Quels risques climatiques majeurs ?

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Prendre conscience des risques majeurs à long terme : même si ce n'est pas le plus probable à court terme, le risque d'un emballement du climat qui provoque un empoisonnement de l'atmosphère et des extinctions massives doit constituer notre horizon, la menace qu'il faut absolument éviter et, pour cela, même si on n'arrive pas à limiter le réchauffement à 2°C, ce qui semble hors de notre portée, tout faire pour ne pas dépasser en tout cas les 4°C de réchauffement, ce qui n'est pas gagné d'avance et dépend entièrement des prochaines décennies...


- Impossible de réduire les incertitudes du climat !

La recherche climatique est de plus en plus active et tous les mois sont riches de nouvelles dont la plupart sont inquiétantes et dérivent par rapport aux modèles jusqu'à nous forcer à envisager le pire. Certes, il faut souligner qu'on ne peut avoir aucune certitude, la science du climat est d'une telle complexité qu'elle est encore en construction, les dernières données en témoignent. Les incertitudes sont immenses mais pas au point qu'on devrait faire comme s'il n'y avait aucun risque, ce qui serait irresponsable ! Nous sommes bien dans le cadre du principe de précaution mais par rapport à un risque majeur qu'il faut tenter d'éviter à tout prix. La difficulté est non seulement de se projeter dans le long terme, mais surtout de se prémunir de risques dont on ne peut même pas prétendre qu'ils soient absolument certains ! Le premier enjeu est bien cognitif, il est de constituer effectivement une "vérité officielle" pour guider l'action publique mais il ne peut être question pour autant de "vérité dogmatique", seulement de "consensus scientifique" du moment sans que cela signifie que le consensus actuel sera forcément celui de demain... Ceux qui s'offusquent du poids du consensus et du nombre ne voient pas que c'est le fonctionnement de la science elle-même, alternant "science normale" et révolutions scientifiques, même si cette fois, cette "démocratie scientifique" forcément imparfaite prend effectivement une dimension véritablement politique. Ce n'est pas une raison pour condamner ceux qui pensent autrement et bloquer ainsi la recherche. Au contraire, on a besoin des arguments des sceptiques pour éprouver les points faibles des modèles actuels, il faut simplement y répondre point par point, par des mesures et par des faits. L'heure reste au débat autant qu'à l'action.

- L'histoire mouvementée du climat

L'excentricité évolue avec comme principales périodes 412 800 ans et 100 000 ans
(il y a aussi l'inclinaison avec des cycles de 41 000 ans et la précession de 23 000 ans)

Ainsi, il y a 11 000 ans dans l’hémisphère nord, nous recevions en été 6% de plus d’énergie solaire qu’à l’heure actuelle. Inversement, en hiver il y a 11 000 ans, nous recevions 6% de moins d’énergie solaire qu’à l’heure actuelle.

Actuellement au cours de l’année, c’est en été (de l'hémisphère Nord) que la Terre se trouve le plus éloigné du soleil (configuration étés frais, hivers doux).

Cette situation va évoluer progressivement à l’établissement d’étés de plus en plus chauds en Hémisphère Nord. (diminution de la distance Terre-Soleil en juin, au cours des prochains milliers d’années).

Une des difficultés, c'est de juger une évolution de long terme sur des variations à court terme. Les cycles à long terme ne sont pas décelables en général par les acteurs, tout comme les fluctuations boursières à court terme ne rendent pas compte des tendances lourdes qui n'apparaissent souvent que vues de loin (au macroscope). Notre échelle de temps est relativement insignifiante par rapport aux temps géologiques, aussi les préhistoriens sont fondés à relativiser notre rôle dans un réchauffement caractéristique, à l'intérieur d'une glaciation depuis 3 millions d'années, de périodes inter-glaciaires qui durent 10 000 ans en moyenne, ce qui voudrait dire qu'on toucherait bientôt la fin, sauf que celle-ci pourrait durer 30 000 ans si nous sommes bien dans la même configuration qu'il y a 400 000 ans (4 cycles de 100 000 ans et 10 cycles de 40 000 ans) ! Cela semble être la seule époque où l’on ait trouvé des pollens de vigne sauvage dans le Vercors avec un niveau des mers plus élevé (une dizaine de mètres ?).

Cependant, on ne peut s'appuyer sur le passé pour prétendre qu'il n'y aurait jamais eu de dérapages ni d'extinctions massives, en général d'origine volcanique il est vrai ! La dernière extinction, touchant particulièrement le genre homo, dont très peu survécurent [cela a été réfuté depuis], daterait de l'éruption du Mont Toba, il y a 74 000 ans, mais aurait plutôt fait chuter les températures de 5°C et provoqué une nouvelle glaciation ! La plus grande extinction était celle du Permien, il y a 251 millions d'années (puis -201 et -64 millions d'années avec la fin des dinosaures). L'hypothèse la plus catastrophique envisagée actuellement c'est la crise climatique du maximum thermique paléocène-éocène (PETM), il y a 54 millions d'années, qui avait augmenté la température de 5°C par dégagement de CO2 volcanique :

La Terre aurait subi un effet de serre mortel à plusieurs reprises. cette nouvelle théorie explique les extinctions de masse à la fin du Permien, il y a 251 millions d'années, et de la fin du Trias 50 millions d'années plus tard. Un réchauffement global intense aurait empoisonné l'océan, semant la mort dans les mers et sur les continents. Voici le scénario de cette théorie : il commence quand une activité volcanique importante libère de grands volumes de dioxyde de carbone et de méthane dans l'atmosphère. Ces gaz entraînent un réchauffement global rapide. L'océan, plus chaud, absorbe moins bien l'oxygène de l'atmosphère, qui s'infiltre en quantité réduite dans les profondeurs océaniques. Il en résulte une déstabilisation de la "chimiocline" (le seuil d'équilibre entre les eaux oxygénées de la surface et les eaux riches en sulfure d'hydrogène, ou H2S, produits par les bactéries anaérobies des profondeurs). Les bactéries anaérobies prospèrent tellement que l'eau saturée en sulfure d'hydrogène atteint brusquement la surface de l'océan. Les bactéries photosynthétiques vertes et violettes qui consomment du sulfure d'hydrogène et vivent normalement au niveau de la chimiocline occupent alors les eaux de surface privées d'oxygène et riches en sulfure d'hydrogène, tandis que les formes de vie marine respirant de l'oxygène suffoquent. Le sulfure d'hydrogène diffuse également dans l'air, tuant animaux et plantes terrestres et s'élevant dans la troposphère où il attaque la couche d'ozone protectrice. Sans ce bouclier, rayonnement ultraviolet du Soleil tue ce qui reste de la vie...

Enfin, cette hypothèse ne s'applique pas qu'à la fin du Permien. Une extinction mineure de la fin du Paléocène, il y a 54 millions d'années, avait déjà été attribuée à une période d'anoxie océanique déclenchée par un réchauffement global. Des preuves biologiques suggèrent que c'est aussi ce qui s'est passé à la fin du Trias, au milieu du Crétacé et à la fin du Dévonien : les extinctions par effet de serre massif seraient récurrentes.

