Dans la conjonction des crises actuelles (économique, écologique, géopolitique, anthropologique) aucune des solutions du passé ne peut plus convenir, toutes ayant échoué d'une façon ou d'une autre, leur échec étant à chaque fois un échec de la liberté. La dialectique de l'histoire nous force donc à innover non seulement pour sauvegarder nos libertés menacées mais en conquérir de nouvelles.
Cette nécessité historique nourrit le retour de toutes sortes d'utopies constituant autant d'obstacles aux luttes concrètes et à la construction d'une véritable alternative. Un idéalisme exacerbé s'imagine qu'il suffirait de faire appel à l'amour et la fraternité plutôt qu'à une solidarité construite, comme si on avait tout oublié de la psychologie des foules. Ce supplément d'âme exprime un volontarisme sans contenu ni projet nous éloignant des enjeux matériels en même temps qu'il accentue paradoxalement la dispersion et le repliement sur soi. La résurgence de ces discours émotionnels, et de l'irrationnel qui va avec, rappelle des années sombres et ne présage rien de bon.
Il apparaît clairement qu'une bonne part de ces égarements qu'on croyait dépassés pourrait être imputée à un certain oubli de la psychanalyse, au refoulement de ce qu'elle a rendu manifeste pourtant aux yeux de tous. Après son éclipse de ces dernières années, il semble bien qu'il y aurait urgence désormais à réintroduire les leçons de la psychanalyse dans la politique comme dans la philosophie.
En effet, les discours réactionnaires nous le font savoir avec insistance, venant dorénavant de l'ancienne extrême-gauche (!), le mouvement d'émancipation ne doit pas faire face seulement à l'échec d'un socialisme libérateur aussi bien que du libéralisme de marché, il y a aussi le relatif échec de la libération sexuelle au regard des espoirs qu'elle avait pu susciter. Cette libération sexuelle qui a été au moins la libération de la femme pourtant n'aurait sans doute pas été possible sans la psychanalyse dont les conséquences politiques n'ont pas été bien mesurées et dont on ne pourra se passer pour éviter tout retour en arrière répressif.
Il ne s'agit pas de vouloir convaincre quiconque de ce que la psychanalyse pourrait nous assigner comme un pouvoir désirable, il ne s'agit pas d'un enseignement positif et prescriptif qui serait de l'ordre d'un souhait sans aucune effectivité, mais seulement de ce que la psychanalyse rend impossible, de son enseignement négatif et de sa dénonciation de l'hypnose collective, avec l'indispensable analyse du transfert. J'ai toujours trouvé de peu d'intérêt ce qui s'écrivait sur "psychanalyse et politique", qui était pourtant le nom d'un groupe de féministes dont le rôle a été décisif. J'avais tenté d'aller un peu plus loin avec le concept d'analyse révolutionnaire comme expression du négatif, mais, depuis tout ce temps, j'évitais le plus souvent de mêler des considérations psychanalytiques aux textes politiques s'adressant à tous. C'est sans doute ce qui n'est plus tenable quand il faut réfuter les appels aux bonnes volontés comme aux valeurs traditionnelles et revenir à la politique au lieu de s'égarer dans la morale, la religion ou l'utopie.
Il n'est certes pas facile de revendiquer une psychanalyse qui s'est largement déconsidérée pour de multiples raisons que ce soit par rapport à des pratiques concurrentes (antidépresseurs, neurologie, cognitivisme) ou bien à cause de la pratique des analystes eux-mêmes qui est souvent la meilleure réfutation de leurs prétentions. Il faut dire que son savoir est contradictoire et résiste à la transmission, le psychanalyste incarnant cette résistance même dans la jouissance du transfert et son organisation en réseaux transférentiels. L'inconscient a cette propriété de se refermer, plus lourdement encore, une fois ses manigances dévoilées. Il est certain que la psychanalyse en a rabattu de sa superbe et qu'elle n'est plus (heureusement) aussi dominante qu'elle a pu l'être, faisant l'objet plutôt d'un sourd mépris de nos jours, comme d'un amour déçu. Que ce mépris ne soit pas sans justifications n'empêche pas qu'il a tous les caractères d'un refoulement dès lors qu'il ne peut faire que ce que la psychanalyse a mis au jour ne soit devenu manifeste aux yeux de tous et continue à produire ses effets.
Même si les causes matérielles sont déterminantes, liées au salariat des femmes notamment, il est difficile d'imaginer sans la psychanalyse une libération sexuelle que l'extension du marché ne suffit pas à expliquer. La libération de la femme d'un patriarcat archaïque lui doit beaucoup. Cela n'a pas empêché une vieille méfiance envers une psychanalyse accusée de normalisation, notamment parce que des psychanalystes avaient pris des positions normalisatrices (contre "l'univers contestationnaire" ou l'homosexualité) en s'appuyant sur l'Oedipe, positions reprises par la droite à l'époque (notamment Pompidou). C'est dire que la psychanalyse touche l'ensemble de la société ! En tout cas, dans l'après-Mai68, pas mal de révolutionnaires se sont retrouvés sur le divan pour se guérir de leurs illusions, la psychanalyse exposant effectivement le projet révolutionnaire à sa critique impitoyable...
