La montée des taux et le krach de la dette

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D'une certaine façon, on peut dire qu'il ne sert à rien de se projeter dans le long terme. Les boursiers savent bien qu'il ne faut pas avoir raison trop tôt et qu'il vaut mieux avoir tort avec les autres que raison tout seul, ce qui signifierait dans ce cas perdre gros sur le court terme. Cela explique les mouvements erratiques de la Bourse et leur réactivité disproportionnée aux nouvelles immédiates, bien trop rassurés en effet par les dernières péripéties d'une prise de pouvoir de la finance sur les Etats.

Non seulement on ne gagne rien sur le moment à la clairvoyance mais personne ne vous en saura gré lorsque les faits vous auront donné raison et que cette opinion sera devenue commune. On dira par exemple que, de toutes façons, il y a toujours des prophètes de malheur qui finissent par avoir raison quand une catastrophe se produit, un peu comme une montre arrêtée marque l'heure exacte une fois par jour... Ce n'est pourtant pas la même chose de croire qu'il n'y aura plus jamais de crises comme on s'était laissé allé à le penser (comme en toute bulle) ou d'annoncer la prochaine, même si on est bien incapable d'en donner la date.

Ce n'est pas de prévoir la crise cependant qui peut avoir un quelconque intérêt, mais de tenter d'en expliciter les mécanismes, même si c'est un exercice complètement inutile. En tout cas, dans les politiques de rigueur comme dans les réactions boursières personne ne semble apercevoir ce qui crève les yeux, que la hausse des taux contre lesquelles les Etats se mobilisent est inévitable à plus ou moins long terme, précipitant tôt ou tard le krach de la dette.

Interprétée à la lumière des cycles de Kondratieff, comme celui-ci interprétait la crise de 1929, la cause de la crise actuelle ne peut être imputée ni à la libéralisation financière, ni aux subprimes, ni à la bulle immobilière, bien que tout cela ait joué, mais plus fondamentalement au retournement de cycle et au retour de l'inflation après des années de baisse des prix industriels et des taux d'intérêt provoquant une hausse des actifs. Il n'était pas déraisonnable dans ce contexte de compter sur l'effet richesse d'une augmentation constante des prix de l'immobilier pour permettre à des familles pauvres d'accéder à la propriété. C'est lorsque l'augmentation du prix du pétrole a commencé à réduire les prix de l'immobilier que la crise s'est déclenchée, faisant s'effondrer ce qu'on peut comparer à une pyramide de Ponzi, en tout cas une pyramide de dettes et de montages financiers désormais irremboursables

Il se passe un peu la même chose désormais pour les Etats dont la dette a explosée récemment, et grâce à l'Euro, mais qui vivent à crédit depuis beaucoup plus longtemps. La crise n'a fait qu'aggraver la situation et la nécessité d'y mettre un terme mais ce qui a manifesté le caractère insoutenable de cette "dette souveraine", c'est la démonstration qu'elle ne peut supporter une hausse des taux qui font monter de façon vertigineuse le service de la dette. On s'accroche donc comme à une dernière bouée à notre notation AAA avec l'espoir d'éviter une telle hausse qui nous mettrait nous aussi en faillite. Il n'y a aucune chance pourtant qu'on échappe à une montée importante des taux dans les années qui viennent, y compris l'Allemagne et les USA, puisqu'on devrait connaître un regain de l'inflation au niveau mondial se répercutant en premier lieu dans le taux des intérêts.

La plupart des économistes ne veulent pas y croire mais le retour de l'inflation est rendu inévitable par le développement des pays les plus peuplés. Voilà bien une réalité contre laquelle on ne peut pas grand chose, démocratie ou pas. Si la BCE, dont l'indépendance se paye d'une mise sous tutelle du politique, ne change pas de cap dans ce nouveau contexte, elle ne pourra que précipiter la récession, pas endiguer l'inflation importée. Ni les financiers, ni les politiques n'y peuvent rien. L'inflation a déjà largement gagné la Chine ou le Brésil. La contamination n'est retardée ici, comme pour le prix du pétrole, que par la panne de nos économies et une déflation interne. Comme je l'écrivais dans "W ou la malédiction de la reprise", on devrait assister à un régime chaotique où chaque épisode de reprise timide de l'activité se trouve arrêté par la reprise de l'inflation mais sur le long terme, les taux ne peuvent que monter, ce qui rendra nos dettes irremboursables. Que ce soit aujourd'hui ou dans quelques années, il n'y a pas d'autre solution que la destruction des dettes par tous les moyens (selon le type de dettes) : abandon de créances, inflation, dévaluation. Transformer les dettes à court terme par des bons européens à long terme serait le minimum à faire mais on ne voit pas comment on éviterait des répercussions systémiques bien pire qu'avec Lehman Brothers. Le plus tôt serait le mieux car c'est le préalable pour retrouver des marges de manoeuvre politique, ne plus être dépendant des marchés.

La Grèce n'était qu'un éclaireur sur cette pente savonneuse, on n'est pas au bout de nos peines ni de la hausse des taux et la plupart des discours politiques peuvent sembler surréalistes à ne pas prendre la mesure du problème mais c'est comme les boursiers, les élus ne peuvent être trop en avance sur leurs électeurs à qui on est obligé de dire ce qu'ils veulent entendre et même les pères la rigueur se font des illusions sur leur capacité à éviter cette montée des taux et le krach de la dette. On est là dans un théâtre d'ombres.

Il faudra bien toucher le fond pourtant ("prendre sa perte" comme dit l'autre) avant de pouvoir repartir, nécessité des destructions créatrices soulignée par René Passet mais qui date de bien avant nos économies complexes (par exemple la remise des dettes tous les 50 ans du jubilé juif - même tombée rapidement en désuétude). Ce n'est pas qu'on pourrait se débarrasser si facilement du poids de la dette qui est constitutive des sociétés humaines comme du circuit du don, c'est que la situation économique l'impose et ne laisse aucune autre issue.

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67 réflexions au sujet de “La montée des taux et le krach de la dette”

  1. Je ne comprends pas trop l'histoire de la chambre de compensation internationale, c'est Clearstream ?

    Sinon, je ne crois pas trop au Bancor qui me semble poser les mêmes problèmes que l'Euro alors qu'il faudrait plutôt des monnaies limitées à des zones relativement homogènes et surtout à des Etats et leur politique économique et budgétaire, capable d'y ajuster leur politique monétaire (dévaluation). Il y a de quoi se méfier de l'organisme appelé à gérer une monnaie mondiale. C'est donc une autre divergence avec Paul Jorion. Je trouve les "droits de tirage spéciaux", c'est-à-dire un panier de monnaies internationales plus souple et au moins aussi efficace. On sait que je suis plutôt pour une multiplication des monnaies locales...

    Pour cloisonner les effets cycliques, il faudrait recloisonner les économies ce qui semble presqu'impossible même s'il faut réintroduire une dose de protectionnisme (ou de réciprocité comme on dit) mais qui ne pourra aller très loin. Il y a déjà eu une démondialisation à partir de 14-18 mais il n'y avait pas internet. La relocalisation donne une plus grande résilience, on ne peut dire qu'elle coupe de l'économie globalisée et de ses cycles.

    Plus généralement, je ne crois pas qu'on puisse arriver à supprimer les cycles ni à vraiment les réguler (sauf les cycles à court terme) car ce sont des cycles cognitifs et il n'y a personne pour décider de la vérité de ce qu'il faudrait faire (pas d'Autre de l'Autre disait Lacan) outrepassant inévitablement les limites d'un côté comme de l'autre et à l'excès de dérégulation succède un excès de normes. C'est pour cela qu'il faut une approche plus dynamique et biologisante (comme les destructions créatrices de Schumpeter ou René Passet), introduisant les différences de temporalité, la correction d'erreurs, les changements de cap. C'est aussi pourquoi il n'y a pas d'éthique universelle car l'éthique change en fonction des situations historiques et ce qu'il faut faire quand on est confronté à un krach de la dette, c'est-à-dire annuler les dettes pour repartir à zéro, reste absolument impossible le reste du temps. Rien de pire dans ces moments exceptionnels que la rigidité dogmatique. Il faut comme toujours se régler sur les effets plutôt que sur les principes et préférer une éthique de responsabilité à une éthique de conviction.

    Il est évident que les Chinois cherchent à se protéger d'une dévaluation brutale du dollar, dans ceux qui ont le plus à perdre d'une annulation des dettes, ils sont en première ligne. Ils feront tout pour limiter les pertes mais si l'économie en reste bloqué, ils verront peut-être où est leur intérêt bien compris, sauf que si les Allemands avaient vu leur intérêt bien compris de sauver la Grèce, on n'en serait pas là...

  2. @Jean Zin :
    Justement, le principe du bancor c'est de limiter (au moins en partie) les effets d'une politique économique à l'état qui la conduit, c'est donc une piste pour re-responsabiliser les choix de politique économique et monétaire sur un territoire donné. Le bancor ne circule pas, il ne peut être marchandisé. Sa parité avec la monnaie locale traduit simplement l'efficacité économique relative d'un état vis à vis des autres états. Si au terme d'un exercice (timing à définir) le compte d'un état en bancor est positif, celui-ci verra son taux en bancor sera réévalué et inversement dans le cas contraire. Le but est d'actualiser les niveaux économiques en faisant tendre les comptes en bancor vers zéro. La monnaie internationale de Schmitt suppose un gouvernement mondial. Les paniers de devises (comme l'était l'écu) ne présentent aucun antidote contre la marchandisation de la monnaie.
    Toutes les théories économiques peuvent rencontrer une certaine efficacité, à condition que les cellules (régions/états) où on décide de les appliquer (souveraineté) ne soient pas si facilement contrecarrées par des effets systémiques mondiaux qui les dépassent en force (cf par exemple l'échec la relance Keynésienne de Mauroy un peu après 1980 et de toutes les relances de ce type depuis), cf l'illustre spéculations sur la chute de la livre de Soros.

