Il faut dire que je suis un peu émotif en ce moment, en tout cas ce morceau, intitulé "Barbara et son public", que je ne connaissais pas et constitué des interminables rappels d'un public qui ne veut pas la laisser partir et lui chante ses chansons pour qu'elle les reprenne, m'émeut jusqu'aux larmes par l'amour qu'ils renvoient à une chanteuse sur le retour, dont je n'aime d'ailleurs pas tellement les interprétations un peu trop braillées par rapport aux originaux plus intimes, témoignant sans doute d'autant plus de reconnaissance que ses chansons ont accompagné les moments les plus difficiles et solitaires de leur existence (le mal de vivre, soleil noir, à mourir pour mourir, etc.) même si ce ne sont pas forcément les meilleures ni celles qu'ils chantent ici.
Il y a de bonnes chances que cela laisse froid la plupart des auditeurs mais il me semble qu'on retrouve dans cette ferveur quelque chose des émotions politiques ou religieuses, enthousiasme des foules qui est quand même plus innocent dans l'enceinte d'une salle de spectacle...
Tiré d'un double live, ce morceau n'est pas vraiment une vidéo, juste illustré par des images d'archives plus anciennes et sans grand intérêt. Je n'ai trouvé comme témoignage visuel de ce récital mythique de Pantin qu'une vidéo d'assez mauvaise qualité de l'extraordinaire chanson qu'elle a composée à l'occasion :
Barbara - Pantin (Pantin 81)
Barbara - Regarde (Pantin 81)
"interminables rappels d'un public qui ne veut pas la laisser partir et lui chante ses chansons pour qu'elle les reprenne, m'émeut jusqu'aux larmes par l'amour qu'ils renvoient à une chanteuse sur le retour,"
ça me fait pareil, c'est puissant, je crois que c'est ce qu'on nomme la communion.
Les émotions s'émoussent rapidement et j'y suis déjà beaucoup moins sensible qu'au premier jour mais il me semble que ce n'est pas seulement la communion ici qui me touchait tellement et plutôt une sorte de décalage temporel, la restitution d'un temps périmé, la force d'un amour passé qui sauve du déclin de l'âge et du désastre présent, comme une résurrection post-mortem, miracle qu'évoque assez bien la chanson qu'elle a écrite à l'occasion.
Il y a quelque chose liée au temps, à un temps révolu mais qui existe encore malgré tout, un instant d'éternité fragile et dérisoire. Il faudrait peut-être un petit haïku pour en rendre un peu compte.
Le temps révolu ne fait que rappeler la rupture qui est la continuité du temps réel. L'avenir, pour le meilleur ou le pire, se moque du passé car le passé est vaincu par la flèche du temps.
Tous nous nous faisons souvent et facilement gagner par ces instances d’éternité vibrante, qui se manifestent selon bien des niveaux : dans la messe, dans la manif, au concert d’un artiste reconnu, à l’écoute d’un tribun exceptionnel, etc… Il me semble que nous éprouvons alors le plaisir non plus de se bien ou mal sentir comme individu, mais d’exister comme partie prenante d’un puissance collective , relevant de notre espèce humaine plus que de notre modeste personne.C'est toujours une belle émotion que de se sentir en communion avec un collectif Toujours sans doute comme d’avoir travaillé en commun à la construction d’une cathédrale, au creusement d’un tunnel, à l’établissement d’un barrage, d’avoir été présent à un évènement. Mais ce plaisir positif implique toujours le risque d’y perdre notre capacité de distanciation, de se comporter en pur objet de communication avec une musique (ou toute mise en scène) qui viserait à nous identifier à elle… Pour mieux nous « saisir » ?
Certes, c'est ce qu'on retrouve dans l'enthousiasme politique dont il faut se méfier et dont c'est effectivement très proche mais je ne crois pas que c'est ce qui m'a le plus touché ici d'une ferveur qu'on peut retrouver dans les concerts de Johnny Halliday ou des Beatles mais une tonalité plus spécifique, plus personnelle et désespérée.
Bonjour,
Commentaire hors-sujet avec l'article mais je souhaite vous contacter et le formulaire indispensable à cette étape n'est pas disponible...
Bonne continuation.
Corrigé !
http://www.levertigedespossibles.com/ils-en-parlent