Le sens de l’évolution

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Lorsque les religions ou les idéologies se mêlent de sciences, ce n'est jamais bon, ni pour la religion, ni pour les sciences. La théorie de l'évolution est particulièrement mise en cause par les théories créationnistes ou les tenants de "l'intelligent design" qui témoignent d'une incompréhension totale du darwinisme, dont ils contestent même le caractère scientifique au nom d'une fausse conception de la science (celle de Karl Popper notamment). Pourtant, le problème n'est pas tant l'offensive des fondamentalistes, offensive qui ne peut aller bien loin ni produire aucun progrès des connaissances, mais plutôt le raidissement des scientifiques pris dans la tourmente et qui les amène à une dogmatisation de leur science.

Ainsi, le dossier de Pascal Picq dans Pour la Science ("Faits et causes de l'évolution") est certes fort utile pour répondre aux objections des croyants mais il est trop animé par sa réfutation des interprétations religieuses jusqu'à se croire obligé de nier par exemple l'évidence de la complexification (dont la théorie de l'évolution est supposée rendre compte pourtant) ainsi que le rôle de la finalité en biologie, qu'il ne faut certes pas prendre dans son acceptation religieuse ! En tout cas, je voudrais défendre ici l'idée qu'on peut admettre que l'évolution a un sens tout en restant dans un discours scientifique et sans faire aucune concession aux religions.

- La sélection naturelle

La sélection naturelle n'est pas la loi du plus fort, ce n'est pas l'élimination des concurrents, ce n'est pas la compétition à outrance. La sélection naturelle exprime simplement le fait que certains individus laissent une plus grande descendance que d'autres. p44

En général je trouve que les sciences ne sont pas très difficiles, en dehors de leur attirail mathématique. La philosophie me semble beaucoup plus difficile où chaque mot doit être pesé et pourrait être commenté à l'infini. Pour la théorie de l'évolution, la difficulté rejoint pourtant celle de la philosophie, sous ses airs de fausse simplicité, donnant prise à tous les détournements idéologiques et dont les erreurs d'interprétation, faussement scientifiques, ont pu avoir des conséquences politiques monstrueuses (racisme, eugénisme, "loi du plus fort", libéralisme, sociobiologie!). Une partie de la difficulté vient de son caractère statistique, un peu comme l'entropie, alors qu'on en reste le plus souvent au niveau des individus (voire des gènes). Une autre vient de la temporalité, l'évolution sur le long terme étant bien éloignée des rapports de force à court terme (ainsi la coopération ne se révèle supérieure à la compétition qu'à long terme). Cependant, la véritable difficulté vient de ce qu'on appelle la "causalité descendante" par où la finalité s'introduit dans la chaîne des causes.

En effet, la théorie de la "sélection naturelle" permet de comprendre l'action de l'environnement sur l'évolution des populations, par l'intermédiaire de ce qu'on appelle un peu vite la sélection des individus les plus adaptés. En fait c'est d'abord une sélection des organismes viables. Les mutations aléatoires sont l'équivalent des mouvements désordonnés de la canne blanche de l'aveugle qui cherche son chemin et se cogne au mur ou au trottoir pour en éprouver les limites ou éviter l'obstacle qu'elle rencontre. C'est une stratégie d'exploration en milieu inconnu. Dans le système immunitaire il y a ainsi des générateurs aléatoires de diversité pour trouver une réponse à l'intrusion d'un corps étranger inconnu, avant de passer à la reproduction massive des anticorps les plus performants contre l'infection. Au niveau de l'évolution des organismes supérieurs, bien sûr les mutations aléatoires sont rarement positives. En dehors des améliorations de détail, l'évolution se fait plutôt par réutilisation de fonctions existantes (bricolage), réveil d'anciens gènes désactivés, déplacements d'organes ou simple jeu sur la vitesse de développement ou sur la taille (gènes architectes). L'important, c'est le mécanisme de sélection qui part du résultat, où c'est l'effet qui devient cause. On a donc bien une "causalité descendante" où c'est la réussite ou l'échec, par essais erreurs, qui détermine la reproduction au temps suivant, reproduction déterminée par cette finalité (dans ce cadre, toute finalité est mémoire et répétition).

Plutôt qu'une sélection par compétition (formulation inspirée par Malthus et Spencer mais surtout par le capitalisme naissant et qui mènera au racisme nazi et la compétition pour l'espace vital), il vaudrait mieux parler d'une sélection par le résultat, une rétroaction de l'environnement sur la reproduction : seuls sont "renforcés", par une "boucle de rétroaction positive", les ADN adaptés à cet environnement. C’est la base du processus proposé par Darwin, la sélection et la multiplication des plus aptes. Encore faut-il préciser le "plus apte" à quoi ? A court ou à long terme ? être trop adapté, peut signifier ne pas survivre à son milieu et Darwin reconnaissait l'importance de la morale anti-sélective de "la descendance de l'homme" pour l'adaptabilité de l'espèce humaine et sa domination sur toute la Terre malgré sa fragilité extrême.

Une bonne partie des malentendus à propos de l'évolution tient, on l'a dit, dans le fait de s'en tenir à l'immédiat d'un rapport de force entre individus alors que l'évolution ne se pense que sur le long terme et au niveau des espèces. Il n'est pas difficile de comprendre qu'il ne suffit pas d'être le plus fort et de tout dévaster autour de soi, ne pas laisser âme qui vive jusqu'à finir par mourir de faim... C'est pourquoi les prédateurs ne peuvent être trop féroces (ni les virus trop virulents). La "sélection naturelle" modère la prédation favorisant ceux qui ont une gestion durable de leur territoire (et qui défendent leur territoire de l'invasion d'autres prédateurs) ! C'est un premier niveau de régulation qui a une place essentielle dans la stabilisation de l'écosystème. Une autre façon de réguler la population, c'est par les virus qui sont attachés à une espèce où ils restent endémiques jusqu'à ce qu'une trop grande promiscuité déclenche une épidémie qui va clairsemer rapidement ses rangs. En l'absence de ces régulateurs, les espèces ont beaucoup plus de risque de disparaître sans laisser de traces. Bien sûr la plupart des régulations sont internalisées par des mécanismes hormonaux plus complexes mais les faiblesses, les inhibitions sont aussi essentielles que les capacités de captation des ressources. Le vivant est constitué de systèmes opposants qui maintiennent un équilibre instable et la sélection s'opère surtout sur les populations et le long terme, du moins au regard de l'évolution dont le travail est lent et peu visible au niveau des individus.