Il s'agit de revenir à une sorte de freudo-marxisme bien que sous une forme inversée à la version initiale où les deux termes renforçaient le caractère utopique d'une libération du désir de toute contrainte alors que les deux termes devraient plutôt se limiter l'un l'autre dans leurs prétentions pour avoir une chance de se vérifier dans la pratique. Il est sûr que si l'on croit, comme il est raisonnable au premier abord, que tout le malheur vient du fait que la domination de quelques malfaisants nous contraint insupportablement et empêche de s'épanouir nos instincts naturels, les choses sont fort simples : il suffit de se débarrasser des oppresseurs et l'avenir radieux ouvre immédiatement ses portes sur une fin de l'histoire immuable et parfaite. C'est un peu plus compliqué si on doit constater que le pouvoir ne fait que changer de mains et qu'il est relayé par toute une chaîne de micro-pouvoirs assurant le fonctionnement du système, sa productivité et sa reproduction. C'est un peu plus compliqué encore s'il ne s'agit pas d'instinct mais d'un désir de désir bien plus fuyant et d'un surmoi jamais rassasié, si on ne peut plus se fier enfin aux bonnes intentions ni aux déclarations d'amour...
Du point de vue de Wilhelm Reich (ou même de Marcuse) tout était simple, la répression de l'énergie sexuelle étant au principe de l'agressivité et de la guerre comme de l'exploitation et de la production de valeur, on se libérait à la fois du capitalisme et de toute domination en revenant à une sexualité débridée. Cela paraissait assez convaincant à l'époque pour avoir constitué l'arrière-fond idéologique de toute une génération mais l'expérience des communautés est loin d'avoir été concluante sur la durée et si cette vision se réclamait du freudisme, c'était de sa toute première version, vite dépassée par Freud lui-même quand il a dû admettre que le traumatisme était le plus souvent entièrement construit et pur fantasme. Ce qu'il faudra reconnaître ensuite, avec l'Oedipe et la seconde topique, c'est à quel point le désir est exacerbé par l'interdit plus qu'il ne le réprime, et que la sexualité se manifeste essentiellement par ses ratés. On est donc dans une toute autre configuration, très loin du biologisme des instincts sexuels comme de la neurologie, dans ce qui noue le désir à la vérité pour l'être parlant.
Si j'ai parlé d'ennui, voire de morosité, à propos de l'abord "divin" de l'amour, comment méconnaître que ces deux affects se dénoncent - de propos, voire d'actes - chez les jeunes qui se vouent à des rapports sans répression -, le plus fort étant que les analystes dont ainsi ils se motivent leur opposent bouche pincée.
Même si les souvenirs de la répression familiale n'étaient pas vrais, il faudrait les inventer, et on n'y manque pas. Le mythe c'est ça, la tentative de donner forme épique à ce qui s'opère de la structure.
L'impasse sexuelle sécrète les fictions qui rationalisent l'impossible dont elle provient. (Lacan, Télévision, p50-51)
La vérité romanesque s'oppose bien au mensonge romantique mais, contrairement à René Girard, le désir de désir va déjà bien au-delà de la pure jalousie chez Hegel où il est désir de reconnaissance. Chez Lacan la dimension du langage y ajoute un enjeu de vérité incompatible avec tous les moralismes et promesses d'amour impossibles à tenir. Si le désir nait de la demande adressée à l'Autre qui nous rend dépendants de son désir, aucun moyen d'en apaiser l'angoisse ni d'assurer l'harmonie des désirs, même en l'absence de rival, encore moins si le désir se renforce de l'interdit comme de l'impossible, en tant que désir de l'Autre. Bien sûr le tiers est essentiel dans l'Oedipe mais c'est le langage qui lui donne sa dimension propre. Avec Lacan, la psychanalyse quitte le biologisme instinctuel pour analyser l'énonciation elle-même, dans ce qu'elle dit sans le savoir. La sexualité n'y est plus satisfaction biologique mais expérience du ratage et de la jouissance qu'il ne faudrait pas... Plus rien à voir avec le stade génital ni la fusion des corps dans l'absence d'un véritable rapport à l'autre où la maladresse de chacun n'a rapport qu'à son propre fantasme même si cela n'empêche pas d'être attentif à l'autre ni de jouer son rôle à la perfection. C'est la moindre des politesses, mais pour l'authenticité, pas la peine d'en rajouter, la lucidité promise par l'analyse étant plus proche du détachement, ou même de l'état dépressif, que de l'exaltation du moi et de la jouissance enfin trouvée.
