De la pensée globale à l’action locale

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ATTACL'action politique passe par plusieurs étapes. Il y a d'abord le moment de l'indignation ou de la sensibilisation aux désastres écologiques et sociaux du capitalisme qui motivent l'engagement de s'opposer au monde tel qu'il est.

Ensuite, le premier devoir d'un militant est celui de sa formation, moment pour comprendre les raisons qui nous ont mené là et les transformations en cours. C'est le travail auquel Marx s'était astreint avec "Le Capital", dégageant les causes globales de notre système de production (détermination de la production par les marchés financiers, l'innovation et le salariat). Il ne s'agit pas en effet de laisser libre cours à une imagination débridée ni de se limiter aux condamnations morales et aux bons sentiments, il faut connaître les processus matériels et les contraintes systémiques qui mènent à des conséquences si funestes. On peut dire qu'on remonte du local au global en remontant des effets aux causes. Il y a également tout un travail d'information à approfondir notamment sur le climat et l'épuisement des ressources, il ne suffit pas de convictions personnelles.

Bien sûr, l'objectif est ensuite d'y remédier avec l'élaboration d'une alternative souhaitable et qui soit viable. Marx était prudent sur ce point mais son erreur n'en a pas moins été tragique, au fond de sous-estimer la dimension politique au nom d'une idéalisation de la démocratie. En tout cas, nous avons appris de l'expérience que la propriété collective, dont il déduisait la nécessité, n'a pas été l'épanouissement des forces productives qu'il imaginait, ne changeant rien à la subordination salariale et ne faisant pas le poids face au capitalisme. La Chine en a fait la démonstration malgré une révolution culturelle qui avait porté comme jamais le projet de changer les hommes et d'une réforme de l'esprit qui n'est plus revendiquée aujourd'hui que par les Islamistes (mais que poursuivent en vain toutes les religions). Un tel fiasco justifie la défiance de nos contemporains envers les idéologies mais devrait convaincre au moins que ce n'est pas qu'une question de volonté et qu'en tout cas, il ne suffit pas de croire dans une quelconque utopie pour qu'elle soit réalisable (ou durable).

La question des alternatives est la plus difficile car il ne s'agit pas du tout d'imaginer un monde idéal comme on nous y invite trop souvent alors qu'on en est si loin et qu'il n'y a qu'un tout petit nombre d'options possibles. Lorsque je me suis attelé à la question des alternatives écologistes, j'ai été très étonné du manque de réflexions et de propositions sérieuses, en dehors de quelques illuminés, sur un sujet qu'on aurait pu croire plus étoffé tant il est crucial. Je n'ai finalement identifié que 4 types d'alternative correspondant d'ailleurs à différentes temporalités (un capitalisme vert ou productivisme "durable" surtout à base d'écotaxes, d'incitations ou de normes, une économie étatisée ou productivisme bridé par la RTT et une planification écologique, une "décroissance conviviale" assez floue à base de relocalisation mais aussi de frugalité individuelle, enfin, celle qui m'a semblé la plus prometteuse : une production alternative et relocalisée à l'ère du numérique, centrée sur le travail autonome grâce au revenu garanti et des monnaies locales). Il faut bien dire qu'aujourd'hui, presque personne ne soutient plus une quelconque alternative mais tout au plus un national-capitalisme assez anachronique et désespérant.

Pour autant qu'on puisse se décider pour une alternative qui semble pouvoir répondre aux adaptations exigées par notre entrée dans l'ère du numérique, de l'écologie et du développement humain, il reste à prendre en compte les forces en présence et les possibilités réelles de la situation dans ce monde de plus en plus globalisé. Il ne suffit pas en effet de trouver une solution élégante à un problème (la spéculation, les banques, la monnaie, les retraites, etc.) pour que cette solution soit viable par rapport à d'autres questions (juridiques, multinationales, technologiques, systémiques, etc.). Pour autant que ce ne soit pas une fausse solution d'ingénieur ou de théoricien en chambre, il faut encore trouver les moyens politiques et sociaux de la rendre effective. C'est là où le constat est le plus sévère de notre impuissance. On le voit bien, que ce soit avec la crise de la dette, le climat ou le rattrapage des pays les plus peuplés. Il n'y a aucune raison de surestimer nos moyens alors que la situation semble plutôt désespérée sur tous les fronts, accumulant défaites sur défaites. Sur le plan social, le sud de l'Europe dévasté nous entraîne sur la même pente alors que la lutte contre le réchauffement climatique semble perdue avec la mise en exploitation de toutes les sources d'hydrocarbure (gaz de schiste, méthanes marins, pétroles non conventionnels, charbon). Malgré tous les engagements pris, le résultat est à peu près nul, les émissions continuant à augmenter (bien qu'à un rythme moindre quand même). On ne sait non plus comment on va faire face, non pas tant au pic de population qui n'est plus tellement éloigné qu'à un nouveau doublement de la classe moyenne mondiale qui est déjà passée de 1 à 2 milliards depuis l'an 2000 et devrait plus que doubler encore dans les années qui viennent. Il est primordial de bien intégrer l'étendue de notre impuissance effective face à ces problèmes globaux, au lieu de tomber dans ce que Christian Salmon appelle le “paradoxe du volontarisme impuissant” où les échecs répétés ne conduisent qu'à une surenchère verbale (Yes we can) quand ce n'est pas à l'appel désespéré aux valeurs. Impossible pourtant de se cacher notre peu de prise sur ces évolutions géopolitiques comme sur les dérives du système capitaliste globalisé et les mécanismes de la crise, ce qui ne veut pas dire qu'on pourrait s'en désintéresser - il faut tout faire pour peser le plus possible dans les négociations internationales - mais on dit bien se rendre au constat du peu de résultat.

Qu'on ne puisse pas tout n'implique pas qu'on ne puisse rien faire même si notre champ d'action est bien plus modeste et plus local qu'on ne le voudrait. Penser le monde nous met en position d'auteur d'une histoire dont nous ne sommes pourtant que l'un des innombrables acteurs aux pensées contradictoires. C'est l'origine du préjugé commun, religieux ou totalitaire, dont il est si difficile de se défaire en politique et qui a nourri les grandes idéologies de masse et la mythologie révolutionnaire, rêve d'une société artificielle qui ne peut que se cogner au réel dans toute son horreur. Il ne suffit donc pas d'agir par la pensée, voire la propagande, dans la si commune "illusion de l'unanimité" ou la recherche d'une hégémonie idéologique trop sûre de détenir la vérité. On ne peut se passer d'une pensée stratégique qui compose avec les autres et les forces matérielles, pensée qui se transforme au contact des autres et des faits, seule façon d'avoir une action transformatrice effective, ni dogmatisme utopique ni laisser-faire destructeur mais qui peut certes nous laisser le goût amer de son insuffisance à devoir en rabattre sur nos idéaux pour composer avec des rapports de force défavorables et des idéologies dépassées ou se contenter d'une action locale pouvant paraître ridiculement limitée.