  3. Je suis d'accord sur les limites des politiques économiques, on ne fait certes pas ce qu'on veut en économie. L'objet de cet article comme de pas mal d'autres, c'est même plutôt de montrer notre rationalité limitée tout comme l'étroitesse de nos marges de manoeuvre dans des rapports de force qui nous dépassent. Non seulement on ne comprend pas ce qui se passe mais on n'a guère le choix des moyens qui nous sont imposés. Ce qui limite l'intérêt des discussions théoriques sur un ordre économique mondial sur lequel on n'a aucune prise, parler des monnaies locales me semble plus concret.

    Je n'ai sans doute pas assez étudié la question du Bancor mais il me semble que c'est impossible avec ce système de détruire les dettes, alors qu'un panier de devises peut subir des dévaluations en chaîne qui certes n'auront pas l'effet commercial escompté mais qui peuvent quand même dévaluer les dettes. Sinon il faudrait prévoir un tel mécanisme d'annulation des dettes avec la difficulté que cela concerne (presque) tous les pays développés à la fois quand se produit un retournement de cycle. Ce qui est difficile à concevoir quand on veut construire un meilleur système, c'est ses ratés...

  4. @Jean Zin :
    Je n'ai sans doute pas assez étudié la question du Bancor mais il me semble que c'est impossible avec ce système de détruire les dettes.
    Eh ben, il est encore temps de vous y mettre!-)) Vous trouverez tous les documents ad hoc sans difficulté.

    Je ne suis pas assez armé pour vraiment aller au fond du sujet, mais je crois au contraire que le Bancor permet de ne pas laisser enfler les dettes grâce à ce moyen d'actualisation et de mise en phase de la monnaie et des performances économiques d'une région.

    Si on ne peut éviter la diffusion des techniques (et c'est tant mieux) et les bouleversement socio-économiques induits, il me semble toutefois possible de ne pas en rajouter une couche avec le système monétaire international, aujourd'hui invasif pour les économies régionales, en morcelant ce système monétaire en sous-systèmes régionaux, ainsi que le propose le bancor.

  5. On ne trouve pas si facilement des documents sur le Bancor, ce qui est étonnant (l'article de wikipédia est inexistant). J'ai compris cette histoire de chambre de compensation révisant les cours monétaires en fonction de la balance commerciale, ce dont je n'avais aucun souvenir, et je dois dire que ça m'a fait plutôt rire. Je n'imagine pas du tout un tel fonctionnement hors d'un gouvernement mondial mais le caractère unidimensionnel du critère retenu me semble ne pas pouvoir tenir par rapport aux rapports de force réels. Je n'arrive pas à m'intéresser à ces utopies monétaires car je ne crois pas que le problème vienne de la monnaie qui n'est qu'un élément d'un système et alors qu'il y a des cycles cognitifs, générationnels, économiques, etc. Il est d'ailleurs probable qu'on en vienne à quelque chose comme le bancor, mais ce que le FMI présente ainsi n'a plus rien à voir avec le projet de Keynes et ne changera pas fondamentalement les choses.

    En fait, la question qui n'est pas claire mais qui est décisive, c'est de savoir si on peut emprunter en bancor ou seulement en monnaies nationales. Or, on ne voit pas comment on pourrait empêcher d'indexer des contrats sur le bancor, ce qui me semble ajouter trop de rigidité au système et qui devait faire éclater plus ou moins rapidement ce cadre.

    Il est certain qu'il y a une difficulté à accepter l'existence de cycles et encore plus de destructions créatrices qu'on souhaiterait bien sûr éviter, ce qui ne veut pas dire qu'on puisse y réussir. La finance ayant besoin de stabilité, on arrivera certainement à une stabilisation mais on a déjà vu qu'une trop grande stabilité produit une instabilité encore plus grande. Notre rôle là dedans est nul d'inutile Cassandre, aussi je préfère rester au ras du sol, au local et aux supports concrets de l'autonomie.

  6. @Jean Zin :
    Un article de Jorion sur le sujet. suivi de nombreux commentaires et questions.

    De mon point de vue, vous classez beaucoup trop vite cette question de l'hyperimbrication des économies via les monnaies (qui n'est pas leur seul facteur d'imbrication, comme vous le soulignez). Ce n'est pas une question de négation des cycles, c'est une question d'un minimum de souveraineté, de cohérence états/ politiques économiques.
  7. J'avais lu cet article, il n'y en a pas tellement d'autres et cela, non, ne m'a pas convaincu. Il y aura un bancor mais pas celui de Keynes et si le dollar est encore dominant, c'est à cause de l'hégémonie des USA, notamment sur le plan militaire mais pas seulement. Je ne sais pas à quoi sert de vouloir réformer le système monétaire international...

  8. @Jean Zin :
    Je ne sais pas à quoi sert de vouloir réformer le système monétaire international...
    Si on croit que la monnaie est en interaction avec l'économie:

    A relocaliser ou rendre les économies régionales moins dépendantes du système global, donc à minimiser les risques systémiques et redonner un peu plus de sens aux politiques économiques régionales.

    A résoudre le dilemne de Triffin.

  9. Que les taux montent avec l'inflation, c'est une chose, mais qu'ils montent à cause de la méfiance "des marchés", comme aujourd'hui en Europe, c'est tout à fait différent.

    Le 1er cas est un cercle vertueux : l'inflation allège la dette et oblige les investisseurs à prêter, car leur bel argent s'évaporerait encore plus vite s'ils le laissaient dormir. Les taux augmentent, mais en retard sur l'inflation. Le 2nd est vicieux : les taux augmentent bien plus que l'inflation parce qu'on les doit à la méfiance, ce qui alourdit et la dette et la méfiance.

  10. @Crapaud Rouge :
    Dans le cas où ce serait surtout des robots prêteurs/parieurs qui effectueraient les transactions et mèneraient la danse (UFT), quelle peut bien être leur psychologie vis à vis de la méfiance?

    Intuitivement, les marchés me font l'image d'un poulpe géant ultra sensible qui changerait de couleur à la moindre sollicitation (commentaire pictural qui ne prétend pas à la moindre rationalité:-))

  11. @Michel MARTIN :
    Je ne sais pas à quoi sert de vouloir réformer le système monétaire international tout simplement parce que nous n'avons aucune prise dessus. La réforme sera le résultat d'un rapport de force notamment entre les USA et la Chine et favorisera le plus fort comme le Bancor était supposé favoriser la Grande-Bretagne, ce qui n'était pas du goût des Américains qui ensuite ont aboli en 1971 la convertibilité en or sans rien demander à personne. Comme j'ai eu 'occasion de le dire à ma dernière réunion publique, les conceptions d'Habermas (ou de Viveret!) sur le consensus sont pure utopie, ce n'est pas comme cela que ça se passe, pas plus que pour nos démocratie qui consistent surtout en rapports de force, en compétitions plus qu'en recherche de la vérité ou de la justice. S'il y a une ruse de la raison qui fait converger vers l'universel, c'est à plus long terme et malgré les acteurs. Plutôt que se prendre pour les maîtres du monde en imaginant un monde idéal, il vaut mieux évaluer notre marge de manoeuvre locale qui n'est pas nulle (du moins cela dépend où) sans être considérable.

  12. @Crapaud Rouge :
    Il est certain que ce n'est pas la même chose du tout l'inflation et la spéculation, de même que ce n'est pas la même chose les dettes à long terme, qui profitent de l'inflation, et celles à court terme que l'inflation rend insoutenables. Tout cela est plus complexe mais ce que j'ai voulu dire, c'est que la spéculation a rendu manifeste que le niveau de dettes des pays développés ne pouvait résister à une hausse des taux, alors que cette hausse est inévitable avec la reprise de l'inflation, donnant du coup des raisons aux spéculateurs pour se méfier de leur remboursement et donc de faire monter les taux (c'est on ne peut plus rationnel).

    A chaque krach on accuse les spéculateurs de tous les maux mais les raisons d'un krach sont presque toujours les excès précédents et les bulles spéculatives  basées sur la croyance qu'il ne peut plus y avoir de crise, qu'on ne redescendra plus sur terre, etc. La spéculation précède donc plutôt le krach. Ce qui n'est pas normal, c'est que le dollar ne soit pas plus dévalué, que la dette des Etats-Unis ne soit pas attaquée elle aussi. Quand ça se produira (peut-être dans quelques jours), ce ne sont pas les spéculateurs qui en seront la cause mais l'abus de position dominante des USA. Cela fait d'ailleurs longtemps que l'écroulement des Etats-Unis aurait dû se produire, ce qui n'a pas été le cas pour toutes sortes de causes (leur position dominante), rendant irréelle une situation qui contredit aux lois de l'économie mais cela ne peut durer éternellement. Les marchés ont toutes les raisons d'être méfiants, c'est objectif même si les phénomène de foule et l'affolement qui en découlent paraissent irrationnels.

    Plus généralement, ce qui est comique c'est de se focaliser sur un pays ou un autre, que ce soit la Grèce ou l'Italie, et de s'obnubiler de leurs spécificités locales, comme si on pouvait revenir au business as usual une fois un cap difficile passé alors que ce sont les principales économies qui sont surendettées, y compris l'Allemagne, le Japon, les USA. Il est bien sûr naturel que "les Allemands ne veulent pas payer pour les autres", mais ils paieront beaucoup plus cher leur manque de vision de l'avenir. Il semble quand même qu'on s'approche du dénouement bien que l'épreuve de vérité soit repoussée à chaque fois, ces phénomènes étant d'une lenteur en rapport avec les masses en jeu.