Les concentrations de dioxyde de carbone atmosphérique étaient élevées lors des grandes extinctions en masse, suggérant un rôle du réchauffement global dans ses événements. Aujourd'hui, le dioxyde de carbone atteint 385 parties par million (ppm) et devrait augmenter de 2 ou 3 ppm chaque année. A ce rythme, de dioxyde de carbone atmosphérique atteindra 900 ppm à la fin du siècle prochain, une concentration proche de celle qui régnait lors de l'extinction thermique du Paléocène il y a 54 millions d'années.

Revue des sciences 11/2006
Pour la Science, Un impact venu des profondeurs, Peter Ward

Les risques sont donc considérables, et l'écart de 5°C significatif des événements extrêmes. Or il est possible que notre réchauffement dépasse les 6°C ! Si on insiste bien en général sur le caractère catastrophique de ces valeurs extrêmes, on détaille rarement l'engrenage mortel qui pourrait en résulter et qui est plus effrayant que ce qu'on imagine d'habitude.

Pour résumer, nous sommes bien dans une phase de réchauffement longue, mais la question qui se pose est celle de savoir si le supplément de CO2 que nous dégageons, même relativement modeste par rapport aux émissions naturelles, pourrait à la longue nous faire basculer dans les événements extrêmes que la Terre a déjà connus et, surtout, si on peut l'éviter encore !

Nous nous sommes situés dans le très long terme mais il y a plusieurs temporalités à prendre en compte : le siècle, le millénaire et au-delà. On peut dire qu'il est difficile de se projeter au-delà du siècle, qui doit être notre référence principale, car la technique peut évoluer considérablement d'ici là, notamment la géoingénierie. On ne peut se désintéresser pour autant des conséquences à très long terme de notre mode de vie, au moins pour prendre conscience des ordres de grandeur :

A terme, (d’ici 3000), si toutes les ressources fossiles sont brûlées (pétrole, gaz et charbon), dans la seconde partie du millénaire, les concentrations en CO2 dans l’atmosphère atteindraient 1200 à 4000 ppm au lieu de 380 ppm actuellement, la température augmenterait de 4°C à 9°C et le niveau de la mer pourrait s’élever de 3 à 8 mètres... car les réserves en pétrole, en gaz et, surtout, en charbon sont considérables, si on les exploite à tout prix, contrairement à ce que certains avancent pour justifier l’inaction. Ces prévisions sont néanmoins à prendre avec précaution. En particulier, elles ne tiennent pas compte d’instabilités majeures comme l’effet dramatique que pourrait avoir le dégagement du méthane piégé dans le pergisol.

Dans tous les cas, ces prévisions dépassent largement la variabilité climatique des derniers 10 000 ans (1°C à 2°C).

La seule solution pour éviter un changement climatique majeur à long terme est d’imposer des réductions drastiques d’émission de CO2 dans les 50 à 100 ans à venir, et cela quelles que soient les solutions retenues.

La Recherche, Objectif Terre 2050, 01/2008

- Notre situation

Sur le plus court terme, pour prendre la mesure des changements climatiques actuels il faut savoir que, sans remonter à 7000 ans ni au déluge, il y a eu plusieurs périodes de réchauffement, favorables au développement de la civilisation, vers -600, au moment du miracle Grec, et au début du Moyen-âge (de 950 à 1100), les températures ayant pu dépasser les valeurs actuelles de 0,5°. Il y a eu aussi un petit âge glaciaire (1550-1850) à l'époque du roi Soleil, avec 1° de moins que maintenant !

A partir de 1910-1911, on a sous nos latitudes un premier réchauffement climatique de l'ordre de 0,5°C. Il culmine pendant la décennie 1940 et les plus anciens se souviennent de l'été torride de 1947. Puis on a un rafraîchissement lors des décennies 1950 et 1960. Le réchauffement recommence en Hollande et en Angleterre dès la décennie 1970, et en France, semble-t-il, seulement à partir de 1980. Une glorieuse décennie 1980 avec des bordeaux extraordinaires : Suit la décennie 1990, la plus douce du siècle, avec des bourgognes excellents !

Emmanuel Le Roy Ladurie, Sciences et Avenir, 01/2008

Depuis, on n'arrête pas de battre des records mais on voit qu'on a beau être en phase de réchauffement accéléré, pour l'instant on n'a encore rien vu, on est dans la norme voire dans l'optimum, la difficulté étant de se projeter dans une situation toute autre au-delà de 2°C, sans parler de bien plus... LA TEMPÉRATURE MOYENNE a augmenté de 0,8 ºC au cours du dernier siècle, dont 0,6ºC sur les trois dernières décennies.

L’analyse des relevés de température tout autour du globe démontre que la décennie 1998-2007 a été la plus chaude jamais enregistrée.

Par ailleurs, l’année 2007 est en passe de devenir la septième année la plus chaude depuis 1850. L'augmentation de la température est de 0,41 degrés cette année par rapport à la moyenne calculée pour la période 1961 à 1990 (soit 14 degrés), ont précisé les scientifiques.

L'année 2007 a également été marquée par l’abaissement des niveaux de glace de mer dans l'Arctique. L'étendue de la glace se situait en-dessous de la moyenne chaque mois de l'année et pour la première fois au cours de l'histoire, le passage du Nord-Ouest canadien est resté ouvert pendant cinq semaines. Les niveaux de la mer ont également continué d'augmenter; les mesures obtenues par satellite montrent que, depuis 1993, les niveaux moyens ont augmenté d'environ trois millimètres par an.

Malgré un léger refroidissement dans nos contrées de 2007 à 2009 à cause d' El niña, la situation actuelle se caractérise surtout par une accélération inquiétante de la fonte de la calotte glaciaire (arctique, Groenland) et du permafrost sibérien, par la baisse des capacités d'absorption du co2 par la mer, la déforestation et l'augmentation des rejets de gaz à effet de serre. On peut craindre toute une série d'auto-amplifications (réduction de la glace réfléchissante, augmentation du méthane) alors que c'est déjà la rapidité du réchauffement qui est exceptionnelle, dépassant tous les modèles. Il est difficile d'évaluer la portée à long terme de ces phénomènes relativement récents, en particulier des risques d'emballement à l'échelle du siècle, sachant que plus le réchauffement sera rapide, plus il sera meurtrier et moins nous serons préparés à y faire face...

- L’Atlantique absorbe moins de dioxyde de carbone

Une série de mesures indiquent que l’Atlantique nord remplit deux fois moins bien qu’il y a dix ans son rôle de puits à dioxyde de carbone. Entre les deux périodes de mesures, dans le milieu des années 1990 puis entre 2002 et 2005, elle aurait diminué de moitié ! « Des changements d’une telle ampleur constituent une surprise énorme, avoue Ute Schuster. Nous pensions que ces modifications ne pourraient survenir que lentement à cause du volume de l’océan ».