Il semble bien y avoir contradiction, en effet, entre une liberté d'action qui se révèle essentiellement locale et des questions de plus en plus globales. Ce n'est donc pas seulement par son penchant naturel que la pensée s'élève à un point de vue global mais bien par nécessité de problèmes qui sont devenus planétaires - seulement, ce n'est pas la même chose. Il ne faut pas confondre en effet cet indispensable "penser global" avec une pensée totalitaire où s'effacent toutes différences derrière un grand récit unifiant. Ce n'est pas parce que les réseaux se sont mondialisés tout comme les effets de notre industrie sur la biosphère qu'il n'y aurait qu'un seul monde, totalité compacte qu'il faudrait changer d'un seul coup tout aussi globalement. Il est très important de reconnaître la pluralité des mondes. Bien sûr nous vivons tous sur la même planète, avec des ébauches d'une gouvernance mondiale dont il n'y a plus d'extérieur. La question du climat (comme de toute éventuelle géoingénierie) semble incarner matériellement le fait que nous appartenons à un seul et même monde qui nous fait tous solidaires. Sauf que les climats diffèrent selon les régions du monde qui ne sont pas affectées pareillement et dont les intérêts divergent. Pour la solidarité de destin, on sait bien qu'il y a plusieurs mondes sociaux qui ne se mélangent guère, entre petit peuple et grand monde. La fiction d'une égalité républicaine est une nécessité juridique et vouloir la réaliser un objectif essentiel mais qu'on ne peut considérer comme atteint. Contre une vision trop globale et simplificatrice, la première chose qu'il faut prendre en considération, c'est donc la pluralité des mondes et leurs divisions internes malgré l'existence de totalités effectives.

S'il y a bien un système de production globalisé, cela ne signifie ni qu'il n'y ait qu'un seul système, ni qu'il n'y ait pas d'autres formes de globalisation (technique, médiatique, scientifique, juridique, migrations, épidémies, etc.). Il faut d'ailleurs ajouter qu'on n'est pas tous contemporains. Nous ne vivons pas tous dans le même temps (le présent lui-même dans son immédiateté où se rassembleraient toutes choses). Il y a un temps propre à chaque monde ou processus, bien qu'on soit bombardé des mêmes informations en "temps réel". On ne peut être présent à tous ces mondes à la fois. Contre toutes les mystiques de l'unité, il faut affirmer qu'il n'y a pas l'Un tout seul (pas d'ensemble de tous les ensembles), il n'y a pas l'Un sans l'Autre. S'il ne peut plus être question de changer "Le" Monde en son entier mais d'en changer plusieurs, à différentes échelles, l'action locale retrouve tout son sens à pouvoir participer à la construction petit à petit et par le bas d'un altermonde.

Ces considérations théoriques sont sans doute nécessaires dans le contexte actuel pour se détourner de solutions globales chimériques et se résigner à des approches plus locales et réalistes de stratégies différenciées en fonction des questions : crise économique, productivisme capitaliste, empreinte écologique, conversion énergétique, adaptation au numérique, même si le but est de faire converger ces différentes stratégies dans un projet global. Il faut se convaincre qu'il n'y a aucun miracle à attendre d'une impossible révolution mondiale ou métamorphose inouïe de l'humanité (que certains attendent d'une "singularité" technologique), pas plus que d'un retour à la terre des populations urbanisées, un arrêt soudain de l'évolution technique ou que sais-je ? Les problèmes devront être traités un à un en faisant feu de tout bois et ne désertant aucun terrain. Il faut simplement essayer de donner cohérence à une stratégie d'ensemble sur le long terme pour aller le plus loin possible dans une radicalité qui ne soit pas purement verbale mais tire le plus grand parti possible des potentialités du temps.

Pour cela, il y a des raisons positives de valoriser le niveau local, pas seulement d'être à portée de main quand tout le reste nous échappe. D'abord qu'il ne peut y avoir de relocalisation imposée d'en haut alors qu'elle doit se faire inévitablement localement. Ensuite, c'est au niveau local qu'on peut le mieux préserver son environnement, passer aux énergies renouvelables, réduire son impact climatique, soutenir le travail autonome. Enfin, c'est tout simplement là où l'on vit, lieu des rapports humains, d'une démocratie de face à face et des échanges de proximité, c'est donc là qu'on peut changer notre vie. Toutes ces raisons font qu'il ne peut y avoir que des alternatives locales à la globalisation marchande.

En soi, des alternatives locales n'ont d'intérêt que pour ceux qui les expérimentent. Pour qu'elles deviennent la base d'un altermonde, d'une économie alternative au capitalisme globalisé, il est essentiel de faire partie d'un mouvement général, de s'inscrire dans un projet global et des réseaux altermondialistes. En tant que projet politique, on peut dire que "l'écologie c'est la relocalisation plus les réseaux alternatifs" mais cette autre globalisation ne peut s'ancrer que dans le local.

(c'est la réécriture complète pour EcoRev' de l'introduction de l'article "Plaidoyer pour l'altermonde")

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48 réflexions au sujet de “De la pensée globale à l’action locale”

      • Oui, mais encore?
        Celles que je cite ont toutes en commun une réappropriation locale de l'activité centrée sur la qualité, une démarche écologique viable économiquement ne produisant pas ou très peu d'externalités et où la relation entre les acteurs est un facteur important. Je ne saisis pas bien le sens de votre remarque.

        • On ne peut comparer des initiatives certes locales et positives avec une relocalisation d'ensemble, un projet alternatif (même si les Colibri y prétendent). Il y a bien sûr pléthore d'actions locales mais on cite toujours les quelques seules municipalités ayant une démarche alternative.

          Je dois dire que l'article "Plaidoyer pour l'altermonde" fait pour EcoRev' et dont celui-ci est une réécriture partielle est pour moi une souffrance tant j'en éprouve le caractère inaudible et à contre-courant, avec tous les contre-sens qu'il peut susciter. Sentiment d'être complètement à côté de la plaque à dire un certain nombre d'évidences qui seraient sans intérêt si elles n'étaient niées par tout le monde...

          • Les éco-villages correspondaient bien à cette structure de mise en place locale doublée d'un réseau. Mais toute l'énergie a été perdue, du fait de l'amateurisme à piloter des actions collectives, dans des luttes de places au lieu d'orienter le travail, de mettre les moyens en synergie, vers le développement des "capabilities".
            Du côté des partis politiques, je ne vois rien qui pourrait ressembler à cette relocalisation connectée qu'on pourrait espérer. De mon point de vue, le paradigme "mythe du progrès+ mythe de la liberté individuelle" sur lequel nous continuons à vivre et qui a donné le monde dans lequel nous sommes est devenu obsolète. Je ne sais pas si nous réussirons à en accoucher d'un autre. Je milite pour une écologisation du progrès (réduction des externalités) associée à une combinaison des libertés (où nous avons tout à réapprendre) qui me semble une issue possible pour un temps. Sans une mutation de ce type, je ne crois pas que nous pourrons sortir de cette économie si prodigue en "externalités" et construire une alternative.

          • Les éco-villages ne me semblent pas du tout pouvoir marcher et être durables même si c'était ce qui pouvait me séduire quand j'étais plus jeune. Ce que je propose n'est pas du tout communautaire et seulement communal. Les communautés qui ont marché un certain temps avaient un gourou, une mère, une personnalité forte, sinon, c'est ingérable.

            Il n'y a effectivement personne pour soutenir cette relocalisation et mon plus grand défaut c'est de n'y pas croire assez moi-même, ne me fiant qu'à la pression des faits et la sélection par le résultat plutôt qu'aux mythes et idéologies qui ne sont qu'effets et non causes même si un militant a besoin de croire le contraire.