Il faut donc se garder de simplifier une théorie de l'évolution qui doit rendre compte d'une très longue histoire, intégrant de nombreuses contraintes extérieures (viabilité, ressources, prédateurs, virus, cataclysmes, changements climatiques, etc.), complexifiant les organismes d'une façon inouïe et optimisant les performances (des ailes d'oiseau par exemple) jusqu'à épouser les forces physiques mieux que ne le peut notre technique. Seulement les défenseurs de la théorie de l'évolution, tout occupés à réfuter les religions, vont se faire un devoir de prétendre qu'il n'y a pas de complexification, aucune optimisation et que nous n'aurions aucun titre à prétendre être le sommet de l'évolution, ne valant pas mieux qu'une quelconque bactérie. C'est un véritable délire qui vaut celui des croyants !

Il faut essayer de revenir à des positions plus scientifiques et moins bornées sans faire aucune concession aux illusions religieuses. Il ne faut pas surestimer les offensives des partisans de l'Intelligent Design qui ne mènent nulle part mais s'occuper de comprendre les faits, plutôt que de vouloir réfuter les préjugés, qui sont innombrables, et tomber du même coup dans un dogmatisme obtus ! Parmi les moulins à vents contre lesquels les petits propagandistes de la science se battent vainement il y aurait les péchés mignons, bien français parait-il, du vitalisme et du finalisme qui ne seraient que des concepts métaphysiques alors qu'on ne peut penser aucune vie sans énergie vitale ni finalisme ! Bien sûr le travail critique est toujours salutaire mais ce n'est pas parce qu'il faut reformuler ces concepts qu'on pourrait s'en passer. En tout cas, il est amusant de voir comme l'influence de philosophes comme Descartes et Bergson se fait encore sentir dans les esprits, et que chaque nation garde ses lubies...

- L'énergie vitale

Commençons par l'énergie vitale qui est déniée par tous les biologistes qui ne voient plus que de la biochimie, et jamais la vie elle-même, disparue dans leurs éprouvettes comme un caput mortuum. En isolant chaque réaction, c'est la logique d'ensemble qui se perd en effet, mais s'il n'y a certes aucune substance magique pour insuffler la vie à la matière, il est certain qu'il n'y a pas de vie sans un dynamisme interne constant. Il n'est pas vraiment exact de comparer, comme Prigogine, la vie à un "système dissipatif" alors que toute l'énergie est stockée et utilisée parcimonieusement, mais il est certain que la vie est d'abord un capteur d'énergie mis au service de mécanismes internes de croissance et d'organisation. Cette énergie vitale peut se présenter sous des formes très différentes. En premier lieu, c'est la capacité de reproduction : l'autocatalyse au moins mais la reproduction génétique est déjà très élaborée, pourvue d'une redondance (double brin) et de systèmes de correction d'erreur. L'énergie vitale c'est d'abord l'information, ce qui pourrait être illustré par la lecture incessante de l'ADN (par l'ARN-polymérase) aussi bien que par l'horloge interne. Le mécanisme d'horloge est assez comparable à l'horloge d'un ordinateur. Dans la cellule c'est un gène qui produit sa propre inhibition jusqu'au temps de désintégration de l'inhibiteur qui déclenchera sa nouvelle production. Sur ce mécanisme très simple va se brancher une réaction en chaîne de nombreux processus. Ce type d'énergie n'est pas véritablement physique et spécifie bien la vie, énergie de reproduction qu'on peut appeler une énergie vitale et qui comporte des cycles complexes. A cette énergie vitale on pourrait associer d'ailleurs une énergie mentale qui est largement déterminée hormonalement, par des sécrétions internes, mais qui répond à l'environnement (par exemple à la reconnaissance des autres, à leurs encouragements, ce qui renvoie à une énergie sociale...). Je ne vois pas pourquoi on refuserait ces termes pour des réalités d'un autre ordre que l'énergie physique ou chimique (même si elle en reste la base matérielle) pour ce qui constitue des boucles de rétroaction positive qui s'auto-entretiennent et ne sont en rien un simple épiphénomène alors que c'est ce qui fait toute la différence entre un vivant et un mort ! Bien sûr on peut trouver l'expression malheureuse car ceux qui ont cru voir dans l'énergie vitale un élan mystique ne peuvent accepter une version dégradée de ce qui est pourtant un fait d'expérience et dont il faut bien rendre compte rationnellement !

- La complexification

C'est un peu la même chose pour la complexité où de grands discours savants voudraient nous persuader qu'il n'y a pas de complexification, ce ne serait qu'une illusion ! Bien sûr il fallait réfuter l'idée d'une complexification de principe, mécanique, ordonnée à une finalité divine. Ainsi, il doit être bien évident que rien n'oblige un corps ou une espèce à se complexifier. Il y a des organismes qui sont restés simples (si l'on veut) et d'autres qui ont même régressé, ceci est entendu. Si on peut parler de complexification c'est uniquement à un niveau statistique sur le long terme. Le terme de complexification ne rend d'ailleurs pas vraiment compte de ce qui est plutôt intériorisation de l'extériorité, spécialisation, organisation, apprentissage. La complexité n'est pas vraiment le critère le plus pertinent car il peut y avoir un excès de complexité dont la réduction par spécialisation constitue un progrès. Il n'empêche qu'on mesure un accroissement de la complexité, de certains organismes au moins, à mesure que le temps passe (passant des bactéries aux cellules à noyau puis aux organismes multicellulaires, etc.). Au fond la complexification inverse l'entropie sur le long terme car si le court terme va presque toujours au plus probable et ramène tout à la moyenne, plus le temps passe et plus l'improbable peut se produire et laisser sa trace dans la suite par la reproduction (l'ampliation). Peu importe le temps qu'il faudra mais le meilleur l'emportera un jour et pour toujours même si dans l'immédiat tous les autres passent devant ! La complexification à long terme est tout simplement la contrepartie du caractère statistique de l'entropie

