Le moment est venu de reprendre l'offensive idéologique après toutes ces années d'hiver. Partout se lèvent des émeutes de la faim et des luttes sociales en réponse à la reprise de l'inflation qui est le signe de l'échec des marchés, incapables d'assurer notre simple survie et provoquant des désastres écologiques aussi bien qu'humanitaires. Comment rester sans rien faire ? Le caractère collectif, macroéconomique, de l'inflation en fait à l'évidence un problème collectif, politique, justifiant la mobilisation des foules et de tous ceux qui n'acceptent pas d'être les victimes consentantes d'un système qui les condamne. C'est du moins l'occasion de célébrer le retour de la solidarité, des mobilisations collectives, et la fin de la culpabilisation individuelle voulant nous faire croire que nous serions responsables chacun personnellement du sort qui nous est fait et que tout ce que nous avons subi, nous l'avons bien voulu et mérité même, tout comme la richesse des riches serait entièrement méritée !
La honte change de camp, ce sont les signes de la réussite individuelle qui redeviennent ringards, illégitimes, honteux et aussi ridicules qu'en 1968 justement, au profit des véritables valeurs humaines trop longtemps bafouées et d'une vie dont la réussite ne se mesure pas à l'épaisseur du porte monnaie. Finie la bêtise médiatique aussi universellement méprisée désormais qu'elle était triomphante. La passion de la vérité va nous ressaisir, l'exigence démocratique se manifester à nouveau, nos élites satisfaites ramenées au banc des accusés, nos économistes doctrinaires soumis aux railleries publiques. C'est le moment de reprendre nos affaires en main (là où nous vivons) et pour les artistes de refaire des affiches, des slogans, des caricatures pour délégitimer le pouvoir de l'argent et de l'apparence, la consommation ostentatoire et les valeurs en toc. Même si les signes en sont encore bien maigres, c'est le moment sans doute de reprendre la lutte pour l'émancipation et pour faire triompher la raison, malgré tous les échecs passés dont il nous faudra bien tirer toutes les leçons, éviter toute dérive, éviter d'en faire trop mais il nous faudra essayer encore, essayer de faire mieux, en continuant toujours à faire honte aux bourgeois irresponsables, aux petits frimeurs prétentieux, aux experts pontifiants et, tant que nous ne sommes pas tout-à-fait morts ni vaincus, vouloir marcher encore sur la tête des rois.
"Un des motifs de l’art et de la pensée, c’est une certaine honte d’être un homme" (Deleuze).
Nous avons vécu trop longtemps sous le joug de la bêtise et du mépris, vies détruites, vies volées, vies perdues, chacun terré dans son coin. Il nous faut balayer ces petits maîtres hautains, ces idéologies trop logiques qui produisent des politiques cruelles et stupides et voudraient justifier notre domination par les plus fourbes et les plus manipulateurs qui se moquent bien de nous. Ne pas laisser les renégats d'hier se pavaner dans les médias et médire impunément de notre tradition révolutionnaire. Certes, il faut se méfier de nos propres idéologies trop simplistes, idéalistes, communautaires, autoritaires mais le temps de la peur et de la défaite est passé. Il nous faut reprendre l'offensive. Nous ne savons pas encore comment l'obtenir, sans doute, mais nous savons assez ce que nous voulons : un peu plus de solidarité, de respect et d'authenticité, une vie à sauver d'un productivisme insensé, retrouver le plaisir d'être ensemble. La vie qu'on nous promet est une vie de con qui ne vaut rien, la vie est devant nous, riche de possibles qu'il nous faut vivre vraiment, jusque dans notre travail et notre quotidien. Sans trop d'illusions, sans doute, au regard de tous les échecs passés, mais il nous faut sortir enfin de l'insignifiance avec une clairvoyance à la hauteur de notre détermination. La force de l'esprit est toute puissante en tant que ce sont des forces matérielles et l'expérience historique qui lui donnent forme, en tant que vérité est faite et le mensonge enfin dévoilé de l'ordre établi.
Rarement un régime n'aura été autant discrédité. Ce pouvoir n'est pas légitime. C'est le pouvoir du mensonge, de la démagogie, des promesses non tenues et de la corruption. C'est le pouvoir devenu pur spectacle derrière lequel se traitent les petites affaires de cette nouvelle ploutocratie. On nous amuse en faisant briller de l'or à qui veut gagner des millions. Ambition bien minable même si on manque souvent d'argent, d'une vie déjà gagnée où il n'y aurait plus rien à faire ni à prouver. Il faut révéler le grand secret étalé aux yeux de tous : les riches et les puissants sont ridicules, bêtes, destructeurs, hypocrites, irresponsables, insultants, ce ne sont pas des gens de bonne compagnie comme le sont les gens du peuple, les vrais gens, les pauvres à l'amitié sincère mais dépourvus de tout pouvoir...
Pendant ce temps on rafle des sans-papiers qu'on va chercher jusque dans nos écoles, on s'acharne contre les pauvres et les chômeurs, on dénature la justice, on bafoue nos droits, on réduit nos protections sociales, on démantèle l'Etat providence. On nous refile en douce une constitution libérale qu'on avait refusée par référendum. La démocratie est réduite à sa peau de chagrin, que c'en est une honte vraiment ! Pendant ce temps, le système s'écroule et nous laisse toutes ses nuisances, avec les terribles conséquences à gérer des excès passés. La honte de nos dirigeants et profiteurs, c'est la honte par rapport aux générations futures mais c'est aussi la honte d'un système qui a échoué sinon à concentrer la richesse dans un pourcentage de plus en plus restreint de la population. La honte c'est celle de toutes ces épaves qui restent échouées sur le rivage une fois que se retire la marée qui nous submergeait des fausses promesses de l'exubérance des marchés et d'une croissance infinie.