          • "Il n'y a effectivement personne pour soutenir cette relocalisation et mon plus grand défaut c'est de n'y pas croire assez moi-même, ne me fiant qu'à la pression des faits et la sélection par le résultat plutôt qu'aux mythes et idéologies qui ne sont qu'effets et non causes même si un militant a besoin de croire le contraire."
            Et si l'idéologie fonctionnait comme l'évolution, avec des avancées proposées dans toutes les directions qui seront aussi sélectionnées par les faits? Les idéologies et les mythes peuvent à la fois être effets et causes, il se trouve qu'il n'existe pas de société qui en soient dépourvues. Les propositions de paradigmes nouveaux différents coexistent au même moment, certains régressifs et d'autres plus cohérents avec une évolution. Je crois que nous sommes à une époque où une mutation de paradigme est en cours, sous la pression des faits parce que les anciens sur lesquels nous vivons nous conduisent à une catastrophe. Ce n'est pas se prendre pour Dieu que de tenter d'en formuler de nouveaux, c'est comme tester un nouveau gène. Il se développera ou pas suivant les avantages qu'il apporte, mais il faut le tester.
            Je crois que votre formulation de relocalisation communale possède quelques avantages sur les propositions communautaires fouriéristes (les éco-villages ou Ardelaine par exemple). Encore que ces propositions commuautaires ne sont quand même pas tout à fait fouriéristes, elles sont beaucoup plus ouvertes, pas nécessairement si idéales, connectées entre elles. Il peut y avoir des petites différences avec les propositions fouriéristes, qui ont fait leur temps, et qui peuvent faire toute la différence. Elles peuvent fortement se rapprocher ou épouser votre proposition communale, ce qu'elles auraient intérêt à faire me semble-t-il.
            De mon point de vue, vous vous abritez derrière un alibi matérialiste POUR ne pas vous investir un peu plus dans votre proposition communale, aussi bien sur un plan idéologique que sur un plan pratique (les deux étant liés). Chat échaudé craint l'eau froide sans doute. On ne vous y prendra pas, vous, à vous prendre pour Dieu, si conscients que vous êtes des dangers de la parole en cette matière. J'avoue que les seaux d'eau froide que vous déversez m'ont refroidi dans l'idée de m'investir dans un projet de coopérative municipale. Mais je m’investis depuis dans la duplication de la Maison des sources parce que je peux m'appuyer sur l'expérimentation de Besançon peut apporter un avantage décisif pour passer d'une société de l'exclusion à une société de l'inclusion choisie. On y retrouve un des éléments du nouveau paradigme qui me semble devoir être soutenu (écologiser le progrès+combiner les libertés). C'est aussi un projet communautaire, mais une communauté insérée d'emblée dans la commune qui cherche à se construire de façon très pragmatique, sans gourou avec des outils de d'auto-organisation éprouvés et simples d'emploi. C'est à la fois idéologique et pratique. J'y ai retrouvé beaucoup d'éléments de prise en compte correcte des informations.

          • Ne pas oublier que la commune est un élément clé parce que local, mais un élément de l'institution nationale.
            Ne pas oublier que tout projet ,toute proposition alternative ou non se situe dans ce cadre d'institutions qui se disent démocratiques et où à ce titre tout un chacun peut proposer et s'exprimer.
            Qu'en conséquence les alternatives ne se situant pas dans ce cadre politique public ,se situent mécaniquement dans le cadre privé , associatif ou autre .
            Ne pas oublier non plus que cette dichotomie entre un secteur public et un secteur privé est la caractéristique d'un système et non celle d'une démocratie : comment penser que d'un côté nous pourrions avoir des politiques publiques orientant le pays dans une direction et de l'autre un secteur privé a politique faisant n'importe quoi ?
            Les bonnes alternatives privées sont surtout bonnes à illustrer les pages en papier glacées du Conseil régional ou général , pour verre à moitié plein montrer que tout va bien dans la bonne direction.
            L'alternative est une alternative à un système non démocratique plaçant le secteur privé et l'économie en principe unique de construction de la société ; pour que local et global se conjuguent il faut une société politique.

          • ....Le "local" présente cet intérêt d'être un échelon où cette démocratie participative peut réellement s'exprimer et que les problématiques locales croisent et recroisent les problématiques globales .
            D'autre part SI le local n'est pas spécialisé ( tout industriel ,tout touristique, tout urbain....) la réflexion locale est transversale et à ce titre fait intervenir tous les acteurs de tous les secteurs d'activité ; on a là un anti système .
            Dans ce cadre là , d'une démocratie écologique , le local est la dimension clé et les propositions de monnaies locales + coop+ revenu individuel ont leurs chances d'être entendues, autrement qu'en démonstratif ou faire valoir .

          • Je ne peux que constater le peu d'audience des idées que je défends même si on entend de plus en plus parler du revenu garanti et des monnaies locales. C'est un fait. Il est certain que les idéologies ont beau ne pas être la cause dernière, il faut en passer par l'idéologie pour faire quoi que ce soit, en général effectivement sélectionnées après-coup mais pour l'instant on est encore dans les vieilleries et les rêves de retour en arrière.

            Je ne comprends pas bien en quoi le fait que je déduise la nécessité de coopératives municipales ferait qu'il faudrait que je m'en occupe moi-même (un peu comme si on avait demandé cela à Gorz). Encore, ce serait un projet national mais je ne peux bien sûr être partout et si je devais me lancer dans une aventure qui me semble au-delà de mes forces faiblissantes, ce serait évidemment là où j'habite. Ce sont aux gens de prendre eux-mêmes leurs affaires en main. Pas besoin de déverser des seaux d'eau froide quand un projet ne tient pas la route, porté justement par une personnalité au lieu d'un groupe municipal. Ceci dit, il y a plusieurs projets de coopérative municipales vaguement en cours dont un nouveau projet sur Montreuil quoique, comme presque toujours, sous une forme un peu différente de celle que je préconise.

            Il n'est pas bon de faire état de ses doutes, il est prouvé qu'on fait plus confiance à ceux dont les convictions sont les plus assurées et il n'est pas permis de désespérer Billancourt. Il faut toujours porter haut le drapeau et emmener les troupes en chantant vers la victoire avec des discours enflammés. Ce que je dis n'a aucun intérêt d'annoncer plutôt des défaites mais je reste persuadé qu'il faut y être forcé pour se lancer dans de telles révolutions locales en mobilisant assez de monde autour de nous.

          • "Je ne comprends pas bien en quoi le fait que je déduise la nécessité de coopératives municipales ferait qu'il faudrait que je m'en occupe moi-même...Ce sont aux gens de prendre eux-mêmes leurs affaires en main. Pas besoin de déverser des seaux d'eau froide quand un projet ne tient pas la route, porté justement par une personnalité au lieu d'un groupe municipal"
            Ce serait à vous d'initier le projet parce que vous êtes sans doute le seul à vraiment comprendre ce projet et sa nécessité dans son ensemble et qu'une fois qu'un projet est lancé de travers pour une petite différence qui fait toute la différence c'est cuit. La méthode serait en effet de tenter de trouver un groupe municipal prêt à se lancer et d'initier le projet avec eux d'une façon qu'ils puissent rapidement se passer de vous en évitant les erreurs initiales. Si ça fonctionne, cette expérience pourrait servir de base de duplication. Si un jour vous vous décidez à faire ça et que ça fonctionne de façon assez satisfaisante, alors je ferais comme je fais pour la Maison des sources, je ferais mon possible pour dupliquer l'expérience. Mais d'ici là, c'est certain que je ne bougerais plus le petit doigt pour y contribuer parce que je suis à peu près certain que je dénaturerais votre projet et que le risque de le faire capoter est trop grand.