Rappeler quelques uns de ses apports les plus incontournables, n'est pas dire qu'on ne puisse reprocher toutes sortes de choses à Lacan, encore plus à ses épigones, en premier lieu de ne pas faire assez de place au corps en croyant comme Dolto que "tout est langage", ce qui est effectivement un acte de foi légèrement exagéré même s'il n'y a pas de doute que tout peut faire sens, un peu comme la sorcellerie interprétant le monde en terme d'intentions plus ou moins mauvaises. Il faut redonner toute leur place aux effets biologiques comme aux causes matérielles, ce qui n'est pas amoindrir les effets purement symboliques ni le poids de la dette ou le désir qui nous ronge. Ce totalitarisme du signifiant n'est pas le seul délire des lacaniens qui n'en ont pas été avares à l'époque du structuralisme triomphant mais tout cela n'enlève rien à la pertinence de l'interprétation du désir à partir du sujet de l'énonciation, de celui qui parle, comme sujet divisé, et du discours où il prend place, ce qui permet de ne pas prendre son contenu manifeste pour argent comptant en interrogeant d'où l'on parle et à qui on s'adresse. On peut en déduire au moins qu'il ne peut y avoir de sujet entièrement réconcilié, ni de transparence à soi car il y a du refoulement, toujours. Le plus embêtant, politiquement, c'est que les revendications légitimes sont contaminées par l'idée d'une béatitude qui nous exile du monde réel à vouloir l'impossible. Or, non seulement il ne peut y avoir d'être parlant sans désir, sinon à se taire peut-être, mais si le manque vient à manquer c'est encore pire ! De quoi changer radicalement nos perspectives par rapport à un humanisme trop naïf au service des besoins. De quoi, pouvoir rendre compte enfin de l'aliénation redoublées d'une autonomie subie.
L'inconscient et la folie sont bien des questions politiques posées à la démocratie dès lors que le citoyen est devenu détenteur de la raison et de la volonté générale. On doit se rendre à l'évidence que non seulement notre rationalité est limitée par notre savoir, notre expérience, notre âge, nos appartenances, nos préjugés, notre dogmatisme mais qu'elle est aussi perturbée par nos désirs, nos fantasmes, nos folies et toutes sortes de symptômes de notre inadéquation à l'universel, comme disait Hegel. Revenir à Hegel et sa dialectique n'aurait bien sûr aucun sens si ce n'était pour le dépasser, notamment grâce à Lacan et Marx, entre autres, pour intégrer les leçons de l'histoire. S'il faut revenir à Hegel, c'est aussi pour retrouver Lacan et toute une dimension de l'existence qu'on voudrait refouler comme la droite a voulu réfuter la sociologie au nom de la supposée liberté de l'individu. C'est un peu plus difficile avec la psychanalyse qui imprègne toute la littérature mais le principal obstacle à une prise en compte effective de la psychanalyse dans la politique est sans doute constitué par les psychanalystes eux-mêmes (ce qu'ils ont prouvé dans leurs récentes offensives politiques tournées vers leurs petits intérêts, tout comme dans leur vie de groupes). On ne pourra plus se passer pourtant de la psychanalyse et de la part d'ombre qu'elle révèle sans retomber dans des utopies délirantes ou des moralismes autoritaires.
Il faut distinguer la prise en compte de la psychanalyse de sa pratique, de même qu'on n'a pas besoin d'être astronome pour tenir compte de la révolution copernicienne. Le témoignage des analysants suffit à nous en dire beaucoup sur l'âme humaine, qui n'est certes pas ce dont on rêverait d'une simplicité des coeurs, la révolution freudienne achevant notre décentrement après Copernic et Darwin, au grand dam de notre narcissisme. On peut dire que la psychanalyse redouble la philosophie à rendre toute sagesse impossible, ce n'est donc pas la fin de la philo-sophie qu'elle prononce mais de la prétention du philosophe à jouer au sage et nous délivrer du désir, limite donnée à la conscience de soi comme à l'autodétermination d'un désir surdéterminé et transgressif.
Il est bien évident pourtant que la division ne se trouve pas entre psychanalystes et non-psychanalystes mais dans la psychanalyse elle-même, où la plupart restent attachés à la guérison, l'accès au "stage génital" et finalement au refoulement de l'inconscient comme fait de structure et de langage, ramené au réalisme du trauma. Chacune des psychothérapies qui s'inventent tour à tour semblent partir d'une mauvaise interprétation de la psychanalyse dont il est si difficile de maintenir le tranchant sans retomber dans la normalisation. La division se retrouve tout autant à l'intérieur de la philosophie bien sûr. Si la philosophie doit désormais tenir compte de la psychanalyse, ce n'est certainement pas dans ses tendance éducatives et normatives mais dans sa portée révolutionnaire et subversive de tous les discours avec leurs bonnes intentions affichées.
Ce sont les faits qui nous y ramènent, leurs ratés. On peut dire que Lacan vient à point nommé pour rendre compte du relatif échec de la libération sexuelle, de ce qu'elle a manifesté des difficultés de désirs désaccordés. Il ne faut pas y voir seulement "l'extension du domaine de la lutte" qu'on pourrait imputer au libéralisme triomphant, la question est plus grave puisqu'elle met en cause la liberté elle-même dans ce qu'elle a de contradictoire et "malaise dans la civilisation", la "pulsion de mort" nous assurant que les choses ne se passeront jamais très bien... Cela commence avec l'association libre qui mène immanquablement au transfert et au fantasme des origines ; ça peut aller jusqu'à la théorie de l'engagement où la liberté est utilisée explicitement pour asservir. Ce sont ces échecs de la liberté, que ce soit avec le marché, les démocraties ou la sexualité, que toutes les utopies veulent ignorer avec leur nostalgie d'un temps idéalisé qui n'a jamais existé. Il faut certes rectifier immédiatement que, pour être bien réel, cet échec n'en reste pas moins très relatif. C'est une limite mise à nos libertés mais pas du tout l'annulation de tous leurs bienfaits, notamment de la libération sexuelle, pas plus que la libération de l'esclavage ne pouvait être remise en cause par le triste sort souvent des esclaves libérés car c'était quand même pire avant. Ce n'est donc pas pour en tirer la conclusion qu'il faudrait réduire nos libertés comme s'y précipitent les néo-cons, si bien nommés (!), mais pour y introduire des régulations, des médiations, des formes de réflexivité. Il y a une interprétation de droite qui renie la liberté comme trompeuse et une interprétation de gauche qui tire parti des échecs pour faire progresser nos libertés effectives et reprendre le flambeau de l'émancipation.