    Ce sur quoi j'insiste à chaque fois, c'est sur notre rationalité limitée, notre impuissance à comprendre ce qui arrive et ce qu'il faut faire sauf dans l'urgence qui dicte les mesures minimales à prendre pour sauver le court terme même si elles doivent aggraver le problème à plus long terme. Non seulement les théories sont multiples et toutes partielles, n'arrivant pas à rendre compte de ce qui se passe (le développement des pays les plus peuplés inaugurant une période inflationniste qui rend insoutenable les dettes des vieilles économies et aggrave dramatiquement les problèmes écologiques) mais le dogmatisme anti-inflationniste hérité de l'histoire allemande (on prépare toujours la dernière guerre, pas la prochaine) et mis au fondement de la BCE ne peut qu'en rajouter dans l'impasse. Sauf qu'on se dit qu'une fois l'impasse manifeste, on devrait y remédier sans trop tarder ?

    En tout cas, ce n'est pas un problème monétaire, pas le laxisme d'un pays et les changements de gouvernement n'y feront rien, c'est un tremblement de terre, un mouvement d'ensemble, un retournement de cycle (de l'inflation) qui devrait d'ailleurs inaugurer une nouvelle ère de croissance comparable aux 30 glorieuses, avec tous les problèmes écologiques que cela pose, mais il faut en passer d'abord par cette annulation des dettes qui ne peut être que cataclysmique, résultat d'un effondrement réel qui sera très difficile à vivre. Savoir qu'il faut en passer par là pour mieux rebondir permettrait d'améliorer un peu les choses (notamment par la reconversion écologique accélérée), mais savoir interdit à sembler pousser au pire qui n'a pourtant pas besoin de nous pour se produire...

  13. @Jean Zin :
    Je ne sais pas à quoi sert de vouloir réformer le système monétaire international tout simplement parce que nous n'avons aucune prise dessus. La réforme sera le résultat d'un rapport de force notamment entre les USA et la Chine et favorisera le plus fort
    Bon, ça a le mérite d'être clair. Mais il se peut que vous ayez tort, ce ne serait pas la première lutte remportée par les minoritaires qui sont quand même... 99%.

  14. On sait que j'attache beaucoup d'importance au mouvement des occupations qui constitue le commencement du début d'une reconstitution des solidarités sociales pour refaire société mais ce serait lui prêter une force qu'il n'a pas, en tout cas pas encore, de s'imaginer que cela puisse peser de façon significative sur l'ordre monétaire mondial même s'il renforce le camp de la régulation financière. Un mouvement aussi inconsistant qu'ATTAC a pu avoir une influence sur la mise en place d'une taxation des transactions financières mais après plus de 10 ans (et on n'y est pas encore) !

    On sait aussi, et Michel Martin plus que d'autres, que je n'encourage pas les utopies, ce dont ATTAC ne pouvait être accusé, la taxe Tobin n'ayant rien de révolutionnaire et tout de la nécessité, ce qui n'a pas rendu sa réalisation plus facile, d'ailleurs. Je ne doute pas qu'il y aura un nouvel ordre mondial mais je ne crois pas qu'il ressemblera aux plans qu'on s'en fait ni à quoique ce soit d'idéal. Je ne trouve pas sain de rêver à un tel ordre parfait, en comptant sur un miracle improbable qui métamorphoserait notre bas monde en royaume céleste. Non seulement on se met ainsi en position paranoïaque de créateur de monde alors qu'on n'est qu'un acteur parmi tant d'autres mais on adopte des points de vue bien trop simplificateurs (notamment en balayant les rapports de force politique comme les divergences économiques mais aussi les évolutions techniques ou historiques, voire les dialectiques purement cognitives). Une action locale est l'inverse de ces rêveries.

    Si on était déjà dans un processus de négociation d'un nouveau système monétaire il serait certainement utile de peser d'un côté plutôt que l'autre mais ce serait très différent de ces pures abstractions comme le Bancor de Keynes qui prouve que même les plus grands esprits peuvent se fourvoyer dans des montages trop spéculatifs évoquant effectivement toutes sortes d'utopies sociales qui se veulent beaucoup trop logiques et abstraites, avec un point de vue trop unilatéral et artificiel qui ferait tout au plus un bon jeu de simulation, et encore ?

  15. Je ne trouve pas sain de rêver à un tel ordre parfait, en comptant sur un miracle improbable qui métamorphoserait notre bas monde en royaume céleste.

    Tout dépend du plan sur lequel on se place. D'un point de vue poétique, je crois que c'est une nécessité et je crois même qu'y renoncer est se faire une violence, se violenter au-delà du nécessaire. Je crois d'ailleurs que l'apprentissage trop précoce d'une vision rationnelle du monde est une violence que nous infligeons à nos enfants, comme si on voulait les obliger de toute force à ne plus croire au père Noël alors qu'ils ne sont pas encore mûrs pour cela.

    Sur un plan pratique, politique, je ne peux qu'être en accord avec vous, ce qui n'empêche tout de même pas de songer à participer à l'avènement d'un monde meilleur nous semblant du domaine du possible, sans en attendre trop, ni trop tôt. Je ne crois pas que le bancor soit irréaliste, ni qu'il apporte le paradis sur terre. Trouver un moyen de morceler le système monétaire international en sous-systèmes connectés par une chambre de compensation me semble être un moyen d'obtenir une bien meilleure stabilité et quelques autres avantages économiques et politiques pour tous, sans pourtant interdire les folies genre Law ou autres, mais plus cantonnées à un niveau local.

  16. @Jean Zin : oui, le cycle relève bien d’une analyse pertinente de l’activité humaine (enthousiasme, emballement, crise puis découragement). Au cas d’espèce, nous avons atteint la phase de l’excès d’endettement (quels qu’en soient les motifs ou les responsabilités) et la situation de crise est appelée à se poursuivre tant que perdure le refus d’admettre qu’une large part des dettes ne peut être remboursée. Ce qui finira pourtant par se produire, évidemment. Voilà pourquoi les « prophètes de malheur » ont toujours raison, comme la montre arrêtée qui donne l’heure exacte plus souvent que vous ne le dites : deux fois par jour. Les économistes facétieux ont théorise le phénomène avec la « loi du maximum de vexation » : en politique ou en économie, ce sont toujours les hypothèses les plus désagréables qui finissent par se produire. Ou en d’autres termes : la tartine tombe toujours du côté de la confiture…:)

  17. Il faudrait vous mettre à l'heure des horloges actuelles qui sont désormais digitales et en mode 24h la plupart du temps, une montre arrêtée ne marquant plus l'heure exacte qu'une seule fois par jour !

    Je ne cautionne pas non plus la loi de l'emmerdement maximum qui n'est pas une loi, juste de mauvais moments à passer. Je crois même que la finance démontre le contraire, malgré de terribles crises, l'investissement dans le futur se révèle rentable, tout ne va donc pas si mal. Mais, oui, il faut revenir au réel quand on s'est emballé. Toutes les utopies se payent d'une dépression programmée. Ce n'est pas une question de chance ou de malchance mais bien une loi comparable à la loi de gravitation qui empêche les arbres de monter jusqu'au ciel et nous font lourdement retomber sur terre, aucun hasard là-dedans.

    Si je prends ici le parti des prophètes de malheur qui prédisent qu'une dette irremboursable ne sera pas remboursée intégralement, je ne suis pas aussi défaitiste pour la suite qui relève d'un nouveau cycle de Kondratieff de croissance et d'inflation, dont il faut se préoccuper du caractère écologiquement soutenable cette fois. La question est plutôt de passer par le pire pour avoir le meilleur, d'admettre sa défaite, de prendre sa perte comme dit DSK, d'abandonner ses anciennes illusions mais je ne crois pas à une fin définitive. Si les cycles permettent de prévoir le prochain krach et le retour des révolutions, ils nous assurent aussi que la reprise ne devrait pas trop tarder à revenir.

    En fait, dès qu'on ne raisonne pas par cycles, on reste dans la courte vue d'une histoire subie qui nous secoue sévèrement alors qu'en pariant sur son caractère au moins en partie cyclique on a une meilleure chance de se projeter dans l'avenir et d'accéder à une histoire conçue cette fois, intégrant le long terme sans juste prolonger les courbes. Outre que les cycles sont toujours contestables (et réfutés par l'église depuis Augustin), d'autant plus difficilement détectables qu'on en est partie prenante, ce qui rend inopérant leur reconnaissance, c'est le délai qui nous paraît considérable, pour nous autres petits hommes, avec lequel leurs conséquences se font sentir. On se trouve ainsi régulièrement comme les personnages de dessin animée qui continuent sur leur lancée à courir si longtemps au-dessus du vide qu'on en vient à se persuader que la gravité ne s'applique plus à nous. En tout cas, impossible de résister trop longtemps à des gains faciles, ceux qui ne cèdent pas à la folie ambiante étant vite balayés par la vague.

  18. @Michel MARTIN : Certes, le Bancor n'a rien d'une société idéale, mais il en a l'artificialité, et me semble beaucoup plus utopique que la taxe Tobin. Toute monnaie doit être basée sur un rapport de force (souveraine) reflétant la force de son économie. Le point sur lequel Paul Jorion a raison, c'est de réévaluer les rapports de force dans la fixation des prix mais il devrait en tenir compte dans la fixation du cours des monnaies.