Non seulement c'est une loi de l'évolution car le simple précède le complexe (la complexité ne vient pas d'un coup, il y faut donc du temps, des étapes), mais il y a une autre raison à cet accroissement de la complexité, c'est d'augmenter les possibilités d'adaptation en général. Contrairement à ce qu'on croit, un milieu complexe n'est pas plus fragile qu'un milieu simple. On peut l'illustrer avec le film "le cauchemar de Darwin" qui montre que l'introduction de "la perche du Nil" a réduit dramatiquement la diversité du lac Victoria (à la frontière de la Tanzanie, de l'Ouganda et du Kenya), biodiversité qui était très grande auparavant. Une polémique est née car le lac se révélait plus productif qu'avant, avec pas beaucoup plus de 4 espèces survivantes pourtant, mais c'est justement parce que cette diversité abritait assez d'espèces, pour qu'il s'en trouve quelques unes adaptées à un changement radical de l'écosystème (ici l'eutrophisation), que la vie du lac a pu être préservée. Par contre, un nouveau changement brutal serait sûrement fatal par manque de solutions de rechange ! Voilà comment se manifeste l'avantage comparatif de la complexité : uniquement sur le long terme, avec la traversée de bouleversements environnementaux. Une raison théorique peut être donnée de cette complexification, c'est la "loi de la variété requise" de Ashby qui stipule que pour contrôler un phénomène il faut être doté d'une diversité interne équivalente afin de pouvoir adapter ses réactions à la diversité des situations.

Il y aurait encore beaucoup à dire mais la complexification est un fait d'observation (de l'arbre du vivant et de son inscription dans les gènes) qui relève d'une explication scientifique même si elle n'est que d'ordre statistique et sur le long terme, n'empêchant pas une simplification ni une régression, ni que certaines complexifications ne semblent servir à rien, comme les orchidées dont l'avantage reproductif paraît assez contestable. Refuser d'expliquer l'émergence de la complexité, c'est renoncer à une théorie de l'évolution !

- L'optimisation

Il est encore plus absurde de vouloir nier une tendance à l'optimisation, reliée à la complexification, alors que les organismes exploitent à merveille les lois physiques jusqu'à en épouser toutes les subtilités avec une efficacité qui se révèle bien supérieure à toutes nos techniques modernes, que ce soit au niveau du squelette, du système immunitaire, du traitement d'image... Dire que tout cela est pur hasard est largement insuffisant, c'est ne pas tenir compte de la sélection ! Bien sûr, pas de doigt de Dieu ici non plus, son intervention serait bien lente et tortueuse, il suffit que la sélection procure même un petit avantage pour que l'optimisation s'impose sur le long terme. Encore une fois, ce n'est pas une loi mécanique, cela n'empêche pas des évolutions neutres, apparemment inutiles (exaptation), c'est une tendance statistique à long terme mais dont l'efficience est tout de même époustouflante, comme si l'environnement et les lois physiques sculptaient finalement les corps dans leurs moindres détails.

Une nouvelle théorie, dite théorie constructale, prolonge les études de D'Arcy Thomson sur les formes du vivant et s'appuie sur le principe de moindre action pour déduire les formes et performances des organismes en fonction des contraintes environnementales, pouvant même permettre de calculer les caractéristiques d'organismes extra-terrestres dans des conditions différentes de gravitation par exemple. Cette théorie stipule simplement que, "pour qu'un système de taille finie perdure, il doit évoluer de façon à fournir un accès de plus en plus aisé aux flux qui y circulent". Rien de mystique, aucun finalisme là-dedans sinon la sélection après-coup de mutations aléatoires !

Sans cette rétroaction de l'environnement, les phénomènes de convergences seraient incompréhensibles qui donnent à un dauphin une forme de poisson alors que c'est à l'origine un mammifère ! En fait, il faut donner de l'évolution une vision plus complexe que celle d'une simple détermination génétique en introduisant, comme Richard Lewontin une "triple hélice" entre gènes, organisme et environnement en interaction constante. Il faut ajouter à cela les différentes temporalités, entre petites variations génétiques optimisant les organes et les sauts qualitatifs introduisant de nouvelles fonctions (monstres prometteurs) selon les "équilibres ponctués" chers à Stephen Jay Gould. Bien sûr, l'environnement étant changeant (c'est une des bases de l'évolution), on ne peut voir dans son influence une détermination immédiate et rigide. Il n'y a rien là d'automatique puisque, encore une fois, il faut distinguer l'adaptation à court terme et la viabilité à plus long terme permettant de traverser des environnements différents et de survivre à des extinctions massives, mais ce n'est pas parce que ce sont des "lois molles" qu'il n'y a pas de loi ! L'amélioration des fonctions est constante, forme d'apprentissage, d'internalisation de l'extériorité qui mène logiquement à l'émergence d'une conscience...

- La finalité

Réintroduire la finalité en biologie est une nécessité absolue, vouloir s'en passer frise le ridicule : l'oeil ne serait pas fait pour voir, ni le pied pour marcher ? Il faut être bien aveugle pour le prétendre ! Bien sûr, c'est difficile à admettre lorsqu'on nie tout processus de complexification et d'optimisation, mais ce n'est rien d'autre que l'expression de la "sélection naturelle" qui est une sélection par le résultat, où l'effet devient cause, c'est-à-dire qu'il y a sélection des finalités qui favorisent la reproduction. Toute finalité biologique (prédation, reproduction sexuelle) est une répétition qui résulte d'une mémoire (génétique). Il doit être bien clair qu'un organisme qui cherche sa nourriture est bien mu par une finalité. Un prédateur qui vise sa proie a bien une visée, un objectif !

Certes, là encore, il faut se débarrasser d'une conception "divine" de la finalité, voire d'une conception trop anthropocentrique. Entre autres, cela ne permet pas de parler d'une "finalité de la vie" car les gènes ne codent que des finalités particulières (régulation, nutrition, reproduction, etc.) indispensables à la vie. Il n'empêche qu'il n'y a pas de vie sans finalités, ce qu'on doit relier à l'information et sa fonction biologique de réaction informée. C'est un sujet difficile à cause des conceptions erronées qu'on a de la finalité et de sa contamination par les religions, sujet que j'ai approfondi ailleurs (Information et finalité en biologie), mais on ne peut se passer d'une "téléonomie" au moins qui fait partie intégrante de la "sélection naturelle". La nécessité de se démarquer des religions et de la philosophie mène à des absurdités si on veut exclure tout finalisme de la biologie.