- Fonte de la banquise en Arctique : un emballement est possible
- L'emballement (bis) : nos émissions augmentent et l'absorption par la mer diminue...
- C'est le rythme du réchauffement qui est dramatique
- Regain d’émissions de gaz à effet de serre dans les pays riches
- Fonte record de la banquise arctique, événement météo de l'année au Canada
- Coup d’accélérateur pour la fonte des glaces du Groenland
- La zone tropicale s’étend avec le réchauffement de l’atmosphère

- Scénarios catastrophes

LA CONCENTRATION EN GAZ CARBONIQUE (CO2) dans l'atmosphère est passée de 280 parties par million (ppm) avant l'ère industrielle à 380 ppm aujourd'hui. Elle se situera entre 540 ppm et 970 ppm à l'horizon 2100.

L'élévation de température devrait être plus forte aux pôles qu'à l'équateur. L'Arctique devrait ainsi gagner 4 à 7 °C dans les cent prochaines années. Suivant les modèles, le réchauffement se manifesterait davantage sur les continents que sur les océans, la nuit que le jour et plus en hiver qu'en été. Le régime hydrologique devrait être modifié par l'accélération du cycle évaporation-précipitation. Tout comme les courants marins.

La Recherche du mois de décembre 2007 dressait la liste des incertitudes du climat : les effets des nuages, l'incidence des aérosols, l'adaptation des écosystèmes végétaux, la capacité d'absorption du CO2 par les océans, la circulation océanique, la stabilité des hydrates de gaz, le dégel du permafrost, la fonte des glaces, l'activité solaire et le rayonnement cosmique, les rejets humains de gaz à effet de serre, les événements extrêmes...

Ces incertitudes ont donné l'espoir que des phénomènes de rétroaction négative (comme les nuages à basse altitude) réduiraient l'impact du réchauffement, voire pourraient produire un refroidissement ! Ces espoirs ne semblent pas fondés, il y a plutôt des boucles de rétroaction positive qui accentuent les variations que ce soit vers le plus chaud ou le plus froid. Les périodes de stabilité sont rares et fragiles, en général perturbées par le volcanisme ou des astéroïdes.

A l'aide d'indicateurs paléoclimatiques et paléo-océanographiques, des chercheurs du CEREGE (1) ont mis en évidence un mécanisme de rétroaction de la circulation océanique sur le climat, qui renforce le réchauffement ou le refroidissement. Ce mécanisme repose sur un lien étroit entre la circulation Atlantique Nord et l'hydrologie tropicale de l'Amérique centrale.

Aujourd'hui, le fait que le réchauffement climatique pourrait perturber le cycle de l'eau et induire un ralentissement de la circulation Atlantique Nord est un réel sujet d'inquiétude. Les données océanographiques des 50 dernières années suggèrent que des changements hydrographiques (température et salinité) ainsi qu'une diminution du flux d'eau transporté par certains courants marins, en surface et en profondeur, se sont déjà produits en Atlantique Nord. Le risque d'une variation encore plus importante de la circulation océanique à l'échelle de la fin du siècle, ou du début du siècle prochain, doit être pris au sérieux et étudié activement.

Pour l'instant, le principal risque semble la fonte du permafrost et de la banquise arctique car c'est ce qui aggrave tout le reste. Disons tout de suite que les premières études sont plutôt rassurantes à court terme sur ce point mais, étant donnée l'enjeu vital, c'est ce dont il faudrait s'assurer un peu mieux et ce qu'il faut étudier en premier lieu.

  • Le méthane est le grand oublié des modèles climatiques !

Or, justement, le supplément de La Recherche du mois de janvier 2008 (Objectif Terre 2050) insiste sur la mauvaise prise en compte du méthane dans les modèles :

Les modèles actuels ignorent les effets possibles du réchauffement sur un acteur important du système climatique : le méthane (CH4). C’est le 2ème gaz à effet de serre émis par l’homme après le gaz carbonique, puisque sa part relative dans l’augmentation de l’effet de serre d’origine anthropique est de 18%, contre 63% pour le CO2.

Plus inquiétant, les terres gelées (les pergisols) d’Alaska et de Sibérie risquent fort de dégeler en partie en cas de réchauffement. Ces sols, très riches en matière organique, saturés en eau, sont potentiellement d’énormes sources de méthane. A nouveau, il s’agirait d’une rétroaction où le cycle du méthane accentuerait le changement climatique. Le risque semble pour le moment limité, mais il nécessite d’être étudié.

Météo incertaine pour 2050

Les premières études se veulent très rassurantes, établissant que les dégagements massifs de méthane seraient peu probables.

C'est la bonne nouvelle de ce début d'année, repoussant l'hypothèse d'un emballement du climat par la fonte du permafrost ou le dégagement des hydrates de méthane :

Une autre étude, effectuée à l’Institut d’hydrologie de Saint-Pétersbourg, démontre que le dégagement du méthane contenu dans la merzlota ne s’accroîtra que de 20 à 30 % maximum, entraînant un réchauffement de seulement 0,01° C, une valeur insignifiante comparée au résultat de l’industrialisation…

Ces arguments, confortés par le fait que l’accroissement de la concentration du méthane atmosphérique n’ait pratiquement plus été observé après l’an 2000, tendraient à démontrer que la théorie de la « bombe climatique » de la merzlota russe serait dénuée de fondements. Ce qui ne doit pas nous inciter à cesser les observations…"

D'autres études minimisent le risque actuel. Ce sont de très bonnes nouvelles mais qu'il faut relativiser un peu car ce n'est pas maintenant que les dégagements de méthane devraient se produire. C'est au-delà des 2°C que ça se gâte et il semble acquis qu'on n'arrivera pas à se limiter à 2°C malgré l'appel des scientifiques de Bali. Le dégagement du permafrost semble très sous-évalué et le dégagement du méthane marin qui est certes à plus long terme ne devrait pas prendre 10 000 ans si on en juge par le passé. Certes, l'extinction massive du maximum thermique paléocène-éocène (PETM) a été provoquée d'abord par un dégagement du CO2 d'origine volcanique, qu'il faudrait comparer au dégagement anthropique actuel, mais qui a bien déclenché un emballement mortel assez rapide (et qui a duré ensuite 100 000 ans, c'est-à-dire le temps d'une glaciation). Par ailleurs, nous ne sommes pas à l'abri d'un volcanisme qui viendrait s'y ajouter, même si nous sommes plutôt dans une période calme à ce niveau et que cela nous dépasse complètement encore.

Retenons que cette hypothèse extrême n'est pas la plus probable dans ce siècle, heureusement, mais elle doit rester malgré tout notre horizon et il faudrait en informer la population car cela constitue ce qu'il faut absolument éviter mais dont le risque augmente considérablement dès lors qu'on pourrait atteindre un réchauffement de plus de 5°C, ce qui n'a rien d'impossible, hélas !

  • La 6ème extinction

Tant qu'il n'y a pas de rupture de seuil, ce qui est de l'ordre du tout ou rien, le risque principal tient surtout à la rapidité du bouleversement climatique, ce qui rend difficile l'adaptation des populations mais aussi des plantes et des animaux. Un réchauffement de 1°C se traduirait par un déplacement vers le nord de 180 km des aires de répartition des espèces. Et par des extinctions... Plus le réchauffement sera rapide et plus la biodiversité devrait s'effondrer (avant de se reconstituer mais à plus long terme). Notons que si la biodiversité est vitale, c'est justement de pouvoir répondre à ces brusques changements environnementaux, favorisant dans cette diversité les organismes les plus adaptés aux nouvelles conditions. L'effondrement de la biodiversité n'est pas forcément une catastrophe dans un premier temps. C'est là où la biodiversité est déjà réduite que le risque est le plus grand. Or, la 6ème extinction a bien déjà commencé mais initiée par l'homme avant même que le climat ne s'en mêle !

