Revues scientifiques du mois de Mai 2006
- Maximum solaire en 2012
- Le niveau des mers pourrait monter de 4 mètres d'ici 2100
- L'effondrement des sociétés
- Grippe aviaire et vaccin
- Un antidépresseur mélatoninergique très prometteur
- Calculer avec des tresses quantiques
- Jeûner pour rajeunir
- Recherches sur le "transfert de cerveau" !
- La Voie Lactée protégée des explosions gamma
La Recherche no 397, Freud et la science
- p9 Maximum solaire en 2012
Selon Mausumi Dikpati de l'observatoire de haute altitude de Boulder, dans le Colorado, "le soleil va connaître un cycle très actif... le nouveau cycle atteindra son maximum en 2012. Il sera 50% plus intense que le dernier maximum survenu en 2000", en contradiction avec les autres modèles qui, à partir de l'intensité du champ magnétique polaire lors du minimum, annoncent une diminution de 40%. Todd Hoeksema, physicien de Standford, pense le nouveau modèle plus crédible mais "doute des dates" qui restent incertaines.
- p14 Le niveau des mers pourrait monter de 4 mètres d'ici 2100
La période interglaciaire déclenchée il y a 130 000 ans par une modification périodique de l'orbite terrestre avait augmenté la température de 4°C en Arctique et, les glaces du Groenland en partie fondues, en quelque 300 ans, le niveau des mers aurait dépassé de 4 à 6 mètres le niveau actuel. Une hauteur attestée par des coraux datant de cette époque. Les auteurs, estimant que le réchauffement polaire calculé pour cette période avoisinait celui escompté pour 2100, ont décidé d'adjoindre à la simulation un deuxième article. Ils y affirment que, comme il y a 130 000 ans, le niveau des mers pourrait monter de 4 à 6 mètres mais cette fois en cent ans. Le fossé franchi est considérable "Les articles les plus récents parlent plutôt d'une montée moyenne de 15 à 40 centimètres". Ce sont des hypothèses contreversées où les avis divergent mais "Dans certains scénarios, les glaces du Groenland fondent en cent ans. Le niveau des mers monterait alors de 7 mètres". Ce que d'autres estiment impossible...
- p48 L'effondrement des sociétés
Effondrement, Comment les sociétés décident de leur disparition ou de leur survie, Jared Diamond
L'auteur "De l'inégalité parmi les sociétés" (Gallimard, 2000), qui montrait l'importance des ressources écologiques pour le développement, analyse dans "Collapse" (Effondrement) les causes de la disparition des sociétés (dont l'Île de Pâques ou la colonisation du Groenland par les Vikings servent de modèle), "ces effondrements (de sociétés) survenus dans le passé sont le résultat d'une évolution qui est quasiment la même pour tous", mettant en cause l'épuisement des ressources, les modifications de l'environnement et les capacités d'adaptation, en particulier idéologiques et religieuses.
"On retrouve là les cinq ensembles de facteurs que nous avons déjà développés : l'impact des Vikings sur l'environnement, les changements climatiques, la moindre fréquence des contacts amicaux avec la Norvège, la multiplication des contacts hostiles avec les Inuits et l'attitude conservatrice qui fut celle des Vikings". D'autres modèles, illustrés par la décadence de l'Empire Romain ou des premières civilisations agricoles, insistent plutôt sur les causes internes de dislocation des solidarités sociales par l'exacerbation des inégalités.
- p82 Grippe aviaire et vaccin
"Si la grippe aviaire se muait en un virus pandémique, il pourrait, d'après l'OMS, toucher l'ensemble des continents en moins de trois mois et faire plus de deux millions de victimes". L'analyse du problème à base d'automates cellulaires modélisant la contamination montre que "d'une façon qui peut paraître paradoxale, l'apparition d'une épidémie ne dépend donc pas du nombre de personnes infectées mais du nombre de personnes susceptibles d'attraper la maladie ! Cette remarque justifie à elle seule les politiques de vaccination, même avec un vaccin peu efficace".
Pour la Science no 343, Des tresses pour l'ordinateur quantique
- p26 Un premier antidépresseur mélatoninergique très prometteur
Un article sur l'Agomélatine (Valdoxan®), montre que ce nouvel antidépresseur stimule la production de neurones dans la région de l'hippocampe liée à l'anxiété, sans préciser toutefois qu'il s'agit du premier agoniste mélatoninergique (et antagoniste sérotoninergique), constituant une nouvelle approche de la dépression. Son efficacité est très bonne, notamment sur le sommeil alors que la prescription de mélatonine semblait n'avoir aucune action.
Il faut savoir que dans les dépressions sévères il y a destruction de neurones dans cette région, sous l'effet d'un stress prolongé (épuisement par saturation des récepteurs). On a cru jusqu'aux années 1990 que le capital de neurones était fixe car cela semblait une condition de la mémoire. On s'est rendu compte depuis qu'il y avait renouvellement des neurones, surtout dans certaines régions productrices de dopamine, ou bien en cas de lésion du cerveau, et que la reconstitution des neurones de l'hippocampe est une condition de la guérison des états dépressifs, ce que l'agomélatine favorise lorsque le traitement est prolongé au-delà de trois semaines. C'est peut-être le cas aussi des autres anti-dépresseurs dont le délai d'action de trois semaines restait relativement mystérieux (on parlait de désensibilisation). A noter (dans Science et Vie, p28) qu'on peut avoir le même résultat par des activités sociales stimulant la neurogenèse comme "courir en groupe" alors que "l'isolation sociale annule les bienfaits de l'activité physique sur le cerveau en empêchant l'hippocampe d'augmenter sa production de nouveaux neurones", le stress de l'activité physique ayant alors des effets négatifs sur la neurogenèse.