L'objet de réflexion de la post-modernité ne peut se limiter au caractère contradictoire du progrès et de l'artificialisation du monde, quand on doit faire face plus généralement à l'échec de la liberté à nous sortir de l'égarement et pouvoir assurer notre simple reproduction. Il est important de souligner malgré tout qu'il ne saurait être question pour autant de confondre les niveaux individuels et collectifs, psychanalyse et politique devant garder leurs sphères et logiques propres. Pour ne pas perdre nos libertés chèrement acquises, la première chose à faire est certainement de bien séparer les dimensions politiques et individuelles des luttes de libération, car si la liberté ni le bonheur ne peuvent constituer des objectifs pour l'individu puisque l'une les précède et l'autre les suit, la liberté et le bonheur du peuple n'en restent pas moins des objectifs politiques prioritaires. Il est essentiel de bien saisir l'opposition entre ces différents niveaux pour ne pas mener dans des impasses et ne pas promettre plus qu'on ne pourrait tenir.
Pour l'instant, on tirera de ce premier repérage, le constat qu'une révolution peut être nécessaire mais qui ne porte nul espoir métaphysique ni d'une meilleure jouissance, seulement de meilleures institutions ! La psychanalyse elle-même, tellement pillée par la publicité, devra avouer que ce n'est pas là du tout un objectif assez sexy pour les foules sentimentales. Seulement, l'existence même de la psychanalyse, si ce n'est l'expérience du spectateur, rendra de plus en plus difficile les stratégies de séduction qu'elle dévoile. A l'évidence, ça marche encore un peu mais il est plus que probable qu'on ne pourra plus éternellement faire appel à l'amour du maître pas plus qu'au chantage affectif de Big Mother. Sauf à courir à l'échec, il faudra bien tenir compte de la psychanalyse à l'avenir, en tout cas pour une émancipation qui ne soit pas du semblant...
J'apprécie votre article, humble tentative de réguler la reflexion des autres par rapport au projet d'émancipation de l'être !
Malheureusement, de mes constatations quotidiennes, je remarque que quoique l'on fasse, dionysos est toujours vainqueur... C'est pour cela que dans ce cas, il faut savoir à qui s'adresser. Votre site internet est un bon medium, pour agir humblement. N'avez vous pas d'autres moyens ?
(Vous enregistrer en webcam et soumettre votre conférence video à l'université de tous les savoirs par exemple ?).
Cherchez vous à en trouver ?
Merci encore pour cet article orienteur !
Incontestable que la psychanalyse a orienté. Mais je me demande bien des fois si l'hypnose sous toutes ses formes diverses n'intervient pas dans les phénomènes psychanalytiques sous des formes peu connues.
Un peu plus sur :
http://www.conferencesetdebats.fr/e...
Bien sûr que la psychanalyse n'est pas étrangère à l'hypnose, c'est de là qu'elle vient de même que le transfert (l'analyse du transfert étant une anti-hypnose). Lacan définit la psychanalyse comme une arnaque dont on dévoile les ressorts, ce qui sert contre toutes autres sortes d'hypnoses et d'arnaques. Impossible de discuter de ces questions, que je n'aborderais pas si l'ignorance de la psychanalyse n'avait des effets délétères mais beaucoup de gens ont des raisons personnelles d'en vouloir à la théorie ou la pratique analytique, grand bien leur fasse, il ne sert à rien de vouloir les convaincre de ce qu'ils méconnaissent (il y a un rapport entre l'ésotérisme et la psychanalyse en ce que ce sont des vérités qui ne sont pas accessibles immédiatement, ce qui les sort de la philosophie exotérique).
L'utilisation de l'hypnose peut se justifier, un des arguments, du côté de l'analysant, étant qu'il vaut mieux qu'elle soit manifeste pour devenir consciente, et du côté de l'analyste cela évite une certaine frime, avec les débats ridicules autour de "la passe". Cependant, si Freud a abandonné l'hypnose et la suggestion, comme il a abandonné la théorie de la séduction pour la remplacer par celle du fantasme et des théories infantiles, c'est pour des raisons essentielles qui touchent au type de vérité que dévoile la psychanalyse et dont il est si difficile de rendre compte car c'est le contraire de ce qu'on croit au départ (puisqu'il faut dissoudre le transfert à la fin). Le paradoxe, c'est que la psychanalyse n'est pas une thérapeutique car elle ne promet pas la guérison mais l'analyse du désir de guérison (désir sans lequel il n'y aurait pas d'analyse pourtant), ce qui est malgré tout une forme de guérison ! Le difficile à comprendre, c'est la structure du désir et ce qu'il doit au langage, à l'énonciation, à l'Autre à qui il s'adresse.
