactions dématérialisées, voir économie de la connaissance "capitalisme congnitif"). Mais aussi adaptée à la résurgence d'idéologies réactionnaires (mythe du groupe national comme contrepoint à cette dispersion des individus sérialisés). Sur le plan écologique, l'instantanéité des réseaux risquent aussi en un sens de nous couper de l'univers physique et de l'environnement (sans pour autant adhérer bien sur, à la technophobie de J. Ellul).