On connaît bien les causes qui précipitent l’extinction des espèces et qui sont en oeuvre dans la crise actuelle : la destruction et la dégradation des milieux (déforestation, fragmentation des habitats, pollution...), la surexploitation des populations animales et végétales (chasse, pêche, récoltes), l’introduction et l’expansion d’espèces exotiques et le réchauffement climatique. Et puisque l’on sait que les espèces dépendent les unes des autres à travers des réseaux alimentaires complexes, on comprend que l’extinction d’une espèce va induire, à son tour, une cascade d’extinctions. La Recherche

Ce sont les coraux qui sont les premiers menacés par la rapidité du réchauffement, et toute la chaîne alimentaire qui en dépend, mais on doit s'attendre plus généralement à une baisse de la productivité marine à mesure que la température de la mer augmente, à cause de la baisse de l'oxygène et de l'acidification de l'océan. Sur terre, on assiste à une extension des zones tropicales avec son lot de maladies et de parasites, mais surtout à un décalage des saisons qui perturbe les cycles reproductifs et désynchronise les associations symbiotiques. Les conséquences sur la faune et la flore marines et terrestres, et donc sur les famines qui peuvent en découler, dépendent de l'échelle de temps considéré dans le contexte d'une population qui pourrait commencer à décroître avant la fin du siècle. A court terme, le risque de famine est lié aux biocarburants et non directement au climat.

Les risques pour la santé sont nombreux et comprennent l'impact des vagues de chaleur, les inondations et les incendies de forêt, les changements dans les modes de propagation des maladies infectieuses, et la diminution des ressources alimentaires disponibles.

L'Organisation Mondiale de la Santé estime qu'un quart de la charge mondiale de morbidité est due à la contamination de l'air, de l'eau, du sol et des aliments, responsable en particulier des infections respiratoires et des maladies diarrhéiques. Et sa directrice-générale a encore rappelé le 21 janvier dernier qu’il fallait employer tous les moyens scientifiques pour « convaincre tous les leaders que l’humanité est l’espèce la plus en danger en raison du changement climatique ». Ainsi, par exemple, d'ici 2080 entre 20 et 70 millions de personnes supplémentaires vivront dans des régions affecté par le paludisme.

  • L'eau douce

Les problèmes d'approvisionnement en eau dépendent aussi des périodes considérées. Il n'est pas si évident que le réchauffement soit une période de sécheresse, du moins c'est très difficile à prévoir. Le changement du régime des pluies peut profiter à l'un et nuire à l'autre mais les pluies devraient augmenter plutôt dans un premier temps. On ne peut en être sûr mais les plus gros problèmes viendront sans doute une fois les glaciers fondus (Himalaya, etc.), pas avant 2050 sans doute ? En attendant, l'eau est déjà devenue une ressource rare sur toute la planète à cause de l'agriculture principalement.

  • La montée des mers

C'est le risque le plus concret, déjà observable à petite échelle. Les plus exposés sont les populations côtières, surtout le Bangladesh, et les petites îles (très actives contre le réchauffement). C'est certainement la source du plus de problèmes dans les prochaines années.

Selon certains experts, il s'élèverait de 1 à 1,5 mm par an, soit 10 à 20 cm au total pour le 20ème siècle. Cette élévation serait principalement due à la dilatation des masses océaniques sous l'effet du réchauffement général.

Une élévation supplémentaire du niveau des mers due à la fonte des glaces polaires pourrait ajouter, d'ici à la fin du XXIe siècle, de 10 à 20 cm aux prévisions maximales (60 cm), et on ne peut pas exclure une élévation encore plus forte du niveau des mers à l'avenir".

Seulement quelques centaines d’années auraient été suffisantes pour une élévation du niveau des océans de six mètres. Plus précisément, la vitesse estimée est de 1,6 mètre par siècle, ce qui est presque trois fois plus rapide que les estimations fournies par le GIEC pour la montée du niveau des océans à la fin de ce siècle.

La vitesse de la fonte de l'Arctique et du Groenland pourrait accélérer la montée des eaux au-delà des prévisions et pousser vers les valeurs hautes (jusqu'à 7 mètres !). Le scénario catastrophe envisagé par "The age of consequences" prévoit un réchauffement de 5,6°C sur le siècle et une montée des eaux de 2 mètres (à plus long terme 12m, voire 25m!). Il faut savoir que si le niveau de la mer monte d'un mètre, cela se traduit par un recul des côtes de 100 mètres en moyenne et l'inondation des basses altitudes comme le Bengladesh, les Maldives, le nord-ouest de l'Allemagne et New York (par contre, avec 5 °C en moins, le niveau de la mer baisserait de 100 mètres !). L'inondation des côtes devrait gonfler les déplacements de population qui prendront sans doute encore plus d'ampleur dans la période qui s'ouvre.

  • Evénements extrêmes

Les autres risques sont plus flous. La multiplication des événements extrêmes n'est qu'une probabilité : une atmosphère plus chaude, plus chargée d'énergie et d'eau devrait provoquer des phénomènes climatiques plus violents mais il est difficile de dire si ce sont les petits cyclones inoffensifs qui se multiplieront ou des méga-cyclones beaucoup plus destructeurs. Il faut savoir qu'il y a quelques siècles les ouragans qui dévastaient les Amériques étaient bien plus fréquents et terribles que ceux d'aujourd'hui grâce au déplacement de l'anti-cyclone des Açores. C'est la combinaison de la montée de la mer et la multiplication des ouragans qui pourrait précipiter l'évacuation des zones côtières.

Pour autant que je puisse en juger, il me semble qu'il faut plutôt insister sur le risque vital au-delà de 5°C et, en attendant, sur la montée des mers et l'extinction de masse qui a déjà commencée, sans oublier la question de l'eau. Il ne me semble pas raisonnable de garder la fiction qu'on pourrait maintenir le réchauffement à 2°C. Il vaut mieux s'y préparer, en s'attachant avec encore plus d'urgence à ne pas aller trop au-delà ! La conscience de l'inertie du réchauffement doit permettre de nous persuader que c'est maintenant qu'on peut encore agir, dans les 30 ans à venir, qu'ensuite il sera peut-être trop tard...

- Les principales conclusions du GIEC

- Les six scénarios du Giec

- Une vérité qui dérange (vidéo)

- Dossier sur le climat de Futura-Sciences

- GEO4, Global Warning, rapport de l'ONU (résumé, 7 pages)

- Rapport mondial sur le développement humain 2007/2008

L'hypothèse extrême
Le point sur le climat
newsletter 11-06

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22 réflexions au sujet de “Quels risques climatiques majeurs ?”

