Ce qui caractérise vraiment notre présent et qu'il faudrait retenir de ces moments de crise, c'est la confusion des esprits, à quel point des discours contradictoires s'affrontent sans qu'on puisse être certain de quel côté va pencher la balance. Pour les uns, la crise est déjà finie et c'est reparti pour un tour, pour d'autres c'est la fin de tout. Les économistes, qui n'en finissent pas de retourner leur veste, avouent y perdre leur latin quand ils ne font pas que répéter machinalement leurs certitudes dogmatiques comme pour s'en persuader eux-mêmes.
On est bien loin de la pensée unique et du consensus habituel qui veut nous faire croire à la sagesse des experts dont les limites sont devenues patentes, cette sagesse se limitant la plupart du temps à répéter ce que les autres disent. Il est vrai que dans le train train ordinaire des affaires, c'est-à-dire quand il ne se passe rien, les choses sont assez facilement prévisibles. C'est une autre paire de manche quand il faut intégrer des contraintes qui pour être bien réelles, ne sont pas toutes économiques. Il y a tellement de niveaux d'analyses pertinents, bien que sur des temporalités différentes, entre rétablissement financier, retour de la croissance, tensions sur les matières premières, mouvements sociaux, phénomènes générationnels, évolutions techniques, équilibres géopolitiques, menaces climatiques...
Dans cet égarement général et la confusion des langues, impossible de se comprendre. Dès lors, il paraît non seulement bien présomptueux de prétendre avoir raison au milieu de mille opinions contraires mais c'est devenu tout simplement inaudible dans ce brouhaha, toutes les idées étant démonétisées du fait de leur inflation. C'est justement de cela qu'il faut témoigner, des limites de notre rationalité, de l'absence de garant de la vérité qui permet à n'importe qui de dire n'importe quoi. Mieux, toutes les conneries possibles doivent être soutenues systématiquement, une à une. Tout ce qui peut être dit doit être dit !
Que tout cela serve de leçon au moins à ceux qui surestiment l'esprit humain et notre intelligence collective alors que nous sommes des animaux dogmatiques et qu'on ne connaît le réel qu'à se cogner dessus. Ce ne sont pas seulement les économistes au service de l'ordre établi qui sont confrontés à leur ignorance mais tout autant les pensées alternatives qui voudraient le renverser. Le préalable serait de faire le constat de notre rationalité limitée et d'une confusion des esprits à laquelle personne n'échappe.
C'est pourtant cette limitation qu'oublient les économistes qui voudraient éviter ce genre de crise en supprimant les bulles spéculatives et en revenant à une lucidité économique qui n'est hélas pas du tout évidente. Sans compter le fait que les institutions privilégient les théories qui les arrangent, la réalité n'est pas transparente et il n'y a pas d'arbitre suprême pouvant dire quand il y a bulle ou non. L'inénarrable Robert Solow qui ne voyait pas les gains de productivité de l'informatique (contrairement à Greenspan), disait qu'il était impossible de dire qu'il y avait une bulle internet, juste avant le krach, sous prétexte qu'il faudrait étudier chaque entreprise une à une par rapport à sa valorisation ! Il y a quand même des indicateurs généraux et on peut calmer "l'exubérance irrationnelle des marchés" mais il ne faut pas croire qu'il est si facile de connaître une valeur "réelle" car, un peu comme en physique quantique, cette valeur n'existe pas tant qu'elle n'est pas réalisée. Il n'y a pas de valeur entièrement objective (ni la valeur travail, ni l'émergie ou quantité en énergie). La seule chose qu'on peut faire, c'est de fixer des normes, des règles et des limites rigides, comme pour la BCE, ce qui est à la fois stupide et intenable à long terme quand toutes les données changent. Sinon, vous aurez toujours l'éternel débat entre trop ou pas assez d'Etat ou de marché, le marché étant coupable pour les uns quand c'est l'interventionnisme étatique pour les autres, impossible de s'accorder sur une chose ou son contraire, comment décider sinon par des rapports de force ? Plus profondément, on ne peut lutter contre les bulles dés lors que ce sont des phénomènes sociaux, de l'ordre de la mode ou des mouvements de foule, phénomènes irrésistibles entraînant tout le monde, éliminant même ceux qui ne participent pas à la folie du moment, aucune barrière ne peut y résister. La vérité, qui reste si problématique, pèse de bien peu de poids contre l'intérêt qu'y trouve la classe dominante, du moins à court terme, car à plus long terme il faut inévitablement revenir au réel !
On peut illustrer le fait que notre période permet de dire absolument n'importe quoi, sans avoir à respecter aucune logique, par cette affirmation comique d'un prétendu expert : "L’activité économique repart et les patrons en profitent pour licencier" (le même qui félicite les américains de n'être pas des bêtes sauvages comme les français qui ne se laissent pas faire !). Ceci dit, quand je prétends que la cause de la crise c'est le retour de l'inflation et que c'est pour cela qu'on entre dans une phase de déflation, cela paraît aussi farfelu, inutile d'insister et de vouloir se faire comprendre. Le fait est qu'on a besoin d'avoir une pensée dialectique dans les moments de crise où les positions se retournent mais cela ne justifie en rien n'importe quelle théorie contradictoire. Il est d'ailleurs tout aussi certain qu'il ne peut s'agir de mettre toute l'économie passée à la poubelle, tout comme on avait pu croire qu'on pourrait se passer de Marx après la chute de l'URSS, ses livres ayant disparu des rayons des libraires. La difficulté, c'est qu'on ne peut rejeter complètement ni Marx, ni Keynes, etc., ni même tout Hayek ou tout Friedman qui n'ont pas dit que des conneries même s'ils se trompaient sur l'essentiel. Il s'agit moins de tout réinventer depuis le commencement du monde que d'y apporter des corrections et de compléter les siècles passés, tenir le pas gagné. Encore faudrait-il savoir comment ?
En effet, se persuader qu'il faut un point de vue critique, ne rend pas toutes les critiques équivalentes et justes. Dire qu'on nous ment est vrai mais cela ne suffit pas à rendre vraie n'importe quelle accusation de mensonge ou théorie farfelue. C'est de croire qu'un notaire était forcément coupable qui a mené la Gauche Prolétarienne à la dissolution. Ici, la négation de la négation ne produit aucun positif selon le principe logique "ex falsus, quod libet" car du faux on peut déduire aussi bien le faux que le vrai. Prendre le contrepied de l'erreur ne mène pas à la vérité comme si l'une était l'envers de l'autre point à point, ce serait trop facile, de même que ce serait trop bien si la réalité était transparente et que seul un pouvoir malveillant nous la dissimulait à notre insu, voile qu'il suffirait de déchirer, sommeil dogmatique dont on n'aurait qu'à s'éveiller !
Ainsi, on ne peut nier qu'on ne peut plus faire confiance à personne et, la société du Spectacle étant celle de la dissimulation, pas étonnant qu'on s'imagine des complots partout. Effectivement, les théories du complot fleurissent actuellement de plus belle, défendues de façon agressive par ceux qui ne veulent plus être pris pour des cons mais ont besoin d'explications simples et de boucs émissaires (et certes les banquiers sont méprisables mais c'est une classe qu'il faut renverser). Ce qu'il y a de bien avec le complot, c'est que cela permet d'unifier complètement le pouvoir, de le personnifier et de le doter de possibilités de manipulations infinies, jusqu'à se rendre invisible : la preuve du complot, c'est qu'il est nié voire moqué. Pour certains le réchauffement climatique aussi est une sorte de complot qui regrouperait tous les gouvernements, les écologistes et les scientifiques. On ne peut imaginer plus vaste complot comparable malgré tout aux pandémies grippales qui compromettraient cette fois les gouvernements de toute la Terre avec l'OMS, les laboratoires pharmaceutiques et les médecins... Le simple fait de prendre en considération quelques risques de catastrophe peut être assimilé à une tentative de nous effrayer et de gouverner par la peur. Evidemment, gouverner par la peur, les gouvernements l'ont toujours fait et ce n'est pas qu'il n'y aurait pas de complots, pas de manipulations, c'est plutôt qu'il y a multitude de complots concurrents ! Il y a surtout des oligarchies qui se réunissent plus ou moins ouvertement et dont il faut dénoncer la domination et l'idéologie qui n'a rien de secrète. L'erreur de ces théories du complot n'est pas seulement de tout unifier sous un pouvoir souterrain, c'est une erreur sur la causalité qui ne tient pas aux hommes mais aux processus matériels, au système de production. C'est surtout l'illusion que le système serait à peu près parfait s'il n'était perverti par quelques méchants ! Erreur du même type que de croire qu'en éliminant les violents des banlieues on éliminerait la violence. Qu'on ne s'avise pas cependant de contredire ces théories du complot : on est aussitôt traité de naïf, de collabo, de traître ![1]
S'il ne suffit pas de couper quelques têtes, il ne suffit pas non plus de dénoncer les autres discours pour avoir raison. On s'envoie donc des épithètes identiques d'un côté comme de l'autre, de rester prisonnier de la propagande officielle et d'idéologies dépassées. Il faut certes une rupture avec le passé, encore faudrait-il savoir laquelle : avec la raison, l'imaginaire, la transformation personnelle, l'individualisme, l'avoir, le quantitatif, le progrès, la technique, l'industrie, le capitalisme, la finance, le néolibéralisme, le libre échange, l'argent, le marché, la marchandise, la consommation, la croissance, le productivisme, le salariat, la division du travail, les inégalités, la propriété, la mondialisation ? J'ai dû en oublier mais ces différentes "ruptures" ne sont pas du tout équivalentes et les positions se distribuent tout au long de ce spectre en groupes éclatés qui se combattent entre eux avec plus ou moins de virulence mais sans aucun espoir de toutes façons d'aboutir à une véritable alternative. On reste dans les belles paroles et la confusion des discours. Il faudrait savoir où mettre le curseur et pouvoir s'accorder sur ce qu'il faut faire mais notre réalité est celle de la dispersion et de la désorientation générale, sans autorité légitime pour trancher entre toutes ces options. C'est ce qui témoigne du fait que cette crise constitue un tournant de civilisation sans doute, mais on ne voit pas comment cela pourrait se régler sinon les armes à la main !