Il ne s'agit pas seulement de délégitimer le système en place, ni même de légitimer des conduites plus écologistes et coopératives mais bien de refonder les solidarités. Pas avec des bons sentiments, avec des pratiques concrètes! Il ne suffit pas de faire la morale ni de décréter ce qui est légitime, il faut créer les conditions d'une auto-affirmation de notre existence collective, ainsi que des procédures effectives pour mettre en pratique ces valeurs de solidarité. Il faut passer de la morale à la politique, ce qui n'est pas seulement changer de stratégie de transformation mais reconnaître aussi les dangers des trop bons sentiment et d'un enfer pavé de bonnes intentions, reconnaître les contradictions de la morale, de l'amour et du besoin de reconnaissance, qu'il n'y a pas d'harmonie naturelle enfin ni de connaissance originelle mais que cela se passe mal le plus souvent et que nous sommes nés complètement ignorants. Les rapports du collectif et de l'individu sont toujours difficiles. La morale est dangereuse en opposant le bien et le mal, en faisant comme si les causes étaient subjectives et non pas matérielles. S'il faut rendre la honte encore plus honteuse, ce n'est pas pour en rester à la condamnation morale, encore moins qu'il suffirait d'éliminer les plus méchants sans rien changer au système, c'est pour déconsidérer l'ancienne idéologie hégémonique du chacun pour soi et s'inscrire dans une autre dimension que celle de l'intérêt, pour s'inscrire dans notre histoire collective, dans la conscience de soi comme appartenant à une collectivité humaine et un esprit commun, celui de notre temps qui est celui de grands bouleversements comme l'humanité en a bien peu connus et qui attend son heure.
C'est dans ces moments qu'on a besoin des artistes pour donner des expressions, des emblèmes, des représentations, donner force au renversement des valeurs, lever la censure, encourager la transgression sociale, proclamer quelques vérités bien senties, trouver des mots d'ordre pas trop bêtes, faire honte aux petits intérêts, mobiliser l'humour le plus féroce. C'est dans le milieu artistique sans doute que les valeurs d'une société s'expérimentent d'abord, c'est là que le prix de la vérité est le plus élevé souvent qui condamne l'artiste à la misère d'être un éclaireur, un peu trop en avant, pas le petit malin qui rafle la mise, question de priorité (on ne peut servir deux maîtres à la fois).
Il ne s'agit pas de tout foutre en l'air ni de terroriser le voisinage ou se prendre pour la voix du peuple mais de se réapproprier sa propre vie et de refonder une démocratie de face à face en tenant compte des leçons de l'histoire et des contraintes écologiques. C'est à la fois très difficile et très exaltant de continuer l'émancipation humaine et de reprendre le flambeau de nos pères. Nous pouvons être reconnaissants à nos prédécesseurs de nous éviter de retomber dans les mêmes erreurs. S'il n'y avait pas eu le stalinisme, nous referions un parti autoritaire confisquant toute parole, s'il n'y avait pas eu la Révolution culturelle nous pourrions croire encore au pouvoir des masses, à l'homme nouveau et à la sagesse du peuple. Un homme averti en vaut deux. Une des clefs, c'est que la critique des savoirs officiels et de nos élites ne doit pas déboucher sur l'idée folle qu'on aurait la science infuse et qu'on en saurait plus qu'eux, en dehors de la vie qu'on nous fait mener. Il ne faut plus écouter les experts passivement mais savoir qu'on est tous ignorants, eux comme nous, même si ce n'est pas la même ignorance. Il ne devrait pas y avoir de honte à le reconnaître car chacun en connaît un bout et doit avoir voix au chapitre pour ce qui le regarde. C'est le principe même de la démocratie.
Apparemment, la situation ne paraît guère brillante, c'est loin d'être gagné d'avance, mais on a la chance d'une certaine façon qu'il n'y ait plus de gauche, plus de parti digne de ce nom, toujours déplacés dans les mouvements sociaux. Il n'y a pas de sauveur suprême car il ne faut compter que sur nous mais nous ne resterons pas inactifs toute notre vie, nous allons d'abord leur faire honte, puis nous prendrons la parole, nous pourrons nous regrouper ensuite et nous organiser du local au global (mais quand ?). Tout n'est pas perdu, les vainqueurs d'hier ne sont plus si fiers, c'est la honte qui gagne avant la débandade. L'avenir nous appartient, la lutte continue, le combat reprend...
Bravo! Je suis sûr que beaucoup de gens au fond de leur trou ressentent le même élan. Comme vous le dites, il y a besoin de politique pour agréger de manière inédite toutes les volontés isolés
tiens, c'est la 1° fois que je laisse un message sur un blog...
je me l'étais interdit (beaucoup de déclarations - peu d'action derriere le clavier)
cela fait un moment que je prone la reprise en main de notre destin.
mais il faudra plus que des affiches pour vaincre les forces en présence.
Face a la complexité, tout le monde se pert en interpretation. Cela nous fige. pourtant on sent intuitivement qu'il faudrait infléchir le cours de notre histoire..qui nous échappe. Alors ? insurection..révolution....je ne sais pas trop mais il faudra du conflit et du drame pour détartrer tout cela plutot que du clavier et de la souris.
Je suis bien d'accord, d'ailleurs j'écris de moins en moins et ce petit article se veut un texte d'orientation pour les prochains mois jusqu'à la rentrée. Le travail intellectuel change selon les périodes. Lorsque rien ne semble possible, il sert à fourbir des armes critiques, des analyses de la situation et des perspectives pour le futur. Penser les alternatives et les voies pour y parvenir est le plus essentiel pour avoir une chance d'aboutir. Lorsque la situation se retourne, sa fonction est tout autre, engagé dans l'action.
Il m'a semblé qu'il fallait porter le fer là où ça fait mal et qu'il y avait là une opportunité de précipiter la débâcle de l'adversaire. La mobilisation n'est pas encore au rendez-vous mais le basculement idéologique est sensible, il faut donc pousser à une nouvelle hégémonie idéologique. Ce n'est pas grand chose apparemment mais c'est ce qui facilitera les futures mobilisations, qui ne se feront pas sur internet. Il y a un moment opportun pour faire entendre un autre son de cloche, il faut en profiter pour occuper le terrain. Les affiches ne suffisent pas à mobiliser les foules mais sont malgré tout bien utiles et c'est ce dont on se souvient après. Il ne faut pas sous-estimer l'enjeu des communications et de la critique publicitaire ou propagandiste (une communication qui contient sa propre critique).
La situation ne semble pas encore mûre pour un grand mouvement social qui refonde nos solidarités par absence d'alternative et de convergence entre des idéologies périmées. Je ne voyais donc pas d'issue, la création d'un nouveau parti écologiste me semblant tout aussi difficile actuellement et de trop longue haleine pour moi. Sans en être complètement sûr, j'ai trouvé possible qu'en faisant changer la honte de camp on pourrait peut-être créer les conditions d'une mobilisation d'où surgiraient des alternatives multiples à partir de situations locales.
