- Changement climatique et révolutions arabes
Il est intéressant de lier la sécheresse faisant monter le prix du pain et les révolutions arabes, un peu comme en 1789, mais la situation devrait empirer avec le réchauffement.
Dans une région aride, où les terres cultivables sont rares, la question de l’approvisionnement alimentaire est politiquement sensible. Déjà en janvier 1977, les émeutes du pain en Egypte avaient marqué les esprits et fait vaciller le régime (79 morts, plus de 500 blessés et de 1000 arrestations). Or, en 2010 et 2011, un enchaînement catastrophe se produit : des phénomènes climatiques extrêmes (vagues de chaleur, vagues de froid, fortes intempéries) font chuter dramatiquement le niveau des récoltes de blé en Russie (-32.7%), en Ukraine (-19.3%), au Canada (-13.7%), en Australie (-8.7%). Au même moment, la Chine connaît une sécheresse hivernale exceptionnelle (« a once-in-a-century winter drought ») : le souvenir des famines tragiques (la dernière en 1958-1961) et la crainte de mauvaises récoltes poussent le géant asiatique à compenser sa mauvaise année en achetant en quantité du blé sur les marchés internationaux. Les cours du blé explosent : de 157$ la tonne en juin 2010 à 326$ la tonne en février 2011.
Les pays arabes seront parmi les plus touchés par cette vertigineuse hausse des prix. En effet, parmi les 10 plus gros importateurs de blé ... 8 sont des pays arabes.