Si j'avais voulu dénoncer les dérives idéalistes dans "La bulle spéculative", ce n'est même plus la question devant la confusion régnante où toutes les positions sont dissoutes. C'est de cela qu'il faut prendre conscience d'abord. Notre première réalité est celle d'un pluralisme exacerbé qui ne laisse aucune chance à l'action collective et qu'on a d'autant moins de chances de pouvoir dépasser que "nous n’avons aucune communication à l’être" (Montaigne). C'est là notre débilité originaire qu'il faudrait prendre en compte et qui suffit à réfuter toutes les belles utopies sorties de cerveaux exaltés, toute belle constitution ou appel aux experts qui se heurtent à cette diversité des opinions sinon à la folie des hommes, au simple fait que la vérité n'est pas donnée d'avance mais laissée à notre libre appréciation malgré l'étendue de notre ignorance. Il y a un dualisme à rétablir entre nos représentations et le réel, l'enjeu actuel étant bien la reconnaissance que malgré toutes nos belles théories, il y a un réel, des contraintes, des limites, de l'imprévisible...
Aucune chance de supprimer ce pluralisme des représentations, il faut partir de là et ne pas entretenir l'illusion que, cette fois, le réel se dévoilerait entièrement à nous dans la réconciliation des coeurs. Pour construire une alternative, il faudrait pouvoir s'entendre pourtant, avoir un projet collectif réaliste (au niveau local notamment), malgré toutes nos différences et dans le respect de ce pluralisme (par des coordinations nationales ou des assemblées locales sans doute). Comment les recompositions vont-elles pouvoir se faire dans ce capharnaüm ? Notre situation n'est pas brillante. Il n'y a aucune issue en vue et cela même est un événement car, inutile de s'effrayer de la puissance de l'ordre établi ou de quelques complots quand nous n'avons rien à y opposer et que leur force est toute dans notre faiblesse. C'est l'absence d'alternative qui leur permet de dormir tranquille, mais pas de faire autant n'importe quoi qu'ils s'imaginent malgré tout. La réalité va nous forcer la main, le réel se rappeler à nous brutalement.
Notes
[1] Même si cela ne remet pas en cause une confusion des esprits bien réelle, il se peut que cette analyse des théories du complot rate l'essentiel qui n'est peut-être pas le fait qu'elles soient fausses. Ce qui m'a fait penser cela, c'est un article sur le livre "La Grande Peur de 1789", de Georges Lefebvre, montrant le rôle de la théorie du complot dans la Révolution. Bien que fausse, elle exprimait une anticipation de l'abolition des privilèges à la fois inéluctable et impossible sans réaction de la noblesse, elle favorisait aussi l'unité par l'opposition entre eux et nous. Ce serait plus qu'un symptôme, un accélérateur de l'histoire, forme de panique qui est la seule façon dont les krachs reviennent à la réalité après des bulles spéculatives basées sur une fausse confiance. Dans la théorie du complot, le mécanisme psychologique de base est la projection sur l'autre (mécanisme qu'on retrouve dans le racisme ou le bouc émissaire, si ce n'est dans la jalousie maladive) : sachant ce que je pense (supprimer la noblesse ou les banquiers) j'en déduis ce que devrait penser l'autre (comploter pour m'anéantir et garder leur pouvoir). Ce qui importe c'est le contenu qui s'élabore dans cette projection, le positif du négatif. (note du 06/09/09)
Je pense que cette confusion des esprits est très liée au fait de "bien" faire les choses ou "mal" les faires. Bien évidemment il ne s'agit pas de ne jamais se tromper, mais de pratiquer nos oeuvres, notre auto-production, avec respect et valorisation de notre propre travail.
Le fait de penser à la mort sans non plus rentrer dans une logique morbide, peut aider l'être à pratiquer ses oeuvres avec authenticité.
Je pense que ce calme avant la tempête exprimer par ce fameux brouhara que vous décrivez est très lié justement au manque de discernement de l'individu de la présence de dangers imminents.
Il ne s'agit pas là de bien faire les choses dans un sens moral, mais de "bien" faire les choses dans le fait de comprendre l'inconnu qui nous fait face : la mort, et le comportement le plus adéquat selon les personnes à adopter face à cette situation.
Dans le sens inverse, les psychoses de complot généralisées dans lesquelles je dérive parfois par fantasme et psychose collective est très liée justement à l'absence d'alternative et à l'absence de liens sociaux solidaires, poussant chacun par impuissance et isolation, à l'attente exacerbée d'un drame pouvant être moins pire que ce que l'on imagine... On pourrait dire que cette psychose du complot à la recherche du "Mal" est liée à la sensibilité du danger imminent et à son exagération, à sa culture morbide, dans l'inhibition de l'attente de ce que l'on refuse de notre identité face à un environnement de plus en plus complexe.
Mais il est bien joli de chercher à expliquer le pourquoi du comment, cela ne change pas notre situation assez consternante, exprimant la tragi-comédie de la vie.
Il faut continuer à avancer et s'appliquer ce que l'on aimerait que les autres s'applique afin d'être intègre envers nous même et de garder, de préserver le sens que l'on aimerait donner à la vie. Ce sens manquant à la base, image de notre désir de dépasser notre situation tragique par des actes concrets et "bien" faits...
Pardon d'intervenir dans votre discussion, mais je voudrais signaler que le blog "Plume de presse" est inaccessible avec cette explication : "IP interdite pour abus'.
Cela me paraît étrange.
Eh bien, bonne nouvelle ! c'est ainsi que ça se passe !
La réalité est effectivement ouverte et transparente.
Le pouvoir malveillant est notre égocentrisme.
Les voiles sur nos esprit, se sont nos habitudes de pensées et d'actions qui les fabrique : nous récoltons ce que nous semons.
Enlever ces voiles qui nous masque la nature de notre esprit signifie s'éveiller.
L'éveil se situe en effet au-delà des dogmes et concepts, y compris ceux qui le nomment…
baz
Penser la mort ou plutôt aux idées qu'on s'en fait, des plus belles aux plus sombres, le spectre est large.
La vie me parait déjà difficile à appréhender, alors la mort, cette inconnue que l'on croit connaitre...
didier
Si vous avez atteint l'éveil, vous avez bien de la chance :°
Il est important de penser la mort car elle fait partie intégrante de la vie. Des cellules de notre corps meurent chaque jour. Nous nous nourrissons de mort. Jusqu'à dire que nous savons ce qu'est notre mort, on en est loin !
Mais toujours est-il que savoir que l'on va mourir permet parfois de vivre la vie avec plus d'intégrité avec nous même, selon moi, bien sûr. L'homme a vécu dans le passé avec une mort presque omniprésente dans leur vie. Je ne pense pas que c'est facile, mais je pense que c'est important de la considérer comme existante, de s'en servir peut être comme guide ?
La mort permet parfois à la vie de savoir ce qu'elle désir et ce qu'elle a à résoudre avant de s'éteindre.
La condition humaine, c'est de savoir qu'on est mortel (grâce au langage narratif) avec pour conséquence la possibilité du suicide et du crime, ce qui est l'exigence aussi d'une vie qui vaille la peine d'être vécue et qui soit justifiée.
Vous niez la théorie du complot, moi j'affirme qu'il y a un complot de classe visant à ce que certains s'en mettent plein les poches sur le dos de tous les autres. Ce sont les élites de tous poils qui de tous temps ont opprimé ou exploité la Masse
Si vous lisez bien, je ne nie pas du tout qu'il y a lutte des classes et domination d'une oligarchie, ce n'est tout simplement pas de l'ordre du "complot" et n'est pas tellement mystérieux mais relève du système de production et ne peut perdurer, comme toute mafia, qu'à produire de la richesse (même fictive). L'objet de cet article c'est surtout de montrer qu'il n'y a pas équivalence entre théories du complot, lutte des classes et différentes théories humanistes ou métaphysiques essayant de rendre compte de notre crise actuelle. Ce qu'il faut interroger, c'est la faiblesse de l'autre côté de la lutte des classes plutôt que de crier au complot.
Que les élites aient de tout temps exploité la masse ne suffit pas à expliquer les variations historiques de cette lutte des classes dont les ressorts sont bien matériels (Marx disait que c'était le bon marché des marchandises qui abattait toutes les murailles de Chine).
Il ne suffira pas de déjouer un complot imaginaire (outre que les capitalistes sont divisés), il faudrait une révolution pour renverser une classe sociale devenue parasitaire comme les nobles en 1989 mais ce qui manque justement, c'est la perspective révolutionnaire pour l'instant. L'extermination des élites ne changerait rien qu'à laisser la place à une nouvelle nomenklatura confisquant les richesses à son profit. Ce qu'il faut c'est changer de système de production ce qui n'est pas une mince affaire mais c'est là-dessus que j'écris, sans aucun espoir pour le court terme, hélas...
"Le préalable serait de faire le constat de notre rationalité limitée et d'une confusion des esprit[s] à laquelle personne n'échappe"
Si l'auteur ne comprends pas, alors personne ne peut comprendre. Le monde diplo avait largement commenté l'effondrement financier actuel (dès 2006 si mes souvenirs sont bons, je suis presque certains que tu en avais fait l'écho par ailleurs). Ce qui n'étaient pas prévu est l'arrangement, la tricherie monstrueuse qui a suivie. C'est nous qui payons mon ami, si ça ce n'est pas un complot, une arnaque globale, alors autant jeter l'éponge. Il y a bel et bien complot. Sinon, tu peux toujours tenter d'expliquer ça aux 300000 nouveaux chomeurs du territoire, ça leur fera une belle histoire à raconter à leurs mômes pour les endormir.
"Evidemment, gouverner par la peur, les gouvernements l'ont toujours fait ..."
ça c'est de la malhonnêteté par excellence. C'est terrible de dire des choses pareilles.
";;; mais on ne voit pas comment cela pourrait se régler sinon les armes à la main .. " -
le code du travail sous le coude ou le talon sur la tronche est amplement suffisant. Sûr que du fond de sa campagne, imaginer les cités à feu et à sang est très romanesque, ça nous donne des 'insurrections qui viennent' - une arnaque où les valeurs famille, patrie, et plus certainement religions sont duement protégées. Ce ne sont pas les téloches qui brûlent, moyen d'alliénation, mais les voitures, moyen de locomotion. Tout un symbole qui devrait nous indiquer qu'il y a bien une manipulation contre-révolutionnaire. Mais avant de se révolter, merci de résister, c'est déjà un bon départ. Ces relancs mai68 deviennent désormais franchement suspects. Suspects d'être contre-révolutionnaire précisément.