  1. Je sais que je vais choquer énormément de personnes , mais je dis et je
    le répéterais toujours : il y a trois milliards d'êtres humains en trop sur terre .
    Alors ???
    Il faut commencer , dès aujourd'hui , à imposer(?) à TOUS les pays du monde, un moratoire démographique et une décroissance progressive visant à atteindre un seuil "acceptable" de population mondiale , en laissant aux scientifiques le soin de fixer ce seuil et le délai .
    Ceci demande de grands sacrifices , principalement aux pays riches , mais si nous n'acceptons pas de faire ces efforts volontairement , ils nous serons , de toute façon, imposés par les flux migratoires liés aux famines et à la pénurie généralisée des matières premières et des céréales .....
    Bien sûr que cela ne résoudra pas les problèmes climatiques , mais les solutions à trouver ne sont pas les mêmes pour 6 ou 10 Mds que pour 3 .
    Et puis , dans l'absolu....quel droit aurions nous de survivre de façon préférentielle , alors que nous pratiquons nous-mêmes ,et sans états d'âme , des génocides envers les autres êtres vivants ...mais c'est un autre débat

  2. Moi j'ai une solution PARFAITE:
    1) On reprend les terres des grosses compagnies d'agriculture intensive et tous les salopards qui accumulent le capital pour s'en mettre plein les poches.
    2) On donne à chacun un lopin de terre et une bêche pour cultiver, un guide "Le parfait pêcheur à la ligne", un manuel "La civilisation paysanne" (avec les puits, les étés au bord des vignobles ouvragés, etc). Me dites pas que c'est un mythe, ça existe encore dans de rares endroits de la terre où ne sont pas passés les tarés !! Je l'ai vu de mes propres yeux ! J'emmerde le déconstructionisme de la pensée, cette fiente nihiliste.
    3) On ejecte les voitures et on réintroduit les chevaux et la malle-poste (au moins on prenait le temps de voyager).
    4) On démonte les usines, les laboratoires, les batiments administratifs, bref toutes les cochonneries modernes. (Les gens créeront des écoles villageoises ce sera très bien)
    5) On mure toutes les centrales nucléaires.

    Bon l'ennui c'est qu'il y a beaucoup de primates dominateurs (genre M. Sarkozy, cliniquement singesque ) qui ne voudront pas. Mais la solution est parfaite. On fait tomber nos productions de CO2 de 400% en 5 ans. ET ON FOUT LA PAIX A LA NATURE, on cherche pas à la "gérer" (sic). Je vous ferai remarquer qu'elle a très bien su faire toute seule, il a fallu que les hommes ramènent leur fraise avec leur science et leurs ordinateurs pour foutre la merde !

    Utopique vous dites ? Oui parce qu'on a pas le courage ! Mais c'est de l 'ordre du possible, mais hélas peut-être après une guerre civile...

    Enfin c'est pas plus utopique que ces scénarios scientifiques où tout le monde crève à la fin. On pourra faire une simulation intéressante et se dire: je l'avais bien dit (super mon gars, t'es mort quand même )....

    Sandro a dit: "Et puis , dans l'absolu....quel droit aurions nous de survivre de façon préférentielle , alors que nous pratiquons nous-mêmes ,et sans états d'âme , des génocides envers les autres êtres vivants ...mais c'est un autre débat"

    Bravo !(ce n'est pas ironique j'approuve réellement) Nous ne sommes plus (nous l'avons été) une espèce viable. On est en plein dans l'hybris de la masturbation mentale alors qu'il suffirait de revenir à des vies plus terre à terre ! Aujourd'hui il meurt 20 espèces chaque jour, et il serait peut-être juste que la notre paye pour ses forfaits ! Je paye.

  3. à Sandro et à Zul,

    La terre est notre mère à tous, et l'on ne tue pas ses enfants pour la sauver.

    Je pense que pour sauver la terre-mère nous devons d'abord apprendre à l'aimer, à la respecter.

    De plus j'irais dans le même sens que Jean Zin et d'autres( cela à été dit à plusieurs reprises) la théorie de la surpopulation est un dogme fasciste que l'on voit resurgir à chaque fois qu'une menace historique pointe son nez :La peur nourrit le crime.

    Quant à ce qui est de la réappropriation des biens collectifs par la collectivité cela ne me semble pas être une utopie, mais elle se doit d'être entrepris avec un minimum de savoir faire, de "sagesse", d'humilité et surtout d'une forte dose d'humanité, c a d d'amour du vivant !

    De plus, je ne payerais rien, je n'ai contracté aucune dette.

  4. Encore un mot, on trouvera toujours un coupable à envoyer à l'échafaud, ce ne sera jamais rien d'autre qu'un innocent de plus…

    Quant à mon lapsus concernant la dette, il est révélateur, il s'agit bien ici de Contracté une maladie : la peste religieuse du péché originel.

    Donc je le répète…Je n'ai contractualisé aucune dette envers quiconque ni quoi que ce soit. Et tout est Gratuit.

    Je voudrais aussi dire que par "amour du vivant" en totalité j'entends : Affectif et charnel et non mystique, on sait trop bien de quoi se nourrit le néo-paganisme.

  5. Je suis un peu atterré par le fait qu'on se contente de pensées sommaires et si sûr de soi qu'on puisse dire de grosses contre-vérité avec tout le culot des fanatiques n'admettant aucune réplique, sans voir qu'on s'énivre de mots, dans l'exaltation d'une loi du coeur délirante et sans aucune effectivité.

    Bien sûr, la nature ne se débrouille pas mieux sans nous, sinon il n'y aurait pas eu tant d'extinctions massives et de catastrophes en tout genre. La nature est dure, cruelle et sauvage.

    Bien sûr, l'homme n'a pas attendu l'ère industrielle pour dévaster son environnement, que ce soit à l'île de Pâques ou en Amériques. Il est probable que l'homme a eu un rôle dans la disparition des mammouths. Bien qu'il ne disposait pas de notre puissance de feu, il maîtrisait suffisamment le feu pour faire tomber des troupeaux entiers de falaises. Les feux de brousse et de forêts étaient déjà pratiquées par les premiers agriculteurs et bien des terres ont été épuisés par une agriculture intensive ou rendues stériles par une irrigation trop salée...

    On n'a pas besoin de moralistes à 3 sous mais de construire une véritable alternative et une intelligence collective qui brille hélas par son absence !

  6. ça y est revoilà les marmites new age des mots avec des lettres majuscules ( Amour, Gratuit, Vrai, Tout, Libre, terre-mère, etc). Pis l'aimer en utilisant de l'electricité nucléaire, en roulant en bagnole de la terre de feu à l'Alaska, en faisant tourner l'industrie chimique avec nos ordinateurs, moi ça me fait marrer ! Faut arrêter de se chercher une bonne conscience ! On est des salopards et le premier pas vers la liberté c'est de s'apercevoir qu'on a plus le droit de ne pas l'être ! Qu'on est pris au piège dans ce système qui met à sac la planète !! Quand on aura conscience de notre culpabilité et de l'impossibilité de nous en libérer réellement, on pourra agir !! En attendant vous pouvez toujours passer votre conscience à la moulinette psychothérapeutique, ça permet de se donner bonne conscience, mais ça ne change rien !