Cela ne veut pas dire qu'on ne devrait pas faire preuve de précaution sur ce sujet. Par exemple il serait faux de réduire la finalité à la reproduction individuelle (sans parler du prétendu "gène égoïste") qui n'en est qu'une forme partielle car la sélection agit surtout au niveau de l'espèce. Ce n'est pas non plus forcément une "finalité consciente" car si l'on peut penser que le prédateur a conscience de vouloir attraper sa proie, les abeilles n'ont bien sûr aucune conscience de participer à la pollinisation des fleurs dont elles dépendent pourtant. C'est juste une finalité "programmée".

Il n'est pas possible d'en déduire une "finalité de la vie" même si on pourrait dire que sa finalité c'est la reproduction et l'homéostasie, voire l'intériorisation de l'extériorité ou même la "nostalgie de l'unité déchirée par la contingence de l'être" (l'improbable miracle d'exister). On peut soutenir malgré tout qu'il y a un sens de l'évolution vers la complexification et la conscience, ce qui peut apparaître comme la prise de conscience de l'univers par lui-même mais cette formulation est tout de même très contestable car l'univers n'est conscient de rien, c'est seulement son improbabilité, la production de phénomènes aléatoires, qui finit par sélectionner des organismes vivants qui apprennent à y répondre et à durer suffisamment, en maîtrisant cette improbabilité par la sélection génétique d'abord, puis par la conscience ensuite...

- Le passage de l'évolution à l'histoire

Le dernier exploit des biologistes et de certains écologistes, c'est de vouloir nous persuader que nous ne serions pas si exceptionnels que cela et même pas supérieurs aux bactéries bien plus nombreuses que nous ! Un certain criticisme exacerbé voudrait nous réduire à n'être qu'un ver de terre qui rampe sur le sol. L'humilité est certes une bonne chose et il ne faut pas se prendre pour le centre du monde mais de là à tomber dans cette dévalorisation excessive, il y a de la marge. Pas besoin de s'imaginer que nous serions des merveilles, ni dépourvus de toutes sortes de défauts pour constater que nous sommes sortis de l'animalité et que nous dominons la Terre pour le meilleur ou pour le pire ! Le pire, la plupart du temps, sans aucun doute, mais nous en sommes responsables, ce qui fait toute la différence !

Il faut savoir de quoi on parle, être attentif à la définition des mots, mais ce qui fait de l'homme le sommet de l'évolution ce n'est pas une quelconque perfection, ni notre indécrottable anthropocentrisme, mais simplement le fait que l'homme prend en main son évolution grâce à une conscience supérieure qui est une capacité de mémoire, de transmission et de traitement de l'information sans commune mesure avec celles des animaux, et qui se manifeste surtout dans le langage. Certes, on peut contester comme Pascal Picq, que nous serions passés immédiatement de l'évolution biologique à l'évolution culturelle car il y a bien eu rétroaction de l'évolution culturelle sur l'évolution biologique, favorisant notamment nos capacités cognitives et donc un gros cerveau. Il faut reconnaître malgré tout que la sélection naturelle a perdu une grande partie de sa prise sur notre évolution, ce qui se traduit notamment par une certaine dégénérescence de l'homme par rapport aux chimpanzés qui ont continué d'améliorer leurs performances alors que nous avons plutôt subi une (très relative) dégradation génétique (sauf au niveau cognitif bien sûr). A l'évidence, ce qui caractérise l'humanité, c'est le langage qui permet une meilleure transmission des connaissances et des techniques permettant de s'affranchir en grande partie de la pression sélective (ce qui n'est d'ailleurs pas sans poser des problèmes écologiques), passant ainsi de l'évolution biologique à l'histoire, c'est-à-dire à l'évolution des techniques bien plus rapide que la modification du génome. De ce point de vue, et certes de ce point de vue seulement, l'humanité est le sommet de l'évolution car elle en sort en grande partie jusqu'à pouvoir modifier son propre génome...

Voilà ce qu'on peut dire, un peu trop rapidement sans doute, pour rendre compte des faits sans faire intervenir aucun plan divin, non seulement inutile mais absurde dans ce cadre, et sans nier pour autant la complexification et l'évolution vers l'intelligence. Tout ceci demanderait bien sûr beaucoup de précisions et de discussions... En tout cas, on voit que les religions font des ravages non seulement chez leurs partisans (pas tous, Jean-Paul II a bien reconnu la réalité de l'évolution) mais presque autant chez les scientifiques qui s'y opposent !

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21 réflexions au sujet de “Le sens de l’évolution”

  1. je suis désolé mais à l'épreuve de la science la théorie de l'évolution ne tiens pas la route, étudier juste la cellule et vous comprendrer. la théorie de l'évolution "la loi du plus fort ou du plus rusé" est venu à point nommer pour servir les interets du colonialisme. Il ne faut pas oublié que Darwin à réécri 5 fois sa théorie car elle ne résistais pas à l'épreuve de la science et qu'il à ajouter que surement qu'à l'avenir on trouvrai des erreur. la théorie de l'évolution est une pseudo-science, ça à la couleur, les aspests de la science mais elle ne résiste pas à l'épreuve de la science. Pour Darwin l'homme le plus proche du singe était l'homme de couleur noir, oui Darwin était raciste, la théorie de l'évolution dit qu'il y à des races supérieure "les blanc" et inférieure "de couleur"et cette théorie est jusqu'à nos jour appliquer, dans la politique, la culture, l'économie, la justice et les médias, cette théorie à servi les interet nazi "la races supérieure" les interet du comunisme "la lutte des classes" et de nos jours le capitalisme.

  2. La théorie de l'évolution n'est pas la loi du plus fort ! Il est bien vrai que la formulation de la théorie darwinienne doit beaucoup à l'idéologie et au capitalisme (il faudrait que j'intègre cette critique dans l'article). C'est toujours le cas, il n'y a pas de "paradigmes" détachés de toute idéologie, toute théorie est marquée historiquement. Le "struggle for life" vient de DeFoe, Malthus et Spencer, les nazis s'en sont inspirés (privilégiant une prétendue "race" et l'espace vital sur l'individualisme anglo-saxon) mais s'il ne faut pas en rester à ces formulations effectivement (ni à la socio-biologie), on ne peut se passer de la sélection par le résultat sans tomber dans un quelconque délire.