    On peut certes rêver à un monde meilleur mais je ne suis pas sûr que rêver de la monnaie soit ce qu'on peut faire de mieux comme rêve, d'autant que ce qu'on rêve est beaucoup moins désirable que ce qu'on imagine. On peut faire de l'étalon monétaire mondial un objet d'études mais , tant qu'à faire, autant rêver de gratuité totale, ce qui est aussi inopérant mais plus exaltant bien qu'aussi peu désirable en réalité (ceux qui prétendent désobéir à l'argent nous promettent un monde totalitaire assez effrayant). Il y a bien d'autres rêves à faire et je vois dans ce genre de rêves plutôt la position paranoïaque de croire pouvoir être l'auteur d'un monde dont on n'est qu'un acteur.

    Certes tout cela est dû au fait qu'on parle, c'est le langage qui fait qu'on se raconte des histoires et qui nous met en position d'auteur, position éminemment paranoïaque. Je n'y échappe pas plus qu'un autre, il faut juste en être conscient et ne pas trop y mêler la politique au lieu d'en rajouter dans ce sens (comme Morin et Viveret par exemple mais les Islamistes tout autant bien qu'évidemment incompatibles). Dans la politique comme en toute pratique il ne faut surtout pas prendre ses désirs pour la réalité mais seulement tirer parti des potentialités du moment. Le monde nous change plus qu'on le change, nous ne sommes pas en position d'en décider, mieux vaut rester à hauteur d'hommes où nous pouvons changer notre monde, agir local tout en se préoccupant des conséquences globales, ce qui est tout autre chose. J'ai toujours préféré aux romans à l'eau de rose la poésie qui dit la vérité comme celle de Rimbaud.

  19. On ne sait ce que serait une réfutation "satisfaisante" d'une illusion que tout dément. En 1929 aussi Staline était persuadé que le capitalisme avait atteint sa limite interne (à cause de la baisse tendancielle du taux de profit) et d'ailleurs les théoriciens de la valeur prétendent que tout ce qui a suivi était déjà une suite illégitime. Il faut une sacré dose de dogmatisme pour croire le contraire de la réalité d'un développement sans précédent qui est encore devant nous avec le développement de la Chine, de l'Inde, du Brésil au moins qui seront plus limités par les questions écologiques que par une quelconque "limite interne" imaginaire.

    Le dernier texte de Gorz disait lui aussi que "la sortie du capitalisme avait déjà commencé" mais si son caractère de testament explique une certaine précipitation, je peux être d'accord à condition de dire que cette sortie prendra beaucoup de temps. Il y a certes une certaine incompatibilité entre le numérique et le capitalisme mais il reste au capitalisme beaucoup à produire encore. Il y a sans doute une plus grande incompatibilité encore entre une industrie complètement automatisée et la dynamique du capitalisme mais on n'y est vraiment pas encore et tant qu'on pourra augmenter la productivité, le capitalisme offrira les meilleurs salaires, or la productivité n'a jamais autant augmentée que ces dernières années. La loi de la valeur et du profit n'est pas plus obsolète que l'industrie même si au dehors elle perd son hégémonie. Plutôt que se monter la tête, il faut regarder la réalité des centaines de millions qui rejoignent le salariat industriel, même si on connaît la désindustrialisation chez nous.

  20. "Le capitalisme n'est pas l’éternel retour cyclique du même, mais un processus historique dynamique. Chaque grande crise se produit à un niveau d'accumulation et de productivité supérieur à celui du passé. C'est pourquoi la question de savoir si la crise peut-être maitrisée ou non se pose chaque fois d'une manière nouvelle.Certains mécanismes de solution perdent leur validité. Les crises du XIX° siècles ont pu être surmontées car le capitalisme ne s'était pas encore emparé de toute la reproduction sociale. Un espace intérieur restait disponible pour le développement industriel. La crise économique des années 1930 fut une rupture structurelle à un niveau d'industrialisation beaucoup plus élevé. Elle put être surmontée grâce aux nouvelles industries fordistes et à la régulation keynésienne dont les économies de guerre de la 2° guerre mondiale ont été le prototype. Quand, dans les années 1970 , l'accumulation fordiste à atteint ses limites, le keynésianisme a débouché sur une politique inflationniste fondé sur le crédit d'état. Mais ce que l'on a appelé la "révolution néo-libérale" a simplement déplacé le problème du crédit d'état vers les marchés financiers.Tout cela s'est produit sur fond d'une nouvelle rupture structurelle dans le développement capitaliste, marquée par la troisième révolution industrielle (la microélectronique). A ce niveau de productivité qualitativement nouveau, il était devenu impossible de créer l'espace nécessaire à une accumulation réelle. Pendant plus de 20 ans, il s'est donc développé, sur la base de l'endettement et de bulle financière sans substance, une conjoncture globale de déficit qui ne pouvait être viable à long terme. Toute l'ère néolibérale de la dérégulation s'est accompagnée d'une succession inédite de crises financières et d'endettement. Tant que ces crises sont restées sont restées limitées a certaines régions du monde ou à des secteurs particuliers, il fut possible de les endiguer grâce à un flot de liquidité émis par les banques centrales. Mais ainsi, on a seulement créé les bases de la culmination du processus de crise. Depuis l'automne 2008, la crise engendrée par la troisième révolution industrielle a pris une dimension globale. L'éclatement des bulles financières a fait apparaitre au grand jour le manque d'accumulation réelle. Le nouveau keynésianisme de crise ne fait que re-déplacer le problème des marchés financier vers le crédit d'état, quoiqu'à un niveau beaucoup plus élevé qu'au cours des années 70. Pas plus qu'alors, l’État n'est en mesure de subventionner durablement le manque d'accumulation réelle. La crise des crédits d'état remplace la crise financière-la Grèce n'étant que la partie émergée de l'iceberg. Le redéplacement du problème vers l'état ( une solution nécessairement sans imagination) montre qu'il n'existe aujourd'hui aucun nouveau mécanisme permettant de résoudre la crise au niveau de productivité atteint."

    ROBERT KURZ (vies et mort du capitalisme)

  21. Je suis d'accord avec une monnaie locale, parce que le cout de production n'ai profitable que par différentiel.
    Produit qui ce retrouve sur le même marché ! chez moi chez vous !
    Impossible de concurrencé des esclaves ou le qui dit mieux mondiale..!
    Conclusion pour qu'une monnaie s'impose le cout des matières premières et de productions doivent êtres harmonisées ce qui n'ai déjà pas le cas en Europe donc pour le monde ce serra bien plus tard..
    La réciprocité et le commerce équitable seront les bases solides du nouveau monde..après de gros grincements...

  22. @signé ndh : Il ne suffit pas de faire du story telling à sa sauce pour être crédible. Cette histoire est complètement imaginaire, ou en tout cas bien trop partielle et me rappelle les histoires qu'on racontait lors de la bulle internet pour nous assurer que rien ne serait plus comme avant. A la demande de rezo.net j'avais dû faire une mise au point pour montrer à la fois que le numérique était effectivement une nouvelle économie mais que cela ne remettait pas en cause les bases de la comptabilité ! La crise des années 1970 (due en grande partie à une augmentation trop importante des salaires) n'a rien à voir avec celle de 1929 qui par contre ressemble presque exactement à la nôtre avec un krach de la dette comparable (bien qu'à un niveau moindre). Ce qui nous arrive n'est pas si nouveau et il est très comique de prétendre qu'il n'y aurait plus d'espace pour un développement industriel alors que cet espace n'a jamais été aussi grand puisque c'est celui des pays les plus peuplés (et très largement) et qu'il n'y a jamais eu autant de très riches, l'accumulation du capital en Chine notamment étant un des éléments de la crise (avec bien sûr la dette américaine et une croissance effectivement largement artificielle basée sur une espèce de cavalerie appuyée sur l'inflation des actifs, ce qui n'empêche pas la réalité du développement des pays émergents et les gains considérables de productivité).

    C'est donc vraiment un point de vue occidentalo-centré. Il est certain que les USA vont avoir du mal à retrouver leur splendeur d'antan et qu'il doit y avoir un krach des dettes mais rien qui empêche ensuite le capitalisme de repartir encore plus fort qu'avant. Les occasions de faire de l'argent ne sont pas près de manquer. Certes, il n'y a pas de solution de continuité et il y aura une redistribution des rôles mais contrairement à une dictature politique, il ne suffit pas de couper la tête pour sortir de la dictature des marchés qui sera d'autant plus implacable qu'on sera en crise et qu'on manquera de tout.

    En fait, je ne comprends pas qu'on écrive de telles bêtises comme les marxistes en ont toujours produites et qui sont de l'ordre du whisful thinking et des prophéties pas du tout auto-réalisatrices comme l'espèreraient ces grands théoriciens du grand soir qui confondent les temporalités et les types d'effondrement, exagérant les contradictions jusqu'à les absolutiser, ce qui est le contraire de la dialectique, ne reconnaissant aucune vérité à la partie adverse (monde officiel réduit à la pure illusion genre Matrix) comme si un des côtés devait disparaître pour laisser le règne d'une raison triomphante ne rencontrant plus d'obstacle un peu comme l'oiseau de Kant dont le vol ne serait plus ralenti par la résistance de l'air...

    Ceci dit, on est à 2 doigts du big one avec les Américains, là on devrait voir l'ampleur du problème, pas la fin du capitalisme !