    • Hem, un petit tour pour voir ce que sont devenues les initiatives éco-villages des années 1990-2000 ne remplit pas d'optimisme. Une analyse des causes des échecs par Jean La Houle. On peut facilement faire un parallèle avec la disparition des communautés post-68. La mise en place et la conduite de collectifs n'est pas une affaire d'amateurs (on ne combine pas les libertés aussi facilement). Ces exemples me confortent dans l'idée de préconiser une organisation sociocratique dès le départ. Il y a peut-être d'autres outils, mais celui-là, c'est du 4x4 très robuste et facile à utiliser.

  1. "Agit dans ton lieu comme si tu étais en connexion avec le monde"
    Léonard Glissant
    L'un n'existe pas sans l'autre et l'Autre trouve le sens de sa majuscule dans la re-connaissance de l'Un des origines. Le ventre de la mère prend aujourd'hui une dimension planétaire. C'est de fonction maternelle protectrice dont le monde a besoin. Un réveil de la conscience humanitaire et non économique. C'est l'excès de la raison jusqu'à la folie financière qui pousse l'humanité vers la falaise, ce sera je l'espère une vague émotionnelle déraisonnable qui pourra l'accueillir.

  2. Sur plan national, il y aurait aussi quelques modifications à faire vers plus de démocratie en en finançant directement les candidats et non les partis à travers des modalités à organiser.

    Le rôle des organisations partisanes serait celui d’avancer et défendre des idées que les élus pourront appuyer ou rejeter en "leur âme et conscience" libérés des ukases partisans.

    • Je crois malgré tout qu'on a besoin de partis, notamment un parti alternatif basé sur la relocalisation, bien que les partis aient plein de défauts. Le fiasco des Verts m'avait fait penser qu'il fallait séparer le parti d'élus (ou candidats) du mouvement qui devait en garder le contrôle. C'est de toutes façons le bordel mais on ne peut sans doute pas s'en passer. L'avantage d'un tel parti alternatif, c'est qu'il devrait être fédéral et basé lui-même sur le local.

        • "Les partis et groupements politiques concourent à l'expression du suffrage. Ils se forment et exercent leur activité librement. Ils doivent respecter les principes de la souveraineté nationale et de la démocratie. "(article 4)
          "La souveraineté nationale appartient au peuple qui l'exerce par ses représentants et par la voie du référendum.
          Aucune section du peuple ni aucun individu ne peut s'en attribuer l'exercice."(article 3)

          C'est bien ce que prévoit la constitution de 58: les partis (qui sont "des sections du peuples" ne font que concourir à l'expression du suffrage mais ne peuvent s'attribuer la souveraineté qui doit rester populaire et fonctionner sur deux volets : représentation ET voie du référendum .
          Dans nos régimes d'alternance bi parti sans volet permanant de réflexion -référendum , permettant au peuple d'exercer leur citoyenneté autrement qu'en choisissant des dirigeants ,il y a confiscation permanente du pouvoir(chacun son tour ) par une oligarchie : les maires , conseillers régionaux et généraux, députés , président cc de communes forent une caste ,toujours les mêmes pendant des années.
          Le problème n'est pas les partis mais l'organisation de la démocratie.

          • Il y a certes des problèmes d'organisation de la démocratie (cumul) mais je ne minimise pas les problèmes des partis qui sont les véritables responsables de l'oligarchie de l'élite des élus. La "loi d'airain de l'oligarchie" a été formulée d'abord pour les partis. Les partis sont malgré tout nécessaires mais il faut connaître leurs tares pour essayer de les éviter. Si on pouvait s'en passer, ce serait mieux mais il ne le semble pas. Au niveau local, leur rôle paraît moins important mais ils représentent des réseaux opposés (souvent clientélistes).

          • Déjà si les votes à l'AN étaient à bulletin secret plutôt qu'à main levée, comme c'est la plupart du temps le cas, ça minimiserait le poids des partis lors des décisions et de leurs intimidations sous-jacentes.

          • Aucune solution technique ou réglementaire ne remplacera l'implication des citoyens en tant que citoyens. Les représentants et les partis ont pris la place qu'on a bien voulu leur donner ; l'ennuyeux c'est que les effets du relâchement citoyen et leur éloignement de la chose publique crée une situation de fait faisant un verrou pratique et culturel très puissant ; à partir de là si on ne va pas au cœur du problème , toutes les mesures ou règles sont pansement sur jambe de bois.
            Cet état de fait tient au paradigme même de la société qui est basé sur l'enrichissement et la compétitivité ; quelle citoyenneté possible avec des buts pareils ?
            Par contre si on se pose les problèmes en terme de territoires à vivre et aménager , là on peut discuter .

          • "Aucune solution technique ou réglementaire ne remplacera l'implication des citoyens en tant que citoyens."

            Comme vous y allez... Jetant par dessus bord l'importance des règles constituées et toute la sociologie qui en découle.

            Il n'est pas anodin que les députés votent à main levée dans une forme de panopticon de transparence. Der Teufel steckt im Detail. Leider wie immer, je rajouterais...

          • Je ne jette rien ; les règles sont essentielles mais elles ne s'auto suffisent pas.
            Chouard pense qu'une bonne constitution est un préalable à une bonne démocratie ; il a raison mais le préalable du préalable reste le peuple , le contexte et les gens comme ils sont ; s'ils préfèrent aller à la pêche ou faire du busines ......

  3. Au niveau local j'ai deux requêtes au TA contre la région et le syndicat mixte qui refuse d'appliquer la loi concernant les merveilleux outils de démocratie participative que sont les Conseils Locaux de Développement ; ils sont réglementairement ouverts à tous les habitants d'un territoire donné et ont des moyens d'animation et des locaux payés par la région ; ils ont pour missions obligatoires de faire réfléchir les populations locales sur les politiques d'aménagement et développement du territoire menées par les élus locaux et la région ; ils doivent formuler obligatoirement un avis écrit sur ces politiques. Ils sont dans le cadre de ces missions ,indépendants.
    Les élus locaux et régionaux sous l'impulsion d'un député PS cumulard , pour ne pas le citer :Olivier Dussopt , ont réduit cet outil à un organisme confidentiel de sachant , un faire valoir à leur service , un rajout qui ne sert à rien. J'ai été exclu et vu l'encombrement des tribunaux administratifs, pour un sacré moment ; l'administration ne répond même pas au tribunal.. L'abus de pouvoir est manifeste ; mais tous les élus droite et gauche confondu se serrent les coudes : si par malheur cet olibrius de Di Girolamo convainquait les gens de se pointer dans les cc de communes donner leur avis !

    Comment dans ce contexte oligarchique , avec en plus des populations branchées uniquement sur la sphère privées (travail , loisir associations etc ) , culturellement incapables de réunions de réflexion collective , des élus les encourageants dans ce sens , des militants uniquement intéressés par les manifs en contre pouvoir et autres désobéissance civile , comment ça peut fonctionner ? On sait qui ramasse les marrons du feu .