    La théorie de l'évolution ne parle évidemment pas de races supérieures puisqu'il n'y a pas de véritables races ! Sous sa forme la plus frustre elle reste la base de la pensée anglo-saxonne et de la concurrence mais cela ne suffit pas à en annuler la validité. Il faut seulement la critiquer, la reformuler, ce que je fais dans cet article comme "causalité descendante", introduction de la finalité dans la chaîne des causes, qui n'a rien à voir avec une quelconque compétition mais avec les "essais, erreurs". Ce n'est pas parce qu'une science est détournée qu'il faut se détourner de la science, c'est toute la difficulté de la pensée (de la dialectique) où le simplisme ne mène à rien.

    Ceci dit, il est vrai que la complexité de la cellule est confondante, il ne faut pas camoufler les trous du savoir biologique, mais on a assez de pistes sur sa formation pour qu'on puisse lui appliquer raisonnablement la théorie de l'évolution (bien sûr il faudrait un livre pour couvrir toutes les objections) :
    jeanzin.free.fr/ecorevo/s...

  3. Cher Jac, il vous serait utile d'etudier l'orthographe avant de vous interesser a la science...
    D'autre part, vous affirmez des choses que meme les creationnistes les plus vils ne se sont jamais aventures a affirmer. Darwin n'etait pas raciste : lire le livre de SJ Gould (the mismeasure of man).
    La theorie de l'evolution suggere aussi que l'altruisme est une strategie qui possede un avantage selectif (autant que l'egoisme) dans certaines conditions.
    C'est a dire que la theorie de la selection naturelle explique aussi bien les comportements egoistes que altruistes.

  4. J'aimerai bien éviter de passer pour un obsessionnel de l'orthographe et de la syntaxe, mais je dois bien constater que celles ci sont mises à mal dans ce blog, même par Sébastien. C'est général sur internet, le temps des urgences explique peut être cela. Pourtant les correcteurs orthographiques et syntaxiques existent et facilitent la lisibilité.

    Je retrouve dans ma profession ces gens qui ne se relisent pas et montrent leur inaptitude à la correction donc à la réflexion.

    Bouh !! Le réactionnaire ...

    Mais Sarkoman fait pareil avec ses réformes de guingois mal ficelées, mal présentées, mal expliquées.

  5. Certes Darwin n'était pas raciste ni adepte du "darwinisme social". Il n'empêche qu'on ne peut nier l'incidence d'une mauvaise compréhension de la théorie de l'évolution, qui est l'interprétation courante (libérale ou raciste, plus proche de Spencer que de Darwin). On peut dire que jamais une théorie scientifique n'a eu autant de conséquences catastrophiques et si Darwin n'était pas raciste, son cousin Francis Galton l'était. Donc je comprends la réaction de jac même si je ne l'approuve pas mais on ne peut pas dire qu'il n'y a pas de problème. J'ai essayé d'intégrer un peu tout cela à mon article...
    .

  6. Bravo pour votre texte. Cependant, 'Le sens de l'évolution' ne traite que d'évolution biologique. Or les vivants existent dans un milieu plus large qui les précède. Ne peut-on pas entrevoir qu'ils en dérivent ? Dans ce cas, le sens de l'évolution pourrait reposer sur une 'évolution' préalable de l'univers physique. D'ailleurs, tous les constituants du vivant dérivent de cet univers physique. Ou ils semblent s'imbriquer dans l'évolution du cosmos.

    Vu sous cet angle là, que devient la complexification ? On a déjà dit que la matière est structurée comme un langage qui se développe dans le temps. La première illustration en serait la genèse des particules, atomes et molécules. Un second pallier qui fait un saut vers le vivant passe par l'ADN perçu à titre de code sinon de 'langage' pris au sens restreint du terme. Et un troisième stade de la complexification serait l'éclosion des langages humains.

    Particules, ADN, langages humains se suivent. Grosso modo, chaque étape subséquente présuppose celle qui la précède. Sous ce rapport, il semble y avoir une série causale. Une fois sérié, chaque niveau d'organisation impliqué offre l'avantage d'être éclairé par comparaison avec les autres termes de la série totale.

    Une première tâche serait d'abord d'établir de manière systématique l'existence de cette série ascendante. Ensuite, il s'agirait d'étudier ses conditions. Enfin, on pourrait interroger son orientation, dans une approche systémique et comparative.

    Je me demande si ce genre de problématique ne pourrait pas constituer un axe de recherche cohérent digne d'intérêt. Et dans l'affirmative, pourquoi n'en parle-t-on pas plus souvent dans la littérature scientifique ?

  7. Vous avez raison, j'ai d'ailleurs en projet un livre sur "l'aventure de l'univers" qui partirait de l'évolution de l'univers. Effectivement la complexification avec le temps est un phénomène plus large que l'évolution du vivant. J'ai d'ailleurs traité cela dans "L'improbable miracle d'exister" et je ne pense pas pouvoir faire beaucoup mieux. Cependant, je ne pense pas qu'on puisse relier si facilement l'évolution physique et l'évolution du vivant sinon qu'il faut une complexification physique et un univers improbable pour que la vie puisse émerger. Le raccourci qui fait de la conscience humaine la conscience de l'univers me semble faux car ce n'est pas l'univers qui est conscient de lui-même. Tout cela est à prendre avec précaution. En fait, le principe anthropique tel qu'exposé par Susskind (Un univers à notre mesure) me semble aller contre ces simplifications et contre tout "intelligent design". Quand on examine les choses de plus près c'est toujours plus compliqué qu'on ne s'imagine de loin et ce qu'on croyait comprendre se révèle souvent un simple préjugé...

    Il n'empêche qu'on passe bien d'une improbabilité physique (anti-entropique) à l'information (la vie) puis à la conscience (l'humanité).

    jeanzin.free.fr/...

    jeanzin.free.fr/...

  8. Je n'ai pas apprecié ce texte pour deux raisons :
    1) je trouve qu'il traite d'une maniere inexacte et infondé des differents niveaux de selections (gene, individu, groupe, espece, communauté...). Cette absence de rigueur fait qu'on assiste a une caricature de certains processus ecologiques tel la prédation et le parasitisme pour en faire une illustration douteuse du role de l'évolution comme moyen d'echapper à la tragédie des communs. Les tricheurs existent et des suscides evolutifs ont lieux. Les traveaux sur les niveaux de selection offrent certaines clefs pour ne pas tomber dans ce non sens. L'ouvrage recent Evolution And the Levels of Selection de Samir Okasha fourni une bonne revue des ces aspects et offre un baggage conceptuel pour aborder des questions tel que "Quand la selection naturelle optimise ?" ou encore "Quand la métaphore du gène egoiste peut-elle consituter la base d'une approche heurisitque d'un problème biologique."
    2) Le passage de l'evolution à l'histoire m'a dérouté car celui ci semble nier tous les traveaux autours de la construction de niche, un domaine ou la boucle de retroaction eco-evolutive allie interactions et contingence pour faire emerger une histoire dont le theme centrale n'est pas le rejet de l'habitat (pour reprendre Shepard) et ou, le clivage nature/culture disparait de fait. L'ouvrage de Odling-Smee, Laland et Feldman fournit une tres bonne synthese de ce processus negligé jusqu'alors en évolution.