François Roustang n'a aucun intérêt, il fait partie de ceux qui n'ont rien compris et des psychothérapies qui s'inventent à partir d'un malentendu sur la vérité à laquelle la psychanalyse a affaire. Comme tous ceux qui ne visent que la guérison (et la mesure de l'efficacité), il sort de la psychanalyse comme affrontement de la vérité et retombe dans les psychothérapies normalisatrices (et donc dans la suggestion). A prétendre guérir, il se croit obligé de remonter au pré-langagier, au pré-cognitif, forgeant ses petits mythes irrationnels qu'il est abusif d'appeler une théorie, plus proches des théories infantiles de la sexualité ! Il est simplement passé du jésuitisme au guérisseur, prouvant qu'il ne suffit pas de faire une psychanalyse ni d'être psychanalyste pour y comprendre quelque chose. Heureusement, l'influence de la psychanalyse est plus souterraine, s'imposant malgré les analystes et malgré nous dans le retour du refoulé au moins.
@Baz : Je ne comprends pas bien l'allusion à Dyonisos, mais non, je ne cherche pas à me faire connaître, encore moins à me faire diffuser par l'université de tous les savoirs. D'une certaine façon la confidentialité de mon audience me semble une garantie qu'il faut que je touche assez au vrai pour être entendu. Dans la plupart de mes textes, je ne fais pas de propagande, comme si je détenais la vérité, j'essaie d'avoir affaire à la chose même.
Je me trouve assez mauvais à l'oral, mes textes valant mieux que moi car je les travaille. On peut le vérifier dans les quelques enregistrements disponibles, le dernier (Bouvines) venant d'être mis en ligne mais n'ayant pas beaucoup d'intérêt.
Pour la webcam, ma position est ambivalente car je me trouve à chier mais, en même temps, cela me semble une raison de m'améliorer. Je ne sais si je m'y mettrais mais ce n'est pas impossible non plus. Je serais plus tenté par faire des petits films, voire de la vraie télé (pas d'être invité dans une émission mais la faire), plutôt que des monologues où l'on ne voit que moi. Je crois au travail aussi pour la vidéo, plutôt que la séquence brute, mais je n'ai pas le temps de faire ce que je considère quand même comme très secondaire. Ce qui m'intéresse, ce n'est pas la communication mais l'écriture, l'élaboration, la question.
Je pense que la psychanalyse fait peur à beaucoup même si elle a beaucoup imprégné la société, y compris la pub.
L'autre obstacle à la psychanalyse est le coût des séances à la portée de peu de gens.
Pour ma part j'ai sentit quelque chose comme de l'ordre du détachement et de la désillusion, une forme de recul, après les séances avec un psy orienté Lacan. Etrange sensation que ce qu'entraine le "dire" dans ces conditions.
Cet article n'a pas du tout pour objet de vouloir encourager qui que ce soit à faire une psychanalyse. A part quelques professions où il est indispensable de faire l'expérience du transfert pour ne pas s'y laisser prendre, il ne faut faire une analyse que si on ne peut faire autrement et qu'on est déjà pris dans le transfert.
Dans ce cas, le fait que ce soit cher payé est fait pour inciter à en finir au plus vite et ne pas s'y installer confortablement. Hélas, c'est une situation qui peut s'éterniser, notamment en décomplexant du coup le fait de gagner de l'argent...
Il y a une complicité certaine entre psychanalyse et capitalisme, ce qui ne disqualifie pas ce qu'elle met à jour et c'est ce dont parle cet article, ce que la psychanalyse nous apprend et qui resterait vrai même s'il n'y avait plus de pratique de la psychanalyse (ce qui n'est guère envisageable : rien ne se perd, on ne fait qu'ajouter de nouvelles possibilités).
Le transfert, le sujet supposé savoir, on se prend les pieds dedans régulièrement. Une psy permet de s'en rendre compte un peu mieux. Mais je ne vois pas qui n'est pas pris dans le transfert assez peu.
On ne peut espérer effectivement en avoir fini avec le transfert pas plus qu'avec le refoulement puisque, au contraire, il s'agit d'en prendre conscience. Les psychanalystes (ou François Roustang) prouvent qu'il ne suffit pas d'avoir fait une psychanalyse pour cela, c'est quand même ce qu'on peut en attendre pour ne pas se comporter en gourou qui détient la vérité. On constate cependant que refuser la position du sujet supposé savoir peut renforcer paradoxalement le transfert, si ce n'est sa classique transformation en haine.