Commentaire 8 : "ce qui manque justement, c'est la perspective révolutionnaire pour l'instant."
la révolution est tellement énorme que tu ne la vois même pas ou feind de l'ignorer car elle s'oppose à ce en quoi tu crois. Elle renverse pourtant les lois scélérates en les rendants innaplicables. Elle fait trembler tout une partie de l'économie des menteurs et la renversera. Elle brise tous les barrages, traverse toutes les portes. Elle n'a besoin d'aucune arme, d'aucun mort, d'aucun prisonnier, d'aucun drapeaux, ni territoire. Elle n'a pas de nom et n'en veut aucun. Elle n'a pas de leader et ne peut en avoir. Elle remets l'équilibre de la justice là où elle est absente. Elle ne s'allimente pas de haine mais d'amour et de partage. Elle est pourtant encore fragile et a besoin de chacun. Elle s'appelle circulation de l'information et elle seule mérite toute notre énergie. J'invite tous ceux qui ici souhaitent faire partie de cette révolte silencieuse et non-violente à s'armer de leur simple clavier, et d'apprendre à (re)programmer. Ce n'est pas aussi romanesque que de résister au fin fond d'une forêt vierge, avec flingues en bandoulièrre et treillis caca d'oies, mais ce n'est certainement pas plus difficile. Cette révolution est tellement révoltante qu'elle réinvente le sens même de la révolte.
Ouf, on est sauvé ! C'est ballot, je m'inquiétais pour rien mais sûr qu'en brandissant le Code du travail les démons de la finance vont reculer tout penauds !
Plus sérieusement, que de malentendus car je n'ai jamais dit qu'on manquait de théoriciens ayant tout prévu depuis toujours (moi-même bien avant 2006, Le Monde Diplomatique, donc, André Gorz et quelques autres), le problème est plutôt la multiplication de ces théories, le problème n'est pas la confusion de mon esprit mais la confusion des esprits en leur multiplicité (je fais référence à la "confusion des langues" à Babylone) qui rend tout discours inaudible. Bien sûr cela fait une belle jambe aux chômeurs qu'on leur dise que tout ce qui leur arrive est un complot contre eux et on peut bien les lancer contre ces moulins à vent imaginaires, ce n'est pas ce qui leur rendra leur emploi.
Quand je dis que cela pourrait se régler les armes à la main comme cela a toujours été le cas entre diverses religions ou idéologies, ce n'est pas que j'appelle à l'insurrection, ni d'ailleurs que je parle de la France, c'est que dès qu'on n'est pas en complet accord avec l'autre, il nous traite de traître, de soixantehuitard contre-révolutionnaire. Je ne crois absolument pas aux armes pour l'émancipation car lorsqu'on donne la parole aux armes, on l'ôte au peuple tout entier. Il n'empêche que les armes ont souvent le dernier mot (du moins là encore à court terme seulement). Ce sont souvent les pouvoirs établis qui font appel aux armes, par exemple pour défendre le libre-échange...
Au niveau du blabla, ça y va. On veut tellement y croire que c'est comme si c'était déjà fait. Avec nos claviers, les murs de Babylone vont se mettre à trembler, c'est sûr. Moi, cela fait un bout de temps que je me suis mis à la programmation et que j'ai critiqué les illusions de l'idéologie des réseaux. Bien sûr, je ne crois pas qu'on peut éviter ces militants exaltés, fort sympathiques au demeurant quand ils ne nous couvrent pas d'injures (toujours au nom de l'amour). Ce que dit l'article, c'est même que c'est inévitable mais cela ne fait pas les foules à l'assaut du vieux monde, cela ne fait pas une alternative.
Ce nouveau monde merveilleux qui est en train de naître est sûrement invisible à mes yeux car mon coeur n'est pas assez pur et qu'il s'oppose à ce en quoi je crois (il faudrait m'envoyer dans un camp de redressement!). Mais, ce que je crois, je n'en fais pas mystère, c'est une nécessaire relocalisation et sortie du salariat productiviste, seulement ça ne fait pas le poids au milieu de ces discours prophétiques qui croient pouvoir plier la réalité à leurs envolées lyriques.
On est vraiment dans la merde, pour un moment, même si au bout, il y aura sûrement un "avenir radieux" !
VL écrit :" la révolution est tellement énorme que tu ne la vois même pas" . Lyrisme de baudruche qui me rappelle des catholiques plus ou moins charismatiques chantant dans le car (où j'étais) " Dieu est tellement grand qu'on ne peut en faire le tour". Un tel commentaire illustre parfaitement l'abime de confusions et d'illusions dans lequel peuvent se perdre certains soi-disant défenseurs d'une économie et de modes de vie alternatifs, et d'une façon générale être détournées toutes les tentatives publiques d'analyse rationnelle (philosophiques ou religieuses).
Hélas!
Ben, l'homme neuronal est aussi très hormonal.
Pour les propositions, on trouve :
- Attali et le gouvernement mondial, sans doute faudra t il voter pour une constitution mondiale...sauf que l'omc et l'onu existent déjà et qu'on ne voit pas bien leur efficacité réformatrice, voire révolutionnaire.
- Jorion et une constitution économique gravée dans la pierre, voie choisie par un anthropologue, donc voie juridique qui a été essayée au plan des nations avec des résultats discutables.
L'idée d'un nouvel ordre mondial gouvernemental ou juridique, alors qu'on peut se demander si il y a bien eu un ordre mondial avant d'en proposer un nouveau. Finalement, la théorie du complot rejoint l'idée d'ordre, forme de toute puissance, certains pourraient construire un ordre, toute puissance à laquelle nous devrions nous opposer avec la même toute puissance de compréhension des manigances en cours.
Pourtant, à ouvrir un peu les yeux, c'est plutôt le souk qui illustre le mieux ce qui se passe et s'est aussi passé.
@ olaf, et à Jean par ricochet
Pleinement d'accord avec vous concernant les propositions Attali et-ou Jorion, et le souk ( au sens du moins où nous l'entendons : un malentedu de ce qu'est le souk pour un « oriental », c'est à dire le « souk » comme négatif de notre propre et prétentieux ordre occidental).
D'où le rôle effectif du blogueur Jean Zin. A force de nous dire qu'il est redevable surtout à Hegel, j'ai entrepris de lire la « Phénomènologie de l'esprit ». dans le texte C'est dur de chez duraille! Mais cela en vaut la peine comme de lire, aprés le présent billet, le passage « la lutte des Lumières avec la superstition » pages 364- 370 ( traduction Lefebvre). C'est plus actuel que ce qui peut se lire sur la crise, pour moi du moins qui suis comme vous, depuis certes moins longtemps que vous, et régulièrement aussi, les textes de Jean. Sans réactualisation de ce philosophe dur-dur par Jean, je ne comprendrais rien de rien à Hegel. Jean pourrait-il nous le rendre clairement ou possiblement plus « vulgaire », dans un prochain billet ?
@Pierre J : Je n'ai pas la traduction de Lefebvre mais j'ai commenté cette partie de la Phénoménologie dans "les aventures de la dialectique", un des 2 textes principaux (avec "Misère de la Morale") de ma "Petite phénoménologie illustrée" (dont j'étais en train d'essayer de faire un pdf présentable avant de tomber malade). Effectivement, il est indispensable de lire cette partie de la Phénoménologie (illisible hélas) pour ne pas être un peu trop naïf politiquement. Je ne peux cependant citer ici toute la partie sur les lumières mais on peut s'aider aussi de "L'introduction à le lecture de Hegel" de Kojève. Il semble qu'à la rentrée devrait paraître un livre intéressant sur la Phénoménologie : Une intrigue criminelle de la philosophie.
Extrait des "aventures de la dialectique" :
Le dépassement de la foi et du formalisme des bonnes manières sera de nouveau un retour au contenu. Il suffira, en effet, du rassemblement encyclopédique des savoirs et des techniques pour rétablir une vérité commune et faire de la dispersion de savoirs spécialisés l'intellection de tous. "Par ce simple moyen l'intellection parviendra à résoudre la confusion de ce monde". C'est l'émergence de l'intelligence collective et des sociétés savantes, dissolvant l'individualisme de l'esprit et les limites d'une conscience isolée.
A partir de ce socle de connaissances vérifiées, le rationalisme va soumettre les religions à sa critique dissolvante mais sa propagande ne se distinguera guère de la critique des idoles par le christianisme et tombera dans l'utilitarisme le plus plat (ou l'économisme calculateur) avant de s'affirmer comme idéologie politique transformatrice.
Ce sont d'abord les prétentions de la foi qui sont discréditées aux yeux de la simple raison qui reconnaît les religions comme productions humaines, dénonçant la corruption du clergé et l'ignorance du peuple sur lequel règne un despotisme cynique et jouisseur derrière l'apparente dévotion de ses Tartuffes. Le problème c'est qu'en calomniant la foi ainsi, le scientisme tombe dans une autre foi tout aussi aveugle envers le savoir de la communauté et le désintéressement des savants, nourrissant ainsi un autre mensonge et un autre dogmatisme.
Le pire, c'est qu'en refusant toute vérité à la foi, en refusant de la comprendre comme s'il suffisait de s'en délivrer pour être délivré de tout dogmatisme, la conscience qui se veut rationnelle ne laisse plus aucune place à la conscience de soi elle-même ni à aucune notion de liberté! Si la religion parle de l'homme en croyant parler de Dieu, le scientisme parle de l'animal en croyant parler de l'homme, amputé ainsi de sa part de liberté, de tous ses rapports humains et du monde de l'esprit qu'il habite par le langage.
etc...
@olaf : personne n'atteint l'éveil.
En tout cas surtout pas "moi", je.
Tout les problèmes et la souffrance de l'humanité viennent de ce que nous sommes un ensemble de "moi".
Chacun veut s'accaparer les plaisirs et repousser les désagréments (ce qui est légitime mais maladroit) et ces sentiments entrainent des actions qui nuisent à autrui ainsi qu'a soit même.