    Sinon, l'exposé que l'évolution n'est pas finalisé mais finalisante m'a paru très claire.

  9. J'admets bien sûr la critique. Ce n'est qu'un article assez court et je ne suis pas un spécialiste du domaine. Il y a bien sûr des suicides collectifs mais sur le long terme c'est un facteur d'élimination (relatif). Je crois effectivement qu'il n'y a de véritables "lois" de l'évolution qu'à très long terme, cela ne veut pas dire qu'il n'y a pas de nombreux phénomènes contradictoires sur des périodes plus courtes avec des tricheurs, etc. Je ne connais pas Samir Okasha et je lis mal l'anglais mais je vais essayer de me documenter à son sujet.

    Je ne suis pas sûr de bien comprendre le deuxième point mais je ne met pas sur le même plan les "cultures" animales et humaines. Il me semble que seul l'homme échappe vraiment à l'évolution (même si ce n'est pas à 100%), par la protection des plus faibles, l'habitat, l'habillement, les prothèses (lunettes, etc.) mais surtout du fait qu'on peut maintenant intervenir directement sur le génome (on peut dire qu'on ne sort de l'évolution que depuis peu). Ceci dit je suis persuadé qu'il y a beaucoup plus à dire et discuter sur ces sujets et je suis intéressé par des précisions. Je ne prétends à aucune vérité et ne me serais pas mêlé de faire cet article polémique si je n'avais trouvé Pascal Picq un peu trop rapide et affirmatif à ce propos...

  10. La théorie de l'évolution est comme un gruyère dans lequel il y aurait 100 fois plus de vide que de matière.. Autrement dit, il n'y a pas "un" chainon manquant mais il n'y a pratiquement que ça. Les religions, qui sont bien sur TOUTES des "sociétés obscurantistes", ne sont pas les seules à démonter le pied d'estal de Darwin. Il faut vraiment passer à autre chose.
    Il y a une question fondamentale à laquelle je n'ai JAMAIS trouvé de réponse satisfaisante.. Tout système laissé à lui même voit toujours son entropie augmenter.. Et ce, quelque soit le niveau d'organisation considéré (cellules, tissus, organes, matière non vivante,etc).
    Alors le discours que vous développez sur "l'inversion locale" de l'entropie ne me convainc pas du tout.. Comment la complexité peut elle émerger d'elle même, à travers les dizaines de niveaux structurels du vivant. Sachant que tous ces niveaux d'organisation de l'individu doivent changer ensemble, en même temps, et dans le bon sens.
    Pour finir, je pense simplement à de nombreux cas de scientifiques (agnostiques, je précise) qui adoptent de plus en plus de réserve vis à vis de la théorie de l'évolution, ou ses multiples avatars. Ils sont nombreux à décrier le caractère parfois totalement fanatique et totalitaire de l'adhésion au Darwinisme.
    Je citerais Rémy Chauvin, grand spécialiste des insectes sociaux. On pourra dire ce que l'on veut de lui, mais il reste que ses écrits sur le sujet font référence et que ses centres d'intérêts sont pour le moins vastes, qualité rare chez les scientifiques.
    Bref, voici donc ce qu'il écrit à propos du développement de l'oeil humain dont j'ai parlé plus haut :
    "Mais comment expliquer que les mutations portent aussi et en même temps sur les muscles, le développement des cônes et des batônnets, celui de la couche pigmentée et sur le branchement nerveux si complexe de l'homme ? Notez bien qu'en droite logique et si on veut être rigoureux, cette suite de hasards fabuleux n'est pas impossible (pas plus que l'exemple des singes dactylographes tapant au hasard sur les touches et qui finissent par reconstituer, toujours au hasard, L'"Iliade" ou "l'Odyssée"). Ce n'est pas impossible, c'est seulement excessivement improbable." Remy et Bernadette Chauvin "Le modèle animal", éditions Hachette

  11. L'image du gruyère est excellente pour une théorie de l'évolution qui effectivement ne peut prétendre tout expliquer qui a une démarche zigzaguante, erratique, buissonante qui est tout sauf logique ou guidée par une intelligence supérieure et tient plutôt du bricolage le plus improbable.

    Il est certain qu'on peut être dubitatif face aux merveilles de l'évolution. Impossible de comprendre comment une telle complexité peut émerger d'un tel chaos. Pas d'autre moyen que d'aller y voir de plus près et là, même si on ne peut dire qu'on comprend vraiment, on constate du moins que la complexité est passée par des stades plus simples et s'il reste de grandes énigmes on se dit que c'est seulement parce qu'on a sauté des stades.

    Au fond, le fait qu'il y ait plusieurs sauts de complexité dont on ne peut rendre compte plaide plutôt pour la théorie de l'évolution et le pur hasard (même si le hasard n'est jamais pur mais le reflet de l'environnement). Il ne peut y avoir aucun principe général qui pourrait expliquer à la fois la synthèse de l'ARN, puis la première bactérie, puis l'incroyable machinerie des cellules à noyaux, puis les organismes pluricellulaires et leur formidable diversification, puis le langage et la conscience de soi ! C'est impensable mais ce ne sont à chaque fois qu'un saut de complexité qui s'inscrit dans l'histoire et sur lequel pourra s'échafauder une complexité encore supérieure. C'est sûr que si on ne connaît pas l'histoire il y a de quoi rester bouche bée !

    Ceci dit, je compare ça à l'émerveillement que produisent sur moi certaines musiques américaines éblouissantes mêlant rock, gospel, country, musiques anciennes, effets spéciaux. On se demande comment un tel concentré de sens et d'émotions peut être possible mais lorsqu'on remonte aux origines, on trouve des musiques répétitives et très pauvres bien qu'efficaces (Bo Diddley par exemple jouait toujours le même morceau de pré-rock). C'est le travail du temps qui a pu arranger plusieurs traditions ensemble et enrichir le répertoire musical jusqu'à une complexité toujours plus grande.