Ce sont des apories dont on ne peut sortir car il n'y a pas de métalangage, quoiqu'on dise c'est quelqu'un qui le dit et qui s'identifie ainsi par ce qu'il dit, l'énoncé renvoyant à l'énonciation. Dès qu'on croit pouvoir s'appuyer sur une certitude, on oublie qui parle et pourquoi, ce que veut dire cet énoncé par rapport à mes interlocuteurs. On ne s'en sort jamais, ce qui ne veut pas dire qu'il ne faut pas essayer pour prendre justement conscience qu'on ne peut s'en sortir, supprimant ainsi toute une série de problèmes imaginaires. On retrouve ce genre de problème dans l'épistémologie, la sociologie, l'ethnologie. J'aime beaucoup cette citation de Norbert Elias :
On voit bien le zoom arrière, mais c'est nous qui regardons le film encore !
Je me permet d'écrire cet réponse à un mail que j'ai reçu pour clarifier mon utilisation dans mon commentaire d'article du mythe de dionysos en tant que "vainqueur" dans la vie quotidienne de l'homme.
J'utilise peut être la référence à dionysos à tort car il a également une part louable. J'utilisait le terme de dionysos dans le sens du symbôle du chaos, de l'irrationnel, de la psychose humaine.
En effet, au quotidien multiples psychoses l'emportent sur les réflexions logiques de la rationnalité. Bien évidemment cela peut être louable pour contre-carrer les ordres établis par leur transgression. Mais pour moi la victoire de dionysos c'est également la logique du bouc émissaire, par exemple, qui l'emporte !
La société de consommation l'a très bien compris par l'expression de la publicité.
La théorie du complot est également l'expression de cette psychose collective !
Le socialisme utopique également !
Le libéralisme également !
Dionysos l'emporte face à toute formes de rationnalité la plupart du temps !
La rationnalité la plus développée agrandit sa part d'ignorance et peut par ce biais laisser encore plus de place à cette part irrationnelle !
Notre rationalité limitée est le témoignage de notre potentiel créatif pouvant également être un danger pour nous même.
J'espère que mon commentaire ne sera pas trop hors sujet par rapport aux commentaires précédents.
Comme exemple, je me permet d'ajouter l'idéologie de progrès par le cartésianisme dominateur de la nature, malgré la qualité de la réflexion rationnelle de cet homme !
Il faut éviter de tout mélanger sous de grands principes abstraits ne faisant qu'ajouter à la confusion. Il est plus utile d'examiner les mécanismes dans leur détail et leurs diversités de stratégie. Le délire sacré n'est pas du même ordre que le dogmatisme, on ne peut identifier Dyonisos et Apollon. Si "les hommes sont si nécessairement fous que c'est être fou par un autre tour de raison de ne pas l'être", tout ce qu'on peut espérer c'est d'être un peu plus conscient de nos folies, pas de ne plus l'être et vouloir devenir raisonnable. On a donc toujours besoin de Dyonisos comme de l'ivresse et de la fête, c'est la façon dont on se situe par rapport à notre propre folie qui la transforme en calamité ou non.
Il faut avoir la même prudence dans la critique du progressisme. De même que le scientisme est imbécile et réducteur sans qu'il puisse réfuter les sciences, de même le fait que le progressisme soit stupide quand il devient un optimisme béat n'empêche pas que les sciences progressent inévitablement puisque leur savoir est cumulatif.
C'est un peu pareil pour Descartes. Il ne faut pas trop répéter ce qui se dit partout. Il est vrai que ça fait sens et que Descartes est bien critiquable, mais Descartes parlait ainsi de la santé, l'ambition de maîtriser notre propre santé étant toujours aussi désirable. Ne pas vouloir être maître et possesseur de la nature serait d'ailleurs d'une irresponsabilité fatale dès lors qu'on est désormais dans l'anthropocène et qu'on a déjà détraqué le climat et dévasté la nature, le laisser-faire ici serait aller encore au pire...
Je suis d'accord avec vous, la symbolique dionysiaque a des points positifs lorqu'on la transpose au réel. Je ne critiquais pas la folie de l'homme mais pointait du doigt ses dérives sans doute nécessaires.
Mais cela ne change pas que le progrès comme tout autres "trip" a ses facettes négatives. Je ne critique pas non plus le progrès dans son sens général qui est un processus irréversible, mais son caractère "entropique", ses dérives. Être dominateur de la nature n'est pas une tare morale mais bien un obstacle à notre progression et à notre survit. Il ne s'agit pas là d'être possesseur de la nature ou encore de nier le processus irreversible dans lequel on se trouve, mais bien d'apporter une critique à des certitudes aussi bien sur les partisans de ce processus même que les partisans de vouloir le stopper de façon niaise.
J'essayais juste de montrer que l'irrationnel a ce côté très difficilement régulable... Lorsque j'essaye de débattre avec la plupart des gens j'en arrive à désespérer. Il est bien agréable de se cultiver mais il est difficile de faire face au délire psychotique humain.
J'en suis moi même un exemple flagrant (étant atteint de maladie mentale).
L'imagination, le désir, le corps, ont leurs facettes salutaires aussi bien que destructrice.
C'est pour cela que je suis très partisans de l'idée de démocratie cognitive de débat public ainsi que de l'idée d'intelligence collective, bien que nous en soyons très loin aujourd'hui. Et c'est également pour cela que je suis très sensible à votre philosophie de la part du négatif qui cherche à réguler justement ce "délire ambiant constant" auquel personne n'échappe si se n'est en restant ensemble sur les affaires collectives et en s'informant de la façon la plus diversifiée possible.