  23. @Jean Zin :
    Susan Georges citait ce matin le travail de systémiciens "the network of global corporate control" dans lequel ils disent démontrer que 50 firmes transnationales (dont 45 banques) forment le coeur du risque systémique actuel. Qu'une seule d'entre elle chute et le risque d'embolie économique mondial devient très grand. C'est bien contre cette globalité qui comporte des éléments spécifiques aux réseaux modernes que le dispositif du Bancor (encore!-) entend tenter de s'opposer en morcelant le mamouth économique, disons en éléphants. Ce plan me semble "écologiquement" bon pour la diversité et la stabilité économique globale.

    Chacun de nous n'est qu'une goutte dans un océan, mais à la différence des gouttes d'eau, nous sommes polarisables par le biais de la parole et cette faculté constitue en elle-même une réalité.

  24. J'avais donné le graphe au début de la dernière revue des sciences et je suis bien d'accord sur le fait que la globalisation aggrave les risques systémiques mais par contre, même si je suis pour plus de protectionnisme et surtout de relocalisation, je ne suis pas sûr qu'on puisse vraiment lutter contre l'entropie humaine sans mesures barbares. Je ne sais pas trop comment on peut faire, une certaine régionalisation par continent (ou sous-continent) pourrait apporter une plus grande inertie au système mais cela m'étonnerait beaucoup que ce soit par le mécanisme du Bancor.

    Je ne crois pas au mythe du colibri qui éteint le feu de forêt et ce n'est pas une question de contamination des idées mais plutôt de justesse. Il n'est pas interdit de s'intéresser à la question de l'étalon monétaire mondial mais alors, j’encouragerais à travailler la question un peu plus, d'y réintroduire l'état des négociations et des rapports de force au moins mais surtout examiner sa résistance aux inévitables crises et destructions créatrices périodiques.

  25. Il y a des graphiques intéressants sur la dette :
    http://contreinfo.info/article.php3...

    On peut voir aussi l’intrication des dettes entre pays :
    http://www.bbc.co.uk/news/business-...

    Plusieurs économistes nous promettent dès lors plus de 10 ans de récession, un peu comme le Japon en 1987, mais il me semble que cela suppose qu'on évite l'accident alors que le fait que le poids de la dette soit insupportable pour l'Europe comme pour les USA laisse présager une crise systémique de grande ampleur avec refondation du système monétaire et financier.

    Jamais, depuis le début de la crise, on n'a été en si mauvaise posture avec l'Europe et les USA confrontés en même temps à leurs impasses.

  26. @Jean Zin :

    La Chine n'apparaît pas dans la seconde référence qui présente qui doit combien à qui?

    ..crise systémique de grande ampleur avec refondation du système monétaire et financier.
    Comment le refonder?
    Nouvelle monnaie de réserve? non, on ne va pas recommencer avec le paradoxe de Triffin.
    Panier de devises?bof.
    Monnaie internationale de Schmitt ou autre? Non, suppose un gouvernement mondial.
    Bancor+chambre de compensation? Tant que je n'ai pas trouvé d'argument contre, l'option qui me semble la meilleure, sans doute peu probable.

  27. Il n'y a effectivement que les pays occidentaux débiteurs dans le graphique de l'imbrication des dettes, c'est juste pour montrer qu'on ne peut dissocier les dettes des pays développés qui sont loin d'être isolés les uns des autres.

    Ce qui risque de se faire, c'est plutôt le projet du FMI qui n'a rien à voir avec Keynes :
    http://www.imf.org/external/np/pp/e...

    Le FMI deviendrait le débiteur d’un BANCOR reposant sur un panier de monnaie, dont le dollar, le Yuan, l’Euro et peut-être pour un petit bout, la Livre Sterling et le Yen.

    Le FMI, deviendrait au niveau mondial, ce que la BCE est devenu au niveau Européen. Le BANCOR remplaçant les DTS, comme l’Euro en vint à se substituer à l’ECU.

    Ils espèrent en faire une véritable monnaie en complément des monnaies nationales, ce qui me semble dangereux, limiter le Bancor aux dettes entre banques serait plus raisonnable mais difficile, de toutes façons, c'est la pression des faits qui va décider...

  28. @Jean Zin :
    Figure 1: Si j'ai bien compris, l'objectif long terme est une monnaie globale. Ce qui ne freinera ni la sur-concentration ni les dettes. Ce qui n'aidera pas les pays à mener des politiques monétaires souveraines différenciées en fonction des situations...bof, pas terrible cette direction.

    Je suis bien d'accord qu'on ne peut s'opposer à la pression des faits (limites du volontarisme), mais que la même pression peut conduire à plusieurs orientations. C'est bien ce qui se passe dans nos choix quotidiens, la pression des faits ne nous dit pas tout de nos choix. Sur la ligne de partage des eaux, il y a bien peu de distance entre une goutte d'eau qui ira à l'Océan de celle qui ira à la méditerranée.

  29. L'avantage c'est qu'on est là dans le réel de ce qui risque de se faire, alors qu'il n'y a aucune force qui soutient un système calqué sur celui de Keynes qui exigerait pourtant une gouvernance mondiale très forte, plus que dans l'Europe actuelle mais avec autant de dogmatisme ! Dans le projet du FMI, ce qui remplace les "chambres de compensation", ce sont des pénalités (sans doutes inapplicables comme on l'a vu en Europe puisqu'aggravant la situation d'un pays déjà en difficulté).

    Encore une fois, dire que ce serait nécessaire de découpler les économies ne veut pas dire que ce serait possible. Je ne suis pas pour une monnaie mondiale mais elle risque de se faire quand même. Ce sont les Chinois qui y ont le plus intérêt pour perdre le moins possible sur les dettes en dollar mais ce qui pousse dans ce sens, c'est surtout l'intensification des échanges. Pas si facile de démondialiser à l'heure d'internet et il ne suffit pas de vouloir différencier les monnaies, il faudrait démondialiser les dettes, ce qui est impossible dès lors qu'on a besoin d'emprunter. Malgré tous ses désagrément pour nous, j'ai bien peur qu'on ne puisse contrer cette tendance entropique exigeant une égalisation des pays ; avant une égalisation des conditions plus tard ?

    Ce pourquoi je ne m'engage pas sur le sujet d'une monnaie mondiale, c'est non seulement que je répète qu'on n'a aucune prise là-dessus dans l'immédiat mais surtout que je suis persuadé qu'on choisira une mauvaise solution qui ne sera corrigée qu'au fur et à mesure des crises qu'elle produira. il me semble que la situation européenne et les zigzags de Merkel montrent que les gouvernants dirigent moins l'économie qu'elle ne les force à ce qu'ils refusaient la veille. On n'est pas maître du devenir et pas assez intelligents pour y prétendre. De plus je dénonce l'illusion que les questions monétaires et financières soient ici la cause qu'il suffirait de corriger pour supprimer les crises qui ont des raisons plus profondes. Le seul intérêt, c'est de savoir comment on va effacer les dettes, par quel mécanisme notamment monétaire et qui n'aura rien d'idéal.

    Plutôt que de prendre l'histoire de haut et surévaluer nos capacités j'insiste sur le fait qu'il faut rester dans la réalité locale, à hauteur d'hommes, pour attaquer la question à sa racine, dans la production et dans la contradiction des nouvelles forces productives avec les anciens rapports de production. On est là paradoxalement moins dans l'anecdote que dans les grands projets de réformes mondiales, même s'il est utile de travailler à l'ONU notamment et que les idées avancent effectivement au niveau mondial, d'autant plus avec le numérique. Paul Jorion a un rôle important dans les mesures d'interdiction des CDS nus par exemple mais c'est une exception et son influence sur ses autres marottes est beaucoup plus faible.

  30. @Jean Zin :
    Finalement, grâce à cette discussion, j'ai un peu avancé sur les enjeux de la réforme du système monétaire à venir et sur ce qui est du domaine du possible, compte tenu des rapports de force. Je ne ferais pas une dépression si le bancor n'est pas retenu!
    Pour le reste, je suis bien d'accord avec vous sur les mises en place locale, les réalisations concrètes et je tente de m'y employer à ma mesure.
    La question de la cohérence entre les décisions qu'on prend et le domaine sur lequel elles s'appliquent, ainsi que l'influence des décisions prises ailleurs sur le domaine en question (les perturbations) demeure pour moi un sujet très largement ouvert. Pouvoir dire ce qu'on fait et faire ce qu'on dit n'est pas si simple.

  31. merci pour cet article comme toujours très éclairant . il faut effectivement se persuader de l'existance de cycles du capitalisme ou cycle de kondratief . c'est le point crucial , car personne n'y croit plus hélas , preuve de la dissolution de toutes les pensées officielle . le temps à sans doute deux dimension , la flèche et le cycle , temps du progrès , cumulatif que l'on arraite jamais vraiment , et temps du cycle et nous en somme comme en 1934 par certain côté avec les NTIC(E) en plus , c'est peut être les réseaux numériques qui nous sauveront . la bise depuis couze , où les coqs chantent par dessus les bouzes . ! wwesh le frero qu'a le feu sacré des causses du lot !! de couze à corn !! un gars trop hors format trop énorme !!! mes amitiés !!