En tout cas, si je me fais plus rare, pour des raisons plus ou moins indépendantes de ma volonté (pas sûr donc), c'est une voie que j'encourage à suivre dans les mois qui viennent. Que cela prenne ou pas dépend aussi du talent de quelques uns mais c'est surtout que la situation est objectivement révolutionnaire même si elle ne l'est pas subjectivement, et que rien ne se fera si la population toute entière ne décide pas de reprendre ses affaires en main et de se réapproprier sa vie. Il faut parfois des années pour qu'une crise trouve son dénouement, la conjonction actuelle plaide plutôt pour le court terme mais ce n'est pas une prédiction astrologique et si cela ne se fait pas demain, ce sera encore plus d'actualité après-demain...
Il faut bien dire aussi que derrière tout cela, qui est essentiel, et des conditions d'une refondation de la démocratie sur l'ignorance partagée, il y a une interrogation sur la honte à l'intersection de l'individu et du collectif comme de la morale et de la politique.
L’empire mondial de la honte:
Quake 'predicted' 5 years ago By Zhu Zhe (China Daily)
Updated: 2008-05-13 06:49
A seismologist warned more than five years ago that based on historical records and animal studies, a strong earthquake was likely in Sichuan.
"Sichuan is virtually certain to experience an earthquake measuring above 7 in the next few years," Chen Xuezhong, a senior researcher with the geophysics institute of State Seismological Bureau (SSB), wrote in a paper published in December 2002, in the periodical Recent Developments in World Seismology.
The article is still available online.
In the article, Chen said Sichuan stood a big chance of being hit by a huge temblor due to its geographic location, and records since 1800 showed the average interval between major quakes in the province was about 16 years.
Since 1900, the area had experienced frequent big temblors, and records showed the longest interval between them was 19 years, with the average being 11 years, the paper said.
"However, the area hasn't seen any earthquake measuring above 7 for 26 years, since a big temblor struck its Songpan and Pingwu counties in 1976," Chen wrote.
"We must be prepared for a big earthquake after 2003."
In a telephone interview with China Daily on Monday, Chen said many seismologists had noticed the pattern, which was why he did the study.
"But the study was published as an academic paper so it didn't receive much attention," he said.
"However, we can conclude that yesterday's earthquake is in line with the rule and it's natural."
Zhang Guomin, another researcher with the SSB's earthquake science institute, also said on Monday that Wenchuan is prone to earthquakes as it is on a major fault line - the south-north fault line that runs from Yunnan to Ningxia.
The county is also on a small fault line known as the Longmen mountain earthquake belt, he said.
Zhang also warned residents in earthquake-affected of possible aftershocks, which could be as devastating as the main tremor.
"A big earthquake can release most, but not all of the underground energy, and its aftershocks may cause natural disasters," he said.
Aftershocks are generally weaker than the main quake, but buildings that have already been damaged are prone to collapse in an aftershock, he said.
Meanwhile, ahead of Monday's deadly earthquake, many people reported seeing unusual animal behavior.
On Saturday, local media reported that hundreds of thousands of toads had appeared on the streets of Manzhu, a city about 60 km southeast of Wenchuan.
A resident surnamed Liu was quoted as saying he saw countless toads killed by passing vehicles as they crossed roads, and that he had never seen anything like it.
Similarly, on Friday, people in Taizhou, Jiangsu province, also said they saw tens of thousands of toads on the city's streets, local media said.
Experts have said animals can give advance notice of quakes, as they sense tremors before they happen.
Unfortunately, no one heeded the toads' "warning".
In response to questions from the public about the reptilian swarms, officials in both Mianzhu and Taizhou said there was nothing unusual about them.
"The move is because of the change of weather," Shu Shi, director of the Mianzhu forestry bureau, was quoted as saying by local media.
http://www.chinadaily.com.cn/chi...
.... , many people reported seeing UNUSUAL animal behavior. On Saturday, local media reported that hundreds of thousands of toads had appeared on the streets of Manzhu, a city about 60 km southeast of Wenchuan. A resident was quoted as saying he saw countless toads killed by passing vehicles as they crossed roads, and that he had never seen anything like it. Similarly, on Friday, people in Taizhou, Jiangsu province, also said they saw tens of thousands of toads on the city's streets, local media said. Experts have said animals can give advance notice of quakes, as they sense tremors before they happen. Unfortunately, no one heeded the toads' "warning". In response to questions from the public about the reptilian swarms, officials in both Mianzhu and Taizhou said there was nothing unusual about them. "The move is because of the change of weather."
A seismologist warned more than five years ago that based on historical records and animal studies, a strong earthquake was likely in Sichuan. Sichuan stood a big chance of being hit by a huge temblor due to its geographic location, and records since 1800 showed the average interval between major quakes in the province was about 16 years. Since 1900, the area had experienced frequent big temblors, and records showed the longest interval between them was 19 years, with the average being 11 years.
home.att.net/~thehessians...
Superbe ! Voilà un de vos plus beaux articles.
Des vérités devaient être dites, ainsi c'est fait
Si vous me permettez ; la spontanéité, la virulence vous vont à ravir.
Merci.
E.P
-Cet article doit absolument circuler !
Merci et encore bravo pour ce texte, non frapper sur un clavier n'est pas de vaines déclarations, oui c'est une forme que prends la révolution et donc un certain détartrage, enfin qu'on puisse sourire plus blanc que blanc!!!
C'est ce genre de textes que j'essaie de plébisciter car aucune manifestation, travail révolutionnaire ne peut se faire sans pensée, critique, observation, intellectualisme....
Et la révolution est aussi naturelle que celle de la Terre autour du Soleil, assez de foutaises, nous sommes tous dans le même bateau et il prend l'eau et je pense pas que la greffe de branchies soit la dernière mode du jour.
C'est en se rassemblant derrière celles et ceux qui nous offrent un autre vision du monde, une alternative, des références que nous pourrons vaincre cette paralysie ambiante, ce tout marché dominant, une hypocrisie généralisée...
La révolution comme nouvelle donne sociale et politique semble bien la plus urgente à appliquer.