  4. ...Tout ça pour dire que les plus merveilleuses idées du monde ne peuvent germer que dans un contexte favorable ; et que sauf à se contenter d'exemples isolés qui ont pu sur la base d'un contexte local particulier se développer ( je pense à Marinaleda) ; il faut travailler le contexte ; je ne vois pas d'autres outils plus adaptés à cela que la démocratie participative ( dans un cadre public réglementé comme on a su réglementer le droit de vote ,il faut savoir réglementer le droit d'exercice de la citoyenneté )

  5. Bonjour,

    Dans un autre texte, vous proposez d’assumer, positivement, la dualisation sociale ; c’est sans doute la seule voie qui reste plausible, en effet. Ce schéma me semble toutefois présenter deux écueils majeurs, le premier serait que les coopératives communales soit prises en main par les actuelles cliques municipales, certes des groupes libertaires dénonceront la mascarade, mais disposant déjà de tous les moyens , les réseaux clientélistes locaux se recomposeront sous la forme d’un simulacre d’économie solidaire, de type « atelier municipal » - pour se fidéliser un esclave , il suffit de donner lui en donner un - et de recomposer ainsi le principe hiérarchique . De fait, Attali démarre les grandes manœuvres de l’économie positive (1) ; comme vous le dites, nous sommes pluriels il faut compter avec l’autre et pas contre lui, n’empêche que si tout ce beau monde s’était bougé il y a quarante ans …
    L’autre écueil, serait, comme constaté partout (URSS,révolutions de couleurs) la montée en puissance des réseaux économiques déviants et de leur forme particulière de clientélisme.
    Croyez-vous que double phénomène, si dénoncé assez tôt, puisse provoquer une recomposition sociale centrale. En effet, les nomenklaturas locales comme les réseaux déviants déstabiliseront les classes moyennes, les politiques locaux les pressureront fiscalement afin de disposer de fonds pour monter des partenariats publics privés locaux avec les antennes de transnationales fournisseuses d’emplois, tandis que les nouvelles mafias s’efforceront d’accaparer leurs positions. Dans ce sens, croyez-vous possible de générer des dispositifs à la fois protecteurs et émancipateurs pour tous, à partir des alliances locales entre les classes moyennes et les « classes désoccupées » ? L’une comme l’autre peuvent-elles prendre conscience d’être jouées par une lutte de place hypocrite?

    1) http://www.lh-forum.com/ ; mon expérience de terrain dans le domaine des « nouvelles coopératives » et de « l’économie sociale » en Belgique , depuis les années 80, me font penser que le papier attrape-mouche va fonctionner à merveille, et que nous sommes partis vers une vague d’entrepreneurs sociaux, dont le principal effet sera d’éponger le surplus d’économistes et d’universitaires chômeurs, en leur permettant de regagner un statut, au travers une opération d’enfermement des plus exclus dans un rôle de subalternes.

    • Vos craintes sont justifiées et je ne vends pas de rêves, je pense au contraire qu'il faut être conscient de tous ces problèmes qui n'enlèvent rien à la nécessité d'une relocalisation, du travail autonome et de l'assistance mutuelle. Je n'ai jamais caché la difficulté. et ne suis pas adepte de la pensée positive même si je crois bien que le résultat devrait être désirable voire pouvoir faire rêver certains mais il ne faut pas trop se monter la tête. On reste dans l'ordre de la nécessité même à renforcer notre autonomie. Mon point de vue est non pas qu'on irait à l'idéal mais qu'on ne change que sous la pression de l'urgence ou quand on passe les bornes. Je donne ce qui me semblent les dispositifs adéquats mais qui ne sont que des dispositifs dont il faut se saisir quand le besoin s'en fait sentir et non pas plaquer sur un réalité. Leur caractère municipal me semble pouvoir dépasser les limitations de l'économie sociale mais bien sûr tout dépend de la municipalité. D'une certaine façon je ne compte que sur le nombre et un certain darwinisme pour sélectionner les meilleurs fonctionnements, les moins instrumentalisés et les plus générateurs d'externalités positives, car ce sont des dispositifs supposés productifs (mais rien à voir avec une réindustrialisation).

      La dualisation assumée, d'abord dans Pour une société duale, fait partie intégrante de l'article "Plaidoyer pour l'altermonde" dont celui-ci n'est que la réécriture de l'introduction pour EcoRev' (le reste du texte commence avec "Ne pas compter sur une révolution mondiale").

  6. Je reviens sur cette notion de « local » et relocalisation.
    Il y a aussi une diversité des « local » qui ne sont pas les mêmes et sur lesquels le principe de relocalisation se trouve lui aussi être très différent. En effet la délocalisation est passée par là .
    Cette recherche de relocalisation s’appuie sur le constat d’une délocalisation ; c’est bien cela le réel économique, social et écologique : l’exploitation des ressources s’est concentré, massifié, se spécialise, se produit et se distribue sur des périmètres mondialisés.
    Cette logique purement économique soutenue par la technique modifie en profondeur le paysage sociétal. Pourquoi produire ici ce qu’on trouve moins cher ailleurs ? D’autant qu’on parvient maintenant à dire qu’empiler massivement des denrées venant de loin est plus écologique que livrer 3 carottes à proximité, l’énergie dépensée par carotte étant favorable au grands voyages ! (on oublie bien sûr que l’on compare un système déjà organisé avec un système de proximité qui se cherche et en est au stade 0 de ce qu’il pourrait produire et distribuer, pour peu qu’au local de vraies politiques de relocalisation se mettent en place)
    Il y a donc rupture avec un milieu de vie local où l’activité humaine s’adaptait aux ressources locales qu’elle valorisait dans leur diversité : on faisait au maximum avec ce qu’on avait sur place : c’est ce qui créait des diversités et un ancrage local .Sur ma ferme là où nous sommes deux et gaspillons une infinité de ressources ils vivaient 15 ou 20 et ne laissaient rien derrière eux. Aujourd’hui avec ce qu’on a gagné en science et technique, il y aurait un sacré champs d’exploration à vivre au local.
    Le fait de spécialiser et de produire en masse n’a plus besoin de diversité ni de travail autonome mais de salariés qui sont peu à peu remplacé par des machines.
    Le travail n’a plus qu’un sens de production et vente. Les territoires non plus le sens d’un milieu à vivre et à travailler. L’écologie est un vague concept de protection de « l’environnement ».
    Qu’y a-t-il donc à relocaliser au cœur d’une banlieue industrielle sans industrie et avec des zones de non droit laissées aux dealers ? Un bon coup de bull, peinture , deux trois éducateurs , quelques « réussites exemplaires » ,le RSA , des jardins partagés……
    Le paysan ou le pêcheur marocain qui subissent indirectement les effets de la délocalisation productrice de CO2 parce que plus assez de poissons et profonds déséquilibres climatiques, n’ont plus d’avenir ; pour eux les bidonvilles – relocalisation peu enviable ; et pour leurs enfants…..
    Dire que face à cela, en terme stratégique que
    « Pour qu'elles deviennent la base d'un altermonde, d'une économie alternative au capitalisme globalisé, il est essentiel de faire partie d'un mouvement général, de s'inscrire dans un projet global et des réseaux altermondialistes. En tant que projet politique, on peut dire que "l'écologie c'est la relocalisation plus les réseaux alternatifs" mais cette autre globalisation ne peut s'ancrer que dans le local. »
    Me laisse dubitatif. Faire feu de tous bois, c’est effectivement compter sur le fil de l’eau humain qui ne peut renoncer à son humanité et de ce fait au local cherche ici et là -multiples initiatives- à se retrouver, c’est aussi compter sur le phénomène du réseau ;
    mais j’ai du mal à croire que ce deuxième monde puisse se constituer significativement sans l’accord et le soutien du premier.
    Pour rester réaliste et partir du principe que c’est la nécessité qui fait loi, la stratégie serait : par l’information, le débat, et le constat évident que plus rien ne va, faire prendre conscience que le premier monde nous mène tous à notre perte .Que ses logiques sont absurdes et mortifères ; et que l’issue consiste non en une rupture radicale et rapide qui serait fatale et dont nous sommes bien incapable, mais en un soutien actif de relocalisations.
    De même que certains ont constitué des bunkers –réserves des semences de l’humanité en cas de catastrophe planétaire, il faudrait politiquement construire un deuxième monde. Non spécialisé, et par conséquent écologique et démocratique.
    C’est la conscience claire du désastre et du sans issue qui peut seule mettre en mouvement ce changement ; il reste important de le préciser et conceptualiser ; il s’agirait de mettre en œuvre des moyens humains, scientifiques, techniques , des moyens financiers et législatifs pour soutenir la mise en œuvres de processus de relocalisation s. Ce n’est pas pour les populations un simple retour à la terre mais la construction d’autre chose, par nécessité et décidée par tous dans le cadre d’une politique nationale,si on a que ça ,européenne si d’autres nations suivent .
    C’est vraiment la prise de conscience de l’échec du premier monde qui peut faire émerger un projet politique porté par les volontaires du second , mais soutenus dans leurs mises en œuvres. On peut penser que ces volontaires s’ils sont soutenus , formés , les aides sociales réaménagées vers un revenu individuel de soutien à la relocalisation , si l’accès à certaines ressources locales leur est rendu possible , seraient de plus en plus nombreux .
    Il s’agirait de retrouver une exploitation écologique du monde, c'est-à-dire non spécialisée, cherchant à mettre en valeur et en synergie des ressources locales. La recherche scientifique et technique se posant une question alternative consistant à répondre à : comment tirer partie au mieux de ressources locales diversifiées en y intégrant la ressource humaine non seulement comme outil mais finalité ? Comment cultiver sans engrais etc
    On a déjà tous les ingrédients sous la main : des initiatives existantes, des laissés pour compte de plus en plus nombreux, des dirigeants qui à force de recevoir des coups des échecs qui vont devenir récurrents de leurs « politiques » , seront peut être à même pour quelques uns d’entre eux de réfléchir un peu. Est-ce que les derniers à se motiver seront les militants, tout occupé à des luttes radicales qui les enferment dans un contre monde illusoire ?