  32. Ce qui est navrant à l'extrême, c'est de constater que visiblement aucun de tous nos distingués "macro-économistes" n'ont jamais dressé de leur vie "des comptes consolidés" de groupe. Pourtant, en utilisant ce calcul, tout devient clair dans la gestion d'un pays, d'une zone monétaire, de l'union européenne. Pour revenir à la question de la montée des taux et de l'explosion finale de certaines dettes souveraines:
    - Personne n'a jamais obligé des souverains à emprunter pour financer des guerres, mais des banquiers ont déjà refusé des prêts à des souverains pour des guerres ruineuses. Ce qui a obligé à revoir les ambitions. Je trouve que les taux demandés pour des pays comme la Grèce, le Portugal, ou l'Italie et bientôt la France sont idiotement trop faibles. Il faut empêcher par des taux assassins à ces pays le revolving, le roll-up. Et obliger ces pays à assumer leurs dettes par une révision complète de leurs politiques en commençant par des cessions drastiques d'actifs souverains. Quand lza France aura vendu Versailles ou l'arc de triomphe à des capitaux chinois ou allemands, les français comprendront peut être (mais ce n'est pas certain) qu'un pays comme une ménagère vit ses dépenses courantes avec ses ressources et non pas avec des emprunts.....Toute la classe politique et tous les économistes devraient obligatoirement tenir une fois dans leur vie une comptabilité d'épicerie de quartier
    -Des générations ont épargné pour que les états ou des églises deviennent propriétaires d'énormes réserves artistiques ou foncières. Si une génération dilapide le patrimoine familial, c'est fort regrettable.....mais les générations suivantes n'ont pas à payer un coût d'emprunt excessif pour garder ces "bijoux de famille" qui conduisent à perpétuer un standing de vie sans rapport avec le travail fourni !
    Le président de la banque chinoise l'a bien expliqué: la France et les autres pays d'Europe concernés doivent commencer par éradiquer la "paresse ambiante" du pays.

  33. Les Chinois effectivement trouvent que nos protections sociales sont trop désincitatives, ils ont le zèle des nouveaux convertis au libéralisme le plus débridé mais c'est aussi qu'il ont une grande pauvreté et besoin de beaucoup de travail.

    C'est une hypothèse de sortie de crise de vendre tous nos actifs aux Chinois et de réduire toutes les prestations sociales au minimum, nous retrouvant comme un peuple vaincu soumis et devant payer tribu au nouvel empire. Ce n'est pas exclu, il faudra sans doute se battre pour l'éviter mais ce n'est quand même pas le plus probable d'abord parce que la Chine elle-même n'est pas à l'abri, trop imbriquée dans l'économie mondiale et parce que les rapports de force ne sont pas encore en sa faveur. Ensuite, c'est un point de vue qui ne tient pas compte de notre entrée dans l'ère du numérique, pas plus que des différences de productivité qui sont encore considérables. Il est quand même plus probable que la Chine renforce au contraire ses protections sociales et son marché intérieur. Le caractère global de la crise, au moins pour les économies développées, suggère qu'il faudra prendre d'autres mesures, notamment des annulations de dette si ce n'est une hyperinflation mais, bien sûr, je ne suis pas devin et tout peut arriver. Pour l'instant où même l'Allemagne découvre des problèmes de financement, on s'oriente sur le fédéralisme européen et la renégociation du crédit revolving en dettes européennes à long terme mais si les USA paniquent avant, tous ces plans seront vite obsolètes. Le timing est très important. Ainsi la guerre de 14 aurait pu se terminer en 1916 et il n'y aurait eu ni la révolution de 1917 ni la revanche nazi. Plus ça dure, plus c'est dangereux... (et justement, ce qui trompe les économistes, c'est que des "lois économiques" de base semblent ne pas s'appliquer pendant un temps trop important pour qu'on ne soit amené à remettre en cause que ce soient des lois. Ainsi les injections de milliards de dollars n'ont pas encore produit d'inflation et on prétend que cela n'a rien d'automatique alors que ce n'est que retardé!).

  34. "Ainsi la guerre de 14 aurait pu se terminer en 1916 et il n'y aurait eu ni la révolution de 1917 ni la revanche nazi."

    C'est parfaitement exact qu'à la fin de 1916 les alliés avaient perdu la guerre de 14-18 et que l'Allemagne de Guillaume II avait gagné cette guerre. D'ailleurs au printemps 18 les allemands sont à 80 km de Paris.
    Ce que les livres d'histoires ne diront jamais: Par le Danemark, puis par bateau, un homme s'est rendu fin 16 ou début 17 en Ecosse avec un sauf-conduit britannique comme représentant de tous les banquiers de l'axe; le banquier allemand Warburg. Il joue gros: il va discuter avec les banquiers anglo-saxons (notamment sir Montagu, mais aucun français dont la réputation de non sérieux est notoire) du remboursement des prêts bancaires aux gouvernements en cas de victoire allemande..... Mais il revient avec un projet totalement différent: Gagner encore plus d'argent avec l'aide des banquiers US (et oui Goldmann Sachs et Lehmann sont de la partie) si l'Amérique entre en guerre pour faire basculer la victoire dans l'autre camps. C'est un US Warburg cousin du banquier allemand Warburg qui est chef des services secrets US et qui va oeuvrer avec la pègre et les journaux US pour modifier l'opinion américaine......et ainsi par centaines de milliers, les boys US vont mourir dès la fin 17 pour que l'Angleterre et la France ruinées gagnent la guerre de 14-18.
    Le banquier allemand Warburg obtiendra en rémunération un % sur les dommages de guerre (qui étaient évalués à un montant kolossal) à payer aux alliés.....et la déclaration Balfour !
    Il a été signé par les banquiers et le foreign office réunis en Ecosse un accord soigneusement tenu secret mais qui finira bien par sortir un jour. Hindenbourg a eu par la suite connaissance de cet accord quand il fut évoqué dans les négociations du règlement des dommages de guerre. Certains responsables de Weimar ont eu également accès à cet accord avec engagement de secret absolu.
    Simple question naïve: avez vous vu quiconque publier un ouvrage documenté et sérieux sur les aspects purement financiers et bancaires de la "grande guerre " ? A votre avis pourquoi ?

  35. Outre la vente des bijoux de famille pour réduire la dette, il y aurait aussi de quoi faire dans la réduction du nombre pléthorique de députés et sénateurs, sans compter le traitement princier des parlementaires et autres technocrates européens.

    Sinon, je n'ai pas bien compris en quoi Jorion justifiait l’inexistence de cycles économiques. Peut être pense t il qu'il y a moyen de les supprimer...

  36. Les traitements outranciers des députés sont une forme de corruption qui les rend dépendants et complices des puissances d'argent et des richesses imméritées, accentuant la séparation des élus avec leurs électeurs, mais ce n'est pas ça qui suffira à nous sauver, une goutte d'eau...

    Paul Jorion a expliqué plusieurs fois qu'il ne croyait pas aux cycles, qu'il ne voyait rien de cyclique dans les chiffres réels, que ce n'étaient que des artefacts mathématiques (et effectivement, la fluctuation quotidienne est erratique, ou plutôt fractale, les cycles ne sont pas manifestes et n'apparaissent que dans des moyennes, par idéalisation, leur durée étant elle-même variable). Il faut dire qu'il a des cycles une notion trop proche de l'astrologie ou de la physique. Il croit en plus qu'il y a des bifurcations et qu'on pourrait revenir en arrière pour reprendre les choses sur de meilleures bases. S'il croyait aux cycles, la bifurcation ne serait qu'une inversion cyclique mais surtout, comme les marxistes qui refusent les cycles, il refuse d'admettre que ce ne soit pas la fin tant attendue du capitalisme. Pourtant Marx a été un des premiers à constater le caractère cyclique des surchauffes et récessions du capitalisme industriel. Je le cite pas mal dans "les cycles du capital".

    Au fond, Paul Jorion ne croit pas à une causalité globale comme celle des cycles économiques, ne s'attachant qu'aux mécanismes concrets qui ont apporté la crise (que ce soient les algorithmes informatiques ou les montages financiers) alors qu'ils ne sont pour moi qu'un symptôme d'une causalité plus sociologique (ou cognitive), d'un emballement qui a pris cette fois de nouvelles formes mais qui est assez ordinaire. On ne comprend pas avec son analyse pourquoi la dette devient soudain insoutenable de façon aussi généralisée, alors qu'on comprend très bien qu'une période euphorique mène à faire n'importe quoi (et surtout de vivre sur l'inflation des actifs en croyant que les arbres montent jusqu'au ciel, mais tant qu'on gagne...). La cause particulière est toujours spécifique à l'époque mais la logique des bulles financières reste la même et c'est quand la pyramide s'écroule qu'on voit à quel point c'était de l'arnaque.

  37. @ALBIN : Les banquiers ne sont qu'un élément parmi d'autres dans les guerres où ils défendent leurs intérêt mais ne sont pas les seuls. Il ne faut pas exagérer leur poids même s'il est grand. Il y a des complots, c'est certain, mais il y en a plusieurs et ce ne sont pas toujours les mêmes qui gagnent ! Reste que l'histoire des banques dans les guerres est sûrement à faire quoiqu'il me semble qu'il existe déjà des ouvrages sur le sujet, mais que je n'ai pas lus.

    En tout cas je parlais de tout autre chose puisque c'était de l'offre de paix faite en 1916 par le nouveau souverain autrichien et refusé par Clémenceau de façon assez scandaleuse.

  38. Les analyses du GEAB sont toujours intéressantes même s'ils annoncent toujours pour le prochain trimestre un effondrement, notamment du dollar, qui tarde à se produire, sous-estimant la réactivité des Etats. Dans leur dernier bulletin ils ne dérogent pas à la règle, prévoyant notamment de nouvelles destructions de dettes, mais le point nouveau et le plus contestable me semble-t-il, c'est qu'ils prévoient une déconnexion des zones monétaires Dollar, Euro et Yuan.

  39. @Jean Zin :

    Effectivement il s'agit de pseudo cycles, irréguliers sur leur période, comme tout signal peut être mis sous forme pseudo cyclique.