Il est temps de se réapproprier nos vies!
Construis un autre monde : change de banquier !
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Bonjour cher Jean.
"Penser les alternatives et les voies pour y parvenir est le plus essentiel pour avoir une chance d'aboutir." Tu parles ensuite de l'enjeu de la communication.
Tu dis qu'il n'y a plus de sauveur.
Il n'y a pas de sauveur politique ? Il y a des sauveurs économiques qui bien sûr sont des sauveurs tout court, politique, économique, social, libertaire, tout ce dont tu peux rêver.
Je suis triste que tu n'en parles jamais.
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"Révolution = changer de banquier"
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Je fais partie d'une Nouvelle Economie Fraternelle... Et je suis triste de vous laisser dans une économie financière monstrueuse.
Une banque reste une banque, certes. Tu en utilises une ? Alors pourquoi ne pas en utiliser une où tu peux ouvrir ta gueule ? Où tu peux exercer ton intelligence ?
Tu es fier de ton banquier ? Je le suis. On dirige ensemble notre banque. On en fait quelque chose de beau. On ne spécule pas on finance et construit des lieux de libertés.
Le bio c'est nous. Enercoop c'est nous. Biocoop c'est nous.
Tu es opposé à n'importe quelle institution ? Même quand elle est jolie et poétique ?
Cette institution bancaire démocratique devra remplacer les autres institutions bancaires pour que puisse exister un autre monde.
Tu finances les marchands d'armes chaque fois que tu achètes un journal et tu finances toutes les merdes de ce monde avec ton compte en Banque.
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"Nouvelle, Economie, Fraternelle" [slogan de République]
"je lave mon cerveau avec la pub. Et la pub avec la Nef"
"La Nef est une marque déposée. dans tes mains."
"La Nef récolte les révoltes. Et finance ma pitance.
"Mai 08 : ma banque déterre les pavés !"
"mon banquier est libertaire !"
> Pourquoi un concours de publicité ?
Communiqué: Je suis heureux de faire de la pub poétique pour certaines institutions. Exemple personnel:
La Nef est une banque signifiant une Nouvelle Économie Fraternelle.
Vous ne la connaissez pas car elle refuse de polluer vos paysages.
Cette banque n'a pas vocation à faire de l'argent mais à faire avec l'argent.[0]
Une personne égale une voix, cette banque roule au consensus sans plomb 0% de cupidité, 100% d'humilité.
La Nef a des cousines étrangères. La Banca Etica italienne, la Banque Alternative Suisse, les néerlandaises Triodos et ASN Bank, le Crédal belge, l'anglaise Co-operative Bank ou encore les allemandes Okobank et Gemeinschaftsbank. Elles ont une fédération : http://www.febea.org/fr/31_finan...
La Nef prône l'éducation populaire et son plus haut salaire équivaut à 3,31 fois le salaire le plus bas.
Ça paraît un peu idiot de le rappeler :
"une paix universelle et durable ne peut être fondée que sur la base de la justice sociale."[1]
Accepter l'injustice sociale, accepter qu'elle augmente, c'est accepter qu'augmente la souffrance des catégories qui en sont les victimes, c'est nourrir leur scepticisme civique, c'est attiser leur ressentiment et alimenter la haine sociale. C'est préparer la guerre. [2]
Il est trop facile de condamner le jeune qui brûle la voiture de son voisin.[3]
"Les premiers violents, les provocateurs de toute violence, c'est vous [vous qui avez tout]. Vous avez plus de sang sur vos mains d'inconscient que n'en aura jamais le désespéré, qui a pris des armes pour essayer de sortir de son désespoir." Abbé Pierre.[4]
Notes:
[0]Elle aurait déjà construit plus de paradis que Dieu lui-même. Le bio, l'énergie, l'habitat. Biocoop, Enercoop, Habicoop. Les Associations de Maintien de l'Agriculture Paysanne fleurissent et les sociétaires s'enrichissent pleinement de leur pouvoir sur l'argent.
[1] Première ligne de la constitution de l'OIT créée par le traité de Versailles mettant fin à la "der des ders", 1918.
[2] Jean-Luc Porquet, Que les gros salaires baissent la tête!, 2005, page 161.
[3]« Quand le gouvernement viole les droits du peuple, l'insurrection est, pour le peuple et pour chaque portion du peuple, le plus sacré des droits et le plus indispensable des devoirs. » Dernier article de la Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen de 1793
[3-bis] Neuf mois fermes pour avoir brûlé une poubelle. Quatre mois fermes pour avoir montré ses fesses à es CRS. Source: Serge Roure, apologie du casseur, 2006.
[4] Constitution, Articles 10, 11, 12 et 13 du préambule :
10. La Nation assure à l'individu et à la famille les conditions nécessaires à leur développement.
11. Elle garantit à tous, notamment à l'enfant, à la mère et aux vieux travailleurs, la protection de la santé, la sécurité matérielle, le repos et les loisirs. Tout être humain qui, en raison de son âge, de son état physique ou mental, de la situation économique, se trouve dans l'incapacité de travailler a le droit d'obtenir de la collectivité des moyens convenables d'existence.
12. La Nation proclame la solidarité et l'égalité de tous les Français devant les charges qui résultent des calamités nationales.
13. La Nation garantit l'égal accès de l'enfant et de l'adulte à l'instruction, à la formation professionnelle et à la culture. L'organisation de l'enseignement public gratuit et laïque à tous les degrés est un devoir de l'Etat.
Only human.
No licence no right no law.
Just pervert it.
"Changer le travail c'est changer la vie", dis-tu.
jeanzin.fr/2007...
"Changer la banque c'est changer le monde." Dis-je. Les banques construisent le monde. Change de banque tu changeras le monde.
Utiliser les institutions aux statuts démocratiques, c'est participer à la seule démocratie qui existe aujourd'hui, bien loin des lois, des parlements, des lobbyistes et des publicitaires.
Scop, SCIC, association, la coopération a déjà gagné pourquoi tes articles me font souvent déprimer ?
Personnellement je ne fais pas partie du système que tu analyses.
Ma banque est démocratique. Mon fournisseur d'électricité aussi.
Mon fournisseur d'accès internet aussi. (fdn.fr)
Mon distributeur aussi. (biocoop)
Celui qui construira mon habitation aussi. (quadriplus, cabestan...)