  7. Le saut qualitatif de la desobeissance civile soigneusement caché, en Grece : prés de 50% des echanges locaux de biens de necessité sont sous forme de trocs et de monnaie locale, d’ou sortie effective de l’euro en partie, par la base.

    II.II. Le développement du troc et des systèmes de paiement alternatifs

    En fait, et de nombreuses sources en témoignent, on est en présence d’un retour à l’économie de troc en Grèce[16]. Ce mouvement peut être considéré comme faisant partie des stratégies de survie de la population en face de l’austérité sauvage qui lui est imposée. Mais, le développement de systèmes de paiement alternatifs (TEM en grec) indique que ces stratégies sont en train de se consolider. La ville de Volos (qui est la 5ème de Grèce) sert de laboratoire pour ce développement et l’on a pu constater dès ce printemps que de nombreux commerçants, voire des petits industriels, acceptaient ce système[17].

    Bien entendu, ces systèmes ne peuvent se substituer entièrement à l’espace monétaire encore dominé par l’Euro. Mais leur rapide développement pourrait expliquer des formes de résilience de la part des petites industries et du petit commerce[18]. Le point négatif est que la base fiscale va alors disparaître pour l’État, à moins que ce dernier n’accepte de reconnaître les TEM. Mais, dans ce cas, cela signifierait qu’il reconnaisse qu’une partie de l’économie grecque est déjà sortie de la zone Euro.

    Plus profondément, ces systèmes, tout en assurant la résilience d’une économie locale sont incapables d’assurer le financement des activités exportatrices dont la Grèce a désespérément besoin. En fait, le développement du troc et des TEM confronte les entreprises restées dans l’économie « en Euro » à des non-paiements de plus en plus fréquents et répétés qui non seulement fragilisent leurs positions, mais découragent les banques de leur accorder des prêts. Ce système de survie est incapable d’engendrer une dynamique positive pour l’économie grecque. Au début du mois d’octobre 2012, un survey réalisé par des économistes de la Banque Centrale de Grèce estimait que le tiers des entreprises (et plus de 50%pour les PME/PMI) avaient recours au troc ou au TEM. La fraction de la population qui avait recours au troc ou au TEM s’élevait à 40%, avec des différences régionales très importantes[19

    La Grèce au bord du précipice

    Rédigé par Jacques Sapir le Dimanche 16 Juin 2013 à 00:55

    http://www.marianne.net/russe-europe/La-Grece-au-bord-du-precipice_a182.html

    • C'est intéressant ce développement des monnaies locales mais pas assez assumé alors que ces monnaies sont très appropriées à un pays touristique comme la Grèce qui peut trouver ses devises avec les touristes et bénéficier de tarifs préférentiels dans leurs échanges locaux. Les impôts qu'il faudrait augmenter, c'est sur les touristes.

  8. Bonsoir Jean,

    Suis un fidèle lecteur de tes billets depuis plusieurs années et je te suggère d'aller voir cette courte conférence de Michel Bauwens :
    http://www.youtube.com/watch?v=KMV4cqRgV6Q&list=PL8Bt3EbdmpKN-F_FYjBEOehCqxeGulIPE

    Conférence récente produite à Paris lors du 1er Festival Européen de l'économie collaborative : le OuiShare Fest.

    Il propose une analyse critique très intéressante de l'économie collaborative et des différents schémas dans lesquels ils s'inscrivent.
    Enfin, et c 'est surtout ce sur quoi j'aimerais avoir ta réflexion, c'est qu'il suggère de capter un revenu sur des créations de valeurs P2P en faisant payer les entreprises "non-éthiques" pour permettre de redistribuer cet argent aux "bénévoles" du P2P.

    Le revenu garanti + monnaie locale apporterait autre chose de plus abouti à son problème, non ? En libérant la travailleur-bénévole de la nécessité du revenu de base !

    L'idée (ce que j' ai compris ds son raisonnement) aussi est de se passer de l'Etat pour pouvoir gérer l'économie collaborative et in fine toute l'économie. Et là, la question de la création du revenu garanti sans l'Etat est toute autre. (même si en l'occurrence l'Etat pourrait pour commencer être la commune-collectivité-locale-à-la-française).

    Qu'en penses-tu ?

    Merci !

    • Je pense qu'il ne faut pas avoir une vision trop unilatérale. La proposition de licence P2P de Michel Bauwens me semble avoir sa pertinence et un domaine d'application mais cela n'empêche pas d'autres sortes de biens communs libres comme l'air, ouverts même au monde marchand alors que d'autres biens communs doivent s'en protéger ou y puiser les ressources nécessaire pour les entretenir.

      La différence de mes propositions avec celles de Michel Bauwens, c'est que je ne reste pas dans le cadre P2P mais intègre le particulier à une coopérative et une gestion communale avec notamment des monnaies municipales qui font que le particulier consommateur n'est pas non plus isolé mais est intégré à sa commune. Cela n'exclut en rien le véritable P2P dans d'autres domaines (pas d'exclusivité), mais ce type d'organisation n'apparaît pas dans son schéma (normal puisqu'il n'existe pas encore). A trop s'étendre un concept perd de sa pertinence, il faut s'en tenir à son domaine propre. Ainsi, je ne crois pas qu'une monnaie comme bitcoin qui ne soit pas adossé à un Etat soit viable ni même utile (mais ça existe). Au niveau global, il n'y a pas encore d'Etat universel bien qu'il soit en formation, donc il est utile de pouvoir se passer d'Etat à ce niveau pour l'instant mais je ne crois pas que Michel Bauwens soit libertarien. Il faut se méfier de l'Etat mais on en a besoin au milieu d'autres niveaux d'organisation. L'économie est plurielle, les structures sont plurielles.