    Toujours est il que même en supprimant les paris sur les positions nues, il y aura toujours spéculation sur l'avenir et des bulles d'investissement comme celles sur les technos internet récemment, et prochainement on verra aussi des bulles sur les technos renouvelables.

    Car quoiqu'on fasse, quelques soient les mécanismes financiers, il y a toujours un décalage entre les engouements, les promesses et ce qui arrive.

  40. Olaf @
    "Car quoiqu'on fasse, quelques soient les mécanismes financiers, il y a toujours un décalage entre les engouements, les promesses et ce qui arrive."

    Je me permets de renchérir: Et c'est humain qu'il y ait des engouements, des promesses non tenues et parfois des espérances réalisées. Imaginons un instant un monde sans émotions humaines de ce type: La sérénité partout, tout le monde Zen, les désirs de possession éradiqués ! un monde de sainteté et de pureté morale partout.
    Expliquez moi comment on fixerait les prix ou les valeurs d'échange des biens sans le désir et pour commencer comment on arriverait à produire ?

  41. Pour le coup, je rejoindrais la psychanalyse, nous sommes baignés dans des effets de langage. On se trompe, bien entendu, en permanence, quitte à parfois ne pas se tromper, sur un mal entendu.

    Le Zen semble préconiser un accompagnement des illusions, pas un monde pur qui est illusoire, le Tchan de même.

  42. Heureusement, en effet, qu'on n'est pas omniscients, qu'on se trompe, qu'on s'emballe, qu'on a des émotions, qu'on n'est pas "détaché" de tout mais si l'expression rester zen, tout comme "rester philosophe", fait allusion à la supposée ataraxie du sage pourtant si contestable et peu désirable, le Tchan chinois au moins n'est pas de ce côté étant plutôt du côté du rire et du vécu dans son intensité émotionnelle tout autant.

    Il y aura donc toujours des crises, les réformes financières pour utiles qu'elles soient n'étant que des garde-fous mais il est étrange de prétendre qu'on ne pourrait fixer un prix sans sa dimension émotionnelle comme si on n'avait aucun besoin matériel. De même la "valeur d'échange" pour pouvoir s'échanger et pas seulement s'acheter ou se consommer, doit avoir une base objective, ce qu'on appelle la "valeur travail" mais qui est aussi le "coût marginal", coût de "reproduction" qui fait la valeur d'échange qui n'est pas le prix fluctuant effectivement avec la demande et les rapports de force.

  43. Jean Zin @
    Effectivement, l'expérience de la fixation des prix sans la dimension émotionnelle a plusieurs fois été tentée. A grande échelle, cela a été mis en pratique par le système communiste. On a même enseigné à des milliers de comptables communistes comment calculer un prix de vente.Il faut même ajouter que les allemands ont été les inovateurs en matière d'analyse des coûts. D'ailleurs on a appelé chez nous " comptabilité analytique" cette façon d'analyser. L'objectif allemand était double: objectiver les prix et ensuite neutraliser la spéculation. Les nazis ont récupéré la méthode pour "traire la vache" des pays occupés.
    Il y a d'autres tentatives; telles que le SEL, etc...
    Il a été constaté que sans la dimension émotive, la fixation du prix ne peut pas fonctionner.
    Le prix, c'est donc de l'émotion, l'émotion c'est une forme de consommation d'énergie. Par exemple la colère est l'une des émotions qui consomme une grande quantité d'énergie psychique. Expliquez pourquoi une période d'abattement succède à la colère violente......Le bouddhisme et en gros toutes les civilisations asiatiques ont étudié cette question de la consommation énergétique du mental et des émotions à travers des organes non matérialisés (chakras) pour imaginer une énergie qui n'est pas liée à la matière physique mais qui est de nature vibratoire: le prana.
    Personnellement j'estime que définir le prix comme une valeur d'échange ou d'utilité n'est pas physiquement une démonstration, tant il y a des preuves contraires: comme les marchés libres dans les pays communistes.

  44. Je reviens du Maroc, et là le prix, pour un occidental, devient une notion très floue. Ne pas négocier le prix devient une impolitesse. Le coup de cœur est sans cesse évoqué par le vendeur pour écouler sa marchandise, vieille ficelle de marchand bédouin ?

    Sans doute que la pauvreté ambiante y fait, 30% de chomdu, mais un européen ne peut pas faire 2 pas sans qu'on lui demande et vende quelque chose.

    Rien de tel qu'un pays pauvre pour se rendre compte de l'omniprésence de l'argent, jusqu'à la suffocation.

    C'était la première fois que je me baladais dans un souk, c'est surprenant.

    Le parti islamiste vient d'y remporter les élections, pas de quoi être surpris dans un pays où la corruption est institutionnalisée. Le roi Mohammed VI contrôle la majorité des grosses sociétés ainsi que la vente et les licences de bars et restaurants concernant l'alcool.

    Ironie de l'histoire, les contrôles routiers d'alcoolémie n'existaient pas jusqu'à récemment, islam oblige, mais ils se sont rendu compte que malgré tout, certains musulmans roulaient bourrés. D'où contrôles maintenant. Ça ne les empêche pas de rouler majoritairement en mobylette, et sans casque...à 3 sur l'engin.

  45. Plus l'argent manque, plus on ne fait qu'en chercher. Le marchandage est la préservation des rapports humains dans les rapports entre choses, ce qu'on prend pour de l'arnaque ou du moins pour un prix à la tête du client, n'est qu'un refus d'oublier qu'on parle à quelqu'un. Dès que le prix n'est plus qu'une étiquette, une machine peut remplacer le vendeur.

    On a toujours tort de faire des jugements trop généraux alors qu'il faut au contraire bien différencier les situations et le mode de fixation des prix qui n'est pas le même dans les supermarchés, le souk ou les pêcheries. La "valeur d'échange" ne s’applique qu'exceptionnellement au consommateur final qui n'est pas le seul acteur des marchés, loin de là, une bonne partie étant le marché professionnel, B2B, où ce sont des entreprises, des personnes morales sans aucune émotion, qui passent les marchés. C'est uniquement dans les stocks de produits industriels qu'on a une valeur d'échange, nécessité de conserver la valeur, bien qu'elle s'use inévitablement (se déprécie). Ce n'est pas ce qu'on connait comme consommateur mais la logique du capitalisme se situe dans les relations entre industries et grossistes plus que dans le prix final qui peut se déconnecter ponctuellement des coûts réels en jouant notamment sur l'image, la marque et la publicité. L'émotion n'intervient qu'au niveau du consommateur final et n'est pas déterminante sur le long terme, car, je le répète, il ne faut pas distinguer seulement selon les marchés ou les domaines mais aussi selon les temporalités, tout comme les plus adaptés à un environnement ne sont pas ceux qui survivent au changement d'environnement, ce n'est pas la force brute qui gagne à la fin, ni l'émotion, donc, mais la reproductibilité, la viabilité, les processus matériels et il y a effectivement des modes de fixation des prix qui ne sont pas efficients et mènent à la ruine mutuelle.

  46. "Le marchandage est la préservation des rapports humains dans les rapports entre choses, ce qu'on prend pour de l'arnaque ou du moins pour un prix à la tête du client, n'est qu'un refus d'oublier qu'on parle à quelqu'un. Dès que le prix n'est plus qu'une étiquette, une machine peut remplacer le vendeur."

    Le marchandage souk pour un occidental c'est en fait très balisé, comme une étiquette, le type dit X, on sait à peu près que ça vaut X/2 la plupart du temps. Le truc c'est juste de dire non et d'aller 20 mètres plus loin, et le vendeur dit ok pour X/2.

    En revanche un prix étiquette n'évite nullement au vendeur d'avoir à convaincre, émotion, crédit, quantité, garantie etc... l'acheteur, qui étiquette ou pas n'est pas obligé d'acheter.

    Donc dans tous les cas il y a marchandage.

  47. Il reste effectivement du marchandage pour les produits chers (voitures, maisons) ou pour les directeurs d'achat des entreprises mais pas dans le quotidien des courses. On ne peut comparer avec des touristes mais moi j'ai connu une époque où le marchandage était encore pratiqué en Italie et plus du tout en France. Quand ma grand-mère voulait marchander sur le marché en France, j'avais honte car elle se faisait rembarrer par tous les marchands pour qui c'était dévaloriser leur marchandise alors qu'en Italie, cela faisait partie du jeu, de l'ambiance et des rapports personnels (très codifiés effectivement). Lorsque je refusais de marchander, ce qui mettait dans un rapport de force que je déteste, les vendeurs italiens étaient vexés au contraire, ne sachant quoi faire et s'ils ne profitaient pas trop de ma jeunesse... Dans nos sociétés hypermodernes, on tend à supprimer ces "coûts de transaction" mais on renforce ainsi le caractère impersonnel de la marchandise. Par contre, on y gagne du coup plus d'universalité, moins à la tête du client. C'est le caractère démocratique de l'étiquette.

  48. En fait, je suis très mauvais en marchandage de marchandises, un reste judéo chrétien peut être, ça me gêne et ça m'ennuie, car je ne saisis pas les subtilités probables, manque de pratique. En revanche, mes salaires, plus ça va mieux je les négocie. De même concernant les accords au cours de mon travail, qui n'implique pas tellement de monnaie, même si il y a des prix et des budgets, mais c'est une négociation préparée via des documents dont je suis le metteur en scène principal, pas sur le vif d'une négociation orale et en partie improvisée, aspect cognitif. Il y a surtout de la coopération, des délais, des informations échangées aussi, surtout, ce qui se révèle le plus "juteux" en définitive. Rien du délit d'initié, juste des infos disponibles si on les cherche, dont on sait, ou pas, faire profit.