Quand nous sommes libre des attachements et de notre égocentrisme, que nous traitons avec respect chacun sans exceptions, alors advient la 3ème partie de la devise Française…
mouep, y'a toujours des petits malins qui diront qu'ils n'ont pas écrit ce qu'ils ont écrit, et feront croire que tu as dit ce que tu n'as pas dit. Méthode de dialecticiens qui "passe de la 4eme à la 1ère en faisant des allers et retours" nous disait-on, mais ça demande quand même une certaine rigueur. Peu importe. Il n'empêche que s'il y a confusion des esprits en économie, il n'y a déjà plus la même confusion lorsqu'il s'agit de comptabilité : la crise économique, c'est compliqué, personne n'est capable de l'expliquer, ou d'en prédire les effets, mais les comptes en banque, c'est simple, toi payer et eux gagner. Bref.
"Avec nos claviers, les murs de Babylone vont se mettre à trembler"
et pourtant, ils tremblent tant et si bien qu'ils ne savent plus comment colmater les brèches (DADVSI, HADOPI1, HADOPI2, LOPSI, et la liste va s'allonger comme le nez de Pinochio).
"cela ne fait pas les foules à l'assaut du vieux monde, cela ne fait pas une alternative" - ah ouais, eh bien tu me diras combien tu as versé pour utiliser Dotclear (mais non, ce n'est pas un reproche, c'est un constat). 1 milliard de téléchargement pour le seul Firefox, mais ce n'est pas une alternative économique. C'en est une Jean, aussi minime soit-elle, et celle-ci te permets de t'exprimer et t'informer à moindre coût "direct".
"quand ils ne nous couvrent pas d'injures (toujours au nom de l'amour)."- yep, autant pour moi si j'ai pu être blessant. Mais laissons donc l'amour là où je ne l'ai pas laissé .. ;o)
aller, je sorts. Sans ambigüité aucune, bonjour à la campagne et aux petits zozios. Restons au moins en accord sur ce qui nous rassemble : l'engagement. Bon courage et meilleurs sentiments, cdt,
Oui nous ne sommes pas si éloignés qu'on devrait s'envoyer des noms d'oiseaux. Je suis loin d'être un naïf en matière d'informatique (que je pratique depuis 1983), je défends depuis plus de 10 ans les logiciels libres et j'ai écrit de nombreux textes sur le numérique, notamment mon livre "L'écologie-politique à l'ère de l'information". Si je ne suis pas si enthousiaste sur le caractère révolutionnaire du numérique, c'est que cela ne suffit certes pas, même si c'est effectivement la base d'une véritable révolution anthropologique et d'un nouveau système de production basé sur ces nouvelles forces productives, avec notamment la gratuité numérique. Croire qu'il suffit de rester devant son clavier est pour autant une bêtise, rien ne se fera tout seul et on risque de passer par le pire avant le meilleur. Bien sûr je ne peux en vouloir à personne de ne pas connaître mes écrits même s'ils sont en ligne gratuitement depuis 1997!
La socialisation des pertes et la privatisation des profits, ça date de Guizot, ce n'est pas tout neuf et il ne suffit pas de le dénoncer pour que ça change quoi que ce soit. La question de l'alternative est tellement loin d'être simple que tout le monde s'est planté jusqu'ici, jusqu'à la chute de l'URSS, la dérive chinoise et les difficiles tâtonnements de l'Amérique latine. Or, s'il n'y a pas d'alternative, rien ne sert de critiquer, tout continuera comme avant car le système n'est pas juste et seulement perverti, il est basé sur l'avidité et le profit, c'est son moteur qui a prouvé à la fois son efficacité pour la production tout comme son caractère destructeur, pas seulement pour la production... On n'en sort qu'à construire un nouveau système (ce que j'essaie de faire mais ce que dit l'article, c'est que c'est inutile car il y a un éclatement des idéologies et une confusion générale quelque soit la clairvoyance de quelques-uns, car on ne peut savoir lesquels puisque même entre lecteurs du Monde Diplomatique, même entre partisans du libre, même entre écolos, etc., il y a une multitude d'oppositions où n'importe qui dit n'importe quoi, témoignant du fait que la vérité n'est pas donnée mais à découvrir en se cognant dessus !).
La confusion des esprits est une réalité issue du système politique libéral où c'est l'économie qui est moteur et la politique simple régulateur technique . On obtient au final ,beaucoup de choses issues de cette logique et entre autres : la confusion des esprits.
A partir du moment où on décidera nous mêmes (quitte à nous tromper ) les choix sociétaux , la confusion des esprits disparaîtra ; pas demain la veille donc ! mais le chemin est tracé : passer d'une société subie à une société construite ensemble solidairement ;et pour ce faire utiliser le laboratoire local .
La confusion des esprits est un sous produit de notre organisation sociétale.
"Avec des canaux quasiment à sec, les agriculteurs ont massivement recours à l'eau des nappes phréatiques. Mais l'usage des pompes à eau, réservé aux plus aisés, s'avère trop coûteux dans certains cas, la vente de maigres récoltes ne permettant pas de couvrir les dépenses en kérosène ou en diesel. Le ministre indien de l'agriculture, Sharad Pawar, a laissé entendre que le gouvernement subventionnerait les tarifs de l'essence, pour 'sauver les plantations existantes'." Sécheresse en Inde aujourd'hui Yahoo actualités.
Cela ne prête pas à confusion.
@Pierre J :
En tous cas il est persuadé de la supériorité d'une constitution sur les lois :
http://www.pauljorion.com/blog/?p=4...
Lois ou constitution demandent à être pratiquées et reposent sur une volonté politique . Le système dès l'entrée propose l'absence de volonté politique amont ;la constitution n'est pas appliquée : puisque , elle , prévoit cette volonté amont ,volonté désignée comme "souveraineté populaire"; et qui ne peut s'exprimer que dans une société organisée en sorte que cette volonté puisse émerger et donc bien s'exprimer.Le coeur de la démocratie c'est le débat public et son organisation .
Si la confusion des esprits est systémique , elle est savemment entretenue par les dirigeants et tous ceux qui profitent du système.Cela à des degrés de conscience variés.
Le système est très puissant parce qu'il fait système et que toute tentative de sortie est récupérée et digérée.
La confusion des esprits si elle est un produit du système en est aussi une condition amont ,un fondement ; sans confusion des esprits ça ne peut pas fonctionner .
Une société qui débat ,réfléchit le choix sociétal ouvre a priori des possibles et n'est plus entièrement dépendante du système .
Une société de gestion représentative politiquement avec les médias tels qu'ils fonctionnent et le vote alternatif pour des "équipes" , est pied et poings liée .
Le système produit un immense fatalisme qui tue toute envie de politique ; à bien y regarder et sans vouloir tout comprendre on peut hiérarchiser certaines priorités : la crise globale , écologique , les inégalités sont des priorités ; à partir de là on pourrait très bien sur le plan national et local travailler à fond sur cela , créer un outil public de recherche sociétal ; et bien non !! mieux vaut refonder le PS ! ou créer un nouveau parti écologique européen......
Merci Olaf de signaler le billet de Jorion.
Si l'équivalent du traité de Lisbonne, d'abord proposé sous forme de constitution, a été refusé par les peuples de l'U.E. qui devaient et pouvaient l'approuver par référendum, c'est bien en effet parce qu'il était proposé en tant que Constitution. C'est à dire que pour la conscience simple des peuples, il n'était pas question de « graver dans le marbre » l'adhésion pérenne au libre-échange, au libéralisme sans contrepartie, et d'ouvrir la voie à certains choix de société déjà constitutionnels ( droit au travail, droit à la santé,...) La démarche de Paul Jorion est intéressante. Dans la ligne de la dialectique hégelienne ( je viens de lire attentivement l'excellente présentationde la « petite aventure de la dialectique » écrite par Jean). Il y a des Principes à vocation de pérennité, et des lois contingentes. Lorsque des principes essentiels de l'économie pourront être rédigés constitutionnellement alors une révolution sera accomplie. C'est que l'humanité aurait une
conscience pleine de la place et des limites des échanges économiques dans la société du XXIème siècle. Mais cette intelligence pure est-elle mûre à ce propos ?
Du moins, écrivait Hegel , l'intelligence pure est contagieuse ( elle participe des crises.) Et il convient d'agir afin qu' « elle ne dissipe pas inutilement sa force, ni ne se montre indigne de son essence, ce qui est le cas lorsqu'elle éclate en symptomes et en éruptions singulières contre le contenu de la croyance et contre l'ensemble de tous les corrélats de son effectivité extérieure... » On peut favoriser que, « au contraire, elle s'infuse de part en part dans toutes les parties nobles, est bientôt elle s'est méthodiquement emparée de toutes les entrailles et de tous les membres de l'idole sans conscience, puis, un beau matin, elle donne un coup de coude au camarade et patatras, l'idole est à terre. Un beau matin, dont le midi n'est pas sanglant, quand la contagion a pénétré tous les organes de la vie spirituelle. Seule la mémoire conserve encore, comme une espèce d'histoire passée...la modalité morte de la figure antérieure
@Di Girolamo : C'est ce qu'on croit toujours : il suffirait de s'asseoir autour d'une table pour se mettre d'accord, mais c'est ce qui n'est pas vrai surtout dans les périodes de rupture comme maintenant. Ainsi ceux qui ont fait la loi Hadopi ne comprennent rien à l'ère du numérique à laquelle ils veulent appliquer de vieilles recettes et des principes supposés universels qui n'y ont aucun sens. Impossible de se convaincre entre vieux schnocks et ceux qui sont nés dans le numérique. On ne se comprend pas (du moins il faut pas mal de temps pour se connaître).
Les cycles ne sont pas bien vus mais avoir une conception cyclique des processus et notamment de la sociologie permet de poser autrement les problèmes, sans supposer une prescience partagée par tous mais au contraire des fluctuations idéologiques qui composent avec la réalité.
Il n'est pas faux de relier la confusion des esprits au système libéral mais pas en s'imaginant que le système libéral entretiendrait cette confusion, mais plutôt qu'il en résulte. C'est parce qu'on est sorti de la tradition, de la religion, des sociétés d'ordre qu'il n'y a plus de repères collectifs mais c'est le travail du scepticisme qui a ruiné les anciens dogmes, ce n'est pas qu'on avait accès avant à la vérité, c'est qu'on sait désormais qu'on n'y a pas accès ! Marcel Gauchet a bien décrit dans "Le désenchantement du monde" comment l'autorité de l'Eglise déclinante, la politique a gagnée son autonomie avant que le déclin de son pouvoir ne lâche la bride à l'économie. Ce qu'il faut, c'est donc retrouver une légitimité, une idéologie collective capable de nous mettre d'accord. On peut penser que l'écologie prendra cette place, à partir du caractère extérieur, objectif de la contrainte.