Bonjour Jean,
Je vous fis troublement remarqué après la conférence sur Gorz à Lille, l'absence de toutes considérations analytiques, lors de cette dernière... Ce qui me laissait on ne peut plus pantois étant donné la tournure "perverse" qu'empruntent nos sociétés post-modernes pour entrer dans ce 21°siècle.
Votre article répare fort heureusement l'état de fait.
Si vous n'y voyez aucune sorte d'inconvénient, je vais demander à Charles Melman de commenter votre article sur mon blog (évidemment, s'il n'y voit aucune sorte d'inconvénient...)
Mon petit article sur la conf de Melman à Lille.
Salutation cordiales
C'est, comme souvent, une conjonction de problèmes et de rencontres qui m'ont fait écrire ce texte. J'avoue que je ne me souvenais pas qu'on avait abordé la question dans nos quelques mots échangés (il faut dire que ma mémoire est de plus en plus défaillante) mais j'en avais parlé le même soir avec plusieurs autres, de différentes générations, et je me rendais bien compte que, sans la psychanalyse, il était difficile de réfuter un certain nombre d'évidences trompeuses. J'avais déjà pointé plusieurs fois l'absence de la psychanalyse chez Gorz, qui parle pourtant de psychanalyse existentielle mais j'avais rencontré la même incompréhension aussi bien avec Egdar Morin ou Patrice Viveret qu'avec Tiqqun, etc. (pour Badiou, c'est plus paradoxal car il se réclame de Lacan pourtant, mais c'est comme Marx qu'il idéalise!).
Cela fait un moment que j'aurais pu écrire sur le sujet mais ce qui m'a permis de l'écrire c'est surtout de me situer dans la continuité de la critique du désir de liberté que m'avait inspiré la lecture de "Fondements pour une morale" de Gorz. C'est la distinction entre faire du désir de liberté un objectif politique (indispensable) ou individuel (impossible self made man) qui m'a permis de trouver le bon angle pour donner une portée politique à la psychanalyse sans mélanger les genres.
Je ne pense pas que ce que j'en dis puisse intéresser Melman qui est plutôt dans une psychanalyse du social qui me semble aussi vaine que les critiques de la valeur et les condamnations religieuses ou morales. On peut parler de culture du narcissisme et de structure perverse comme on parle d'individualisme ou d'égoïsme, simple question de vocabulaire pour ne pas dire grand chose, ou plutôt pour dire ce qu'on voudrait entendre en l'illustrant avec des extrêmes beaucoup trop généralisés. Ce qui est refoulé ici, c'est le rôle de la psychanalyse elle-même dans les transformations de la subjectivité ainsi que les contradictions de la liberté.
Sans remonter à Hannah Arendt qui dit à peu près la même chose dans "La condition de l'homme moderne", je préfère, dans le genre, Ehrenberg et sa fatigue d'être soi (1998) où il notait déjà le glissement de la névrose de culpabilité à la dépression comme symptôme de l'époque où le surmoi n'est plus dans l'interdit mais dans l'exigence d'autonomie et le devoir de jouir, effet de la libération sexuelle aussi bien que du travail qualifié immatériel (il parle d'une inversion de la dette). Pour tout dire, je ne crois pas qu'il y ait plus de pervers à notre époque (par rapport à Louis XV et Sade par exemple sans parler d'Helvétius et des libertins) mais que la structure du désir a toujours été perverse, depuis l'enfance. La publicité flatte à l'évidence notre perversité mais elle n'a fait que s'inspirer de la psychanalyse depuis Edward Bernays et ce n'est pas la marchandise qui a inventé la lutte de pure prestige.
Je ne me place pas d'un point de vue normatif et moralisateur sur mon époque. Je condamne bien sûr la débilité de l'idéologie dominante (qu'il ne faut pas prendre trop au sérieux) mais récuse la prétention de la psychanalyse à tenir un discours normalisateur sur la jouissance qu'il faudrait et l'économie du désir (ce qui mène à défendre l'Oedipe patriarcal comme norme et l'amour de la Loi). J'affirme au contraire que seul vaut en politique son apport négatif, ce qu'elle révèle de nos illusions, et notamment de la perversité du désir ou de la jouissance qui manque. Son apport, c'est de rendre compte de l'échec de la liberté, pas de la remettre en cause ni vouloir y remettre bon ordre. Il ne s'agit pas de faire croire qu'il y aurait de meilleures façons de jouir ni que c'était mieux avant mais au contraire de ne plus s'obnubiler d'une béatitude imaginaire qui nous exile et nous détourne de la transformation du monde. Il ne s'agit pas de vouloir révolutionner la jouissance ni les coeurs ni les esprits mais seulement les institutions, l'organisation concrète, conquérir de nouvelles libertés, réparer des injustices et refonder les solidarités sociales. Nos vies en seront meilleures sans être beaucoup plus faciles mais aucun besoin de promettre la lune. On peut espérer une meilleure ambiance et une idéologie plus généreuse, un retour au réel qui est d'ailleurs cyclique, mais il ne faudrait pas parasiter les luttes concrètes avec des conneries. C'est ce rôle déceptif que devrait avoir la psychanalyse d'admettre l'échec pas de faire concurrence à la religion et aux utopies métaphysiques ni de reculer devant ses propres conséquences. En disant cela je peux passer pour un réactionnaire alors que ce sont les utopistes et les psychanalystes trop bien intentionnés qui veulent nous rappeler à l'ordre. Une stricte laïcité est nécessaire sur ce point. Enfin, je ne crois pas que ce soit à l'analyste du haut de son savoir supposé de nous asséner ce qu'il faut en penser, mais plutôt au non-analyste de faire état de ce que la psychanalyse a rendu impossible et des nouvelles conceptions du monde qu'elle produit. C'est un point de vue radicalement nouveau sur la question, tout à l'opposé de ce genre de psychanalyse sauvage.