    Il y a en somme partout du marchandage, mais de divers types, par forcément comptabilisables précisément en monnaie trébuchante. Selon son activité quotidienne on sera habile, ou pas, dans tel ou tel type de négociation avec tel ou tel effet de levier, facteur d'échelle. Chacun son terrain...

    Même dans le domaine amoureux, ou en tous cas de la séduction on retrouve un peu de ça, quand bien même on se proclamerait de la plus grande sincérité désintéressée.

  49. Olaf @
    "En fait, je suis très mauvais en marchandage ....."
    Vous pourriez éventuellement aller plus loin que ce simple constat. Etre mauvais en marchandage n'est qu'un résultat d'autres facteurs mettant en action des centres émotionnels et une consommation d'énergie chez les 2 parties à la négociation.
    Etre performant en négociation, c'est savoir faire vibrer la fibre émotionnelle de la partie en face (et non pas adverse) en consommant le minimum d'énergie (la perte dans la négociation est une "fuite énergétique"). C'est purement stratégique. Le temps comme l'espace dramatique sont en jeu avec la force en renouvellement (cf le théorie de Michel Guérin ex-prof associé à Paris 13 Villetaneuse en stratégie) qui est la force psychique émotionnelle.
    Aussi paradoxalement que cela peut paraître, on n'enseigne pas cela de façon théorisée au niveau des centres émotionnels (chakras) dans les MBA.
    On délivre des recettes de cuisine, des socio-drames....de l'empirisme !)

  50. J'ai relevé quelque part dans un de vos commentaires que vous n'étiez pas proche de Stiegler. Il y a pourtant quelques points de convergence entre vous. Son économie des contributions suppose de développer les conditions de plus d'autonomie, de plus de désirs et un assujettissement moins grand à ses pulsions, au consumérisme. Bon, d'accord, c'est pas lui qui décide de ce qui se passe sur internet pour constituer des "milieux associés" dont il ne maitrisera pas la forme. Est-ce que son projet politique de déprolétarisation a la moindre chance de se réaliser, et si oui, est-ce qu'une politique quelconque pourrait y être pour quelque chose. Bref, est-ce qu'il ne turbine pas dans le vide?

  51. C'est effectivement ce que je trouve, qu'il brasse du vide reprenant de façon un peu trop naïve les critiques de l'Ecole de Francfort comme si la propagande télévisuelle était univoque et n'avait pas d'histoire. C'est beaucoup de la pensée magique. Son truc sur le désir et la pulsion est un contresens qui le met du côté des psychanalystes normatifs comme Jean-Pierre Lebrun. Je n'y trouve vraiment rien d'intéressant, juste un peu moins régressif que Michéa, mais cela ne m'intéresse même pas de discuter de ces gens (par ailleurs fort sympathiques), trop heureux de ne pas faire partie de ce milieu intellectuel parisien.

  52. Le Bancor antifongique à l'imperium financier?

    A l'occasion de la sortie du livre de Blandine Kriegel "La république et le prince moderne" qui s'attache à tracer les origines de l'état de droit, dans la suite de son livre de 2002 "l'Etat de droit ou l'empire", je voudrais en remettre une petite couche sur le Bancor. Les analyses de BK nous informent sur les traits caractéristiques de l'empire et on ne peut manquer de faire le lien avec le développement financier et son caractère intrusif vis à vis des souverainetés et des états de droit. A la différence des empires classiques, bien que les USA puissent être identifiés à la tête de cet empire, l'empire de la finance possède une forme plus diffuse, ressemblerait plutôt au développement d'un champignon, c'est pourquoi le Bancor pourrait apparaître comme procédant d'un antifongique. Il est heureux de noter que les états de droit se sont constitués et imposés face au développement impérial de Philippe II.

    Note de lecture très instructive de D. Terré sur l'état de droit ou l'empire.

  53. Je trouve quand même la comparaison assez comique tant notre monde se situe désormais sur une toute autre échelle, notamment à cause des réseaux globaux. On peut passer par une phase d'éclatement mais je crois plus probable qu'on soit dans les soubresauts d'une mondialisation qui n'en est qu'à ses tout débuts. L'Empire s'étend même s'il peut rester des îlots qui résistent. La mondialisation a déjà reculée à la fin du XIXè mais je ne crois pas non plus que notre situation soit comparable.

    Reste qu'on attend toujours que cette crise déroule toutes ses conséquences et que c'en est troublant, avec une montée des bourses sidérante étant donné l'amoncellement de mauvaises nouvelles (certes il y a toujours quelques nouvelles plus favorables sur lesquels on peut s'obnubiler).

    Une vidéo nous promet la fin de l'Euro avec des arguments convaincants, sauf accélération de l’intégration européenne qui est quand même le plus probable (mais à combien ?). En tout cas, cela devrait être la catastrophe et ça ne l'est pas encore...

    http://www.wikistrike.com/article-c...

    Il ne faut quand même pas perdre de vue que la crise n'est pas européenne et que lorsque ce sera le tour des USA, tout cela devrait prendre une toute autre tournure.

  54. La monnaie globale existe déjà, c'est l'or, qui a l'avantage de ne pas permettre la spoliation de celui qui le détient, ce qui n'est pas le cas des créances, à vous lire personne n'aurait plus envie de prêter à part les banques centrales qui créent la monnaie à partir de rien. Je pense qu'on va avoir une renationalisation des dettes (à l'image du japon) et cela ne pourrait se faire en zone euro que si les pays constituants se mettent d'accord

  55. Dans les cycles du crédit il y a une phase descendante (déflation) et il semble que nous nous y engagions : les difficultés des endettés s'expliquent alors aisément, il ne fait jamais bon économiquement parlant d'être dans les derniers à suivre une tendance

  56. Non, l'or n'est plus une monnaie et sa valeur peut être divisée par 2 ce qui n'est quand même pas si sûr comme placement. Il est certain que c'est plus sûr que des créances, tout comme la pierre qui ne peut valoir rien contrairement au papier. De toutes façons, on n'a pas besoin d'une valeur fixe mais de pouvoir absorber les cycles par des dévaluations. Ce que le dollar notamment devrait faire. Du moins, c'est une prédiction plus qu'une recommandation car je crois que cela ne dépend pas de notre décision.

    La différence avec le Japon, c'est que dans la tourmente il y a non seulement l'Europe mais aussi les USA et que ça fait un trop gros morceau.

    L'intérêt d'un panier de monnaies, c'est d'amortir ces inévitables chocs, d'en répartir la charge.

    Je crois que l'argument des prêteurs ne tient pas vraiment, il y a des liquidités qui ont besoin de se placer mais je suis d'accord qu'il n'est pas viable de penser que les dettes peuvent être détruites. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle les Juifs ont abandonné la remise des dettes. Je ne le recommanderais en rien s'il y avait une autre issue mais on voit bien l'impasse d'une rigueur qui aggrave le problème (comme le savent bien les banquiers, on ne peut tondre un oeuf). Il faut se dépêcher de "prendre sa perte" car ce qui bloque le crédit ou le renchérit c'est de penser que les dettes peuvent être annulées mais une fois qu'on l'a fait et assaini la situation, tout peut repartir. Il ne s'agit pas de principes mais de la dure réalité qui fait que la finance ne gagne pas à tous les coups, qu'il y a un risque justifiant les intérêts.

  57. Les financiers sont comme la plupart, dotés d'une conscience tribale où règne l'ego roi dans le monde de "je sais tout". Pourquoi philosopher ? chacun se cache encore pour son bout de couverture et fait l'autruche. L'état de la planète, des finances,etc... on constate mais la conscience du sapiens n'est pas globale, ni universelle...pas encore.
    la conclusion mathématique c'est que je retourne à la monnaie locale, à ma tribu, mon autosuffisance.

  58. Il n'y a rien de nouveau sur les phénomènes financiers qui ont toujours été moutonniers et, comme je dis au début de l'article, il ne sert à rien d'avoir raison avant les autres (c'est bien là que s'applique l'apologue de Lacan sur le temps logique que je cite dans l'article suivant). Je ne crois pas cependant que la monnaie locale pourrait remplacer en quoi que ce soit les devises convertibles.

    Sur The network of global coporate control il y a effectivement un article sur Médiapart qui pointe des biais mais qui n'annule pas la question des concentrations et qui est aussi con que la Lune à vouloir faire la leçon à Susan George. Certes, mieux vaut sans doute déconcentrer que nationaliser mais la fragilité d'un réseau est bien fonction du nombre de noeuds.

  59. L'article The network of global control, saud erreur de ma part et si nous parlons de la même publication, appelle les remarques suivantes:
    - reprise sans le citer et en le présentant comme une évidence mathématique de l'algorithme de Michel Guérin publié dès 1972 avec cosignature de Jean Pouget dans la résolution des consolidations complexes de groupes
    - absence d'utilisation des principes de consolidation comptable pour une présentation de données comptables de groupes.
    - Non indication de la nature des données comptables utilisées.
    - Forte présomption, faute de méthodologie comptable que les agrégats soient dénombrées plusieurs fois
    - Aucune élimination réciproque

    Conclusion: Jean Pouget, qui est loin d'être "aussi con que la lune, s'est autorisé à signaler ces pollutions comptables majeures de résonnement......qui invalident totalement la démonstration
    -

  60. Je veux bien admettre que cette étude soit fautive dans le détail, ce qu'il fallait dénoncer, sans que cela infirme vraiment la conclusion globale pour autant mais je n'ai pas du tout parlé de Jean Pouget et si j'ai traité l'auteur de l'article (un "vrai" libéraaal!) d'aussi con que la lune, c'est de s'en prendre à Susan George avec son titre à la con.

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