On peut appuyer le projet de Paul Jorion d'interdire certaines formes de spéculation (le pari sur les prix), ce qui aurait certainement des effets bénéfiques mais ne représente vraiment pas une révolution. La forme constitutionnelle est malgré tout bien trop lourde par rapport aux situations économiques qui peuvent se présenter. La BCE a ce problème d'être fondé sur des règles trop rigides et intenables, exprimant un rapport de force inadmissible entre rentiers et actifs.
S'il y a effectivement une pénurie d'eau sévère en Inde, il semble que ce soit dû à l'irrigation plus qu'au climat, à la consommation humaine plus qu'à une sécheresse qui n'a rien pour l'instant d'exceptionnel (à ce que j'en ai lu pour l'instant).
La sectorisation de la pensée est aussi source de confusion des esprits. Et est en lien avec le caractère gestionnaire de notre système.
La relative stabilité des sociétés « anciennes » , avant la révolution industrielle tenait aussi au fait de la contrainte physique qui pesait alors ; l’exploitation du pétrole , les techniques , l’industrie... ont fait éclater ces limites ; mais elles reviennent en boomerang : on atteint à nouveau et plus durement les limites du monde . La crise écologique rejoint la crise morale : on ne peut plus aujourd’hui, écologiquement parlant posséder trop de richesses et plus que son voisin.
Se mettre autour de la table est condition nécessaire mais pas suffisante ; tout dépend de quoi on part et où on place le curseur.
Si on pense global et qu’on agit local, ça peut marcher : il s’agit de penser globalement le système, de dresser un diagnostic et de formaliser localement des solutions.
Si on reste sectoriel et partis …alors c’est même pas la peine de s’asseoir.
Les pays me semble une bonne entité pour penser global et agir local ; même si la tâche est lourde ; ces structures officielles de développement local peuvent s’appuyer sur cette méthodologie.
http://www.pays-ardeche-verte.fr/
Bien sûr j'encourage tout cela et "de se mettre autour d'une table", j'en pointe seulement les limites où se joue l'histoire et ses violences souvent. Le caractère gestionnaire aurait plutôt l'effet de la pensée unique, utilitariste et qui se juge à son évaluation (monétaire). La confusion des esprits, c'est quand cela ne marche plus.
J'en suis toujours à mon approche de Hegel dans le texte, tout en surveillant la progression des commentaires sur les sites de Jean Zin et de Paul Jorion.
Chez Jean on trouve intéressante l'initiative de Paul, tout en partageant l'idée que « Ce ne sera pas la révolution ». Et je trouve chez Hegel cette remarque:
« Quand nous souhaitons voir un chêne avec toute la robustesse de son tronc, le déploiement de ses branches et les masses de son feuillage, nous ne serons pas satisfaits si, au lieu de cela, on nous fait voir un gland ».
Cependant chez Paul, un commentateur nous met en hyperlien avec un texte de Giono , qui décrit le contexte historique déjà dissolu dans lequel un berger solitaire, marginal, choisissait les glands les plus prometteurs parmi ceux qu'ils avait ramassés , et les semait. Voici le lien:
http://www.dailymotion.com/video/xuhkt_1-lhomme-plantait-des-arbres-giono_shortfilms
L'image de la graine me semble plus adaptée à la relocalisation qui certes fait pâle figure par rapport au système dominant dans son extension et sa robustesse alors que les propositions de Paul Jorion sont plutôt du côté d'une limitation de l'expansion de la spéculation, ce qui améliore le système plus qu'il ne le remet en cause, et le rend même plus durable. Rien à voir avec la sortie du salariat que permettrait un revenu garanti. Dans le genre, les propositions de Frédéric Lordon me semblent plus radicales mais aussi peu probables :
http://contretemps.eu/lectures/prop...
En tout cas, dans cette confusion des esprits, il y a bien un retour de pensées alternatives même si elles butent toutes sur l'échec du socialisme et de l'étatisation de l'économie dont la nostalgie reste très forte. La relocalisation pourrait résoudre ces contradictions mais ce ne sont que des petites graines qu'il faut planter par milliers et qui n'ont pas la puissance du grossplan !
Beau film que celui de l'homme qui plante des arbres. ...Cet été en nord ardèche sur les plateaux dominants la vallée du rhône , le vent du sud ,brûlant,s'est tant acharné des jours durant fonctionnant comme un sèche cheveux puissance 10 que les chênes sont brûlés ...Même les figuiers ont perdus leurs feuilles ..C'est une désolation . Réchauffement climatique ou pas si cette tendance s'accentue certaines zones deviendront invivables.
Concernant l'économie ,le local petit bougeon et le système ,gros plant implanté solidemment : certains mariages peuvent se tenter :par exemple créer localement des SCIC permettant aux acteurs locaux d'exploiter à titre commercial mais pour le bien de tous des centrales solaires photovoltaïques: le gros plant est là et dans ce cas de figure apporte une très bonne rentabilité finanacière ;et le développement local solidaire et durable peut être là grâce à la SCIC .
De tels montages peuvent bouster une autre société s'ils sont appliqués transversalement et jusqu'au bout d'une logique de développement du local./ Ces toits solaires coopératifs couvriraient de grands hangars de vente de roduits locaux; les bénéfices seraient réinvestis dans d'autres projet de relocalisation etc
Je connaissais déjà le film et ici le causse est plutôt moins sec qu'il y a une vingtaine d'années (les conséquences du réchauffement climatique ne sont pas uniformes, surtout en ce qui concerne le régime des pluies) mais c'est effectivement ce qu'il faudrait faire, du local/global. La différence entre la radicalité verbale et la relocalisation, c'est que la relocalisation est réellement possible dès maintenant. Pour cela le numérique est bien utile :
http://www.orange-innovation.tv/dre...
En fait, je soupçonne les gauchistes de vouloir garder le système tel qu'il est (garder leur emploi dans leurs usines capitalistes et leur mode de vie consumériste) par l'illusion qu'ils pourraient prendre possession du système sans le changer alors qu'un système n'appartient à personne, il marche tout seul même s'il profite outrageusement à un tout petit nombre. Cet étatisme extrémiste ne peut mener qu'au pire et renforcer nos ennemis alors qu'un autre monde est possible dès maintenant. Gageons que si le système monétaire s'écroule, comme il le devrait à brève échéance, la situation nous forcera la main mais il y en a bien besoin...
Occasion de se désoler de voir les Verts et Dany se disputer sur l'alliance avec le Modem dans l'illusion de pouvoir être majoritaire (pour quoi faire ?) en méprisant l'échelon local qui devrait être leur priorité ! J'avais déjà interpellé Dany en 1995 sur le caractère incongru d'attendre des socialistes français ou allemands quoi que ce soit, on a vu ce qu'a donné le prétendu gouvernement pluriel ici et la casse sociale avec Schroeder, c'est vraiment de la politicaillerie et ces partis "socialistes" devraient être détruits, mais le Modem c'est vraiment n'importe quoi... Il pourrait y avoir une reconstruction de la gauche autour des écologistes si les Verts n'étaient pas si nuls et n'avaient besoin eux aussi d'une complète refondation.
"Occasion de se désoler de voir les Verts et Dany se disputer sur l'alliance avec le Modem dans l'illusion de pouvoir être majoritaire (pour quoi faire ?) en méprisant l'échelon local qui devrait être leur priorité !"
je pense exactement ça.
@ di Girolamo
Pour moi vous parlez d'or avec un tel projet de relocalisation dans une économie plurielle. Mais il faudra semer avec patience et très longtemps des graines. Non seulement pour lutter contre la désertification aussi bien réelle (des terres et des pratiques ) que symbolique (des esprits). Pour compenser les externalités négatives de cette société de folie consommatrice.Pour prendre en compte aussi la dialectique du vivant: il faut des milliers de graines pour réussir ne serait-ce que le maintien d'êtres spécifiques.Il faudra encore du temps pour une nécessaire prise de conscience collective de la nécessité de renoncer aux croyances et aux idéaux et entrer dans une ère de l'information raisonnée . Raison de plus pour ne pas baisser les bras, et continuer: toujours les mêmes gestes. Comme l'a écrit Jean :« tenir le pas gagné ». Formulation géniale car avec le sens du pas de vis qui s'impose d'un « petit pas »et de la négation ( c'est pas gagné d'avance, s'en est loin)
Car les gens, même en Ardèche et plus qu'ailleurs car le tourisme et les loisirs y constituent une ressource économique, créeront des associations de lutte contre vos décentralisations photovoltaïques (qui resteraient des minicentrales relocalisées, nuisibles au spectacle d'un « environnement », soit l'opposé de l'écologie)
Les gens n'accepteront de changer que contraints par les nécessités ( les pénuries seules rendront les uns plus solidaires, et d'autres plus barbares) Tenir le pas gagné!
Un billet récent d'Attali :
http://blogs.lexpress.fr/attali/200...
où il dénonce les bonus en tous genres et puis c'est tout. Il propose la supprssion des bonus, sorte de plafond limité au salaire. Sous prétexte que la virtuosité d'un footballeur ou autre est trop payée. Je suis bien d'accord, mais de là à une politique du plafond se résumant au salaire bureaucratique, je trouve ça grotesque.
Tout le monde il sera gentil et fera bien son boulot, c'est d'un gnangnan...à tel point qu'on peut se demander si il n'est pas prêt pour la maison de retraite.
Il parle de plafond bas et ne parle pas du revenu minimum qui est le plancher.
Comme le dit très bien Barbara Cassin, selon les Sophistes,
"celui qui parle ne dit pas ce qui est (le vrai), pas plus d'ailleurs que ce qui n'est pas (le faux) : 'il dit un dire' (Gorgias dans le Traité du non-être : 'et celui qui dit, dit un dire, mais non une couleur ni une chose')." (Cassin 1986 : 17).