    Quand au problème de surpopulation il faut être bien bête pour ne pas comprendre que sur une planète limitée il n'y a pas de place pour une population illimitée !!! D'ailleurs tout le monde sait qu'une grande partie de la population est liée à la politique capitaliste nataliste qui se nourrissait de la main d'oeuvre, avant que la deuxième et la troisième révolution industrielle ne les rendent inutiles ! D'ailleurs sans un système industriel productiviste je vois pas vraiment comment vous allez nourir tant de gens: on a pas les terres cultivable pour une productivité moindre (le bio, que j'APPROUVE, ne fournira jamais des rendements equivalent aux 500 boisseau / hectare des cultures génétiquement modifiées américaines. ) !
    Pour le reste: il est TROP TARD pour avoir peur.

  7. On a posté en même temps...

    Vous avez dit: "Bien sûr, la nature ne se débrouille pas mieux sans nous, sinon il n'y aurait pas eu tant d'extinctions massives et de catastrophes en tout genre. La nature est dure, cruelle et sauvage."

    Je vous ferai remarquer que si des catastrophes accidentelles (ce qui n'est pas le cas du foutoir humain, lui bien volontaire) se sont produites, la nature nous a quand même laissé en héritage une diversité, une richesse, etc., qu'aucune catastrophe n'a jamais endigué ! La forêt primaire c'est pas un mythe. Bon la nature est dure, cruelle et sauvage, mais elle est aussi généreuse.

    Vous avez dit: "Bien sûr, l'homme n'a pas attendu l'ère industrielle pour dévaster son environnement, que ce soit à l'île de Pâques ou en Amériques. Il est probable que l'homme a eu un rôle dans la disparition des mammouths. Bien qu'il ne disposait pas de notre puissance de feu, il maîtrisait suffisamment le feu pour faire tomber des troupeaux entiers de falaises. Les feux de brousse et de forêts étaient déjà pratiquées par les premiers agriculteurs et bien des terres ont été épuisés par une agriculture intensive ou rendues stériles par une irrigation trop salée..."

    Excusez moi, mais en comparaison de ce qui se passe actuellement c'est insignifiant ! "Dévaster son environnement" c'est de la mauvaise foi ! Tout au plus ils lui ont porté un léger préjudice, assez vite réparé. L'Ile de Paque c'est différent, c'était un milieu clos et très etroit...

  8. Je rajoute quand même contre un malentendu: il n'est pas question de tuer qui que cesoit concernant la surpopulation. Les gens sont intelligents (pour une grande part on peut en tirer quelque chose en tout cas),il suffirait de leur en parler. Mais ramener le fascisme, le fanatisme et autres mots stigmatisants sur la table...c'est ridicule!

  9. Permettez- moi de dire que je ne pense pas qu'il y ait une quelconque loi du cœur, je pense plutôt que nous sommes simplement humain, et c'est tant mieux.

    Mais je pense aussi qu'en tant qu'humains nous sommes et avons toujours été homme de science, du premier silex au dernier logiciel comme des premières peintures rupestres au dernier graph. Ainsi on peut rager sur les malheurs que cela a produits, la part de bienfait qui en a découlé n'est pas non plus négligeable. De toute façon nous sommes pour l'instant encore sur cette terre, et le mieux à faire est ce que nous avons toujours fait : éviter les douleurs, affronter les dangers, solutionner les problèmes, vivre avec nos échecs comme avec nos réussites.

    Mais si pour arriver à nos fins, il faut cautionner le mépris de la vie humaine, de sa propre vie comme celle des autres, là j'estime que c'est inacceptable.

    Une dernière chose, avant ces trente dernières années, l'entièreté de l'agriculture mondiale etait bio-organique du simple fait que les technologies de l'agroalimentaire industrielle n'étaient pas encore développées comme elle le sont aujourd'hui, et nourrissaient relativement bien son monde, les famines d'alors étant bien plus le fait des ravages de la guerre qu'un problème de quota de production, guerres qui de plus validait déjà des politiques de surnatalité. De plus je pense qu'une politique écologique (agriculture comprise) est totalement compatible avec une science et une technologie de pointe et du moindre risque.

  10. À Zul,

    Je n'avais pas lu votre dernier message avant d'envoyer le mien et là je suis rassuré.

    Et s'il s'agit alors de circulation et de partage de savoir et de connaissance, c'est bien ici qu'entre en jeu, il me semble, les nouvelles technologies de l'information.

    Et je pense que dans ce domaine (comme dans d'autres), Jean Zin est une des personnes la mieux placée pour en parler.(sans vouloir faire de la retape à deux balles!)

  11. Attention roman !

    E.P a dit: "Une dernière chose, avant ces trente dernières années, l'entièreté de l'agriculture mondiale était bio-organique du simple fait que les technologies de l'agroalimentaire industrielle n'étaient pas encore développées comme elle le sont aujourd'hui, et nourrissaient relativement bien son monde"

    Peut-être bien, mais je sais pour avoir travaillé dans l'agronomie que ça n'est plus valable ! Dans tous les pays industriels le quota de consommation des céréales (par exemple hein !) est plus ou moins, selon les pays, de 3/4 pour les bêtes 1/4 pour les hommes: parce qu'on bouffe des tonnes de viande. Il y a une phrase que j'aime bien d'un type assez intelligent: "Rien n'est plus définitif que les besoins que cette société crée"! Le problème alimentaire est un cauchemar pas possible si l'on veut se passer du productivisme industriel avec 9 milliards d'hommes en 2050 (à moins que la nature nous ait foutu notre raclée avant), sauf à retourner au régime paysan (qui ma foi me convient très bien) du XIX siècle....
    Depuis que j'ai lu les remarques intéressantes de "B Comteville" j'ai rajouté dans ma ligne de mire la connaissance scientifique: on le voit bien, dès qu'un groupe d'expert fait interdire un maïs OGM, tous les scientifiques s'en étranglent ( retour au moyen âge, obscurantisme, chasse au sorcière, ils nous les ont toutes faites !!!) ! Il y a sûrement quelque chose qui cloche dans l'objectivisme scientifique...