    S'il faut donc accepter de ne pas vraiment comprendre la cause efficiente, c'est parce que l'explication vient seulement de la cause finale. Les yeux sont faits pour voir comme le squelette pour nous porter, c'est suffisant pour en expliquer la structure (théorie constructale), sans avoir accès au détail de leur formation de même qu'on ne sait pas combien d'énergie il faut pour aboutir à la température du thermostat qui en réglera le débit.

    Une grande erreur faite par la plupart des scientifiques, c'est de croire que l'entropie est une loi du même ordre que la loi de la gravité ou que la conservation de l'énergie alors que c'est une loi statistique plus proche de la physique quantique. Maxwell déjà avait souligné la dimension anthropique de l'entropie et probabiliste dont Boltzmann fera la théorie, obligé d'accepter, difficilement, l'existence de fluctuations d'entropie, fluctuation d'entropie qui permettrons à Enstein de prouver l'existence de molécules par le mouvement brownien.

    J'ai pas mal écrit au sujet de l'entropie (dans "Le monde de l'information" par exemple) et, donc, il est faut de dire que tout est rongé par l'entropie car à ce compte il n'y aurait rien. Il y a bien création de complexité et diminution d'entropie. En premier lieu parce que l'entropie ne s'applique qu'à un système fermé et un organisme capable de capter de l'énergie peut se complexifier. On prétend qu'il faudrait que toute réduction d'entropie se paye d'une augmentation d'entropie en confondant l'entropie avec l'énergie. On ne peut dire qu'il y a augmentation d'entropie quand on capte un flux d'énergie qui est déjà une pure dépense entropique. En optimisant l'utilisation de l'énergie on a bien un gain net d'entropie. Il y a bien inversion locale d'entropie. C'est là qu'intervient l'information dont la valeur est fonction de l'improbabilité et qui permet de s'opposer à l'entropie (d'éviter le pire, profiter du meilleur). Impossible d'en dire plus ici mais il est faut qu'il faudrait des évolutions synchrones, il y a au contraire de grandes différences de temporalités. Les dinosaures ont eu des plumes bien avant de s'en servir pour voler, bien avant que les poules perdent leurs dents !

    Que des scientifiques respectés protestent de l'étendue de leur ignorance est une bonne chose mais ils n'ont rien à proposer d'autre en dehors de l'expression de leur insatisfaction. A vrai dire, il n'y a rien à proposer d'autre sinon affiner la formulation de cette adaptation par le résultat comme j'ai essayé de le faire, mais il faudrait un livre...

    En tout cas la vie est effectivement le règne de l'improbable qui triomphe par la reproduction mais l'histoire de l'oeil n'est pas si incompréhensible quand on voit comme ça commence, par un simple récepteur à la luminosité qui va adopter une lentille puis se diversifier : c'est simple celui qui voit mieux est mieux adapté à ce monde changeant et se reproduit plus, il suffit d'un, une fois pour que le miracle se multiplie et devienne l'ordinaire de la vie. Et c'est parce que nous sommes à l'image du monde, son intériorisation, que tout s'explique, notre corps, notre conscience, notre complexité et notre rationalité limitée !

  12. Bonjour,

    Vous dîtes:
    "C'est pourquoi les prédateurs ne peuvent être trop féroces (ni les virus trop virulents). La "sélection naturelle" modère la prédation favorisant ceux qui ont une gestion durable de leur territoire (et qui défendent leur territoire de l'invasion d'autres prédateurs) ! C'est un premier niveau de régulation qui a une place essentielle dans la stabilisation de l'écosystème."

    Or, est-ce qu'il n'y a pas là une contradiction?
    Si la sélection naturelle peut modérer, c'est donc que la sélection naturelle a des intentions.
    De plus, comment la sélection naturelle peut t'elle à la fois être capable de modérer et de favoriser les espèces qui ont une gestion durable de leurs territoires?
    Car, si elle fait cela, et sachant que c'est elle qui modère et qui permet, elle le fait au dépens d'elle même non?

  13. Je trouve très étonnant qu'on prête des intentions à la sélection naturelle ! Il n'est tout de même pas très difficile de comprendre qu'un virus trop virulent ne va plus trouver à se reproduire s'il tue tous ceux qu'il infecte et que, donc, les virus "sélectionnés", c'est-à-dire ceux qui seront les plus répandus et se reproduiront, seront les virus qui ne tuent pas tous ceux qui les reproduisent... Aucune intention là dedans, seulement la logique de la reproduction.

    C'est la même chose pour les prédateurs. On peut penser que les premiers prédateurs n'avaient aucune limite (comme nous!) mais après n'avoir plus laissé âme qui vive, ils ont dépéris eux aussi laissant la place à ceux qui défendaient leur territoire et préservaient (sans le savoir) leur "capital". Les prédateurs sont un élément essentiel de la stabilisation des équilibres écologiques mais cela ne veut pas dire que tous les prédateurs gèrent leur territoire en bons pères de famille, ni qu'il n'y a que des équilibres mais l'évolution, qui n'a aucune intention, ne fait rien aux dépends d'elle-même, ce qui ne veut rien dire, simplement elle favorise ce qui est durable.

    Il n'y a pas d'évolution sans reproduction et conservation de l'existant (sinon il y a plutôt régression et destructions) mais ce ne sont que des mécanismes statistiques avec des phases différentes de mutation, de sélection, d'ampliation et de stabilisation avant que de nouveaux bouleversements environnementaux ne favorisent un nouveau stade d'évolutions accélérées.