    • Cela fait trop longtemps que je suis dans les débats sur le revenu d'existence et ne supporte plus leur connerie répétitive. En particulier le même argument qui était avancé contre le RMI d'encourager la précarité et de faire une société duale (où ils vivent ?) sans compter de vouloir faire dépendre les droits du travail. Rien de nouveau, que du vieux (Castel, Friot), mais ces gars sont complètement tarés de sacrifier des gens au nom de leur idéal en carton pâte, sans parler de se croire encore au 19ème siècle en ignorant la révolution numérique. Des dinosaures qui nous font mal en croyant comme toujours agir pour le bien suprême !

      Ceci dit, je suis partisan depuis le début de parler plutôt d'un projet global, celui de l'accès au travail autonome en particulier, plutôt que de me référer à un revenu d'existence trop insuffisant et susceptible de toutes les interprétations (j'ai toujours parlé de revenu garanti plutôt que revenu d'existence ne se préoccupant pas de la production et qui mérite certes toutes ces critiques - je trouve inacceptables la plupart des propositions actuelles - mais pas au nom du rêve du retour au plein emploi industriel!).

  9. En ce qui concerne le global, toutes ces affaires de renseignement traitées par des bisounours de la révolution à venir devraient lire l'état des lieux suivant :

    Ainsi, nos sociétés, avides de sécurité maximale, promptes à jeter des stocks de nourriture au moindre doute, incapables d'admettre que le risque et l'aléatoire existent, sont toujours plus exigeantes à l'égard de l'Etat et des services, contraints d'être techniquement imparables et politiquement irréprochables. Vous voulez la sécurité mais vous n'êtes pas prêts à en payer le prix, et, plus grave, you can't handle the truth de votre confort. Cette incohérence relève presque de la confusion mentale, alors que l'imposture et l'inconséquence de Julian Assange sont devenus les critères moraux d'une poignée de révolutionnaires à la réjouissante ignorance et à la délicieuse naïveté.

    http://aboudjaffar.blog.lemonde.fr/2013/06/25/and-im-telling-it-to-you-straightso-you-dont-have-to-hear-it-in-another-way-annie-im-not-your-daddy-kid-creole-the-coconuts/#xtor=RSS-32280322

  10. Le Mercredi 26 juin 2013 à 11:08,
    tu as écrit

    " ..... Rien de nouveau, que du vieux (Castel, Friot), .... , sans parler de se croire encore au 19ème siècle en ignorant la révolution numérique. Des dinosaures qui nous font mal en croyant comme toujours agir pour le bien suprême !
    Ceci dit, je suis partisan depuis le début de parler plutôt d'un projet global, celui de l'accès au travail autonome en particulier, plutôt que de me référer à un revenu d'existence trop insuffisant et susceptible de toutes les interprétations (j'ai toujours parlé de revenu garanti plutôt que revenu d'existence ne se préoccupant pas de la production et qui mérite certes toutes ces critiques - je trouve inacceptables la plupart des propositions actuelles - mais pas au nom du rêve du retour au plein emploi industriel!). "

    Cette idée qu' un (....peu importe le mot .) monétarisé puisse être attribué à un jeune de 18 ans à la fin de ses jours n'intéresse. On peut convenir que tout jeune à 18 ans puisse avoir une qualification ( il est en stage, il exerce un métier, il s'investit dans une activité associative, il étudie ...... etc ...). Il reçoit ce montant pour sa qualification. Pas pour le poste qu'il occupe.
    Pourquoi pas ?
    Je reviens donc sur les propositions de Friot que j'avoue ne pas connaître suffisamment. Mais J'ai été étonnée de lire un édito de Marie-Louise Duboin dans lequel elle écrit " .... On découvre ainsi, peu à peu, que ce que propose Bernard Friot sous le terme, à l’abord déroutant, de salaire continué, est profondément en accord avec nos propres propositions. Nous sommes en plein accord sur l’essentiel : le rejet de la propriété lucrative pour ne considérer que la propriété d’usage, la négation d’avoir besoin de la création monétaire par les banques pour investir, l’affirmation que l’économie peut fonctionner sans aucune logique de prêts à intérêt et d’épargne. ".

    Edito de juillet 2010 (à rechercher sur cet URL
    http://economiedistributive.free.fr/spip.php?rubrique432

    Je voulais aussi partager ce document que je viens de découvrir et dont je donne l'URL pour ceux qui seraient intéressés. Des pistes, je crois qui croisent les vôtres .....
    http://www.tri-articulation.info/download/00-121231-tri-articulation-info.pdf

    • Tous ces gens sont bien gentils qui découvrent la vie et voudraient s'en faire les géomètres. Il faut certainement en passer par là mais ça a fini par me passer car cela ne sert à rien, on ne peut refaire le monde mais seulement s'appuyer sur les dynamiques de notre moment historique.

      Chacun a son rôle, il est intéressant de passer par l'économie distributive pour comprendre d'autres façons de défendre un revenu d'existence à une époque semblable à la nôtre de la grande crise de 1929. Friot fait le joint entre la sécurité sociale et le revenu garanti qu'il appelle salaire mais il ne voit pas que les forces productives ont changé depuis l'admirable utopie des conventions collectives qui avaient l'ambition d'abolir le marché du travail.

      Sur certains côtés je suis d'ailleurs plus proche de Bernard Friot que de ceux qui défendent un revenu d'existence. Ce sont des gens qui vont dans la même direction sans aucun doute, sauf qu'ils n'aident pas à ce que ça avance et plutôt malgré eux bien qu'avec d'autres sortes d'utopies monétaires ou autres, il y a de l'imagination pour produire des théories. Je prétends plutôt que cela ne dépend pas de nos préférences mais que le revenu garanti s'impose à l'ère du numérique, de l'écologie et du développement humain à cause de raisons "matérielles" comme un travail devenu discontinu et la mobilisation de l'autonomie ou des compétences des travailleurs (ou le temps de formation et d'information). Sans cela on produit de la précarité qui détruit des compétences et on encourage la servitude en même temps que le productivisme mais le revenu garanti ne se généralisera (comme le fordisme) que s'il se révèle productif, ce qu'il faut prendre en compte (et à quoi servent les coopératives municipales).

      Je suis cependant d'accord avec Brunet (plus bas) qu'il y a pas mal de chance que le revenu garanti se fasse en douce dans sa version la plus libérale pour réduire le coût du travail (il n'y a pas d'autre méthode viable dans la concurrence avec les pays les plus peuplés), mais l'hypothèse révolutionnaire n'est pas à exclure dans l'ambiance actuelle.

      (je n'ai toujours pas tellement de temps pour répondre)

  11. et je n'ai aucun doute que le revenu garanti on le fera pour de mauvaises raisons : et que ça passe peut être inaperçu comme un point de détail dans une réforme pour le pouvoir d'achat , alors que c'est un revenu pour travailler ( et choisir son travail ): une révolution libérale , amis dans le bon sens du terme ( les professions libérales à terme pour tous ) : rien à voir bien entendu avec friot qui semble parler de l'économie urbaine et administrée , même si dans son esprit le revenu d'existence est un revenu pour devenir propriétaire de ses moyens de production et qu'il parle ici de coopératives ...

  12. La division du travail poussé à l'extrême -et donc le salariat -fait qu'on n'est plus maître en amont des ressources et en aval de ce que l'on produit .
    Les coopératives redonnent plus de sens au travail mais sont dépendantes du contexte général de spécialisation et compétitivité .