    Le problème c'est qu'à mes yeux le bouche à oreille fonctionne mieux que votre société de l'information, où tout le monde se coince dans une socialité virtuelle (déjà l'échange est complètement faussé !) solitaire réservée à un tout petit nombre de privilégiés ! Ensuite les moyens pour installer cette société de l'information sont energivores et polluants (très polluant):faut des usines, des autoroutes, des bureaux de recherches et développements, des tonnes de produits chimiques, des milliards de watt, des centrales nucléaires, des câbles à n'en plus finir, des bateaux, des satellites: bref il faut ce monde entier, donc tout ce qui en découle !! Et pour finir cette "société de l'information" est un truc complètement obscur où la masse d'infos est telle qu'on est noyé dans les déterminations et qu'on ne se détermine jamais: tout peut être vrai, tout peut être faux. Et là faut ramener l'objectivisme scientifique sur la table !! Parce que l'infos et la communication ce n'est RIEN, ou plutôt c'est n'importe quoi !!
    Mais j'ai pas envie de continuer, j'ai un bon gros sentiment d'"à quoi bon"... Voilà: ni vous avec l'écologie politique ni moi avec l'écologie libertaire (ce qui ne m'empêche pas de vous lire, comme vous voyez) ne connaîtront jamais quoi que ce soit qui ressemble même à peu près à un monde qui ne serait pas ravagé et exploité. Je lisais un papier d'un "think tank" (rien que le nom fait peur !!) libéraliste sur la prospection industriel: il tablait que le pourrissement progressif du climat rendrait difficile de nombreuses cultures, qui ne pourraient pas s'adapter, et que la réponse à cette dégradation était les OGM qui seront indispensable: eux seuls pourront résister dans un climat et une nature ravagés et séniles. Ils ne leur semblaient donc pas souhaitables que de vrais mesures soient prises, qui feraient baisser la production industriel et toucheraient l'économie (j'ai le papier sous les yeux), puisque une solution existe. CQFD. Vous pensez marier les contraires, moi je pense que l'un des deux doit nécessairement triompher et que ce n'est pas s'imaginant que "la société de l'information" va changer la tête des gens (qui est dévastée par la télévision) qu'on parviendra à quoi que ce soit.... parce que l'information c'est aussi impuissant que la conscience qui se croit impuissante ! D'ailleurs tout le monde vous le dit, allez dans la rue: "on sait déjà tout ça", "vous nous apprenez rien", "mais oui bien sûr !". Et le pire c'est que c'est VRAI. C'est un peu comme Freud en arrivant au USA il disait "je leur apporte la peste", il voulait dire "plus de conscience que la structure sociale ne peut en supporter" ! Pis on s'est aperçu que la conscience dont il parlait changer rien à rien: on a vite compris que ce qu'on attendait de la psychanalyse c'était des excuses, chacun s'est mis à exhiber fièrement ses stigmates comme preuves de sa conscience et à ressasser le passé, la manière dont on leur avait donné la fessé par exemple. Pour l'information c'est pareil: ça change rien, mais ça permet de se donner une bonne conscience, ça fournit des excuses !!!

    PMO a publié un nouveau texte très intéressant: http://www.piecesetmaindoeuvre.c...

    De toute façon j'interdis à quiconque n'a pas vécu les expériences décisives avec l'Etat de me dire que ce dernier (dans l'idée même d'Etat) est quelque chose de bon: ce sont des boniments au service des ordures ! Du conformisme des bureaucrates aux primates dominateurs de la décision technique! Je me suis mouillé, j'étais à Malleville le 31 juillet 1977, j'étais au Zaire avec Terre des hommes pour voir la mécanique de l'Etat (dans son principe même !) à l'oeuvre, j'ai vu comment l'Etat ou la Raison d'Etat brise les hommes dans les combats contre le viaduc de Milau (maintenant vous avez droit à une horreur sur un paysage jadis magnifique), comment les scientifiques rejetent dans l'atmosphère des matières radioactives pour voir "les effets sur les populations et la faune environnante",etc., pendant que tous les petits cons de la société de l'information regardaient ça derrière leur écran et disaient ensuite: "mais oui on sait tout ça" !
    Bon j'ai pas envie de devenir aussi bavard que Comteville (d'ailleurs j'aurai bien aimé savoir s'il a écrit quelque chose ?) mais me faire traiter de fanatique c'est intolérable !! Cette société pue la violence, elle en sue de partout, les gens sont manipulés dès l'enfance pour retourner cette violence contre eux ou camés aux anti-dépresseurs (France premier consommateur).
    J'ai donné une solution simple et utopique et quoi qu'elle soit réalisable je sais qu'elle ne le sera jamais, mais qu'on ne me traite pas de fanatique, de fasciste ou je ne sais quoi ! Le terrorisme d'Etat et le fascisme sont des créations de l'Etat dans son principe même !! Y'a qu'à étudier un peu l'histoire, l'Etat c'est l'histoire de l'exploitation des dominateurs par les dominés (allez sortons le blabla sur la servitude volontaire).

    Bon j'ai été très très long, mais vraiment des mots comme fanatique et fasciste ça me met hors de moi. Vous faites quoi vous à part vous masturbez le citron et pondre des trucs "constructifs et intelligents" (comment se flatter la vanité) ? Quant au principe de surpopulation ce serait Malthus qui en serait à l'origine, donc bien avant que le naturalisme fasciste naisse...

  12. Peut-on conseiller à Sandro et à Zul le livre de Christian Godin " la fin de l'humanité"?, (publié en 2003 chez Champ Vallon . 240 pages. 19 €). La surpopulation comme cause de crise est aujourd'hui complètement
    réfutée, et après avoir été largement à la mode au siècle précédent, ce concept est réduit au fantasme.
    Que la non neutralité de Gaïa dans le jeu des activités humaines soit mesurée aujourd'hui par la science et très positif. Car nous sortons du spéculatif ( de la philo spéculative). La pensée moderne n'a cessé de parler de la "mort de dieu" de la "mort de l'art", de la fin de l'histoire, de la fin de l'humanité mais c'était seulement symbolique. Si le réchauffement climatique pose la fin de l'humanité comme une possibilité effective, alors se pose de façon effective la question des finalités. De même qu'il ne faut pas confondre "le commencement"de l'être et " "l'élan originaire"de la vie, de même il ne s'agit pas de confondre le terme ( moment final) avec le sens ( la finalité). Créativité: retournement. Dans les mines de charbon anglaises,au XIX eme les charriots creusent des ornières dans la terre boueuse. Et
    le génie créateur à l'idée de sculpter l'ornière dans la roue, et de substuer à l'ornière le rail. Avec une telle solution nous ne sommes pas dans la spéculation théorique. On peut croire en l'humanité.

  13. Allant dans le sens de Thersite, il me semble inutile de stipuler qu'effectivement j'opte pour l'idée que l'on peut croire en l'humanité , et que pour ma part, je pense singulière et plurielle.

    "Oui je crois qu’il existe un peuple multiple, un peuple de mutants, un peuple de potentialités qui apparaît et disparaît, s’incarne en faits sociaux, en faits littéraires, en faits musicaux. Il est courant qu’on m’accuse d’être exagérément, bêtement, stupidement optimiste, de ne pas voir la misère des peuples. Je peux la voir, mais... je ne sais pas, peut-être suis-je délirant, mais je pense que nous sommes dans une période de productivité, de prolifération, de création, de révolutions absolument fabuleuses du point de vue de l’émergence d’un peuple. "