De même, Sextus Empiricus à propos de Gorgias :
" ... le discours, il n'est ni les substances, ni les êtres : ce ne sont donc pas les êtres que nous révélons à ceux qui nous entourent; nous ne leur révélons qu'un discours qui est autre que les substances" (Sextus Empiricus, Contre les mathématiciens, VII, 84)
A cela, Aristote - ni personne après lui - n'a jamais pu vraiment répondre , et c'est ce qui a conduit Hegel a déclarer que les premiers intellectuels authentiques, ce sont les Sceptiques, au premier rang desquels se retrouvent les Sophistes (Hegel 1975 [1829-1830] : 798-799).
En bon hégélien, vous ne pouviez donc manquer votre devenir-sophiste.
Le travail du scepticisme est certes le moteur de la dialectique mais il n'en est qu'un moment la philosophie se trouvant à égale distance du dogmatisme et du scepticisme voire du cynisme. Dans ma "Misère de la morale", je fais jouer très injustement à Onfray le rôle de l'intellectuel qui ne croit plus aux mythes de la cité et se livre aux plaisirs égoïstes mais ce n'est que le premier stade très grossier d'une dialectique qui mène après bien des péripéties à l'engagement politique qui n'a plus grand chose à voir avec le scepticisme quand il s'agit de préserver l'avenir.
Sinon, on peut faire d'innombrables critiques à Attali, et je ne me prive pas d'en faire de précises dans mes critiques de ses livres, mais je ne pense pas du tout qu'il soit le pire ni le plus gâteux et il peut même constituer un allié sur certains plans (la gratuité numérique par exemple). Ce n'est pas lui qui nous sauvera mais, pour combattre les banquiers il faut certainement avoir des hommes dans la place !
Ceci dit, on peut faire exactement les mêmes critiques à Frédéric Lordon sous ses airs plus radicaux.
J'ai fini par me procurer phénoménologie de l'esprit de Hegel, pas en allemand, je ne me sens pas de force pour ça, mais en français.
De lire ce blog m'y a entrainé par quelques citations de Hegel dans lesquelles j'ai l'impression de m'y retrouver, d'avoir envisagé les choses( Dinge oder Zeug ) sous le même angle mais sans la formulation détaillée hégélienne. Me sera t il possible d'être ainsi moins noeud noeud...?
La confusion des esprits est aussi malgré tout savemment entretenue dans les méthodes de gouvernance : la réforme des collectivités locales qui a de l'importance en terme de politique de relocalisation va sans doute se faire dans le clair obscur médiatico politique habituel et mettre encore du poids dans la barque du système. (excusez de passer de la philo à la politique )
http://www.olivierdussopt.fr/blog/2...
@olaf : Il est probable que la lecture de la phénoménologie rende un peu plus stupide au début devant ce texte imbitable. Lire l'esthétique ou "la raison dans l'histoire" est beaucoup plus accessible, voire "Les principes de la philosophie du droit". Malgré sa difficulté, la Phénoménologie garde un privilège notamment sur le plan politique (c'est certainement le texte le plus "révolutionnaire" de Hegel) mais surtout parce qu'il témoigne du système en train de se faire. Quand on commence à le comprendre, ce qui n'est pas immédiat, on peut là se croire très intelligent, dans le secret des dieux à dépasser le point de vue unilatéral mais il ne faut pas se laisser entraîner sur cette pente qui peut être fatale, et, bien sûr, tout n'est pas à prendre pour argent comptant dans cette grandiose épopée. La préface est une des parties les plus difficiles, ne pas hésiter à s'aider de mon commentaire. En tout cas, un truc pour lire la Phénoménologie : quand on ne comprend pas une phrase, souvent la phrase d'après en donne la clé comme si la pensée devait se noter d'abord dans la précipitation avant de s'expliciter. De toutes façons, c'est un principe général, ne pas comprendre n'est pas une raison de ne pas continuer à lire car le sens vient toujours à la fin. Par contre sans prendre des notes, il y a peu de chance qu'il en reste quelque chose...
@Di Girolamo : Le passage de la philo à la politique est l'objet même de ce blog et le constat qu'aucune politique n'est possible sans une bonne philosophie, un socle théorique solide évitant de reproduire toujours les mêmes erreurs et capable de se projeter sur le long terme. L'histoire telle que la déroule Hegel et que je résume dans "les aventures de la dialectique" est l'histoire de nos erreurs politiques et d'une liberté au nom de laquelle la Terreur supprimera toute liberté mais qui sera rétablie par un dictateur avec le Code Civil. A chaque fois il faut essayer de déceler dans nos apparentes victoires le début de notre corruption et dans nos défaites les plus cuisantes l'occasion de rebondir et retourner notre déchéance en colère contre l'adversaire.
Ce n'est en rien contradictoire avec le fait que l'organisation des collectivités locales est fondamentale. L'organisation en pays a sa nécessité mais pour abolir les anciens districts administratifs, il faut des circonstances révolutionnaires. Si les "pays" montrent leur existence, cela peut leur permettre de s'imposer mais il est certain qu'on ne peut cumuler les niveaux administratifs. Sinon je n'ai pas une très bonne opinion de Martin Malvy qui est d'ici mais qui doit aux francs-maçons son élection à la présidence de la région plus qu'à ses qualités personnelles (pas plus que celles du président du sénat). C'est une sorte de clientélisme radical-socialiste qui n'a plus grand chose de démocratique, retrouvant des réflexes féodaux. Avec une opposition comme celle-là nos ennemis peuvent dormir tranquille, la confusion n'est pas organisée par la droite, la gauche sait se saborder toute seule...
De trouver le sens d'une phrase dans la phrase suivante est très proche de l'allemand. En commençant à apprendre cette langue, j'étais parfois déconcerté.
Dans cette grammaire le verbe peut être au début d'une phrase, au milieu ou à la fin. Le problème du wo état ou wohin action est aussi important.
Là où ça se corse c'est que certains verbes sont fait d'une racine et d'un préfixe comme anrufen. Utilisé dans une phrase ça donne par exemple : sujet, verbe racine, complément d'objet, préfixe du verbe. Ich rufe.... an.
J 'ai appris l'anglais sans trop de difficultés, l'allemand c'est un puzzle au début, la solution vient à la fin.
Sinon je reconnais ne pas prendre de notes lors de mes lectures alors que j'en ai pris beaucoup lors de mes études et de ma profession. Mais dans une civilisation qui se revendique de la spontanéité, prendre des notes fait anachronique.
Pour la relation politique-philosophie, la relation droit-philosophie est éclairante.
La philosophie est une source du droit tout autant que l'habitus, Kant a beaucoup influé sur le droit actuel par exemple.
Par ailleurs, comme d'apprendre une langue étrangère, on se sent très bête au début, puis super fort d'arriver à comprendre 3 trucs, ce qui n'est pas forcément très malin.
Un article intéressant sur l'invention de la théorie de complot par la sociologie libérale :
http://www.mecanopolis.org/?page_id...
Une fois dépouillée de ses traits caricaturaux les plus grossiers et des manoeuvres de discrédits qui l'entourent, il y a beaucoup à comprendre.
C'est un article très bien écrit (trop bien, on voit qu'il se regarde écrire) et qui dit beaucoup de choses vraies mais qui globalement est faux : les théories du complot existent et de nombreux "contestataires radicaux" nous emmerdent avec ces conneries, ce n'est pas juste une invention des réactionnaires mais bien une paresse de la pensée (j'ai même reçu un gros livre très bien fait, dans le style situationniste lui aussi et qui décline ces théories du complot sur tous les tons).
Surtout, il faut le marteler, ce n'est pas parce qu'il y a des complots réels que cela peut expliquer quoi que ce soit. Le problème n'est pas leur existence, ni le fait que la société du spectacle est forcément celle du secret (secret qui n'a d'ailleurs rien de mystérieux, simples petites combines entre puissants). La seule question qui vaille est celle de l'alternative pour laquelle il ne suffit certes pas de déjouer quelques complots ni de faire tomber quelques têtes. C'est ça la stupidité de ces théories et des conceptions policières de l'histoire, c'est de croire que la malfaisance de quelques individus serait la cause de tous nos malheurs au lieu de comprendre quelles forces matérielles assurent leur pouvoir, en premier lieu l'absence d'alternative !
Je n'ai vu qu'après-coup que ces discours d'allure gauchistes étaient en fait d'extrême-droite selon la même dérive qui a mené ce crétin de Pierre Guillaume au négationnisme. Effectivement les théories du complot sont bien fascisantes et une lecture essentialiste et technophobe du situationnisme mène bien à l'extrême droite la plus réactionnaire. Lamentable confusion des esprits...
Libéral = réactionnaire ? On voit que votre niveau intellectual monte dangereusement.
Mais au contraire, ces choses-là sont très bien comprises. Et parmi elles on trouve toute la dimension technologique, une fois assurée le controle des ressources essentielles à sa production. L'embrigadement permis par la technologie est bien palpable, surtout ici en angleterre : "L'expérience a commencé à Middlesborough, une ville industrielle du centre de l'Angleterre. "Ne laissez pas votre cannette de bière sur le siège ! La poubelle est derrière vous !", s'entend dire un sans-gêne. "Voulez-vous descendre de là !" Et le garnement de sauter de la sculpture monumentale installée dans le centre commercial."
Mais bien sur. Et toute la critique post-68 de la technologie, elle passe à la trappe. Debord lui-meme est assez vite revenu de ses délires technologiques. On sait que Vaneigeim n'en reviendra jamais, on comprend que vous ayez préféré le suivre, sa perspective était plus lyrique que la négativité proposée par Debord. Ce qui est une lamentable confusion ou malversation des esprits, c'est de dissimuler à vos lecteurs la dimension critique du situationnisme à l'égard de la technologie.
Vous avez surement sauté des chapitres dans vos lectures.
Mon commentaire a été tronqué. La citation suivante est relative aux caméras de sécurité munies de haut-parleurs installées en angleterre et derrière lesquelles sont installés des agents : "L'expérience a commencé à Middlesborough, une ville industrielle du centre de l'Angleterre. "Ne laissez pas votre cannette de bière sur le siège ! La poubelle est derrière vous !", s'entend dire un sans-gêne. "Voulez-vous descendre de là !" Et le garnement de sauter de la sculpture monumentale installée dans le centre commercial."