  14. Je n'ai prêté aucune intention à la sélection naturelle, je suis sur le sujet bien circonspect sachant que celle-ci ne m'a pas personnellement mis dans le secret.
    Toutefois, en bon circonspect que je suis sur ce sujet, je me garde bien d'en tirer des conclusions, ou bien encore des affirmations. J'essai, et cela de manière dialectique, par évolution en cascade et logique dans mon raisonnement, d'étayer mes suppositions.
    Ainsi, je suppose que lorsque vous prenez la peine d'écrire un article, c'est que vous vous considérez suffisamment compétent ou suffisamment informé ( avec des sources vérifiées scientifiquement ) sur le sujet pour pouvoir l'échanger afin d'informer les plus ignorants et que ces dernier puissent comprendre tous les processus et autres fonctionnalités plus ou moins difficile a débusquer derrière la complexité.
    Or, et je me permet de revenir sur ma première interrogation :
    « Si la sélection naturelle peut modérer, c'est donc que la sélection naturelle a des intentions. »

    Ce à quoi vous me répondez :
    "Je trouve très étonnant qu'on prête des intentions à la sélection naturelle ! Il n'est tout de même pas très difficile de comprendre qu'un virus trop virulent ne va plus trouver à se reproduire s'il tue tous ceux qu'il infecte et que, donc, les virus "sélectionnés", c'est-à-dire ceux qui seront les plus répandus et se reproduiront, seront les virus qui ne tuent pas tous ceux qui les reproduisent... Aucune intention là dedans, seulement la logique de la reproduction."

    De fait, s'il y a sélection ou favorisation des plus respectueux ou des mieux adaptés, il faut bien qu’il y ait un moteur qui consiste à rechercher cette finalité qui consiste à respecter ou favoriser. S’il y a but à atteindre ou bien but recherché, j’en déduis qu’il y a finalité...et s’il y a finalité, il faut bien que celle-ci soit suscitée par l'intention. Le résultat fut t’il différent des effets recherchés.
    D'où ma circonspection. La sélection naturelle aurait t’elle des intentions ?

  15. Je ne sais quoi répondre. Si l'entropie égalise, si des liquides s'équilibrent, il n'y a nulle intention ou finalité. Si les virus trop virulents ne se reproduisent pas c'est un fait mathématique ! La "sélection naturelle" n'est pas une personne, ce n'est rien du tout, c'est juste ce qui se passe quand on laisse les choses évoluer toutes seules... Des modèles mathématiques montrent que la coopération est plus efficace que la compétition sur le long terme, c'est une question de gains et pertes au niveau collectif même si sur le court terme ce sont les plus agressifs qui ont le dessus ! Il y a sélection et la sélection élimine les plus agressifs sur la durée car ils scient la branche sur laquelle ils sont assis, ce qui modère l'agressivité à la longue, je ne vois pas où est le problème...

  16. "Si les virus trop virulents ne se reproduisent pas c'est un fait mathématique !"

    Si les virus trop virulents ne se reproduisent pas, c'est qu'il y a bien sélection par critères dévalorisants ( ou bien disqualificatifs, ce qui revient à dire qu'ils sont par évidence conditionnés ) pour la reproduction.
    Or, ces critères sont définis en vertu de quoi? Du but qui consiste à se reproduire dans ce cas.
    Donc il y a bien un but recherché et de fait nous en revenons à ce qui suscitait ma première interrogation:
    s'il y a sélection ( ce qui visiblement est avéré ) ou favorisation des plus respectueux ou des mieux adaptés, il faut bien qu’il y ait un moteur qui consiste à rechercher cette finalité qui consiste à respecter ou favoriser. S’il y a but à atteindre ou bien but recherché, j’en déduis qu’il y a finalité...et s’il y a finalité, il faut bien que celle-ci soit suscitée par l'intention. Le résultat fut t’il différent des effets recherchés.
    D'où ma circonspection. La sélection naturelle aurait t’elle des intentions ?

    Ce qui n'enlève rien au fait qu'un équilibre général ( le moteur qu'est la sélection compensé en opposition par l'entropie ) est visiblement et toujours atteint ou bien recherché.
    Ce qui ramène à la notion d'auto-organisation?

  17. Je ne peux continuer la discussion car je ne comprends pas. Il n'y a ni dévalorisation ni critère. Si un organisme n'est pas viable il ne se reproduit pas. Si un virus détruit les organismes dans lesquels il se reproduit il arrête de se reproduire, c'est un fait. C'est la même chose avec un virus informatique, s'il détruit immédiatement la machine qu'il infecte il arrête de se reproduire. C'est logique. C'est de l'auto-organisation si l'on veut et bien sûr l'évolution et la vie ce n'est pas autre chose que la reproduction donc on peut dire que la finalité de la vie et de l'évolution c'est la reproduction mais c'est un peu court, autant dire que la finalité de la vie c'est la mort. Ce sont des tautologies !

  18. mince mais t'es complètement bouché ou quoi Intrication
    les explications de Jean sont très clairs

    si un virus est très virulent, ils tuent tous les organismes qu'il a infecté et ne peut donc plus se disséminer et continuer à exister ...pfuit il disparaît (ce qui au passage risque de nous arriver à nous humains, soit disant très intelligent, si nous continuons sur la voie actuelle)

    si un virus n'est pas trop virulent (il rend malade ...) il peut alors continuer à se répandre et continuer à exister

    c'est donc son mode de fonctionnement qui va déterminer si il va continuer à exister ou pas

    y a pas de magie ou d'intention là dedans ...

    quant à voir une intention dans la sélection naturelle, il me semble qu'on entre là dans une sorte de mystique douteuse

    d'abord y a t-il vraiment complexification ?
    je pencherai plutôt pour un acroissement des capacités avec le temps et des réarrangements en quelque sorte
    mis à part le cortex cérébral le cerveau humain n'est guère différent de celui d'un dauphin par exemple
    il n'y a donc pas complexification mais extension de certaines zones cérébrales ce qui a permis la création de l'imaginaire puis du langage
    c'est donc plus un accroissement qu'une complexification

    arrêtons de nous gausser nous pauvres humains que nous sommes en voulant nous démarquer absolument et nous hisser sur un petit piédestal, c'est vraiment pathétique

  19. On peut effectivement contester la "complexification" qui est un terme trop général pour ce qui constitue un perfectionnement de l'organisation. Ce qui se complexifie c'est la réponse, la réaction prenant en compte des critères plus nombreux mais cela peut se traduire par une certaine simplification de l'organisation (un nouvel organe par exemple). Ceci dit, il y a bien complexification du cerveau, du cortex préfrontal au moins, et l'homme est bien sur un piédestal, dû-t-on le déplorer car c'est du haut de sa position dominante qu'il peut déterminer le sort de tous les organismes vivants. Le passage de l'évolution à l'histoire est un fait même si on peut revenir à l'évolution en détruisant nos propres bases. Il n'y a là aucune surestimation de nos capacités mais prise de conscience de nos responsabilités...

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