- p35 Calculer avec des tresses quantiques
Article très difficile. Retenons qu'une topologie fondée sur des tresses à base de paires d' anyons (ni fermions, ni bosons !) pourrait permettre de surmonter la fragilité des bits quantiques caractérisés par des états superposés très sensibles aux interactions (décohérence), mais pour fonctionner, ce système nécessite de très basses températures, proches du zéro absolu. On est encore très loin de la réalisation d'ordinateurs quantiques qui restent complètement spéculatifs. "Le calcul quantique topologique n'en est qu'à ses premiers balbutiements. De fait, on attend encore confirmation de l'existence des objets sur lesquels repose le principe même de son fonctionnement : les anyons non abéliens" (non abéliens signifie non commutatifs, l'ordre des opérations n'étant pas indifférent) !
- p74 Jeûner pour rajeunir
On savait déjà qu'une nourriture insuffisante prolongeait la vie, il semblerait que cela soit dû en grande partie au phénomène d' autophagie (et dans une moindre mesure par une réduction des radicaux libres). Dans cet article "S'autodétruire pour survivre" qui décrit la digestion par la cellule de ses propres constituants en cas de stress (lorsque les conditions extérieures sont défévorables), cette fonction est présentée comme une façon d'éliminer les protéines les plus anciennes d'abord et les mitochondries défectueuses, le "ménage" étant d'autant plus radical que la cellule est affamée.
"L'autophagie élimine de façon privilégiée les protéines à longue durée de vie (...) L'absence d'autophagie entraîne l'accumulation d'agrégats protéiques dans le cytoplasme, particulièrement dans des cellules qui ne se divisent pas ou peu, tels les neurones et les cellules du foie (...) Par ailleurs, la prolifération de vacuoles autophagiques est un trait commun aux maladies humaines liées à des défauts structuraux des protéines, notamment les maladies d'Alzheimer, de Parkinson, de Creutzfeldt-Jakob et la chorée de Huntington (...) Les dommages dus à l'accumulation de produits toxiques dans la cellule influent notablement sur son vieillissement. L'efficacité de l'autophagie décroit avec l'âge, limitant le nettoyage du cytoplasme et rompant l'équilibre entre l'accumulation de constituants défectueux et leur élimination (...) Depuis plusieurs années, les biologistes voient dans l'autophagie un mécanisme anti-vieillissement".
L'autophagie a d'autres fonctions immunitaires et peut mener aussi dans certains cas à la mort cellulaire (en particulier les cellules cancéreuses échappant à l'apoptose), mais il semblerait bien qu'un jeûne permette de nettoyer l'organisme et donc de le rajeunir.
Courrier International no 808
- article de The Scientist sur "la recherche sur le transfert de cerveau".
L’hebdomadaire américain se penche sur les travaux d’Evan Balaban, maître de conférences en neurosciences à l’université McGill de Montréal, au Canada, qui veut "transférer des cellules cérébrales d’un individu à un autre".
The Scientist explique que "les premières expériences sur les embryons d’oiseaux ont donné des résultats surprenants".
La revue relève notamment que "le transfert de tissus cérébraux d’un embryon à un autre a permis à Balavan d’observer qu’un oiseau ayant reçu une greffe issue de volatile d’une espèce différente va, de manière innée, préférer le chant du donneur".
The Scientist ajoute "qu’une autre de ses créations, un poulet qui hoche la tête à la manière d’une caille en train de margoter, prouve encore une fois que certaines habitudes sont innées et non acquises, et qu’elles sont dues à des structures cérébrales bien spécifiques présentes dès la naissance".
L’hebdomadaire note que pour le chercheur, ces recherches "résoudront peut-être un jour des problèmes face auxquels d’autres techniques restent impuissantes" !
- La Voie Lactée protégée des explosions gamma
La probabilité pour que la vie sur Terre soit détruite par une bouffée de rayonnement gamma en provenance de l’espace est virtuellement égale à zéro. Les explosions gamma, les plus puissantes explosions de l’Univers depuis le big bang, se produiraient en effet essentiellement dans de petites galaxies difformes, pauvres en métaux, selon des recherches menées par Krzysztof Stanek et ses collègues de l’Ohio State University (Etats-Unis). Notre galaxie étant une galaxie spirale contenant une grande quantité d’éléments lourds, la vie n’y serait pas menacée.
Les explosions gamma consistent en l’émission, à travers l’espace, de rayons de haute-énergie. Elles se produisent rarement, une fois sur une période de plusieurs années, et durent d’une centaine de secondes à seulement quelques millisecondes. Les astronomes pensent que les explosions longues, celles qui durent plus de deux secondes, se produisent lorsqu’une étoile massive passe, en fin de vie, par le stade de l’explosion en supernova et s’effondre pour former un trou noir.
Des scientifiques avaient émis l’hypothèse selon laquelle une bouffée de rayonnement gamma, si elle se produisait à proximité de notre système solaire, détruirait la vie sur Terre et qu’un tel événement aurait été la cause de l’extinction de masse qui a eu lieu il y a 450 millions d’années. Les résultats de l’étude tendent à infirmer cette hypothèse.