Ça faisait longtemps que je ne lisais plus "l'actualité", ni celle des intellos télévisés ni la vôtre ni celle des soit-disant 'révolutionnaires' au compte en banque à la Société Générale.
Allez faire la révolution chez la Société Générale ! Bon courage !
La seule actualité que je lis, après vivre la mienne, est celle de Nexus (magazine international).
On parle de choses que tu ne connais pas. Étonnes-toi. Etonnes-nous. Regarde comme il y a de belles choses. Regarde comme elles luttent.
Regarde comment le WTC s'écroule.
Crois-moi la révolution est en marche plus que jamais depuis 10 ans.
Changeons tous d'institutions.
Fuyons les Gargantua qui nous effacent de la démocratie par un effet d'échelle. (Voir: The Corporation)
Comme tu le sais, Normand Baillargeon, Chomsky, Michael Robert, ont rêvé d'une économie différente. Sauf qu'elle existe déjà. Ils sont un peu en retard, je ne peux pas leur en vouloir, ce sont des gens qui manient le clavier. Des "intellectuels". Des inutiles. Je crains que leur quartier ne se soit pas embelli par leurs textes.
Comme je manie ma pioche je change le monde. Comme tu manies ton clavier tu propages dans nos pensées.
Par tes textes tu occupes nos cerveaux. Distilles-y de temps en temps un peu d'outils de liberté. Les SEL tout ça c'est bien beau mais parmi nous combien ont encore un compte à la SoGé ? Combien vont chez Carrefour ? (1000siècle de caissiere pour 6mois du patron) Combien sont chez EDF ?
---> Pourquoi tu ne parles pas de La Nef ? Pourquoi tu n'es pas à La Nef ? Pourquoi tu ne parles pas à La Nef ?
Merci pour ta propagande. Merci de me permettre d'étaler la mienne.
"
Heureusement, la nécessité de relocalisation de l'économie pour équilibrer la globalisation marchande constitue notre chance car c'est ce qui donne l'opportunité d'expérimenter ces alternatives localement, ici et maintenant, sans attendre que le monde entier nous rejoigne ! Le niveau le plus pertinent d'une politique écologiste, c'est bien la municipalité où beaucoup peut être fait, notamment grâce à des monnaies locales (immédiatement disponibles) et la mise en place de coopératives municipales pour abriter les travailleurs indépendants et favoriser les échanges locaux (un peu comme les SEL). Ce sont des outils peu familiers et qu'on ne peut décrire ici mais qui permettraient à l'écomunicipalisme de constituer la base d'une véritable alternative bien qu'il soit difficile d'assurer un revenu garanti au niveau municipal. On ne peut espérer convaincre que ce soit une solution crédible, il faut seulement espérer que quelques municipalités tentent l'expérience et le démontrent. Qu'on sache du moins, qu'avec le tryptique "revenu garanti, coopératives municipales et monnaies locales), on peut dessiner une alternative écologiste réalisable immédiatement et qui n'a pas grand chose à voir avec nos anciennes représentations. C'est peut-être le signe de son caractère irréaliste, ou peut-être bien le signe que nous avons déjà changé d'ère...
"
Je sens que je vais être encore obligé de clôturer les commentaires, car c'est ce genre de propos et de propagande excessive qui me déprime profondément. Moi, j'essaie de garder la voie de la raison entre les productivistes, les technophobes et les mystiques à la mord moi le noeud, mais c'est au-dessus de mes forces.
La Nef, c'est très bien, tout comme les Cigales ou même le Crédit Coopératif mais croire qu'il suffit d'une banque, même une banque des pauvres pour changer le monde est une bêtise. Même les coopératives actuelles, scop, associations ne changent pas souvent la vie et c'est de toutes façons très différent des propositions que je reprends principalement à André Gorz, Murray Bookchin et Jacques Robin. La différence principale qui change tout, c'est que je suis dans une démarche qui est politique, municipaliste et non pas individuelle. Heureusement qu'on n'invente rien, contrairement à pas mal d'utopies plus ou moins dangereuses, on part de ce qui existe, des alternatives effectives tentées un peu partout. Il s'agit juste d'y apporter un peu plus de cohérence et de tenir compte des expériences faites pour passer à la vitesse supérieure. Il s'agit d'arriver à faire système pour se constituer en alternative du système capitaliste et marchand.
Faire comme si c'était déjà fait est d'une bêtise sans nom. C'est un peu comme s'imaginer que c'est déjà le royaume de Dieu sur terre sous prétexte qu'il y a quelques institutions religieuses charitables ! Faire croire qu'il suffirait de changer de banque pour changer le monde, c'est vraiment parler le discours vide de la publicité. Si je peux penser que des monnaies locales pourraient être un agent essentiel de la relocalisation de l'économie, c'est d'un tout autre point de vue et c'est surtout que ce sont des outils politiques, gérés démocratiquement par la municipalité.
Les Biocoops c'est très bien mais je préférerais que la nourriture de tous, et des plus pauvres, soit bio et pas seulement le petit nombre. Il n'y a rien à redire à la Nef qui est utile et qu'on peut solliciter, pour qui on peut faire de la publicité à condition qu'elle ne soit pas trop envahissante mais cela n'empêche pas que je trouve l'anthroposophie débile et Nexus encore plus, c'est vraiment prendre les gens pour des gogos. Ce n'est pas avec ces conneries qu'on va changer le monde et c'est même la connerie humaine qui est le principal obstacle à ce qu'on s'en sorte, alors un peu plus de discrétion svp au lieu de déconsidérer une écologie-politique qui est vitale en assénant sans gène ses convictions les plus délirantes. On n'a pas besoin d'être un illuminé pour être écologiste ou vouloir une alternative au capitalisme, on a besoin de la plus grande rationalité pour s'en sortir et ce n'est pas facile dans cette guerre des religions à qui est le plus débile que l'autre...
Texte intéressant, hélas il est bien trop tard, nous sommes trop engagés dans le processus pour revenir en arrière. Un exemple :
La mort programmée de l'expression sur internet.
"Le Pentagone a décidé de se doter d’une unité spécialisée capables de détruire soudainement l’ensemble des sites internet de ses adversaires en cas de conflit.
La « guerre des réseaux » (Network Warfare) est du ressort de l’Armée de l’Air. Elle est dirigée par le général Keith B. Alexander, le patron de la NSA.