Si c'est Vaneigem qui m'a fait découvrir les situationnistes en 1968, je le trouve un peu niais depuis et ne m'intéresse qu'à Debord sans me réclamer de lui. Je ne me prétends pas du tout situationniste, tout au plus post-situationniste si l'on veut, et encore ! Il y a bien sûr depuis toujours une dimension critique de la technique chez Debord, dans son utilisation (comme le Cinéma ou le magnétophone). Il n'a jamais été technophobe comme les crétins qui le confondent avec Anders, même s'il a critiqué vertement la cybernétique de Moles et devenait plus nostalgique avec l'âge.
Je n'approuve pas du tout Debord d'un bout à l'autre d'une vie où il changera de position en fonction de l'expérience historique mais je trouve toujours profit à le lire alors que les délires technophobes sont des discours automatiques et sans surprises, s'imaginant pouvoir contrôler le savoir, rêve de puissance insensé ! Non seulement ces discours ne m'intéressent pas du tout mais ils n'ont absolument aucun effet, pure perte de temps. On ne peut se passer d'une critique de la technique mais la presque totalité de la trop facile critique de la technique post-68 me semble effectivement à jeter à la poubelle, oui, pour une autre critique, plus politique et réaliste, qui ne suppose pas une nature à restaurer mais une humanité à construire.
bonsoir jean,
Je m'étonne toujours davantage, le temps passant, avec les évènements que l'on sait, que vous ne fassiez une recension
critique des livres récents de théoriciens de la valeur. Vraiment...
"Temps, travail et domination sociale" de moishe Postone est tout de même, excusez moi du peu, un évènement editorial. Je note également, sauf erreur de ma part, que vous n'avez pas relevé la parution des " aventures de la marchandise" de jappe... L'analyse fétichiste ne semble pas vous parler. Pourtant... Svp, si le temps et le coeur vous sont donnés...
Merci d'avance.
Je vous salue cordialement jean.
C'est une question à laquelle j'ai répondu plusieurs fois car on me l'a posée plusieurs fois, je finirais donc peut-être par le faire mais, pour le dire tout net, je ne m'intéresse plus du tout aux théories de la valeur et j'ai abandonné comme Lukàcs la réduction de l'aliénation au fétichisme de la marchandise. C'est peut-être le point où j'ai le plus changé et ce qui m'éloigne le plus des post-situationnistes, voyant justement dans cette critique de la valeur le fondement de leur idéalisme de plus en plus réactionnaire et régressif. La dernière fois que j'ai fait un peu d'agitation à la Sorbonne (avec Julien Coupat, entre autres, juste avant Tiqqun), il y a un peu plus de 10 ans (1998), je critiquais encore l'objectivation comme fétichisme des rapports humains, alors que j'y reconnais désormais une fonction de médiation, de tiers, et que je critique désormais la réification comme passivité plutôt, qui nous fait objet et nous immobilise, ce qui est tout autre chose. C'est ce que j'ai expliqué dans le compte-rendu du dernier livre de Lukàcs que je ne fais que suivre sur ce point. J'ai abordé cette question aussi dans Monnaie, société et individuation.
On pourrait y joindre le texte sur "La valeur-travail mais il serait décevant pour les fétichistes, bien trop matérialiste. André Gorz était d'ailleurs déçu de mon article même s'il n'a pas voulu en discuter quelques jours avant de se suicider. Comme je le dis dans un des hommages que je lui ai rendu, je ne peux pas dire que nous étions d'accord sur l'essentiel puisque là on touche un point essentiel sur lequel on n'était pas d'accord, non seulement les théoriciens de la valeur mais un certain manque de négativité.
Je ne trouve pas les relations humaines aussi merveilleuses qu'on le prétend et j'ai appris de l'expérience (et des situationnistes) que la lutte contre l'aliénation crée une nouvelle aliénation plus dure encore mais surtout je repousse les envolées mystiques et me tiens au plus près du concret des libertés à conquérir, de l'autonomie à gagner, des opportunités historiques, point sur lequel on se retrouvait parfaitement.
Politique et réaliste ? Mais alors en quoi votre écologie est-elle "révolutionnaire" ? Elle me paraît subitement bien "rangée" dans l'institutionnalisme. On pourrait même supposer qu'elle trouve dans Europe-écologie et son "écologie politique" sa pleine réalisation. Mais il y a alors tromperie sur la marchandise, votre conception perd tout caractère "révolutionnaire", en renonçant à toute forme de subversion, pour disparaître dans les limbes laborieuses du réformisme. Ce n'est donc pas que vous trouviez "réductrice" l'aliénation ramenée au fétichisme de la marchandise, c'est que manifestement vous ne voyez plus aucune aliénation dans la marchandise. Ce serait pour finir plus cohérent. Mais comment, en renonçant à la critique de la valeur, pouvez-vous restaurer une pensée qualitative ? Je comprends mieux dans cette perspective que vous ne voyiez plus aucun problème à la consommation de la marchandise virtuelle. Mais il me semble que tout cela n'est pas exempt de contradictions.
Par contre je trouve passablement réducteur de ramener la réification à la passivité. Ne serait-ce que parce qu'une telle critique doit nécessairement rester sans effet. La raison en est donnée par Lao-Tseu (Tao-tê-king): l'opposition du monde à son exploitation est une opposition passive : un refus de coopération. Vous avez renversé l'échelle de la théorie révolutionnaire, donc le principe de révolution lui-même. Soit il y a construction d'une situation révolutionnaire par la théorie et la praxis (qui n'est pas nécessairement un à-coup ou un saut), soit une relation dialectique contradictoire avec le monde (ce qui est le cas du réformisme, on a vu avec quel succès...). C'est bien la faiblesse de l'oscillation dialectique qui fera toujours du réformisme une crème teintée de bonne volonté mais finalement sans effet, pleines d'illusions.
@Vadil
Quand reverrons-nous le temps des cerises? Il faudrait pour ça, si je vous comprends bien, redresser l'échelle malheureusement renversée par Jean de la théorie révolutionnaire?
Il ne fait aucun doute qu'on ne peut me comprendre si on reste dans certaines fourchettes mentales. Il est bien clair que je n'ai rien à voir avec un quelconque romantisme révolutionnaire, encore moins avec une mystique de la révolution qui nous ferait retrouver une nature perdue. J'ai défendu une "écologie révolutionnaire" dans les années 1995-1997 contre l'écologie gestionnaire à une époque où c'était très mal vu. Maintenant que tout le monde se veut révolutionnaire et que non seulement les Verts mais le gouvernement parle de révolution écolo, j'évite d'employer ce terme. Il serait plus exact de dire que je suis un alternatif même si je suis persuadé qu'on a besoin périodiquement de moments révolutionnaires.
Je ne fais pas du bla-bla et pour savoir ce que je propose, il suffit de lire mes textes (innombrables). On verra que cela n'a rien à voir avec le réformisme, que c'est une véritable alternative au capitalisme mais qu'il s'agit de sortir du salariat et de libérer le travail autonome plutôt que de vouloir abattre la marchandise. La lutte contre l'aliénation est lutte contre l'aliénation dans le travail, du moins sa subordination et la séparation du producteur et de son produit. Le résultat concret correspond donc bien aux aspirations des critiques de la valeur et du fétichisme de la marchandise bien que pris par l'autre bout et sur un mode plus réaliste et sans prétendre à la réconciliation finale. Il s'agit d'instaurer la gratuité numérique et d'abolir le marché du travail, pas le marché des produits. C'est un projet très concret, pas une déclaration de principes.
La relocalisation n'a rien de l'aventure glorieuse qui nous fera vaincre l'obscurantisme des siècles passés mais elle correspond à une autre vie, plus qualitative et restaurant les échanges de proximité. C'est ce qui est possible et nécessaire sans être du tout de l'ordre du réformisme mais bien sûr ce n'est pas sexy et n'a rien pour séduire les aspirations métaphysiques même si c'est changer vraiment de système et s'affronter à la totalité comme telle.
Ce n'est pas ma propre lubie d'interpréter la réification comme fixion et passivité escamotant le processus sous-jacent, c'est ce que Lukàcs a lui-même rectifié par rapport à sa première interprétation du fétichisme de la marchandise, retrouvant d'ailleurs l'objectivation hégélienne et l'analyse marxienne en terme de processus dialectique.
Il y a une hésitation chez Debord entre les 2 interprétations mais le thème de la passivité est certainement celui qui prend le dessus chez lui. C'est d'ailleurs ce que critique Jacques Rancière dans son dernier livre dirigé contre Debord : "Le spectateur émancipé". Il faut souligner aussi que, lorsque Debord généralise le fétichisme en définissant le spectacle comme un rapport social, il en change le sens et dans le sens de la passivité du spectateur justement. Ce n'est pas que je prétends être fidèle à Debord, je ne le suis pas, mais Debord a toujours lié vérité et praxis, la faute étant de se laisser faire ce qui nous rend faux, regard extérieur qui est le regard du pouvoir.
Il ne suffit pas de se croire ou se déclarer révolutionnaire au nom de "l’esthétique du discours incendiaire qui se contemple lui-même à ses propres lueurs lyriques, et trouve qu’il fait déjà plus chaud". Peu importent tous ceux qui veulent s'attaquer à des monstres imaginaires, que ce soit au Diable, à la Technique ou je ne sais quelle abstraction, et s'épuisent à donner des coups d'épée dans le vide. La faiblesse des prétendus révolutionnaires qui sont surtout forts en gueule, c'est qu'ils ne font rien du tout. Il est vrai que le réformisme ne mène à rien, il faut une véritable alternative mais qu'on puisse mettre en place réellement. Rien ne sert de s'envoyer des concepts à la figure quand ce sont des dispositifs concrets qu'il faut mettre en place et dont il faudrait discuter.
@Pierre J. Cessons les caricatures et ce n'est certainement pas les changements conceptuels de Jean Zin qui feront apparaître la révolution du chaudron d'un blog. Si vous voulez vous livrer à des batailles de clichés, allez le faire sur des sites grand public.