    Maîtriser à la fois les ressources amont et le sens de la production oblige à une démarche politique et territoriale.
    En ce sens la meilleure voie semble être la Société Coopérative d'Intérêt Collectif (SCIC) impliquant tous les acteurs -y compris les collectivités publiques- autour d'un projet d'aménagement et développement du territoire.
    Le choix est bien entre une société organisée pour exploiter le monde , spécialisation ,salariat ,urbanisation ...et une société organisée pour aménager et développer un milieu de vie - société "rurale" à inventer.

    • @DiGirolamo,
      Je ne crois pas que l'angle de la spécialisation soit vraiment pertinent. La division du travail ne veut pas nécessairement dire la division des choix. La société moderne se différencie de la société traditionnelle par la possibilité qu'elle offre de se spécialiser, ce qui n'a pas que des inconvénients, ni pour soi ni pour la société. Dans une société traditionnelle, tous les membres, à part quelques "sorciers", font la même chose. La spécialisation, si elle n'est pas polarisée si fortement par le profit, offre la possibilité de développer ses talents/désirs, à condition que l'entreprise ne soit pas, comme aujourd'hui, si oppressive en son sein, vis à vis des libertés individuelles.

  13. @Michel Martin

    J'ai écrit : "La division du travail poussée à l'extrême" , bien conscient aussi de l'intérêt de la spécialisation .
    C'est donc exact de penser que le mal ne vient pas de la spécialisation en elle même. On vérifie là que ce n'est pas une chose ou l'autre en tant que grille d'interprétation et/ou changement qui peut servir de seule clé ou solution pertinente.
    Il n'empêche que la spécialisation inscrite dans la logique de l'exploitation du monde devient spécialisation abusive qui produit de la déshumanisation et dénaturation ;
    Le fruit de cette spécialisation est la captation des ressources, de leur transformation et distribution par des multinationales. Les populations se trouvent ainsi dessaisies de la relation directe avec la terre, dessaisies du travail autonome, l’homme étant réduit à un simple élément économique ; le monde devient soit objet de production et commerce , soit objet de loisir ou étude; il n’est plus milieu et source de vie ; l’homme n’habite plus cette terre , il n’est que le savant , ou le touriste ou le producteur. Les loisirs et la culture permettent de redonner sens à la vie, mais un sens déconnecté de la vie réelle, une culture qui n’est plus issue d’une relation vivante et laborieuse avec son milieu ;
    L’effet induit du salariat généralisé et de la spécialisation qui le fonde est la dépolitisation généralisée ; le salarié n’ayant plus voie au chapitre des choix de production ; de même qu’on a remplacée la culture vivante qui se tisse dans une relation directe avec la terre par le travail par une culture artificielle, on a remplacé la politique par le vote pour des chefs et une représentation à qui on demande de gérer le salariat généralisé.
    Non seulement la spécialisation divise le travail mais elle divise la société qui n’a plus rien à voir avec un collectif. Elle est destructrice de sens.
    Bien sûr tout cela mérite d’être nuancé par des contre exemples, mais cette logique est massive et structurante.
    Ce poison subtile qui ne fait pas dans la dentelle, a une logique guerrière mortifère qui va détruire nos sociétés et par la déshumanisation et par la dénaturation …Et cerise sur le gâteau, le climat en se déréglant va mettre la panique dans les systèmes de production.
    Tout poisson a son antidote .Mais il nous faut d’abord bien repérer la nature du poison.
    La société primitive n’est pas notre avenir mais notre passé : elle doit donc irriguer la société future. Nous ne pouvons pas et ne devons pas rompre cette relation primitive avec notre univers. Nous devons veiller à ne pas nous croire délivrés de ce que nous sommes : une espèce vivante dans un milieu.
    La généralisation du tourisme est aussi une clé intéressante de compréhension d’une espèce qui « visite » son univers.

  14. Ce n'est pas seulement un problème de "procédures de décisions " : renoncer au travail autonome c'est renoncer à une relation au monde "libre" ; non que cette liberté ne soit pas contrainte par "les lois" du monde , mais c'est remplacer ces lois qui nous placent en situation de contrainte à assumer librement par un simple asservissement .Le système se présentant comme "la réalité " , alors que c'est une réalité de maîtres à esclaves.
    Nous ne sommes pas une espèce comme une autre : si les lois de l'univers s'imposent aussi à nous comme aux autres espèces , nous avons cette étrange possibilité de refus et donc d'illusion.
    C'est pourquoi tout processus de décision , fusse t il parfait ne nous protège pas de l'illusion.
    C'est pourquoi Chouard ou tous ceux qui trouvent des solutions , mettent de côté cette réalité humaine double qui construit et détruit sans cesse l'histoire humaine rendant vain les "plus jamais ça".
    C'est pourquoi il faut bien évidemment lutter pour mettre en place des processus de décisions , lutter pour que mis en place ils ne restent pas dans un tiroir , et comme Jean Zin éviter de s'illusionner sur nous mêmes et nous attacher à cette matérialité des choses qui est plus fiable que les paroles. En oubliant pas néanmoins que c'est une matérialité produite et comprise par nous mêmes , illusionnistes illusionnés .

    • moi j'aime bien faire partie de collectifs, ne serait-ce que parce que je suis vite "fatigué d'être moi". L'autonomie d'accord, mais jusqu'où? Par contre je ne me sens pas bien dans les collectifs à forte subordination où les hiérarchies fonctionnelles sont doublées de hiérarchies "animales". Or pour que de tels collectifs se créent, il est indispensable de ne pas être trop amateur pour mettre en place les procédures de décision et le choix des chefs. Malgré cela on ne se retrouve jamais dans des collectifs "purs" exempts de dominations. Mais du moins on peut très largement les minimiser et ne pas sélectionner les pires comme cela se produit ordinairement. Les plus aptes à foutre la trouille aux autres et qui aiment ça finissent par emporter le morceau. Un collectif a besoin de prendre des décisions et de se structurer (hiérarchiser) s'il est un peu gros. On peut s'affilier au cercle des gentils autogestionnaires et se doter de procédures de choix inefficaces avec en prime des dominations déniées. Moi je préfère de très loin la boîte à outils sociocratique d'Endenburg, très facile à mettre en place, à adapter à de nombreux cas de figures et facile à faire fonctionner (pas besoin de master en management), parce qu'elle ne laisse rien dans l'ombre, même pas le capital (contrairement au Lean Management, très participatif mais très copain avec les stock-options, donc au bout de l'entubage en douceur).

  15. ...Hier soir sur la Cinq : "Sale temps pour la planète" ,le Colorado se meurt sous les effets des pratiques humaines et du réchauffement : les acteurs utilisateurs de l'eau : "les fermiers qui survolent leurs immenses parcelles de légumes avec leurs avions , et ne pensent qu'au fric - les promoteurs et utilisateurs de Las Vegas usine à pognon - les indiens à qui on a tout pris depuis longtemps, et qui bien sûr ont un mal d'indien à utiliser l'eau des blancs.....
    Quel est dans ce binz la bonne procédure de décision ? On ne peut ici que compter sur le principe de réalité qui va avec le temps balayer tout ça .
    Les indiens sont les témoins vivants de ce que nous sommes ; le nous incluant tous ceux qui participent et profitent avec contentement de ce système d'exploitation ...Dans le reportage à part les indiens , pas un mec normal , cultivant une parcelle d'une manière durable.

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