La 67eme brigade de guerre des réseaux dispose déjà de plus de 8 000 hommes sous le commandement du colonel Joseph Pridotkas. L’un de ses esquadrons sera équipé, d’ici octobre, de puissants robots capables de faire tomber des milliers de sites à la fois. Il s’agit d’appliquer le concept du « tapis de bombes » au cyberspace, indique le colonel Charles W. Williamson dans le dernier numéro de l’Armed Forces Journal."
cf. source officielle: http://www.afji.com/2008/05/3375...
Tout le monde chante la même chanson : le piège se referme.
Et alors ? Qu'est-ce qu'on en a à foutre ? Il est peut-être effectivement trop tard pour le climat mais ces peurs sont irrationnelles, les USA n'arrivent même pas à s'en sortir en Irak. Il n'y a plus d'hyperpuissance, pas la peine de fantasmer, pas de pouvoir tout-puissant, ce qui ne veut pas dire que les USA ne font pas chier. Comment on va faire s'il y a si peu de clairvoyance ?
Il serait dommage d'opposer réflexion à la construction d'un projet politique et participation à des projets coopératifs. Loin de trouver ces démarches incompatibles ou antinomiques je les pense pour ma part fortement complémentaires (et d'un point de vue plus personnel, depuis presque dix ans maintenant, c'est même concomitant).
Même s'il est vrai que le discours mystico-délirant que l'on entend parfois dans certains "réseaux alternatifs" est souvent fatiguant, il ne l'est pas plus que le (non)discours consumériste qui s'étale partout.
Cela dit, pas besoin de raconter des salades (même bio) pour adhérer à une AMAP ou à une biocoop, avoir un compte à la NEF et être en contrat avec Enercoop. Ça ne change peut être pas le monde mais ça y contribue en tant que cela participe de l'action politique. Tout comme ce qui se passe ici.
Je suis d'accord, je dis juste que l'essentiel est politique, c'est de refonder la solidarité sociale. Sans cela toutes ces bonnes initiatives ne servent à rien, avec ce sont de véritables atouts mais c'est bien la société qu'il faut changer pas juste sa petite vie.
Côté com les happenings de freezing en lieu public sont amusantes et désarmantes puisqu'aucun texte de loi interdit de rester immobile quelques minutes à un groupe. Une forme de manifestation déconcertante.
Un billet de plus qui donne envie de croire qu'un nouvel élan est en train de se constituer, quelque chose de neuf, qui peut, qui doit renouer avec l'esprit des lumières et faire refluer toutes ces valeurs létales qui ruinent la planète et l'humanité.
Merci!
Et c'est reparti pour un tour !
Ça me fait penser au "Journal de l'année de la peste" de Defoe : un vent de panique en temps débâcle. L'inconnu, la perte de repères, la fin des certitudes réconfortantes, expulsés du cocoon, les illuminés millénaristes et autres flagellants de tous poils s'excitent à en perdre haleine.
C'est en effet toujours déconcertant ce genre de réaction et je comprends votre agacement.
Mais cela me semble inévitable, la peur panique n'est pas vraiment bonne conseillère quand le vent de l'Histoire change brusquement de direction et pour certain il est tres difficile de se projeter dans l'avenir afin d'être l'artisan de sa construction, cela demande des capacités imaginative et créative ainsi qu'une forte disposition à la "distance".
La construction politique d'un système sociétale solidaire est peut-être aujourd'hui très difficile du fait qu'il s'agit là d'une véritable "innovation humaine" ?
Bon, il est vrai aussi que les bonnes intentions, toute la volonté du monde ne nous mènera pas bien loin si une mise en réseaux, un partage des intelligences n'est pas au rendez-vous.
L'art de la stratégie n'est ce pas justement de gagner une guerre sans livrer aucune bataille ?
N'y a-il pas une nécessité de savoir se projeter dans l'avenir pour qu'une intelligence stratégique soit efficace ?
merci à toi des réponses claires aux évidences bêtes affirmées plus haut ! Comme si être un consommateur parfait pouvait changer le monde…
L’organisation du travail humain (informatisé) et la gestion des flux de marchandises (numérisés) sont des lieux sociaux privilégiés pour reconnaître le déploiement du contrôle sur les lieux de production industrielle et en aval de ceux-ci. La croissance de l’infrastructure numérique, actuellement très rapide, ne signifie donc pas que nous sommes libérés des contraintes industrielles, mais plutôt que la gestion de celles-ci demande de plus en plus de travail.
La mise en œuvre des techniques industrielles nécessite toujours plus de capitaux financiers, qu’ils soient d’origine publique, privée, ou -cas le plus fréquent- une alliance des deux. Pour pouvoir passer à une vitesse supérieure dans un cadre de travail industriel, il faut motiver les changements sociaux qui permettront aux personnes d’ajuster leurs vies à cette vitesse. L’argent est alors une façon d’intéresser les acteurs de ces changements (cf. les salaires des salariés du secteur « Conseil et assistance » vus précédemment). Par la médiation de l’argent, les premiers concernés par les changements techniques ne seront pas les experts et les spécialistes qui mettront en œuvre concrètement ces changements. Ainsi le déploiement des logiques industrielles est intimement lié à la marchandisation du travail. Ingénieurs, consultants, techniciens, ouvriers ou simples opérateurs, sont autant de forces disponibles à la vente sur un marché, peu regardantes sur les finalités du projet d’ensemble auquel elles participent. Un passage prolongé par l’école produit les dispositions nécessaires à ce rôle de rouage. Et bien sûr, l’argent permet aussi de se procurer les différents éléments matériels nécessaires (machine, outils, etc.). Par ailleurs, le coût élevé de la main-d’oeuvre encourage spécifiquement l’usage des techniques industrielles (démultipliant la production par unité de main d’oeuvre), plutôt qu’un autre genre de technique (limitant la productivité). Inversement, la nécessité de rentabiliser les coûts fixes des infrastructures industrielles entraîne la nécessité d’augmenter « la charge de consommation » de la main-d’œuvre, donc d’augmenter le salaire rendant possible cette augmentation de la consommation. Il en résulte une accélération qui menace le système dans son ensemble, sous la forme d’une envolée du coût de la main d’oeuvre (c’est-à-dire les salaires). C’est pourquoi l’existence permanente d’un taux de chômage minimum, de flux de main d’oeuvre internationaux (migrations économiques) et, plus généralement, d’une stratification sociale, tout cela constitue une condition de possibilité indispensable à l’usage des techniques industrielles. Ces éléments ne sont donc pas des effets malheureux que l’on pourrait contrôler ou limiter sur le long terme (par un Etat).