Vous oubliez que Lukàcs a "retrouvé" (si vous voulez), l'objectivation hégélienne et l'analyse marxiste (et non marxienne, qui ne viendra que plus tard) du processus historique (dialectisé) en se rendant au marxisme bolchevisé, c'est-à-dire en identifiant la conscience de classe au Parti et le Parti à son modèle léniniste. (Histoire et conscience de classe) Si vous ne risquez pas, époque oblige, de tomber dans les travers fascisants du début du XXème siècle, en revanche il y a bien, dans ce mouvement intellectuel de renoncement à la critique de la valeur et la pensée qualitative de la vie, une sorte d'institutionnalisation de la pensée, qui redevient une pensée de "parti". Ce qui m'a laissé dire qu'une solution "politique et réaliste" s'apparentait bien à un réformisme de parti. Que vous proposiez une alternative complète au capitalisme, pourquoi pas. Mais c'est dans la praxis de la mise en oeuvre d'une telle alternative que se cache précisément votre adhésion à la logique des partis, puisqu'un support est nécessaire à toute mise en oeuvre d'une alternative, quelle qu'elle soit ; même conséquence idéologique que chez Lukàcs.
Ce serait grandement escamoter la réalité que de prétendre créer des processus productifs cumulant complexité du produit et unicité du producteur. Le degré de complexité atteint par le production moderne (et bien sûr particulièrement technologique) implique un processus productif fractionnant la conception en autant de secteurs étanches. Le modèle est directement inspiré du fractionnement des sciences et de la spécialisation. Il n'y a pas de degré possible à ce processus, la production continuera de se scinder à mesure que croîtra la complexité des objets produits.
Le lyrisme révolutionnaire a souvent appartenu aux classes favorisées, c'est surtout ainsi qu'en le recyclant sous une forme bohème elles ont pu en désactiver les figures les plus menaçantes. La révolution réelle de Mai 68, celle qui a précisément échouée et fut phagocytée, n'est pas dans les "parties" gaies luronnes du Trocadéro ou la volonté d'en découdre des fils de bourgeois du XVIème, elle se situerait dans la mise en place des conseils, la prise du Ministère du travail, la mise en place de réseaux locaux d'alimentation (avec l'aide des paysans - il y en avait encore à l'époque ! - de la grande couronne parisienne), l'appropriation des outils par les ouvriers, etc. Bref toute la dimension occultée de Mai 68 et que le gauchisme ne parviendra pas à recycler en AMAP et en militantisme.
En revanche la technique, puis la technologie ne me paraissent pas des "monstres imaginaires" mais des processus historiques réels, qui occupe même une bonne part des historiens des sciences.
La restauration de la nature n'appartient absolument pas à quelques réactionnaires décatis, elle est au coeur de l'écologie capitaliste au contraire qui, ayant ravagé suffisamment du "capital variable naturel" se charge maintenant de le restaurer à grands frais. C'est ainsi que l'art consommé vient achever ce qu'avait entamé l'art commencé...
C'est tellement surréaliste de vouloir que je sois un homme de parti voire d'institutions qu'on va arrêter là. Le support des alternatives locales ce n'est sûrement pas un parti mais la commune !
Il y a effectivement une nouveauté qui a changé la question de la division du travail, c'est l'informatique qui n'empêche pas l'informaticien d'être l'auteur de son programme même s'il s'intègre à un ensemble bien plus vaste, tout comme le scientifique en effet. Pas possible à expliquer ici.
Il y a des raisons à l'échec des belles idées trop simplistes de Mai68 (et de la révolution culturelle d'ailleurs) qu'il ne sert à rien de reproduire. Si Lip avait vraiment réussi, peut-être y aurait-il eu appropriation par les travailleurs de leurs usines, mais ça ne tient pas la distance (d'où la proposition de coopératives "municipales").
Le déferlement des technologies est bien réel, c'est La Technique qui n'a aucune existence comme telle, la prétention de commander au savoir étant bien risible alors que c'est le savoir qui nous commande. Personne ne peut s'opposer au progrès des sciences, Jacques Ellul l'avouait lui-même, sauf évidemment une catastrophe qui nous ramènerait à l'âge de pierre si c'est possible. Il y a par contre des produits à interdire, des entreprises à boycotter et surtout des alternatives locales à construire réduisant la part des techniques industrielles et privilégiant les technologies douces (y compris numériques).
Il n'y a pas à se méprendre sur le fait qu'il n'y aura pas de retour à une nature perdue mais au contraire une régulation de nos interactions avec la "nature", l'ajout d'une régulation sociale à une nature qui en est dépourvue puisqu'on l'a saccagée. La question du climat montre bien qu'on est devenus responsables du climat alors que le temps était typiquement un événement naturel, voire divin, mais que nous devions accepter comme tel. Qu'il n'y ait pas véritablement retour à la nature n'empêche pas qu'on devra se rapprocher de la nature et se recentrer sur le local mais ce n'est certainement pas un état antérieur à restaurer et plutôt un nouvel équilibre à trouver, plus qualitatif et, je dirais, plus civilisé.
Ce que je vois c'est l'identité des pirouettes idéologiques entre vous et Lukàcs, pirouettes que vous m'avez affirmé avoir réalisée. Je n'ai donc rien inventer, je n'ai fait que mettre en parallèle les conséquences idéologiques d'une telle opération.
Je viens justement d'en discuter avec un ami ingénieur en robotique qui participe à des projets collaboratifs complexes (ie. dont la complexité exige une fragmentation des tâches). Il a été assez clair, le sentiment de réalisation ou d'accomplissement qu'il retire de sa participation (donc du code IPSEC, etc., qu'il produit) se fait à travers une identification à un entité (en l'occurence le système d'exploitation NetBSD). C'était également le rôle de la cité et de la nation autrefois. Mais à ce titre, aussi fractionné que soit un mode de production, il n'y a rien à en redire si l'on accepte l'identification comme un processus suffisant. Il n'y a donc plus de critique du travail séparé et de la dépossession possible. En acceptant la complexité productive, vous acceptez de fait la division du travail et renoncez définitivement à sa critique. Vous semblez être passé de la conception de réalités (division du travail, fétichisme de la marchandise, etc.) à arrêter (principe révolutionnaire) à une réalité à canaliser, rediriger (principe réformiste). Votre critique s'est déportée de la production du monde vers l'usage de cette production.
Je ne pense pas surinterpréter ce que vous dites, j'en tire de simples conséquences logiques.
Je pense parler en connaissance de cause, je bosse dans la techno d'une multinationale, global player pour faire frime.
Mais c'est vraiment se faire des films de croire que la techno segmente tout et que l'on est qu'un rouage. De fait, les incertitudes liées à la rentabilité des prises de risques font que personne ne maitrise la situation, ce qui entraine la possibilité à tout moment de pouvoir mettre son grain de sel et donc son point de vue, donc de faire bifurquer ce qui parait inerte.
Plus c'est global, plus c'est complexe, plus il y a d'incertitudes, moins il y a de pouvoir strict. Le contraire d'un complotage.
Un peu de musique pour illustrer les inquiétudes maniaques :
http://www.youtube.com/watch?v=96ay...
Une belle illustration du confusionnisme ambiant avec cette interview de Pascal Lamy dans Le Temps de Genève :
http://www.letemps.ch/Page/Uuid/662...
Le bourreau de Béthune reproche au tiers-état de ne pas avoir réfléchi à la pertinence de la peine de mort. Voilà l'explication historique de la décollation de Milady 🙂
La confusion des esprits ne peut céder que si notre réflexion /action s'ancre sur la réalité globale en la convertissant en projet de société ,c'est à dire si l'on passe d'un système subi à une société bâtie .
Le " local" (relié au global) peut seul permetttre cette démarche .
Il ne s'agit ni de tout comprendre ni de tout résoudre mais de poser collectivement des priorités et un chemin d'action.
Je crois toujours fortement (jusqu'à contradiction argumentée) à la nécessité d'un outil public ,national /local de recherche sociétale , de réflexion action au delà bien sûr des partis et partis pris.
Pas de bonne politique sans bonne philosophie mais pas de bonne philosophie sans bonne politique.
Pourtant Rome (ou l'empire Egyptien, d'une complexité étonnante et d'un "fonctionnalisme" qui n'a rien à envier au monde moderne) a régné sur un immense empire, d'une complexité administrative et politique inouïe avec un pouvoir relativement efficient. Il est bien vrai que l'absence de la technologie rendait possible, à cette époque, l'autonomie de lieux isolés, qui ne pouvaient être en permanence surveillés et contrôlés. La complexité n'est pas une entrave au pouvoir tant que le pouvoir peut instrumentaliser la complexité. Paradoxalement, seul le pouvoir le peut. Sa force est d'en être venu à fournir aux révolutionnaires les outils avec lesquels ils prétendent maintenant le renverser. Cela me rappelle une citation : "On assiste à la vogue croissante d'un nouvel intellectualisme qui, faisant d'autant plus spontanément fond sur l'ignorance historique qu'il en est elle-même le produit, ramasse à peu près toutes les mystifications "critiques" et "révolutionnaires" des cinquante dernières années."
@Vadil :
Je crois bien avoir lu chez quelque historien que Rome s'est désagrégé finalement sous l'effet des dysfonctionnements de son administration dans ses possessions lointaines, les barbares ne s'étant qu'infiltrés dans les failles. Cette administration "complexe" a duré un temps et s'est effilochée.
L'époque actuelle me parait bien plus complexe, pas seulement en raison des technologies mais aussi de l'inflation des réglementations qui finissent par se contredire.
Par ailleurs la sociologie des organisations, de Peter à Crozier montre toutes les fragilités que savent finalement instrumentaliser les lambdas moyens avec une certaine imagination.
L'empire romain s'est construit sur plus de 600 ans, de la Rome républicaine (conquête de l'ouest et des élites locales) à l'apogée des flaviens puis des antonins (extension maximum des limites de l'empire). Faire des seules errements administratifs la cause de la chute de l'empire romain me semble d'une niaiserie historique infinie.
Rien à voir, en tout cas, avec notre civilisation vieille d'un peu plus de deux siècles.
Pas grand chose à dire de plus...
@Vadil :
Désolé que les hypothèses d'un certain nombre d'historiens vous paraissent des niaiseries, c'est la qualification simplette de ceux qui n'ont rien à penser, manque d'appétit sans doute. On ne peut plaire à tous.
2 siécles comparés à 6 siécles, je ne vois pas où est le rien à voir .
Ne vous forcez pas à en dire plus.
Intéressant, L’altérité retrouvée, étude d'Hegel :
http://www.actu-philosophia.com/spi...