je trouve toutes ces discussions très éclairantes et quel courage ce point de vue psychanalytique . sur le terrain de la non psychanalyse , il faut quand même reconnaitre que l'action souvent isolée emprunte malgré tout et tout d'abord, au rêve du self man made et de mon point de vue , de plasticien , toute la diffuculté est de faire tourner cela à de la vaste fumisterie ( un rêve loufoque) de façon à ce qu'on voit vraiment ce qui laisse à désirer , mais pas trop, suffisament pour que d'autres aient le désir de s'impliquer auquel cas je lache volontier un pan de l'affaire , et de proche en proche atteint des cercles concentriques toujours plus vaste ( stratégie de la tache d'huile ) . le travail suivant c'est de libérer la parole et la parole sur ce travail de l'imagination ( à bien des égards hypnotique ) jusqu'à constituer une intelligence collective qui servent un peu à se défaire de la fascination et de la fièvre notamment en en montrant l'envers . mais la manoeuvre n'est pas simple et risquée comme vous le signalez à fort juste titre . la question que je me pose , c'est est ce que je ne suis pas dans cette psychanalyse sauvage que vous pointez du doigt ? même si je suis loiin de faire ses recherches en toutes circonstance et que j'ai tendance à croire que pour les foules la libération c'est de passer d'une hypnose , à l'autre ( une autre façon de l'avoir dans le cul) .
cet article me donne les mots pour le formuler, même si cela est un peu une pensée intuitive pour moi .
Si la psychanalyse est une lame de fond qui s'inscrit dans un cycle long, je remarque qu'on en est encore à devoir supporter les maitres en communication, ce qui n'est pas nouveau, les donneurs de lecons en tous genres qui nous expliquent avec force science comment on doit parler et bientôt quoi dire. Alors ce délire de la com, paranoiaque à mon avis, n'est pas près de s'amoindrir surtout qu'il se répand selon des interventions de plus en plus autoritaires.
oui tu as sans doute raison sur mon cas olaf, du moins sur ce que je laisse transparaitre de moi sur ce site . j'ai mal du m'exprimer . les questions abordées ici se pose à moi d'un tout autre point de vue c'est tout ....
@brunet :
En fait, mon com ne visait pas celui de Brunet, mais était une remarque générale sur la communication et ses techniques nous promettant la lune.
Sinon, je viens de remarquer en feuilletant un livre d'étudiant en 1 ere année de fac de psycho que la psychanalyse est encore largement citée comme source, comme quoi elle ne disparait pas, au moins dans l'enseignement...
La psychanalyse ne disparaitra pas malgré tous ses ennemis mais elle sera tout aussi sûrement dévoyée, les bons psychanalystes toujours aussi rares.
La com n'est pas vraiment chose nouvelle puisque ça commence avec les sophistes. Il est vrai que la société du spectacle est la société de la com, de l'apparence, du semblant jusqu'à la perte de sens mais on a tort de craindre la disparition de la vérité et du réel sous les discours formatés. L'idéologie a toujours été hypocrite et menteuse, voulant faire croire à ce qui n'existe pas (Dieu ou diable), cela n'empêche pas d'exister et la production d'être effective. Il y a toujours un effet en retour et on peut voir dans l'humour notamment (j'ai regardé Têtes à claques récemment) une critique féroce de ces trucs de communication qui devraient finir par s'épuiser, les ficelles étant connues de tous.
@brunet : Oui, on passe toujours d'une hypnose à une autre, les moments de lucidité étant ceux où l'on s'en réveille, c'est bien cela la leçon de la psychanalyse et non pas qu'on pourrait en sortir, savoir qu'on n'en sort pas étant la seule façon d'en sortir ou plutôt de s'en distancier un peu. Passer d'une illusion à une autre n'emporte pas la conséquence que cela ne changerait rien à l'affaire, qu'il n'y aurait pas de progrès, relatif, malgré tout et même si tout progrès a son négatif. On se fera toujours avoir bien sûr, on a tort de rêver à une justice immanente alors qu'il dépend toujours de nous de réparer les injustices. Il ne faut viser que ce qu'on peut réellement obtenir qui n'est pas rien, mais pas d'accéder à une vérité définitive, seulement de découvrir en chemin ce qui nous était obscurci par notre passé, corriger quelques unes de nos erreurs, conquérir quelques libertés de plus.