Le schéma de pensée est toujours le même, il est linéaire et ternaire, sur le mode d’un syllogisme péremptoire : la révolution technique entraîne une révolution socio-économique, donc il faut tout remettre à plat, les secteurs de la culture, de la recherche, de la création et de l’enseignement. Hier, il s’agissait de déréguler les tuyaux, aujourd’hui l’enjeu ce sont les contenus et les idées.
La dite « révolution numérique » – qui n’est pas une nouveauté, mais date des années 60-70 - est convoquée comme un prétexte pour enclencher la mutation socio-économique recherchée.
En effet, le « numérique » ne désigne que la rencontre des télécoms et de l’informatique démarrée dans les années 60 et qui consiste à passer de l’analogique à la numérisation des données, de la voix, des images et des sons, permettant une convergence des techniques.
Mais le numérique a été érigé au rang de mythe rationnel indiscutable pour légitimer des politiques qui, elles, sont fort discutables. En fait, la naturalisation de la technologie permet aux pouvoirs de la manier comme un discours de la causalité fatale, une sorte de Destin à accomplir. La technique instrumentalisée comme un fatum, « nécessiterait, exigerait »…, comme si elle était extérieure à la société qui l’engendre. Le déterminisme et le progressisme technologique sont la nouvelle idéologie des temps contemporains. C’est l’éternel retour de la fiction Frankenstein où le produit se retourne contre son producteur et le domine. Faut-il rappeler une fois encore que les développements techniques sont toujours des choix de société, des « bifurcations », comme l’ont bien montré les travaux de Bertrand Gille, d’Ernst Bloch et plus récemment d’Ellul ou d’Alain Gras.
Ce discours surplombant sur " l’économie et la société de la connaissance " et de l’immatériel est une nouvelle idéologie. Elle cherche à caractériser l’étape actuelle du développement du capitalisme post-fordiste, financiarisé et globalisé - ce que les rapporteurs nomme le " passage de l’économie industrielle à l’économie immatérielle ".
Au nom du dogme managérial dont traite si bien Pierre Legendre dans toute son oeuvre, le capitalisme cognitif vise à vampiriser toute la sphère de l’esprit et de l’imaginaire dans le travail, l’entreprise et dans la vie quotidienne. Cette nouvelle économie dite de l’intelligence et de la connaissance, porte bien son nom, si l’on veut bien entendre qu’elle vise à produire l’économie de l’intelligence. Elle n'est qu'une extension du capitalisme croissantiste à la sphère de l'esprit, dont l'imaginaire est déjà si colonisé par les phantasmes de ce monde qu'il ne parvient plus à s'imaginer d'autre avenir. C'est la prison négative entre les murs de laquelle nos pensées sont autorisées à errer.
Votre altermondialisme n'est pas le nôtre, le vôtre sert bien trop les intérêts de ce monde. Vous le comprendrez à travers la convergence de la matrice idéologique venue des Lumières, eux-mêmes savaient que le ver est logé au coeur de la pomme du progrès. De ces considérations et de votre schéma de pensée, il me semble déceler des éléments d'idéalisme primaire dans votre pensée, se répétant sous une forme tautologique à travers la répétition de lieux communs. Raison sans doute pour laquelle vous serez l'altermondialisme récupéré à l'avenir.
Je crois que je vais arrêter les commentaires (j'essaie d'abord la modération!), je ne peux passer mon temps à répondre à tous les groupuscules de la terre et il est un fait qu'ils ont trouvé avec le numérique le terrain idéal pour s'étaler en toute impunité et dans l'anonymat le plus complet. On rêverait bien, oui, d'un retour en arrière mais, au fond, il suffit de débrancher...
Cette fausse radicalité qui a tellement peur de se faire récupérer m'horripile. Mais oui, mes braves, vous êtes les purs, les vrais, les seuls révolutionnaires. Moi je suis bien conscient que les propositions de Gorz et du Grit ne pèsent pas lourd, ce n'est pas l'exaltation de la rupture, mais, de toutes façons, on n'a jamais voulu faire autre chose que proposer des outils, des dispositifs qui pourront servir ceux qui les reprendront plus que les grandes envolées contre le monde entier. On est très certainement des ennemis mais je préfère m'occuper des véritables adversaires et ne pas perdre de temps avec les extrémistes et les doctrinaires ou fanatiques de tout poil.
Il est assez désespérant de voir comme des discours mal digérés mènent à partir de demi-vérités à des positions simplistes et rabattues. Tout ce catéchisme reste industrialiste comme d'autres ont été physiocrates, ne voyant pas que la part de l'industrie régresse au profit de l'immatériel et d'une toute autre logique, qui s'impose, en effet, ce n'est pas invention, mais ce n'est pas un problème technique. Le numérique n'est pas une technique, rien à voir avec l'arraisonnement de la nature, le numérique c'est la communication et, en tant que tel, ce n'est plus un problème technique, mais un problème politique qui nous confronte à nous-mêmes.
L'industrie ne disparaîtra pas plus que l'agriculture, ce qu'on peut faire disparaître c'est la dépendance entre consommation et production, mais, évidemment, il y en a qui ont des solutions magiques, d'un niveau un peu plus métaphysique et pas du tout idéalistes, on vous dit... De toutes façons, c'est inévitable, ces positions sont on ne peut plus compréhensibles, elles peuvent même être utiles parfois, il n'y a pas de raison de vouloir convaincre des gens qui sont si contents d'eux. Qu'ils restent donc entre purs révolutionnaires irrécupérables par le système.
La question n'est pas d'abattre le système mais de savoir par quel autre système le remplacer. Hélas, s'il n'y a qu'une vérité sans doute, il est toujours aussi difficile de s'en assurer car il y a une infinité de façons d'errer et il faut se garer de tous côtés. Polémiques assurément nécessaires mais que je ne goûte guère, je laisse cela à d'autres qui sauront mieux faire. Chacun ses limites.