    Félix GUATTARI

  14. Pour changer un peu de sujet: http://www.lefigaro.fr/sciences/...
    On croyait avoir penser à tout et voilà qu'une nouvelle horreur fait surface: ils envisagent de nous faire manger des animaux clonés, l'Agence européenne de sécurité des aliments l'a dit: c'est sans danger.
    On fera des usines entières comme ça:clonage d'un animal, mis dans un utérus artificiel (procréatique et tout le reste) sous contrôle informatisé, reproduction du clone à plusieurs milliers d'exemplaires,élevage aux hormones de croissance rapide et céréales OGM, abattage, distributiondans les hypermarché. On devrait s'en sortir avec un minimum d'employés et de grosses marges de bénéfices ! Happy End.
    Félix Guattari pensait voir des mutants, c'est qu'il a encore rien vu ! Ils arrivent ! Enfin des espèces qui appartiendront entièrement à l'homme ! Outre l'abomination que représente une telle conception de la vie, après tout ce n'est qu'un pas de plus le long du chemin de l'uniformisation de la civilisation ! On vivait déjà tous à peu près les mêmes vies avec la même camelote standardisée, on bouffera tous la même vache !! C'est pas beau ça ? Vive le progrès scientifique !
    Il y a quelques années j'ai lu un rapport conjoint de différentes polices anti-terroristes anglo-saxonnes. Ca disait qu'au XXIème siècle la principale forme de terrorisme serait le terrorisme écologique: c'est tout à fait exact. Devant l'accumulation d'horreurs, de désastres, devant la destruction générale de la nature, les vies mornes et sans goût qu'on mène en ville, etc, beaucoup seront poussés à des actes de désespoir (s'ils peuvent parce que le flicage est de plus en plus efficace, on les mettra peut-être à l'asile avant sous anxiolitiques, parce que pour résister faut qu'il y ait des failles): on les comprend.

    Regardez autour de vous enfin ! Tout est de plus en plus pourris ! Y'a pas de mutation qui s'annonce, c'est une mort qui s'annonce ! Votre mutation c'est une vue de l'esprit, une chimère, une illusion générée par la panique (je comprends, ça m'arrive aussi d'avoir peur.)!!

  15. "Bien sûr, la nature ne se débrouille pas mieux sans nous, sinon il n'y aurait pas eu tant d'extinctions massives et de catastrophes en tout genre. La nature est dure, cruelle et sauvage." dites-vous

    Qu'elle se débrouille mieux ou plus mal importe assez peu si vous l'on veut bien considérer que l'homme a assez de génie pour préserver son espèce, sans dégrader ni les autres espèces, ni la planète. Changeons de système pas d'éco-système.

  16. Je dois concéder à Zul qu'il n'a pas tort pourtant d'être pessimiste. Si le fait de mouler l'ornière dans la roue du charriot de charbon et de substituer le rail à l'ornière (qui avait imposé une contrainte "naturelle"), si c'est là une manifestation du génie créateur, j'ai occulté dans mon exemple la question justement des finalités. Ne s'agissait-il pas de résoudre une contrainte au rendement économique ? Faciliter le rendement des femmes et des enfants qui, au lieu de pousser un charriot, tireraient désormais un wagonnet ? Et le symbolique ne revient-il pas au galop avec toute une sémantique nouvelle du rail et de la ligne ( cf. la ligne du parti...) contre la polysémie de la diversité, de l'ouverture aux possibles. Quelle est la réponse du philosophe?

  17. Les USA en rajoute une couche et commence déjà la production de viande clonée "pour les riches", sans obligation d'etiquetage ! http://www.lefigaro.fr/sciences/...
    Bon appétit ! (regardez les commentaires des gens)...
    Ce que nous promet une scission comme ça en deux de la société, c'est une guerre civile... et comme tous le néo-nantis et les scientifiques ont des moyens techniques quasi illimité (armes electro-magnétiques, bactériologiques, etc), ce sera un bain de sang, comme au Chili.

    Ce matin en tournant en rond dans une bonne librairie j'ai trouvé un résumé incroyable de ce qui nous arrive écrit il y a 50 ans !! Je vous le livre:
    "L'homme moderne s'est déjà dépersonnalisé si profondément qu'il n'est plus assez homme pour tenir tête à ses machines. L'homme primit, faisant fond sur la puissance de la magie, avait confiance en sa capacité de diriger les forces naturelles et de les maîtriser. L'homme posthistorique, disposant des immenses ressources de la science, a si peu confiance en lui qu'il est prêt à accepter son propre remplacement, sa propre extinction, plutôt que d'avoir à arrêter les machines ou même seulement à les faire tourner à moindre régime. En érigeant en absolus les connaissances scientifiques et les inventions techniques, il a transformé la puissance matérielle en impuissance humaine: il préférera commettre un suicide universel en accélérant le cours de l'investigation scientifique plutôt que de sauver l'espèce humaine en le ralentissant, ne serait-ce que temporairement.
    Jamais auparavant l'homme n'a été aussi affranchi des contraintes imposées par la nature, mais jamais non plus il n'a été davantage victime de sa propre incapacité àdévelopper dans leur plénitude ses traits spécifiquement humains; dans une certaines mesure, comme je l'ai déjà suggéré, il a perdu le secret de son humanisation. Le stade extrême du rationalisme posthistorique, nous pouvons le prédire avec certitude, poussera plus loin un paradoxe déjà visible: non seulement la vie elle-ême échappe d'autant plus àla maîtrise de l'homme que les moyens de vivre deviennent automatiques, mais encoreleproduit ultime - l'homme lui-même - deviendra d'autant plus irrationnel que les méthodes de production se rationaliseront.
    En bref, le pouvoir et l'ordre, poussés à leur comble, se renversent en leur contraire: désorganisation, violence, aberration mentale, chaos subjectif."

    Je continue c'est vraiment excellent:
    "Cette ruputure se présente sous la forme d'une alternative: soit la constitution d'une posthumanité, poussant à la réification d'une humanité asservie à ses instruments; soit une nouvelle transformation de l'homme ayant pour but l'unité, tant de l'humanité comme espèce, à l'échelle de la planète, que de l'homme comme individu, surmontant par la création d'un nouveau "moi" les antagonismes et les séparations de la civilisation. Cette transformation heureuse relève du "miracle" défiant toute probabilité. De nos jours [en 1956], cet espoir s'incarne dans la "gouvernance mondiale" et le responsabilité écologique; il ignore sciemment les ressources de soumission renouvelée qu'offre la combinaison du plus profond conformisme avec la pseudo-singularité ostentatoire, telle que la suscite et l'équipe le marché de la différence. Cette contretendance "individualiste" à l'uniformisation par le système mécanisé lui sert avant tout de lubrifiant: dans la participation à l'administration du désastre qui sera requise de chacun, pour "sauver la planète". Si certaines conditions subjectives, dont aucun appui n'est actuellement perceptible dans la réalité, ne sont pas réunies, une civilisation mondiale pourrait vite devenir un cauchemar coercitif."

    Je vais le lire et je vous en reparlerai !
    Pour l'instant ce que je pense c'est que nous avons besoin de réactiver la notion de lutte collective ! De se réunir, de partager nos idées, des individus se détacheront, on trouvera des stratégies, etc ! Mais seul et isolé derrière un ordinateur,en pauv'monade asservie du leviathan, on ne pourra jamais rien faire... c'est mon sentiment, c'est ce que j'ai fait depuis 35 ans aussi, mais les rangs sont vides... tout le monde est derrière son ordinateur!

  18. Humains, trop humains? Désespèrement humains. Amputés petit à petit de la liberté, qu'en restera-t-il? Les morts auraient tant à nous apprendre. Leur avis ne compte jamais pour rien. Des robots parlent, des souffrances apeurées s'expriment.
    "Certes ils doivent trouver les vivants bien ingrats
    A dormir chaudement dans leurs draps"

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