En résistance à la pollution informationnelle, désormais je censure notamment les commentaires trop longs et là, l'autre idéaliste a envoyé une tartine sur l'incomplétude en mathématique comme si on ne connaissait pas ! Hélas, René Thom est moins connu...
Le pire, c'est que ces gens, qui ne comprennent rien à rien et ne connaissent pas grand chose, se croient très intelligents à nous refiler des interprétations simplistes de pensées trop difficiles pour eux et s'imaginent sauver le monde alors qu'ils en sont un des principaux obstacles à déconsidérer les écologistes avec leurs fausses certitudes (y compris la certitude qu'il n'y aurait pas de vérité - et le climat tu veux te le prendre vraiment sur la gueule ? -, principe libéral du scepticisme dogmatique et du "matérialisme démocratique" relativiste : non tout le monde n'a pas raison et tant pis pour les illuminés et les petits coqs qui voudraient bien...). Je ne peux même pas dire que je n'ai pas fait comme eux dans ma jeunesse, c'est un long apprentissage, mais qu'ils aillent se faire les dents ailleurs.
Un autre petit propagandiste sûr de lui me somme de répondre aux objections, avec des arguments d'autorité ridicules, comme si je ne l'avais pas déjà fait cent fois et comme si je devais passer sur commande des heures à reprendre toutes ces erreurs une par une (il en faudrait des pages, sans compter l'approfondissement du théorème de Gödel!). On ne peut répondre à des professions de foi et peu m'importe que des gens croient à ces théories confusionnelles et qu'ils se confortent entre eux de leur propre excellence. Je sais bien que pour certains partisans de la décroissance et les grands penseurs d'Entropia André Gorz est considéré comme un productiviste (!) et pour les plus excités des pseudo-révolutionnaires je ne suis qu'un agent du grand capital. Fort bien. Avec des crétins pareils, pas besoin d'anti-écologistes et la droite a de beaux jours devant elle, le problème ne vient certes pas des autres, ce n'est pas la force et l'intelligence des puissants mais la bêtise et la faiblesse de la gauche...
Rien de plus difficile qu'une démocratie cognitive, les meilleurs penseurs (comme Marx) pouvant mener au pire (les staliniens ordinaires), et c'est pour cela qu'il faut une véritable urgence pour nous mobiliser en dépassant les dogmatismes des uns et des autres (en Mai68 les groupuscules étaient noyés dans la masse, ce n'était pas eux le mouvement, les scouts trotskystes ayant même boudé les manifestations au début!). Ce n'est pas à cause des échecs passés ni à cause des grandes gueules qu'il faut renoncer pour autant. Pour ma part je ne suis ni une autorité, ni un élu et, comme annoncé précédemment, je compte essayer de prendre un peu de champ pour de multiples raisons. Il est probable que je finisse par fermer purement et simplement les commentaires.
Les coms exaltés sont un bon échantillon probatoire de ce tropisme humain apparemment indécrotable pour les ivresses de l'enthousiasme débordant, alors qu'on sait historiquement que ces postures font plouf quand c'est pas pire.
C'est un peu le problème de l'art aussi que de laisser croire que les ébullitions hormonales sont une caution. Heureusement quand même que certains essaient ou savent appréhender leurs élans afin d'éviter que ça n'aille vers le rien du tout.
C'est un peu un problème cognitif, neuro biologique aussi, que face aux enjeux difficiles certains préfèrent s'enivrer du tournis des révélations de la panique en reconstruisant de vieilles chimères comportementales.
Mais difficile d'interdire au gens d'avoir leurs vapeurs.
@Olaf, j'apprécie beaucoup votre expression "ébullitions hormonales", Je prends la liberté de vous proposer la mienne qui est " phantasmes de pucelles", surtout quand elles s'échauffent devant le dernier remake du "colosse-américain-invincible-maître-du-monde" (Rodriguez,1m 65' sur la pointe des pieds, 59 kg avec 80kg de besace sur le dos, le cercueil au premier croisement*).
@Jean Zin, je suis très jaloux devant votre capacité de résistance à la bêtise** et bien que je serais attristé par la fermeture des commentaires, il me restera toujours l'immense plaisir de vous lire, ou encore l'espoir de vous voir de passage en Belgique.
Cela dit, il m'arrive parfois de rêver à l'intérêt de suggérer à certains la lecture de la CHARTRE DE LA TRANSDISCIPLINARITE adoptée au Premier Congrès Mondial de la Transdisciplinarité,
nicol.club.fr/ciret/chart...
* Une des dernières (et nombreuses) anecdotes d'un proche en position sur le terrain Afghan.
** En matière de bêtise, moi-même j'atteins plus qu'à mon tour des sommets ! Dans ce cas, la modération des commentaires est plutôt faite pour me rassurer.
Non, je ne résiste pas si bien que ça, je suis le contraire d'un surhomme plutôt maladif et dépressif (un peu moins). Je ne fais que ce que je peux.
Sinon, je voyage rarement mais on peut dire que j'ai commencé ma carrière par une tournée en Belgique en 2005 grâce à l'audacieux Didier Brissa à qui j'ai fait honte le premier soir à Bruxelles avec Isabelle Stengers tellement j'avais été mauvais (c'était ma première fois et je l'avais prévenu!), j'ai fait un peu plus d'efforts pour les réunions suivantes mais je ne suis pas un orateur du tout, juste un écrivain. Il me paraît beaucoup trop indispensable de me corriger sans cesse, je sais trop que je ne suis pas plus épargné qu'un autre par la bêtise... (c'est par ce qu'on rature qu'on fait littérature)
En effet "c'est ce qu'on rature qui fait littérature" tout comme le tableau est le résultat d'une superposition de couches de couleurs mal choisies, de traits inconsidérés, d'un choix de composition plusieurs fois redéfinie, tout autant il me semble, que la communication est un flux de re-corrections des informations.
Allez, pas de regret pour le surhomme à la grande santé, ça faisait pouffer de rire Illich et beaucoup d'autres avant et après lui.
Pas de regret non plus pour l'éloquence, c'est justement parce que vous êtes un écrivain qu'il y a ce plaisir à vous lire. Par contre, on regretterait un débat qui serait, j'en suis certain, passionnant .
Oui, pas de trop de champ quand même, n'est-ce pas, cher Jean ?
Amitiés,